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L’interview d’Alexis Tsipras

 Revue de la presse hellénique 30/08/2016
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Real News (et reprise par la suite par l’ensemble des médias de la presse audiovisuelle et écrite), le premier ministre , M. Tsipras s’est référé aux négociations en vue du deuxième revue du programme grec.
« Nous ne revendiquons tout simplement pas mais nous exigeons et nous attendons conformément à l’accord que nous appliquons, les mesures concrètes qui rendront la dette viable. Ces mesures doivent évidement prévoir la réduction d’excédents primaires après 2018 qui ouvrirait de façon substantielle la voie au redressement de l’économie », a-t-il souligné. Il a estimé que « l’allègement de la dette pourrait même se réaliser d’ici l’achèvement du mandat du président américain, M. Omaba », en soulignant que « la voie est déjà ouverte depuis la conclusion de la première revue du programme grec ».
« La Grèce a respecté l’accord et attend maintenant que ses partenaires fassent de même », at-il ajouté.
Répondant à la question de savoir si le gouvernement qualifie de positive la participation du FMI au programme, M. Tsipras a souligné que « ce qui est le plus important pour la Grèce et de dissiper le climat d’incertitude ». « C’est pour cette raison que nous demandons à toutes les parties impliquées de faire clairement savoir leurs intentions le plus rapidement possible. En tout cas nous insistons sur le fait qu’un accord, c’est un accord, et qu’il doit être appliqué par tous indépendamment des élections qui sont organisées dans leur pays», a-t-il ajouté.
Sur la réduction des objectifs sur les excédents primaires après 2018, il a déclaré que cette décision est liée à la décision que prendra l’UE sur l’ allègement de la dette et il a rappelé que l’Europe s’est engagée en ce sens après l’accord de juin dernier et la décision de Eurogroupe du 25 mai qui serait concrétisée d’ici la fin de l’année, date à laquelle le FMI décidera de sa participation ou non au programme grec.
Sur la deuxième revue du programme grec, il a souligné que la ligne rouge du gouvernement était de ne pas céder à des mesures qui dépassent l’acquis social européen.
Sur le retour de la Grèce sur les marchés, il a souligné que « l’étape la plus importante sera l’adhésion de la Grèce à l’assouplissement quantitatif de la BCE en soulignant que cela interviendrait dans les prochains mois ». « A ce moment-là la Grèce pourrait retourner sur les marchés mais cela devrait se faire d’une façon sérieuse et réfléchie »,  a-t-il déclaré.
Sur sa participation au Sommet de dirigeants européens à Paris, le 25 août dernier, M. Tsipras a comparé  l’Europe à un « somnambule qui se dirige vers le gouffre » et souligné que « le Brexit soit éveillera les dirigeants européens soit constituera le début de la fin de l’UE ».
Il a ajouté que Berlin continue à fonctionner en tant que « caisse d’épargne » de l’Europe, avec des excédents excessifs, des salaires gelés, et un taux d’inflation faible au moment où le Sud, déficitaire, a battu tous les records en termes de chômage et de décroissance. «Si cela continue nous aurons des résultats désagréables lors des prochaines élections et référendums en Europe », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Si la doctrine de Schäuble en faveur d’une Europe à plusieurs vitesses et des zones économiques spéciales n’est pas abandonnée, l’Europe risquera la décomposition ».
M. Tsipras a estimé que les pays de l’Europe du sud doivent se regrouper et s’organiser en coopération avec d’autres pays de la région européenne, parler de la nécessité d’une convergence sociale en prenant des initiatives urgentes en faveur de la croissance et de l’emploi. Il s’est référé aux conséquences des décisions des gouvernements sociaux démocrates qui ont choisi de s’aligner, au cours des années 90, sur la droite et le néolibéralisme. Il a toutefois ajouté que le fait qu’on réalise désormais que ce choix a mené à l’impasse, est extrêmement positif car il créé des perspectives pour l’avenir. Il a ainsi qualifié d’extrêmement important le fait que les socialistes européens aient accepté sa proposition en faveur d’un débat pour rechercher un terrain commun de coopération avec la Gauche et les Verts.
Il a souligné par ailleurs que la question de l’Europe n’est pas seulement idéologique mais aussi une question de différentes vitesses.
Il a souligné, enfin, que les pays du Sud doivent désormais rechercher des moyens plus efficaces pour intervenir dans la politique européenne.
Sur ELSTAT (Office national des statistiques) et l’affaire Georgiou, il a souligné que ce dossier est entre les mains de la justice et n’appelle aucun commentaire de sa part. Il a toutefois déclaré que cette affaire a créé une grave tension interne au sein de la Nouvelle Démocratie.
Sur la Nouvelle Démocratie, il a estimé que le parti suit une stratégie d’opposition « constamment furieuse et incohérente » et ajouté que, si le parti continue ainsi, il aura des grandes difficultés pour se construire en tant que milieu politique sérieux.
Sur l’éventualité d’un remaniement après le congrès de SYRIZA il a déclaré que le souci constant de son gouvernement était la meilleure coordination et l’efficacité. « Le reste sera discuté le moment opportun », a-t-il souligné.
Il a insisté sur les réparations allemandes en déclarant qu’en aucun cas la Grèce renoncera de ses droits. Il a qualifié cette question de question nationale en soulignant : « nous élaborerons une feuille de route dans le but de clore cette question de la façon dont celle-ci devrait être close ».
Il a par ailleurs déclaré que le gouvernement suit de près les évolutions en Turquie et estime que le retour à la normale sera bénéfique pour tous. Il a qualifié de positif le fait, qu’après la tentative de coup d’Etat, les relations entre la Grèce et la Turquie n’ont pas été perturbées et il a déclaré que l’accord UE-Turquie continue à être appliqué.
La presse (in.gr, Avghi) relève que l’interview du PM a suscité de vives réactions au sein des partis de l’opposition. Ainsi,  la ND a estimé que « M. Tsipras conduit le pays vers la paupérisation et la marginalisation tout en restant accroché au pouvoir et en tentant de contrôler les institutions et les médias » Pour le PASOK « Tsipras perd son temps, il ne peut pas continuer à tromper les Grecs, le peuple a compris». La Rivière a qualifié M. Tsipras de « meilleur élève du vieux système politique qui a conduit le pays à la faillite ». Enfin le KKE a souligné : « le conte de M. Tsipras ne peut plus convaincre le peuple ».

