Aller à Gap le 8 novembre pour soutenir les 7 de Briancon

Jeudi 8 novembre 2018 : TOUS/TOUTES EN CAR à GAP

en soutien à 7 militant.e.s poursuivie.s

pour leur solidarité avec des migrants

Appel à mobilisation internationale : mercredi 7 et jeudi 8 novembre 2018 procès de 7 militant.e.s dont 4 Français, 2 Suisses et une Italienne. Ces personnes risquent 10 ans de prison et 750000 euros d’amende ( !!!). Il leur est reproché « l’aide à l’entrée sur le territoire français d’étrangers en situation irrégulière, le tout en bande organisée » à l’occasion de la marche de solidarité du 22 avril dernier à Briançon. Marche au caractère spontané en réaction aux provocations racistes et dangereuses du groupuscule Génération Identitaire qui depuis la veille bloquait en toute impunité le col de l’Echelle pour refouler les migrants- en les exposant aux plus grands risques- voulant se réfugier en France.

La CISEM– Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants- a décidé, en solidarité, d’affréter un CAR (40 personnes) pour GAP pour le JEUDI 8 NOVEMBRE pour nous joindre aux centaines de personnes qui viendront de partout en soutien aux « inculpés ».

INSCRIVEZ –VOUS D’URGENCE (Bulletin d’inscription ci-dessous) . Si vous ne pouvez venir vous pouvez soutenir cette initiative en contribuant au financement de ce car (coût : environ 850 euros).

Que vous vouliez venir à Gap et vous inscrire pour venir en car ou que vous vouliez apporter votre soutien pour nous aider à financer ce car, merci de nous renvoyer le BULLETIN CI-DESSOUS

BULLETIN à renvoyer à CISEM- c/° CIIP- Maison des Associations- 6 rue Berthe de Boissieux- Grenoble

NOM- Prénom

Adresse postale ou mail :

Tel :

  1. Je m’inscris pour la montée en car Jeudi 8 novembre ( Départ 6H du matin gare routière, on repartira de Gap à 16H pour arriver à Grenoble vers 18H)

Participation : 20 euros ( 10 euros pour les « dés-argentés » !)

Chèque à l’ordre de CISSP (Comité isérois de soutien aux sans papiers).

  1. Je ne peux aller à Gap mais je soutiens cette initiative solidaire en versant la somme de :

. Chèque à l’ordre de CIISP et à envoyer à même adresse…(SOUTIEN QUI SERA BIENVENU CAR NOUS SERONS CERTAINEMENT DEFICITAIRES)

Quand un tribunal invente le délit de citoyenneté

Par Dans une décision du 27 septembre 2018, les juges du tribunal administratif de Grenoble ont condamné trois citoyens défendant leur collectivité contre les pratiques mafieuses des banques à payer 1 200 euros au titre des dépens dans le cadre d’une action en justice, créant de ce fait un nouveau délit : le délit de citoyenneté.

Les banques ont escroqué les collectivités locales…

La Métropole de Grenoble fait partie des milliers de collectivités abusées par les banques qui leur ont fait souscrire des emprunts toxiques. Ces emprunts spéculatifs ont permis aux banques d’encaisser des marges colossales pendant des années en toute illégalité car les collectivités n’ont pas le droit de souscrire des produits spéculatifs. Lorsque la crise financière de 2007-2008 a éclaté, les taux de ces crédits ont explosé. Les collectivités se sont retrouvées piégées avec pour seule alternative : soit continuer à payer des intérêts dépassant souvent les 20 %, soit rembourser l’emprunt mais en versant à la banque une indemnité pouvant représenter plusieurs fois le montant de la somme empruntée.

… avec la complicité du gouvernement…

Face au refus des banques de renégocier ces emprunts à des conditions honnêtes, beaucoup de collectivités ont alors décidé d’agir en justice et ont obtenu gain de cause car le taux effectif global (TEG)[1]qui devait être mentionné sur le contrat n’y figurait pas ou était inexact. Mais pour les empêcher de gagner sur ce motif, le gouvernement au pouvoir à l’époque a fait voter par le Parlement le 10 juillet 2014 une loi scélérate de validation rétroactive de ces emprunts illégaux. Avec cette loi la mention du TEG n’était plus une condition obligatoire et cette disposition valait aussi pour tous les emprunts déjà souscrits. Pour faire passer la pilule, la loi créait un fonds de soutien doté de 3 milliards d’euros… financé par les administrés. Il restait toutefois d’autres moyens de droit à invoquer pour attaquer ces emprunts, tels que leur caractère spéculatif, le manquement par la banque à ses devoirs d’information, de conseil et de mise en garde, la tromperie, le dol, etc. Pourtant, peu d’élus ont décidé d’engager le bras de fer contre les banques pour contester le paiement de ces dettes illégales et illégitimes. Pour tenter de pallier cette inertie, quelques collectifs d’audit citoyen ont décidé d’engager le combat.

… et le soutien de la justice.

Aux ordres du pouvoir, les juges civils et administratifs ont systématiquement rejeté les demandes des collectivités qui avaient engagé des actions. Les autres collectivités ont cédé à la pression des préfectures et ont préféré passer un accord avec la banque pour sortir des emprunts mais en payant des indemnités colossales. Dans quelques-unes de ces collectivités, des citoyens rassemblés dans des CAC (collectifs d’audit citoyen) ont attaqué les délibérations votées par les conseils municipaux ou communautaires. À Nîmes, Vichy, Dijon et Grenoble des actions citoyennes ont été engagées.

À Nîmes, le 6 mars 2018, les membres du CAC 30 ont obtenu l’annulation de 3 délibérations de la Métropole de Nîmes au motif du manquement du président de la Métropole de Nîmes à son devoir d’information. Dans cette affaire, la banque (le Crédit Foncier, filiale de BPCE) a fait payer à la collectivité une indemnité faramineuse de 58,6 millions d’euros en plus des 10 millions de capital remboursé. Mais les juges du tribunal de Nîmes se sont bien gardés de remettre en cause la légalité des contrats des emprunts toxiques ainsi que des conditions dans lesquelles ils ont été mis en place. Une nouvelle délibération a été prise par la collectivité et un nouveau recours a été engagé par les membres du CAC 30.

À Vichy, un recours engagé par trois citoyens est toujours en attente d’une décision.

Contre le délit de citoyenneté inventé par les juges administratifs à Grenoble…

À Grenoble, des citoyens ont attaqué les délibérations votées par la Métropole. Dans une décision du 27 septembre 2018, non seulement les juges du tribunal administratif de Grenoble ont rejeté leurs demandes légitimes en rendant la justice au nom de la caste des banquiers, mais ils ont condamné les trois plaignants à payer 1 200 euros à Grenoble Alpes Métropole, créant de ce fait un nouveau délit : le délit de citoyenneté. Le message est clair et il est politique : il s’agit de dissuader les citoyens de s’attaquer aux banques et de les intimider en les menaçant de condamnations.

… Opposons la lutte l’impératif de solidarité !

Pour dénoncer ce simulacre de justice et l’impunité dont bénéficient les banques, au-dessus des lois, il est essentiel de faire circuler cette information et de soutenir nos camarades de Grenoble. Nous pouvons les aider de plusieurs façons :

Apporter un soutien financieren faisant un chèque à l’ordre de : ATTAC 38 (préciser au dos du chèque « action CAC38 »)[2], à adresser à :

Attac Isère

Maison des associations

6 Rue Berthe de Boissieux

38000 Grenoble.

Interpeller les responsables politiques de Grenoble Alpes Métropole pour qu’ils refusent que leur collectivité, qui prône en permanence la « participation citoyenne », exige le paiement des 1 200 euros auprès des trois citoyens qui ont défendu les intérêts de la collectivité. Pour ce faire, il suffit d’adresser un courriel au Président de Grenoble Alpes Métropole pour réclamer la non-application de cette condamnation scandaleuse. Les messages[3]sont à envoyer directement au président de la métropole à l’adresse suivante : christophe.ferrari@lametro.fr

La victoire en trompe-l’œil de Sassenage

Sassenage est une des rares collectivités dont le maire a poursuivi le combat contre Dexia. Le 4 octobre dernier, la Cour d’appel de Versailles a rendu un jugement dans lequel elle ordonne à Dexia de reverser à la collectivité 30 % des intérêts réclamés par la banque à la collectivité entre 2011 et 2015. La cour justifie ce versement au titre de dommages et intérêts en réparation du préjudice résultant de la perte de chance pour la collectivité. Mais cette décision n’est qu’une victoire en trompe-l’œil car l’essentiel du surcoût d’intérêts reste à la charge de la commune et les juges se sont bien gardés de déclarer spéculatifs les emprunts toxiques. Les juges ont bien pris soin de rappeler dans leur arrêt que leur décision était motivée par le fait que Sassenage était une petite collectivité et qu’elle avait passé, en dehors des emprunts, une convention de conseil avec la banque. Sachant que la quasi-totalité des collectivités en attente de décision dans des procès qui les opposent aux banques n’ont pas signé ce type de convention, le message envoyé par les juges est clair : les collectivités vont perdre.

(Mauvaise) moralité de l’histoire

Ainsi, en France, le pouvoir politique et les juges à sa botte préfèrent condamner des citoyens qui défendent le bien public, l’intérêt général, et laisser les banques libres de poursuivre leurs exactions.

Aujourd’hui, ce n’est pas la justice qui dit le droit mais les banques et les escrocs de la finance grossièrement dissimulés derrière des marionnettes en robe noire. Cette mascarade s’appelle justice de classe.

Il est grand temps de rendre la justice au nom du peuple français et de placer les banques sous contrôle citoyen au moyen de leur socialisation.

