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Vers le Grexit ? 3/3 – Grèce : l’impasse politique

Olivier Delorme est écrivain et historien. Passionné par la Grèce, il est l’auteur de La Grèce et les Balkans: du Ve siècle à nos jours (en Folio Gallimard, 2013, trois tomes), qui fait aujourd’hui référence. Il vient également de publier Trente bonnes raisons de sortir de l’Europe.

Alors que la crise grecque semble sur le point de refaire surface en raison de la mésentente entre les différents créanciers du pays, et que l’idée d’un « Grexit » est récemment devenue, pour la toute première fois, majoritaire dans un sondage grec, Olivier Delorme a accepté de revenir pour L’arène nue sur la situation de la Grèce. 

Cette analyse est en trois partie et traite successivement de l’impasse économique, de l’impasse géostratégique et de l’impasse politique dans lesquelles se trouve Athènes. Le premier volet, https://www.grece-austerite.ovh/vers-le-grexit-13-limpasse-economique/ Le second volet https://www.grece-austerite.ovh/vers-le-grexit-23-limpasse-geostrategique/. Ci-dessous figure le troisième volet.

La troisième impasse dans laquelle se trouve la Grèce est politique. Après que Syriza eut perdu de peu les élections législatives de juin 2012, ses responsables jugèrent que, l’accession au pouvoir devenant probable, il convenait de renoncer à un programme radical au profit d’une approche qu’ils pensaient (ou feignirent de penser) acceptable par l’UE. L’aggiornamento s’opéra donc au profit d’un réformisme néokeynésien, en vérité très modéré, appuyé sur l’idée que les partenaires européens comprendraient que, pour que la question de la dette trouve une solution pérenne et raisonnable, le pays devait sortir de la spirale déflationniste résultant des politiques imposées par le FMI et l’UE depuis 2009-2010. Syriza faisait du même coup l’impasse sur le fait qu’il était fort peu probable que les gouvernements allemand et européens (conservateurs ou prétendument socialistes, mais tous acquis aux dogmes néolibéraux) fassent à un gouvernement de gauche qui s’affichait radicale (bien qu’il ne le fût déjà plus vraiment) un cadeau qu’ils avaient refusé à son prédécesseur conservateur, envoyant celui-ci à l’abattoir électoral alors même qu’il était leur allié idéologique.

Ce que Syriza n’a pas voulu comprendre (ou qu’elle a feint de ne pas comprendre), c’est la nature profondément idéologique de ce qu’il est convenu d’appeler la « construction européenne » dès l’origine, mais de manière bien plus brutale depuis la décennie 1986-1995 (Acte unique européen, traité de Maastricht, création de l’Organisation mondiale du commerce). Ce que Syriza, comme l’ensemble des partis socio-démocrates, feint d’ignorer, c’est que la moindre politique de gauche – fût-elle extrêmement modérée – est désormais impensable dans ce cadre. Et que ce cadre-là a précisément été conçu pour servir à cela. Qu’il est donc irréformable.

Avant comme après la victoire électorale de 2015, j’ai écrit et dit que si les dirigeants de Syriza pensaient ce qu’ils proclamaient, ils iraient dans le mur. Car la position de l’UE n’était pas rationnelle (ce qu’a confirmé l’ex-ministre des Finances Varoufakis dans ses témoignages sur les « négociations » de l’Eurogroupe) mais bien idéologique. Dès lors, le discours de Syriza n’était justifiable que dans la mesure où il permettait d’accéder au pouvoir, dans un pays où la peur des conséquences d’une sortie de l’euro était encore forte, puis de faire la démonstration devant le peuple qu’aucune solution raisonnable n’étant acceptable dans la logique qui sous-tend l’euro, la question qu’il reviendrait à ce peuple de trancher était de savoir s’il préférait rester dans l’euro, ce qui supposait la poursuite des mêmes politiques, ou changer de politique, ce qui supposait de sortir de l’euro. Et nous fûmes un certain nombre à croire, lors de l’annonce du référendum de juillet 2015, que c’était bien la stratégie du gouvernement – jusqu’à ce que celui-ci trahisse, presque immédiatement, le mandat qu’il avait sollicité et reçu.

Je n’avais pas envisagé la troisième solution quant à l’explication du discours de Syriza : qu’il était le paravent, au niveau du petit groupe de dirigeants, ou d’une partie de celui-ci, d’un opportunisme dont le but était d’occuper la place d’un système politique failli et effondré – celui de la Nouvelle démocratie (ND, droite) et du Parti socialiste panhellénique (PASOK) qui avaient alterné au gouvernement depuis le rétablissement de la démocratie en 1974 –, puis de se maintenir au pouvoir à n’importe quel prix.

Combien de mesures exactement contraires aux convictions affichées de Syriza ont été ratifiées par le deuxième gouvernement Tsipras ? Une capitulation n’est jamais que l’acte initial d’une série sans fin de capitulations. Jusqu’à l’automne 2016, celles-ci ont été justifiées par la perspective d’obtenir, en échange, un allègement de la dette – perspective fallacieuse, puisque le refus allemand d’une telle opération est tout autant idéologique que le refus de tout « accommodement raisonnable » en 2015 – idéologique et électoral, car dans une situation où elle se trouve concurrencée sur sa droite par l’AfD, la chancelière Merkel ne peut consentir la moindre concession à la Grèce.

Comme il était prévisible, la négociation sur la dette n’a donc abouti qu’à des mesures symboliques, en aucun cas susceptibles de permettre un rebond de l’économie grecque. Ces mesures ont d’ailleurs été suspendues par l’UE aussitôt que Tsipras a annoncé, en décembre 2016, quelques « cadeaux de fin d’année » pour les plus pauvres, pourtant eux aussi symboliques, manifestant ainsi que la Grèce était en réalité devenue – comme on disait au XIXe siècle pour des États formellement indépendants mais tenus dans une étroite dépendance par leurs créanciers d’Europe occidentale – une « colonie sans drapeau ».

Dans ces conditions, les discussions de ces dernières semaines ne pouvaient qu’aboutir au résultat auquel elles ont abouti. On sait depuis longtemps déjà que le FMI n’aurait pas dû participer aux plans indûment nommés « plans d’aide », puisqu’ils ne font que maintenir la Grèce dans un état de dépendance et aggravent la situation des Grecs. Pour le faire, le Fonds a en effet enfreint ses propres règles, en même temps qu’il a ignoré les analyses produites en son sein prouvant que les effets récessifs des politiques imposées à la Grèce avaient été massivement sous-évalués, puis que les politiques appliquées ne pouvaient qu’échouer sans une véritable restructuration de la dette permettant sa soutenabilité – une restructuration à laquelle se refuse le gouvernement allemand. Et il semble bien que, au nom des convenances électorales de Mme Merkel, le FMI soit une fois de plus en passe d’accepter ce qu’il devrait refuser au regard de ses propres principes, l’absence de restructuration le conduisant, une fois de plus et de manière absurde, à exiger davantage de mesures récessives dont on sait qu’elles ne feront qu’aggraver encore et toujours la situation.

La course à l’abîme et aux « réformes » structurelles, à la baisse des pensions (alors qu’en raison du chômage de masse, des familles entières n’ont plus que la pension de l’aïeul comme seul revenu régulier) et à la liquidation de ce qui reste d’État social aussi bien que de patrimoine national va donc se poursuivre. À la Vouli (le Parlement), le Premier ministre Tsipras a présenté cette nouvelle capitulation comme un « compromis honorable » consistant à aller « au-delà de l’austérité », à « en finir avec les plans d’aide » et à « faire sortir le pays de la crise ». Alors qu’il s’agit juste du contraire : cette inversion de la parole politique posant la question désormais centrale en Grèce : celle de la démocratie.

