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La Grèce, la Turquie et la stratégie du chaos

Par Dimitris Konstantakopoulos

De nombreuses forces dans le monde entier sont maintenant conscientes du risque d’une guerre contre l’Iran au Moyen-Orient. De ce fait, une guerre contre l’Iran, bien qu’elle reste un scénario à forte probabilité, a moins de chances d’éclater que d’autres conflits, qui attirent moins l’attention, mais dont les conséquences potentielles sont tout aussi ou même plus importantes. L’un d’entre eux est le conflit gréco-turc. Une guerre entre la Grèce et la Turquie conduirait très probablement à des destructions importantes des deux pays, ne laissant aucun vainqueur et produisant d’énormes conséquences géopolitiques, non seulement pour la Méditerranée orientale, mais aussi pour l’UE, la Russie, la Chine et l’OTAN.

Récemment, nous avons eu un exemple clair du potentiel déstabilisant du conflit gréco-turc avec la montée des tensions en Méditerranée orientale, mais aussi lorsque le secrétaire d’État et principal néocon pro-Israël Mike Pompeo est intervenu dans le conflit pour faire sauter le moratoire gréco-turc, négocié par la chancelière Merkel.

Par ailleurs, si une guerre contre l’Iran correspond aux besoins « locaux » des extrémistes du néocon (Pompeo, Netanyahu, Thiel, groupe Bannon ayant une influence déterminante sur Trump), leur programme n’est pas local. Ils doivent faire entrer le monde entier, par un chaos généralisé, dans une situation de « guerre mondiale au ralenti », de « faible intensité ».  Ils en ont besoin car sinon ils ne peuvent pas battre, par une attaque frontale, la Russie, la Chine ou même des rivaux de classe inférieure.  Ils ont absolument besoin de chaos, de guerre et de confusion parce que c’est la seule façon pour eux de rester au pouvoir. Ils se sentent obligés de faire tout ce qu’ils peuvent maintenant, alors que Trump, leur instrument dans la plupart des cas, reste à la Maison Blanche et que Netanyahu est toujours au pouvoir.

Le modèle Kissinger

Certains observateurs comparent déjà la hauteur des tensions qui se développent dans la région avec celle de la crise gréco-turque de 1974, provoquée par le secrétaire Henry Kissinger (l’ancêtre des Néocons actuels) dans le but de détruire la République de Chypre (située près des côtes israéliennes, dans une des positions les plus stratégiques de la Méditerranée) et son indépendance.

Pour imposer sa politique téméraire et risquée à une administration américaine réticente et organiser à la fois le coup d’État à Chypre et l’invasion turque de l’île qui s’ensuivit, Kissinger, qui avait déjà concentré entre ses mains les pouvoirs de secrétaire d’État, de conseiller à la sécurité nationale et de chef du Comité des Quarante, a profité du vide du pouvoir à Washington, car le président Nixon, gravement attaqué à cause du Watergate, ne pouvait guère exercer de contrôle sur la politique étrangère. Une situation comparable prévaut maintenant à Washington, alors que tous les esprits sont concentrés sur la prochaine élection présidentielle. Non seulement l’administration américaine mais aussi l’establishment occidental en général sont profondément divisés, une situation qui peut faciliter l’action de forces ayant en leur sein un agenda radical caché.

Nous avons récemment eu l’occasion de voir comment les deux tendances opposées de l’establishment occidental s’affrontent indirectement, lorsque la chancelière Merkel a négocié un moratoire entre la Grèce et la Turquie, pour voir le secrétaire Pompeo (un néoconservateur de premier plan) intervenir deux jours plus tard pour rendre possible un accord gréco-égyptien sur la délimitation des zones maritimes qui a été négocié pendant 15 ans, un accord pour lequel ni les États-Unis ni Pompeo lui-même n’avaient montré d’intérêt auparavant. L’accord était pleinement conforme aux dispositions du droit international de la mer et même le gouvernement grec a été critiqué à l’intérieur du pays pour sa trop grande mollesse dans la défense des intérêts nationaux grecs. Mais M. Erdogan a considéré qu’il s’agissait d’une provocation, dans le style trop maximaliste habituel des réactions turques, et le moratoire de Merkel s’est effondré. S’agit-il d’un jeu entre la Grèce et la Turquie, ou d’un jeu entre Merkel et Pompeo ? Nous rappelons à nos lecteurs qu’il n’y a pas eu une seule guerre, crise ou même un seul accord de paix gréco-turc au cours du siècle dernier qui ait été finalement planifié à Athènes ou à Ankara. Tous ont été planifiés de l’extérieur de la région, mais exécutés par des Grecs et des Turcs.

Envoi de faux signaux

Une autre méthode utilisée systématiquement par la Grande-Bretagne et les États-Unis depuis 1955 consiste à envoyer de faux signaux à Athènes et Nicosie afin de les pousser à des actions qui justifieraient la réaction turque souhaitée, et donc d’exacerber la crise. En mars 1974, le dictateur grec (CIA et Gladio imposés) Ioannides a dit au célèbre armateur grec Onassis « Les Américains m’ont dit : sortez le prêtre (l’archevêque Makarios, alors président chypriote) et vous aurez Chypre », selon un associé d’Onassis à l’époque. En visite à Chypre en mai 1974, Kissinger lui-même a dit à Makarios « Monseigneur, vous êtes un trop grand chef pour un si petit endroit » (alors que les plans pour le tuer étaient déjà en place). Cette remarque a probablement encouragé Makarios à se montrer plus courageux avec la junte d’Athènes, ce qui a précipité le coup d’État et la tentative d’assassinat (ratée) contre lui.

(Makarios a rencontré Gromyko à Chypre, probablement pour s’assurer qu’il n’aurait pas de surprises de la part de Moscou, Nikita Khrouchtchev étant intervenu en 1964 pour empêcher une autre invasion turque prévue).

Dans le passé, de faux signaux ont été envoyés principalement à la partie grecque du conflit, la politique étrangère turque étant calibrée pour servir les intérêts américains, britanniques et israéliens. Aujourd’hui, la situation dans la région a changé, de sorte que de faux signaux peuvent être envoyés non seulement à Athènes et Nicosie, mais aussi à Ankara.

Il est très difficile d’interpréter, par exemple, la grande appréciation et le soutien que M. Trump exprime à l’égard de M. Erdogan. M. Trump est le président américain qui a fait plus pour les faucons israéliens que tous les présidents américains (pro-israéliens par ailleurs) dans l’histoire, et M. Netanyahu lui-même a reconnu à plusieurs reprises sa contribution et a qualifié la relation spéciale entre lui et le président américain d’opportunité historique pour son pays, qui ne se présente qu’une fois sur plusieurs décennies. Mais comment expliquer que M. Trump se présente comme le meilleur ami de M. Nétanyahou et de M. Erdogan ? Est-il possible qu’Israël et les États-Unis souhaitent une position dominante de la Turquie en général et de la Turquie d’Erdogan en particulier dans la Méditerranée ?

Quoi qu’il en soit, les élites politiques et militaires grecques et chypriotes croient (ou du moins prétendent croire) qu’elles bénéficient d’un fort soutien de la part d’Israël, et M. Erdogan pourrait être tenté de croire qu’il bénéficie également du fort soutien de M. Trump. Tous les êtres humains (et les hommes politiques partagent après tout aussi un minimum de caractéristiques humaines) ont tendance à croire plus facilement ce qui correspond à leurs besoins, et non les vérités qui peuvent être difficiles et douloureuses. Les conséquences de ces perceptions peuvent avoir des conséquences graves, dans cette situation particulière encourageant les deux parties au conflit à s’affirmer davantage.

EastMed et l' »alliance » grecque – israélienne

Le projet de gazoduc EastMed (Israël – Chypre – Grèce – Italie) ainsi que la fanfaronnade sur une « alliance » gréco-chypriote-turque ont également joué un rôle énorme dans la perception des deux parties au conflit et ont ainsi contribué à pousser Erdogan à passer d’une politique assez prudente envers la Grèce pendant de nombreuses années à l’adoption de l’approche traditionnelle trop maximaliste des gouvernements antérieurs, pré-AKP. Cela a été encore plus facile, car au cœur de l’idéologie nationale turque se trouve le traumatisme de l’expédition grecque de 1921 en Asie Mineure. Cette expédition a été provoquée par les encouragements britanniques et français à Athènes afin d’empêcher Kemal d’obtenir le pétrole de Mossoul. Mais lorsque les Britanniques et les Français ont atteint leur but, ils n’ont rien fait pour empêcher l’extinction de l’énorme présence grecque en Asie Mineure, depuis des temps immémoriaux, car la priorité de Londres et de Paris était désormais d’empêcher la Turquie de toute nouvelle alliance avec l’URSS et aussi de donner une des côtes aux Turcs, pour que les Grecs n’aient pas le « monopole » du contrôle de la mer Égée, qui est la continuation du détroit.