[1]Le TEG est le taux qui récapitule le coût exact du crédit en intégrant tous les coûts liés à celui-ci.

[2]Dans l’éventualité où les fonds solidaires recueillis sur ce compte excèderaient les frais à payer à Grenoble Alpes Métropole, le surplus serait reversé à d’autres collectifs citoyens agissant en justice.

[3]Texte de courriel possible :

« Mr le Président de Grenoble Alpes Métropole,

Je vous adresse ce message pour vous faire part de mon soutien plein et entier envers les trois membres du CAC 38 qui ont été scandaleusement condamnés par la justice à payer à votre collectivité 1 200 € de frais de justice.
Je considère que leur action citoyenne est particulièrement juste, responsable et soucieuse des finances de leur agglomération.
Je vous demande en conséquence de ne pas exiger le paiement de cette somme comme vous en avez la possibilité.

Avec mes salutations citoyennes déterminées »

Solidaires avec les 7 de Briançon

Liberté et relaxe pour les 7 de Briançon

Ils risquent la prison pour avoir aidé des personnes migrantes en danger dans les Alpes. Bastien, Benoit, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo vont être jugé·e·s le 8 novembre 2018 au tribunal de Gap (Hautes-Alpes).

Ils risquent la prison pour avoir aidé des personnes migrantes en danger dans les Alpes. Bastien, Benoit, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo vont être jugé·e·s le 8 novembre 2018 au tribunal de Gap (Hautes-Alpes).

Leur seul tort : avoir participé le 22 avril dernier, dans un contexte de militarisation croissante de la frontière franco-italienne, à une marche solidaire pour dénoncer les agissements du groupuscule Génération Identitaire qui menait une opération d’intimidation violente et d’incitation à la haine au col de l’Echelle (Briançon).

Pour cela, ils risquent jusqu’à 10 ans de prison et 750 000 euros d’amende. Il s’agit de peines normalement réservée à la criminalité organisée.

A travers eux, ce sont non seulement des associations régionales et nationales qui sont visées,  Tous migrants, La Cimade, L’Anafé et Chez Marcel…, mais plus largement toutes celles et tous ceux qui chaque jour, par simple humanisme ou parce qu’ils aspirent à un modèle de société plus juste et plus humain, apportent leur soutien à celles et ceux qui en ont besoin et ce quelle que soit leur origine.

Le procureur a donc choisi de poursuivre en justice des militant·e·s solidaires, ni délinquant·e·s, ni trafiquant·e·s, tout en garantissant l’impunité aux membres du groupe d’extrême droite Génération Identitaire qui n’ont fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire à ce jour. Et alors même que les forces de l’ordre se rendent quotidiennement coupables de violations des droits des personnes étrangères et de violences inacceptables sur les exilé·e·s.

En écho à la récente décision du Conseil constitutionnel qui a enfin reconnu la fraternité comme un principe constitutionnel, nous demandons :

– la relaxe pure et simple pour Bastien, Benoit, Eléonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo ;

– la fin de l’acharnement des forces de l’ordre et de toutes les poursuites judiciaires contre les personnes qui viennent en aide aux personnes migrantes ;

– l’arrêt immédiat des violences policières dont sont victimes les personnes exilées à la frontière et le respect de leurs droits.

Toutes et tous solidaires avec les 7 de Briançon. Toutes et tous contre le délit de solidarité. Toutes et tous délinquant·e·s solidaires en bande organisée.

Pétition à l’initiative du Comité de soutien aux 3+4 de Briançon, La Cimade, Collectif Délinquants Solidaires, Gisti, Anafé, Tous Migrants, Emmaüs, UJFP (Union juive française pour la paix), Fasti, Bagagérue, FAP (Fondation Abbé Pierre), Transport People and Care, Syndicat des Avocats de France, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Union syndicale Solidaires, SUD Education, Roya citoyenne et L’Auberge des Migrants.

Plus d’informations du Comité de soutien aux 3+4 de Briançon.

Réunion publique « La scop : de Thessalonique à Grenoble »

Le collectif Grèce-austérité vous invite pour une soirée 

La scop : De Thessalonique à Grenoble, une autre manière de gérer une  entreprise

Mercredi 7 novembre à 20h Maison des associations

6 rue Berthe de Boissieux à Grenoble

De plus en plus de salariés s’organisent en SCOP (Sociétés Coopératives de Production) une forme d’entreprise où les travailleurs ont la maitrise de leur outil de travail et de leur production.

C’est ce qu’ont fait les travailleurs de l’entreprise VIOME de Thessalonique en Grèce. Ils ont repris leur entreprise en coopérative ouvrière. Une vidéo expliquera leur combat et un point d’actualité sera fait sur leur lutte. Cette soirée sera l’occasion de les soutenir en commandant les produits qu’ils fabriquent (voir les modalités pour la commande groupée de Grenoble https://www.grece-austerite.ovh/soutenons-les-viome-le-collectif-lance-la-commande-groupee/ )

En France un modèle qui se développe

Meryem Yilmaz de l’union régionale des Scop, Hervé Charmettant universitaire et Cyril Zorman de la société Probesys à Grenoble, exposeront les divers aspects de ce mode d’organisation. Ces interventions seront suivies d’un débat avec la salle.

Pour nous aider à diffuser cette annonce Soirée Scop_Viome_affiche_A4

Cette soirée est organisée dans le cadre du festival des solidarités qui se tiendra à Grenoble du 7 novembre au 2 décembre 2018.

Xénocratie bavaroise La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Xénocratie bavaroise

Nouvel automne au vieux pays. Zorbá, le cyclone subtropical méditerranéen qui s’est engouffré dans la mer Égée s’est éteint certes, sauf que le pays réel s’incruste comme jamais dans sa tourmente finale C’est bien connu, la seule météo ne suffit plus pour faire, et encore moins pour défaire un pays. Cela, contrairement à la “gouvernance”… de Tsípras et des mondialisateurs réunis. Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, nous subissons alors une guerre sans précédant, probablement ultime et déjà totale, à la manière inique et unique de ce siècle du technologisme féodal. Au pays des symboles et des remparts surannés, nous entrerions on dirait parfois dans la mer comme pour toujours. Tropismes d’automne ?

Remparts surannés. Nauplie, octobre 2018

Nos touristes éblouis visitent toujours Mycènes et Épidaure sous le vent d’automne. L’ambiance y est… comme pour l’archéologie funéraire devant les restes matériels de sépultures ou d’ensembles funéraires… et c’est du pays réel qu’il s’agit. Il y a aussi nos… retraités importés et fiers de l’être, à l’instar de ce Français, rencontré dans le Péloponnèse forcément mythique, ayant à ses dires tout laissé derrière lui. “J’ai quitté la France, c’est impossible d’y vivre avec une retraite même normale, j’ai vendu ma maison sur la Côte d’Azur car l’ambiance même, elle devenait insupportable, ici c’est le Paradis, le calme, la beauté. Je viens d’acheter une maison au village d’en face au dixième du prix pratiqué en France, et je suis en train de m’installer.”

Heureux qui… contrairement à Ulysse et à l’instar du retraité ayant quitté sa Côte d’Azur, ignore alors pratiquement tout de la géopolitique, voire, de la situation sociale et politique, ainsi que de la détresse réelle des habitants de son pays d’après. Grèce ainsi méta-moderne, dont les soins palliatifs pour de pas dire le coup de grâce, ont été confiés aux (presque) derniers des salopards, à savoir, la bande criminelle de la Gauche à la SYRIZA, en attendant d’ailleurs leur remplacement par l’autre clan criminel, celui des Mitsotákis et de sa supposée Droite de la Nouvelle Démocratie. En même temps, de nombreux retraités bien d’ici aux 400€ mensuel après l’énième diminution du montant des retraites, abandonnent alors la Grèce pour la Bulgarie, rien que pour survivre. En réalité ces Grecs subissent un véritable Pogrom, et quittent ainsi leur pays à contrecœur.

De nombreuses familles bulgares dont les membres ont travaillé par le passé aux domiciles des Grecs, mais restés désormais sans travail et revenus au pays, ils proposent aux Grecs qu’ils connaissent l’hébergement chez eux en Bulgarie en échange d’un… loyer mensuel dont le montant est beaucoup plus bas que le coût de la vie en Grèce, presse grecque, octobre 2018. Notons que la Bulgarie a perdu plus de 20 % de sa population en 20 ans, une véritable hémorragie, la jeunesse émigre massivement vers l’Ouest pour trouver du travail tandis que la dite “intégration” dans l’Union européenne a facilité ce déclin démographique.

Visiteurs à Mycènes. Octobre 2018
Fouilles à Épidaure. Octobre 2018
Fouilles à Épidaure. Octobre 2018

Les Européens, retraités ou pas, se… baladent alors et s’installent de pays en pays, ou plus exactement, de cercueil en cercueil, pendant que le remplacement programmé, en tout cas partiel, de la population européenne par de nombreux migrants essentiellement Musulmans issus de tant d’autres pays transformés aussi en cercueils par la géopolitique, notamment sous l’emprise de l’Occident des métanthropes financiers à la Soros, suit son cours. En Grèce, les vérités qui courent les rues sont alors exprimées par certains médias, étant donné que la dictature du politiquement correct, autrement-dit, la… pseudologie des faits infligée par les mondialisateurs a du mal à s’imposer.

