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Le débat  » Après la capitulation de Syriza »

Après la capitulation de SYRIZA quelles stratégies pour la Gauche en Europe ?  » débat au Lieu-dit à Paris le 4 juin 2016

Intervention de Stathis KOUVELAKIS (docteur en Philosophie politique, professeur au King’College de Londres),
Ancien membre du Comité central du parti SYRIZA en Grèce, membre du Bureau national du nouveau parti Laïki Enotita (Unité Populaire) créé suite à la capitulation du gouvernement SYRIZA-ANEL face aux créanciers de la Grèce en ligne ici :
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Intervention d’ Eric TOUSSAINT (docteur en Sciences politiques, coordinateur de la Commission d’Audit de la Dette grecque), au même endroit le même jour, en ligne ici :

L’instrumentalisation néo-libérale de la solidarité en Grèce

Pas un seul mot sur les causes et les responsables de l’appauvrissement et de la crise humanitaire, dont notamment les banques qui ont dévoré 300 milliards d’euros de soutien public depuis 2008 et qui s’apprêtent à vendre leurs prêts hypothécaires à des fonds vautours ce qui va avoir pour conséquence l’expulsion de gens de leurs maisons.
Pas un seul mot non plus sur le fait que les recettes du gouvernement grec servent désormais, en grande partie, à rembourser une dette odieuse et illégitime laissant aux institutions financières privées le soin de financer des projets d’une importance sociale considérable à leur profit. L’Etat se décharge ainsi de ses responsabilités vis à vis de la population grecque et est en train de créer un environnement propice aux institutions financières pourtant responsables de la crise.

La totalité de l’article sur:

https://initiativesolidaritebxl.wordpress.com/2016/06/09/crowd-fooling-linstrumentalisation-neo-liberale-de-la-solidarite-en-grece/

CR réunion collectif du 9 juin 2016

Réunion du collectif Grèce-austérité du 09/06/2016

Présents : Christine, Béatrice, Michèle V., Marie-Claude, Bernard, François, Mylène, Lucienne, Max

1) Situation en Grèce et en Europe, quelques brèves

– « L’accord » conclu entre l’Eurogroupe et la Grèce fin mai accroit encore plus l’austérité (baisse des retraites, augmentation des cotisations, augmentation de la TVA et des impôts) dans laquelle est plongé le peuple grec.

– Valls et Sapin sont allés début juin à Athènes veiller à ce que les entreprises françaises (EDF, SNCF, Vinci, Veolia, Suez …) aient leur part dans le dépeçage des biens publics grecs.

– Le Club de Paris, groupe sans existence légale de pays créanciers, a annoncé qu’il avait demandé l’annulation de la dette grecque. Malheureusement c’était un canular du CADTM !

– Que se passe-t-il au Portugal ? Qu’a fait la coalition de « gauche » au gouvernement ? Pas d’info…
D’après un copain portugais, il y a plus d’immigré portugais en France, aujourd’hui que du temps du dictateur Salazar.

– Les dernières nouvelles sont sur le site (www.grece-austerite.ovh) que Christine met à jour régulièrement

2) Projet caravane

– Réunion à Lyon samedi 18 juin à 14h30, Christine et Liliane y participeront.

– Le collectif de Lyon veut en faire un évènement politique, culturel et solidaire d’envergure. Il cherche une très grande salle. En plus d’un ou plusieurs intervenants « politiques » ils veulent faire venir des représentants d’un dispensaire grec. Musique et danses grecques seront aussi au programme.

– Le collectif lyonnais est, comme nous, pour un financement au niveau national. Cela pourrait être la mise en place d’un financement participatif.

– Une des manières de participer à ce projet serait de collecter du gros matériel médical, de le stocker et de le transporter à Lyon lors du passage de la caravane. Les personnes qui se proposent de prendre cela en charge (démarcher les donateurs potentiels, trouver un local et un moyen de transport gratuit ou presque) sont invitées à se faire connaitre.