 Il est bien sûr aberrant de comparer la situation actuelle à celle qui prévalait en 1921-22 ; mais les clichés nationaux sont très difficiles à faire disparaître et continuent d’avoir une influence longtemps après que les conditions qu’ils ont créées se sont éteintes. La Turquie craint une sorte d' »encerclement » par l’Occident, la Grèce et Israël, bien que cela ne soit guère possible, et cela contribue à ce qu’Ankara développe ses réactions habituelles, trop maximalistes et assez primitives. Aujourd’hui, la diplomatie turque a tout mis à l’ordre du jour. Ils ont signé un accord avec la Libye qui ne reconnaît aucun droit, même sur les grandes îles grecques comme la Crète ou Rhodes. Si l’on suit cette logique, la Grande-Bretagne, les Philippines, la Nouvelle-Zélande ou l’Indonésie, par exemple, ne devraient avoir aucun droit sur les mers qui leur sont adjacentes. Ankara demande la démilitarisation des îles orientales de la mer Égée et conteste la souveraineté grecque sur certaines des îles de la mer Égée qui sont grecques depuis longtemps. Ces positions rendent un accord impossible, ce qui nous rapproche d’un conflit. Si un gouvernement grec décide de succomber à de telles exigences, il tombera en quelques heures. Imaginez maintenant par exemple l’effondrement du système de gouvernement grec alors que deux forces aériennes et navales très puissantes s’affrontent en Méditerranée orientale, et vous aurez un aperçu du potentiel de situations extrêmement dangereuses et incontrôlables qui pourraient survenir

L’ironie et aussi la tragédie de la situation consistent dans le fait que ni l’oléoduc EastMed ni une « alliance » gréco-chypriote-israélienne n’existent en réalité !  Aucun hydrocarbure suffisant pour financer le coût énorme du pipeline le plus difficile techniquement au monde n’a été découvert. L’Italie, l’acheteur théorique du gaz à transférer par le gazoduc, n’a pas signé les accords correspondants. Israël a écarté toute idée de sécurisation du gazoduc. Les prix des combustibles fossiles sont écrasants pour des raisons systémiques et l’Europe fait l’autruche, mettant en danger la viabilité de nombreux pays du Moyen-Orient (http://www.defenddemocracy.press/there-is-a-historic-change-taking-place-in-the-middle-east-the-decline-in-power-of-the-oil-states/). Lorsque j’ai demandé à un fonctionnaire du gouvernement grec pourquoi il continuait à travailler sur ce projet, il m’a répondu qu’il savait aussi que l’oléoduc ne semblait pas viable, mais qu’ils continuaient à travailler pour « maintenir en vie l’alliance gréco-israélienne ». En réalité, une telle « alliance » n’existe pas.  Le mot « alliance » est utilisé en Grèce et à Chypre, pas en Israël, et est utilisé pour justifier, en termes nationaux (alliance contre la Turquie), à une opinion publique plutôt réticente pourquoi Athènes et Nicosie suivent une politique pro-israélienne contraire à leur tradition.

Au mieux, il y a une coopération renforcée. Une grande partie de cette coopération implique des concessions unilatérales de la Grèce à Israël. L’élite politique grecque, y compris SYRIZA, est plus que jamais dépendante des États-Unis et d’Israël pour sa politique étrangère et de défense, et de l’Allemagne pour sa politique économique. Mais, étant donné le passé de la Turquie, il est impossible qu’elle n’abrite pas aussi d’énormes forces influencées par les Américains et les Israéliens, malgré les ouvertures d’Erdogan à la Russie, à la Chine et à l’Iran. Instinctivement, nous dirions qu’on a plus de chances de les trouver dans les tendances panislamistes et dans les nationalistes extrêmes et primitifs.  Ces tendances sont le genre d’opposant que l’Occident et Israël préfèrent avoir.

Mais si l’oléoduc EastMed n’a pas beaucoup de substance et l' »alliance gréco-israélienne » peu de contenu, du moins un contenu susceptible de constituer une menace sérieuse pour la Turquie, ils sont tous deux très efficaces pour réveiller le nationalisme turc et contribuent grandement à accroître le niveau d’hostilité entre la Grèce et la Turquie.

Quant aux hydrocarbures dans la zone entre la Grèce, Chypre et la Turquie, il y a plus de discussions et de rumeurs que de gisements avérés. En tout cas, un accord entre les pays est nécessaire pour les exploiter. Toute idée d’exploitation unilatérale et arbitraire provoquera une guerre, d’une manière ou d’une autre, et le coût de cette guerre sera la destruction des deux pays.

Aucune victoire grecque ou turque possible

En effet, il existe entre la Grèce et la Turquie ce que l’on peut appeler un « équilibre de la terreur » conventionnel, car les deux pays possèdent deux forces armées très puissantes dotées d’armes extrêmement destructrices. Même si l’un des États décide de lancer une frappe « préventive » par surprise, il sera impossible de détruire la capacité de l’autre à contre-attaquer, même avec un faible pourcentage de sa force restante, ce qui entraînera des coûts inacceptables pour l’autre État. Les institutions politiques et militaires grecques et turques ne seront pas en mesure de faire face à une catastrophe militaire. Une contre-attaque sera donc le scénario le plus probable. La population des deux pays et leur activité économique sont concentrées dans quatre grands centres urbains (Athènes, Salonique, Istanbul, Izmir). Elles sont bien défendues, mais aucune défense n’est capable d’arrêter tous les avions et les missiles d’un adversaire déterminé à attaquer sans en contrer le coût (comme il l’aura déjà subi). Même dans le scénario improbable où Athènes ou Ankara tentent de contenir leurs forces armées, il est peu probable qu’elles y parviennent dans les conditions que nous décrivons.

Existe-t-il des forces dans l’establishment mondial pour promouvoir un tel scénario de guerre ? Nous ne pouvons pas donner de réponse. Mais une façon de l’explorer est d’examiner ce qui pourrait se produire à la suite d’un tel conflit ou, pour être plus précis, ce qui peut être perçu aujourd’hui comme le résultat possible d’un conflit, car « la guerre est le père de tout », et les résultats finaux peuvent être très différents des intentions : lorsque les Américains ont organisé le coup d’État à Kiev, ils ne s’attendaient pas à ce que l’armée russe arrive en Syrie !

Bien sûr, nous devons garder à l’esprit que si quelqu’un profite d’un « crime », ce n’est pas une preuve qu’il l’a commis !

Dans notre prochain article, nous examinerons les principales conséquences régionales et internationales d’un conflit majeur entre la Grèce et la Turquie.

Source http://www.defenddemocracy.press/greece-turkey-and-the-chaos-strategy/

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Restrictions du droit de manifester

Grèce. Le gouvernement Mitsotákis associe l’extension des contre-réformes néolibérales à une attaque directe aux droits démocratiques
Manifestation à Athènes le 9 juillet 2020 contre la loi visant le droit à manifester

Par Katerina Sergidou

Depuis l’arrivée de la crise économique de 2008-2009, peut-être aucune autre ville d’Europe n’a connu autant de manifestations et d’attaques policières qu’Athènes. Le peuple grec, la gauche dans toutes ses variantes et les mouvements sociaux se sont battus avec acharnement. Ils ont encerclé le parlement. Ils ont défendu leurs maisons contre les banques cherchant à les exproprier sous le prétexte de retard dans le paiement des intérêts hypothécaires. Ils ont manifesté contre les atteintes à la législation du travail, au droit de grève. Ils se sont mobilisés contre les mémorandums de la troïka (FMI, BCE et Commission européenne) et la politique des créanciers faisant de la Grèce une sorte de protectorat. Ils se sont battus contre la privatisation des ressources: des terres à l’eau, en passant par l’électricité. Ils ont proclamé un OXI (NON) lors du référendum de juillet 2015, même si ce non et devenu un OUI, sous la bannière du gouvernement d’Alexis Tsipras. Grèves, manifestations, protestations, célébrations, occupations: les rues d’Athènes et d’autres villes, d’une manière ou d’une autre, ont été très «indisciplinées» au cours des 12 dernières années, surtout durant la période allant de la révolte des jeunes en 2008 jusqu’au référendum de juillet 2015.

Nous rappelons qu’entre 2012 et 2014, le pays a connu 40 journées de mobilisations et grèves dites générales. Bien que les coups portés au peuple grec aient été très durs depuis l’arrivée au gouvernement, le 9 juillet 2019, de Kyriákos Mitsotákis – à la tête du parti conservateur de la Nouvelle Démocratie – il était clair que, peu à peu, les manifestations et actions de résistance allaient se multiplier.

Face aux conséquences socio-économiques très profondes de la pandémie de Covid-19, les premières manifestations de «colère sociale» – malgré toutes les difficultés inhérentes au poids du chômage et de la précarité dans la vie quotidienne et aux politiques répressives (en fin mai 2020, des travailleurs du secteur touristique, paralysé par le confinement, ont été fortement réprimés par la police lors d’une manifestation) – se constituaient comme des éléments nécessaires à une possible nouvelle phase des luttes sociales et politiques.

La réponse du pouvoir à cet environnement instable réside dans la quasi-interdiction des manifestations. Le gouvernement de droite et son ministre Michalis Chrisoxoidis (anciennement membre du PASOK) ont proposé une loi qui restreint sérieusement le droit de manifester. Le Parlement grec a approuvé le projet de loi le jeudi 9 juillet 2020, avec le soutien de 187 députés (Nouvelle Démocratie, KINAL (ex-Pasok) et l’ultra-droite), alors que 101 ont voté contre (Syriza, KKE, MERA25-Varoufakis). Bien que Syriza ait exprimé une opposition parlementaire au cours des derniers jours, la direction de Syriza ne voulait pas s’engager à organiser une riposte des secteurs de la société. L’essentiel du poids d’une réplique à cette expression renouvelée d’une politique autoritaire a reposé sur les épaules d’un secteur syndical et de la gauche radicale, même s’ils n’ont pas accès aux médias.

La loi permet aux autorités de limiter et de déterminer les itinéraires des manifestations. Un des piliers de cette contre-réforme est de pouvoir interdire les manifestations qui, selon la définition des autorités, peuvent entraver la circulation ou limiter l’activité commerciale dans les villes. La loi prévoit une nouvelle figure socio-juridique, celle de «l’organisateur» de la manifestation. Il sera contraint de collaborer avec la police pour garantir le caractère pacifique de la manifestation et, au final, il sera responsable de tout dommage survenu. En outre, toute manifestation non approuvée sera considérée comme un crime et, à ce titre, des mesures seront prises contre les organisateurs désignés par les forces de police. La loi prévoit également des peines de prison pour les organisateurs des manifestations en cas de «troubles», même si ces derniers sont le fait de groupes n’ayant aucun lien avec la manifestation.