Comme il a été rappelé lors de l’émission du soir de Lámbros Kalarrýtis sur la radio 90.1 FM (12 octobre 2018), “contrairement aux dires des gouvernants et de la propagande des mondialisateurs européistes, cette immigration, qui plus est musulmane vers la Grèce, est un fait construit, voulu et accompagné par tout un programme parallèle de déshellénisation et de déchristianisation de la Grèce. Ce n’est pas par hasard qu’au même moment, les nouveaux programmes de l’école annoncés par le Ministre SYRIZA de l’Éducation Gavrlóglou, font disparaître, l’histoire de la Démocratie et de l’Antiquité grecques, les guerres Médiques, Thémistocle et Périclès, Antigone, Thucydide, autant que la Révolution nationale contre les Turcs de l’Empire Ottoman et par la même occasion, on diminue drastiquement l’enseignement du grec ancien et on supprime celui du latin. Enfin, l’enseignement de la langue grecque est de plus en plus apparenté à celui d’une langue enseignée à une population dont le grec n’est pas la langue maternelle, étrange, non ? Donc on peut supposer que toute une… préparation est en cours pour convertir l’école grecque en une structure du seul accueil des populations allogènes.”

“Gavrlóglou et les autres de SYRIZA, d’abord fidèles à l’agenda interventionniste et totalitaire des institutions visibles et invisibles à la Soros, agissent dans le but de détruire les nations de la vielle Europe, ceci même en flagrante opposition à ce que notre Constitution explicite en termes d’Éducation Nationale pour ce qui est des buts et du contenu. On remarque que ces derniers temps, le cynisme de l’UE et des autres, gouvernement grec compris, consiste à laisser gonfler la population les Hot Spots à Lesbos comme ailleurs sur les îles, à ne pas contrôler les frontières et finalement, à rendre la situation explosive et pour tout dire les conditions atroces pour les migrants et autant pour la population grecque des îles.”

ONG profiteuses et crise migratoire. Quotidien ‘Kathimeriní’, le 10 octobre 2018
Migrants à Athènes et monument… investi par eux. Octobre 2018
Manifestants communistes photographiés par les touristes. Athènes, octobre 2018

“Les médias internationaux et d’ailleurs allemands, s’en émeuvent comme par hasard en ce moment, puis, le gouvernement et les ONG à Soros, sous prétexte de crise dite humanitaire, installent désormais ces migrants en Grèce continentale via entre autre, le programme Hestia, au moyen de loyers entièrement pris en charge. La désignation même, Hestia, n’est pas choisie par hasard, car en bon grec le terme renvoie à une installation alors durable pour ne pas dire définitive. Rappelons-le une fois pour toutes, le problème migratoire n’est pas un problème humanitaire, c’est d’abord un problème géopolitique, et dans la géopolitique il y a généralement la guerre. Accessoirement, c’est un gros commerce au profit des trafiquants passeurs et des ONG largement subventionnées. Notons enfin, qu’une fois les migrants installés à l’intérieur du pays, ils se sont plus concernés par l’accord certes difficile de leur supposé retour en Turquie”, (Lámbros Kalarrýtis et ses invités sur la radio 90.1 FM le 12 octobre 2018, cité de mémoire).

Les migrants nouveaux, investissent alors le centre d’Athènes et de Thessalonique, autant que… certains monuments commémoratifs de l’histoire de la ville défaite (à la fois l’histoire et la ville). Migrants qui visiblement sont autant sceptiques et accablés de leur sort que les Grecs. Et à quelques mètres seulement, des touristes photographient les retraités communistes lesquels tout autant enfoncés, ils manifestent alors pour la forme, et pour dénoncer la suite… logique dans la poursuite des coupes sobres de leurs pensions, même si, le gouvernement des criminels de SYRIZA/ANEL prétend le contraire.

C’est autant hélas de notre temps du tropisme européen d’automne, ainsi, Vassílis Kaloússis, chanteur de la variété populaire connu des années 1980, s’est suicidé en se jetant sous une rame du métro à Athènes. Il avait été paupérisé et d’après ses proches, sa dernière dignité ne pouvait que de le conduire vers un tel… dénouement. D’ailleurs, son corps est resté à la morgue près de dix jours avant que l’on puisse l’identifier, presse grecque du 12 octobre.

Manifestants retraités et communistes. Athènes, octobre 2018
Manifestants retraités et communistes. Athènes, octobre 2018
Journalistes de la très systémique ERT devant le Palais du Premier ministre. Athènes, octobre 2018

Dans la même série des faits sombres, un autre grec alors âgé de 84 ans a été retrouvé inanimé dans son bateau amarré dans le port de Vólos en Thessalie. Il est mort, parce que le système dit de Santé, ne pouvait plus prendre à charge à temps son besoin cruel de dialyse, (presse grecque du 11 octobre 2018). Et du côté des migrants, le bilan est également lourd ces derniers jours. D’abord, il y a eu les corps d’une femme de 35 ans et de deux filles respectivement d’environ de 18 et de 15 ans ; ils ont été retrouvés près de la frontière entre la Grèce et la Turquie en Thrace. Ces pauvres femmes, elles ont été assassinées de manière particulièrement sauvage à l’arme blanche, tandis qu’elles portaient encore leurs bijoux, donc le vol n’est visiblement pas un des motifs du crime.

D’après le reportage, les enquêteurs de la Police grecque, pensent d’abord à un probable différent entre elles et leurs passeurs, et/ou sinon, à une signature de type islamiste dans ce crime, (presse grecque du 14 octobre 2018). Sans oublier enfin, ces onze migrants ayant trouvé la mort alors terrible… carbonisés, lorsque le véhicule des passeurs qui les transportait et qui ne s’est pas arrêté aux signaux des policiers, a finalement heurté un camion pour prendre alors feu, (presse grecque du 11 octobre 2018). Tropismes… d’automne. Les médias très autorisés, à la manière de l’ERT radiotélévision des népotistes SYRIZA/ANEL, dont les journalistes payés pour la propagande, resteront longtemps postés devant le Palais Maxímou, résidence du Premier ministre, au lieu d’informer réellement les… névrotiques d’en bas sans jamais évoquer les vrais sujets, c’est bien connu et dire que nous avions tant lutté pour que cette ERT fermée par le gouvernement Samarás en 2013 puisse renaître.

Le vrai monde depuis l’île de Póros. Octobre 2018
Le vrai monde. Póros, octobre 2018
Au pays des agrumes. Póros, octobre 2018

Dans la même série noire du dit journalisme, rares sont ceux qui nous informent par exemple des pratiques népotistes des laquais dorés du Quatrième Reich européiste très actuel. Rappelons déjà Junker de l’administration coloniale de Berlin et de Bruxelles lequel en accordant des cadeaux aux Commissaires, fait ainsi nommer Martin Selmayr secrétaire général de la Commission. Ceux qui n’ont pas peur de la vérité écriront alors que Martin Selmayr, accompagné des autres Allemands de service (et d’asservissement pour tous les autres), à savoir Helga Schmid au Secrétariat général du Service européen pour l’action extérieure, et Klaus Welle, secrétaire général du Parlement européen. Tous les trois, ils vont alors diriger cette armée composée de 33.000 mandarins de la Commission, payés pour alors servir les intérêts des seuls oligarques du bloc occidental.

Tous ces faits du jour sont alors liés aux yeux des Grecs, et depuis Athènes comme depuis Mycènes et Épidaure, on observe avec effroi ces agissements de la caste des valets de l’Allemagne, à l’instar de Jacques Julliard lorsque ce dernier signe un papier intitulé “Pour sauver l’Europe, osons la Françallemagne !”.

Nous observons pareillement combien par exemple Angela Merkel intervient directement auprès de la marionnette Zaev, Premier ministre de l’Ex-République fédérale Yougoslave de Macédoine, lui demandant expressément d’ignorer la décision des Slavomacédoniens, lesquels ont invalidé par leur boycott la question et autant le référendum sur l’accord macédonien de Tsípras – Zaev. Non, Angela Merkel, souhaite publiquement que cet accord soit au plus vite validé au Parlement de Skopje. En ce moment, la presse du pays voisin et aussi la presse grecque, font état des très probables transactions et “des valises remplies de billets qui circulent pour ainsi faire changer d’avis certains députés de l’opposition”, radio 90.1 par exemple, semaine du 8 octobre.

Le Macédonisme nationaliste et ouvertement agressif qui règne pour l’instant chez nos voisins Slaves de l’autre côté de la Macédoine géographique grecque lorsque par exemple ces derniers distribuent aux visiteurs de leurs pays des cartes de l’ensemble de la Macédoine géographique qui devraient ainsi… designer leur futur État agrandi, ne nous fait pas oublier qu’en dépit de leurs agissements si néfastes pour nos affaires balkaniques communes, le verdict de leur peuple ne doit pas être piétiné de la sorte par le néocolonialisme de l’Allemagne actuelle. Pour le reste, nous savons qu’un jour, sans interventions extérieures, les deux peuples finiront par trouver un accord, et en tout cas, pas celui imposé par Berlin, par Bruxelles et par l’OTAN.

Enfin, deux mois avant l’accord Macédonien entre Tsípras et Zaev du mois de juin, la Régie de l’Électricité grecque DEI, endettée et… suffisamment agonisante financièrement, a racheté à Skopje et pour 4,8 millions d’euros, la société d’électricité EDS (Energy Delivery Solutions), une société plutôt problématique, appartenant au Vice-président au gouvernement Zaev et ami très personnel du Premier ministre du pays voisin. L’accord avait été tenu secret, sauf que l’information a pu être finalement révélée en septembre dernier. Le… détail de l’histoire, c’est que le montant de la transaction a été directement versé sur le compte personnel de Kocho Angjushev, l’ami très personnel de Zoran Zaev, (presse grecque, septembre et octobre 2018). . Mafieux de tous les pays, unissez-vous !

