Manifestation à Grenoble le samedi 16 janvier 2021 départ 16h place de Verdun
Le Conseil d’État a confirmé, lundi 4 janvier, que policiers et gendarmes pourraient bien ficher les opinions politiques, philosophiques, religieuses, appartenances syndicales et données de santé au nom de la sûreté de L’État.
Lire la décision du Conseil d’Etat
La plus haute juridiction administrative a émis un avis favorable concernant trois décrets, publié début décembre, qui avaient émus militants et défenseurs des droits de l’Homme et des libertés. Ces textes permettent que, désormais, ce ne soient plus seulement les activités, mais bien les opinions, qui soient renseignées dans les fichiers des forces de l’ordre.
Identifiants, photos et commentaires postés sur les réseaux sociaux y seront aussi listés, tout comme les troubles psychologiques et psychiatriques « révélant une dangerosité particulière ». Outre les personnes physiques, les « personnes morales », telles que les associations, sont également visées.
Auparavant limités aux hooligans et aux manifestants violents, ces fichiers recenseront désormais aussi les données des personnes soupçonnées d’activités terroristes ou susceptibles « de porter atteinte à l’intégrité du territoire ou des institutions de la République », une notion « floue » selon ses détracteurs.
Le Conseil d’État avait été saisi en référé (procédure d’urgence) par plusieurs centrales syndicales dont la CGT, FO ou la FSU, mais aussi par le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France, qui dénonçaient le « spectre du Big Brother en 2021 ». Mais il a considéré que les trois décrets ne portaient pas une atteinte disproportionnée à la liberté d’opinion, de conscience et de religion ou à la liberté syndicale.
Mobilisons-nous les 3, 16 et 30 janvier contre la loi Sécurité globale et les autres textes liberticides
La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale donne rendez-vous aux défenseur·se·s des libertés dès le dimanche 3 janvier 2021, à Paris, à l’occasion de la Marche blanche en mémoire de Cédric Chouviat. Un an après la mort de ce père de quatre enfants, entre les mains de la police, nous serons aux côtés de sa famille. Son père Christian Chouviat avait déjà accompagné la délégation reçue au ministère de l’Intérieur lundi 23 novembre, malgré les réticences de Gérald Darmanin.
Nous appelons aussi à de nouvelles Marches des libertés, samedi 16 janvier, partout en France, avant un grand rassemblement, samedi 30 janvier, à Paris. Cette dernière date mêlera les voix des journalistes, documentaristes, réalisateur·trices, victimes et familles de victimes de violences policières, associations de droits humains et artistes solidaires du combat contre les lois liberticides.
D’ici là, nous appuierons les actions qui ont pour objectif le retrait des articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi dite « Sécurité globale », le retrait du Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) et de toute autre disposition élargissant la surveillance de masse ou faisant reculer le droit à l’information. La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale continuera à informer sur les conséquences délétères de ces textes, par le biais de clips réalisés par l’équipe vidéo de la coordination, donnant un éclairage juridique et faisant témoigner des victimes de violences policières.
Depuis le premier rassemblement organisé le 17 novembre devant l’Assemblée nationale, notre coordination n’a cessé de s’élargir. Formée à l’initiative des quatre principaux syndicats de journalistes et de la Ligue des droits de l’Homme, elle comprend aujourd’hui non seulement des associations ou collectifs représentant les métiers de la presse et des médias, mais aussi des organisations œuvrant dans le domaine de la justice, des libertés numériques, de la défense de l’environnement ou contre les violences policières et leur impunité.
Dans le même temps, des coordinations locales se sont formées à travers tout le pays et plus de 150 villes ont connu au moins une manifestation contre la proposition de loi « Sécurité globale ».
Malgré une mobilisation de très grande ampleur (500 000 manifestant·e·s en France, le 28 novembre), déployée dans un contexte d’état d’urgence sanitaire et de confinement, le gouvernement et les parlementaires se sont contentés d’effets d’annonce s’agissant de la réécriture de l’article 24 de la proposition de loi « Sécurité globale ». Texte que le Sénat semble vouloir fusionner avec l’article 18 du projet de loi « confortant les principes républicains », précédemment nommée « contre le séparatisme ».