Alors que le parlement votait sur «la loi de la dictature», comme la qualifie le mouvement dans les rues d’Athènes, le jeudi 9 juillet, la police a dispersé avec des gaz lacrymogènes ceux qui protestaient contre la nouvelle loi. Les policiers, sur des motos, ont frappé des manifestant·e·s et ont arrêté des nombreuses personnes.

Les journées de protestation du 7 au 9 juillet ont occupé plusieurs rues de la capitale et de 40 villes grecques. On estime que plus de 10’000 manifestants pacifiques ont défilé dans le centre d’Athènes. Les mobilisations contre la loi ont été appelées par les syndicats, par le Comité pour la liberté de manifester (composé des forces de la gauche radicale sauf le Parti communiste), le Parti communiste (KKE), d’autres partis d’opposition et des associations d’étudiant·e·s. Le Comité pour la liberté de manifester est au cœur de ces protestations. Depuis plusieurs jours, il appelle à de nouvelles actions pour défendre les manifestants arrêtés.

La lutte pour défendre nos droits démocratiques sera longue. Annuler, dans la réalité concrète, l’application de cette loi constituera une épreuve qui va se répéter. En réalité, le gouvernement revient de plus en plus à des méthodes de la dictature bien qu’il tente de présenter un visage plus libéral. Le régime craint que la société – ou des secteurs de cette dernière – exprime sous diverses formes le rejet des conséquences des décisions inspirées par le processus de contre-révolution néolibérale. Le gouvernement s’attaque à l’attachement populaire aux droits démocratiques. Il affirme que si les salarié·e·s des hôpitaux – qui ont ironiquement applaudi le gouvernement fin juin et qui durent face faire à la police – veulent faire grève, ils doivent lui en demander la permission. Il affirme que si des millions de personnes descendent dans la rue pour manifester contre les coupes budgétaires, au même titre où ils l’ont fait de 2012 à 2014, ils doivent nommer officiellement «un organisateur responsable». Il proclame que si nous, féministes, voulons organiser une manifestation devant les tribunaux pour défendre la mémoire de nos sœurs assassinées, comme dans le cas d’Eleni Topaloudi (violée, torturée et assassinée en novembre 2018 sur l’île de Rhodes), nous devons demander la permission. Il nous dit que si les habitants de Volos veulent défendre l’eau de leur terre contre la privatisation – entre autres comme ils l’ont fait le 13 juin, malgré la répression policière qui a fait un mort le jour suivant – ils doivent demander la permission de manifester.

Dans les mois à venir, il est crucial d’élargir la coalition qui défend les droits démocratiques au sens large, la liberté et la «démobilisation» d’une police qui renoue toujours plus avec sa tradition répressive. Il est dès lors important de gagner de plus en plus de couches de la société à agir pour dans ce but; ce qui implique une jonction concrète entre les besoins et les droits sociaux qui en découlent et la défense des droits démocratiques. (15 juillet 2020; traduction-édition rédaction A l’Encontre)

Katerina Sergidou, militante du DEA, membre de l’Assemblée 8M, Athènes et chercheuse en anthropologie sociale à l’Université Panteion

Source http://alencontre.org/europe/grece/grece-le-gouvernement-mitsotakis-associe-lextension-des-contre-reformes-neoliberales-a-une-attaque-directe-aux-droits-democratiques.html

Interview d’Olivier Delorme sur le conflit Grèce-Turquie

Olivier Delorme: « Des frégates turques violent tranquillement tous les jours l’espace maritime grec »

23 août 2020 :  En duplex de Grèce, l’historien et essayiste Olivier Delorme spécialiste de la Grèce et des Balkans qui vit lui-même sur une petite île grecque décrypte le conflit entre la Grèce et la Turquie qui ne cesse d’empirer au fil des jours et nous en donne une analyse bien différente de ce que l’on entend en France. Passionnant !

A 12m40

Les retraités attendent les paiements

Par ROULA SALOUROU

La Cour des comptes, la plus haute juridiction fiscale de Grèce, devrait finalement donner son feu vert en septembre pour le remboursement de quelque 1,4 milliard d’euros de réductions des pensions que les tribunaux ont jugées anticonstitutionnelles.

Cet argent concerne les réductions des pensions qui ont été effectuées en 2012, lorsque le deuxième mémorandum a été signé entre la Grèce et ses créanciers – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international.

Trois ans plus tard, le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative grecque, a déclaré ces réductions anticonstitutionnelles.

La législation a limité le remboursement des réductions des pensions couvrant la période allant de juin 2015, date de la décision de la cour, à mai 2016, date à laquelle une nouvelle législation a consacré les réductions d’une manière qui a rendu impossible une contestation juridique. Et le remboursement ne concerne que les pensions principales, et non les pensions auxiliaires versées par des fonds sectoriels ou même des fonds propres aux employeurs qui ont été investis.

Dans un premier temps, le gouvernement versera 900 millions d’euros aux retraités du secteur privé. La Cour des comptes doit encore se prononcer sur le remboursement de 500 millions d’euros aux fonctionnaires retraités. Mais cet arrêt, qui doit être suivi d’un vote parlementaire autorisant la dépense, devrait intervenir prochainement.

Le nombre total de bénéficiaires des secteurs privé et public est estimé à 1 million, de sorte qu’aucun retraité ne verra son patrimoine augmenter de manière significative. Mais comme le gouvernement avait auparavant promis que tout le monde serait payé à l’automne, en une seule fois, et qu’il a justifié cela en invoquant la crise économique provoquée par la pandémie, cela semblait être une bonne injection.

Seul le gouvernement a maintenant des doutes : Il veut toujours verser l’argent en 2020, mais très probablement en deux versements, l’un d’ici la fin septembre et l’autre d’ici la fin de l’année.

Tous les retraités remboursés renoncent, de par la loi, à toute demande de remboursement partiel des réductions des pensions auxiliaires, également effectuées en 2012, ou des soi-disant « 13e et 14e salaires », d’un mois entier de salaire comme prime de Noël et des primes bimensuelles accordées autour des vacances de Pâques et d’été.

Les coupes dans ces deux catégories ont été jugées inconstitutionnelles. Cette disposition ne s’applique pas à ceux qui ont déjà contesté juridiquement les réductions.

Source https://www.ekathimerini.com/256028/article/ekathimerini/news/pensioners-await-payments

Tensions Athènes-Ankara

Tensions Athènes-Ankara : « L’UE porte une écrasante responsabilité dans la montée de l’impérialisme turc » par Olivier Delorme Romancier et essayiste installé en Grèce, membre la commission réflexion de République Souveraine (RS)

Alors que les relations entre Athènes et Ankara se sont à nouveau détériorées, sur fond d’ambitions gazières, Olivier Delorme revient sur l’évolution des tensions entre les deux pays.

En 1975, à l’issue d’une première crise provoquée par des activités de prospection turques dans les eaux du plateau continental grec, les Premiers ministres Karamanlis et Demirel avaient convenu de recourir à l’arbitrage de la Cour de justice internationale de La Haye pour régler ce différend. Et depuis, tous les Premiers ministres grecs, jusqu’à Kyriakos Mitsotakis dans son allocution du 12 août, ont appelé à cette solution, également recommandée par le Conseil de sécurité de l’ONU, la jurisprudence de la Cour laissant présager l’attribution à la Turquie deux ou trois couloirs entre des îles orientales grecques afin que sa Zone économique exclusive (ZEE) soit d’une superficie équivalente à ce qu’elle serait sans ces îles.

Mais, sous la pression de son vice-Premier ministre Türkes, chef de la milice fascistoïde des Loups gris et fondateur du MHP, Parti d’action nationaliste aujourd’hui allié d’Erdogan, Demirel renia cet engagement. Et depuis, Ankara réclame une négociation bilatérale sur la base de sa souveraineté économique sur toute la moitié orientale de l’Égée, niant ainsi le droit des îles, internationalement reconnu, à une ZEE propre : négation dont résulte l’actuelle tentative de coup de force au large de Kastellorizo.

La responsabilité européenne

Car, malgré un mémorandum gréco-turc de 1976 gelant les prospections jusqu’au règlement du différend, cette crise n’est que la dernière d’une longue série, toutes déclenchées par la Turquie lorsqu’un gouvernement se trouvait en difficulté intérieure – comme l’est celui d’Erdogan aujourd’hui.

En 1995, le Premier ministre turc se fit même donner par l’Assemblée nationale une autorisation permanente de déclarer la guerre à la Grèce si celle-ci procédait à l’extension à 12 milles de ses eaux territoriales prévue par la convention internationale de Montego Bay – bien que la Grèce se fût engagée à ne pas y procéder unilatéralement et que la Turquie, non signataire de cette convention, l’ait fait en mer Noire comme en Méditerranée. Dans les années 1990, la Turquie adopta de surcroît la « doctrine des zones grises » qui, par une interprétation insoutenable des traités de 1923 et 1947 fixant ses frontières, la conduit à revendiquer une centaine d’îlots grecs. Et récemment, le concept de « Patrie bleue » sert à étendre ses prétentions de manière quasi illimitée.

Rarement aveuglement géostratégique aura été aussi complet !

