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Démonstration de ce qu’il ne faut pas faire par Costas Lapavitsas

Critique du livre d’Eric Toussaint, “Capitulation entre adultes, Grèce 2015, une alternative était possible”, Paris : Syllepse, 2020. 6 août par Costas Lapavitsas  

 

Yanis Varoufakis a publié en 2017 un livre volumineux intitulé « Conversation entre adultes », qui a rencontré un énorme succès planétaire, et dont Costa-Gavras a même tiré un film deux ans plus tard. L’auteur fut l’un des protagonistes des événements qui ont secoué la Grèce dans les années 2010 et dont les sept premiers mois du gouvernement Syriza-ANEL en 2015 ont été le point culminant. Devenu une célébrité internationale, un véritable phénomène de notre époque, il est toujours actif sur la scène politique internationale.

  Sommaire
  • Une capitulation honteuse
  • Un exemple à ne pas suivre

Malgré l’immense succès du livre, l’analyse historique des événements Syriza qui y est proposée n’est ni objective, ni pénétrante. Ceux qui ont été personnellement mêlés à cette débâcle ont tout de suite mesuré que Varoufakis avait soigneusement rassemblé une série d’anecdotes avec une finalité claire : pouvoir justifier ses propres actes et motivations après coup. Il fait une entorse à la vérité historique et donne une représentation trompeuse des événements afin de se donner le beau rôle. À cet égard, il a brillamment réussi, se donnant ainsi la possibilité de prolonger sa carrière. Du point de vue de sa participation à l’aventure Syriza, il a lamentablement échoué.

Eric Toussaint vient de publier un livre dans lequel il examine avec patience et habileté le parcours de Varoufakis. Il y décrit le contexte politique général de la Grèce et de l’Europe dans les années 2010 et critique sévèrement l’insanité politique de la stratégie de Varoufakis en 2015. La débâcle de Syriza prend ses sources dans cette insanité politique, dont la responsabilité revient en définitive à Alexis Tsipras, le chef du parti Syriza.

Une capitulation honteuse

Varoufakis se présente dans son livre comme un opposant farouche à une élite européenne prête à tout, qui aurait été regrettablement trahi par le pusillanime parti Syriza, et notamment par son chef, Alexis Tsipras. C’est un récit haletant, parsemé de citations secrètement enregistrées au cours des innombrables rencontres diplomatiques et administratives auxquelles il a pris part en tant que ministre des finances. Malheureusement, c’est également un récit totalement fallacieux, ainsi que Toussaint le démontre méthodiquement. Loin d’être un adversaire zélé du statu quo européen, Varoufakis était un vendu.

Un élément simple suffit à le prouver, et Toussaint l’analyse longuement. Le tristement célèbre accord du 20 février 2015 représentait une capitulation de Syriza sur tous les points importants en discussion avec les créanciers européens, y compris la dette publique, l’action souveraine unilatérale du gouvernement grec, la fin de l’austérité, etc. Il a conduit au bout du compte à l’échec et réduit à néant les espoirs des forces sociales qui avaient placé leur confiance en Syriza.

Cet accord a été conclu moins d’un mois après la victoire électorale triomphale de Syriza le 25 janvier, à un moment où le gouvernement disposait du soutien de plus de 60 % de la population. Il a été signé, bien entendu, par Varoufakis, qui ouvrait ainsi la voie à toute une série d’autres revers, jusqu’à la capitulation finale en août 2015. Deux ans plus tard, son livre présentait un portrait de lui totalement différent, celui d’un combattant irréductible trahi par ses compagnons.

En réalité, Varoufakis manquait singulièrement de clarté à propos de l’Union européenne, exprimant d’un côté sa ferme intention de rester dans l’union monétaire, tout en laissant pratiquement entendre que la Grèce pourrait en sortir si les créanciers refusaient toute concession à Syriza. Cette position de négociation était tout à fait intenable pour un pays affaibli, doté d’un gouvernement sans expérience conduit par un parti qui s’est toujours gardé de créer un mouvement populaire authentique pour s’assurer le soutien de la base contre les créanciers et contre sa propre élite dirigeante. Il n’est pas surprenant dès lors que les créanciers aient immédiatement perçu l’aberration intrinsèque de cette stratégie, et qu’ils l’aient réduite en miettes à la première confrontation par le biais d’un chantage direct sur les liquidités mises à disposition par la BCE. Pour ajouter l’humiliation à la défaite, ils ont fait de Varoufakis le signataire du document de capitulation de février 2015.

Un exemple à ne pas suivre

Varoufakis n’était pas un membre de Syriza, il a lui-même exprimé des doutes quant à sa classification à gauche de manière générale. Il a toujours été un « électron libre », comme nous le rappelle Toussaint, et a passé un accord avec la petite bande d’opportunistes réunie autour de Tsipras qui dirigeait à la fois le parti et le gouvernement. Toussaint s’interroge sur la raison d’être de cet accord. À mon sens, cela est assez simple. Varoufakis s’est imaginé qu’il aurait les mains libres pour tester ses stratagèmes insensés, tandis que Tsipras s’est servi de lui comme d’un alibi radical pendant la période cruciale des débuts de Syriza au pouvoir. Tsipras est un acteur politique d’un tout autre ordre : un homme qui s’intéresse au pouvoir coûte que coûte et qui est prêt à n’importe quel compromis pour y parvenir.

Après la reddition du 20 février, Varoufakis est progressivement devenu la risée des ministres européens des finances, et Tsipras l’a bel et bien mis sur la touche. Euclide Tsakalotos était le véritable ministre des finances de la Grèce bien avant d’accéder officiellement à ce poste pour mettre en œuvre les mesures d’austérité du plan de sauvetage signé par Syriza. L’un des passages les plus trompeurs du livre de Varoufakis est celui qui aborde le fameux référendum de juillet 2015, quand le Non du peuple grec est devenu le Oui de Tsipras. Dans les faits, il n’a pas joué un rôle particulièrement important au cours de ces événements, et certainement pas celui de combattant intransigeant qu’il se plaît à décrire. Les personnes qui s’intéressent aux détails historiques pourront jeter un œil sur les votes qu’il a exprimés au Parlement au sujet du troisième plan de sauvetage. Elles pourront constater une utilisation très tactique de son vote, visant à maintenir la communication avec le gouvernement Tsipras.