Déjà, l’adoption des trois mémorandums avait constitué une négation du droit d’amendement des députés et des prérogatives du Parlement, fondements de la démocratie représentative qui figurent parmi les principes dont se réclame l’UE. Puis, au lendemain de la victoire électorale de Syriza en janvier 2015, Jean-Claude Juncker affirma qu’il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. Aujourd’hui, le même président de la Commission répond par lettre à deux députés grecs au Parlement européen – qui arguaient des principes mêmes de l’UE pour demander le rétablissement des conventions collectives abolies par les mémorandums – que « les mesures convenues dans le cadre d’un programme d’ajustement n’ont pas nécessairement à se conformer à l’acquis européen » et que « lorsque des mesures nationales sont convenues dans le cadre d’un programme d’ajustement, la Grèce ne met pas en œuvre la législation européenne et, par conséquent, la Charte des droits fondamentaux de l’UE ne s’applique pas comme telle dans les mesures grecques ». Autrement dit, l’UE est habilitée, en Grèce, à violer les principes sur lesquels elle prétend se fonder.

Dans ces conditions que reste-t-il des droits fondamentaux, économiques et sociaux, proclamés et garantis par la Constitution du 9 juin 1975 ? Quelle est encore la crédibilité de Syriza, dont toute la campagne pour les élections de janvier 2015 fut axée sur la volonté de rendre sa dignité au peuple grec, Tsipras annonçant, le soir même de la victoire, que son gouvernement serait « chaque mot de la Constitution » ? Que subsiste-t-il, en Grèce, d’un État de droit que l’UE prétend ranger au nombre de ses principes fondateurs et qu’elle a vaporisé, en Grèce, depuis 2010 ? Quelle est encore la crédibilité des mécanismes démocratiques – vidés de sens et de contenu par l’UE – et la crédibilité de la parole des formations politiques ?

On sait que, après 2009, le PASOK qui, depuis les années 1980 réunissait autour de 40 % des suffrages, s’est effondré sous les 10 %, et que la ND, dont l’audience électorale était du même ordre est tombée à 18,85 % en mai 2012 pour se stabiliser entre 27,8 % et 29,7 % aux trois scrutins suivants (juin 2012, janvier puis septembre 2015). Alors que beaucoup de Grecs pensent que le gouvernement Tsipras est en sursis et que de nouvelles élections législatives se tiendront à plus ou moins brève échéance, les sondages donnent la ND et le PASOK à des niveaux du même ordre (sous les 30 % pour la ND, autour de 6 % pour le PASOK). D’autant que la ND est désormais dirigée par Kyriakos Mitsotakis, rejeton d’une des familles les plus caricaturales du vieux système clientéliste, qui affiche sa grande proximité avec l’Allemagne afin d’accréditer l’idée qu’on lui concédera, à Berlin, ce qu’on a refusé à ses prédécesseurs, ce qui, vu l’état de l’opinion grecque et le fort ressentiment à l’égard de l’Allemagne, est à double tranchant. De surcroît, ce leader, à la popularité déjà bien faible pour un chef du principal parti d’opposition candidat au poste de Premier ministre, est périodiquement mis en cause pour son implication présumée dans le plus grand scandale de corruption qu’ait jamais connu la Grèce – celui des innombrables pots-de-vin versés par l’Allemand Siemens. C’est dire combien le discrédit frappant Syriza, qui a obtenu 16,8 % en juin 2012, 36,3 % en janvier 2015, 35,4 % en septembre et se retrouverait autour de 15 %, ne profite pas aux formations de l’ancien système.

Les sondages semblent indiquer aussi que disparaîtrait de la Vouli le parti centriste pro-européen Potami (Le Fleuve), dont la fonction, comme Ciudadanos en Espagne ou Macron en France aujourd’hui, est de fournir une « roue de secours » à des majorités épuisées, en se réclamant de la nouveauté et de la modernité. Il en irait de même de l’Union des centres, entrée à la Vouli en septembre 2015, ainsi que des Grecs indépendants, scission de la ND qui s’affichait souverainiste, mais qui, partenaire de coalition de Syriza, subit logiquement les conséquences du rejet de la politique du gouvernement.

Dans l’état actuel, seuls les néonazis d’Aube dorée (prétendument partisans d’une sortie de l’euro et de l’UE) et les communistes orthodoxes du KKE (favorables la sortie de l’euro et au « désengagement » de l’UE) semblent en position de tirer une partie des marrons du feu – les uns et les autres restant néanmoins en-dessous de 10 %. Enfin les différentes formations qui se trouvent à la gauche de Syriza – l’EPAM, qui défend depuis le plus longtemps une sortie de l’euro ; ANTARSYA, gauche anticapitaliste et libertaire ; Unité populaire, issue de l’aile gauche de Syriza, et Cap sur la liberté de l’ancienne présidente du Parlement, Zoé Konstantopoulou, qui ont quitté Syriza après la capitulation de juillet 2015 – admettent désormais tous, plus ou moins ouvertement, la nécessité, avant ou après une négociation, d’une sortie de l’euro, voire de l’UE. Mais ces partis sont pour l’heure incapables de présenter un front commun et aucun d’entre eux ne semble en mesure d’obtenir une représentation parlementaire.

Dans ce paysage politique ravagé, par les injonctions européennes et les reniements de Syriza, beaucoup de Grecs estiment que si des élections intervenaient, elles ne serviraient à rien. Elles seraient les septièmes depuis 2007, aucune assemblée n’étant depuis cette date allée au terme de son mandat : ce qui montre à quel point les politiques européennes ont rendu le pays ingouvernable.

Le score étriqué que les sondages accordent à la ND et au PASOK risque en outre de ne pas leur permettre de pouvoir reconduire une coalition qui a gouverné le pays entre 2011 et 2015 (il faut totaliser autour de 40 % des suffrages pour obtenir une majorité absolue à la Vouli). À moins que le véritable but de Tsipras ne soit aujourd’hui de revenir avec assez de députés pour être indispensable à une formule de « grande coalition » qui se généralise en Europe à mesure que le rejet, par les peuples, des politiques induites par l’appartenance à l’euro et à l’UE réduit l’audience électorale des anciens partis de gouvernement : si l’on ajoute aujourd’hui les scores donnés à ces trois partis qui ont gouverné la Grèce depuis 1974, on parvient à peine à 50 % du corps électoral ! Et quelle serait d’ailleurs la viabilité d’une telle combinaison, dès lors qu’il s’agira, de toute façon, de poursuivre la même politique sous la même tutelle ? Ne serait-ce pas, surtout, la meilleure façon de permettre l’ascension électorale d’Aube dorée ?

Quant à l’abstention qui a atteint 43,5 % en septembre 2015, dans un pays où le vote est obligatoire et où la participation tourna longtemps autour de 80 %, elle sera le meilleur baromètre du discrédit, non de tel ou tel parti, mais bien de la démocratie elle-même. Sur le terrain en tout cas, l’épuisement psychique et parfois physique, en même temps que le rejet de toute parole politique, est sensible chez beaucoup.

Les perspectives apparaissent dès lors bien sombres. L’échec de Syriza a en réalité tué, et sans doute pour longtemps, l’idée qu’une alternance soit autre chose qu’un leurre permettant de poursuivre une politique déterminée ailleurs et hors de tout contrôle démocratique. La contestation sociale ne s’est jamais éteinte. Mais les niveaux de mobilisation sont loin des hautes eaux de 2010. Si les grèves et les manifestations sont permanentes, elles restent catégorielles, éclatées, elles ne coagulent pas (encore ?) en un mouvement populaire puissant capable d’emporter le régime comme ce fut le cas en Argentine, dans des conditions économiques et politiques assez comparables, en 2001 – depuis le début de la crise, remarquons que l’image d’un hélicoptère survolant le Parlement grec, en référence à celui qui exfiltra alors le président De la Rua de la Casa Rosada, est un classique de l’iconographie des manifestants.