Or, dans la montée de cet impérialisme, l’Union européenne porte une écrasante responsabilité. Pourquoi lors des marchandages budgétaires a-t-on contraint la Grèce à lever son veto à la candidature de la Turquie sans exiger de celle-ci qu’elle accepte l’arbitrage de la Cour de La Haye ? Pourquoi les milliards d’euros du contribuable européen déversés sur la Turquie au titre de la pré-adhésion, de la réalisation de l’union douanière puis du chantage aux migrants n’ont-ils jamais eu pour contrepartie la cessation des continuelles violations de l’espace aérien grec et l’évacuation de 37 % du territoire de la République de Chypre, membre de l’UE, occupés et colonisés depuis 1974 ? Pourquoi l’UE a-t-elle imposé qu’une partie des fonds européens destinés à Chypre finance l’État fantoche qu’y a proclamé Ankara ?

Pire, cet argent a permis la consolidation du pouvoir d’Erdogan en finançant, via des commissions sur les marchés publics, le système de charité islamiste du parti AKP. Et l’UE refuse toujours de mettre fin à la sinistre comédie des négociations d’adhésion de ce pays dont le régime ne tient plus que par la répression, la censure et la fraude électorale. Alors que, depuis dix ans, elle impose à la Grèce une ravageuse déflation, qui a notamment provoqué l’exil de 500.000 Grecs, affaiblissant ce pays de 10,7 millions d’habitants face à l’impérialisme d’un voisin de 82 millions à l’armée notablement plus puissante – au moins sur le papier. Rarement aveuglement géostratégique aura été aussi complet !

Lorsque le parti islamiste AKP arrive au pouvoir en 2002, son mot d’ordre est : zéro problème avec les voisins ; la Turquie est aujourd’hui en conflit plus ou moins larvé avec tous. Elle a soutenu Daesh, blanchi l’argent de son pétrole, tiré dans le dos des Kurdes. Elle a recyclé en supplétifs ce qui reste des terroristes de Daesh et Al Qaïda pour les disséminer en Libye, dans le Caucase où l’Azerbaïdjan, poussé par Ankara, ranime la guerre contre l’Arménie – probablement aussi parmi les migrants (peu aujourd’hui sont des réfugiés) qu’elle a lancés à l’assaut des îles ou de la frontière terrestre grecques.

Cette Turquie finance également la réislamisation sur un mode radical des minorités musulmanes des Balkans, tandis que l’AKP et le MHP ont pris le contrôle, via les consulats turcs et l’exportation d’imams, d’une importante partie des communautés turques d’Europe occidentale et endoctrinent leurs enfants dans une idéologie mêlant islamisme et néo-ottomanisme, dont la Grèce est une des cibles privilégiées et la réislamisation de Sainte-Sophie le symbole.

Quant aux relations turco-américaines, autrefois si étroites, elles ne cessent de se dégrader

Mais Erdogan a été stoppé en Syrie par la Russie, sa prétention à un leadership sunnite indispose Riyad, et le parlement égyptien vient d’autoriser l’envoi de troupes pour bloquer une éventuelle offensive turque vers les champs pétroliers libyens contrôlés par le maréchal Haftar. Quant à la base turque d’Al Watiya en Libye, elle a été bombardée, peut-être par les Émiratis et avec le soutien logistique de la France, dont une frégate contrôlant l’embargo international des armes à destination de la Libye, que viole la Turquie, a été menacée par une frégate turque.

En décembre 2019, Ankara a en outre signé, en échange de son aide militaire au gouvernement qui ne contrôlait plus que Tripoli, un mémorandum dessinant des ZEE turque et libyenne dont le tracé, absurde au regard du droit international en application duquel aucune contiguïté n’est possible entre elles, viole les droits de la Grèce, de Chypre et de l’Égypte, tout en étant contraire aux intérêts d’Israël et de la France. Car, si cet accord entrait en vigueur, le gazoduc qui transportera vers l’Italie le gaz de l’important gisement – où Total a obtenu des concessions – situé entre Chypre et Israël devrait, au lieu de passer directement de la ZEE de Chypre à celle de la Grèce, traverser celle d’une Turquie qui prétend aussi s’approprier la part de Chypre dans ce gisement.

Réactions grecques

Face à ces défis, la Grèce a resserré ses relations avec Israël, conclu avec l’Italie un accord sur leurs ZEE respectives en négociation depuis quarante ans, puis signé avec l’Égypte, le 6 août, un accord du même type relatif à l’espace qu’Ankara et Tripoli prétendaient se partager, tout en continuant à négocier pour la zone située plus à l’est. C’est en réponse à cet accord qu’Erdogan a ordonné l’entrée d’un navire de prospection et de sa flottille de guerre dans la ZEE grecque où le face-à-face avec la marine hellénique semble avoir provoqué, le 12 août, un incident qui aurait pu dégénérer, et où deux bâtiments de la marine française sont venus le lendemain participer à un exercice avec la flotte grecque.

Quant aux relations turco-américaines, autrefois si étroites, elles ne cessent de se dégrader, comme en témoignent l’exclusion de la Turquie du programme d’avions F35, le repli d’activités de la base OTAN d’Incirlik vers celle de Souda en Crète, ou la dévaluation de la livre turque (70 % en cinq ans, 25 % depuis janvier) auquel Washington ne peut guère être étranger. Aussi, dès le 10 août, le Département d’État a-t-il demandé à la Turquie de cesser immédiatement ses prospections dans la ZEE grecque et, à en croire la presse grecque, le président Trump aurait depuis refusé de répondre aux appels téléphoniques d’Erdogan. Ajoutons que l’économie turque est engluée dans une sévère récession depuis fin 2018 et que, pour ne pas l’aggraver, Erdogan interdit à sa Banque centrale, dont les réserves de change ne sont pas inépuisables, de défendre la monnaie et maîtriser une inflation de 10% par mois en relevant ses taux d’intérêt. Si bien que, comme tout pouvoir autoritaire dans une impasse, celui d’Erdogan cherche à mobiliser son opinion dans des aventures extérieures.

Il serait bien naïf dès lors d’imaginer que la chancelière Merkel ne s’aligne pas sur le despote d’Ankara

Comment dès lors ne pas approuver le ferme soutien du président de la République française à la Grèce et à Chypre ? Et comment s’étonner de l’interminable silence de l’UE – même si elle finit par accoucher de sanctions en trompe-l’œil ? 27 États qui n’ont ni la même histoire, ni les mêmes intérêts, ni la même vision du monde et de l’avenir ne feront jamais une puissance. Si la France prend position, c’est en tant qu’État, et non en vertu d’une souveraineté européenne qui n’existe que dans les fantasmes d’Emmanuel Macron. Quant à l’Allemagne, elle reste fidèle à une alliance germano-turque qui remonte à Guillaume II et que renforce le million d’électeurs allemands d’origine turque largement contrôlés par l’AKP et le MHP ; sans parler des 2,5 milliards de dollars (en 2019) d’excédent commercial que l’Allemagne retire de ses échanges avec la Turquie.

Il serait bien naïf dès lors d’imaginer que la chancelière Merkel ne s’aligne pas sur le despote d’Ankara et ne réclame pas avec lui une négociation bilatérale entre la Grèce et la Turquie plutôt que le respect du droit et l’arbitrage de la Cour internationale de justice prôné par l’ONU. Car, pour parler clairement, l’Allemagne prend aujourd’hui le parti de l’agresseur contre l’agressé.

Source https://www.marianne.net/debattons/billets/tensions-athenes-ankara-l-ue-porte-une-ecrasante-responsabilite-dans-la-montee-de?fbclid=IwAR279isJgS8gcIJdMotuNDf3Ka32Rf9Qa5G1Pu4ONMPaxg_kKuZ_e1uhjy4

Le bras de fer se durcit en Méditerranée orientale

Entre militarisation et visées expansionnistes, le bras de fer se durcit en Méditerranée orientale
La bataille pour les hydrocarbures qui se joue dans la Méditerranée orientale n’est qu’un prétexte pour une redéfinition du rapport de forces dans la région. Mais en militarisant la réponse, certains s’inquiètent qu’éclate un conflit ouvert.

Escalade. Le mot, plus que jamais, est de mise dans la Méditerranée orientale. Depuis ce lundi 10 août, la région est en proie à une montée des tensions, doublée d’une militarisation importante, sur fond de bataille pour les hydrocarbures et d’accords économiques entre les pays du pourtour méditerranéen. Tout a commencé quand le navire sismique turc Oruç Reis, escorté par une imposante armada de bâtiments militaires, a entrepris des recherches dans des eaux qu’exploitent la Grèce. Ce dernier a ensuite mis le cap à plusieurs reprises vers les eaux de l’île de Chypre, divisée entre une partie grecque et une autre turque depuis 1974, avant de retourner dans la zone hellénique. En réaction, les autorités grecques ont immédiatement déployé leur marine, leur aviation et appelé les réservistes des îles à la mobilisation.

Signe que les tensions inquiètent, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis (Nouvelle Démocratie, droite conservatrice), s’est fendu d’une adresse à la nation ce mercredi, en fin d’après-midi. Il y a loué la « fierté nationale« , a signalé avoir « mis les forces armées en alerte » et « activer la diplomatie« .

C’est pourtant d’abord sur le plan militaire que la Grèce a obtenu un soutien. Il est venu de la France, qui a renforcé sa présence armée dans la région en envoyant deux avions de chasse Rafale et deux bâtiments de la Marine nationale (le porte-hélicoptères Tonnerre et la frégate La Fayette). Immédiatement, la Turquie a réagi par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, accusant le Président Emmanuel Macron de « jouer les caïds« . Quant au Président turc Recep Tayep Erdogan, il a prévenu qu’une attaque contre l’Oruç Reis se payerait « au prix fort« … tout en laissant entendre qu’un incident s’était déjà produit – ce que signalent également différents sites proches de l’armée et des nationalistes grecs, comme ArmyVoice.