La gauche de Syriza se composait, au cours de ces mois décisifs, de nombreux courants divergents, parmi lesquels la Plateforme de gauche était le plus important. La Plateforme de gauche ne s’intéressait guère à l’analyse politique puérile de Varoufakis, soulignant qu’elle conduirait à l’échec. Le drame de la Plateforme de gauche est qu’elle n’a pas réussi à plaider de manière décisive en faveur d’un programme différent, notamment la sortie de l’union monétaire, alors même qu’un tel programme était envisageable, comme le confirme Toussaint. Il est évident que la faiblesse de ses dirigeants, amplement démontrée ensuite par la débâcle du parti Unité populaire, est en partie responsable de l’échec final de Syriza, même si la part du lion revient sans aucun doute à Tsipras et à Varoufakis.

Eric Toussaint était très présent en Grèce pendant cette période, et il a activement participé à la Commission pour la vérité sur la dette grecque, mise en place par Zoe Konstantopoulou, à l’époque présidente du parlement grec. L’objectif de cette commission était de réaliser un audit citoyen de la dette publique grecque, une proposition que j’avais au départ rendue publique en 2010 et qui a fait l’objet d’une véritable campagne citoyenne en 2011 et 2012. Tsipras avait donné son accord tacite à Konstantopoulou pour qu’elle relance cette campagne après la victoire électorale de Syriza, sans jamais toutefois prendre cela au sérieux : il espérait simplement étoffer sa réputation d’homme de gauche en autorisant son déroulement. Konstantopoulou tenta d’utiliser cette campagne à ses propres fins politiques, avec un succès limité toutefois. Il convient de lui reconnaître cependant, quoi que l’on pense de ses opinions politiques, qu’elle n’a jamais transigé avec les créanciers. Au contraire, elle a toujours fustigé Tsipras, Varoufakis et tous les autres opportunistes éhontés qui ont mené à la débâcle.

Yanis Varoufakis a joué un rôle désastreux dans la politique grecque et la politique européenne au cours de la dernière décennie. Étonnamment, il a réussi dans une large mesure à se dégager de ses responsabilités et s’est taillé sur la scène internationale une nouvelle carrière de pourfendeur du capitalisme grâce au mouvement DiEM25. Il est tout aussi surprenant que son principal message politique sur l’Europe, dans la mesure où il est possible de le cerner au vu des positions contradictoires qu’il expose régulièrement, soit toujours la même mélasse opportuniste qu’en 2015. Eric Toussaint s’appuie sur ce qu’il a vu lors des événements grecs pour nous fournir une analyse politique approfondie de Varoufakis et de ses agissements. Il ne fait aucun doute que ce dernier est la démonstration même de ce que la gauche ne doit surtout pas faire.

Traduit de l’anglais par Hélène Bertrand

Auteur.e Costas Lapavitsas

is a member of Popular Unity, Professor of Economics at SOAS and former member of the Greek Parliame

Réfugies et migrants confinés

Réfugiés et migrants seront toujours en confinement pendant deux semaines de plus 

Malgré le cri de détresse des ONG et d’organismes internationaux de santé, le gouvernement grec renouvelle les mesures discriminatoires et, sous prétexte de pandémie, prolonge encore une fois les restrictions de mouvement dans toutes les structures d’hébergement des demandeurs asile en Grèce. Par décision conjointe des ministres de la Protection civile, de la Santé, et de l’Immigration et de l’Asile, les mesures dans les centres d’accueil et d’identification (les hot-spots) et dans les structures d’accueil du continent sont prolongées jusqu’au 2 août 2020.

L’objectif, selon une annonce du ministère de l’Immigration, « est d’empêcher l’apparition et la propagation de cas de coronavirus », un argument qui ne repose sur aucune donnée scientifique mais qui révèle uniquement une volonté de discrimination sociale qui ne semble pas être absente de la pensée politique centrale du parti au pouvoir.

Hier, dans un communiqué conjoint, 26 organisations ont appelé le gouvernement à mettre un «frein» aux restrictions de circulation, mais sans se faire entendre.

Source efsyn.gr

Grèce loi contre l’école publique votée

En Grèce, la loi contre l’école publique a été votée, mais le combat continue par A. Sartzekis

Il y avait peu de suspens : la majorité de droite du Parlement grec a voté jeudi 11 juin la loi réactionnaire sur l’école, confirmant s’il en était besoin la dangerosité d’un gouvernement dont la seule ligne est de casser les services publics pour mieux les offrir au privé, de préférence d’ailleurs aux petits copains, comme en témoigne ces derniers temps une série de scandales dont un seul, en d’autres temps, aurait suffi à faire tomber un tel gouvernement !

On évoque ici1 les deux axes de l’offensive de la droite contre l’école publique et ses personnels. D’abord un dispositif effarant tendant à imposer une caméra dans les salles de classes, pour continuer à offrir les cours aux élèves absents, et cela au nom de l’égalité des chances évidemment, on connaît le refrain depuis que Blanquer en France joue le marxiste en évoquant les enfants décrocheurs des quartiers de banlieue ! Sans tomber dans le panneau, malgré des illusions à gauche sur de prétendus bienfaits de l’enseignement à distance, les enseignantEs et de nombreux élèves ont exigé le retrait de ce dispositif, et l’ultra conservatrice ministre de l’Éducation, Niki Kerameos, s’est ainsi vue surnommer Caméraos dans les manifs. La colère a été si forte que des reculs ont été opérés, en paroles en tout cas : caractère facultatif de ce dispositif, qui ne serait proposé que dans certaines conditions particulières, pas de caméra mais des appareils légers… Ces reculs ont été obtenus par le mouvement : 91% des enseignantEs se disent opposés à l’enregistrement et la diffusion des cours, pour 81% l’objectif est le contrôle des enseignantEs, et 62% estiment que cette mesure est au service d’intérêts privés ! Il n’empêche que le dispositif, adopté comme amendement dans le cadre d’une loi sans aucun rapport, existe désormais, et vu le style « orbanesque » de la droite au pouvoir, il constitue une menace pour les libertés pédagogiques mais aussi pour les droits démocratiques face à l’utilisation des données : lors des « cours à distance », des données d’enseignantEs ont été communiquées à une société privée par un service du ministère…

Sélection sociale et contrôle permanent 

Les libertés pédagogiques sont plus globalement attaquées dans le second axe de l’offensive, une loi concoctée pendant le confinement mais, comme le disent les enseignantEs : aucune surprise, Kerameos avait annoncé la couleur, très sombre dès l’été dernier. Rappelons ses caractéristiques, très violentes : très forte aggravation de la sélection sociale, avec pour but de limiter l’accès à l’université, pousser les élèves du technique vers de courtes formations privées, mise en place d’une concurrence entre établissements, avec pour objectif à terme la fermeture d’un certain nombre de ceux-ci (d’où l’intérêt de « cours à distance »), avec la menace, pour les dizaines de milliers de professeurEs suppléants, de ne plus retrouver de postes dans un proche avenir.