De même, l’armée a-t-elle été dépolitisée depuis le retour de la démocratie en 1974, alors que, depuis l’indépendance, elle était intervenue maintes fois dans la vie politique, qu’il s’agisse de « coups » d’extrême droite (le plus connu étant celui des Colonels en 1967) ou d’officiers modernisateurs (en 1909, le coup de Goudi inaugura une des périodes de modernisation et de démocratisation les plus intenses de l’histoire du pays). Peut-on pour autant exclure que, si Erdogan envenimait la situation en mer Égée – dans une stratégie de fuite en avant classique pour des régimes autoritaires en difficulté intérieure –, une partie de l’armée considère que les gouvernements successifs, qui ont accepté le carcan imposé par l’UE, ont mis en danger les intérêts supérieurs de la nation ? Il est certain, en tout cas, que la fragilisation de la démocratie par l’UE rouvre un champ des possibles qui semblaient ne plus l’être depuis longtemps.

Un autre possible paraît d’ailleurs s’ouvrir avec l’arrivée au pouvoir du nouveau président américain et la dernière pseudo-négociation sur la poursuite de la participation du FMI au processus de mise en tutelle de la Grèce appelé « plan d’aide », qui a donné l’occasion au ministre des Finances allemand Schäuble d’agiter une fois encore la menace d’un Grexit forcé. Sur la chaîne Bloomberg, l’économiste Ted Malloch, pressenti par le président Trump pour représenter les États-Unis auprès de l’UE (où certains s’activent à empêcher cette nomination considérée hostile), a déclaré le 5 février dernier que la Grèce ne pouvait continuer à souffrir ainsi de stagnation, ajoutant : « je ne veux pas parler à la place des Grecs, cependant du point de vue d’un économiste, il y a de très fortes raisons pour la Grèce de quitter l’euro », ce qui devrait, selon lui, être assorti d’un plan d’accompagnement.

Venant peu après l’entretien accordé par le président Trump au Times (16 janvier) dans lequel ce dernier se prononçait en faveur de la conclusion rapide d’un accord commercial bilatéral avec le Royaume-Uni et d’une aide américaine aux pays qui choisiraient de quitter l’UE, la déclaration de Malloch a bien sûr été entendue à Athènes. Il faut rappeler ici combien une partie des « élites politiques » grecques, quelle que soit leur appartenance partisane – y compris des membres du groupe dirigeant de Syriza et de l’actuel gouvernement –, est intimement liée aux États-Unis où nombre d’hommes politiques grecs (qui parlent parfois mieux l’anglais que leur langue « maternelle ») ont été formés, où ils ont souvent accompli tout ou partie de leur vie professionnelle.

C’est dans cette perspective qu’il faut dès lors considérer ce que, dans son précieux blog, l’historien et ethnologue Panagiotis Grigoriou, relevait récemment quant aux rumeurs de plus en plus insistantes d’un retour à la drachme – une drachme adossée au dollar. Pour l’observateur de la politique grecque, il ne serait pas très étonnant de voir une partie de ces élites, à la fois coincées dans l’impasse de l’euro allemand et habituées à être les courroies de transmission d’un étranger dominant, envisager de troquer une tutelle euro-allemande inflexible, et de plus en plus impopulaire, contre un retour à la tutelle américaine espérée moins contraignante, plus bienveillante – à un moment où, pour les États-Unis, l’importance géostratégique de la Grèce (et donc l’intérêt d’y être plus présents) pourrait être réévaluée alors que le régime islamo-autoritaire d’Erdogan devient de plus en plus imprévisible.

En Grèce en tout cas, la magie de l’euro semble désormais ne plus vraiment fonctionner : pour la première fois, un sondage donne une majorité, et très nette : 54,8 % (soit 29,6 % des électeurs de la ND et 66,2 % de ceux de Syriza lors des dernières élections législatives) sinon pour une sortie de l’euro par principe, du moins pour un rejet des nouvelles mesures exigées par les créanciers, même si cela doit conduire à une sortie de l’euro et un retour à la drachme, 32,2 % des personnes interrogées se prononçant pour l’acceptation et le maintien à tout prix dans l’euro.

Pour ceux qui, comme moi, pensent depuis le début de la « crise grecque » que l’euro en a été la cause essentielle, la prise de conscience de l’opinion que semble traduire ce sondage est sans doute une raison d’espérer que le peuple grec trouve enfin une issue à la triple impasse actuelle. Il reste que le temps perdu ne se rattrape pas et que la sortie – de toute façon inéluctable – serait plus dure aujourd’hui qu’elle ne l’aurait été en 2010, 2012 ou 2015 parce que, tout au long de ces années sacrifiées, le potentiel productif – et donc de rebond – n’a cessé de fondre. Pour les mêmes raisons, cette sortie sera plus difficile demain qu’aujourdhui ; elle le sera d’autant plus qu’elle sera imposée ou/et improvisée, au lieu d’être choisie, préparée et négociée.

Pour aller plus loin, on peut également regarder ce reportage sur la Troïka :

Publié par Coralie delaume fr

Sur les réfugiés semaine 14

3/4/17 Le cri de détresse des réfugiés de Moria ( Lesbos) : Des réfugiés ont improvisé une manifestation de Moria au camp de Kara Tépé ce matin pour protester contre leur détention dans ce camp. Les manifestants, pour la plupart des jeunes hommes africains, ont « surpris » la police en descendant à pied de Moria au camp de Kara Tepe, en utilisant les anciens chemins, puis ont fermé pendant environ une heure, la route principale, soulevant des pancartes improvisées et en criant des slogans rythmés comme «Moria No Good» d, «Liberté » , « Arrêtez les déportations », « ouvrir les frontières », « Nous ne sommes pas des esclaves » et « flics racistes » Puis ils se retirèrent paisiblement, mais il était évident que beaucoup d’entre eux ont dépassé leurs limites après ne voir aucune perspective de transit en Europe. https://youtu.be/tHHlEPyaSzw

31/3/17 AFP Grèce : asile incertain ou renvoi aidé, les migrants devront choisir :  La Grèce va limiter l’accès aux rapatriements subventionnés offerts aux migrants, afin de lutter contre le recours « abusif » de certains aux procédures d’asile, a-t-on appris vendredi auprès du ministère à la Politique migratoire.

Les nouvelles règles, qui doivent être adoptées « ces prochains jours » doivent exclure de l’accès aux rapatriements volontaires les migrants ayant fait appel d’un rejet de leur demande d’asile en première instance, a précisé une source du ministère.

Ces programmes, gérés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), offrent aux migrants des retours encadrés dans leurs pays, assortis d’une allocation de 500 euros pour faciliter leur réintégration.

Près de 7.000 personnes ont recouru à cette option depuis la fermeture de la route des Balkans fin février-début mars 2016 et l’entrée en vigueur le 20 mars 2016 du pacte UE-Turquie visant au renvoi vers la Turquie des nouveaux arrivés en Grèce, selon le responsable de l’OIM en Grèce, Daniel Esdrass.

Les autorités grecques, en coopération avec la Commission européenne, qui finance ces programmes, avaient déjà décidé cet automne de les ouvrir aux migrants économiques normalement soumis à l’accord UE-Turquie, et bloqués sur les îles d’entrée en Grèce.

Près de mille d’entre eux ont ainsi été rapatriés, au lieu d’être renvoyés en Turquie, a précisé M. Esdrass, avec une allocation de retour de 1.000 euros au lieu de 500.

Mais selon le ministère, des milliers de migrants économiques continuent d’épuiser toutes les procédures d’asile pour retarder, voire éviter, leurs renvois.

« Cela engorge le système d’asile », qui croule actuellement sous 57.000 demandes à traiter, « surcharge les îles et encourage le trafic migratoire », beaucoup des migrants déboutés en première instance disparaissant dans la nature avant l’issue de leurs appels, a souligné la même source.

Le tour de vis grec coïncide aussi avec une modification des flux vers les îles, les réfugiés y étant devenus minoritaires par rapport aux personnes considérées comme des migrants économiques (notamment Pakistanais et Maghrébins), constatent tant le ministère que l’OIM.