OJ réunion du collectif du 30 août 2016

La prochaine réunion du collectif aura lieu mardi 30 août à 17h salle 319 à la maison des association, 6 rue Berthe de Boissieux à Grenoble.

Ordre du jour :

Préparation de la quinzaine nationale (15 premiers jours d’octobre) de solidarité avec les dispensaires et le peuple grec et sa clôture par un grand meeting à Vénissieux .

 

Polémique entre Bruxelles et Athènes sur les statistiques grecques

 Bruxelles réaffirme que les statistiques sur le déficit grec qui ont déclenché la crise en 2010 étaient exactes. Alors que la justice grecque tente d’établir si ces chiffres ont été artificiellement gonflés, Athènes s’insurge contre cette prise de position de la commission européenne.

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/polemique-entre-bruxelles-et-athenes-sur-les-statistiques-grecques-594115.html

Grèce. Une chute libre. Sans fin?

Par Sotiris Siamandouras publié par Alencontre le 26/8/16 

Un an après le référendum (le 5 juillet 2015, avec 61,31% de Non à la politique des «institutions») et le passage du gouvernement SYRIZA dans le camp du TINA («Il n’y a pas d’alternative»), la domination néolibérale en Grèce s’approfondit quotidiennement et sur tous les plans. La deuxième évaluation du programme grec par les «institutions» commencera en septembre. Elle devrait se terminer en octobre.

Elle porte sur de multiples domaines: l’application de la nouvelle loi de sécurité sociale et la création d’un Fonds unifié de sécurité sociale jusqu’au 2017; l’abolition des allocations sociales et leur replacement par un «revenu minimum garanti» qui implique des coupes d’un montant de 900 millions d’euros jusqu’en 2019; l’achèvement d’un vaste programme de privatisations: des aéroports, des ports, des transports, de l’énergie et – probablement – de l’eau; la vente ou la mise en nantissement de 71’500 bâtiments et terrains publics, y compris 597 îles; la transformation du Secrétariat général des revenus publics [taxes, revenus douaniers, etc.] en une institution indépendante – l’Autorité indépendante des revenus publics – qui échappera pour l’essentiel au contrôle politique; l’évaluation de la situation des quatre banques systémiques – Alpha Bank, Eurobank Ergasias, National Bank of Greece and Piraeus Bank –­ et du FHSF (Fonds hellénique de stabilité financière, une structure établie par le gouvernement grec et la troïka en 2010 afin de stabiliser le système bancaire grec); la finalisation du cadre légal concernant les dettes privées dites rouges [qui concernent, entre autres, les dettes hypothécaires pendantes, donc l’expulsion possible du logement]; les salaires du secteur public et, en particulier, les salaires des militaires, des forces de l’ordre et des pompiers; et, finalement, le nouveau Code du travail.