Un dispositif clé est celui de l’évaluation des enseignants et des établissements, mesure que la bourgeoisie grecque tente d’imposer depuis des années, butant à chaque fois sur la résistance des personnels. Et, symbole de la réalité parfaitement réactionnaire du capitalisme sous Koulis (surnom du Premier ministre, membre d’une famille de politiciens très à droite et fonctionnant de manière dangereusement clanesque), contrôle non seulement des enseignantEs mais aussi des élèves, d’une part par la mise en place d’un bachotage permanent (examens à toutes les classes du collège) mais aussi par une mention du comportement qui figurera sur l’Apolytirion, équivalent du bac) : belle illustration des fameuses « compétences » dont on nous rebat les oreilles depuis si longtemps en France, on a droit en Grèce aussi aux discours fumeux sur la prétendue modernité de ce qui est bien sûr une exigence du patronat, le SEV, équivalent du Medef !

Le patronat aux anges

Le patronat a ainsi obtenu ce qu’il veut depuis longtemps : une école aux ordres (et sans esprit critique, avec par exemple la disparition de la sociologie remplacée par le latin pour l’examen d’entrée à l’université), mais aussi lui permettant de s’en mettre plein les poches, par les faveurs qu’obtiennent les établissements privés – l’association des propriétaires d’écoles privées est la seule structure à avoir approuvé le projet de loi, le syndicat des enseignantEs du privé participant pleinement, lui, aux mobilisations contre Kerameos. Mais d’autres secteurs du privé se frottent les mains : ainsi les vampiresques « frontistiria », cours du soir existant depuis très longtemps et préparant les élèves à devenir (de plus en plus tôt) de véritables « bêtes à examens », vu le bachotage croissant exigé en Grèce.

Et la loi ouvre aussi la porte à une mise en cause de l’article 16 de la Constitution, qui garantit la gratuité des études : seraient désormais permis des cours de langues étrangères pour les premières années universitaires, avec inscription payante. Signe de l’esprit strictement boutiquier de la droite de Mitsotakis, Kerameos et lui se sont rués dès le vote de la loi sur quelques universités américaines (les deux ministres ne connaissant qu’elles, puisqu’ils n’ont évidemment pas fait leurs études dans une fac publique grecque) pour lancer ce dispositif, et cela alors qu’un tel dispositif, gratuit pour les étudiantEs, existe dans le cadre de l’Union européenne…

Échec de la mobilisation ?

Quand on voit tout ce que comporte la loi, on est tenté de parler de grande victoire de la droite, et donc d’échec de la mobilisation. Mais, heureusement, les choses sont plus complexes. On l’a dit : Kerameos a profité du confinement pour déposer son texte de loi, concocté sans aucune négociation (mais bien sûr, « à la Blanquer », présenté comme fruit d’une large concertation). Le but était, on s’en doute, d’éviter toute mobilisation, d’autant que la tendance dirigeant actuellement le syndicat (unique) du secondaire, OLME, est liée à la droite gouvernementale. Or, même en plein confinement, la mobilisation s’est largement développée, avec manifs à l’appel d’OLME, DOE (syndicat du primaire), OIELE (enseignants du privé), des parents d’élèves, et aussi de lycéenEs et étudiantEs. On a parlé sur ce site des grandes manifs du 13 mai dans le pays2. Depuis, d’autres manifs ont eu lieu, à l’appel des mêmes organisations et, à chaque fois, on a pu voir dans les rues d’Athènes entre 6000 et 8000 manifestantEs, avec également le 9 mai une grève de 24 heures dans le secondaire (mais débrayage seulement dans le primaire). Vu les circonstances, on ne peut donc parler que de mobilisations réussies, d’autant qu’elles étaient en général assez combatives ! Les quelques reculs de Kerameos (sur les caméras, sur une limite d’âge pour entrer au lycée technique…) ont bien été obtenus par la force du mouvement, à laquelle le gouvernement ne semblait pas s’attendre.

Stratégies syndicales  

Le problème est donc ailleurs, et il est double : d’abord, vu la période, le mouvement n’a pas réussi à s’élargir, une grève prolongée semblant peu crédible en cette phase difficile et, du coup, on a eu plutôt une répétition de manifs certes larges, mais pas d’une ampleur à faire céder la droite. Et ce qui a aussi visiblement manqué, c’est une cohésion d’ensemble pouvant faire progresser la conviction qu’il était possible d’empêcher que la loi soit votée. Du côté des directions syndicales réformistes (voire liées è la droite), on n’a fait ni plus ni moins que lors d’autres mobilisations, appelant jusqu’au bout à des manifs (le vote de la loi ayant été repoussé du 10 au 11 juin, elles ont même appelé à débrayer le 11 pour être de nouveau devant le Parlement, comme la veille) : le minimum d’une direction syndicale nationale, sans avoir à trahir ouvertement le mouvement comme l’avaient fait en 2013 tous les courants de OLME, de la droite à Syriza, sauf la gauche radicale. Du côté du courant syndical du KKE (Parti communiste), PAME, l’objectif semble avoir été d’apparaître avec de nombreux drapeaux, comme une force qui compte, mais sans volonté de pousser au-delà. Idem d’ailleurs pour les JC animant un des pôles jeunes, combatif, mais sans perspective. Du côté des courants de la gauche radicale et révolutionnaire, en dehors de l’éparpillement « classique », on a pu voir comme tendance forte la dénonciation des directions syndicales, celles des « majorités syndicales gouvernementales-patronales de DOE et OLME »3, l’objectif étant pour certains des initiatives autonomes des syndicats de base : « Il est nécessaire de construire un nouveau rassemblement combatif de syndicats qui mette en avant les problèmes immédiats des travailleurs et leurs revendications et qui  les relie solidement à une autre voie sur laquelle le pays doit s’engager, dans l’intérêt des travailleurs et travailleuses »4. Or, quelle que soit la profondeur de la crise du syndicalisme en Grèce, la priorité doit-elle être celle-ci, qui par ailleurs ressemble furieusement à celle de PAME promue par le très sectaire KKE, ou plutôt celle, d’ailleurs partagée et pratiquée par beaucoup lors du mouvement, de faire vivre à la base les structures syndicales de DOE et OLME, sachant que c’est leur force qui a amené les directions nationales à appeler aux manifestations… qui n’auraient pas pu avoir lieu sans ces appels nationaux ?