L’avis de l’OIM n’a pas sollicité sur ces limitations, les programmes de rapatriements volontaires relevant uniquement du bon vouloir et de la compétence des États acceptant de les mettre en place, a relevé M. Esdrass.

http://www.lalibre.be/actu/international/grece-asile-incertain-ou-renvoi-aide-les-migrants-devront-choisir-58de3a78cd70eeb6172dce66

30/3/17 AFP Grèce : Un réfugié syrien tente de s’immoler par le feu : Un réfugié syrien a été grièvement brûlé en tentant de s’immoler par le feu jeudi sur l’île de Chios, où sont bloqués des milliers d’exilés en vertu du pacte migratoire UE-Turquie, a indiqué l’agence de presse grecque Ana.

L’homme, qui porte des brûlures sur 90% du corps, devait être transféré dans la soirée dans un hôpital d’Athènes, a précisé l’Ana.

Selon l’agence, il a tenté de s’immoler pour protester contre son maintien à Chios dans l’attente de l’examen de sa demande d’asile. Il a été sauvé par un policier, lui-même hospitalisé pour des brûlures à Chios.

Un correspondant de la BBC en Grèce a posté sur Twitter une vidéo présentée comme prise lors du drame.

Les images montrent un jeune homme tenant un bidon et s’adressant à des résidents d’un camp de réfugiés, puis prendre feu à l’approche d’un policier venu le maîtriser, déclenchant cris de panique et pleurs parmi les témoins.

Selon le site «Chios refugee info», qui publie également la vidéo, l’incident est arrivé après qu’«un policier, évidemment non formé, est tombé sur le Syrien et tous les deux sont tombés sur un mur et le feu a commencé».

Le Syrien, qui ne pouvait pas supporter les conditions déplorables du camp, «souhaitait parler à quelqu’un, puis la police est arrivée et l’incident est survenu», a témoigné sur ce site un autre réfugié.

Par ailleurs, en début de semaine, un autre réfugié syrien avait lui été retrouvé pendu sur le port du Pirée, près d’Athènes. La police enquête sur les causes de son décès.

Les ONG ne cessent de mettre en garde contre le désespoir gagnant les dizaines de milliers de réfugiés et migrants bloqués en Grèce, qu’ils soient dans l’attente d’une relocalisation en Europe pour ceux arrivés avant le pacte UE-Turquie, ou rassemblés sur les îles et en principe voués au renvoi en Turquie.

Pour éviter cette option, la plupart de ces derniers ont déposé des demandes d’asile en Grèce, dont l’examen prend de longs mois, les services étant débordés.

Film sur la montée de l’extrême droite en Grèce …et en Europe ?

Le collectif Grèce-austérité de Grenoble vous invite à la projection-débat du film

 

Aube dorée : une affaire personnelle

Que se passe-t-il dans la tête du néo nazi de tous les jours ?

Le Lundi 10 avril 2017 à 19h45

au cinéma Le club 9 bis rue Phalanstère à Grenoble

suivie d’un débat avec Angélique Kourounis réalisatrice

correspondante de Radio France en Grèce, de Charlie Hebdo, Politis .

Synopsis

Mon homme est juif, un de mes fils gay, un autre anar et moi féministe de gauche, fille d’immigré. Si Aube Dorée vient aux affaires notre seul problème sera dans quel wagon nous monterons.

Une journaliste enquête depuis des années sur l’organisation du parti néo nazi grec Aube Dorée

L’effondrement économique, l’instabilité politique, et les relations familiales sont au premier plan de ce documentaire qui essaie de comprendre ce qui se passe dans la tête des Aubedoriens qui se posent en victimes du système.

Une Aube Dorée qui ne s’est jamais cachée quant à son idéologie. Ses scores aux élections dans le passé étaient peut être négligeables, mais cette idéologie défendue par une partie du clergé, cultivée par la plupart des média, et transmise par le système politique est devenue le terreau sur lequel l’organisation a pu se développer.

La réalisatrice approche la question d’Aube Dorée via ses propres obsessions, ses inquiétudes et ses peurs. Elle a dédié plusieurs années de travail à ses recherches autour du parti néo nazi grec qui occupe toujours la troisième place sur l’échiquier politique grec après des décennies d’actions meurtrières. C’est son troisième film sur la question, et le premier documentaire d’auteure.

Documentaire de 90′ d’Angélique Kourounis

Une production d’ OmniaTV en coproduction avec Arte et Yemaya Productions

Avec le soutien de : Reporters Sans Frontières-Hellenic League for Human Rights -Rosa Luxemburg Stiftung – Grèce, Charlie Hebdo- Politis- Attac 38- CADTM 38.

VioMe à la MDA : une soirée solidaire

Mercredi 29 mars le collectif organisait une soirée de soutien aux travailleurs de l’usine VioMe de Thessalonique en lutte depuis 2011 et qui ont repris leur usine en coopérative ouvrière.

Après avoir rappelé la visite de Makis, représentant emblématique de cette lutte, le 31 mars 2016 à Grenoble et sa rencontre avec les salariés d’Ecopla, la projection du film « Next stop : Utopia » de Apostolos Karakasis pouvait commencer.

Le film : Tourné en 2015 juste avant l’arrivée d’Alexis Tsipras au pouvoir. Le réalisateur a suivi les salariés dès le moment où ils décident d’ouvrir les portes de l’usine et de prendre leur avenir en main.

Un film émouvant, plein d’humour parfois, qui ne cache rien des difficultés concrètes de l’autogestion, surtout lorsqu’on a été habitué à être commandé. Il montre tout l’investissement personnel de chacun avec parfois des découragements et des abandons pour certains. Mais ce qui marque ce film, c’est la force et la hargne de ces salariés qui vont se confronter aux difficultés administratives tenant à leur situation juridique incertaine.

La visite de Naomi Klein, dont le discours est toujours d’actualité, la rencontre avec les salariés Zanon en Argentine (qui eux ont fêté les 10 ans de résistance dans les mêmes conditions), leur apportent un soutien moral et une reconnaissance internationale.

Lorsqu’un des salariés explique comment la patronne a coulé l’entreprise en alimentant une société mère déficitaire, cela n’est pas sans rappeler l’exemple d’une autre entreprise en Isère dont l’issue n’a pas été la même.

La force du soutien populaire, la constitution d’un comité de soutien et l’aide internationale font qu’à ce jour ils sont toujours en activité mais toujours menacés d’expulsion.

Des salariés VioMe en direct avec la salle : Le moment fort de cette soirée a été l’entretien en direct avec un des salariés de VioMe via une connexion vidéo par skype. Le public présent dans la salle a pu échanger avec lui grâce à la traductrice Sophia Apostoulou, professeur de grec à Grenoble, qui avait déjà aidé le collectif lors de la rencontre avec les salariés d’Ecopla en 2016.

Extraits de quelques questions du public  :

Combien sont-ils maintenant de salariés à vivre de l’activité ? 16 dont 6 nouveaux.

Est ce qu’ils bénéficient d’une couverture sociale ? oui pour les nouveaux mais pas les anciens car ils sont toujours en procès avec l’ancienne patronne.

Dans le film, on voit Alexis Tsipras, venu juste avant son élection pour leur promettre une solution.

Est ce qu’il est venu ou les a reçus depuis son élection : Non.

Qu’est ce qu’ils demandent à la justice : Que soit dissocié 1/6 du terrain qui ne serait pas mis aux enchères pour qu’ils gardent leur outil de production.

Qu’est ce qui manque pour que cette solution soit mise en place : une volonté politique.

Est ce que les commandes groupées de France participent à les soutenir et quel est le volume pour l’ensemble de la France ? En 2015 les ventes internationales représentent 72% dont la France 30 à 40%. Les commandes permettent de faire connaître leur lutte.

Est ce qu’ils payent l’électricité, l’eau et un loyer ? Non ils ne les payent pas et quand on vient leur couper l’électricité ils font en sorte de la rétablir.