Ni la commission Delarue sur les rapports entre journalistes et forces de l’ordre ni le « Beauvau de la sécurité » ne sauront nous détourner de notre objectif. Du reste, Emmanuel Macron n’a toujours pas répondu à notre demande de rendez-vous adressée par courrier et publiée sous la forme d’une lettre ouverte le 14 décembre.
Par ailleurs, notre opposition aux dispositifs de surveillance généralisée instaurés par les drones et les caméras piétons, ou à la sélection des journalistes instaurée par le nouveau SNMO n’a pas été entendue. Des décrets parus en décembre étendent les possibilités de fichage aux groupements et notamment aux opinions politiques ou syndicales, aux comportements et habitudes de vie… Les pressions politiques de policiers se présentant en uniforme et en plein couvre-feu devant les domiciles d’élu·e·s ou devant des tribunaux confirment nos craintes quant à l’instauration d’un véritable État de police par la combinaison du SNMO, de la proposition de loi « Sécurité globale » et du projet de loi « confortant les principes républicains ».
Tant que ces textes liberticides ne seront pas abandonnés, nous défendrons sans relâche nos libertés.
La coordination #StopLoiSécuritéGlobale fédère des syndicats, sociétés, collectifs, associations de journalistes et de réalisateur·trices, confédérations syndicales, associations, organisations de défense de droits humains, comités de victimes et de familles de victimes de violences policières, collectifs de quartiers populaires, exilé·es et Gilets jaunes.
Paris, le 23 décembre 2020.
ALERTE GRÈCE : 120 000 oliviers déjà coupés pour l’aéroport de Kastelli ! Une nouvelle crise humanitaire frappe les précaires ! Et autres nouvelles… par Yannis Youlountas |
Ces jours-ci, cette photo a circulé montrant un policier donnant un coup de pied à un sans-abri endormi pour le réveiller avant l’ouverture des magasins de la rue Ermou, l’une des plus chères et luxueuses du centre d’Athènes.
La politique antisociale du nouveau gouvernement est également en cause. Depuis le retour de la droite au pouvoir, les plus pauvres sont encore plus en difficultés, laissés pour compte et traqués sur les trottoirs des rues passantes. Il en est de même pour les migrants. Le gouvernement Mitsotakis frappe simultanément toutes les formes de solidarité : évacuation massive des squats de réfugiés (même si le Notara 26 résiste encore à Exarcheia), harcèlement incessant des actions solidaires autogérées (dont les nôtres), pression sur les ONG avec interdiction pour leurs membres de révéler ce qu’ils voient dans les camps de migrants en Grèce (oui, vous avez bien lu, et ce, depuis le décret du 30 novembre 2020).
Athènes en état de siège, quadrillée par une police militarisée. Si l’histoire ne se répète jamais à l’identique, « La dictature ne s’est pas finie en 1974 » ressemble à tout sauf à un slogan poussiéreux. Car en cette fin d’année 2020, un nouveau stade autoritaire a été franchi en Grèce. Sous couvert de « la santé et de l’ordre public », l’État a étouffé deux moments forts des luttes.
Dans l’histoire de la Grèce, le 17 novembre 1973 et le 6 décembre 2008 symbolisent les meurtres et les violences d’État. La première date correspond au soulèvement étudiant de l’École Polytechnique d’Athènes durant la dictature des Colonels (1967-74) réprimé dans le sang et la torture systématique. La deuxième coïncide avec le meurtre par un policier de l’adolescent Alexis Grigoropoulos dans le quartier athénien d’Exarcheia, un drame qui déclencha des semaines d’émeutes dans tout le pays.