L’enjeu de la mobilisation de la jeunesse 

C’est là un débat très important pour le proche avenir des luttes en Grèce ! Mais d’ores et déjà, on ne peut qu’être d’accord avec Argyris Papathanasiou, membre de la tendance radicale (Paremvasis, Kinisis, Syspirosis) dans DOE, interrogé dans Prin du 14 juin : « Dès aujourd’hui, le mouvement de l’Éducation combat pour l’abrogation de cette loi, comme à de nombreuses reprises dans le passé il a réussi à annuler dans les faits des lois qui avaient été votées ». Et parmi les priorités : bloquer les transferts d’élèves pour empêcher l’augmentation du nombre d’élèves par classe et assurer le maintien du nombre de postes ; arriver à faire annuler l’auto-évaluation des établissements ; sans oublier l’augmentation des salaires, du nombre de postes titulaires.

Mais ce qui sera décisif pour les mois à venir, ce sera une participation massive de la jeunesse scolarisée, la principale victime de la loi Kerameos qui ne leur offre comme seule perspective que soumission et chômage. Présente dans les manifs avec des cortèges encore limités en nombre, présente aussi dans les récentes manifs antiracistes, sa mobilisation pour refuser un avenir toujours plus sombre et son lien aux mobilisations enseignantes sont déterminants pour renvoyer Mme Caméraos et le gouvernement dans les coulisses des très mauvais scénarios.

  • 1. Lire « Contre l’œil de Big brother dans les salles de classe en Grèce », 17 mai 2020) : https://npa2009.org/actualite/internatio…
  • 2. Idem.
  • 3. Prin, journal de NAR (Courant nouvelle gauche), 7 juin.
  • 4. Extrait de l’appel à une manifestation à Athènes le 23 juin par des syndicats de base du public et du privé, traduit de Prin, 14 juin.

Source https://npa2009.org/actualite/international/en-grece-la-loi-contre-lecole-publique-ete-votee-mais-le-combat-continue

Capitulation entre adultes Grèce 2015 Une alternative était possible

Les mesures de confinement s’assouplissent et pourtant la vie publique ne reprendra réellement son cours que progressivement. À défaut de pouvoir organiser les évènements grands publics prévus pour discuter du nouveau livre d’Eric Toussaint, le CADTM, en partenariat avec les éditions Syllepse, vous propose de le découvrir en ligne gratuitement jusqu’à la fin du mois d’août.

Ce livre présente une explication de ce qui s’est passé avec le gouvernement de Syriza en 2015 en Grèce qui diffère totalement des versions présentées par des protagonistes aussi différents que les autorités européennes, Alexis Tsipras ou Yanis Varoufakis. L’auteur montre aussi qu’une autre voie était possible.

https://www.cadtm.org/Le-nouveau-livre-d-Eric-Toussaint-Capitulation-entre-adultes-gratuitement-en

L’urgence d’une solidarité internationale avec les réfugiéEs en Grèce

Les fanfaronnades préélectorales de Mitsotakis l’an passé, comme quoi avec lui il n’y aurait plus de « problème immigré », avaient certes pour but de piquer aux nazis leur électorat et reflétaient aussi l’alignement de la droite sur le courant d’extrême droite, très présent désormais au pouvoir. Mais dans la réalité, c’est depuis un an une fuite en avant qui fait du gouvernement grec un émule des Orbán et Salvini, et il est urgent que le sort terrible infligé aux réfugiéEs en Grèce soit l’objet d’une large dénonciation internationale.

La semaine dernière, la police a repris ses intrusions dans des lieux habités par des réfugiéEs : à Exarcheia, une cinquantaine de personnes, dont de nombreux enfants, et presque toutes en règle, se sont retrouvées à dormir dehors, même si la solidarité a essayé de parer au plus pressé. Ceci est vu comme une répétition générale du projet piloté par Mitarakis, ministre « des Migrations et de l’asile » : pressé par la colère des habitantEs des îles proches de la Turquie, le gouvernement veut en partie « vider » les camps d’enregistrement, comme à Mytilène, en logeant les partants dans les « centres d’accueil » (blocs de logements, hôtels…) de la Grèce continentale. D’où le projet d’en chasser 10 000 occupantEs, sous prétexte que comme ils et elles sont en règle, ils et elles peuvent trouver du travail et payer un loyer… Cynisme accentué par la nomination confidentielle de directeurs de ces centres d’accueil, pour bon nombre membres du parti de droite et/ou ex-militaires, avec même à Pyrgos (Péloponnèse) un raciste auteur d’un livre édité par des nazis !