Macédonisme agressif. Souvenir de Skopje, (Internet grec)
Automne. Péloponnèse, octobre 2018
Vie très quotidienne. Nauplie, octobre 2018

Tropismes ainsi d’automne, pour ne pas dire d’un hiver européiste alors sans fin. Entre Grecs et Italiens par exemple à Nauplie, nous évoquons ces agissements de la caste des castes à Bruxelles et à Berlin, aussi contre l’Italie actuelle et contre son gouvernement très démocratiquement élu. Quel que soit le pays et la sensibilité politique, toute politique favorable au maintient des droits des peuples et des nations souveraines en cette Europe, elle deviendra toujours suspecte et condamnable aux yeux des… lobbyistes de la mort. D’où d’ailleurs la nécessité de faire comprendre que les peuples de cette Europe soumise doivent dans un premier temps boycotter les dites élections européennes, un processus d’ailleurs factice, servant à valider par la propagande les institutions impériales et colonisatrices à l’intérieur de la dite UE, sous contrôle d’ailleurs très largement allemand.

Signe des temps, de son côté… obscur de la force, Horst Seehofer, chef de la CSU bavaroise et ministre de l’Intérieur au sein du gouvernement Merkel, a déclaré la semaine dernière que “les Bavarois lesquels ont alors gouverné la Grèce par le passé durant une certaine période, ils auraient dû alors la gouverner de manière plus durable”. La presse grecque a largement reproduit ces déclarations et cela pour cause. C’est une allusion à la période de la Bavarocratie absolue en Grèce, indépendante depuis peu, entre 1833 et 1843 sous le jeune Othon, fils cadet de Louis Ier de Bavière, imposé par les Puissances, notamment par l’Angleterre et par la France lesquelles ont rappelons-le, largement… sollicité l’assassinat du premier Gouverneur de la Grèce Jean Kapodístrias ancien chef de la diplomatie du Tsar, et jugé déjà trop pro-russe, pratiquement deux siècle avant Vladimir Vladimirovitch Poutine.

L’histoire, encore l’histoire. Comme le note à très juste titre mon ami Olivier Delorme dans son ouvrage, cette Bavarocratie est “une manière de corseter étroitement l’indépendance et de justifier les innombrables ingérences des Puissances qui vont hypothéquer à la fois la cohérence interne et la politique extérieure du nouvel État”, Olivier Delorme, “La Grèce et les Balkans”. Tel est d’ailleurs tout le fond du raisonnement de l’Eurocratie germaniste actuelle et c’est même une attitude encore plus dangereuse pour l’existence même de la Grèce actuelle. Grèce, beau pays, toujours visité !

Beau pays visité. Póros, octobre 2018
Péloponnèse, octobre 2018
Coin d’Italie. Nauplie, Péloponnèse, octobre 2018
Hôtel du Roi Othon. Nauplie, octobre 2018

Car au-delà des ingérences des Puissances, dont la période de la Troïka et du mémorandum depuis 2010, ayant hypothéqué comme on sait à la fois la cohérence interne et la politique extérieure de la Grèce avec l’aimable collaboration des forces politiques “grecques”, il y a de cette planification historiquement perceptible de l’Allemagne et peut-être aussi des États-Unis, allant jusqu’à affaiblir la Grèce en la découpant, donnant dans un futur pas si lointain ainsi le Nord, la Macédoine grecque aux voisins Slaves, (comme durant l’Occupation allemande des années 1940), et la Thrace (Occidentale), où vit une minorité musulmane (120.000 personnes sur une population totale de 360.000 habitants pour l’ensemble de la Thrace grecque) à la Turquie. Non ce n’est pas de l’hallucination, mais de l’observation participante des faits et gestes très actuels des acteurs géopolitiques en Europe et bien au-delà.

La tectonique des plaques géopolitiques sont alors en plein mouvement. Ce dernier temps, un nombre inconnu de migrants essentiellement Afghans et Pakistanais d’après des estimations que la presse évite d’évoquer trop souvent, passent ainsi illégalement la frontière en Thrace, entre la Grèce et la Turquie. Les trois femmes sauvagement assassinées ainsi que les onze victimes de l’accident de route… géopolitique, en faisaient d’ailleurs partie. Les internationalistes des tiroirs-caisses à la Tsípras, ne contrôlent visiblement pas cette frontière (tout comme les frontières maritimes), et ces populations musulmanes que le gouvernement SYRIZA/ANEL installe déjà en Macédoine et Thrace grecques, feraient tôt ou tard de manière volontaire ou pas, le jeu de la Turquie, avec ou sans Erdogan d’ailleurs. Accessoirement, l’Allemagne et/ou l’OTAN, contrôleront les Balkans jusqu’à la dernière montagne la plus reculée, lorsque tous les pays seront petits et affaiblis, Grèce comprise, sans oublier que de monter les uns contre les autres, c’est un jeu comme on sait diachronique. Sous cet angle déjà, le problème des migrants est géopolitique et non pas humanitaire, et depuis les Balkans, cette réalité est suffisamment perçue.

Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, nous subissons alors une guerre sans précédant, probablement ultime et déjà totale, à la manière inique et unique de ce siècle aussi du technologisme féodal. Pourtant, nos touristes observent par exemple à Épidaure les fouilles en cours et s’en réjouissent. La vie semble belle, et c’est un beau spectacle, celui de la Grèce des vestiges, et autant on dirait des animaux majestueux, surtout, et d‘abord adespotes.

Animal adespote. Nauplie, octobre 2018
Épidaure en mer. Octobre 2018
Animal adespote. Nauplie, octobre 2018
Aspect local. Péloponnèse, octobre 2018

La Grèce des vestiges, c’est pourtant aussi la grève des archéologues et du personnel des musées et des sites archéologiques durant la journée du 11 octobre. Ce… pauvre personnel s’est ainsi mis en grève pour exiger du Ministère de la Culture la publication de la liste exacte des monuments, musées et sites archéologiques dont la propriété et la gestion sont transférées aux mains des rapaces Troïkans de la Treuhand à la grecque (le fameux “Ypertameío”, littéralement “Hyper-Caisse”) dirigée depuis l’étranger, comme visiblement tous les biens de l’État Grec et cela pour une durée de 99 ans. Ce qui n’était pas encore concevable sous Othon de Bavière et de Grèce, vient d’être accompli sous les criminels d’Aléxis Tsípras et de SYRIZA/ANEL. Myrsíni Zorba, fraîchement nommée Ministre de la Culture (et très compatible Soros) s’en offusque… et ne publie rien. Au même moment, lorsque les membres de l’Ordre des Avocats de la ville de la Canée en Crète ont voulu initier une procédure urgente pour réaliser certains travaux d’entretien au Palais de Justice de leur ville à la hauteur d’un montant de 190.000€, ils ont soudainement découvert que d’après les documents officiels récents mais jamais communiqués, que la propriété du Palais de Justice avait été transférée aux étrangers de l’Ypertameío, et que désormais, l’État Grec a même le devoir de verser un loyer aux nouveaux maîtres des lieux comme du pays. D’après le reportage de la presse locale et nationale, 417 biens, immeubles et sites, dont le célèbre site archéologique de Cnossos… auraient été ainsi offerts aux rapaces internationaux, la Troïka, presse grecque de la semaine.

Nos touristes, ainsi que les retraités des autres pays accueillis chez nous, ignorent alors largement ces faits et ne comprennent pas vraiment le désarroi des Grecs. Ils raisonnent encore en termes politiques hérités du siècle, passé, de gauche comme de droite, ils évoquent les banques, la dette, les impôts, l’Europe et j’en passe, tandis que vu d’ici, c’est à la fois le siècle nouveau, les Balkans historiques, la fracture entre la Russie et l’Occident… et enfin, les Bavarois du dix-neuvième siècle alors tous réunis. D’ailleurs, la première loi “grecque” promulguée par les Bavarois, ancêtres visiblement inoubliables pour Horst Seehofer de la CSU, avait été celle abolissant l’autonomie dans une certaine autogestion dont bénéficiaient les communautés locales des Grecs, y compris, sous la domination Ottomane. Nikos, mon ami Crétois joint par téléphone, me dit que “les politiciens très actuels devraient tout simplement être pendus sur la place publique.”

Nous honorons nos marins de jadis. Péloponnèse, octobre 2018
Olives ramassées. Péloponnèse, octobre 2018
Café italien… Péloponnèse, octobre 2018
Oliviers. Péloponnèse, octobre 2018

Décidément, au pays des agrumes, les oranges sont de plus en plus amères. La gauche Syrizíste… accouplée aux autres arrivistes des Grecs Indépendants, le parti de Kamménos, et aux PASÓKiens réellement existants, a alors accouché du pire monstre politique depuis je dirais la période de la xénocratie bavaroise (c’est-à-dire le gouvernement des étrangers). Affairistes, cyniques, menteurs et pour tout dire criminels, ils font triompher l’ordre métapolitique de l’oligarchie financière et visiblement prédatrice de l’ultime planète. Au pays des symboles et des remparts surannés, nous entrerions on dirait parfois volontiers dans la mer… comme pour toujours

Nouvel automne au vieux pays. Nous honorons nos marins de jadis, nous ramassons nos olives de toujours, nous buvons du café italien, et quant au blog Greek Crisis, c’est toujours sa case survie, pourtant, sous le regard attentif et bien courageux de Mimi comme du jeune Hermès, dit parfois le Trismégiste. C’est bien connu, la seule météo ne suffit plus pour faire, et encore moins pour défaire un pays.

Mimi et Hermès. ‘Greek Crisis’, octobre 2018
* Photo de couverture: Dans l’eau. Péloponnèse, octobre 2018

Grèce : pour les droits des réfugiéEs

Grèce : pour les droits des réfugiéEs ! par A. Sartzekis

Si le nombre d’arrivées en Grèce était, depuis 2015, en très forte baisse du fait de l’accord scandaleux entre Turquie et UE (2015 : 857 000, 2016 :173 000, 2017 : 30 000), il remonte cette année (passages par le fleuve Evros : 5500 en 2017, 12 000 en septembre 2018), et les quelques efforts de Syriza pour rendre « moins pire » la situation ne pèsent presque rien face aux terrifiants problèmes rencontrés par les réfugiéEs, quel que soit leur « statut ».