Alexandros Katsis est photographe indépendant et a l’habitude d’être confronté à la police lors de ses reportages. Le 6 décembre dernier, la confrontation a même été physique à Exarcheia, où certains policiers arboraient l’insigne de la Wehrmacht. Le photographe souligne que ce n’est pas la première fois « que les fascistes et la police, qui travaillent parfois ensemble, nous frappent dans les rues ». Et d’ajouter : « Quand la pression sociale grandit et que nous couvrons la brutalité policière, on fait face à la violence. J’ai peur mais je ne peux pas rester à la maison, alors je retourne dans la rue. »
Comme lors du 17 novembre dernier, l’État grec avait prévu les grands moyens : drones, hélicoptères, forces spéciales anti-terroristes, policiers prêts à appuyer sur la détente, unités en moto, canons à eau… Au moins 4 000 policiers étaient mobilisés à Athènes. Hors de tout cadre constitutionnel, une annonce ministérielle a interdit les manifestations et les rassemblements partout en Grèce. « J’étais chez un ami et il y avait un hélicoptère au-dessus de nous. Ça montre le développement de la surveillance de l’Etat. J’avais davantage l’impression d’être dans une prison que dans une ville libre », raconte Alexandros. Dans la capitale, 374 personnes souhaitant rendre hommage au jeune Alexis ont été arrêtées. Les policiers occupaient le lieu du crime commis en 2008, l’un d’entre eux n’hésitant pas à détruire des fleurs laissées en mémoire du défunt.
En pleine pandémie de la Covid-19, alors que près de 90 % des lits en réanimation étaient occupés en décembre, l’État grec a reçu une commande de 31 millions d’euros d’équipement policier. Le sociologue Konstantinos Kostopoulos affirme que « le gouvernement est tout à fait conscient que l’austérité va arriver en 2021 et il se prépare, avec ce tournant autoritaire, au réveil social »1. De nombreux tags et banderoles répondent à cette réalité dystopique en proclamant : « Il n’y a pas de vie et de santé sans liberté. » Quant à la fonction du corps policier, la professeure de criminologie Gwenola Ricordeau va droit au but : « Plutôt que de dire que la police fonctionne mal, disons au contraire qu’elle fonctionne admirablement au regard de ce qui est attendu d’elle : protéger l’État, le système capitaliste, le racisme structurel et le patriarcat. »2
Correspondance à Athènes, Nicolas Richen
Chronique « La Grèce en luttes » parue dans le mensuel L’Age de Faire, janvier 2021, numéro 158. Soutenez la presse libre !
1 Elisa Perrigueur, « Virus sécuritaire », Le Courrier, https://lecourrier.ch/2020/12/06/virus-securitaire/
2 Gwenola Ricordeau, « Mobilisations contre les « violences policières » », Lundi Matin, https://lundi.am/Mobilisations-contre-les-violences-policieres
Source https://nicolasrichen.wordpress.com/2020/12/24/etre-dans-une-prison-plus-que-dans-une-ville-libre/
Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’université. Dans une décision publiée lundi 21 décembre, le Conseil constitutionnel a annoncé avoir censuré la disposition la plus controversée de la loi de programmation de la recherche (LPR), qui pénalisait l’intrusion de personnes extérieures sur les campus, compromettant du même coup l’avenir des mobilisations universitaires.
Début novembre, lors de l’un des nombreux allers-retours de ladite loi au Parlement, le sénateur Laurent Lafon (Union centriste) avait introduit un amendement surprise qui venait pénaliser l’entrave aux débats dans les universités.
Sa rédaction avait ensuite été aggravée en commission mixte paritaire, dernière étape avant l’adoption : le texte définitif sanctionnait ainsi d’un an d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende « le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ».
Commis « en réunion », ce délit était passible de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Cet amendement, et parfois la loi toute entière, avait provoqué une levée de boucliers dans le monde universitaire, ainsi que de vives critiques de la part de personnalités publiques, qui dénonçaient l’adoption d’un texte scélérat et liberticide aspirant à mettre fin, purement et simplement, à toutes les contestations sur les campus.
Les parlementaires à l’origine du texte, pour leur part, prétendaient ne viser que « les groupuscules extérieurs » comme les black blocs, accusés de se brancher aux mouvements étudiants dans le but de les faire dégénérer.
Saisi le 27 novembre dernier par un groupe de plusieurs dizaines de parlementaires de gauche, le Conseil constitutionnel a donc décidé de censurer la disposition critiquée (article 38), estimant qu’elle constituait un « cavalier législatif », c’est-à-dire une adjonction sans lien avec le texte initial de la loi, qui ne comportait d’ailleurs aucun versant pénal.