Impasse criminelle de la politique anti-réfugiéEs

Il semble que le seul objectif du pouvoir soit de décourager les réfugiéEs de venir en Grèce. C’est d’ailleurs à peu près ce qu’a benoîtement suggéré Mitarakis devant les instances européennes en parlant, sur fond de « menace asymétrique », d’une « force majeure » qui devait pousser l’Europe à la fermeté, et instrumentalisant le coronavirus1. Résultat : une volée de bois vert de la part d’instances sur les réfugiéEs, sur les libertés et de pas mal d’eurodéputés. Mais comme la réalité de la politique européenne, c’est l’Europe forteresse, le gouvernement grec poursuit sans état d’âme sa politique raciste, comme avec les renvois de réfugiéEs sur la rive turque du fleuve Evros ou sur les côtes orientales de l’Egée : une enquête de la Deutsche Welle établit à plusieurs dizaines ces renvois interdits par le droit international

Et tout aussi grave est le climat raciste entretenu par le pouvoir, avec des ministres parlant d’« invasion » : dans des lieux où devaient être accueillis des réfugiéEs, l’extrême droite se sent alors libre d’appeler à des rassemblements racistes pour « protéger l’intégrité » du lieu, comme on vient de le voir encore à Pella, lieu archéologique connu, où un hôtelier a subi tant de pressions qu’il a renoncé à ouvrir son établissement aux réfugiéEs. Ce racisme quotidien produit aussi ses « bavures » : un Crétois pris pour un Pakistanais vient de se faire tabasser par les policiers locaux…

Pour une riposte antiraciste, en Grèce et en Europe

Face à ce climat nauséabond, des ripostes locales existent heureusement, comme à Pella justement. Mais tout le monde en convient : il est grand temps de passer à la vitesse supérieure, pour un accueil des réfugiéEs dans des lieux sûrs et dignes, pour la fermeture des camps dégradants, sur les îles et sur le continent (Malakassa, Serrès…). Et bien sûr, ouverture des frontières européennes, et pas seulement pour accueillir les mineurEs sans famille. Mais cela suppose une campagne antiraciste menée en commun à l’échelle européenne !
À Athènes

1. Échec des racistes : croyant avoir « enfin» trouvé un foyer d’infection dans un centre de réfugiéEs en Argolide, ils préparaient leur ignoble campagne. Mais le virus semble avoir été « importé » par l’entourage de la famille royale hollandaise, qui a une résidence dans le coin ! Du coup, silence radio…

Source https://npa2009.org/actualite/international/lurgence-dune-solidarite-internationale-avec-les-refugiees-en-grece

La “réforme” environnementale en Grèce

La “réforme” environnementale en Grèce | F. Bendali, J. Ganoulis

Une loi dite de modernisation de la législation sur l’environnement a été votée le 5 mai dernier en Grèce, et elle a soulevé contre elle une centaine d’organisations environnementales.

Il faut, tout d’abord, signaler que le moment et la manière choisis font partie des raisons pour lesquelles ces organisations sont vent debout: le texte de 272 pages n’a tenu aucun compte des 1579 commentaires négatifs pendant la consultation publique (où il manquait la moitié des artices) et sa délibération au parlement n’a eu que 8 jours. C’est bien sûr le moment où la pandémie du coronavirus restreint  fortement le fonctionnement de l’assemblée nationale et les capacités de mobilisation des citoyens. M. le Ministre aurait-il lu « La stratégie du choc » de Naomi Klein?

Le contenu de la loi concerne, entre autres, deux axes importants de changement:  les procédures d’évaluation des impacts des activités sur l’environnement et le niveau de protection des zones  Natura 2000.

L’évaluation des études d’impact ne passera plus par le gouvernement. Elle se fera par un bureau d’étude inscrit sur une liste, différent de celui qui a fait l’étude elle-même, le tout payé par  l’entrepreneur (qui paye déjà les études d’impact depuis longtemps). On voit là la continuité du processus d’externalisation des actes publics. Bien entendu, l’évaluation de l’étude sera quand même déposée  au ministère concerné pour approbation. Il devrait, en tout cas, y rester quelqu’un qui sache lire une étude d’impact. Celle-ci devrait être consultable par le public, comme cela c’est passé jusqu’à présent sauf si une loi, transposant la directive européenne sur le secret des affaires, l’en empêche.

La protection des zones Natura 2000 est déjà à un niveau faible sauf lorsque la zone Natura correspond à un parc national, voire régional, auquel cas sa protection est assurée par une loi difficilement contournable. C’est d’ailleurs le cas aussi en France, où Natura 2000 ne veut pas dire non plus grand chose (l’implication d’un nombre maximum de corps et d’organisations font des zones un machin difficile à gérer). Avec la nouvelle loi, le plan communal d’occupation des sols primerait sur la qualification Natura 2000. Autrement dit, si une route passe dans une zone Natura, ou si un champ de betteraves pas du tout bio y sont et qu’ils sont dans le plan, leur usage prime sur la protection de la nature. Pour relativiser la gravité de cela, il faut signaler qu’ un tiers du territoire grec à peu près, est en zone Natura, ce qui tend à banaliser la situation citée plus haut. Des zones de protection graduelles (protection totale, zones d’interdictions spécifiées, zones d’éco-développement etc.) sont prévues par la loi concernant les sites Natura, à l’instar des parcs, mais c’est la délimitation de ces zones qui pose problème. On peut supposer que ceux qui décideront de cette délimitation auront les « businessmen » penchés sur leurs épaules. En tout cas il ne faudra plus compter sur les offices de gestion des sites, ils sont en train d’être abolis.

Le monde des affaires, qui est aux gouvernes dans l’Union Européenne au moins depuis Thatcher, et qui est donc responsable de la situation environnementale actuelle, juge que la nature n’est pas assez détruite. Ce monde est donc pour le moins climatosceptique et indifférent à la perte de la biodiversité, pourtant indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes, y compris quand ces écosystèmes sont primordiaux pour l’alimentation et la santé publiques.

La meilleure chance d’arrêter la dégradation de l’environnement dans un contexte encore un peu démocratique est la possibilité donnée aux populations locales d’avoir leur mot à dire dans la gestion de leur propre environnement.

Frédéric Bendali, Ingénieur d’étude en environnement
et Jacques Ganoulis, Docteur d’Etat en Hydraulique

Confédération Internationale Solidaire et Ecologiste

Source http://www.defenddemocracy.press/la-reforme-environnementale-en-grece-f-bendali-j-ganoulis/

Big Brother dans les classes

Contre l’œil de Big Brother dans les salles de classes en Grèce ! par A. Sartzekis sur NPA

Au concours des ministres les plus réacs du gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis, la ministre de l’Education (et des Cultes) Niki Kerameos est assurément parmi les mieux placées : avec son obsession de (re)mettre les valeurs traditionnelles orthodoxes (la religion d’état) au centre de l’enseignement, son rêve est de mettre au pas les jeunes et les enseignants -dès l’été dernier, le gouvernement a supprimé l’asile universitaire, et on a pu voir depuis la police intervenir violemment dans les facs. En même temps, le projet éducatif est peu ou prou le même que celui poursuivi par Blanquer en France, avec le même mépris pour les élèves et les enseignants : « Nous ne laisserons pas des intérêts bassement politiques et syndicalistes faire obstacle à la progression de nos enfants ».