Dans les « hotspots »

Installés dans des îles face à la Turquie, ils recueillent les réfugiés non stoppés par la Turquie … ou pas noyés en chemin, et leur fonction est de vérifier qui relève du droit d’asile ou pas. Leur capacité d’accueil globale est de moins de 6000 places, mais ils « accueillent » 17 000 réfugiéEs, dans des conditions effrayantes, avec comme cas le plus connu le camp de Moria à Mytilène, mais rien à envier ailleurs, comme à Samos ou à Chios. Moria est tristement célèbre : « le pire camp de réfugiés au monde » selon la BBC. Un officier britannique a révélé la philosophie de ce camp prévu pour 3000 personnes mais habité par 9000 réfugiéEs : maintenir à un faible niveau les conditions de survie, de façon à décourager l’immigration en Grèce… Différents témoignages, dont rend compte le quotidien Efimerida ton Syntakton (et Mediapart en France), montrent l’horreur, qui ont mené le Conseil régional d’Égée Nord à exiger la fermeture si rien ne change : insalubrité totale, files d’attente interminables pour manger, personnel en nombre insuffisant. Conséquences : des violences diverses, dont des agressions sexuelles. Une révolte des réfugiéEs avait récemment abouti à l’occupation d’une place de Mytilène (comme les occupations sous les précédents gouvernements), mais les fascistes avaient exploité la situation. Ultra minoritaires, ils ont néanmoins réussi à créer un climat tel qu’une attaque raciste à grande échelle eu lieu. Depuis, ils sévissent, diffusant des fake news pour créer des « groupes de protection », ou tentant de terroriser les journalistes.

Pour ces camps, la volonté affichée du ministre Vitsas se borne à tenter de les « désengorger » mais cela est quasi vain, étant donné le manque de places sur la continent et les arrivées en hausse.

À « l’intérieur » du pays

Après recensement, les réfugiéEs peuvent être transférés dans des « centres d’hospitalité », qui offrent le gîte et le couvert, souvent pas plus. La situation est différente selon que ces centres sont dans les villes ou en dehors. Car là, les conditions sont souvent proches de celles des îles : ainsi à Malakassa, à 50 km d’Athènes, le camp est isolé, exposé à un dur climat (fin août, de fortes pluies ont détruit les maigres effets des réfugiéEs), ce qui aboutit à de fortes tensions. Fin septembre, un affrontement entre SyrienEs et AfghanEs a fait 1 mort et 8 blessés.

Et il y a bien d’autres réfugiéEs hors de ces centres. CertainEs ont pu commencer à s’installer, à trouver du travail. CertainEs ont pu trouver un gîte grâce à l’aide du mouvement antiraciste, avec occupations de lieux, les plus remarquables étant celles de l’hôtel City Plazza et du 26 Notara à Athènes, avec prise en charge collective. Mais de nombreux réfugiéEs sont laissés à leur triste sort, ce qui les amène à des vols ou des trafics, renforçant des attitudes racistes ou créant des tensions même dans des quartiers ouverts comme celui d’Exarcheia.

Le mouvement antiraciste au premier plan

Comme le disait récemment, dans le journal de NAR (composante principale d’Antarsya), la journaliste Anthi Pazianou, agressée par les racistes à Mytilène, il semble que l’objectif de l’UE et de Syriza soit de limiter et de contrôler au maximum la présence de ces « gêneurs » que sont les réfugiéEs. On peut dès lors parler de complicité passive du gouvernement face aux exactions diverses : surexploitation et chantage violent contre les travailleurEs réfugiés, comme à Mykonos récemment, passivité voire complicité de la police, campagnes racistes contre la présence d’enfants réfugiés à l’école… L’attribution de la nationalité grecque à un pêcheur égyptien qui a sauvé cet été des victimes de l’incendie de Mati ne remet aucunement en cette attitude générale.

Face au poison raciste des nazis comme de la droite, qui se pare en plus d’un vernis démagogique, le mouvement antiraciste, qui agit dans tout le pays, a des tâches cruciales : des batailles locales, comme le droit à l’école pour touTEs, contre les agressions racistes.

Mais des campagnes nationales unitaires et prolongées sont désormais plus que jamais nécessaires :

contre la soumission à l’Europe forteresse, pour l’installation décente et durable des réfugiéEs, contre Chryssi Avgi (AUbe Dorée), contre le poison et les agressions racistes sous toutes ses formes. C’est un fait important que la semaine passée, après le lynchage d’un militant LGBT, présenté d’abord comme voleur immigré, par 2 hommes dont un cadre d’extrême droite, les manifestations aient rassemblé le mouvement LGBT, la gauche anticapitaliste, des militantEs Syriza, et le mouvement antifasciste et antiraciste.

À Athènes, A. Sartzekis

Source https://npa2009.org/actualite/international/grece-pour-les-droits-des-refugiees

Mise en examen d’un chef de parti en Grèce

La mise en examen de Panayiotis Lafazanis est une sinistre première pour la 2e république hellénique, du jamais vu depuis la dictature des colonels 

Un long réquisitoire à charge invoquant une bonne partie du Code Pénal grec.

Le secrétaire d’Unité Populaire (LaE) a déclaré: « L’intimidation et les poursuites vindicatives qui ciblent ma personne ne passeront pas comme ça! »

« C’est avec un sentiment de dégoût et de honte pour la déchéance de mon pays, que j’ai aujourd’hui réceptionné la convocation de déférer devant  la Direction de la Sécurité de la région d’Attique, plus précisément, prenez bien note, devant le « Département de la protection de l’État et du régime Républicain », dans le cadre d’une enquête préliminaire ordonnée par le Procureur Général d’Athènes.

Cette convocation, en vue d’une mise en examen, concerne des accusations relatives à une bonne partie du Code Pénal grec, encore même à la législation qui concerne le port et usage d’arme et les pétards et feux d’artifice. Il s’agit en réalité de la criminalisation de mon action contre les ventes aux enchères, action pour la défense des résidences principales et des biens des foyers populaires.

Force est de constater qu’aujourd’hui en Grèce nous sommes face à un gouvernement qui brade le pays tout entier, au point de légiférer un transfert de propriété de sites archéologiques et monuments historiques au Fonds des biens publics à privatiser, organisme sous administration étrangère.

Nous sommes face à un gouvernement d’exécutants, incarnant la subordination totale et la colonisation du pays, un gouvernement devenu un pion entre les mains de centres impérialistes sans scrupules.

Un gouvernement qui, en substance, abolit la Démocratie et gouverne en s’appuyant sur les forces de police anti-émeute et l’usage des gaz chimiques contre les manifestants.

C’est bien le gouvernement de la paupérisation généralisée, s’appuyant essentiellement sur le consensus des partis politiques de l’establishment oligarchique, qui semble avoir désormais fait le choix d’inaugurer une nouvelle ère de répression politique sans nuances ni prétextes, répression vindicative en ce qui concerne ma personne, afin de faire céder la résistance, le moral et la dynamique ascendante de ces mouvements et forces politiques qui ne se soumettent pas, ne baissent pas la tête, ne se laissent pas abattre, ne se découragent pas et ne désarment pas suite à la désillusion, mais qui au contraire, continuent à brandir les drapeaux de la Gauche, celle que le gouvernement a trahie mais qui reste cependant toujours vivante en animant le grand projet toujours d’actualité d’une société d’humanité et de liberté.

C’est bien la première fois que je subis des poursuites judiciaires depuis l’époque de répression politique subie de la part de la junte militaire du colonel Papadopoulos, puis du général de brigade Ioannidis. Ce n’est pas pour moi une tragédie, mais c’en est une pour mon pays, car je suis le premier responsable de parti politique démocratique de la période post-dictature, qui est convoqué pour répondre à des accusations clairement politiques mettant en jeu une bonne partie du Code Pénal grec. Elles m’ont été adressées, et j’y trouve de l’ironie, par le dit « Département de la Défense de la Sécurité de l’État et de Protection du Régime Républicain ».

Il est bien connu que de telles pratiques sont aujourd’hui appliquées en Turquie voisine. Je les combats personnellement lorsqu’elles ont lieu là-bas, non seulement en les dénonçant depuis Athènes mais en me rendant encore sur place, à Ankara et à Istanbul.

Le gouvernement, et l’ensemble de l’establishment qui soutiennent la politique des mémorandums, ne sont pas seulement dérangés par ma position politique et la lutte d’Unité Populaire pour la défense des résidences principales contre des mises aux enchères injustes, arbitraires et non démocratiques. Ils ne sont pas dérangés seulement par nos luttes contre les débranchements des compteurs d’électricité des foyers modestes prévus de s’intensifier dans les mois à venir, au point d’en devenir un cauchemar pour la société.

Ils ne sont pas même dérangés seulement par notre résistance politique et sociale en faveur de salaires et retraites décents, des conquis salariaux et des droits sociaux.

Le gouvernement et tout l’establishment qui imposent les mémorandums ou qui en profitent, sont essentiellement dérangés par la dynamique ascendante d’Unité Populaire, qu’ils tentent vainement de dissimuler par leurs faux sondages,  dérangés par le fait que cette dynamique pourrait modifier la carte politique dans un futur proche, et envoyer aux poubelles toute cette partie de la Grèce qui porte la décadence, la corruption, l’escroquerie politique, la collusion d’intérêts, l’appropriation frauduleuse des biens d’autrui et la servitude volontaire aux puissances étrangères.

