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Rescapées à bord de l’Ocean Viking

Ce matin, les dernières personnes rescapées à bord de l’Ocean Viking ont enfin posé le pied dans le port de Pozzallo, en Sicile.

Depuis 10 jours, elles étaient 294 à bord de notre navire à attendre que les autorités compétentes désignent un lieu sûr où débarquer. Pour ces femmes, enfants et hommes fragilisé.e.s physiquement et psychologiquement par leur périple, cette incertitude devenait insupportable.

« Plus l’attente est longue, plus le désespoir s’installe et plus l’espoir s’éloigne », nous confiait Inoussa*, secouru le 25 avril. Quelques heures avant son sauvetage, il assistait impuissant à la noyade de l’un de ses amis, tombé à l’eau avec onze autres personnes de son embarcation.

Lundi, la météo s’est rapidement dégradée et les trois quarts des rescapé.e.s ont souffert de mal de mer. Une personne a dû être évacuée par les autorités italiennes pour raisons médicales. « Retenir sur un navire de sauvetage des rescapé.e.s ayant frôlé la mort en mer est indigne », déclarait Luisa, coordinatrice de nos opérations de recherche et de sauvetage à bord.

Ce soir, 294 personnes dont 127 mineurs non accompagnés et un bébé d’un an dormiront enfin sur la terre ferme. Si nous avons pu les sauver et les protéger, c’est grâce à vous.

Aidez-nous à continuer notre mission de sauvetage : faites un don! « Retenir sur un navire de sauvetage des rescapé.e.s ayant frôlé la mort en mer est indigne. » – Luisa Albera, coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking


Témoignage de Luisa Albera, coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking

« Après jusqu’à dix jours en mer dans des conditions météorologiques difficiles, les 294 femmes, enfants et hommes encore à bord, secourus en Méditerranée centrale par l’Ocean Viking au cours de quatre opérations difficiles, sont épuisé.e.s. Retenir sur un navire de sauvetage des rescapé.e.s qui ont frôlé la mort en mer est indigne. Les équipes de SOS MEDITERRANEE et de la FICR font tout leur possible pour les soigner et soulager leurs souffrances, mais un navire n’est qu’un abri temporaire. Ces personnes ont besoin d’urgence de débarquer en toute sécurité et de recevoir l’aide dont elles ont tant besoin. »  

Photo ci-dessus: Claire Juchat / SOS MEDITERRANEE

Lundi dernier, une forte houle a provoqué le mal de mer chez plus des trois-quarts des rescapé.e.s. La plupart ont eu besoin de médicaments pour atténuer leur épuisement. Cette épreuve a encore plus contribué à détériorer l’état de santé physique et mentale d’une population déjà vulnérable… Dans l’après-midi, un des patients a dû être référé d’urgence aux autorités italiennes pour une évacuation sanitaire.

Après douze demandes de lieu sûr de débarquement, nous sommes toujours sans solution. Nous constatons que ce retard injustifié exacerbe de jour en jour la souffrance et la détresse psychologique de personnes qui ont déjà traversé des événements extrêmement traumatisants.

Des femmes et des enfants, dont le plus jeune n’a qu’un an, figurent parmi les rescapé.e.s. Il y a 127 mineurs à bord qui voyagent seuls parmi les 294 rescapé.e.s ; ils ont dû faire face à des épreuves qu’aucun enfant ne devrait jamais avoir à subir.

Plusieurs des personnes secourues par l’équipe de SOS MEDITERRANEE le 25 avril nous ont raconté le récit déchirant de la perte de douze de leurs compagnons, qui sont tombés à l’eau et se sont noyés en tentant la traversée de nuit. Un jeune homme, que nous appellerons Inoussa pour protéger son identité, a raconté à nos équipes qu’il a perdu un ami dans ce tragique événement. Ce dernier rassurait tous ceux qui se trouvaient à bord de l’embarcation surpeuplée pendant leur voyage nocturne en mer, leur conseillant de « rester calme » et « d’éviter la panique ». « Nous avons trois options », a dit l’ami d’Inoussa à tous ceux qui étaient en détresse juste avant l’événement tragique, « mourir, être ramené en Libye, ou finalement atteindre la sécurité ». Inoussa conclut : « Mon ami a été emporté par la première option, il est mort en mer ».

Les équipes de SOS MEDITERRANEE et de la Fédération Internationale de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (FICR) fournissent une assistance médicale et psychologique aux survivant.e.s 24 heures sur 24. Cependant, un navire n’est pas le lieu approprié pour prendre en charge de manière prolongée des personnes extrêmement vulnérables et traumatisées. De nombreux rescapé.e.s ont décrit avoir été soumis à des violences et des abus extrêmes en Libye et lors de leur parcours migratoire, en plus de leurs souffrances en mer. Inoussa, secouru le 25 avril par l’Ocean Viking, a partagé son désespoir hier matin : « Je me sens malade de voir mon ami vomir à cause du mal de mer, de voir les femmes et les enfants souffrir de cette attente prolongée en mer. Les vagues, la même nourriture d’urgence tous les jours, dormir sur le pont… »  Tous les rescapé.e.s à bord ressentent le besoin urgent de débarquer. « Plus l’attente est longue, plus le désespoir s’installe et plus l’espoir s’éloigne », a déclaré Inoussa.

Nous demandons expressément aux autorités compétentes de mettre fin à cette impasse et de s’acquitter de leur obligation légale de désigner un lieu sûr sans plus tarder. 

Le droit maritime, tel que stipulé dans le règlement SOLAS, impose « aux gouvernements l’obligation de coordonner [les sauvetages] et de coopérer afin que les capitaines de navires qui prêtent assistance en embarquant des personnes en détresse en mer soient libérés de leurs obligations » et de veiller à ce que « dans tous les cas, un lieu sûr soit fourni dans un délai raisonnable. » Les survivant.e.s ont attendu en mer pendant plus d’une semaine après leur sauvetage, cela ne peut être considéré comme raisonnable. Une fois de plus, les États européens ne parviennent pas à garantir un mécanisme régulier et coordonné de débarquement pour aider les personnes en détresse en mer. »

Luisa Albera, coordinatrice de recherche et de sauvetage de SOS MEDITERRANEE

Source https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/CP-04-05-2022

Grève de 24h contre l’inflation

En Grèce, une grève de vingt-quatre heures contre l’inflation, qui bat des records

Le gouvernement grec a octroyé des aides sociales d’un montant total de 4 milliards d’euros pour faire face à l’inflation galopante. Mais les syndicats et l’opposition de gauche jugent ces mesures insuffisantes.

Des manifestants à Athènes, 1er mai, pour la Journée internationale des travailleurs.

Les services publics, les transports maritimes, ferroviaires et urbains ainsi qu’une majorité des entreprises privées de Grèce tournaient au ralenti, lundi 2 mai, en raison d’une grève générale de vingt-quatre heures à l’appel des syndicats du privé et du public pour protester contre la flambée des prix. Les transports en commun athéniens fonctionnaient comme un dimanche tandis que les supermarchés et les magasins étaient fermés en ce lundi férié, au lendemain du 1er-Mai.