Coup double contre l’école

La période de confinement se termine, avec un bilan de l’épidémie sans rapport avec celui de France ou d’Italie, ce que Mitsotakis tente d’exploiter comme preuve de ses compétences (cf article : « Démasquer le mythe de la bonne gestion du coronavirus en Grèce »). Et depuis une semaine, le début du retour dans les salles s’effectue, avec les mêmes inquiétudes qu’en France devant les risques évidents et la même logique du pouvoir de se défausser sur la responsabilité individuelle des parents et des personnels. Au moins la démarche est-elle quelque peu plus logique : cette semaine, ce sont les élèves de Terminale qui sont retourné-e-s en salles, la semaine prochaine ce seront les autres niveaux du lycée et les collégien-ne-s. Mais la ministre a osé profiter de la période de confinement pour tenter d’imposer 2 mesures, comptant sur les difficultés à organiser une riposte. La première mesure, c’est un amendement passé en douce dans un projet de loi sans rapport (sur les fonds secrets dont pourrait disposer le ministère des migrations…) : profitant de « l’enseignement à distance », cette mesure a pour but de donner une suite légale à cette forme et institue … le placement de caméra dans la salle pour que les élèves absents puissent ne pas perdre le bénéfice de la leçon ! Evidemment, quand l’amendement a été découvert, ç’a été un tollé : contre le caractère prétendument moderne de la mesure, les enseignants dénoncent un évident contre-sens pédagogique, une aberration quant à la connaissance de ce qu’est une classe, et ils soulignent le caractère clairement fliquant de cette mesure : pas de Big Brother dans les salles de classe, c’est le mot d’ordre qui a été illico et unanimement mis en avant ! Qui plus est, Kerameos et le porte parole du gouvernement ont été pris en flagrant délit de mensonge public : ils ont fait croire que l’Autorité de Protection des Données Personnelles avait donné son accord à la mesure, ce que son président a formellement démenti ! Pas joli ce mensonge pour une défenseuse de la morale religieuse !

La colère qui a saisi la communauté éducative est d’autant plus grande que cette mesure s’ajoute à un projet de loi de « refondation » de l’école, présenté bien sûr comme visant à « améliorer » le système. Cette loi, présentée lors du confinement, vise l’ensemble de la scolarité de la maternelle à la terminale, avec entre autres mesures l’augmentation au primaire du nombre d’élèves par classe (à 26), l’apprentissage par coeur avec une logique « d’arène examinatoire » au secondaire, le principe devenant encore davantage celui du bachotage au détriment de la formation générale. L’objectif est comme en France celui de favoriser le privé – le bachotage va pousser encore plus fort les familles à payer des cours privés de préparation aux examens, qui existent dans tout le territoire – et d’opérer une plus forte sélection sociale à l’entrée de l’université, le principe régnant devant être celui de la concurrence. De plus, les établissements seraient évalués, avec risque de fermeture d’écoles jugées en dessous des critères fixés par on ne sait quel « expert »…

Cerise symbolique sur le gâteau : le rétablissement en force du latin, qui ne serait pas enseigné dans un esprit d’approche comparative linguistique et culturelle, mais plus proche de ce qu’on appelait le « latin d’église », qui doit tellement plaire à cette ministre réactionnaire. Comme l’explique au site TVXS une responsable d’OLME en Attique, « le résultat sera la création d’écoles à plusieurs vitesses, le découpage catégoriel, le lien entre évaluation et subventions, la fermeture d’écoles et l’étouffement de l’éducation de masse. »

Une mobilisation très déconfinée

Face à ce qui relève et de la provocation et d’un projet de société illustrant très bien le libéralisme an 2020, la colère s’est fait entendre avant même le début de déconfinement, avec un premier rassemblement il y a 2 semaines à Athènes. Mais mercredi 13 mai c’est dans de nombreuses villes de Grèce que de belles vraies manifs et rassemblements ont eu lieu, à l’appel des syndicats OLME (secondaire), DOE (primaire), OIELE (syndicat du privé), des parents d’élèves et des lycéen-ne-s rejoints par les étudiant-e-s. A Athènes, la manif a réuni bien plus de 5000 personnes, bien déterminées à obtenir le retrait de la loi et de la mesure Big Brother.

Un débat a été engagé sur cette mesure : en effet, si tout le monde refuse l’enregistrement filmé des cours (pour sauver sa mesure, Kerameos explique maintenant qu’il n’y aura aucun moyen d’enregistrer, que tout sera « en direct » et détruit ensuite !…), les cours à distance sont promus par certains : d’un côté, la droite, qui y voit la possibilité d’éviter des recrutements d’enseignant-e-s, de l’autre, la gauche réformiste, dans une vision scientiste très classique et peu critique. Face à cela, la mobilisation doit donc affirmer clairement : pas question d’institutionnaliser le cours à distance !

Mais à partir de là, une partie de la gauche anticapitaliste se saisit de ces positions pour dénoncer le « syndicalisme de soumission patronal et gouvernemental », comme l’écrit Prin, le journal de NAR (17 mai), mettant en cause ici un arc qui va de la droite à Syriza et au KKE (PC grec). Or, autant il est effectivement indispensable de mener une bataille intransigeante autour des revendications pédagogiques d’une école pour toutes et tous, fonctionnant autour de la notion du cours dans la classe, avec tous les moyens matériels et humains nécessaires, autant il faut prendre en compte dans cette situation

– le rôle très important des unions locales des syndicats enseignants (en particulier dans le secondaire) dans la mobilisation

– la situation paradoxale de la direction d’OLME : dirigée actuellement par le courant de la droite gouvernementale, elle est là en opposition à « son » gouvernement. C’est l’une des contradictions dont on avait dit dès l’été dernier que la politique de Mitsotakis ne manquerait pas de les faire surgir. Dès lors, la priorité doit être aujourd’hui à l’élargissement d’un mouvement qui peut obtenir un large soutien. Et devant le refus de Kerameos de céder – elle refuse même de recevoir la Fédération des parents d’élèves, qui représente 300 000 familles – les syndicats appellent à poursuivre la mobilisation la semaine prochaine, ce qui peut être l’occasion de faire le lien avec la politique « tout pour le privé » et anti-jeunes du pouvoir (des rassemblements « d’après confinement » de jeunes dans différents quartiers ont eu droit à une violente répression, comme à Kypseli, quartier populaire d’Athènes ou hier soir à Thessalonique) et de faire reculer ce gouvernement, avec retrait des mesures et si possible démission de la ministre, ce qui serait un coup bien plus dur pour la droite que le nécessaire remaniement ministériel en vue (4 ministres visés pour cause d’incompétence trop voyante) ! Organiser le « toutes et tous ensemble » – avec les précautions sanitaires indispensables ! – et obtenir une victoire, c’est aujourd’hui possible, et c’est urgent !