Face à cette escalade et au risque qu’un incident dégénère en conflit ouvert, l’Allemagne, qui détient actuellement la Présidence de l’UE, tente un effort de médiation. La chancelière Angela Merkel s’est ainsi entretenue jeudi avec le chef de l’Etat turc et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Elle a également appelé Paris, Athènes et Ankara à éviter « l’escalade« .

La France bombe le torse, l’Allemagne appelle au dialogue

Car dans le contexte de militarisation extrême, l’initiative française suscite des craintes. « Pour défendre les intérêts français en Méditerranée orientale comme en Afrique, Emmanuel Macron est prêt à militariser afin de dissuader le comportement agressif de la Turquie. Dans ce contexte, un conflit peut éclater« , explique ainsi Panayiotis Tsakonas, Professeur de relations internationales et chercheur au centre Eliamep. A ses yeux, « Angela Merkel cherche, au contraire, la désescalade et à appeler les deux parties au dialogue.« 

L’UE saura-t-elle donc trouver une voix pour répondre à la Turquie ? Les Ministres des Affaires étrangères de l’Union Européenne en débattent ce vendredi lors d’un conseil convoqué en urgence par Josep Borrel, le chef de la diplomatie de l’UE. Initialement, la question de la Biélorussie était à l’ordre du jour, sous la pression des Etats baltes et de la Pologne. Mais Athènes a insisté pour faire figurer au programme des discussions les tensions dans la Méditerranée orientale. « L’enjeu n’est pas bilatéral, mais européen et international« , souligne le chercheur.

Derrière la bataille pour les hydrocarbures, c’est une véritable redéfinition du rapport de forces qui se joue dans la Méditerranée orientale. Tout son pourtour est destabilisé : la Syrie est en guerre ; au Liban, le gouvernement a démissionné ; le conflit perdure entre Israël et Palestine. De nombreux accords ont été signés entre la Grèce, Chypre, le Liban, l’Italie et l’Egypte, pour l’exploitation des zones maritimes. De son côté, la Turquie a signé un accord considéré contraire au droit international avec la Libye. Mais elle est bien décidée à se positionner dans la région.

« La Turquie d’Erdogan repose sur le régime d’un seul homme. Il a le sentiment d’être exclu des évolutions dans la région. Il réagi donc. Il veut que la Turquie joue un rôle central, hégémonique« , explique ainsi le chercheur Panayiotis Tsakonas. Sia Anagnostopoulou, ex-ministre des affaires européennes grecque, désormais députée (Syriza, gauche), et professeure d’histoire à l’Université Panteion d’Athènes, ajoute : « Erdogan cherche à se constituer un empire maritime. Il militarise en outre toutes les questions. C’est un vrai problème dans une région de plus en plus déstabilisée.« 

Source https://www.marianne.net/monde/entre-militarisation-et-visees-expansionnistes-le-bras-de-fer-se-durcit-en-mediterranee

Démonstration de ce qu’il ne faut pas faire par Costas Lapavitsas

Critique du livre d’Eric Toussaint, “Capitulation entre adultes, Grèce 2015, une alternative était possible”, Paris : Syllepse, 2020. 6 août par Costas Lapavitsas  

 

Yanis Varoufakis a publié en 2017 un livre volumineux intitulé « Conversation entre adultes », qui a rencontré un énorme succès planétaire, et dont Costa-Gavras a même tiré un film deux ans plus tard. L’auteur fut l’un des protagonistes des événements qui ont secoué la Grèce dans les années 2010 et dont les sept premiers mois du gouvernement Syriza-ANEL en 2015 ont été le point culminant. Devenu une célébrité internationale, un véritable phénomène de notre époque, il est toujours actif sur la scène politique internationale.

  Sommaire
  • Une capitulation honteuse
  • Un exemple à ne pas suivre

Malgré l’immense succès du livre, l’analyse historique des événements Syriza qui y est proposée n’est ni objective, ni pénétrante. Ceux qui ont été personnellement mêlés à cette débâcle ont tout de suite mesuré que Varoufakis avait soigneusement rassemblé une série d’anecdotes avec une finalité claire : pouvoir justifier ses propres actes et motivations après coup. Il fait une entorse à la vérité historique et donne une représentation trompeuse des événements afin de se donner le beau rôle. À cet égard, il a brillamment réussi, se donnant ainsi la possibilité de prolonger sa carrière. Du point de vue de sa participation à l’aventure Syriza, il a lamentablement échoué.

Eric Toussaint vient de publier un livre dans lequel il examine avec patience et habileté le parcours de Varoufakis. Il y décrit le contexte politique général de la Grèce et de l’Europe dans les années 2010 et critique sévèrement l’insanité politique de la stratégie de Varoufakis en 2015. La débâcle de Syriza prend ses sources dans cette insanité politique, dont la responsabilité revient en définitive à Alexis Tsipras, le chef du parti Syriza.

Une capitulation honteuse

Varoufakis se présente dans son livre comme un opposant farouche à une élite européenne prête à tout, qui aurait été regrettablement trahi par le pusillanime parti Syriza, et notamment par son chef, Alexis Tsipras. C’est un récit haletant, parsemé de citations secrètement enregistrées au cours des innombrables rencontres diplomatiques et administratives auxquelles il a pris part en tant que ministre des finances. Malheureusement, c’est également un récit totalement fallacieux, ainsi que Toussaint le démontre méthodiquement. Loin d’être un adversaire zélé du statu quo européen, Varoufakis était un vendu.

Un élément simple suffit à le prouver, et Toussaint l’analyse longuement. Le tristement célèbre accord du 20 février 2015 représentait une capitulation de Syriza sur tous les points importants en discussion avec les créanciers européens, y compris la dette publique, l’action souveraine unilatérale du gouvernement grec, la fin de l’austérité, etc. Il a conduit au bout du compte à l’échec et réduit à néant les espoirs des forces sociales qui avaient placé leur confiance en Syriza.

Cet accord a été conclu moins d’un mois après la victoire électorale triomphale de Syriza le 25 janvier, à un moment où le gouvernement disposait du soutien de plus de 60 % de la population. Il a été signé, bien entendu, par Varoufakis, qui ouvrait ainsi la voie à toute une série d’autres revers, jusqu’à la capitulation finale en août 2015. Deux ans plus tard, son livre présentait un portrait de lui totalement différent, celui d’un combattant irréductible trahi par ses compagnons.

En réalité, Varoufakis manquait singulièrement de clarté à propos de l’Union européenne, exprimant d’un côté sa ferme intention de rester dans l’union monétaire, tout en laissant pratiquement entendre que la Grèce pourrait en sortir si les créanciers refusaient toute concession à Syriza. Cette position de négociation était tout à fait intenable pour un pays affaibli, doté d’un gouvernement sans expérience conduit par un parti qui s’est toujours gardé de créer un mouvement populaire authentique pour s’assurer le soutien de la base contre les créanciers et contre sa propre élite dirigeante. Il n’est pas surprenant dès lors que les créanciers aient immédiatement perçu l’aberration intrinsèque de cette stratégie, et qu’ils l’aient réduite en miettes à la première confrontation par le biais d’un chantage direct sur les liquidités mises à disposition par la BCE. Pour ajouter l’humiliation à la défaite, ils ont fait de Varoufakis le signataire du document de capitulation de février 2015.

Un exemple à ne pas suivre

Varoufakis n’était pas un membre de Syriza, il a lui-même exprimé des doutes quant à sa classification à gauche de manière générale. Il a toujours été un « électron libre », comme nous le rappelle Toussaint, et a passé un accord avec la petite bande d’opportunistes réunie autour de Tsipras qui dirigeait à la fois le parti et le gouvernement. Toussaint s’interroge sur la raison d’être de cet accord. À mon sens, cela est assez simple. Varoufakis s’est imaginé qu’il aurait les mains libres pour tester ses stratagèmes insensés, tandis que Tsipras s’est servi de lui comme d’un alibi radical pendant la période cruciale des débuts de Syriza au pouvoir. Tsipras est un acteur politique d’un tout autre ordre : un homme qui s’intéresse au pouvoir coûte que coûte et qui est prêt à n’importe quel compromis pour y parvenir.

Après la reddition du 20 février, Varoufakis est progressivement devenu la risée des ministres européens des finances, et Tsipras l’a bel et bien mis sur la touche. Euclide Tsakalotos était le véritable ministre des finances de la Grèce bien avant d’accéder officiellement à ce poste pour mettre en œuvre les mesures d’austérité du plan de sauvetage signé par Syriza. L’un des passages les plus trompeurs du livre de Varoufakis est celui qui aborde le fameux référendum de juillet 2015, quand le Non du peuple grec est devenu le Oui de Tsipras. Dans les faits, il n’a pas joué un rôle particulièrement important au cours de ces événements, et certainement pas celui de combattant intransigeant qu’il se plaît à décrire. Les personnes qui s’intéressent aux détails historiques pourront jeter un œil sur les votes qu’il a exprimés au Parlement au sujet du troisième plan de sauvetage. Elles pourront constater une utilisation très tactique de son vote, visant à maintenir la communication avec le gouvernement Tsipras.

La gauche de Syriza se composait, au cours de ces mois décisifs, de nombreux courants divergents, parmi lesquels la Plateforme de gauche était le plus important. La Plateforme de gauche ne s’intéressait guère à l’analyse politique puérile de Varoufakis, soulignant qu’elle conduirait à l’échec. Le drame de la Plateforme de gauche est qu’elle n’a pas réussi à plaider de manière décisive en faveur d’un programme différent, notamment la sortie de l’union monétaire, alors même qu’un tel programme était envisageable, comme le confirme Toussaint. Il est évident que la faiblesse de ses dirigeants, amplement démontrée ensuite par la débâcle du parti Unité populaire, est en partie responsable de l’échec final de Syriza, même si la part du lion revient sans aucun doute à Tsipras et à Varoufakis.