Si une solution juridique est trouvée, comment vont-ils faire s’ils doivent payer l’électricité et l’eau ? Dans ce cas, leur situation juridique sera régularisée, et ils pourront alors augmenter la production avec des ventes dans les circuits commerciaux, car pour le moment ce ne sont que des ventes solidaires.

Est ce que la pétition lancée en France par le CSPG de Lyon peut les aider ? Ils n’en mesurent pas la portée mais ils pensent qu’il faut la faire signer à un maximum de gens.

A la fin du film on comprend que les travailleurs qui ne veulent plus continuer risquent de les attaquer en justice est ce le cas ? Non ce n’ était que des menaces mais elles n’ont pas été mises en œuvre.

Les réactions de la salle : le public a été impressionné par la qualité du film, qui ne cherche pas à masquer les difficultés mais qui montre l’extrême volonté et la force de ces salariés.

Point sur les commandes : Vous pouvez encore faire parvenir vos commandes avant le 5 Avril selon les modalités suivantes http://www.infoadrets.info/grece/soutenons-les-viome-commandes-de-produits/

Le Parti de gauche 38 soutient cette lutte en mettant à disposition tout comme l’année dernière son local situé 12 rue des Arts à Grenoble pour une quinzaine de jours lors de la livraison et récupération des produits.

La pétition initiée par le CSPG de Lyon : Elle s’adresse à l’ambassadeur de Grèce en France avec copie à certains membres du gouvernement grec. Elle est plus que jamais d’actualité. Les salariés ont été clairs pendant l’intervention ils ont besoin du soutien international.

https://www.change.org/p/gouvernement-de-la-r%C3%A9publique-hell%C3%A9nique-soutenir-les-travailleurs-de-viome-en-gr%C3%A8ce?recruiter=694969643&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

Texte fourni par les travailleurs sur leur demande d’usage des locaux : INFORMATION CONCERNANT LA DEMANDE DES TRAVAILLEURS DE VIOME fr

Cette soirée a été très riche que ce soit par le film ou l’actualisation de la situation des Viome. Paradoxalement, alors que très souvent on entend le public dire que les médias ne parlent plus de la Grèce (comme si tout allait bien alors que la situation est de plus en plus dramatique), il apparait que lorsqu’il y a une soirée en soutien au peuple grec il n’y a pas le public à hauteur de la cause.

Merci à ceux qui se sont déplacés pour soutenir cette action.

Grèce selon l’UNICEF : Détérioration dramatique des conditions de vie des enfants

Le Comité national grec de l’Unicef tire la sonnette avec son rapport pertinent sur les effets dévastateurs de la crise et des politiques d’austérité sur les les ménages vivant avec des enfants en Grèce pendant ces années de crise et de mise en œuvre des politiques l’austérité.
Parmi les constatations et les conclusions du rapport:
⇒ Les enfants font maintenant face à un risque significativement plus élevé de la pauvreté et la privation par rapport à la population totale.
⇒ Au cours de la crise, le bien – être des familles avec des enfants est plus affecté que le reste de la population du pays.
⇒ Un demi – million d’ enfants dans le pays vivent dans des familles pauvres.
⇒ L’expérience de la pauvreté pendant l’ enfance conduit à l’ accumulation des difficultés qui auront une incidence négative sur leurs réalisations futures à l’ âge adulte, contribuant ainsi à la reproduction de la pauvreté et de l’ inégalité.
⇒ Près d’ un enfant sur deux en Grèce vivent dans des conditions de privation matérielle *. Avec le chiffre de 45%, la Grèce est de loin l’endroit où les enfants sont confrontés à la plus grande privation matérielle parmi les 14 membres les plus anciens pays de l’ UE.
⇒ La pauvreté et la privation rend impérative la conception et la mise en œuvre de politiques appropriées pour soutenir et renforcer les familles avec enfants.
⇒ Le soutien des familles avec enfants devrait devenir une priorité dans l’agenda politique du gouvernement.
⇒ Le soutien des familles avec enfants devrait reposer sur des politiques publiques grâce à une combinaison appropriée des prestations (en nature et en espèces) et les paramètres (par exemple un congé parental ou d’ installations pour l’harmonisation du travail et de la vie familiale).

L’UNICEF organisera jeudi 6 Avril son grand « Radio-marathon » annuel avec le soutien et la coopération de la radio grecque, qui participe avec tous ses programmes et le soutien des grandes stations de radio privées sur le thème central « Pour chaque enfant qui a faim, à côté de nous ou loin de nous ».

* L’indice des mesures de privation matérielle de l’incapacité des ménages à répondre à certains besoins fondamentaux (biens et services) qui sont considérés comme essentiels pour le bien-être et le niveau de vie des personnes, comme le paiement des factures de services publics, de répondre aux besoins financiers d’urgence, une bonne nutrition, un chauffage adéquat, 1 semaine de vacances et l’accès aux biens de consommation durables particuliers. Une privation expérience des enfants, ils vivent dans un ménage qui ne satisfait pas au moins 3 des 9 besoins de base sélectionnés. Dans le dénuement extrême sont les ménages qui sont incapables de répondre à quatre de ces 9 personnes.

Μισό εκατομμύριο παιδιά στη χώρα ζουν σε φτωχές οικογένειεςΠέμπτη 6 Απριλίου – Μεγάλος Ραδιομαραθώνιος UNICEF με την Ελληνική Ραδιοφωνίακαι την
unicef.gr

L’indépendance et la responsabilité de la BCE en question

28/3/17 par Martine Orange de Médiapart

Au nom de quoi la banque centrale européenne prend-elle ses décisions et auprès de qui rend-elle des comptes? Un rapport de Transparency International revient sur son indépendance. Si l’ONG reconnaît que la BCE a été essentielle pour éviter la dislocation de la zone euro, elle remet en cause ses méthodes.

Il suffit de voir l’affluence à chaque conférence mensuelle de Mario Draghi pour mesurer l’importance prise par la banque centrale européenne (BCE). Avant la crise financière de 2008, les réunions mensuelles de l’institution monétaire européenne – comme de toutes les banques centrales d’ailleurs – étaient superbement ignorées, sauf par une poignée de spécialistes. La chute de Lehman Brothers, puis la crise de la zone euro ont radicalement changé la donne.

De ces neuf ans de crise, la BCE émerge comme le principal voire l’unique acteur qui a sauvé la zone euro de la désintégration. Tandis que les gouvernements et les responsables européens pataugeaient, elle a fourni les centaines de milliards d’euros qui ont permis d’abord de sauver les banques puis de maintenir un système européen en péril. Mais la médaille a son revers. La BCE est aussi membre de la Troïka qui a imposé les politiques les plus dures aux pays en difficulté. Elle est celle qui pousse aux réformes structurelles dans toute l’Europe. Celle qui n’a cessé de faire un chantage sur la Grèce au point de mener un coup de force financier en 2015 pour pousser le gouvernement de Syriza à accepter l’inacceptable.

Son rôle est tellement associé aux politiques d’austérité imposées dans toute l’Europe que les mouvements de contestation ne s’y trompent pas. Ils manifestent à Francfort, où siège la banque, plutôt qu’à Bruxelles, pour protester contre la Troïka ou contre la dictature de la BCE.

Car tout cela est imposé au nom de quoi, de qui ? Auprès de qui la BCE rend-elle des comptes sur ses choix, qui ont des répercussions sur plus de 500 millions de citoyens européens ? s’interroge l’ONG Transparency International, dans un rapport publié le 28 mars. « La relation entre l’indépendance de la BCE, son mandat, sa responsabilité sont au cœur de ce rapport. Cet arrangement est destiné à assurer une légitimité à une institution qui a été délibérément placée en dehors du champ démocratique. Compte tenu de son indépendance, rendre des comptes pour la BCE consiste plus à répondre à des questions qu’à être soumis à un contrôle démocratique », écrit en préambule Transparency International, qui demande une transformation d’urgence, « si l’euro veut survivre à une prochaine crise ».