Athènes, le 17 mai 2020

Source https://npa2009.org/actualite/international/contre-loeil-de-big-brother-dans-les-salles-de-classes-en-grece

Grèce: exploitation pétrolière

Le gouvernement grec profite du coronavirus pour faciliter l’exploration pétrolière dans ses eaux 8 mai 2020

Le Parlement grec a adopté mardi 5 mai une réforme controversée de la politique pétrolière, suscitant les protestations des groupes environnementaux qui accusent le gouvernement d’avoir profité du blocage du coronavirus pour le faire passer.

La loi, qui, selon les groupes écologistes, encouragera l’exploration pétrolière dans les zones protégées, a été adoptée par 158 voix contre 56 au sein de l’organe de 300 membres dominé par le parti conservateur Nouvelle Démocratie, dont beaucoup ont voté en ligne.

Des dizaines d’ONG climatiques, dont Greenpeace et le WWF, ont organisé une manifestation devant le Parlement lundi 4mai pour demander le retrait du projet de loi. Ils affirment que la loi mettra en danger les zones Natura 2000 protégées pour leur biodiversité par la législation européenne.

Greenpeace s’est plaint que le projet de loi a été rédigé après que le pays ait été mis en quarantaine le 23 mars, ce qui, selon elle, «sape les procédures démocratiques».

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a rejeté les critiques comme étant «injustifiée ». «La bureaucratie est l’ennemi de la croissance et de la protection de l’environnement», a déclaré Mitsotakis à un parlement peu nombreux, ajoutant que la loi simplifie les procédures pour les investisseurs tout en respectant les normes européennes.

Fofi Gennimata, chef du parti de centre-gauche Kinal, a déclaré que les réformes dites de «modernisation de la législation environnementale» sapent la protection de l’environnement et ont une odeur de « copinage ». Le chef du principal parti d’opposition de gauche, Syriza, Alexis Tsipras, a critiqué le gouvernement pour avoir débattu «d’un projet de loi aussi important à un moment où le Parlement ne fonctionne pas normalement ».

La section grecque de Greenpeace a souligné que la Grèce s’était engagée, avec ses partenaires de l’UE, à cesser l’utilisation des hydrocarbures d’ici 2050, mais que la loi « encourage les compagnies de forage de pétrole et de gaz naturel à opérer dans des zones protégées, ce qui affaiblit le rôle des autorités locales ».

Ces dernières années, Athènes a conclu des contrats cédant les droits d’« exploration et d’exploitation » des hydrocarbures au large de l’île de Crète, en mer Ionienne, avec le géant américain ExxonMobil, le français Total et l’italien Edison, au grand dam des militants locaux.

 Source : Vietnam News

Source https://reporterre.net/Le-gouvernement-grec-profite-du-coronavirus-pour-faciliter-l-exploration-petroliere-dans?utm_source=actus_lilo


Voir sur le même sujet l’article https://www.grece-austerite.ovh/un-projet-anti-environnemental-en-grece/

Un projet anti environnemental en Grèce

Adopté au parlement le 5 mai 2020

Pour comprendre l’enjeu le texte de la pétition qui demandait son retrait :

LE RETRAIT IMMÉDIAT DU PROJET DE LOI ANTI-ENVIRONNEMENTAL INTITULÉ « MODERNISATION DE LA LÉGISLATION ENVIRONNEMENTALE »

Le projet de loi, intitulé « Modernisation de la législation environnementale », que le gouvernement grec s’apprête fébrilement à soumettre au vote d’un parlement pratiquement fermé pour cause de quarantaine, ne devrait pas être adopté, car :

1. Il élimine essentiellement la protection des sites Natura 2000 et promeut même l’exploitation minière et l’extraction d’hydrocarbures dans les zones de conservation de la nature. Il introduit des utilisations du sol qui permettront l’étalement urbain, en créant 4 zones de protection « modulables » qui permettent des activités d’investissement importantes telles que l’exploitation minière, touristique et commerciale et des infrastructures inutiles à l’intérieur de celles-ci.

2. Elle abolit l’autonomie des organismes de gestion des zones protégées (PAMB). Les Organismes de gestion des zones protégées (PAMB), qui étaient des organismes scientifiques/environnementaux indépendants, supervisaient les zones protégées et consultaient sur leurs plans de gestion ainsi que sur toute activité qui s’y déroulait, sont déclassés par ce projet de loi. Le projet de loi laisse la place à une gestion rigoureuse, en réduisant le nombre de ces organismes, en les affaiblissant et en augmentant l’étendue des zones qu’ils supervisent. Leurs responsabilités sont concentrées au sein du ministère de l’environnement, ce qui supprime leur indépendance et leur efficacité.

3. Elle permet de détruire l’environnement au nom de projets d’investissement à volonté, en confiant le contrôle des évaluations des incidences sur l’environnement (EIE) à des entités privées et en imposant des délais serrés pour les avis/recommandations requis des services publics concernés. Elle établit l’institution de l' »évaluateur privé » de l’évaluation des incidences sur l’environnement (EIE), transformant ainsi l’ensemble du processus d’autorisation en une procédure opaque et perforée. Elle resserre encore les délais pour les avis/recommandations requis des services publics concernés, sans leur donner les outils nécessaires pour les compiler, ce qui rend leur rôle décoratif.