Lors des traditionnels défilés de la Journée internationale des travailleurs dimanche, environ 9 000 manifestants ont arpenté les rues à Athènes, en réclamant du gouvernement grec davantage de mesures pour défendre le pouvoir d’achat face à l’impact de l’inflation sur les ménages.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Face à l’inflation et à la colère sociale, le gouvernement augmente le salaire minimum en Grèce

Une électricité qui a presque doublé en un an

L’inflation en Grèce a atteint 9,4 % en avril, selon l’office européen des statistiques Eurostat, un chiffre bien au-dessus de la moyenne européenne, qui se situe à 7,5 %. En mars, d’après la même source, les seuls prix de l’électricité ne sont plus très loin d’avoir doublé – + 79,3 % en rythme annuel –, sur fond de flambée des prix de l’énergie à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine.

Le gouvernement grec a octroyé des aides sociales d’un montant total de 4 milliards d’euros pour faire face à l’inflation galopante. Le 1er-Mai, le salaire minimum a également été augmenté de 50 euros par mois, et s’établit désormais à 713 euros brut. Mais les syndicats et l’opposition de gauche jugent ces mesures insuffisantes et réclament notamment que le salaire minimum soit porté à 825 euros brut par mois.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Dix ans après la crise des dettes, les Grecs ont du mal à tourner la page

Le Monde avec AFP

Source https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/02/en-grece-une-greve-de-vingt-quatre-heures-contre-l-inflation-qui-bat-des-records_6124443_3210.html

Gaz russe et double compte

La Grèce paiera Gazprom sans violation des sanctions ; plan B pour l’approvisionnement en gaz

28 avril 2022

« La Grèce paiera Gazprom d’une manière qui ne violera pas les sanctions et assurera l’efficacité énergétique du pays », a déclaré jeudi le ministre de l’Énergie Costas Skrekas, à l’issue d’une réunion d’urgence sur l’approvisionnement en gaz présidée par le Premier ministre. le gouvernement grec a élaboré un plan B pour le cas où la Russie couperait l’approvisionnement en gaz du pays, même s’il existe un mécanisme dit de « double compte » où les paiements en euros sont convertis en roubles.

Le ministre Skrekas a déclaré que la Grèce paiera à Gazprom le 20 mai pour la fourniture qu’elle a reçue pour le mois précédent et a ajouté que la consommation de gaz atteint 50 % et la dépasse parfois.

Le gaz russe représente plus de 30 % des besoins énergétiques annuels de la Grèce. Le contrat de la Grèce avec Gazprom expire en 2026.

« Toutes les mesures ont été prises pour l’efficacité énergétique du pays », a assuré M. Skrekas.

Il a souligné que dans un mois, « nous aurons une nouvelle unité flottante de stockage de GNL à Revythousa, tandis qu’avec la nouvelle installation de gaz liquéfié à Alexandroupolis en 2023, nous pouvons dire que nous serons complètement indépendants du gaz russe. »

« Si la Russie coupe notre approvisionnement en gaz, disons les 20 et 21 mai, le pays a pris des mesures pour que nous n’éteignions pas l’interrupteur. Il n’y a aucun moyen de l’éteindre. Il n’y a aucun moyen d’être surpris dans cette direction », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Giannis Oikonomou, à l’issue de la réunion d’urgence au bureau du Premier ministre, mercredi.

Payer en euros, recevoir des roubles

« La Grèce a toujours payé en euros et continuera à le faire », a déclaré un responsable gouvernemental au site d’information newsit.gr.

S’exprimant sous couvert d’anonymat, le fonctionnaire a indiqué qu’il existe un mécanisme de double compte déjà utilisé par certains pays européens pour éviter une interruption « violente » de leur approvisionnement en gaz en provenance de Russie.

Comment fonctionne le double compte ? Un pays paie sa dette en euros sur un compte de Gazprombank, la banque convertit la devise et transfère le montant en roubles sur un second compte de Gazprom.

Le gouvernement insiste sur le fait qu’il s’agit d’un problème technique et que sa défaillance ne perturbera pas l’approvisionnement du pays en gaz russe.

Les importateurs de gaz en attente

La question du paiement du gaz russe importé par la Grèce par l’intermédiaire des sociétés DEPA, Mytilineos Group, Prometheus Gas et Public Power Corporation a été discutée et examinée lors de la réunion de mercredi.

Cette dernière importe du gaz directement de Gazprom après la cession d’une partie du contrat de Prometheus Gas pour les années 2022 et 2023. Les quatre entreprises devront payer la consommation d’avril dans la dernière partie du mois de mai.

Le point essentiel de la discussion lors de la réunion de mercredi est qu’elles attendent une décision claire et contraignante de la Commission pour agir en conséquence, a rapporté le quotidien kathimerini.

« Nous sommes sous contrôle et nous avons le temps de prendre des décisions », ont déclaré des sources de DEPA. DEPA importe deux tiers des quantités de gaz russe qui entrent sur le marché grec.

Les contrats des sociétés grecques expirent en 2026 pour DEPA, Prometheus et PPC et en 2030 pour Mytilineos, alors qu’ils comportent également des clauses d’achat ferme.

Plan B si la Russie coupe l’approvisionnement en gaz

Le gouvernement grec aurait élaboré un plan B dans l’éventualité où la Russie cesserait d’approvisionner l’Europe ainsi que la Grèce.

Le plan alternatif pour l’efficacité énergétique du pays prévoit :

-L’accélération des procédures pour une nouvelle unité flottante de stockage de gaz naturel liquéfié (GNL) à Revythousa. Le nouveau réservoir est attendu au plus tard en juillet, de sorte que la capacité du terminal passera de 225 000 m3 aujourd’hui à plus de 380 000 m3.

-Les unités de lignite sont prêtes à être remises en service et à remplacer les unités de gaz pour la production d’électricité.

-Les cinq unités de production d’électricité qui fonctionnent au gaz naturel sont prêtes à fonctionner, si nécessaire, avec du diesel.

-Public Power Corporation (PPC) a préparé un plan annuel pour augmenter l’exploitation du lignite de 50% au cours des deux prochaines années et sa disponibilité dans les usines.

-Augmentation du flux de gaz naturel en provenance d’Azerbaïdjan par le pipeline TAP.

-DEPA Commerce surveille de près la disponibilité des cargaisons de GNL sur les marchés internationaux afin de se procurer des cargaisons supplémentaires si cela est jugé nécessaire.

– Le stockage de gaz en Italie pour le maintien de la réserve stratégique et le stockage sous-marin à Kavala sont encouragés.

– Les investissements dans les SER s’accélèrent, « car l’augmentation de la production d’énergie verte protégera le pays des crises d’importation », comme le soulignent des sources gouvernementales.