Eric Toussaint était très présent en Grèce pendant cette période, et il a activement participé à la Commission pour la vérité sur la dette grecque, mise en place par Zoe Konstantopoulou, à l’époque présidente du parlement grec. L’objectif de cette commission était de réaliser un audit citoyen de la dette publique grecque, une proposition que j’avais au départ rendue publique en 2010 et qui a fait l’objet d’une véritable campagne citoyenne en 2011 et 2012. Tsipras avait donné son accord tacite à Konstantopoulou pour qu’elle relance cette campagne après la victoire électorale de Syriza, sans jamais toutefois prendre cela au sérieux : il espérait simplement étoffer sa réputation d’homme de gauche en autorisant son déroulement. Konstantopoulou tenta d’utiliser cette campagne à ses propres fins politiques, avec un succès limité toutefois. Il convient de lui reconnaître cependant, quoi que l’on pense de ses opinions politiques, qu’elle n’a jamais transigé avec les créanciers. Au contraire, elle a toujours fustigé Tsipras, Varoufakis et tous les autres opportunistes éhontés qui ont mené à la débâcle.

Yanis Varoufakis a joué un rôle désastreux dans la politique grecque et la politique européenne au cours de la dernière décennie. Étonnamment, il a réussi dans une large mesure à se dégager de ses responsabilités et s’est taillé sur la scène internationale une nouvelle carrière de pourfendeur du capitalisme grâce au mouvement DiEM25. Il est tout aussi surprenant que son principal message politique sur l’Europe, dans la mesure où il est possible de le cerner au vu des positions contradictoires qu’il expose régulièrement, soit toujours la même mélasse opportuniste qu’en 2015. Eric Toussaint s’appuie sur ce qu’il a vu lors des événements grecs pour nous fournir une analyse politique approfondie de Varoufakis et de ses agissements. Il ne fait aucun doute que ce dernier est la démonstration même de ce que la gauche ne doit surtout pas faire.

Traduit de l’anglais par Hélène Bertrand

Auteur.e Costas Lapavitsas

is a member of Popular Unity, Professor of Economics at SOAS and former member of the Greek Parliame

Réfugies et migrants confinés

Réfugiés et migrants seront toujours en confinement pendant deux semaines de plus 

Malgré le cri de détresse des ONG et d’organismes internationaux de santé, le gouvernement grec renouvelle les mesures discriminatoires et, sous prétexte de pandémie, prolonge encore une fois les restrictions de mouvement dans toutes les structures d’hébergement des demandeurs asile en Grèce. Par décision conjointe des ministres de la Protection civile, de la Santé, et de l’Immigration et de l’Asile, les mesures dans les centres d’accueil et d’identification (les hot-spots) et dans les structures d’accueil du continent sont prolongées jusqu’au 2 août 2020.

L’objectif, selon une annonce du ministère de l’Immigration, « est d’empêcher l’apparition et la propagation de cas de coronavirus », un argument qui ne repose sur aucune donnée scientifique mais qui révèle uniquement une volonté de discrimination sociale qui ne semble pas être absente de la pensée politique centrale du parti au pouvoir.

Hier, dans un communiqué conjoint, 26 organisations ont appelé le gouvernement à mettre un «frein» aux restrictions de circulation, mais sans se faire entendre.

Source efsyn.gr

Une guerre gréco-turque est-elle possible ?

Une guerre gréco-turque est-elle possible ? Ses implications potentielles pour l’UE, l’Allemagne, la Russie et la Chine par Dimitris Konstantakopoulos

Dans un article précédent, nous avons discuté de la décision d’Ankara de transformer Sainte-Sophie en mosquée dans le contexte stratégique plus large et changeant de la Méditerranée orientale et de l’évolution de la politique turque.

Cette décision et le scandaleux mémorandum turco-libyen sur la division des zones maritimes en Méditerranée orientale, qui ne reconnaît aucun droit aux îles grecques, sont deux politiques qui alimentent une crise de plus en plus grave entre la Grèce et la Turquie, une crise qui risque d’entraîner les deux pays dans une guerre. Une telle éventualité est déjà perceptible dans le cas où la Turquie tenterait d’effectuer des forages près des côtes des îles grecques de Kastellorizo, Rhodes et Crète. Le gouvernement grec sera, dans un tel cas, soumis à une énorme pression pour réagir militairement et, s’il ne réagit pas, il risque de tomber.
Une guerre entre la Grèce et la Turquie peut être souhaitée par les centres de pouvoir internationaux afin, entre autres, de freiner les tendances à l’indépendance turque et de miner Erdogan en le poussant à la « sur-extension ». C’est une méthode classique utilisée avec Saddam, avec Milosevic et avec le dictateur grec Ioannides, imposé par la CIA, qui a organisé un coup d’État à Chypre en croyant (et en ayant des assurances) qu’il l’unirait à la Grèce en 1974, pour voir ensuite l’armée turque envahir l’île. L’architecte de toute cette opération, derrière le côté grec et le côté turc de l’équation, était le criminel Henry Kissinger, l’ancêtre des Néocons actuels, dont on dit qu’il a, encore aujourd’hui, une influence considérable sur Donald Trump. On ne peut exclure qu’une telle méthode ait été utilisée dès 2015, par des centres impériaux encourageant la Turquie à abattre un avion russe. Cet incident aurait pu provoquer une crise entre la Russie et la Turquie, entraînant un conflit entre elles, sapant la présence russe au Moyen-Orient et la puissance d’Erdogan à Ankara.

D’importants conseillers de M. Erdogan ont exprimé à plusieurs reprises leurs craintes que la Grèce et Chypre ne soient devenus des « instruments » des États-Unis et d’Israël contre la Turquie. Mais en fait, avec des décisions telles que celles de forer en dehors des îles grecques ou pour Sainte-Sophie, c’est le leadership turc lui-même qui se renforce en réalité et fournit des arguments aux forces, s’il y en a, à l’intérieur de la Grèce, pour qu’elles puissent vouloir ou se sentir obligées d’aller en conflit avec la Turquie, qu’elles soient purement locales, ou instiguées par des puissances étrangères.

Les erreurs de calcul des Turcs

Ankara fait une série d’erreurs avec la Grèce. Tout d’abord, elle surestime le risque que fait peser sur ses intérêts, même s’il est compréhensible, le projet de pipeline EastMed (Israël – Chypre – Grèce). Ce projet a très peu de chances de mener quelque part, ce gazoduc a très peu de chances d’être construit un jour : on n’a pas encore trouvé de gisements justifiant son coût énorme et sa difficulté technique ; il n’y a pas de destinataire de l’énergie, l’Italie n’a pas accepté d’acheter le gaz et l’Europe se détourne des combustibles fossiles ; la construction du gazoduc nécessitera probablement la délimitation préalable de zones maritimes en Méditerranée orientale, ce qui ne semble pas facile ni même faisable. La principale utilité de toutes ces fanfares sur le gazoduc semble être d’orienter non pas tant la construction de ce gazoduc, mais de provoquer une crise en Méditerranée orientale et de fournir à Israël et aux États-Unis un outil de pression et de négociation supplémentaire vers Ankara.

À cet égard, la Turquie semble partir de la crainte qu’elle soit en danger d’une sorte d' »isolement » en Anatolie, une crainte bien ancrée dans la psychologie nationale turque pour des raisons historiques, mais totalement infondée. Elle est peut-être aussi animée par le désir d’exploiter la plupart des hydrocarbures de la région. Certains disent que ces hydrocarbures sont énormes, mais en réalité nous ne savons pas si c’est vrai. La prétendue « énormité » de ces gisements peut très bien être un mythe propagé par diverses parties, dans le but précis de provoquer une crise en Méditerranée. Dans le même temps, les prix de l’énergie sont poussés à la baisse.

En termes réalistes, ni la Grèce et Chypre, ni la Turquie, n’ont la force d’imposer leur propre pax en Méditerranée orientale. Si l’une des parties tente d’atteindre un tel objectif, il en résultera un conflit et il n’y aura pas de vainqueur dans ce conflit, à l’exception des puissances tierces, qui veulent dominer toute la région. Les deux pays disposent d’armes qui peuvent provoquer d’énormes catastrophes l’un pour l’autre. Entre la Grèce et la Turquie, il existe une sorte d' »équilibre de la terreur » par des moyens conventionnels, et non nucléaires.

L’oléoduc EastMed ne sera probablement jamais construit, mais il pose déjà, avec le scandaleux mémorandum turco-libyen, un risque très réel d’inflammation.

De plus, la Turquie, comme il est apparu clairement avec la crise de l’immigration dans le fleuve Evros, sous-estime la Grèce, elle pense probablement qu’elle va l’effrayer par ses actes et la pousser à faire d’énormes concessions afin d’éviter un conflit. Elle ne comprend pas que c’est la faiblesse, et non la force de la Grèce, et surtout des élites qui la gouvernent, dans le besoin désespéré de prouver leur légitimité même à gouverner, qui peut faciliter une flambée à tout moment, quelles que soient les raisons immédiates d’un tel conflit. La Grèce est un pays humilié, détruit par ses partenaires européens et la finance mondiale. Elle n’aura guère les moyens de subir une nouvelle humiliation, surtout de la part d’un rival historique.