– Dans le cadre de la caravane nous prévoyons d’organiser (aux alentours du 15 octobre) un débat dont le thème serait « Vu le rôle de l’Union européenne à l’encontre de la Grèce, quel avenir pour les peuples européens », la formulation est certainement perfectible, mais l’idée sera celle là. Les intervenants possibles seraient : Stathis Kouvelakis, Frédéric Lordon, Pierre Khalfa, Thomas Coutrot, Cédric Durand, Alain Badiou, Vangelis Goulas, Éric Toussaint … A affiner !

– La rencontre nationale des collectifs aura lieu à Paris le 25 juin

3) Les dernières actions du collectif

– Deux personnes sont allées en Grèce en emportant des médicaments et du matériel médical à destination de 2 dispensaires (Le Pirée et Athènes centre).

– Des personnes se rendant à Athènes en camionnette ont récupéré, chez Jeanne, du matériel qu’ils ont apporté au City Plaza, un hôtel abandonné, squatté pour permettre le logement de réfugiés (Afghans, Kurdes, Syriens …)

– 2300 euros ont été récoltés au profit des dispensaires

– Participation à l’écofestival de Lumbin

4) Prochaine réunion du collectif

– Lundi 11 juillet salle 223 de 16h à 18h (la salle a été retenue au nom d’Attac)

Grèce. Experts européens, banquiers, privatisations et brigandage

Rosa Moussaoui
Mardi, 7 Juin, 2016
L’Humanité

Stergios Pitsiorlas, le président du Taiped, signe la cession du port du Pirée, au géant chinois Cosco !
Photo : Marios Lolos/XINHUA-REA

Six experts du Taiped, le fonds chargé de liquider les biens publics, ont été relaxés, vendredi. Ils étaient poursuivis dans l’affaire de la cession litigieuse de 28 bâtiments publics. L’ingérence de la Commission européenne n’est pas étrangère à cette décision de justice.

Pas de levée des poursuites, pas de déblocage d’une nouvelle tranche de prêt de 7,5 milliards d’euros. C’est en substance le chantage que laisse deviner la relaxe de six « experts » du Taiped, le fonds de privatisation chargé de la liquidation des biens publics grecs, après leur comparution, vendredi, devant la justice. Comme trois membres du conseil d’administration du fonds, ils étaient poursuivis pour « abus criminel de biens sociaux ».

L’affaire remonte à 2011, lorsque le gouvernement Papandréou transfère au Taiped 28 propriétés et bâtiments publics en vue de leur cession. Ces biens appartiennent aux ministères de la Culture, de l’Intérieur, de la Justice, de la Santé, de l’Éducation, mais aussi à l’administration fiscale, au secrétariat général des systèmes informatiques, à l’Agence statistique nationale et à la police d’Athènes.

Grande braderie de biens publics

En 2013, le conseil d’administration du Taiped approuve, sur proposition unanime du conseil des experts, et sous l’oeil bienveillant du gouvernement Samaras-Venizelos, la vente de ces biens, répartis en deux portefeuilles de 14 lots chacun, à deux établissements financiers, Ethniki Pangaia, filiale de la Banque nationale (rachetée depuis par le fonds d’investissement néerlandais Invel Real Estate), et Eurobank Property, filiale de la banque grecque Eurobank, propriété du milliardaire Spiro Latsis. Montant total de la transaction : 261 millions d’euros. Problème, les deux contrats de vente sont assortis de 28 contrats de location sur vingt ans : les institutions publiques concernées restent dans les murs, en contrepartie de loyers annuels qui s’élèvent, pour la première année, à 25,5 millions d’euros. Pour les banques acquéreuses, c’est une affaire en or : elles sont assurées d’amortir l’investissement en dix ans et de doubler leur mise en vingt ans. Mais pour l’État grec, c’est une perte sèche, propre à creuser encore un déficit public abyssal. Qu’importe, les créanciers de la Grèce, FMI en tête, pressent le pays de mettre en gage tous ses actifs publics pour éponger sa dette et l’affaire est conclue au mois de mai 2014. Au passage, les nouveaux propriétaires sont exemptés de tout impôt, taxe ou droit, et une clause du contrat les prémunit contre toute réduction des loyers. Pour bétonner l’arnaque, la Cour des comptes donne sa bénédiction à la transaction. Mieux encore, la somme perçue dans le cadre de cette vente n’est pas créditée sur un compte spécial du Trésor dans un délai de dix jours, comme le prévoit la loi. Et l’État grec ne verra jamais la couleur des 100 000 euros d’intérêts qui auraient dû lui être versés pour le retard.