Parmi ces domaines, nouveaux et anciens, il est légitime de penser que le plus important sera la réforme du Code du travail. Premièrement parce que, dans le cadre de la politique de dévaluation interne, au nom d’un semblant de «croissance» – aux traits inhumains – la réduction du coût du travail est centrale. L’objectif: que les salarié·e·s travaillent plus et avec des salaires réduits. [Selon le ministère du Travail de Grèce, dans une étude datant du mois d’août, 51,6% des nouveaux contrats mentionnent des salaires de 400 euros en moyenne, quasi tous formellement «temporaires», pour la période de janvier à juillet 2016]. Deuxièmement, parce que les instances l’Union européenne ont déjà pris cette décision, non seulement officieusement [1], mais concrètement, comme nous l’avons vu aussi en France, où le gouvernement «socialiste» a insisté jusqu’à la fin et a fait passer la loi «El Khomri». Diminuer le «coût du travail» – sous toutes ses dimensions – est le noyau dur du plan néolibéral, son âme même, le centre de gravité qui organise le reste du système. [Au second trimestre 2016, le PIB grec a reculé de 0,7% par rapport à la même période de 2015, selon l’ELSTAT, l’institut de statistique.]

Cela ne signifie pas que les autres domaines soumis aux contre-réformes soient secondaires. Et il est vrai que chacune d’entre elles suffirait à elle seule à faire trembler n’importe quel gouvernement démocratique. Donc, on peut relever ceux qui croient qu’il y aurait une forte possibilité qu’Alexis Tsipras décide de déclarer à nouveau des élections, puisque la popularité de son gouvernement est déjà en chute libre. Pourtant, il aurait besoin d’un prétexte. Ce qui ne semble pas en vue pour le moment. Avec les forces populaires paralysées sous l’effet du choc de subir le passage d’un «gouvernement de la gauche» dans le camp des forces mémorandaires, la mobilisation populaire a été – tout compte fait – anémique dans la dernière période. En plus, la majorité parlementaire du gouvernement SYRIZA-ANEL (Grecs indépendants) reste solide. Le parlement est composé principalement de forces mémorandaires prêtes à supporter toutes les mesures, si le besoin s’impose. Et le gouvernement n’a pas encore été forcé d’opérer un remaniement ministériel. En fait, la possibilité d’avoir des élections anticipées semble éloignée, même si rien ne peut être exclu à ce propos. Alexis Tsipras continuera à gouverner ce pays saccagé, cette démocratie vendue et ce peuple désespéré. Il aura certes besoin de «diversions».

Parmi elles, la plus importante et la plus dangereuse est probablement la réforme constitutionnelle annoncée par Alexis Tsipras lui-même. Il parle même d’un nouveau référendum sur la Constitution [2]. Et il ne s’agit pas d’une simple diversion. En fait, il s’agit de l’achèvement de la domination néolibérale. Lorsqu’une réforme constitutionnelle est proposée par un gouvernement qui a signé un accord qui dit que tous les projets de loi devront désormais être sanctionnés par les créanciers, quand le rapport des forces entre le capital et le travail se trouve à un point d’équilibre peut-être le plus défavorable au cours de la dernière décennie, quand nous savons qu’à l’échelle internationale la mise en œuvre des politiques néolibérales met en question la démocratie, nous pouvons craindre que cette réforme constitutionnelle ne soit pas une simple diversion. Elle peut traduire un effort de stabilisation du système en inscrivant dans la Constitution même le néolibéralisme et l’autoritarisme technocratique.