La répression exercée envers ma personne n’a pas le but de m’intimider. Mes anciens camarades, haineux et vindicatifs, de la direction de SYRIZA et du gouvernement, me connaissent assez pour savoir que cela ne passera pas comme ça.

La persécution envers ma personne ainsi qu’envers les trois militants qui comparaissent mardi (09/10) au Palais de Justice d’Athènes suite à leur résistance aux enchères, les 20 militants réprimés pour la même raison à Volos, les 15 poursuivis à Nafplio, les 2 de Thessalonique , a pour but de réprimer tout un mouvement,  qui s’étend et marque bien l’étape traversée aujourd’hui par la Grèce, un mouvement qui effraie et menace certains, qui est efficace et enregistre des victoires.

Nous assurons les faussaires politiques, les vindicatifs haineux et les fous du pouvoir, qui aspirent à rivaliser dans les persécutions les pires moments d’intolérance qu’a connus notre pays au cours de la période après la guerre civile, qu’ils n’arriveront à intimider personne et que leurs sinistres desseins anti-démocratiques tomberont à l’eau.

Les jours de leur pouvoir non démocratique sont comptés, car la Grèce fera l’expérience d’un nouveau printemps et d’un nouvel espoir, en laminant les forces destructives qui portent aujourd’hui les mémorandums et l’austérité.»

Déclaration de Maître Sarantos Theodoropoulos conseil juridique de Panayiotis Lafazanis

Avec une profonde tristesse et un étonnement sincère, j’ai pris connaissance de la situation tragi-comique, de la convocation devant la Sécurité de l’État d’un dirigeant politique pour y répondre de ses activités politiques, situation jamais vue depuis l’époque du ministère aux Affaires Intérieures grecques du général de brigade des blindés Stylianos Pattakos.

Par des manipulations, que même le régime Erdogan aurait enviées, l’opposition aux mises aux enchères est présentée pour rébellion, trouble de l’ordre public et de la paix domestique, dégradations simples ou aggravées des biens d’autrui, insulte, violence physique simples ou potentiellement dangereuse, notamment contre des agents de police. L’esprit retors de ceux qui ont forgé le réquisitoire insensé n’a pas omis d’y rajouter des infractions à la loi sur les armes et munitions et encore à la loi sur les pétards et feux d’artifice.

Heureusement les 7 mars, 21 mars et 28 mars 2018, les caméras des journalistes ont immortalisé l’orgie de répression asphyxiante exercée contre le mouvement populaire, et l’opinion publique a son propre avis sur les accusations abusives contre Panayiotis Lafazanis, uniquement motivées par le désir de vengeance de certains face à la cohérence de son parcours politique.

Je tiens à rappeler la seule convocation pénale d’un ridicule comparable à celle-ci, conservée dans ma mémoire, une convocation de police, adressée au syndicaliste Diamantis Mavridoglou pour avoir lâché en famille un cerf-volant le mardi gras, selon la coutume, en contre-bas d’une montagne dans la région d’Attique, en 1960.

Je soutiendrai de toutes mes forces Panayiotis Lafazanis dans ses luttes. Dans notre pays, les jours du général de brigade Pattakos sont définitivement du passé et les jours d’Erdogan ne doivent jamais advenir.

LE DOCUMENT D’ACCUSATION ADRESSÉ À PANAYIOTIS LAFAZANIS

Toutes les charges contre Panayiotis Lafazanis et les peines encourues

Nous énumérons ci-dessous les charges portées contre Panayiotis Lafazanis, et les seize (16) articles du Code Pénal qui  auraient été enfreints selon le réquisitoire d’accusation, lui faisant encourir, par cumul des peines, neuf ans d’emprisonnement !

  • Rébellion à l’autorité (article 167 du Code Pénal grec, un an d’emprisonnement)
  • Violences simples (article 308 du CP grec, peine de 6 mois de prison ou amende de 3 000 €)
  • Violences pouvant entrainer des lésions dangereuses  (article 309 du CP grec, 3 mois d’emprisonnement)
  • Violences contre agents de police (article 315- A du CP grec, circonstance aggravante)
  • Trouble de la paix domestique (article 334-3 du CP grec, 6 mois d’emprisonnement)
  • Dégradations simples des biens d’autrui (peine d’emprisonnement maximale de 2 ans)
  • Dégradations graves (article 382 CP, 6 mois d’emprisonnement minimal)
  • Insulte (article 361 du CP grec, jusqu’à un an d’emprisonnement)
  • Menaces (article 333 CP, jusqu’à un an d’emprisonnement)
  • Récidive d’un crime ou délit (article 98 CP)
  • Sur le cumul des peines (article 94 CP)
  • Complicité à un crime ou délit (article 45 CP)
  • Trouble de l’ordre public (article 189 CP, jusqu’à un an d’emprisonnement)
  • Tentative de commettre un crime ou délit (article 42 CP)
  • Infraction à la  loi 2168/93 sur les armes et munitions (de 6 mois à 5 ans d’emprisonnement)
  • Infraction à la  loi  456/76  sur les pétards et feux d’artifice (de 6 mois à 2 ans d’emprisonnement)

Source : Iskra.gr

Traduction E. Kosadinos

A la mémoire de Zak Kostopoulos

Comme une prière : à la mémoire de Zak Kostopoulos par

Zac Zackie est mort assassiné le 21 Septembre à Athènes.

Au début, le jeune homme sur les images n’a pas de nom. Nous le regardons mourir avant de savoir qui il est. C’est n’importe qui. Ce n’est personne. La scène a été capturée par une caméra ou un portable en surplomb, à quelques mètres de la scène, et les images sont de mauvaise qualité.

Puis, au bout de quelques heures, la silhouette que deux hommes frappent en plein jour dans le centre d’Athènes acquiert un nom.

Nous recevons la nouvelle en plein cœur : le jeune homme à terre n’est autre que Zak, collègue, ami d’enfance ou simple voisin, amant ou être cher, performer et reine des drag shows athéniens sous le nom de Zackie Oh !, militant des droits de la communauté LGBTQI et séropositif — un des seuls à parler publiquement, en Grèce, de son statut sérologique.

Les images de l’assassinat deviennent rétrospectivement intolérables, comme si on ne réalisait qu’alors que quelqu’un est mort pour de vrai.

Vendredi 21 septembre, je lis en fin d’après-midi sur mon fil d’actualité qu’un braqueur a été passé à tabac dans le quartier d’Omónoia par le propriétaire d’une bijouterie. Je ne me rappelle plus ce que j’ai à faire à ce moment précis mais je rabats l’écran. Je finis par regarder la vidéo dans la nuit — les images sont floues, on ne peut pas reconnaître le visage. Le titre de l’article qui accompagne le film mentionne invariablement, quel que soit le média, la tentative de vol à main armée qui aurait précédé la scène.

Un jeune homme assez grand titube derrière la vitrine d’une joaillerie et peine à soulever l’extincteur avec lequel il a visiblement l’intention de fracasser la porte vitrée pour sortir. Il est bizarrement seul à l’intérieur du magasin. Il tangue comme un ours pris au piège dans une cage de verre. L’extincteur qu’il balance à bout de bras donne l’impression de l’attirer vers le sol. De l’extérieur, deux types déchaînés et visiblement plus âgés, dont l’un en chemise rose, l’apostrophent et balancent dans sa direction des projectiles au travers des vitres. On entend faiblement des cris et les réactions horrifiées d’une femme. On apprendra que les projectiles sont des pierres et un cendrier, que l’homme en rose est le propriétaire du lieu, que le deuxième est un agent immobilier qui fait partie des cadres d’une formation d’extrême-droite, le Front Patriotique.

À l’intérieur du magasin, le jeune homme finit par lâcher l’extincteur après avoir été atteint par un objet ou une pierre, se couche et s’engage en rampant à l’intérieur de la vitrine, sous le présentoir, comme s’il tentait de s’extraire d’un cauchemar ou de se blottir dans un endroit plus sûr. Les deux hommes fracassent la vitrine à coups de pied et l’atteignent à la tête. Le jeune homme se traîne sur les éclats de verre jusqu’au trottoir. On distingue de dos les silhouettes de badauds qui assistent à la scène. Un homme en chemisette jaune, à l’arrière-plan, discute au téléphone. Deux hommes s’interposent après que le bijoutier ait shooté comme dans un ballon dans la tête du jeune homme. La vidéo s’arrête là.

Vers 18 heures, samedi, un ami poste la photo de Zak accompagnée de l’acronyme employé par la plupart des utilisateurs de Facebook pour saluer la mort d’une célébrité, R.I.P. Je ne parviens pas tout de suite à faire le lien, à comprendre que Zak et le jeune homme tué rue Gládstonos sont une seule et même personne.

Sur la deuxième vidéo, prise depuis un balcon ou une fenêtre, Zak se relève quelques minutes après avoir subi l’attaque. Il a le crâne bandé et semble avoir du mal à s’orienter. Il reçoit un coup de pied au bas du dos, s’éloigne en titubant, un morceau de verre à la main, trébuche contre les tables d’un café, s’affale de tout son long avant que les agents se précipitent sur lui. La troisième vidéo, publiée quelques jours plus tard, est plus insupportable encore car elle montre Zak en train de mourir, couché face contre le trottoir, en sang. Son visage est bleu, huit policiers s’acharnent sur son corps inerte, lui passent des menottes dans le dos — il est probable que ce sont les gestes qu’ils font pour lui lier les mains qui provoquent ou précipitent à cet instant sa mort par étouffement.