Défendu par les monétaristes dans les années 1970 – à l’époque où l’inflation était très forte –, ce concept d’indépendance des banques centrales a été appliqué à partir des années 1980 dans toutes les économies avancées. L’indépendance de la BCE a été gravée en lettres d’or dès sa création, l’Allemagne en faisant une condition impérative à sa participation à l’euro. Son seul mandat est « d’assurer la stabilité des prix ». Cette indépendance est censée lui permettre d’agir en dehors de toute pression politique. La banque centrale européenne a ses propres règles de fonctionnement, son autonomie financière, et ses membres sont irrévocables, sauf faute lourde constatée par la Cour européenne de justice. Au nom de la séparation entre la monnaie et le budget, il lui est interdit de financer les gouvernements.

En théorie, les banques centrales n’ont aucun rôle politique. Une théorie très discutable, insiste le rapport. « Pour parvenir au travers des taux au jour le jour sur le marché monétaire interbancaire à influencer les prix à la consommation, cela doit passer par le marché monétaire, par le marché des capitaux, par le marché du travail et par les marchés des biens et services. En d’autres termes, le mécanisme de transmission de la politique monétaire englobe toute l’économie. » Les politiques des banques centrales ne sont pas pour rien dans la « grande modération » qui a touché tous les salariés occidentaux à partir des années 1990, rappelle Transparency International.

Si la question de l’absence de contrôle démocratique sur les banques centrales avant la crise pouvait déjà être discutée, la pertinence d’un maintien de l’indépendance des institutions est encore plus sujet à caution aujourd’hui. L’ancien secrétaire américain au trésor, Larry Summers, s’est d’ailleurs publiquement prononcé pour en finir avec l’indépendance de la FED, compte tenu des défis économiques actuels : la politique de la banque centrale devrait, selon lui, être arrêtée en accord avec le gouvernement et être soumise au même débat démocratique.

Le rapport de Transparency International rejoint cette interrogation, à partir d’un autre constat : « La question de la légitimité et des limites de l’indépendance de la banque centrale devient beaucoup plus compliquée dans un environnement macro-économique déflationniste, dans lequel atteindre l’objectif de stabilité des prix engage des actions de la banque centrale qui vont bien au-delà du pilotage des taux d’intérêt à court terme sur le marché interbancaire », insiste-t-il, à la vue du bilan hors norme de la BCE depuis le lancement sa politique non conventionnelle (quantitative easing). Celui-ci atteint presque les 4 000 milliards d’euros – contre moins 1 000 milliards avant 2007 –, surchargé par les crédits aux établissements financiers et les rachats de titres de dettes souveraines et des grandes entreprises privées.

Depuis le début de la crise, la BCE est de fait largement sortie de son mandat. Au nom de l’urgence, parfois, comme lorsqu’il a fallu tenir à bout de bras le système bancaire européen fin 2008. Pour pallier l’absence de tout autre mécanisme européen pour soutenir l’économie de l’union, comme dans le cas des LTRO (Long term refinancing operations – crédit à taux très bas consentis directement par la BCE aux banques pour se refinancer) mis en œuvre en 2011.

Quelles qu’aient été ses décisions, la BCE ne peut pas nier qu’elle a eu un rôle très politique, même si elle tente d’en minimiser l’importance. Nombre de ses mesures ont été prises avec des arrière-pensées et des calculs politiques. Ainsi le choix de revenir dès 2012 à une politique monétaire restrictive. « Le bilan de la BCE a commencé à se contracter à nouveau dans la seconde moitié de 2012. Certains observateurs ont critiqué la BCE (.. .) soulignant que la politique monétaire était trop restrictive (..) Pourquoi la BCE n’a-t-elle pas engagé un quantitative easing en 2013-2014 ? La réponse réside probablement dans la politique économique de coordination budgétaire et monétaire (…) La BCE a freiné de peur que le stimulus monétaire n’altère les pressions sur les gouvernements pour implanter les réformes structurelles, consolider leurs budgets et mettre en place les régulations pour l’union bancaire », relève le rapport. Ce freinage monétaire selon plusieurs études a fait replonger la zone euro, à peine remise de 2008, dans la crise et le chômage.

Mais qui a décidé cette politique ? À quel moment la BCE a-t-elle été tenue de s’expliquer de ces choix ? Tout a été arrêté dans le secret des discussions au sein du comité exécutif de la BCE. Ce n’est que plus tard, beaucoup plus tard, que Mario Draghi a répondu aux questions du parlement européen sur ce choix. Répondu aux questions, pas débattu démocratiquement des orientations de la politique monétaire de la BCE.

Au-delà de tout mandat

Mais c’est surtout au moment de la crise de l’euro que son rôle a été bien au-delà de toutes les limites institutionnelles. Le rapport a établi une liste impressionnante de ses interventions. Elles ont été incessantes et décisives. C’est Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE, qui intime l’ordre au gouvernement irlandais de ne pas mettre à contribution les détenteurs d’obligations pour renflouer les banques irlandaises en perdition, laissant toute la charge aux contribuables irlandais, puis qui menace en 2011 le ministre des finances irlandais de couper les  financements d’urgence pour assurer la liquidité des banques (ELA pour Emergency liquidity assistance) si l’Irlande n’accepte pas le plan de sauvetage établi par la Troïka.

C’est toujours Jean-Claude Trichet qui écrit secrètement aux gouvernements espagnol et italien pour leur imposer une liste de réformes structurelles, en contrepartie du soutien de la BCE pour enrayer la spéculation sur leurs dettes. La BCE et la commission européenne jugeant le gouvernement de Silvio Berlusconi trop rétif à leurs exigences, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy organisèrent son éviction lors du sommet de Cannes en novembre 2011 pour le remplacer par l’ancien commissaire européen Mario Monti, écrit le rapport, rappelant cet épisode européen peu glorieux.

L’arrivée de Mario Draghi comme successeur de Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE a changé profondément la politique et l’attitude de la banque centrale. Ce qui prouve bien que la politique monétaire n’est pas qu’une affaire de technique, et qu’il y a aussi des hommes, avec leurs convictions, leurs choix politiques. Mais là encore les changements se sont faits sans débat en dehors de l’enceinte de l’institution monétaire. Auprès de qui Mario Draghi a-t-il eu à s’expliquer, si ce n’est auprès du puissant gouverneur de la Bundesbank, Jens Weidmann, et du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, adeptes d’une stricte orthodoxie monétaire ?Mais s’il y a eu un pays à l’égard duquel la politique de la BCE n’a guère changé durant toutes ces années, c’est bien la Grèce. Le rapport de Transparency International reprend toutes les décisions depuis 2009. Il y en a plus de trois pages. Tout au long de cette période, la banque centrale a été un acteur décisif de la crise grecque, notamment au travers de son soutien des banques grecques. Transparency International revient longuement sur l’épisode de février 2015, préambule à la crise de l’été, lorsque la BCE a décidé de couper son soutien aux banques grecques et de rationner y compris les financements d’urgence (ELA). Un coup d’État financier, totalement illégal, qui allait mener à la capitulation du gouvernement de Syriza en juillet, souligne Transparency International.

L’ONG alerte : « La possibilité que le scénario mis en œuvre en Grèce en 2015 se répète est réel. Non seulement les banques dépendent toujours des procédures ELA, mais le volume de ces prêts a recommencé à augmenter depuis juin 2016. Cela intervient dans un contexte où un nouveau bras de fer a été engagé entre le gouvernement grec et ses créanciers autour de la deuxième revue du troisième programme d’ajustement. » Avant d’insister sur la nécessité de sortir les procédures de financement d’urgence des décisions discrétionnaires pour les inscrire dans un cadre légal et prévisible.