De toute façon, le premier ministre a déjà donné l’ordre à son gouvernement de mettre fin à ses vacances et de lui préparer un plan présentable, un plan qu’il pourra défendre lors de la Foire internationale de Thessalonique [3]. Les points fondamentaux de ce plan devraient être la «croissance», le chômage et la réforme constitutionnelle. Il est intéressant de noter que la Foire commence le 10 septembre 2016, un jour après l’Eurogroup où le ministre de l’Economie [Georgios Stathakis est ministre de l’Economie et Euclide Tsakalotos est ministre des Finances ] devrait présenter son rapport officiel sur la mise en œuvre des «réformes». Il sera encore plus intéressant de voir comment Alexis Tsipras va exposer, le jour suivant, son propre bilan et perspective au peuple grec. Et le plus captivant sera la réaction de ce dernier, quand son Premier ministre va l’informer que toute cette destruction économique et sociale est d’importance secondaire et que l’essentiel réside dans le débat sur la réforme constitutionnelle, qui prévoit, entre autres, l’élection du président de la République directement par le peuple. Autrement dit, nous aurions besoin d’un «homme fort». Et qui serait-il, précisément? Qui serrait ce petit Bonaparte, qui voudrait devenir un jour l’empereur de rien du tout? (22 août 2016)

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[1] Voir les GOPE (les Grandes orientations de politique économique de la Commission européenne) et les LDE (Lignes directrices intégrées).

[2] Alexis Tsipras a présenté ce plan le 25 juillet. La procédure proposée devrait commencer en septembre par la création d’un Comité organisationnel. Ensuite il y aura 13 assemblées, une dans chaque circonscription du pays. A la fin du printemps 2017, le Comité organisationnel va codifier les résultats du dialogue public et les apporter au parlement.

[3] D’habitude, les premiers ministres grecs utilisent cette occasion pour présenter et défendre leur politique en donnant des conférences de presse. Une grande manifestation est donc organisée aussi à Thessalonique chaque année, pendant les jours de la Foire, pour rappeler que le mouvement social reste vigilant.

Grèce. Une chute libre. Sans fin?

Le triste anniversaire du 3e mémorandum grec

Le 13 juillet 2015 est considéré désormais comme marquant la capitulation grecque. À cette date, le gouvernement Syriza-Anel conduit par Alexis Tsipras a conclu un accord avec l’Union européenne, qui s’est soldé par la signature officielle d’un troisième mémorandum le 14 août 2015. |1|

 Une véritable volte-face du gouvernement par rapport à ses engagements de campagne et au résultat du référendum du 5 juillet. |2| Depuis lors, les débats stratégiques vont bon train au sein de la gauche radicale sur les alternatives possibles |3|, mais un point est sûr : ce troisième mémorandum approfondit et consolide les deux précédents. Car qui dit accord de prêt avec l’Union européenne, dit conditions. Tandis que la Grèce n’est plus sous les feux des projecteurs médiatiques, retour (non exhaustif) sur un an de casse sociale, d’assujettissement exacerbé et de dislocation du pays.

http://www.cadtm.org/Le-triste-anniversaire-du-3e#.V7xkB27n8gc.facebook

Sur les réfugies

26/8/16 Le droit au secours des réfugiés: entretien avec François Cantier 

En juillet 2016, François Cantier, président d’ASF France, est allé en Grèce avec une équipe d’avocats à la demande de Médecins du monde pour apporter une aide juridique aux migrants qui continuent à arriver – au péril de leur vie – sur les côtes grecques. Il explique pourquoi l’accord UE-Turquie est une violation du droit européen, et un péril pour l’avenir de l’Europe.

https://blogs.mediapart.fr/edition/patriotes-de-tous-les-pays/article/260816/le-droit-au-secours-des-refugies-entretien-avec-francois-cantier

23/8/16 Selon Frontex, la garde côtière grecque a tiré sur des bateaux de migrants : 