Scandalisés par ce braquage, des avocats du Pirée portent plainte. Une enquête est ouverte, elle est confiée au parquet anticorruption. Lequel conclut, en 2015, dans un rapport de 200 pages, à la sous-estimation de la valeur raisonnable des immeubles et de leur plus-value future. La justice évalue le préjudice, pour l’État grec, à 580 millions d’euros. Couverts par l’avis de la Cour des comptes, les experts et membres du conseil d’administration du Taiped ne peuvent, pourtant, être poursuivis pour malversation et détournement de fonds. Qu’à cela ne tienne, les suspects sont mis en examen pour « abus criminel de biens sociaux ».

Une relaxe contre toute attente

Parmi les six experts relaxés vendredi contre toute attente, il y a trois Grecs et trois technocrates étrangers : un Slovaque, un Espagnol et un Italien, désignés par le groupe de travail de l’Eurogroupe. Tous ont minimisé leur rôle dans la transaction litigieuse, se présentant comme de simples « consultants ». Surtout, cette décision de justice n’est pas sans rapport avec les pressions extérieures, à commencer par celle de l’Eurogroupe qui aurait menacé, selon le quotidien grec Kathimerini, de bloquer le versement d’une tranche de prêt de 7,5 milliards d’euros déjà conditionnée à l’adoption, le 22 mai, d’un nouveau mémorandum d’austérité.

En fait, il semblerait même que Bruxelles ait exercé un chantage à l’immunité de ses « experts » intervenant en Grèce pour mettre en œuvre les programmes d’austérité. Le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, l’a confirmé vendredi, en des termes à peine voilés : « Des marges de manœuvre satisfaisantes devraient être garanties à tous les experts européens qui aident la Grèce à redresser son économie et à retrouver le chemin de la croissance. »

Sur les réfugiés

Publié sur npa2009 MigrantEs : Une insupportable hécatombe

Depuis 2014, plus de 10 000 migrantEs ont perdu la vie en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe : tels sont les sinistres statistiques délivrées ce mardi 7 juin à Genève par un porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés. En 2014, il y a eu 3 500 mortEs, l’an dernier 3 771, auxquels s’ajoutent 2 814 décès depuis le début de cette année. Depuis 2014, le chiffre des morts en mer Méditerranée ne cesse d’augmenter, indique le décompte macabre.

Selon une autre organisation internationale, l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), qui ne dépend pas de l’ONU, depuis le début de l’année 2016, il y a eu 2 809 mortEs en Méditerranée, à comparer avec les 1 838 mortEs du 1er semestre 2015. « Le nombre de décès en Méditerranée en 2016 dépasse de presque 1 000 personnes le bilan du premier semestre 2015, alors qu’il reste encore trois semaines avant la fin du premier semestre 2016 », indique l’OIM. L’organisation donne également des précisions sur le naufrage la semaine dernière d’un bateau de migrantEs au large des côtes de la Crète. D’après des témoignages, 648 à 650 personnes étaient à bord du bateau, et 320 manquent à l’appel…

Ces chiffres sont un terrible acte d’accusation contre la politique des États européens. Ils sont non seulement coupables de non-assistance à personne en danger mais directement responsables de la situation qui contraint des centaines de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants à risquer leur vie pour fuir la misère et la guerre. L’ouverture des frontières est une mesure d’urgence pour mettre un terme à cette insupportable hécatombe.