Les Sages se sont justifiés en relevant que, « introduites en première lecture par voie d’amendement, ces dispositions ne présentent de lien, même indirect, avec aucune des dispositions qui figuraient dans le projet de loi déposé sur le bureau de l’Assemblée Nationale. Dès lors, sans préjuger de la conformité du contenu de cet article aux autres exigences constitutionnelles, il l’a censuré comme adopté en méconnaissance de l’article 45 de la Constitution (…) »
En ce qui concerne le reste de la LPR, le Conseil constitutionnel a émis une « réserve d’interprétation » (entendre une « clarification ») sur un autre article qui porte création d’une nouvelle voie de recrutement des professeurs d’université, au moyen de « chaires de professeurs juniors ».
La loi prévoyait que les présidents d’université, qui dépendent du ministère de l’Enseignement supérieur, puissent intervenir activement dans le processus de sélection des candidats à ces chaires. Mais les Sages ont estimé que cette disposition était contraire au principe d’indépendance des enseignants-chercheurs et que les chefs d’établissement devront se soumettre aux avis de la commission nationale en charge des titularisations.
Cette clarification du Conseil constitutionnel est importante car elle permet aux enseignants et aux chercheurs de ne pas être subordonnés à un ministère, et donc à l’université de préserver son indépendance du politique.
Ce sont ainsi deux maigres victoires pour les opposants à la loi recherche, que de longs mois de mobilisation n’avaient pas permis d’être entendus.
« Monsieur le président, nous vous demandons d’abandonner vos projets liberticides »
Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, notre rédaction s’associe à un collectif d’organisations syndicales et de journalistes pour demander le retrait des articles 21, 22 et 24 du projet de loi « sécurité globale », au nom du respect des libertés fondamentales.
Monsieur le président de la République, depuis le 8 novembre, des centaines de milliers de personnes se mobilisent pour défendre le droit d’informer et d’être informées, ainsi que plus généralement les libertés fondamentales, gravement menacées par la proposition de loi dite « sécurité globale », votée en première lecture par l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui, près d’une centaine d’organisations représentant les journalistes et professionnels de la presse et de l’image, des avocats, des magistrats, des défenseurs des libertés publiques et de l’Etat de droit ou encore des victimes de violences policières ont rejoint la coordination à l’origine de cette mobilisation. Elles se retrouvent sur une demande claire et précise : le retrait des articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi, ainsi que le retrait du nouveau schéma national du maintien de l’ordre (SNMO).
En faisant de tous ceux qui filment l’action des forces de l’ordre des délinquants potentiels, ces dispositions entravent la capacité des habitants à contrôler l’action de leur police. Droit pourtant nécessaire au fonctionnement démocratique, comme le rappelait la Défenseure des droits dans son avis du 3 novembre. Elles constituent aussi un blanc-seing pour les violences policières.
En outre, les articles de cette loi accroissent les capacités de surveillance généralisée de la population : de l’autorisation des drones dans pratiquement tous les contextes à l’extension des usages des caméras piétons des policiers, sans garantie que leurs images ne soient traitées par un logiciel de reconnaissance faciale, en passant par le renforcement des pouvoirs des polices municipales et des sociétés de sécurité privées.
Ces pratiques constituent des violations du droit international et portent une atteinte disproportionnée au droit à la vie privée, à la liberté d’expression et à la liberté de manifestation, rappellent les experts de l’ONU.
Non, Monsieur le président, les violences policières ne sont pas « un slogan »
Monsieur le président, lors de votre interview sur Brut, vous avez estimé que c’était « caricaturer » la France, et même « mentir », que d’évoquer une restriction des libertés publiques. Pourtant, c’est ce constat et cette exigence qui sont à l’origine de manifestations massives, des plus grandes villes aux plus petites localités. Partout, les initiatives se multiplient pour exiger le retrait de la proposition de loi « sécurité globale », et plus généralement défendre la liberté d’expression mise à mal et entravée par une série de dispositions formant un continuum sécuritaire.
Confinée en raison des risques sanitaires, la population se voit en plus interdite de se rassembler, de revendiquer, de manifester. Et ce, alors même que les atteintes aux libertés portées par votre gouvernement se multiplient. Et quand elle le fait, elle se trouve confrontée, notamment à Paris, à des stratégies de maintien de l’ordre génératrices de violences.