Le plan B prévoit également l’achèvement d’infrastructures essentielles qui renforceront la sécurité énergétique du pays, telles que les interconnexions gazières Grèce-Bulgarie IGB et Grèce-Macédoine du Nord, les nouveaux terminaux GNL de Corinthe et d’Alexandroupolis, ainsi que les interconnexions électriques avec les pays voisins, comme l’Égypte.

Source : www.keeptalkinggreece.com/2022/04/28/greece-gas-gazprom-russia-supply-payment/

Démission du patron de Frontex

Régulièrement accusé de fermer les yeux sur les refoulements illégaux de migrants en mer Égée, le patron français de l’agence européenne des garde-frontières Frontex, Fabrice Leggeri, a présenté sa démission vendredi. L’agence est depuis des années visée par différentes enquêtes d’ONG et de médias européens pour « violations des droits de l’Homme ».

Le directeur exécutif de l’agence européenne des garde-frontières Frontex, Fabrice Leggeri, a présenté vendredi 29 avril sa démission à la suite d’allégations de violations des droits de l’Homme contre son agence. En janvier 2021, l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) avait ouvert une enquête contre Frontex, accusé d’avoir fermé les yeux sur le comportement des garde-côtes grecques qui participaient – et participent toujours, selon les ONG – aux refoulements illégaux d’embarcations de migrants vers la Turquie, en mer Égée. L’organisation était aussi accusée de participer elle-même à ces « pushbacks ».

« Je peux confirmer qu’il a présenté sa démission » au conseil d’administration, et ceci « ouvre la possibilité d’un nouveau début » pour Frontex, a indiqué à Berlin un porte-parole du gouvernement allemand interrogé lors d’une conférence de presse. Cette proposition de démission, a poursuivi ce porte-parole, « donne la possibilité d’éclaircir entièrement les accusations pour faire la transparence et s’assurer que toutes les opérations de Frontex ont lieu dans le respect du droit européen ».

Bien que l’enquête de l’Olaf n’a pas été rendue public, le résumé « révèle que la direction de Frontex était au courant des violations des droits de l’Homme et qu’elle a délibérément évité de les signaler », a déclaré le 2 mars Erik Marquardt, législateur allemand appartenant au parti des Verts. Fabrice Leggeri dirigeait Frontex depuis 2015.

Mercredi, une nouvelle enquête publiée par le quotidien Le Monde et Lighthouse Reports a démontré qu’entre mars 2020 et septembre 2021, l’agence a répertorié des renvois illégaux de migrants, parvenus dans les eaux grecques, comme de simples « opérations de prévention au départ, menées dans les eaux turques ».

À l’instar du Monde, toutes les investigations menées par des médias ont démontré « que les responsables de Frontex [étaient] conscients des pratiques illégales des gardes-frontières grecs et [étaient] en partie impliqués dans les refoulements eux-mêmes », écrivait le journal allemand Der Spiegel dans un article mis en ligne vendredi 23 octobre.

Les enquêtes et les plaintes s’enchaînent

Et, au sein de la société civile, les plaintes se sont enchaînées : au mois de mars, un Syrien a déposé un recours devant la justice européenne contre l’agence. Le requérant, Alaa Hamoudi, dit avoir été victime le 28 avril 2020 d’un refoulement illégal mené par les autorités grecques vers la Turquie. Il réclame 500 000 euros d’indemnisation à Frontex, qu’il accuse de complicité dans ce « pushback ».

Au mois d’octobre 2021, une famille syrienne a elle aussi porté plainte contre l’organisation. L’histoire remonte à cinq ans, presque jour pour jour, raconte le Guardian, quand cette famille résidant sur l’île grecque de Kos, a été mise dans un avion et expulsée vers la Turquie alors qu’elle avait lancé une procédure de demande d’asile en Grèce.

Le porte-parole de Frontex, Pior Switalski, a refusé tout commentaire lors d’une réunion du conseil d’administration de l’agence basée à Varsovie. Fabrice Leggeri, qui assistait à cette réunion, n’était pas immédiatement disponible pour un commentaire.

Frontex dans la tourmente en Méditerranée centrale aussi

InfoMigrants reçoit depuis plusieurs années des témoignages d’exilés victimes de « pushbacks » en mer. Cet été, une Congolaise avait expliqué comment les garde-côtes grecs avaient refoulé son embarcation en mer, mettant les passagers en danger. « Ils nous ont menacé avec leur armes (…) Ils ont tourné autour de nous, ce qui a fait de grandes vagues et du courant », avait-elle rapporté.

Au mois de mai 2021, Samuel, un autre migrant d’Afrique subsaharienne, avait raconté comment son embarcation avait été refoulée vers les côtes turques. Fin 2020, Slimane, un Guinéen avait rapporté à la rédaction comment des hommes en uniforme avaient percé le canot dans lequel il se trouvait pour l’empêcher d’atteindre les îles.

Loin de la mer Égée, cette fois-ci en Méditerranée centrale, Frontex est aussi dans la tourmente. Mi-avril, l’ONG Sea-Watch a porté plainte contre l’agence pour non divulgations d’informations concernant une interception en Méditerranée, le 31 juillet 2021, d’un canot de migrants par les garde-côtes libyens. Le navire humanitaire Sea Watch 3, pourtant à proximité immédiate de l’embarcation en détresse, n’avait pas été informé par Frontex de la présence du canot, contrairement aux règles maritimes internationales.

D’autres enquêtes visent encore Frontex pour des maltraitances en Hongrie et en Bulgarie.

L’agence européenne, qui a toujours nié ces accusations de refoulements et de violences sur migrants, prévoit de disposer d’un effectif propre de 10 000 garde-frontières et garde-côtes, à l’horizon 2027, et envisage, dans cette perspective des commandes d’armes « létales et non-létales ».

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/40200/le-patron-de-frontex-fabrice-leggeri-demissionne-face-au-scandale-des-renvois-illegaux-de-migrants-en-mer-egee

Documentaire grec « Jusqu’à la mer » au club le 7 avril

Jeudi 7 avril à 20h15 au cinéma Le club de Grenoble

Pour participer à la commande groupée organisée par le comité grenoblois en Soutien aux VioMe

La presse a apprécié le documentaire Jusqu’à la Mer :

« Au fil des séances, alors qu’on observe les accidentés dans leurs métamorphoses, la beauté du film est de s’en tenir à ce vœu de sobriété : ne pas donner l’illusion au patient gravement atteint qu’il pourra remarcher et inventer avec lui son corps de demain. »  Maroussia Dubreuil dans Le Monde et lemonde.fr

« Notre rapport au corps, au handicap, en est bouleversé dans ce film poignant où les patients nous émeuvent moins du fait de leurs difficultés que, de leurs luttes que par leur force de caractère. » L’Humanité