Publié le 6/6/16 moving-europe.org : Procédure de pré-inscription Grèce

Le processus de pré-inscription par EASO, le HCR et l’Etat grec a finalement commencé. L’un des six centres de pré-enregistrement annoncées se trouve au Bureau régional de l’asile dans la banlieue industrielle de Thessalonique. Les réfugiés sont amenés à la plaque tournante des camps et « traités » dans les 30 minutes. L’idée de traiter les êtres humains se reflète dans le cadre ensemble du processus d’enregistrement.

Europe en mouvement documenté les conditions terribles dans les camps qui sont situés dans les zones industrielles, les zones reculées et les régions inhabitées. La pratique de garder les réfugiés loin de la société et de l’attention du public se reflète dans le processus de pré-inscription. Réfugiés sont déplacés avant et en arrière d’une zone industrielle à l’autre: des endroits où ils sont contraints de vivre à l’identification et à l’enregistrement des moyeux gouvernementales – tout cela se produit fermé de toute réalité sociale et humaine. L’expérience apparaît comme des échanges de biens qui a lieu dans ce domaine: être distribué et livré dans ces zones industrielles par des dizaines de camions qui passent le moyeu.

Pourtant, le personnel d’exploitation – des ONG, EASO et le HCR – semblent refléter peu sur le pouvoir qu’ils ont sur la vie des gens qui sont traités comme des «charges de travail». De cette manière, le personnel d’exploitation distribue des bracelets aux réfugiés avant le transfert au moyeu. Le bracelet montre l’heure et le jour du transfert de pré-inscription. Un ami de rester au camp Oreokastro a commenté: « Je devais porter ce bracelet pendant quatre jours. Mais je l’ ai enlevé. Comment puisje aller à la ville avec ce bracelet? Il est tout à fait remarquable et embarrassante « Apparemment , les autorités et les organisations compétentes ne tiennent pas compte du fait que les« charge de travail » , ils« gèrent »sont des gens -. Les personnes qui se déplacent et tentent de trouver une certaine normalité en dehors de la réalité du camp. Notre ami L. poursuit: «Ceci est utilisé pour marquer le bétail, il est mis dans leurs oreilles. Dieu merci, ils n’ont pas percé nos oreilles! « 

Beaucoup d’espoir est connecté au processus de pré-enregistrement, mais en même temps beaucoup de méfiance envers les autorités. Les gens ont été déçus trop de fois déjà par des promesses non tenues. Il reste en outre se demander si pré-inscription sera effectivement accélérer les procédures pour répondre aux droits et aux besoins de ceux qui sont coincés. Les options disponibles pour les gens coincés sont limitées et d’ailleurs le regroupement familial, pas très prometteuse: Relocation et de l’asile en Grèce ne sont pas des solutions viables pour la majorité. Les gens doivent aller dans des endroits où ils peuvent construire leur propre avenir. Ceci est probablement la raison pour laquelle l’OIM offre inscription, les retours volontaires »à l’intérieur de ces centres ainsi.

Il semble que la procédure de pré-inscription a deux objectifs principaux: pour compter les refuges pour mieux les contrôler et de garder les gens au calme par la fabrication de procédures bureaucratiques qui soulèvent l’espoir pour quelque chose à changer bientôt.

Publié le 10/06/2016

Néocolonialisme en Grèce, enième episode : EASO, le « Bureau européen d’appui en matière d’asile » tente de faire la loi dans le camp des refugiés à Moria, Lesvos. Après l’accord UE-Turquie, des avocats de réfugiés sont contrôlés à l’entrée et doivent spécifier avec qui exactement ils vont parler, sur quel sujet etc. ce qui viole leur secret professionnel. Souvent en plus, ce n’est pas un fonctionnaire grec qui les pose les questions mais quelqu’un d’une compagnie privée de sécurité ou des experts d’EASO qui sont installés de façon permanent dans le camp. Mardi dernier une telle experte d’EASO a annoncé l’interdiction d’entrée à certains avocats. Ceci dépasse clairement son mandat de soutien aux autorités d’asile grecques et viole la législation nationale sur le statut des avocats ainsi que la souveraineté nationale. Les avocats ont demandé à la police sur place d’activer la procédure de flagrant délit. L’experte en question a été conduite au commissariat mais elle a été relâchée un peu plus tard sans charges. Les avocats ont déposé plainte et une enquête judiciaire est en cours. http://www.emprosnet.gr/arti…/84207-ntoy-dikigoron-sti-moria