Dans certaines situations, il faut plus de courage pour faire un compromis que pour faire semblant d’être courageux. En outre, il est très difficile pour les élites grecques de faire des compromis, car depuis 1996, elles ont fait tant de concessions aux États-Unis, à l’Allemagne, à la Turquie et à Israël, qu’elles manquent maintenant du capital moral nécessaire pour faire un quelconque compromis, sans risquer d’être considérées comme trahissant leur mère patrie.

La manière dont la Grèce et la Turquie entrent en conflit n’est pas planifiée par l’une des deux capitales. Toutes les crises, guerres et accords entre la Grèce et la Turquie au cours du siècle dernier ont été planifiés en dehors de la région, mais ont été exécutés par les Grecs et les Turcs. Les puissances étrangères ont pu déterminer la perception d’un côté pour l’autre et les pousser à un certain nombre d’actions qui ont eu l’effet désiré. Après 1955, le conflit gréco-turc était le seul moyen de maintenir Chypre sous le contrôle impérial et de refuser aux habitants de l’île le droit d’appliquer leur souveraineté. Derrière les parties en conflit, c’était la même force, le réseau super-secret Gladio de l’OTAN, qui contrôlait en même temps et dirigeait l’extrême droite grecque, des secteurs de l’armée turque et les nationalistes chypriotes grecs et turcs de droite à Chypre même.

Le mécanisme qui peut conduire à un conflit militaire est celui où les deux parties sont prises au piège d’une série d’actions qui conduisent à une dynamique auto-entretenue lorsque, d’un point et au-delà, aucune des deux parties ne se sentira capable de battre en retraite sans qu’une telle retraite ne soit perçue comme une lourde défaite nationale et une humiliation. .

Qui peut bénéficier d’un tel conflit ? L’avenir de l’UE et du projet chinois « Une ceinture, une route ».

Une telle confrontation, dont, comme nous l’avons dit, il n’y aura pas de vainqueur et qui peut entraîner de grands résultats catastrophiques pour les deux pays, pourrait faciliter la tâche des forces internationales qui voudraient accroître leur contrôle sur la Grèce, la Turquie et Chypre. Il est également probable qu’un tel scénario pourrait être accueilli favorablement par les « forces du chaos ».

Ces forces ont tenté à plusieurs reprises de déclencher un nouveau grand conflit dans le grand Moyen-Orient, même avant, mais surtout après l’arrivée au pouvoir de Trump. En 2013, elles ont tenté de provoquer une invasion américaine en Syrie à laquelle Obama s’est opposé, en 2015,  l’avion russe abattu par la Turquie, en 2016 le coup d’État à Ankara, puis les deux campagnes de bombardement américaines en Syrie malgré la présence de troupes russes, les conflits en Libye et maintenant l’escalade des tensions entre la Grèce et la Turquie et entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Plus à l’est de la région, le régime nationaliste indien (un autre ami du Néocon, les stratèges de la droite) tente de provoquer un nouvel incident de guerre des civilisations en attaquant les musulmans de l’Inde et du Pakistan.

Nous avons approché au moins trois fois, au cours des deux dernières années, la possibilité d’un énorme conflit avec l’Iran. Ceux qui ont décidé de tuer le général Soleimani, en utilisant Trump pour exécuter leur projet, savaient très bien qu’ils risquaient d’énormes répercussions écologiques et économiques mondiales et de transformer toute la région en un camp de ruines (entravant ainsi gravement le projet chinois « une ceinture, une route »). Ils ont accepté ces conséquences s’ils ne les souhaitaient pas.

On peut trouver ici une collusion entre la politique des extrémistes israéliens contre l’Iran et l’effort plus général visant à trouver diverses manières de changer radicalement, au profit de l’Empire, les termes de la mondialisation, afin d’arrêter la montée de la Chine.

Dans tous ces conflits, mais aussi dans les conflits extérieurs à la région (Ukraine, Venezuela, Corée, Chine, Chine – Inde), le même schéma se reproduit. Nous avons l’accumulation de matériaux explosifs, nous allons jusqu’au bord du désastre, puis d’énormes forces opposées sont mobilisées et la crise est arrêtée au dernier moment. Mais on se demande combien de fois cela peut se répéter sans qu’une nouvelle guerre énorme n’éclate. Après tout, l’histoire nous a appris que la guerre est un moyen classique pour le capitalisme de surmonter sa crise et que la seule raison pour laquelle une guerre mondiale n’a pas éclaté est l’existence des armes nucléaires. Mais même avec elles, ce que nous vivons est plus ou moins une « guerre mondiale de faible intensité ».

Méditerranée orientale, UE, Russie et Chine

 Pour en revenir maintenant à la Méditerranée orientale, une guerre gréco-turque peut s’ajouter à la crise du coronavirus pour créer d’énormes problèmes aux plans chinois, et aussi pour mettre l’Union européenne et l’Allemagne, en particulier, devant une crise qu’elles n’ont pas les outils et les politiques pour affronter. L’Union s’est montrée incapable d’être d’une grande utilité pour ses peuples, tant lors de la crise de 2008 que lors de la crise du coronavirus. Si elle s’avère aujourd’hui incapable de faire quelque chose dans une situation de guerre impliquant deux de ses membres (Grèce et Chypre), la question de son existence même sera à nouveau mise à l’ordre du jour. D’ailleurs, tout conflit militaire sérieux entre la Grèce et la Turquie conduira très probablement à l’annulation abrupte de tout service de la dette considérable des deux pays.

De tels scénarios sont probablement les bienvenus pour les néoconservateurs extrémistes, qui seraient ravis de provoquer une dissolution de l’UE en entités plus petites et plus faciles à gérer et la diminution de la puissance allemande. Il existe aussi probablement un projet de « Néocon profond » de création d’une nouvelle « Union méditerranéenne », incorporant les pays d’Europe du Sud et d’Afrique du Nord, qui (en raison également de son absence d’homogénéité interne) serait l’outil parfait pour le contrôle impérial de toute la Méditerranée et pour nier toute influence à la fois à l’Allemagne et à la Russie, le rêve de l’Empire depuis de nombreux siècles.

Malheureusement, nous ne pouvons pas exclure qu’il existe aujourd’hui des forces favorisant de tels scénarios et orientations, en particulier dans le contexte de la guerre civile non déclarée mais bien réelle, au centre même de l’Empire, entre les « néoconservateurs – néototalitaires » et les « néolibéraux – mondialistes », le parti « Huntington, Pompeo, Netanyahu » d’un côté, le parti « Soros, Fukuyama, Obama, Merkel » de l’autre. Les extrémistes peuvent profiter de la période allant d’ici aux élections américaines, s’ils craignent de perdre leur homme à la Maison Blanche, ce qui n’est pas certain, mais ne peut être exclu.

Les peuples du Moyen-Orient ont pu, dans une certaine mesure, résister à l’agression du Néocon depuis 2003, mais, jusqu’à présent, ils n’ont pas été capables de produire une alternative pour leur région. Les Européens, les Grecs, les Français et d’autres ont lutté contre la destruction néolibérale de leurs nations, mais ils ont été vaincus et il leur manque une alternative sérieuse aux plans des forces dominantes. C’est cette situation qui permet aux forces extrémistes de l’Empire de pouvoir continuer leur agression partout. Pour que la résistance mène à la victoire, une nouvelle vision pour le Moyen-Orient, pour l’Europe et pour le monde entier serait nécessaire.

En attendant, des décisions comme celle prise au sujet de Sainte-Sophie créent une situation extrêmement dangereuse et contribuent dans une large mesure à la planification impériale dans la région de la Méditerranée orientale, une région d’une importance stratégique cruciale.

Il est très regrettable que M. Erdogan semble considérer l’extension (irréaliste) « imparable » du pouvoir turc comme la seule voie à suivre, sans tenir compte de la nécessité de coopération des peuples de la région et en se concentrant, au contraire, sur les antagonismes de pouvoir et de domination.

Il est également très regrettable le degré de dépendance de la Grèce et de Chypre vis-à-vis des puissances étrangères et le gel des relations entre la Grèce et la Russie, seul facteur qui semble probablement capable et désireux d’avoir maintenant un effet modérateur dans la zone méditerranéenne des conflits.

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www.defenddemocracy.press/is-a-greek-turkish-war-possible-its-potential-implications-for-eu-germany-russia-and-china/

 

Grèce loi contre l’école publique votée

En Grèce, la loi contre l’école publique a été votée, mais le combat continue par A. Sartzekis

Il y avait peu de suspens : la majorité de droite du Parlement grec a voté jeudi 11 juin la loi réactionnaire sur l’école, confirmant s’il en était besoin la dangerosité d’un gouvernement dont la seule ligne est de casser les services publics pour mieux les offrir au privé, de préférence d’ailleurs aux petits copains, comme en témoigne ces derniers temps une série de scandales dont un seul, en d’autres temps, aurait suffi à faire tomber un tel gouvernement !