« Effacé derrière une mise en scène sobre parce qu’invisible, Gastine saisit un quotidien éprouvant où chaque geste et attention est porteur d’espoir. » « En terre hellénique, la « mer » charrie plus qu’ailleurs, un imaginaire mythologique pour devenir promesse d’odyssées » Thomas Baurez dans Première

« […] la caméra, bousculée par les gestes mal assurés de ces hommes, enregistre surtout leur lutte pour l’autonomie, qui passe bien souvent par une lutte contre eux-mêmes. » Cécile Marchand dans Télérama

« Difficile, devant un tel travail en profondeur, d’émettre des réserves sur la longueur de l’ensemble. D’autant qu’on ressort plein d’énergie, heureux d’être en bonne santé, vigilant à le rester, avec un fond d’espoir au cas où […] Marco Gastine éclaire avec une justesse insigne l’aphorisme tant galvaudé de Nietzche « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » Gilles Tourman dans Les fiches sdu cinéma

« Entre larmes et bonne humeur le film nous arme face à l’adversité. La force de la relation, la confiance dans la force de l’autre et l’humour décalé des personnes porteuses de handicap s’inscrivent comme une ode à la vie. Jusqu’à la mer n’est pas un film sur de graves accidentés mais sur des hommes en phase de renaissance. » Jean-Marie Dinh dans Altermidi

« Jusqu’à la Mer, un documentaire poignant sur le combat d’accidentés de la vie. » Susie Bourquin sur infirmiers.com « Entre frustrations et réussites, résignation et espoir, rires et colère, le réalisateur franco-grec Marco Gastine met en lumière les étapes majeures de leur « renaissance » dans Jusqu’à la mer. » Cassandre Rogeret sur handicap.fr

« La renaissance a beau être parfois, voire souvent, partielle, elle fait plaisir à voir. Chaque sourire semble provenir du cœur et accepter la vraie beauté de la vie, même si beaucoup rentrent chez eux avec un handicap impossible à effacer. » Stanislas Claude dans Publik’Art

« Le titre du documentaire évoque ce patient dont le rêve est de revoir la mer lorsqu’il sortira de l’hôpital. Jusqu’à la mer est plein de bons sentiments, le spectateur a envie de participer pour contribuer au rétablissement des patients, c’est un vrai bon moment d’humanité. » Stanislas Claude dans Le Quotidien du Cinéma

« Il faut parfois des œuvres comme Jusqu’à la mer pour nous faire prendre conscience que le mouvement est l’essence même de la vie et que le verbe marcher est un concept à lui seul quand la vie ne marche plus, quand le moteur cale. Il faut aussi l’humanité et le courage d’un réalisateur comme Marco Gastine pour nous faire entrevoir ce qui nous attend si notre hôpital public poursuit sa dégradation. » Danielle Lambert dans culturopoing.com

« Jusqu’à la mer est un bien beau documentaire, réaliste et cru sur des fragments de vies brisées, mais aussi une formidable leçon courage de solidarité et d’espoir. » Philippe Hugot dans Baz’art « Marco Gastine excelle à faire oublier la présence de la caméra. Cela donne un film en immersion, réaliste, sans fioriture mais plein d’humanité, au plus près des patients et du personnel soignant. » Bernard Gendreau dans frenchtouch2.fr

« Il est difficile de ne pas céder à l’émotion de ces portraits tout en sincérité. On ressort de ce premier documentaire conforté par la nécessité de continuer à défendre les moyens à l’hôpital et la reconnaissance des personnels qui œuvrent chaque jour auprès de leurs patients. » Laurent Cambon dans Avoiralire

« Marco Gastine décrit avec minutie l’engagement d’une équipe médicale qui fait front commun malgré les difficultés matérielles pour soigner aussi bien les corps que les âmes. […] Le cinéaste parvient ainsi à exprimer à l’image ses ambitions du départ quand il disait :« Je rêve d’un film qui fera rire et pleurer, avant de faire réfléchir. Un film qui fera rentrer le spectateur dans la peau des protagonistes. Qui le mettra, pendant 90 minutes, dans un lit d’hôpital. » Le rêve est bien devenu réalité. » François Cardinalli dans Travellingue

« Au fil des séances, alors qu’on observe les accidentés dans leurs métamorphoses, la beauté du film est de s’en tenir à ce vœu de sobriété : ne pas donner l’illusion au patient gravement atteint qu’il pourra remarcher et inventer avec lui son corps de demain. » Maroussia Dubreuil dans Le Monde et lemonde.fr

« Notre rapport au corps, au handicap, en est bouleversé dans ce film poignant où les patients nous émeuvent moins du fait de leurs difficultés que, de leurs luttes que par leur force de caractère. » L’Humanité

« Effacé derrière une mise en scène sobre parce qu’invisible, Gastine saisit un quotidien éprouvant où chaque geste et attention est porteur d’espoir. » « En terre hellénique, la « mer » charrie plus qu’ailleurs, un imaginaire mythologique pour devenir promesse d’odyssées »  Thomas Baurez dans Première

« […] la caméra, bousculée par les gestes mal assurés de ces hommes, enregistre surtout leur lutte pour l’autonomie, qui passe bien souvent par une lutte contre eux-mêmes. » Cécile Marchand dans Télérama

« Difficile, devant un tel travail en profondeur, d’émettre des réserves sur la longueur de l’ensemble. D’autant qu’on ressort plein d’énergie, heureux d’être en bonne santé, vigilant à le rester, avec un fond d’espoir au cas où […] Marco Gastine éclaire avec une justesse insigne l’aphorisme tant galvaudé de Nietzche « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » Gilles Tourman dans Les fiches sdu cinéma

« Entre larmes et bonne humeur le film nous arme face à l’adversité. La force de la relation, la confiance dans la force de l’autre et l’humour décalé des personnes porteuses de handicap s’inscrivent comme une ode à la vie. Jusqu’à la mer n’est pas un film sur de graves accidentés mais sur des hommes en phase de renaissance. » Jean-Marie Dinh dans Altermidi

« Jusqu’à la Mer, un documentaire poignant sur le combat d’accidentés de la vie. » Susie Bourquin sur infirmiers.com « Entre frustrations et réussites, résignation et espoir, rires et colère, le réalisateur franco-grec Marco Gastine met en lumière les étapes majeures de leur « renaissance » dans Jusqu’à la mer. » Cassandre Rogeret sur handicap.fr

« La renaissance a beau être parfois, voire souvent, partielle, elle fait plaisir à voir. Chaque sourire semble provenir du cœur et accepter la vraie beauté de la vie, même si beaucoup rentrent chez eux avec un handicap impossible à effacer. »  Stanislas Claude dans Publik’Art

« Le titre du documentaire évoque ce patient dont le rêve est de revoir la mer lorsqu’il sortira de l’hôpital. Jusqu’à la mer est plein de bons sentiments, le spectateur a envie de participer pour contribuer au rétablissement des patients, c’est un vrai bon moment d’humanité. » Stanislas Claude dans Le Quotidien du Cinéma