Non, Monsieur le président, les violences policières ne sont pas « un slogan », ni le fruit d’un « discours militant », comme vous l’avez déclaré lors de votre interview chez Brut. Le tabassage de Michel Zecler et l’explosion du nombre de vies confisquées (voire perdues) à cause d’opérations policières en témoignent.
Ces mesures s’inscrivent dans une dérive autoritaire, illustrée par une succession de textes à portée sécuritaire : décrets du 2 décembre sur le fichage des opinions politiques ou syndicales, loi de programmation sur la recherche qui permet la répression de la contestation sur les campus universitaires, projet de loi censé « conforter les valeurs républicaines », qui entre autres permet un contrôle accru sur le mouvement associatif de ce pays.
Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à le dire ou à le penser dans notre pays comme sur la scène internationale. En France, la Défenseure des droits ou la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) se sont inquiétées de la portée de la proposition de loi dite « sécurité globale » pour la liberté d’informer. A l’échelle internationale, trois rapporteurs spéciaux des droits de l’homme, cinq experts indépendants de l’ONU, la Commission européenne et les fédérations internationales de journalistes ont fait part de leurs craintes. Plus récemment encore, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a exhorté les autorités françaises à « éviter de prendre des mesures qui résultent dans la stigmatisation de groupes entiers ».
Pour l’instant, Monsieur le président, vous n’avez toujours pas répondu clairement à ces inquiétudes largement partagées. Même réécrit, même réintroduit sous une autre forme dans une autre loi, l’article 24 est toujours là. Comme le sont les autres articles de la proposition de loi dite « sécurité globale » et le SNMO. La création d’une commission chargée de proposer des mesures pour mieux concilier le travail de la société civile, des journalistes, des réalisateurs et celui des forces de l’ordre ou la réunion d’un « Beauvau de la sécurité » ne nous satisfont pas.
En tant que garant et arbitre de la Constitution, vous devez veiller au respect des libertés fondamentales. A ce titre, nous vous demandons d’abandonner vos projets liberticides, et notamment de retirer les articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi dite « sécurité globale » et le SNMO. Dans ce but, nous vous demandons solennellement de bien vouloir recevoir dès que possible une délégation de la coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale.
Signataires : Syndicat national des journalistes ; Syndicat national des journalistes-CGT ; CFDT journalistes ; Syndicat général des journalistes-FO ; Ligue des droits de l’homme ; Confédération générale du travail ; union syndicale Solidaires ; Attac ; Syndicat de la magistrature ; Syndicat des avocats de France ; Black Robe Brigade ; Profession : pigiste ; Reporters en colère ; Syndicat interprofessionnel presse, média, culture, spectacle-CNT ; Union des clubs de la presse de France et francophones ; SDJ de Mediapart ; SDJ Le Media ; SDJ de France 3 National ; la Quadrature du Net ; Société des rédacteurs de La Vie ; Société des réalisateurs de films, scénaristes de cinéma associés ; Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid) ; Association des cinéastes documentaires (Addoc) ; Société des journalistes et du personnel de Libé ; Société des personnels de l’Huma ; collectif Kelaouiñ ; Politis ; Basta ! ; Club de la presse Occitanie ; la Guilde des auteurs, réalisateurs de reportages et de documentaires (Garrd).
Cette lettre ouverte a initialement été publiée sur Libération, le 14 décembre 2020.
En une : Manifestation du 12 décembre 2020 à Paris contre la loi Sécurité Globale – © Serge d’Ignazio
Des experts indépendants de l’ONU demandent à la France de réviser sa proposition de loi sur la sécurité globale
La proposition de loi française controversée sur la sécurité globale semble incompatible avec le droit international des droits de l’homme et devrait être révisée en profondeur, ont déclaré jeudi des experts indépendants des droits de l’homme des Nations Unies.
« C’est un bon signe que les membres du Parlement aient déclaré qu’ils réécriraient l’article 24 visant à limiter la publication d’images de policiers, mais il faut aller plus loin et repenser l’objectif de la proposition de loi dans son ensemble », ont déclaré ces experts dans un communiqué de presse conjoint.