Les témoignages recueillis rapportent que l’ambulance emporte son corps sans enclencher de sirène, qu’il est donc sans doute déjà mort lorsque le véhicule démarre. Il est mort dans tous les cas à son arrivée à l’hôpital, et toujours menotté. Les infirmiers présents sur place le prennent, diront-ils, « pour un Africain » à cause de la teinte de sa peau. La vidéo est insupportable parce qu’on y reconnaît parfaitement son visage et que ceux qui s’acharnent sur lui sont ceux qui auraient dû lui porter secours.

On ignore encore qu’il est entré dans la bijouterie pour y trouver refuge. On a tendance à croire l’hypothèse du larcin, beaucoup moins celle du braquage, non seulement parce qu’aucune arme n’apparaît dans ses mains — sauf à considérer comme une arme le bout de verre qu’il saisit au tout dernier moment dans une tentative désespérée de fuite —, mais parce qu’il avait toute forme de violence en horreur. Vol ou pas, les images sont celles d’un homme en situation de très grande faiblesse et il n’est pas possible d’attendre qu’il soit lavé de tous soupçons pour dire que sa mort est infâme.

Aucune des vidéos publiées ne permet d’estimer le nombre de badauds qui assistent au lynchage mais les témoignages qui commencent à paraître parlent d’une foule de plus de cinquante personnes, certaines filmant la scène sur leurs portables.

Dans les minutes puis les heures qui suivent, les policiers, au lieu d’isoler les lieux, laissent le propriétaire y faire le ménage. Le bijoutier est photographié face à la vitrine éclairée, balayant les éclats comme un travailleur consciencieux à la fin de sa journée de travail. Il paraît étrangement calme et n’a pas changé de vêtements. Il porte toujours la même chemise rose. Après le départ de l’ambulance, il a donné une interview à une chaîne de télévision privée dans laquelle il explique avoir agi sous le coup de l’exaspération, pour défendre son bien. Sa version est relayée par la quasi-totalité des médias. Une présentatrice en vue invitera bientôt les téléspectateurs à dire s’ils comprennent « la réaction du bijoutier » face à « un homme armé d’un couteau ». Une chaîne liée à une personnalité d’extrême-droite leur soumet la question suivante : « Êtes-vous favorables à ce qu’un braqueur homosexuel et séropositif soit considéré comme un héros ? » Un troisième « sondage » entend établir dans quelle proportion les Grecs considèrent les étrangers et les homosexuels comme des « voisins indésirables ». Selon un mécanisme bien rôdé, la victime se retrouve immédiatement sur le banc des accusés. Un ou deux jours plus tard, l’homme en rose revient sur ses premières déclarations, reconnaît qu’aucune attaque à main armée n’a eu lieu, mais le mensonge initial a produit son effet : plus de dix jours après les faits, beaucoup continuent de croire que le propriétaire a agi en état de légitime défense, s’est fait « justice tout seul » et a voulu « protéger son affaire » — la société grecque est en grande part constituée de petits propriétaires.

La « négligence » policière trouve une explication assez simple : les toxicos ou les immigrés passés à tabac et évacués par les premiers secours à la suite de ce type de violences sont en général des anonymes ; personne ou presque ne s’enquiert d’eux, ne cherche à avoir de leurs nouvelles ou ne vient réclamer leur corps. Le représentant de l’Union des employés de police a raison : les policiers ont agi comme ils le font toujours face aux plus vulnérables — sans se douter que la victime avait cette fois des centaines d’ami.e.s et des milliers de followers.

Le rapport d’autopsie affirme que le corps de Zak ne porte aucune lésion susceptible d’avoir entraîné sa mort, que les causes de son décès sont à première vue « indéfinissables » ou « indiscernables », « αδιευκρίνιστα ». L’adjectif suscite la stupeur. On apprend qu’il faudra attendre les résultats des analyses histologiques et toxicologiques, qui ne seront rendus publics que dans un mois, mais aussi que deux des médecins légistes ont eu dans un passé récent partie liée avec la formation néo-nazie Aube Dorée. Face à l’incrédulité, l’un d’eux s’efforce de minorer les conclusions du rapport.

Plusieurs professionnels de santé dénoncent le silence du Service d’aide médicale d’urgence, remettent en cause le comportement des brancardiers arrivés sur les lieux avant la mort de Zak et qui ont accepté de transporter son corps menotté. Le syndicat des médecins hospitaliers parle d’outrage au mort. L’attitude des huit policiers est en revanche défendue par leur représentant syndical (« telles sont nos pratiques, que ça vous plaise ou non »), qui profite d’une intervention télévisée pour envoyer un message de défi à peine voilé au gouvernement grec. Son attitude et sa rhétorique remettent immanquablement au goût du jour le vieux terme de « παρακράτος » qui désigne les forces d’extrême-droite agissant au cœur de l’État, de la police et de la Justice : « État profond », « État dans l’État », « forces paraétatiques ». Ce responsable instrumentalise de surcroît la « peur du sida » en suggérant que les policiers auraient autant que possible évité de toucher Zak, l’auraient déplacé du pied pour éviter d’être contaminés et de contaminer par la suite « leurs enfants ».

La version initialement défendue par la presse évoque un mur rongé d’humidité, un papier peint qui ne tient pas et dont les bandes se détachent et tombent au sol les unes après les autres.

De plus en plus de témoignages, à rebours de la thèse du hold-up, du larcin, du « coup de folie » ou de l’agressivité dont Zak aurait fait preuve, évoquent une altercation ou une attaque ayant eu lieu avant. Une employée travaillant pour la boulangerie-café située à l’angle de la rue rapporte que Zak était quelques minutes plus tôt en état de panique, qu’il criait, que deux ou trois personnes l’entouraient, s’efforçant peut-être de le rassurer, que l’une d’entre elles serait entrée dans son établissement pour lui rapporter une bouteille d’eau — lorsqu’elle est ressortie, Zak était déjà piégé à l’intérieur de la bijouterie. Avec qui parlait-il ? Pourquoi celui qui s’est proposé de lui porter de l’eau a-t-il disparu ? Les fils de discussion prennent parfois la tournure d’une enquête à plusieurs comme si, face à l’incurie policière, la recherche de la vérité avait été prise en mains par les médias sociaux. C. note qu’une des choses les plus insupportables est de penser qu’on ne saura peut-être jamais.

E., qui défend les droits de personnes incarcérées, repasse les vidéos en boucle et finit par remarquer un détail qu’elle isole sur une capture d’écran : l’intérieur de la porte vitrée comportait déjà des traces de sang avant la ruée du bijoutier et de l’agent immobilier ; Zak saignait peut-être déjà lorsqu’il est entré dans la boutique.

Après l’avoir frappé, l’agent immobilier quitte les lieux et prend le temps d’écrire un tweet dans lequel il affirme que Zak se serait suicidé avec le morceau de verre qu’il tenait à la main.

Une foule de questions nous obsèdent. Pourquoi Zak s’est-il réfugié dans cette bijouterie ? Était-il poursuivi ? Un épisode de bullying a-t-il précédé le passage à tabac ? Pourquoi la vitrine de la bijouterie était-elle faite de vitres normales et pas, comme la plupart des boutiques de ce genre, de doubles vitraux incassables ? Est-il vrai que la boutique ne disposait, comme le prétend son propriétaire, d’aucune caméra de sécurité et que les bijouteries de ce quartier sont des lieux de fourgue où les toxicomanes viennent régulièrement déposer des objets volés contre une somme dérisoire ? Pourquoi les nombreux témoins se taisent-ils ? Pourquoi le gouvernement et l’autorité de tutelle des policiers, le « ministère de la protection du citoyen », demeurent-ils silencieux ?

La deuxième vidéo permet de distinguer le couteau que tient derrière lui, à main nue, un des flics qui entourent son corps comme s’il s’apprêtait à le disposer sur la scène du crime. On sait aujourd’hui que ce couteau ne porte pas les empreintes digitales de Zak. La plupart des pièces qui devraient figurer au dossier sont manquantes, aucune photographie des lieux n’a été prise et aucun prélèvement n’y a été effectué après les faits, les services de police refusent ostensiblement d’exécuter les ordres du juge d’instruction, les vidéos de sécurité des boutiques alentour n’ont pas encore été saisies. On se demande si l’intention du policier n’était pas de déposer le couteau dans la flaque de sang qui couvrait cette partie de l’asphalte de façon que l’arme comporte un échantillon d’ADN facilement identifiable.

Quelques jours après l’enterrement, la famille de Zak, ses parents, son frère, plusieurs de ses ami.e.s lancent dans la presse des appels à témoins.

Au moment où j’écris ces lignes (4 octobre), une nouvelle vidéo prise depuis la boulangerie faisant face à la bijouterie montre Zak, quelques minutes avant sa mort, faisant irruption sur le trottoir de la rue Gládstonos et demandant de l’aide à des passants. Il s’apprête à entrer dans la boulangerie mais un homme en chemisette jaune lui barre le passage ; Zak se détourne et se dirige vers la bijouterie. Depuis la fenêtre d’un bureau, une femme l’a aperçu, quelques secondes plus tôt, criant « à l’aide » à l’angle de la rue Patissíon, s’approcher de deux jeunes femmes pour leur demander secours puis s’engouffrer, après le départ précipité de celles-ci, dans la rue où il sera tué quelques instants plus tard.

Zak est aussi Zackie, ou Zackie Oh !, et a un drag show hebdomadaire dans une petite boîte athénienne.

Zak porte aussi un nom de femme, connaît sa peur et redoute plus que tout ceux qui ne la connaissent pas.

Zak est un activiste qui défend les droits des séropositifs et de la communauté LGBTQI. Sur les médias sociaux ou dans la revue Antivirus, des centaines de jeunes lisent ses textes, toujours drôles, dans lesquels il a l’habitude de se moquer de lui-même.