« Il faut parfois des œuvres comme Jusqu’à la mer pour nous faire prendre conscience que le mouvement est l’essence même de la vie et que le verbe marcher est un concept à lui seul quand la vie ne marche plus, quand le moteur cale. Il faut aussi l’humanité et le courage d’un réalisateur comme Marco Gastine pour nous faire entrevoir ce qui nous attend si notre hôpital public poursuit sa dégradation. » Danielle Lambert dans culturopoing.com

« Jusqu’à la mer est un bien beau documentaire, réaliste et cru sur des fragments de vies brisées, mais aussi une formidable leçon courage de solidarité et d’espoir. » Philippe Hugot dans Baz’art « Marco Gastine excelle à faire oublier la présence de la caméra. Cela donne un film en immersion, réaliste, sans fioriture mais plein d’humanité, au plus près des patients et du personnel soignant. » Bernard Gendreau dans frenchtouch2.fr

« Il est difficile de ne pas céder à l’émotion de ces portraits tout en sincérité. On ressort de ce premier documentaire conforté par la nécessité de continuer à défendre les moyens à l’hôpital et la reconnaissance des personnels qui œuvrent chaque jour auprès de leurs patients. » Laurent Cambon dans Avoiralire

« Marco Gastine décrit avec minutie l’engagement d’une équipe médicale qui fait front commun malgré les difficultés matérielles pour soigner aussi bien les corps que les âmes. […] Le cinéaste parvient ainsi à exprimer à l’image ses ambitions du départ quand il disait :« Je rêve d’un film qui fera rire et pleurer, avant de faire réfléchir. Un film qui fera rentrer le spectateur dans la peau des protagonistes. Qui le mettra, pendant 90 minutes, dans un lit d’hôpital. » Le rêve est bien
devenu réalité. » François Cardinalli dans Travellingue

La solidarité  à géométrie variable n’en est pas  vraiment une

par Vicky Skoumbi

Depuis quelques semaines, nous découvrons  que l’accueil tant redouté des réfugiés est bien possible en Europe. Accueillir, accueillir dans  de conditions qui respectent la dignité des personnes, accueillir en ouvrant grand les portes à ceux et celles qui viennent serait alors faisable, même si les arrivants dépassent les quatre millions.  Jusqu’à il y a un mois, une telle perspective était perçue comme annonciatrice de catastrophe majeure voire comme une menace existentielle pour l’Europe : on nous assenait de tous les côtés qu’un accueil digne de ce nom constituerait un appel d’air exposant nos sociétés européennes à un risque d’implosion. Tout geste d’accueil était suspect et pourrait être puni  comme un  délit voire un crime. Les solidaires étaient stigmatisés comme les idiots utiles au service de trafiquants, les sauveteurs comme faisant partie de bandes de passeurs, voire comme des espions coupables d’intelligence avec l’ennemi.  

Avec la guerre en Ukraine, changement complet de cap, les réfugiés- à vrai dire certains d’entre eux- sont reconnus comme tels, leurs droits sont respectés, leurs souffrances et leurs traumatismes pris en compte. Même en Grèce, le retournement complet de pratiques et de discours fut impressionnant. En deux semaines, ce pays dont le gouvernement déclarait qu’il ne pouvait plus recevoir un seul réfugié de plus, a su accueillir 15.000 Ukrainiens  en leur accordant des documents temporaires,  ainsi qu’un numéro de Sécurité Sociale, un numéro fiscal et le droit de travailler.

Or nous savons que cette réception digne ne concerne point tous les réfugiés, mais quelques-uns, choisis en fonction des affinités ethniques et religieuses, peu importe si celles-ci sont réelles ou imaginaires. Elle ne concerne même pas tous les réfugiés fuyant la guerre en Ukraine mais uniquement les ressortissants ukrainiens. En  fait, non seulement la protection temporaire accordée par les pays européens aux Ukrainiens est refusée à la grande majorité d’étrangers résidant en Ukraine, mais plusieurs d’entre eux sont placés  en  détention pour entrée irrégulière au territoire polonais.  Ce n’est qu’en fonction de leurs  nationalités et de leur couleur de peau que les réfugiés d’Ukraine seront accueillis ou rejetés. Quant aux Kurdes, Irakiens, Syriens et Afghans qui se présentent non pas à la frontière polonaise avec l’Ukraine, mais à celle avec la Biélorussie, ils sont traqué et violemment refoulés, après avoir été tabassés et dépouillés de leurs biens ; certains d’entre eux peuvent même être laissés pieds nus par températures négatives à errer sur un sol glacial – au moins 20 personnes sont morts ainsi d’hypothermie à la frontière avec la Biélorussie. Quant à ceux et celles qui oseraient offrir l’hospitalité à ces hommes, femmes et enfants affamés et frigorifiés, ils risquent huit ans d’ans de prison ferme. Les mêmes scènes d’une guerre qui ne dit pas son nom, celle contre les migrants, se passent à la frontière gréco-turque d’Evros où il y a une quinzaine de jours un petit garçon syrien  de 4 ans est mort noyé sous les yeux impassibles d’un commando grec, victime d’un refoulement trop violent.  L’incident, loin d’être un cas isolé, fait partie d’une nouvelle stratégie adoptée pars les garde-frontières de la région d’Evros qui consiste à refouler ceux qui arrivent en les abandonnant sur des îlots du fleuve Evros sans vivres ni eaux  avec l’injonction de retourner en Turquie.  En janvier dernier, cette tactique avait déjà coûté la vie à un syrien souffrant d’une grave insuffisance rénale.

C’est cette face hideuse du visage de l’Europe que celle-ci tourne vers tout un chacun dont l’image s’écarte de la figure-type du ‘bon’ réfugié –chrétien, blanc aux yeux bleus. D’un côté, on accueille à bras ouvert les «nôtres», ceux qui ne menaceraient pas le vénéré mode de vie européen, et de l’autre on violente, on torture, on refoule avec des véritables opérations militaires qui exposent délibérément ceux qui se présentent à nos portes à des risques mortels.

Cependant il ne suffit pas de dénoncer cette solidarité à géométrie variable, il faudrait essayer d’aller au-delà du registre d’une condamnation morale. En effet, si la solidarité dépend de la tête du client, est-ce vraiment de la solidarité ? Ou bien plutôt une défense atavique de nôtres contre les autres, une réaction identitaire qui présuppose une bipartition de l’humanité entre ceux à notre image, et les autres, ces aliens qui, à nos yeux étriqués, portent les stigmates d’une altérité qui les exclurait du domaine d’exercice de l’hospitalité ?  Ainsi, ce qui est présenté comme un retour du sens de l’accueil en Europe, pourrait s’avérer  le symptôme d’un  racisme meurtrier qui ne dit pas son nom. 