« Nous reconnaissons que la BCE a peu de choix dans l’architecture institutionnelle actuelle de la zone euro, qui autorise des politiques élus à fuir leurs responsabilités, forçant ainsi des technocrates non élus à faire “le sale boulot” à leur place », note Transparency International. Afin d’éviter les coups de force secrets, le pouvoir discrétionnaire, l’ONG préconise que les communications de la BCE aux gouvernements nationaux statuant sur les mesures exigées en contrepartie de son soutien monétaire soient cosignées par le président de l’Eurogroupe et par le parlement européen et que ces communications soient publiques. De même, elle recommande que les mesures qui vont au-delà du mandat normal de la BCE fassent l’objet d’un accord avec l’Eurogroupe et le parlement européen, afin de leur donner un fondement politique légal. Enfin, ajoute-t-elle, « la BCE ne devrait plus avoir un rôle substantiel dans la Troïka et ne devrait plus avoir un rôle formel dans la négociation et la surveillance des conditions exigées en contrepartie des fonds versés dans le cadre des plans de sauvetage », insiste Transparency International.Cette nécessité de transparence s’impose aussi pour la BCE dans ses missions de surveillance et de contrôle des banques, selon l’ONG. Car là aussi, les décisions prises par la banque centrale n’ont pas toujours été d’une grande clarté. Transparency International reconnaît que pour des raisons de protection du système bancaire, la discrétion peut être de mise. Néanmoins, l’opacité dans laquelle se déroulent, par exemple, les discussions sur le sauvetage et la recapitalisation de la banque italienne Monte dei Paschi lui paraît plus que discutable. « La situation en Italie montre clairement que le financier, le monétaire et le politique ne peuvent, en pratique, être séparés les uns des autres. (…) Dans les situations critiques, les décisions technocratiques deviennent invariablement politiques et conduisent la BCE à des négociations politiques qui n’ont rien à voir avec la notion de supervision indépendante. (.. .) Il existe seulement deux remèdes à cette situation : un plus grand contrôle démocratique – donc moins d’indépendance – ou, mais ce n’est peut-être pas le plus souhaitable, des processus de décision et de communication plus transparents », conclut le rapport.

La transparence s’impose aussi pour les dirigeants de la BCE. Les décisions de politique monétaire sont d’une telle importance pour le monde financier que celui-ci est prêt à tout mettre en œuvre pour être initiés avant tout le monde, influencer les choix. En la matière, la BCE n’a guère été vigilante. Ce n’est qu’après le faux pas de Benoît Cœuré – qui avait révélé lors d’un colloque financier des mesures de la BCE qui allaient être annoncées quelques heures plus tard – que l’institution monétaire a commencé à établir un code de conduite pour ses membres.

Comme toutes les autres autorités, la BCE n’est pas à l’abri de captures par des intérêts privés, insiste Transparency International. Celle-ci devrait établir, selon l’ONG, comme le font nombre d’autres institutions, un registre public qui mentionne les lobbies qui interviennent auprès d’elle, les colloques et les réunions auxquelles elle participe. Mais ce sont les allers et retours (revolving door) entre le privé et le public des membres de la banque centrale qui l’inquiètent. Officiellement, tous les membres importants de l’institution monétaire sont issus des banques centrales et des administrations nationales de la zone euro. Mais en quittant la BCE, beaucoup vont terminer leur carrière dans le privé.

Ces pantouflages sont désormais soumis au comité d’éthique de la BCE. Mais la composition de ce comité pose problème qui rassemble d’anciens membres de la BCE sous la présidence de Jean-Claude Trichet en tant qu’ancien président de la BCE, ce qui, selon Transparency International, « peut limiter l’impartialité et l’indépendance de ce comité ». « Si l’ancien président de la commission européenne, José Manuel Barroso avait siégé au comité éthique de la Commission, il aurait difficilement pu prendre position sur son nouvel emploi comme président non exécutif de Goldman Sachs international », relève le rapport pour souligner les dangers de l’entre-soi.

La BCE semble de fait donner une grande latitude à ses anciens membres. Le rapport établit une  surprenante liste de pantouflage de membres éminents de la banque centrale. Tommaso Padoa-Schioppa, membre du comité exécutif, est devenu tout de suite après son départ, président européen du groupe Promontory Financial. Six mois après son départ, Otmar Issing est devenu conseiller international de Goldman Sachs. José Manuel Gonzalez Paramo a tout de suite été nommé au conseil de la banque espagnole BBVA comme responsable de la régulation et des affaires publiques. Lorenzo Bini Smaghi est devenu président de la Société générale. Jörg Asmussen a été nommé administrateur de l’assureur Generali et directeur de l’activité de conseils financiers chez Lazard. Manifestement, si la BCE revendique son indépendance, ce n’est pas vraiment auprès du pouvoir financier.

Des nouvelles du convoi solidaire

Le collectif de Grenoble soutient cette initiative et c’est finalement 3 camions alimentés par l’Isère, la Savoie et la Haute Savoie qui ont rejoint le convoi initié par le collectif Anepos.

On peut suivre la progression et l’esprit de ce convoi grâce aux posts réguliers des participants à cette extraordinaire élan de solidarité.

Vendredi, bientôt minuit. 19 des 26 fourgons sont maintenant partis, y compris le suisse, le belge et l’andalou. Les 7 derniers partiront tôt demain matin. En fin d’après-midi, nous ne formerons plus qu’un, en direction du berceau agonisant de l’Europe matricide. À l’horizon, l’orient est rouge sang et la mer Égée pleure.

Parmi les 62 membres du convoi, il y a quatre enfants qui ont d’eux-mêmes voulu s’occuper de préparer les jouets pour leurs homologues grecs et réfugiés : Achille le crétois (7 ans et demi), Capucine et Constance les Auvergnates (8 ans et 5 ans et demi), et Nino l’Andalou (7 ans). Pas mal de surprises sont également prévues.

Car la jonction entre nos mouvements sociaux par-delà les frontières, c’est aussi la rencontre des enfants, dans l’entraide et la découverte, et non dans le réflexe coutumier du repli sur soi. Achille espère revoir ses amis syriens et afghans, Capucine et Constance s’interrogent sur les causes profondes des inégalités, Nino a décidé avec ses parents de venir habiter quelques temps en Grèce, avec pour toutes et tous un même désir de soutenir ceux qui y vivent, malgré toutes les menaces et toutes les privations.

La solidarité n’a pas d’âge.  Y.Y.

Témoignage d’Élise et d’autres :

Il est des moments inoubliables dans notre existence…celui que nous venons de vivre restera l’un des plus émouvants de ma vie…
Nous ( les 62 convoyeurs solidaires) sommes arrivés à destination…Après des tours de place à  brandir nos drapeaux, nous avons rencontrés des gens extraordinaires! Je pleurais derrière ma caméra …les camarades aussi…nous ne nous connaissions pas voilà  quelques jours et nous venons de vivre ensemble un moment de solidarité et de fraternité très intense au point que nous nous tombions tous dans les bras…
Ce moment fera perdurer en nous tout l espoir que l’on porte à l’humanité…nous les utopistes, les anarchistes, les insoumis, les zadistes, les squatteurs….ensemble, nous avons réussi….
Les enfants sont épatants , ils ont plein de nouveaux copains déjà …et peu importe la langue, peu importe le parcours…ils se tiennent déjà  la main et se partagent leur jeu…
Aujourd’hui, nous pleurons de joie et nous avons repris toutes nos forces…
Nous vaincrons…..ça ne fait nul doute…

Arrivée en Grèce : Ce mardi 28 mars 2017, à  4 heures de l’après-midi, un convoi solidaire va arriver à Exarcheia : 26 fourgons conduits par 62 camarades, en provenance de France, de Suisse, d’Espagne et de Belgique.

https://www.facebook.com/yyoulountas/videos/1739215463055740/

 

30 mars 2017 Visite de la caravane solidaire à la cuisine sociale « L’autre »  :