Le Site The Intercept a révélé des documents de l’Agence européenne FRONTEX qui prouve que des gardes côtiers grecs ont tiré sur des bateaux de migrants. L’ un des incidents décrits par la publication en ligne a eu lieu il y a deux ans en Mars 2014, quand un petit bateau transportant 13 réfugiés syriens a essayé de rejoindre l’île de Chios dans la mer Egée orientale. Un total de 16 coups de feu ont été tirés, trois passagers ont été blessés.
Selon le site The Intercept qui a révélé l’histoire et a publié les documents FRONTEX, « après ce tir, l’ un des officiers de la Garde côtière impliqués a été arrêté. Selon les rapports de la cour, il a admis avoir tiré 30 balles et rechargé avant de continuer à tirer. Devant la cour, deux autres officiers à bord le lui ont reproché, en disant qu’il a agi de son propre chef et non pas sur les ordres de son supérieur. Le tir a été traité comme un événement isolé « .
Moins d’un mois plus tard, un tribunal grec a jugé que les officiers de la Garde côtière, y compris celui arrêté, n’ont rien fait de mal ; ils ont tiré pour arrêter un trafiquant présumé.

Un incident isolé?

Une série de rapports d’incidents de FRONTEX qui opère aux côtés de la Garde côtière, obtenus par The Intercept , révèle « une tactique grecque et européenne plus large de l’ utilisation des armes pour arrêter les bateaux de passeurs présumés – et en blessant ou en tuant des réfugiés dans le processus. »
« Les documents qui ont été expurgés pour protéger les détails opérationnels, mais qui ont été par inadvertance libérés par FRONTEX, révèlent plusieurs cas d’armes à feu utilisés contre des bateaux transportant des réfugiés, » note The Intercept
Les rapports couvrent une période de 20 mois à partir de mai 2014, deux mois après la fusillade de Chios, jusqu’à Décembre 2015. « Chaque cas d’armes à feu utilisée – même dans les cas où quelqu’un a été blessé – a été décrit comme faisant partie des règles standards d’engagement pour arrêter les bateaux en mer, » écrit le journaliste de The Intercept.
L’histoire complète , y compris les documents FRONTEX et la carte des incidents sont ici sur The Incercept : https://theintercept.com/…/coast-guard-fired-at-migrant-bo…/
Document vidéo issu d’un reportage de la télé allemande Deutsche Welle : https://www.youtube.com/watch?v=PpZierI8l_g

Photo: carte des incidents élaborée par The Intercpet

 

23/8/16 Le figaro Grèce: 54.000 réfugiés bloqués sur le territoire

La Grèce a annoncé aujourd’hui avoir conclu le recensement de la quasi-totalité des réfugiés et migrants bloqués sur son territoire après le verrouillage européen, 54.000 personnes, dont nombre de Syriens éligibles à l’accord de répartition dans l’UE.

Ce total a été établi par le ministre adjoint à la politique migratoire, Yannis Mouzalas, à l’issue d’une procédure de pré-enregistrement lancée en juin par le service d’asile grec et le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU.  L’opération a permis de « commencer à ordonner le chaos » provoqué en février par la fermeture de la route des Balkans par laquelle avaient transité depuis 2015 plus d’un million d’exilés de Grèce vers l’Europe du nord, s’est prévalu M. Mouzalas dans une conférence de presse.
Le décompte établi par M. Mouzalas inclut les quelque 11.000 réfugiés et migrants retenus sur les îles grecques depuis l’entrée en vigueur le 20 mars de l’accord UE-Turquie qui prévoit leur renvoi dans ce pays.

Cette population mise à part, les recensements établis signifient que le pays va devoir prendre en charge dans la durée plus de 40.000 réfugiés et migrants, avec des délais pour conclure les procédures d’asile devant courir sur au moins un an, a commenté pour l’AFP une source gouvernementale. En particulier, la procédure de pré-enregistrement menée depuis juin a visé 27.592 demandeurs d’asile, dont 43% sont des femmes et 46% des mineurs.  Plus de la moitié (54%) sont Syriens, 27% sont Afghans (27%) et 13% Irakiens. « Environ 75% » de cette population peut prétendre à l’asile, que ce soit en Grèce ou dans l’UE, a souligné M. Mouzalas.

23/8/2016  Kathimerini fait état à la Une du plan élaboré par le gouvernement pour désengorger les îles grecques, prévoyant :

-la création d’infrastructures fermées sur les îles dans lesquelles seront détenus, jusqu’à l’achèvement des procédures pour leur départ de Grèce, les réfugiés ou migrants ayant enfreint la loi ou fait preuve d’agressivité. Toutefois les réactions des habitants risquent de retarder ce projet.