Les armateurs grecs menacent l’UE

Vendredi 10 Juin 2016 17:45   L’expression

L’Union grecque des armateurs s’est élevée vendredi contre une remise en cause par l’UE des privilèges fiscaux de leur secteur, mettant en garde contre un étalage de linge sale pour toute la marine européenne. « Si nous entrons dans une enquête complète et que les consultations s’engagent (…) sur ce qui se passe dans le secteur de la marine marchande européenne, cela ouvrira la boîte de Pandore, pas pour la Grèce mais pour d’autres pays », a lancé le président de l’Union, Théodore Veniamis, au cours d’une conférence de presse. S’exprimant aux côtés de la commissaire européenne aux Transports, Violeta Bulc, il réagissait à une remise en cause par la Commission européenne des privilèges fiscaux dont profite en Grèce  l’ensemble du secteur maritime : armateurs, courtiers et actionnaires.

L’Union grecque des armateurs, qui détiennent la première flotte mondiale, se demande pourquoi cette remise à plat n’est pas également demandée à l’Allemagne ou aux Pays-Bas.

Que font vraiment Manuel Valls et Michel Sapin actuellement à Athènes ?

Par Yannis Youlontas le 3 juin
Info expresse : Manuel Valls et Michel Sapin actuellement à Athènes
VALLS FÉLICITÉ PAR TSIPRAS
PENDANT QUE SAPIN COORDONNE LE PILLAGE !
Depuis hier soir, Athènes est sous très haute surveillance. Une tentative d’enyaourtage(1) du premier ministre français a malheureusement échoué près du parlement, suite à la fermeture du centre-ville, notamment de la station de métro de la place Syntagma à partir de 18h. Les déploiements policiers sont immenses et les gardes du corps sur les dents.
https://www.youtube.com/watch?v=O8-Ssyy1p60

C’est avec un statut similaire à un chef d’Etat que Valls, visage fier et allure de colon, a passé en revue la garde nationale grecque devant le monument du soldat inconnu, avant de finir la soirée dans l’opulence, sur la terrasse du musée de l’Acropole, à quelques centaines de mètres seulement d’un campement de sans-abris (dont plusieurs enfants) expulsés de leur domicile suite à la réforme du code civil. Le repas gastronomique a été servi en compagnie du ministre de l’économie français Michel Sapin, coordinateur du pillage du bien commun en Grèce au bénéfice de grandes firmes françaises : EDF, Vinci(2), Thalès, Veolia, Suez ou encore la SNCF qui s’apprête à racheter pour une bouchée de pain la société grecque de chemin de fer, TRAINOSE, ce qui aura pour effet de doubler des prix qui étaient jusqu’ici parmi les plus bas en Europe, et qui convoite également des infrastructures ferroviaires. Harlem Désir, secrétaire d’État aux affaires européennes figurait également parmi les convives, ainsi que Giorgos Stathakis, le très controversé ministre grec de l’économie, héritier d’une grande famille d’armateurs, connu pour avoir oublié de déclarer au fisc 38 biens immobiliers (oui, vous avez bien lu : 38 !) et plus de 1,8 millions d’euros égarés sur un compte discret. Ce scandale dure depuis le mois de décembre en Grèce et les manifestants y font souvent allusion, parmi d’autres cas de corruption et de népotisme qui s’ajoutent au bilan désastreux de la capitulation du 13 juillet 2015.

Hier soir également, sous les applaudissements nourris d’une assistance triée sur le volet, Tsipras n’a pas manqué de féliciter Valls et de témoigner son « estime » à l’un des hommes politiques pourtant les plus détestés de l’hexagone, qu’il a même qualifié d’ « ami ».