Hier jeudi 30 mars, la Caravane solidaire a rendu visite à la cuisine sociale « l’Autre » à HaÏdari ( Athènes). La cuisine sociale « L’autre » est une initiative de la solidarité sociale animée par Constantin Polichronopoulos à Athènes depuis 2011. 3000 repas sont servis chaque jour à Athènes. L’action a été étendue à d’ autres villes en Grèce et a été construite à partir d’exemples similaires à l’ étranger. « L’idée de la Cuisine Sociale « L’Autre » est un geste de solidarité et d’amour pour un autre être humain dans l’espoir de conscientiser les gens et d’encourager d’autres personnes et d’autres groupes à faire de même. Nous ne faisons pas de philanthropie et ne pratiquons pas la charité. Nous cuisinons sur le tas, nous mangeons tous ensemble et nous vivons tous ensemble! Un repas avec nos semblables dans la rue. Venez bâtir avec nous un quotidien plus agréable! »

L’image contient peut-être : 1 personne, debout, arbre, chaussures, enfant, foule, mariage et plein airL’image contient peut-être : 2 personnes, personnes qui jouent des instruments de musique, barbe, enfant et plein air

31 mars témoignage d’Elise : Nous venons d’être victimes de la traditionnelle désinformation des médias de masse. Dans le journal télé d’hier, sur une chaîne grecque équivalente a TF1, les images de notre arrivée ont été manipulées et ont été mélangées avec des images d’émeutes et de violence!
Nous avons les vraies images solidaires, pacifistes…pas un seul accroc…que des embrassades, des rires, des chants, et de la joie…. Que ces grands médias se taisent à jamais!

31 mars 2017 Vidéo de 15mn devant une école pour la distribution des fournitures scolaires et de friandises mais aussi l’intervention de Yannis
 Aujourd’hui c’est une journée d’action dans les écoles vers les jeunes enfants d’Athènes. Avec Yannis et Maud Youlontas et tous les amis d’ici et d’ailleurs. Have une belle journée !! https://www.facebook.com/yyoulountas?pnref=story

 

Sur les réfugiés semaine 13

26/3/17 Mouzalas à ‘Spiegel’: ‘Nous ne pouvons pas accueillir un seul réfugié supplémentaire : Le ministre de la Politique de Migration, Yannis Mouzalas, a exhorté les pays de l’Union européenne à ne pas rétablir le règlement de Dublin qui autorise le retour des demandeurs d’asile dans le premier pays de l’UE où ils sont entrés.
« Nous pourrions accueillir un très petit groupe tout au plus, comme un symbole que nous ne rejetons pas complètement le Règlement de Dublin. En ce moment, nous avons épuisé nos capacités. Sur les 32 000 réfugiés convenus, seuls 10 000 ont été déplacés dans d’autres pays membres. Notre position est très claire: nous ne pouvons accueillir un seul réfugié supplémentaire. Je plaide pour le bon sens de l’Europe « , a-t-il déclaré au magazine allemand Der Spiegel dans une interview publiée dimanche.
Mouzalas a dit que la Grèce est déjà lourdement chargée par les 60.000 réfugiés vivant sur son territoire, un nombre qui, en proportion de la population, est comparable à celui de l’Allemagne.
« Il serait erroné de grever encore plus la Grèce avec le rétablissement du Règlement de Dublin. Nous avons réussi à gérer la situation avec le logement des réfugiés dans le continent et nous sommes en train de résoudre les problèmes sur les îles. La pression de la Turquie sur la question des réfugiés ne diminue pas non plus « , a-t-il déclaré.
Interrogé par le magazine s’il rejette catégoriquement le règlement de Dublin, il a déclaré: «Oui, nous ne sommes pas en mesure de mettre en œuvre le Règlement de Dublin. Je veux que les Allemands comprennent que cela n’a rien à voir avec des raisons politiques ou idéologiques ou que nous n’apprécions pas vraiment l’aide de l’Allemagne. C’est simplement que la Grèce est incapable de faire face à l’arrivée d’autres réfugiés. Nous avons réussi à nous tenir debout. Ne nous faites pas trébucher.
Concernant l’accord UE-Turquie, le ministre a déclaré qu’il est « complexe » et qu’il reste des zones grises, mais « l’accord est un succès parce que les flux de réfugiés ont été fortement limités, même sans clôtures. Après l’accord, seulement 60 réfugiés arrivent tous les jours.  »
Mouzalas a également déclaré qu’il considérait « naturel » d’avoir des retards dans le retour des réfugiés syriens en Turquie parce que la Grèce essaie de mettre en œuvre le droit international « dans chaque cas individuel ».
Il a également déclaré que pour aider à décongestionner les îles, la Grèce a demandé l’autorisation de l’UE de transférer quelques réfugiés dans des camps fermés sur le continent, mais n’a pas encore reçu de réponse.

Par ailleurs, 777 nouveaux réfugiés sont arrivés sur les îles grecques du 16 au 22 mars, et le ministère de la politique migratoire a annoncé le recrutement pour un an de 71 personnes au service grec de l’asile, des psychologues, informaticiens et interprètes (Ta Néa).

Ces derniers jours plusieurs embarcations ont chaviré au large des côtes turques et grecques …avec un terrible bilan de morts et de disparus… Et la police grecque fait aussi état de passages terrestres plus nombreux, plusieurs centaines par mois actuellement, avec des camions aux frontières turques et bulgares.

28/3/17  http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/03/28/97001-20170328FILWWW00157-hongrie-la-detention-des-migrants-commence.php

Grèce : pénurie de médicaments et de vaccins

Thessalonique : Cri d’alarme des pharmaciens face à la pénurie de médicaments et de vaccins :  

Le président de l’Association des pharmaciens de Thessalonique, Kyriakos Theodosiadis , a déclaré qu’il y a une grave pénurie de médicaments sur ordonnance, y compris certains vaccins vitaux pour les enfants ( c’était déjà le cas en décembre 2016 pour le vaccin contre la grippe).

Le président de l’association des pharmaciens affirme que ces pénuries sont causées par des tactiques de fournisseurs qui se contentent d’envoyer seulement une offre limitée de médicaments à chaque expédition.

Lundi dernier K.Theodosiadis a lancé un véritable cri d’alarme: « En ce moment, nous avons une grave pénurie de vaccins pour les enfants âgés de 6 mois à 15 ans, y compris la rougeole, la varicelle et l’hépatite », ajoutant que les pharmacies ont si peu de médicaments sur ordonnance que certains patients doivent attendre jusqu’à quatre mois avant leur prescription !

Cette « crise » dans la crise est récurrente. Les pharmaciens grecs alertent régulièrement l’opinion en dénonçant l’instauration d’un cercle vicieux : la population n’ayant pas d’espèces pour payer ses médicaments, pas plus que les caisses d’assurance-maladie, les pharmaciens ne peuvent passer commandes, car il est indispensable de tout prépayer aux laboratoires pharmaceutiques pour une pharmacie grecque.

Les laboratoires – étrangers le plus souvent – n’acceptent d’envoyer leurs produits dans le pays qu’à condition qu’ils soient payés immédiatement, et en cash, et ce, au même titre que n’importe quelle entreprise étrangère. Désormais, ils ne livrent plus qu’au compte-goutte. Le contrôle des changes n’a rien arrangé en la matière… Il se dit aussi que certains pourraient bien évidemment en profiter pour créer un véritable marché parallèle de ces biens précieux produits … à moins que cela ne soit déjà fait … au plus grand bonheur des laboratoires pharmaceutiques et/ou intermédiaires qui pourraient ainsi relever leurs tarifs destinés à la clientèle la plus aisée … ou la plus nécessiteuse en terme de soins. Enfin , il est évident qu’une telle situation est fortement propice à la libéralisation du marché tant souhaité par la troïka et ses laboratoires pharmaceutiques …
On comprend dans ce contexte la bataille essentielle menée par les dispensaires et pharmacies autogérées et le nécessaire devoir de solidarité avec ces structures  ( voir les nouvelles du convoi solidaire qui arrive aujourd’hui en Grèce).

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