-le transfert à Athènes des migrants ou réfugiés ayant commis des infractions pénales : ils seront détenus dans des centres provisoires avant leur départ de Grèce.

– le transfert vers la Grèce continentale des réfugiés et migrants dont les demandes d’asile auront été examinées en première instance et dont l’examen en deuxième instance reste en suspens.

Par ailleurs, un nouveau centre d’accueil sera opérationnel à Thèbes dans quelques jours : y seront transférés dans un premier temps 400 à 600 réfugiés et migrants se trouvant sur l’île de Chios qui est confronté au plus grand problème de surpopulation en raison du manque d’infrastructures. Dans un deuxième temps, 400 réfugiés et migrants se trouvant sur l’île de Lesbos seront également transférés vers ce nouveau centre.

Toujours selon Kathimerini, depuis le 13 août 1.138 nouvelles arrivées ont été enregistrées sur les îles grecques notamment Lesbos, Chios, Samos, Cos et Leros. Le nombre total des réfugiés et migrants se trouvant actuellement sur les îles s’élève à 11.343, contre une capacité d’accueil de 7.450 personnes.

Visite en Grèce du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés : Avghi relève que Le Haut-Commissaire des Nations Unies (HCR) pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, effectue à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 25 août une visite en Grèce. Il aura des entretiens avec le Président de la République hellénique, M. Pavlopoulos, le PM grec, M. Tsipras ainsi qu’avec des membres du conseil des ministres. Il se rendra dans des centres d’accueil des réfugiés en Attique et en Macédoine centrale.

Revue de la presse hellénique 22/8/2016 

Selon Ethnos, les réfugiés ont trouvé une nouvelle voie vers l’Europe via la Bulgarie (frontière entre la Turquie et la Bulgarie) et l’Evros afin d’éviter de se trouver bloqués dans les îles grecques. Sofia demande ainsi l’aide de l’UE pour la surveillance de ses frontières avec la Turquie. Par ailleurs 300 personnes tentent, en moyenne, de passer chaque jour les frontières entre la Grèce et l’ARYM, selon le journal.

21/8/2016  Il faut tenter de passer en pleine nuit une frontière des Balkans pour imaginer la peur de ceux qui n’ont pas de papiers. Les faisceaux des lampes torches le long des voies, les aboiements des chiens tenus en laisse près des roues des wagons, les voix qui se répondent dans une langue inconnue fabriquent ensemble une terreur que l’aube n’arrivera pas à effacer. Il faudra la foule d’une grande ville pour se sentir à l’abri à nouveau, dans le mouvement des milliers de visages habitués à ces rues qu’on découvre, on recommence un peu à croire en sa chance, en se disant qu’on pourra échapper aux patrouilles arrière des garde-frontières. Belgrade, Skopje, Sarajevo. La route des Balkans est devenue pire qu’un dédale de capitales jusqu’à l’Autriche. La Slovénie est un passage et plus au nord, Berlin redevient un point de convergence, le centre de gravité d’un continent si riche qu’il prétend nier le droit de fuir des victimes que la guerre à ruinées.
Qu’avons-nous appris si nous laissons les polices d’Europe monter la garde d’une forteresse barricadée ? Nous savons depuis longtemps qu’au Liban et en Turquie, les camps de réFugiés par millions sont un mouroir. Comment lutter ? Le plus simplement du monde. En tendant la main à ceux qui fuient. En ignorant les lois qui veulent maintenir le malheur de l’autre côté de nos frontières. Il y a urgence.

20/8/16  Réfugiés Chronique de Tieri Briet à Θεσσαλονίκη, Thessaloniki.

Elles sont dangereuses, les paroles d’impuissance. Parce qu’elles acceptent la soumission à des lois meurtrières.

Dans la non-vie des réfugiés à l’intérieur des camps, c’est l’ennui sans remède des enfants qui érode l’espérance. Leurs parents sont épuisés, malades d’angoisse, traumatisés à vie d’avoir vu la mort assénée autour d’eux. Et puis j’ai croisé Vesna et Peter hier soir. Elle est Croate, il est Autrichien. Ils sont clowns tous les deux et font le tour des camps de Thessalonique, entourés partout d’une meute d’enfants qui attendaient de rire depuis des mois. Oussama les a pris dans ses bras. J’ai fait une photo pour envoyer à ses parents, qui sont restés en Syrie vendre tout ce qu’ils ont. Pour envoyer un peu d’argent à leur fils. Le seul de leurs enfants qui n’ait pas été tué par l’État Islamique. Enfermé aujourd’hui dans un camp en Europe.