Cette année, nous avons ‘célébré’ les cinq ans d’accords de coopération entre UE et la Libye : selon Amnesty International , plus de 82 000 réfugié·e·s et migrant·e·s  ont été renvoyés à l’enfer libyen depuis que les accords ont été conclus. La plupart « se sont retrouvés dans des centres de détention sordides, où sévit la torture, tandis que beaucoup d’autres ont été victimes de disparitions forcées ». Cette politique européenne qui ne se contente pas de refouler en renvoyant aux centres de tortures et aux marchés aux esclaves libyens mais criminalise systématiquement le secours en mer, a bien porté ses fruits : elle  a transformé la mer Méditerranée en une fosse commune qui a englouti pas moins de 23.500 personnes morts ou disparus de 2014 jusqu’à aujourd’hui. En Grèce, un écart significatif entre le chiffre officiel des personnes secourues en mer et celui de nouveaux arrivants enregistrés dans les îles révèle au moins 25.000 cas de refoulement en mer Egée pendant la seule année 2021. Ces refoulements sont non seulement systématiques mais de plus en plus violents ; les commandos qui s’en chargent, recourent à des méthodes  d’une brutalité paroxystique qui mettent délibérément en danger la vie ceux qui en sont les victimes. Cette escalade des violences contre les arrivants comporte  des actes criminels comme ceux des garde-côtes qui en septembre dernier n’ont pas hésité à jeter en pleine mer trois hommes qui ne savaient pas nager et dont deux sont morts noyés,  ou ceux de garde-frontières d’Evros qui avaient dépouillés des exilés de leur vêtement en les laissant pieds nus par températures négatives –19 personnes en sont morts ainsi début février.  Ces crimes ne constituent point des bavures  ou des  dérapages isolés, mais font partie intégrante d’une politique concertée de dissuasion réglée sur le principe « rendons les la vie infernale ». En les exposant délibérément à des dangers mortels,  les garde-frontières qui assurent la protection de l’Europe, s’attendent à ce que les candidats à l’exil  finirons par comprendre non seulement qu’ils sont indésirables sur le sol européen mais que leurs propre vies n’y comptent pour rien.   

La situation dramatique des réfugiés ukrainiens pourrait-elle sensibiliser les sociétés européennes au drame de tous les réfugiés indépendamment de leur origine ?  Si nous tenons compte ce qui continue à se passer à nos frontières loin de projecteurs médiatiques, nous aurons du mal à y croire. Force est de constater que l’accueil des  Ukrainiens va de pair avec notre indifférence, en tout cas avec notre inaction blasée, face à ces crimes commis contre les ‘mauvais’ réfugiés aux confins de l’Europe et/ ou à ses frontières externalisés.

La question est  ‘sommes-nous disposés de vivre au sein  d’une société  régie par la croyance « en une hiérarchie des êtres humains et par la production d’un rapport de domination pour tenter de rendre opérante cette hiérarchisation » (communiqué de Migreurop du 22 mars 2022) ? Car, la solidarité à deux vitesses revient à une bipartition de l’humanité entre ceux dont la vie serait digne d’être sauvés, et les autres, ceux dont les vies en seraient indignes. Ce qui fait inévitablement penser à la doctrine abjecte de Lebensunwertes Leben, de vies indignes d’être vécues, notion clé de la politique eugéniste et raciale nazie. Certes nous n’en sommes là, mais en sommes-nous vraiment loin ? D’un côté, vous avez des vies dignes d’être sauvées, secourues, accueillies, et de l’autre, les vies  de ceux qui, n’appartenant pas à la ‘grande famille européenne’, seraient non seulement indignes d’être sauvés mais qui pourraient dans l’indifférence générale être conduits à la noyade ou à la mort par hypothermie.   La pente est plus que glissante.

Que cela soit clair : tous ceux et celles qui fuient la guerre en Ukraine doivent être accueillis dans les meilleures conditions possibles non seulement à court mais aussi à  moyen voire long terme. Ce qui reste insoutenable, est cette politique de deux poids et deux mesures, qui présuppose une bipartition pernicieuse de l’humanité. Qu’une partie d’êtres humains soit traitée comme si elle n’appartenait plus à l’humanité, comme si elle pourrait en être retranchée et exclue, cela ne saurait ne pas affecter nous autres européens des stigmates d’inhumanité.

La guerre en Ukraine serait-elle d’autant plus la ‘nôtre’ qu’elle est une guerre européenne ? Tout compréhensible que puisse être ce point de vue, on pourrait y objecter que la guerre en Syrie ne nous concernait pas moins, et que la résistance de Kurdes à l’avancée fulgurante de Daech n’a pas été moins décisive pour l’avenir de l’Europe que l’issue de la guerre actuelle en Ukraine. Si, comme le dit Michel Agier, penser l’Europe devrait être une méthode pour penser notre commune humanité, nous ne saurions nous affirmer en tant qu’européens qu’en pensant et agissant en tant que citoyens du monde. Contre les politiques du tri sélectif, de l’exclusion et de criminalisations des arrivants, il nous faudra construire un monde Un, un monde commun où il y aura une place pour toutes et tous.

Paris, 31 mars 2022

[1] Vicky Skoumbi est rédactrice en chef de la revue grecque de philosophie, psychanalyse et art αληthεια et directrice de programme au Collège International de Philosophie, Paris.

Source : blogs.mediapart.fr/vicky-skoumbi/blog/010422/la-solidarite-geometrie-variable-n-en-est-pas-vraiment-une

 

Soutien aux VioMe date limite des commandes groupées

Solidarité concrète avec les travailleurs
de l’usine VIOME occupée et autogérée
à Thessalonique en Grèce

Après que leur usine ait été mise en faillite et abandonnée par les employeurs, les salariés depuis maintenant 8 ans l’ont reprise en coopérative ouvrière.

Ils fabriquent des produits d’entretien ménager écologiques qu’ils distribuent de manière militante. Ils sont menacés d’expulsion par la justice grecque. Ils en appellent à la solidarité internationale.

Voir la lettre des VioMe et notre Tract d’information

Depuis 2016 et la visite de Makis Anagnostou à Grenoble et afin de les soutenir, le comité de Grenoble organise chaque année une commande groupée de leurs produits. Pour celle de 2022 vous trouverez :

– le catalogue et les prix (TTC)  : Catalogue des prix 2022

– le bon de commande avec tous les renseignements utiles : Bon-de-commande-Viome-2022

Attention : la date limite de réception des commandes est fixée

au mercredi 13 avril 2022

Contribuons par nos achats à soutenir cette lutte exemplaire !

A noter que le comité en partenariat avec le cinéma Le club de Grenoble propose le jeudi 7 avril 2022 à 20h15 la projection du film de Marco Gastine  « Jusqu’à la mer ». Voir l’annonce

Ce film tourné dans un grand hôpital public d’Athènes est un document fort sur la rééducation et les problèmes psychologiques autour de cette rééducation . Donc les services hospitaliers, associations de défense des handicapes, tous ceux qui se mobilisent pour l’égalité et l’insertion, sont concernés.
.