Ce vendredi matin, il a été également impossible de gêner la visite de Manuel Valls à l’Institut français d’Athènes, complètement encerclé de barrages filtrants. Depuis 10h30, Michel Sapin est en rendez-vous avec son homologue grec et quelques amis costumés pour la séquence « bonnes affaires », alors que depuis 11h, Manuel Valls est reçu au Palais Maximou, résidence du premier ministre, pour finaliser une feuille de route basée sur un « partenariat stratégique ».

Quel sera le contenu réel de cet accord ?

Valls et Tsipras vont évoquer un partenariat économique pour « sortir le pays de la crise » et rappeler le « soutien indéfectible de la France depuis l’entrée de la Grèce dans l’union européenne », en 1981. Mais en réalité, cet accord concerne les conséquences de la « seconde capitulation » du 24 mai 2016 (3), c’est-à-dire l’extension de la grande braderie qui prévoit désormais jusqu’à 597 îles mises en vente et 538 sites archéologiques. Le gouvernement français veut faire profiter ses amis grands patrons de cette juteuse affaire. C’est l’heure des soldes et tout le monde accourt en Grèce, à commencer par les responsables politiques russes et chinois, en début de semaine(4), accompagnés par des dizaines d’hommes d’affaires. Les domaines clés de la coopération gréco-française seront « le développement rural, la réforme de l’administration publique, l’innovation, le tourisme et, bien sûr, l’investissement », motif principal du séjour.

L’autre annonce qui va tenter de masquer la réalité mortifère, c’est la promesse du gouvernement français d’accueillir 400 ou 500 réfugiés par mois, en provenance de Grèce. Mais la face sombre de ce sujet, c’est que plus de 200 policiers et gendarmes français participent actuellement à la gestion calamiteuse de la question des réfugiés et migrants dans les îles grecques. Ces jours-ci, les mutineries se multiplient dans les camps inhumains de Lesbos et de Samos. Mercredi soir, le camp de réfugiés de Moria à Lesbos s’est encore rebellé, puis, hier soir, celui de Samos, entre 20h et minuit, suivi d’une répression terrible des gardiens et de la quasi-totalité des forces de police de l’île qui ont aussitôt convergé sur les lieux. Il y a au moins 30 blessés donc plusieurs adolescents. Certains sont dans un état grave et ont du être transportés vers un hôpital mieux équipé, celui de Samos étant complètement dégradé par les politiques d’austérité depuis quelques annéesris

Les mass-médias grecs, relayés par les agences de presse internationales, osent noyer le poisson en évoquant une obscure rixe entre des migrants, ce qui est totalement faux selon les témoignages directs recueillis depuis. C’est encore une mutinerie pure et simpl.e contre des conditions de détentions violentes, arbitraires et inhumaines. Rien d’autre. D’ailleurs, au moins deux bungalows ont été incendiés et plusieurs prisonniers ont réussi à s’échapper.

Pour seule réponse, Tsipras et Valls annoncent la prochaine conversion de l’agence de surveillance Frontex en « armada de garde-côtes européens », directement coordonnée depuis Bruxelles. Valls a également évoqué le renforcement imminent de la présence policière française dans les îles grecques, avec 300 CRS et gendarmes supplémentaires d’ici peu.

« Tout va bien, Madame la marquise », semblent-ils entonner en trinquant : l’Euro de foot va commencer, ainsi que la saison touristique estivale ! Mais ils oublient d’évoquer les millions d’insoumis qui bloquent de plus en plus la Grèce(5), la France, l’Espagne, le Portugal et la Belgique, en attendant plus. Jusqu’à quand feindront-ils d’être sourds ? Et jusqu’où faudra-t-il aller dans nos luttes ?

Yannis Youlountas

1) équivalent en Grèce des « entartages » en France ou en Belgique (souvent préparés par Noël Godin et ses compagnons pâtissiers).
2) Xavier Huillard, le PDG de Vinci, avait même accompagné François Hollande en Grèce lors de son voyage des 22 et 23 octobre 2015.
3) durant l’Eurogroupe du 24 mai 2016.
http://www.economie.gouv.fr/accord-dette-grece-eurogroupe-des-24-mai-2016
(4) Tsipras a reçu Poutine à Athènes, puis s’est rendu à Pékin.
(5) Par exemple, il y a un mois :
http://blogyy.net/2016/05/08/le-blocage-de-la-grece-vu-de-linterieur/

Qui ment : le CADTM ou le Club de Paris ?