Selon eux, « la simple réécriture de l’article 24 ne résoudra pas ses défauts et cette disposition n’est certainement pas la seule dans la proposition de loi qui porte atteinte aux droits de l’homme ».
L’approbation de la proposition de loi sur la sécurité globale par l’Assemblée nationale la semaine dernière a incité des dizaines de milliers de personnes à manifester dans plusieurs villes en France.
Les manifestants exprimaient également leur colère face à des vidéos montrant la police en train de démanteler violemment un camp de migrants au cœur de Paris et le passage à tabac intolérable d’un producteur de musique noir par des policiers qui a été filmé par une caméra de sécurité. Quatre officiers de police ont été inculpés en relation avec cet incident.
Implications pour le droit à la vie privée
« Ces incidents constituent des rappels incontestables du fait que les images vidéo des abus policiers captées par le public jouent un rôle essentiel dans la surveillance des institutions publiques, ce qui est fondamental pour l’État de droit », ont déclaré les experts.
« Parmi les nombreuses autres dispositions de la proposition de loi qui pourraient limiter les droits de l’homme, l’article 22 autorisant l’utilisation de drones de surveillance au nom de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme permettrait une surveillance étendue, en particulier des manifestants. Cela aura de graves implications pour le droit à la vie privée, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression dans le pays – ainsi que dans tout autre pays qui pourrait s’inspirer de cette législation », ont-ils ajouté.
« L’introduction de ces mesures de surveillance doit être lue à la lumière des nouvelles technologies, notamment la reconnaissance faciale et la collecte massive et sans discernement de données personnelles, qui pourraient dissuader les gens d’exercer leurs droits fondamentaux », ont-ils averti.
Tout en accueillant la création d’une commission, dirigée par le président de la Commission nationale des droits de l’homme, chargée de formuler des recommandations concernant l’article 24, les experts ont exhorté les autorités à entreprendre une évaluation complète de la compatibilité de l’ensemble de la proposition de loi avec le droit international.
Les experts ont précédemment exprimé leurs préoccupations concernant la loi aux autorités françaises et réitèrent leur disponibilité pour fournir toute assistance technique dont les autorités pourraient avoir besoin dans ce contexte.
Les experts sont :
NOTE :
Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.
La Grèce interdit les rassemblements publics de plus de 4 personnes, 6 stations de métro fermées le 6 décembre
Le ministère de la protection des citoyens a interdit les rassemblements publics de quatre personnes et plus dans toute la Grèce, sur la base d’un ordre valable le 6 décembre à 5 heures du matin, jusqu’au dimanche minuit. Cette décision est justifiée par des raisons de santé publique et par une mesure de précaution visant à interdire la propagation du coronavirus.
En termes de démocratie, il s’agit d’une interdiction de rassemblement de personnes pour commémorer le 12e anniversaire du meurtre d’un garçon de 15 ans, Alexis Grigoropoulos, abattu par un garde spécial de la police en 2008.
Malgré l’interdiction, plusieurs organisations, artistes et avocats ont réitéré leur appel à un rassemblement de protestation dimanche matin.
Les mesures seront similaires à celles du 17 novembre, lorsque les gens se sont rassemblés pour commémorer le soulèvement des étudiants de l’école polytechnique de 1973.
Les manifestants portaient des masques et gardaient une distance sociale, mais pas la police.
Dans le même temps, à Athènes, six stations de métro seront fermées au public sur ordre de la police.
Les stations concernées sont les suivantes : Omonia, Panepistimio, Syntagma, Akropoli, Monastiraki et Victoria.
Les stations seront fermées à 8 heures et rouvriront lorsque la police le décidera. Le train passera mais ne s’arrêtera pas dans les gares susmentionnées.
Quelque 4 000 policiers seront déployés à Athènes, des hélicoptères et des drones surveilleront la situation d’en haut.
PS En novembre, Amnesty International a condamné l’interdiction horizontale des rassemblements publics de plus de 4 personnes, mais vous pensez que le gouvernement d’un pays membre de l’UE s’en soucierait ?
Source https://www.keeptalkinggreece.com/2020/12/05/greece-public-gatherings-ban-metro-athens-dec-6/