4. Elle encourage l’expansion inconsidérée des sources d’énergie renouvelables (SER) industrielles, en particulier l’énergie éolienne, qui ont déjà provoqué une dégradation de l’environnement et une charge financière pour les consommateurs afin de garantir des profits excessifs aux investisseurs

5. Elle légalise la construction illégale dans les zones forestières et, dans certains cas, dans les zones humides et les cours d’eau. Elle rétablit la légalisation des « densités résidentielles » qui ont été rejetées par le Conseil d’État hellénique (Symvoulio tis Epikrateias), la Cour administrative suprême de Grèce. De plus, en maintenant les constructions illégales et les intrusions dans les cours d’eau, il augmente le risque d’inondation et rend la canalisation « nécessaire » pour les projets de voies navigables.

6. Elle simplifie les procédures de gestion des déchets solides et ne prend pas de mesures contre la dégradation/détérioration des cours d’eau due à l’élimination incontrôlée des déchets urbains et industriels qui s’y trouvent. Elle ne garantit pas la prévention des déchargements illégaux de déchets dans les cours d’eau et autres espaces publics/privés, qui, ces dernières années, ont transformé toutes les zones périurbaines en vastes décharges. Elle supprime l’autorisation de transfert des déchets, en la remplaçant par une simple inscription dans un registre. Elle ne prend pas de mesures pour l’élimination illégale des déchets dans les cours d’eau.

7. Il viole les dispositions constitutionnelles, les directives européennes et les conventions internationales. A titre indicatif : Article 24 de la Constitution grecque, directives européennes sur la protection des habitats et des espèces 92/43/CEE, sur la protection des oiseaux sauvages 2009/147/CE, sur les eaux 2000/60, sur la stratégie marine en Méditerranée 2008/59, Convention internationale de Ramsar sur les zones humides, Traité de Barcelone pour la protection de la Méditerranée.

La crise mondiale actuelle montre la nécessité immédiate d’un changement de cap dans la gestion de l’environnement : Nous devons veiller à ce que l’environnement soit maintenu, protégé et restauré et ne pas permettre aux gouvernements de sacrifier l’environnement sur l’autel d’intérêts économiques éphémères. Le multiprojet de loi « Modernisation de la législation environnementale » va clairement dans la deuxième direction.

Étant donné qu’il est soumis au vote dans une situation sans précédent où, en tant que citoyens, nous n’avons pas le droit d’exercer nos droits constitutionnels/démocratiques fondamentaux, de convoquer des réunions/assemblées, de nous réunir dans nos organes collectifs, d’inviter à des rassemblements, etc. l’ensemble du processus d’adoption d’un projet de loi très important sur toutes les questions environnementales ne peut être qualifié que d’antidémocratique.

Pour toutes ces raisons, nous demandons le retrait immédiat du projet de loi intitulé « Modernisation de la législation environnementale » dans son intégralité.

En Grèce, le système de santé ravagé fait face au Covid-19

Publié le 28.04.2020 par Amnesty International.

En 2010, la Grèce a adopté des mesures d’austérité en réponse à la crise mondiale de 2008, impactant directement les dépenses de santé publique. Après dix années de sous-investissement, les services de santé grecs sont confrontés à un grave défi face à la pandémie actuelle. Notre enquête.

La pandémie de COVID-19 qui touche la Grèce agit comme un révélateur : les années de récession et de mesures d’austérité ont mis le système de santé du pays à genoux.

Du fait des sévères coupes budgétaires opérées depuis 2010, nombreux sont ceux qui n’ont plus les moyens de se soigner ou n’ont plus accès aux soins de santé. Les professionnels de santé doivent composer avec de graves pénuries de personnel, une situation de crise que l’arrivée du COVID-19 ne fait qu’exacerber.

Des dépenses de santé publique en chute

Dans le cadre des mesures d’austérité adoptées par le gouvernement grec en réponse à la crise mondiale de 2008, les dépenses publiques ont été réduites de 32 % dans les différents secteurs.

Ainsi, les dépenses de santé publique ont chuté de près de 43 % entre 2009 et 2017. Les réformes structurelles ont fait basculer une part plus importante des coûts des soins sur les patients. En outre, les trois programmes d’aide financière conclus avec les créditeurs de la Grèce comportaient des conditions, dont certaines ont encouragé, voire influencé, les mesures d’austérité qui se sont traduites par un système de santé affaibli.

À bout de souffle

L’impact s’est fait vivement ressentir par le personnel et les patients.

Des patients sollicitant des soins au sein du système de santé publique sont confrontés à de longs délais d’attente entraînant parfois des souffrances supplémentaires. La plupart d’entre-eux rencontrent également des difficultés pour bénéficier de soins en raison des coûts élevés.

Conscient de l’état de faiblesse du système de santé, le gouvernement a réagi à la pandémie du Covid-19 en adoptant une série de mesures visant à contenir la propagation du virus, notamment un confinement rapide qui a contribué à réduire le nombre de contaminations et de décès. Il a également proposé une aide économique à la population et alloué 200 millions d’euros supplémentaires au système de santé.

Les difficultés rencontrées par les professionnels de santé au cours de la période d’austérité sont néanmoins bien souvent exacerbées durant la pandémie. Ils souffrent de la pénurie de personnel, du manque d’équipement de protection individuelle adapté et du manque d’équipement médical adapté, notamment de respirateurs et de lits en soins intensifs.

Un système de santé viable

A l’heure où la menace d’une récession post-pandémie plane sur le monde entier, il faut tirer des enseignements majeurs de la situation. La pandémie et ses conséquences pourraient provoquer une crise économique sur le long terme, mais la douloureuse expérience de la Grèce ces dix dernières années ne doit pas se répéter ni se reproduire. Les politiques d’austérité néfastes ne doivent pas resurgir.

L’exemple de ce qu’a vécu la Grèce au cours de la dernière décennie démontre la nécessité de maintenir les droits humains au cœur des décisions face aux crises économiques. Dans les prochains mois et années, la Grèce devra mettre en œuvre des mesures justes pour redresser le pays après la pandémie de Covid-19 et la crise économique qu’elle pourrait provoquer, sans laisser à la marge les personnes risquant particulièrement de subir les effets négatifs.

Il est vital que le gouvernement considère cette crise comme un signal d’alarme et commence à investir dans le système de santé et les services sociaux.

Source https://www.amnesty.fr/actualites/en-grece-le-systeme-de-sante-ravage-face-au-covid-19

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