20/8/16  Constant Kaimakis  Migrants, les dures réalités de l’été 2016 : 

Avant l’été, les accords passées entre l’UE et la Turquie se voulaient annonciateurs d’un apaisement de la crise migratoire en Grèce. Les deux mois d’été ont fait volet en éclats tous les espoirs. Tout d’abord, le flux des arrivées, s’il avait un peu baissé il y a quelques mois, est reparti de plus belle notamment depuis le « coup d’État » en Turquie. Les autorités grecques estiment que plus de 300 nouveaux arrivants sont passés en 48h sur les îles du Nord de la mer Égée (Lesbos, Chios, Kos, Samos etc…). Les derniers naufrages de migrants témoignent de ce regain d’activité des passeurs. Plus inquiétant encore , les nouveaux itinéraires empruntés avec l’exemple de ces 70 réfugiés qui s’étaient cachés sur les îles rocheuses au Sud de Méthoni ( Péloponnèse).
Avec un nombre total de réfugiés et de migrants vivant à travers la Grèce de 58 123 personnes, on commence à atteindre les limites du supportable pour un pays par ailleurs en extrême tension sociale. Plus de 10.700 migrants vivent sur cinq îles grecques, qui ne peuvent en accueillir que 7450, selon des données du gouvernement. Le pouvoir en a conscience et il souhaite mettre en place de nouvelles mesures pour réduire la surpopulation dans les camps de réfugiés sur ses îles afin d’apaiser les tensions et d’y améliorer les conditions de vie. Ces mesures sont d’autant plus urgentes que des tensions existent et se sont développées cet été en Grèce.
Il faut d’abord noter les divers mouvements de protestation dans les camps contre les miséreuses conditions de détention des réfugiés dénonçant les conditions d’accueil sur le plan sanitaire et alimentaire. Ils témoignent de la lassitude des migrants face à des procédures administratives lentes et humiliantes.
Ces derniers jours, le Métropolite Markos de Chios a enflammé les esprits avec des déclarations racistes et provocatrices contre le gouvernement qui a autorisé la construction d’une mosquée à Athènes, et déclarant : « Il n’y a pas de réfugiés, ce sont tous des immigrants illégaux » !
Les municipalités aussi sont souvent victimes de cette montée de la xénophobie et des tensions engendrées par la concertation de migrants. Dernier exemple, le refus de la municipalité de Loutraki-St Théodore ( Près de Corinthe) d’accueillir les 1100 réfugiés initialement prévus sous prétexte de « manque d’eau » mais surtout refusant la cohabitation des réfugiés avec les touristes, le maire déclarant : « Vous iriez vous avec vos amis vous baigner sur une plage où sont des centaines de réfugiés? ».
Significatif par exemple, la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux grecs montrant sur une plage « glamour » de Mykonos l’apparition subite d’une trentaine de migrants escortés par des membres de la Garde Côtière au milieu des transats de luxe… cf Photo
Vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=mNKUDRIiTtA

19/8/16  Le ministre de l’Intérieur exhorte toutes les régions de la Grèce d’accueillir des réfugiés dans le but d’aider les îles  ANA-MPA

Les réfugiés et les migrants devraient être distribués aux municipalités à travers le pays pour alléger une partie de la charge supportée par les îles de la mer Egée orientale,  a déclaré vendredi le ministre de l’Intérieur Panayótis Kouroumblís, lors d’une visite à Lesvos.
« Nous savons tous que cette île [Lesvos], ainsi que d’autres îles comme Chios, Samos et Kos,porte le plus grand poids du problème des réfugiés et des migrants, » a déclaré le ministre après une visite au camp de Kara Tepe.
« La question soulevée est que Lesvos et ses habitants ne peuvent pas continuer à porter cette charge par eux-mêmes. Par conséquent, suite à la décision de l’Union centrale des municipalités, toutes les municipalités, en fonction de leur population, devraient accueillir certaines de ces personnes qui sont aujourd’hui piégés dans Mytilène et les autres îles « , a-t-il ajouté.

 

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