Publié sur le site du CADTM le  3 juin

Jeudi 2 juin 2016, le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) a diffusé un communiqué intitulé « Le CADTM salue les décisions du Club de Paris d’annuler la dette grecque et de déposer ses statuts » pour commenter un faux communiqué du Club de Paris annonçant ces deux mesures et pour rendre public un nouveau site d’information : clubdeparis.fr.

En se glissant dans la peau du Club de Paris et en publiant ce faux communiqué « choc », le CADTM a voulu mettre un coup de projecteur sur ce cartel de créanciers qui sert dans l’ombre depuis soixante ans les intérêts de ses membres, c’est-à-dire les vingt États créanciers les plus riches qui le composent. Inconnu du grand public, le Club de Paris est pourtant un instrument central dans la stratégie des puissants pour dominer les pays du Sud endettés mais aussi la Grèce qui est devenue, avec l’arrivée de la Troïka en 2010, le principal débiteur du Club.

Comme le rappelle l’ancien Expert de l’ONU sur la dette, Cephas Lumina, le Club de Paris est une organisation sans aucune légitimité qui travaille contre l’intérêt des populations. Il est donc vain d’attendre un quelconque geste de sa part en faveur des populations comme l’annulation inconditionnelle de la dette grecque au motif qu’elle est insoutenable ou illégitime pour la population.

Il est d’ailleurs assez révélateur de voir que le Ministère français des finances, qui héberge le Club de Paris aux frais du contribuable, annonce via Twitter que notre site clubdeparis.fr contient des informations erronées juste après que le CADTM a posté ce tweet « Le Club de Paris annule la dette de la Grèce pour permettre au gouvernement grec d’assurer les soins de santé et d’éducation ». Une preuve supplémentaire que ces créanciers n’ont que faire de la catastrophe humanitaire qu’ils ont créée avec l’imposition des trois programmes d’austérité.

Ce tweet de Bercy est également une occasion de rappeler que le Club de Paris diffuse régulièrement des informations mensongères, en annonçant via de « vrais » communiqués de presse que le Club de Paris annule totalement la dette de certains pays, alors qu’il s’agit en réalité d’allègements partiels de dettes, conditionnés à la mise en œuvre de programmes d’austérité conclus avec le FMI et la Banque mondiale.

Le Club de Paris, organisation juge et partie, est donc irréformable et doit être aboli. Pour le CADTM, les États débiteurs, à qui les créanciers réclament des dettes illégitimes, doivent agir en prenant des mesures d’auto-défense pour protéger les droits sociaux, économiques, culturels, civils et politiques : en suspendant le paiement de la dette, en réalisant un audit intégral (avec participation citoyenne), en répudiant la part illégitime et illégale de cette dette. Selon le droit international, il n’y a aucune obligation absolue de poursuivre le paiement des dettes illégitimes.

Nous espérons que notre communication aura eu au moins le mérite de faire connaître ce cartel, aussi discret que néfaste.

OJ réunion du collectif jeudi 9 juin

La prochaine réunion du collectif aura lieu jeudi 9 juin de 17h à 19h salle 300  à la maison des association, 6 rue Berthe de Boissieux à Grenoble.

Ordre du jour :

– actualités en Grèce (l’accord de l’Eurogroupe du 24 mai) et en Europe,

– préparation de la rencontre avec le comité de Lyon pour échanger sur la collaboration entre les 2 collectifs et notamment le projet caravane, le débat politique,

– débat politique : Quel thème ? Quelle configuration ? Invités potentiels ?

– organisation du rassemblement prévu fin juin pour alerter sur la situation en Grèce,

– point financier sur dons et choix du dispensaire,

– bilan action Viomé.