Cette soirée sera l’occasion de faire un point d’actualité sur les VioMe et passer les dernières commandes.

En Grèce, la presse sous surveillance

Liberté cadenassée Par , correspondant à Athènes.

Le rapport publié fin mars sur la liberté de la presse en Grèce démontre que le journalisme indépendant est de plus en plus restreint. Exercer ce métier y devient compliqué, au mépris de la démocratie.

« Monsieur Mitsotakis « est obsédé par le contrôle de l’information » », ce qui fait de la Grèce un « pays problématique en matière de liberté de presse et de démocratie ». Cette attaque contre le Premier ministre actuel, Kyriakos Mitsotakis (Nouvelle Démocratie, ND, Droite conservatrice) vient de son prédécesseur à la tête du gouvernement grec de janvier 2015 à juillet 2019, le leader de la gauche (Syriza) Alexis Tsipras. Pour tweeter ces mots, il s’appuie sur le rapport du Centre européen pour la liberté de la presse et des médias, en coopération avec d’autres organisations comme Reporter sans frontières (RSF) ou Fédération européenne des journalistes (FEJ), intitulé Contrôler le message : des défis pour le journalisme indépendant en Grèce, publié fin mars.

Le porte-parole du gouvernement, Yannis Economou, a rétorqué : « C’est dommage qu’un parti grec adopte et utilise un rapport qui porte atteinte à la fois la presse grecque et ses responsables et aux institutions de notre pays. » Affirmant ensuite : « La Grèce est un pays européen régi par l’état de droit et l’indépendance de la presse est garantie par la Constitution. Le pluralisme et la liberté d’expression et de critique sont une pratique quotidienne. »

Une détérioration depuis le retour de la droite

Pourtant, au fil des 27 pages, les auteurs démontrent que la situation s’est « détériorée » depuis le retour du parti de droite Nouvelle Démocratie au pouvoir, en juillet 2019. Certes, la question de l’indépendance de la presse se pose de longue date dans un État au paysage médiatique extrêmement polarisé. Mais en 2020, la Grèce est passée de la 65e à la 70e place au classement de la presse établi par RSF. En juillet 2019, la première loi votée par le parti de droite a ainsi consisté à faire passer l’agence de presse nationale et les radios et télévisions publiques sous le contrôle direct du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Conséquence : « Des pressions exercées sur les journalistes ont plusieurs niveaux, dont la plupart sont cachées », explique à Marianne Mahi Nikolara, membre du bureau de l’Union des journalistes d’Athènes et journaliste à ERT (le groupe audiovisuel public grec). Elle précise que « des journalistes qui travaillaient pour ERT depuis des années en contrat à durée indéterminée ont été mis de côté. Le journal télévisé a été fortement réduit, les émissions d’investigation ont toutes été progressivement supprimées. Je travaillais sur la dernière qui existait encore l’an dernier. Aujourd’hui, il n’y a plus d’enquête ». Elle parle même d’un « contrôle étouffant » que ce soit à la radio ou à la télévision. Le rapport évoque, plus généralement, un « climat pesant pour le journalisme indépendant. »

À LIRE AUSSI :En Grèce, les journalistes craignent une « reprise en main des médias » par le gouvernement

Cette pesanteur est renforcée par un arsenal juridique qui restreint la liberté de la presse adopté en moins de trois ans. En novembre 2021, le Parlement a voté une loi sur les fake news pénalisant les personnes qui propageraient des « fausses informations » susceptibles d’inquiéter le public ou de détériorer la « confiance dans l’économie nationale, les capacités de la défense nationale ou la santé publique ». En mars 2022, une loi est passée accordant au Conseil supérieur de l’audiovisuel grec le pouvoir de contrôler les « dérives » supposées des médias, y compris ceux de presse écrite. Les journaux et directeurs de publication lui sont redevables d’amendes. En revanche, l’enquête sur l’assassinat du journaliste Giorgos Karaïvaz, le 7 avril 2021, n’avance pas.

« Participer à cette mission m’a ouvert les yeux sur la réalité de la situation grecque », a confié la représentante de la FEJ lors de la présentation du rapport. Une situation que le rapport estime également « alarmante » en ce qui concerne l’économie des médias. Un seul exemple en témoigne : la « liste Petsas », du nom de l’ancien porte-parole du gouvernement, qui a été révélée sur l’insistance de l’opposition au Parlement. Elle comportait les noms des entreprises de presse, blogs etc. qui avaient bénéficié de 20 millions d’euros au total pour diffuser des messages gouvernementaux lors de la pandémie. Les médias proches de l’opposition et ceux d’investigation n’étaient pas dessus.

À LIRE AUSSI : À peine élue, déjà contestée, la droite grecque face aux syndicats

Le directeur du magazine d’investigation Documento, Kostas Vaxevanis, a même affirmé que ses recettes publicitaires avaient été réduites peu de temps après l’arrivée de ND au pouvoir. Avec un objectif : étouffer économiquement son journal qui dérange régulièrement. En 2012, Kostas Vaxevanis avait, par exemple, publié la « liste Lagarde » comportant les noms de riches fortunes grecques réalisant de l’évasion fiscale en Suisse. Il a également mis à jour le « scandale Novartis », une affaire de pots-de-vin versés à des responsables politiques et médecins pour augmenter le prix des médicaments. Il se retrouve devant les tribunaux, accusé de complot, comme la journaliste Gianna Papadakou qui, elle aussi, a enquêté sur le groupe pharmaceutique suisse.

« De pire en pire »

En revanche, en janvier 2022, la commission spéciale du Parlement, compétente pour enquêter sur les personnalités politiques mises en accusation – dont ses pairs – a conclu à l’innocence de tous les responsables politiques et l’affaire a été classée. Pour cette ancienne journaliste, « le journalisme est considéré comme un crime et ce gouvernement fait tout pour empêcher les enquêtes. Il souhaite simplement que les journalistes propagent son message ».

Même certains élus de la majorité s’offusquent de ces manières d’agir, mais peu publiquement. Quand ils le font, ils en subissent les frais. C’est le cas de Giorgos Kyrtsos, député ND au Parlement européen, qui a été exclu après « avoir indiqué au gouvernement qu’il se trompait de cible dans l’affaire Novartis. J’ai aussi critiqué les pressions faites sur les médias grecs par le gouvernement, notamment des pressions financières ». Et il ajoute : « Mon cas personnel montre que le gouvernement essaye de contrôler les médias, jusqu’à la parole des parlementaires de son bord ! C’est de pire en pire. » Dans le berceau de la démocratie, c’est un des piliers de l’information et du libre choix qui est attaqué.

Regards sur la méditerranée centrale

Des centaines de personnes secourues après des naufrages tragiques, alors que la vague des retours forcés en Libye s’intensifie

Cette publication de SOS MEDITERRANEE a pour but de faire le point sur les évènements qui se sont déroulés en Méditerranée centrale au cours des dernières semaines. Il ne s’agit pas de livrer une revue exhaustive des faits, mais plutôt de fournir des informations sur l’actualité de la recherche et du sauvetage dans la zone où nous intervenons depuis 2016, sur la base de rapports publiés par différentes ONG et organisations internationales ainsi que par la presse internationale.

