Grèce : l’édito de solidarité ouvrière du S.E.K

Depuis Athènes l’édito de « Solidarité Ouvrière », paru dans le  N° de cette semaine. « Solidarité Ouvrière » est l’hebdo du S.E.K., un des courants d’ANTARSYA (ce long sigle signifie littéralement : « coopération anticapitaliste de gauche pour le renversement »  et désigne un regroupement de forces anticapitalistes).

  Edito « Solidarité Ouvrière », 24/5/17

L’impasse de la « voie obligatoire »

La session de l’Eurogroup du lundi 22 Mai, qui avait été annoncée comme « le sommet » pour la conclusion de l’évaluation et de l’accord sur la dette, s’est soldée par un report de la discussion à la prochaine session du 15 Juin. Tout le camp en faveur du mémorandum, qui s’apprêtait à tourner la page, est resté dans l’expectative. Même des journaux de droite comme Démocratie se demandent à leur première page, à propos de Schäuble : « Mais que veut-il d’autre ? ».

En ce qui concerne le camp gouvernemental de SYRIZA, il a réussi encore une fois à récolter à la fois la colère de la classe ouvrière et le mépris des « partenaires ». Le Parlement « devait » se dépêcher de voter les lois avec toutes leurs mesures barbares, afin d’être prêt pour l’Eurogroup « crucial » du 22 Mai. Puis l’Eurogroup a découvert qu’il avait le temps jusqu’à la mi-juin…

Le ridicule de la servitude d’Alexis Tsipras et de son gouvernement, dans la logique de la « sortie de la crise » à travers la « voie obligatoire » de la politique mémorandaire de l’U.E., est incontestable. Mais cela ne doit pas nous conduire à la conclusion que Schäuble & Cie sont tout-puissants. Le fait que les « évaluations » traînent ne constitue pas une preuve de toute-puissance mais le contraire : cela montre les problèmes et les faiblesses que provoque la continuation de la crise jusque dans les états-majors les plus puissants.

Un premier élément est la crise politique. Schäuble veut afficher son autorité jusqu’aux élections allemandes. Comme l’ont montré les élections en France, les partis traditionnels gouvernementaux, presque partout, font face à la colère des électeurs, ce qui peut aller jusqu’à leur naufrage. Les fantômes de Sarkozy, de Hollande, de Fillon, planent au dessus de Merkel et de ses partenaires gouvernementaux, même si les sondages les rassurent. L’attitude dure du gouvernement allemand dans toutes les directions, depuis les désaccords avec le FMI jusqu’à la mise de Tsipras en position de quémandeur soumis, a de telles motivations politiques.

Mais ce qui est le plus décisif est l’étendue de la crise économique. Les scénarios sur le niveau que va atteindre la dette grecque les prochaines années diffèrent à un point dramatique. Le FMI prévoit qu’elle va s’envoler à plus de 200% du PNB, alors que l’U.E. calcule qu’elle va tomber à long terme en dessous des 60%. Une partie du désaccord reflète des considérations politiques : il y a concurrence entre les intérêts des U.S.A et de l’Allemagne quant à leurs parts respectives sur les marchés financiers internationaux. Mais en même temps, il y a une réelle faiblesse des deux pays à évaluer les perspectives des économies grecque et mondiale. Aucun état-major de l’économie ne peut déterminer avec certitude si nous nous trouvons à la veille d’un redressement viable ou au contraire devant la menace d’une nouvelle récession qui va faire éclater comme des bulles tous les programmes des deux côtés de l’Atlantique.

Le choix de Tsipras d’imposer des mesures de plus en plus dures, en attendant de voir où vont aboutir les négociations avec l’U.E-FMI, est de la folie pure. Il risque d’avoir le sort de Samaras qui, après avoir appliqué le mémorandum, pensait que la Grèce se trouvait à la veille de pouvoir à nouveau emprunter sur les marchés internationaux et a vu les taux d’intérêt monter au plafond et réduire à néant son « success story ». A une époque, le refus de la cravate était un symbole de désobéissance. Maintenant, elle est une lugubre attente de l’heure où elle sera portée en signe de réussite, heure qui est sans cesse remise à plus tard.

L’alternative de gauche de la rupture avec les mémorandums et leurs inspirateurs devient de plus en plus impérative et réaliste. Nous pouvons et devons amplifier la résistance ouvrière avec la certitude que le camp adverse se trouve dans une impasse.

Traduction Tania

rédaction

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