On évoque ici1 les deux axes de l’offensive de la droite contre l’école publique et ses personnels. D’abord un dispositif effarant tendant à imposer une caméra dans les salles de classes, pour continuer à offrir les cours aux élèves absents, et cela au nom de l’égalité des chances évidemment, on connaît le refrain depuis que Blanquer en France joue le marxiste en évoquant les enfants décrocheurs des quartiers de banlieue ! Sans tomber dans le panneau, malgré des illusions à gauche sur de prétendus bienfaits de l’enseignement à distance, les enseignantEs et de nombreux élèves ont exigé le retrait de ce dispositif, et l’ultra conservatrice ministre de l’Éducation, Niki Kerameos, s’est ainsi vue surnommer Caméraos dans les manifs. La colère a été si forte que des reculs ont été opérés, en paroles en tout cas : caractère facultatif de ce dispositif, qui ne serait proposé que dans certaines conditions particulières, pas de caméra mais des appareils légers… Ces reculs ont été obtenus par le mouvement : 91% des enseignantEs se disent opposés à l’enregistrement et la diffusion des cours, pour 81% l’objectif est le contrôle des enseignantEs, et 62% estiment que cette mesure est au service d’intérêts privés ! Il n’empêche que le dispositif, adopté comme amendement dans le cadre d’une loi sans aucun rapport, existe désormais, et vu le style « orbanesque » de la droite au pouvoir, il constitue une menace pour les libertés pédagogiques mais aussi pour les droits démocratiques face à l’utilisation des données : lors des « cours à distance », des données d’enseignantEs ont été communiquées à une société privée par un service du ministère…

Sélection sociale et contrôle permanent 

Les libertés pédagogiques sont plus globalement attaquées dans le second axe de l’offensive, une loi concoctée pendant le confinement mais, comme le disent les enseignantEs : aucune surprise, Kerameos avait annoncé la couleur, très sombre dès l’été dernier. Rappelons ses caractéristiques, très violentes : très forte aggravation de la sélection sociale, avec pour but de limiter l’accès à l’université, pousser les élèves du technique vers de courtes formations privées, mise en place d’une concurrence entre établissements, avec pour objectif à terme la fermeture d’un certain nombre de ceux-ci (d’où l’intérêt de « cours à distance »), avec la menace, pour les dizaines de milliers de professeurEs suppléants, de ne plus retrouver de postes dans un proche avenir.

Un dispositif clé est celui de l’évaluation des enseignants et des établissements, mesure que la bourgeoisie grecque tente d’imposer depuis des années, butant à chaque fois sur la résistance des personnels. Et, symbole de la réalité parfaitement réactionnaire du capitalisme sous Koulis (surnom du Premier ministre, membre d’une famille de politiciens très à droite et fonctionnant de manière dangereusement clanesque), contrôle non seulement des enseignantEs mais aussi des élèves, d’une part par la mise en place d’un bachotage permanent (examens à toutes les classes du collège) mais aussi par une mention du comportement qui figurera sur l’Apolytirion, équivalent du bac) : belle illustration des fameuses « compétences » dont on nous rebat les oreilles depuis si longtemps en France, on a droit en Grèce aussi aux discours fumeux sur la prétendue modernité de ce qui est bien sûr une exigence du patronat, le SEV, équivalent du Medef !

Le patronat aux anges

Le patronat a ainsi obtenu ce qu’il veut depuis longtemps : une école aux ordres (et sans esprit critique, avec par exemple la disparition de la sociologie remplacée par le latin pour l’examen d’entrée à l’université), mais aussi lui permettant de s’en mettre plein les poches, par les faveurs qu’obtiennent les établissements privés – l’association des propriétaires d’écoles privées est la seule structure à avoir approuvé le projet de loi, le syndicat des enseignantEs du privé participant pleinement, lui, aux mobilisations contre Kerameos. Mais d’autres secteurs du privé se frottent les mains : ainsi les vampiresques « frontistiria », cours du soir existant depuis très longtemps et préparant les élèves à devenir (de plus en plus tôt) de véritables « bêtes à examens », vu le bachotage croissant exigé en Grèce.

Et la loi ouvre aussi la porte à une mise en cause de l’article 16 de la Constitution, qui garantit la gratuité des études : seraient désormais permis des cours de langues étrangères pour les premières années universitaires, avec inscription payante. Signe de l’esprit strictement boutiquier de la droite de Mitsotakis, Kerameos et lui se sont rués dès le vote de la loi sur quelques universités américaines (les deux ministres ne connaissant qu’elles, puisqu’ils n’ont évidemment pas fait leurs études dans une fac publique grecque) pour lancer ce dispositif, et cela alors qu’un tel dispositif, gratuit pour les étudiantEs, existe dans le cadre de l’Union européenne…

Échec de la mobilisation ?

Quand on voit tout ce que comporte la loi, on est tenté de parler de grande victoire de la droite, et donc d’échec de la mobilisation. Mais, heureusement, les choses sont plus complexes. On l’a dit : Kerameos a profité du confinement pour déposer son texte de loi, concocté sans aucune négociation (mais bien sûr, « à la Blanquer », présenté comme fruit d’une large concertation). Le but était, on s’en doute, d’éviter toute mobilisation, d’autant que la tendance dirigeant actuellement le syndicat (unique) du secondaire, OLME, est liée à la droite gouvernementale. Or, même en plein confinement, la mobilisation s’est largement développée, avec manifs à l’appel d’OLME, DOE (syndicat du primaire), OIELE (enseignants du privé), des parents d’élèves, et aussi de lycéenEs et étudiantEs. On a parlé sur ce site des grandes manifs du 13 mai dans le pays2. Depuis, d’autres manifs ont eu lieu, à l’appel des mêmes organisations et, à chaque fois, on a pu voir dans les rues d’Athènes entre 6000 et 8000 manifestantEs, avec également le 9 mai une grève de 24 heures dans le secondaire (mais débrayage seulement dans le primaire). Vu les circonstances, on ne peut donc parler que de mobilisations réussies, d’autant qu’elles étaient en général assez combatives ! Les quelques reculs de Kerameos (sur les caméras, sur une limite d’âge pour entrer au lycée technique…) ont bien été obtenus par la force du mouvement, à laquelle le gouvernement ne semblait pas s’attendre.

Stratégies syndicales  

Le problème est donc ailleurs, et il est double : d’abord, vu la période, le mouvement n’a pas réussi à s’élargir, une grève prolongée semblant peu crédible en cette phase difficile et, du coup, on a eu plutôt une répétition de manifs certes larges, mais pas d’une ampleur à faire céder la droite. Et ce qui a aussi visiblement manqué, c’est une cohésion d’ensemble pouvant faire progresser la conviction qu’il était possible d’empêcher que la loi soit votée. Du côté des directions syndicales réformistes (voire liées è la droite), on n’a fait ni plus ni moins que lors d’autres mobilisations, appelant jusqu’au bout à des manifs (le vote de la loi ayant été repoussé du 10 au 11 juin, elles ont même appelé à débrayer le 11 pour être de nouveau devant le Parlement, comme la veille) : le minimum d’une direction syndicale nationale, sans avoir à trahir ouvertement le mouvement comme l’avaient fait en 2013 tous les courants de OLME, de la droite à Syriza, sauf la gauche radicale. Du côté du courant syndical du KKE (Parti communiste), PAME, l’objectif semble avoir été d’apparaître avec de nombreux drapeaux, comme une force qui compte, mais sans volonté de pousser au-delà. Idem d’ailleurs pour les JC animant un des pôles jeunes, combatif, mais sans perspective. Du côté des courants de la gauche radicale et révolutionnaire, en dehors de l’éparpillement « classique », on a pu voir comme tendance forte la dénonciation des directions syndicales, celles des « majorités syndicales gouvernementales-patronales de DOE et OLME »3, l’objectif étant pour certains des initiatives autonomes des syndicats de base : « Il est nécessaire de construire un nouveau rassemblement combatif de syndicats qui mette en avant les problèmes immédiats des travailleurs et leurs revendications et qui  les relie solidement à une autre voie sur laquelle le pays doit s’engager, dans l’intérêt des travailleurs et travailleuses »4. Or, quelle que soit la profondeur de la crise du syndicalisme en Grèce, la priorité doit-elle être celle-ci, qui par ailleurs ressemble furieusement à celle de PAME promue par le très sectaire KKE, ou plutôt celle, d’ailleurs partagée et pratiquée par beaucoup lors du mouvement, de faire vivre à la base les structures syndicales de DOE et OLME, sachant que c’est leur force qui a amené les directions nationales à appeler aux manifestations… qui n’auraient pas pu avoir lieu sans ces appels nationaux ?

L’enjeu de la mobilisation de la jeunesse 

C’est là un débat très important pour le proche avenir des luttes en Grèce ! Mais d’ores et déjà, on ne peut qu’être d’accord avec Argyris Papathanasiou, membre de la tendance radicale (Paremvasis, Kinisis, Syspirosis) dans DOE, interrogé dans Prin du 14 juin : « Dès aujourd’hui, le mouvement de l’Éducation combat pour l’abrogation de cette loi, comme à de nombreuses reprises dans le passé il a réussi à annuler dans les faits des lois qui avaient été votées ». Et parmi les priorités : bloquer les transferts d’élèves pour empêcher l’augmentation du nombre d’élèves par classe et assurer le maintien du nombre de postes ; arriver à faire annuler l’auto-évaluation des établissements ; sans oublier l’augmentation des salaires, du nombre de postes titulaires.

Mais ce qui sera décisif pour les mois à venir, ce sera une participation massive de la jeunesse scolarisée, la principale victime de la loi Kerameos qui ne leur offre comme seule perspective que soumission et chômage. Présente dans les manifs avec des cortèges encore limités en nombre, présente aussi dans les récentes manifs antiracistes, sa mobilisation pour refuser un avenir toujours plus sombre et son lien aux mobilisations enseignantes sont déterminants pour renvoyer Mme Caméraos et le gouvernement dans les coulisses des très mauvais scénarios.

  • 1. Lire « Contre l’œil de Big brother dans les salles de classe en Grèce », 17 mai 2020) : https://npa2009.org/actualite/internatio…
  • 2. Idem.
  • 3. Prin, journal de NAR (Courant nouvelle gauche), 7 juin.
  • 4. Extrait de l’appel à une manifestation à Athènes le 23 juin par des syndicats de base du public et du privé, traduit de Prin, 14 juin.

Source https://npa2009.org/actualite/international/en-grece-la-loi-contre-lecole-publique-ete-votee-mais-le-combat-continue

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