Plus de 500 personnes en situation de détresse imminente en mer sauvées par des navires humanitaires au cours de ces quatre dernières semaines.

Après sa première mission de 2022, l’Ocean Viking a débarqué 247 personnes secourues lors de cinq opérations distinctes, à Pozzallo, en Sicile, le week-end des 19 et 20 février.

Le Sea-Watch 4 a secouru 129 personnes lors de deux opérations de sauvetage le 19 février. Le 25 février Trapani, en Sicile, a été assigné comme port de débarquement pour les rescapé.e.s. Mais le 26 février, en raison des mauvaises conditions météorologiques, les autorités italiennes ont finalement désigné Porto Empedocle , toujours en Sicile, comme lieu de débarquement.

Le 5 mars, l’Open Arms  a secouru 28 personnes à bord d’une embarcation en bois surchargée.  Après une semaine d’attente à bord, l’Open Arms s’est vu assigner Augusta, en Sicile, comme port de débarquement pour les rescapé.e.s. Le débarquement s’est déroulé le 12 mars.

Entre le 5 et le 6 mars, l’équipage MSF à bord du Geo Barents a secouru 111 personnes au cours de deux opérations. 80 personnes à bord d’un bateau pneumatique à la dérive, dont des femmes et des enfants, ont été secourues lors de la première opération.  Le deuxième sauvetage a eu lieu dans la zone maltaise de recherche et de sauvetage après 6 heures de recherche de nuit, dans des conditions météorologiques difficiles. Les autorités italiennes ont désigné Augusta, en Sicile, pour le débarquement des rescapé.e.s le 14 mars.

Le même jour, le Sea Eye 4 a annoncé son départ vers la Méditerranée centrale après une escale technique de 10 semaines dans un chantier naval.

Le 22 février, trois patrouilleurs des garde-côtes italiens ont secouru 573 personnes à bord de deux bateaux de pêche surchargés, victimes de mauvaises conditions météorologiques dans la zone italienne de recherche et de sauvetage.  Les personnes rescapées ont ensuite été transférées à bord du navire Diciotti, qui les a débarquées à Augusta. Au cours de l’opération de sauvetage, une personne sans vie a été retrouvée. Elle était morte depuis plusieurs jours selon les rescapé.e.s.

Un mort et 3 blessés lors d’une tragique interception par les garde-côtes libyens, sur fond de hausse continue des retours forcés en Libye  

Selon l’OIM,  1 370 personnes au total ont été interceptées et renvoyées de force en Libye au cours de ces quatre dernières semaines : 632 entre le 13 et le 19 février, 128 entre le 20 et le 26 février, 452 entre le 27 février et le 5 mars, et 158 au cours de la période du 6 au 12 mars 2022.

Sea-Watch indique avoir été témoin de deux interceptions, les 28 février et 5 mars, depuis ses avions, Seabird et Seabird 2.  Lors du second événement, Sea-Watch a signalé  la présence d’un drone de Frontex dans la zone concernée.

Selon InfoMigrants, dans la nuit du 18 au 19 février, lors d’une interception, les garde-côtes libyens ont tiré à balles réelles sur une embarcation à bord de laquelle se trouvaient environ 80 personnes. L’une d’elle est morte et trois autres ont été blessées. L’OIM a condamné  cet événement en soulignant « l’usage excessif de la force par le Dispositif libyen de soutien à la stabilisation ».

Samedi 19 février, les Pilotes Volontaires ont dénoncé l’interception « violente et dangereuse » d’une embarcation par les garde-côtes libyens dans la zone maltaise de recherche et de sauvetage. D’après l’ONG française, cinq personnes sont tombées à l’eau.

Plusieurs naufrages signalés au cours de ces quatre dernières semaines 

Selon InfoMigrants, au moins 50 personnes sont mortes dans un  naufrage tragique le 27 février au large des côtes de Sabratha.  Plus d’une douzaine de corps se sont échoués sur les côtes libyennes dans les jours qui ont suivi.

Le 28 février, le ministère tunisien de la Défense a annoncé qu’au moins neuf personnes avaient péri dans un naufrage au large de la Tunisie alors qu’elles tentaient de traverser la Méditerranée centrale vers l’Italie, tandis que neuf autres avaient été secourues par la marine tunisienne.

Selon The Guardian, au moins 19 personnes sont présumées disparues après que leur embarcation a chaviré le 12 mars au large des côtes libyennes. L’embarcation serait partie de la ville orientale de Tobrouk. Trois personnes ont survécu au naufrage et ont été emmenées à l’hôpital.

Depuis le début de l’année 2022, 193 personnes sont mortes ou ont disparu en Méditerranée centrale, et 3 091 ont été interceptées et renvoyées de force en  Libye.

Les droits humains s’appliquent en mer 

Le 1er mars, l’ONG Human Rights at Sea a publié « La Déclaration de Genève sur les droits humains en mer , réaffirmant que « les droits humains s’appliquent en mer comme sur terre ». La Déclaration fournit des conseils pratiques aux États sur « la manière de veiller à ce que les violations des droits humains en mer soient détectées, corrigées, et à terme éliminées ». L’ONG britannique travaille actuellement avec les États et l’ONU pour promouvoir l’adoption de cette Déclaration.

PHOTO : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE

Source https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/regards-sur-la-mediterranee-centrale-16-03-2022

VioMe La commande groupée 2022 du comité de Grenoble est lancée

Solidarité concrète avec les travailleurs
de l’usine VIOME occupée et autogérée
à Thessalonique en Grèce

Après que leur usine ait été mise en faillite et abandonnée par les employeurs, les salariés depuis maintenant 8 ans l’ont reprise en coopérative ouvrière.

Ils fabriquent des produits d’entretien ménager écologiques qu’ils distribuent de manière militante. Ils sont menacés d’expulsion par la justice grecque. Ils en appellent à la solidarité internationale.

Voir la lettre des VioMe et notre Tract d’information

Depuis 2016 et la visite de Makis Anagnostou à Grenoble et afin de les soutenir, le comité de Grenoble organise chaque année une commande groupée de leurs produits. Pour celle de 2022 vous trouverez :

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Attention : la date limite de réception des commandes est fixée

au mercredi 13 avril 2022

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A noter que le comité en partenariat avec le cinéma Le club de Grenoble propose le jeudi 7 avril 2022 à 20h15 la projection du film de Marco Gastine  « Jusqu’à la mer ».

Ce film tourné dans un grand hôpital public d’Athènes est un document fort sur la rééducation et les problèmes psychologiques autour de cette rééducation . Donc les services hospitaliers, associations de défense des handicapes, tous ceux qui se mobilisent pour l’égalité et l’insertion, sont concernés.
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