Crise sanitaire en Grèce : l’Europe face à ses responsabilités

Publié: juin 2, 2016 dans Articles / Press / Grèce
« Le personnel hospitalier est précipité dans une situation de pays du tiers-monde »

par Yvan Pandelé

Alors que les coupes budgétaires imposées ces dernières années ont fait voler en éclats le système de santé grec, l’Université libre de Bruxelles lance une campagne pour exiger une sanctuarisation du budget de la santé auprès des autorités européennes.

« Ce que j’ai vu à Thessalonique était effrayant, je ne m’attendais pas à trouver un système de santé dans un tel état de déliquescence. »

La voix du Pr Yvon Englert, chef du service de gynéco-obs à l’hôpital Érasme de Bruxelles, est calme et posée, mais son indignation est palpable. Parti récemment en mission d’observation dans trois hôpitaux publics de Thessalonique, la grande ville universitaire grecque, il en est revenu, selon ses propres termes, « atterré » par la situation.

« Toutes les semaines, les directeurs des hôpitaux réunissent les chefs de service et, en fonction du budget disponible, décident des soins qu’ils ne délivreront plus », rapporte Yvon Englert. Les caisses d’assurance maladie, en déficit structurel, ne remboursent plus les actes qu’au lance-pierre. Privés de recette, les hôpitaux publics ont accumulé des dettes pouvant atteindre plusieurs millions d’euros.

Des soignants exténués

« Quand j’étais à Thessalonique, toutes les interventions programmées nécessitant une banque du sang ont été suspendues pendant trois jours », relate le médecin belge. « Il n’y avait plus de réactifs pour tester les lots pour l’hépatite et le sida ». Devant la pénurie de médicaments et de consommables chirurgicaux, les patients se trouvent souvent contraints d’acheter eux-mêmes le matériel. Pour ceux qui en ont les moyens.

Quant aux médecins et paramédicaux, ils sont, comme de juste, aux premières loges. « Le personnel hospitalier est précipité dans une situation de pays du tiers-monde sans y être préparé, ils sont dans un état de stress et de dépression très fort », confie Yvon Englert. « Ils vous expliquent les larmes aux yeux leur situation et leur sentiment d’être abandonné par tout le monde. »

Une austérité jamais vue

Depuis 2009, la crise de la dette grecque s’auto-entretient au fil d’une imposante série de plans d’austérité adoptés sous la pression des marchés financiers et de la Troïka (Commission européenne, BCE, FMI). En quelques années, la Grèce a vu tous ses indicateurs de santé publique tourner au rouge vif : la mortalité infantile a augmenté de 50 %, tandis qu’un quart des Grecs sont désormais sans couverture santé. Quant au budget de la Santé, il a été ponctionné de moitié depuis la crise.

Ancien doyen de médecine et futur recteur de l’Université libre de Bruxelles (ULB), le Pr Englert a donc initié la campagne de communication Urgences Grèce, en collaboration avec Médecins du monde et la Fondation CHU Saint-Pierre. Au-delà de trois projets d’aide et de coopération, concrets mais presque dérisoires devant l’ampleur de la crise, la campagne vise surtout à faire pression sur les autorités européennes.

Sauver ce qui peut l’être

« Ce que nous exigeons des autorités européennes et des pays membres, c’est qu’ils immunisent le budget de la santé à un niveau pré-crise », explique Yvon Englert, reprenant les termes de la pétition, baptisée « Stop au Grexit médical ».  « L’accès aux soins de santé est une valeur européenne fondamentale, et il n’est pas acceptable que les pays de l’Union soient acteurs de sa destruction. »

Encore peu médiatisée en France, la campagne Urgences Grèce a vocation à prendre de l’ampleur à la rentrée, en entraînant dans son sillage les autres grandes facs européennes. Prise dans une spirale déflationniste, la Grèce est, de l’aveu général, incapable de rembourser sa dette, dont la prochaine échéance est prévue en juillet. Les négociations sont en cours à Bruxelles. À défaut des cris d’alarme des médecins grecs, la capitale européenne saura-t-elle écouter ceux de ses propres universitaires ?

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