Zak est un artiste queer qui a joué au KET, notre espace, et que je croise parfois rue Kýprou, car nous habitons le même quartier. Un jeune homme aux yeux lumineux, aux cheveux courts et bouclés et aux longs cils qui promène son chien le jour où je le présente à ma fille de cinq ans — Elèni lève les yeux vers lui puis regarde le chien et sourit. Je l’aperçois, un autre jour, qui descend la rue en dansant, des écouteurs sur les oreilles, lui fais signe ; sans m’entendre, il continue à descendre la rue d’un pas léger, les paupières baissées, en dansant pour lui seul.

Une amie se souvient de la mobilisation qui a permis de retrouver son chien, Snoopys, une boule de poils blancs, il y a quelques mois. Après l’assassinat, Snoopys est confié à son frère, qui possède lui aussi un chien. Snoopys reprend peu à peu du poil de la bête — les premiers jours, écrit M., il ne mangeait pas et paraissait totalement perdu.

Dans un reportage récent, on voit Zak traverser notre quartier, qui compte sans doute le plus grand nombre d’immigrés d’Athènes, et confier qu’il n’a jamais été agressé par des étrangers, « toujours par des Grecs », mais qu’il s’en est heureusement toujours tiré à bon compte — « parce que je cours vite », dit-il en souriant après un silence, « et parce que je peux pousser des cris très stridents quand j’ai peur. »

Il y a de la gourmandise dans son sourire et de la peur dans ses yeux — une trace instinctive de la peur qui lui reste des innombrables fois où il s’est fait moquer, houspiller, menacer, insulter dans la rue — la peur que cela dérape, que les choses aillent brusquement trop loin.

Il sait parfaitement où il est, dans quel monde et quelle société il vit, les réactions que peut entraîner la simple présence d’un garçon manifestement gay et, bien pire, d’un homme perruqué et habillé en femme, même de la part de très jeunes : lors d’une interview qui est réalisée sur la promenade de Phokíonos, il est interrompu par une bande de gamins qui l’apostrophent et finissent par exiger de lui qu’il leur dise s’il est un homme ou une femme. La caméra filme ses yeux. Pendant que les garçons le houspillent, Zak reste silencieux et allume une cigarette. La lassitude et la douleur affleurent, même — surtout — face à des gamins. Une petite fille prend son parti, se détache du groupe de garçons qui s’éloignent et entame la conversation. Zak retrouve peu à peu son calme et recommence à respirer en discutant avec la petite fille.

Dans un autre reportage, on le voit passer progressivement de Zak à Zackie, se maquiller devant la glace, mettre sa perruque — celle qu’il portait lors du show qu’il a donné dans notre espace avec d’autres drag-queens lors du festival « Sound Acts » que nous avons accueilli en 2016.

Pendant la marche de mercredi dernier, D. brandit une de ses chaussures argentées comme un drapeau de ralliement. Nous marchons tou.te.s derrière la chaussure de Zackie Oh !, qui me fait penser au soulier perdu de Cendrillon.

Cendrillon et les vampires.

Sur une photo publiée sur Facebook, les chaussures de Zak (des baskets noires et blanches) et les chaussures de Zackie (des escarpins à talons hauts, argentés) sont délacées et déposées à l’entrée de son appartement de part et d’autre de la même chaise, en vis-à-vis, séparées par un vide, comme si elles discutaient de son absence.

Au moment où les brancardiers ont emporté son corps, une de ces baskets noires est restée au sol à côté de la flaque de sang. Quelques jours plus tard, on ne sait toujours pas pourquoi un des policiers la lui a ôté.

« Pas comme ça, pas maintenant » : les derniers mots de Ce que j’appelle oubli, que nous avions présenté il y a trois ans dans notre espace, en grec, me reviennent en mémoire, ces jours où nous découvrons ce qui s’est passé, strate par strate, une couche d’horreur après l’autre : « όχι έτσι, όχι τώρα ».

A. raconte à F. que lors de l’enterrement, qui a eu lieu à Itèa, les ami.e.s de la victime étaient en drag dans l’église de province où la cérémonie s’est tenue. Il raconte les paillettes dorées projetées dans l’air au-dessus du cercueil, le strass brillant sur les visages des grands-mères, les regards gênés.

C. dit : nous étions nous aussi, autrement, sa famille.

K. s’étonne de la naïveté de ceux et celles qui s’attendaient à ce que la famille respecte son athéisme, son refus des usages orthodoxes — la famille a toujours en Grèce le dernier mot et l’Église parvient presque toujours à récupérer les corps. J. fait ressurgir un texte dans lequel Zak évoque l’enterrement religieux d’un ami, qui aurait voulu être incinéré et n’aurait jamais accepté d’être enterré par les popes. F. est certain que Zak aurait aimé porter pour l’occasion une robe de mariée. L’image des drag-queens entonnant Madonna sous la nef et saupoudrant le cercueil de paillettes nous console. La communauté queer cherche et trouve sa façon à elle de lui faire ses adieux.

Les gens s’enlacent en se retrouvant devant le bâtiment 9 du tribunal d’Athènes ou sur la place Omónoia, avant le départ de la marche. Le long de l’avenue Stadíou, plusieurs avancent en silence, en pleurant ou en se tenant enlacés — un genre de procession funéraire et politique, entre rires et larmes.

Sur le sol de la rue Gládstonos, près d’une bouche à égout, des bougies allumées et des fleurs marquent l’endroit où il s’est effondré après qu’un membre des services d’urgence lui ait bandé la tête, qu’il se soit relevé et ait fait quelques pas en titubant avant de s’étaler
contre les tables. (Hier, lors de la marche du 2 octobre, ces tables de plastique blanc étaient toujours là, les cafés ouverts.)

Sur le rideau de la bijouterie à présent abaissé, T. L. a scotché un texte à sa mémoire : « Ils ont peur de nous et nous tuent / peur du ciel que nous regardons / peur du muret / où nous nous appuyons / peur des paroles que nous prononçons / tous les deux, à voix basse, / peur des paroles que nous prononcerons demain tou.te.s ensemble / peur de nous, Zak, mon amour ; / et s’ils nous tuent / ils nous craignent encore plus / morts. » Odyssèas publie un poème écrit pour lui un an auparavant : « Je suis tout ce que vous redoutez / tout ce que vous combattez / (…) tout ce dont vous avez peur / de tomber amoureux. »

Le sens premier des initiales R.I.P., Rest In Peace, se modifie. Dans son texte sur l’enterrement, F. dit : Rest In Power. L. emploie l’expression Rest In Pride. C’est peut-être l’expression qui lui va le mieux. Le mot power résonne à propos de lui comme dans ce passage d’Une Saison en Enfer  : « Faiblesse ou force : te voilà, c’est la force. » La force de Zak vient de sa fragilité, une fragilité qu’il assume si fort qu’elle est perçue comme une menace par ces « gens normaux » dont la normalité apparaît maintenant sous un jour monstrueux. Il est fort, il est faible, il est lui-même, multiple, il ne fait pas semblant.

Les journalistes l’appellent à présent « la victime ». Dèspina se souvient de lui embrassant un garçon lors d’un happening en faveur de la reconnaissance des couples homosexuels ; sur la photographie, Zak enlace son partenaire d’une main et tient de l’autre l’extrémité d’une pancarte sur laquelle est écrit : « La provocation c’est l’homophobie, pas les baisers. » À la droite de l’image, un couple de jeunes femmes s’embrasse en prenant la même pose, forcément théâtrale, tout en tenant l’autre extrémité du panneau. « Faisons attention les unes aux autres », dit H. À table, ma fille me jette un regard en coin mais semble se retenir de me demander pourquoi j’ai soudain les larmes aux yeux. Je me plonge dans la lecture des posts, sur Twitter ou Facebook. J’ai le sentiment que nous sommes revenus au tout début du cycle, à cette année 2008 marquée par des incendies criminels puis par l’assassinat d’A., jeune anarchiste de 15 ans, que les épisodes de violence nue qui ont marqué le début de la crise recommencent, mais la répétition du même a quelque chose de plus tragique, de plus désespéré qu’à l’époque. L. nous enjoint de parler de Zak : « Parlez de Zak, n’arrêtez pas de parler, parlez de la danse et des larmes que vous avez partagées, parlez de ses beaux cheveux, de sa taille, de son amour pour Madonna, parlez de Zak jusqu’à ce que votre langue se dessèche, parlez sans cesse, avec des murmures ou des cris, parlez du Zak que nous connaissons, parlez de la société grecque qui a assassiné Zak, parlez de ses assassins, parlez. » G. ne parvient pas à parler de lui au passé et écrit en utilisant les deux temps, il est, il était, comme s’il se refusait encore à faire la coupure, comme si la mort était un exil dans le temps. L’exil d’un(e) seul(e). G., encore, écrit qu’il vient de passer deux jours les yeux au plafond, à pleurer. Il est dévasté, comme tou.te.s les ami.e.s de la communauté queer, mais fait pourtant partie de celles et ceux qui organisent la première marche, une manifestation qui se termine à Omónoia sur le Like a prayer de Madonna — je ne me doutais pas qu’on pouvait chanter Madonna en dressant le poing au ciel.

Pour certains anarchistes présents lors de l’AG qui suit cette première marche, les membres de la communauté LGBTQI sont des sujets « apolitiques ». Certains — les plus virils et les plus forts en gueule, les plus cons mais ceux, aussi, qui savent monopoliser la parole et imposer le silence aux autres — se proposent de leur donner des cours de marxisme, de catéchisme révolutionnaire. G. arrache brusquement son bonnet et découvre son crâne avant de déclarer, debout face à l’amphithéâtre, que les travestis, les gays, les lesbiennes, les trans vivent l’anarchie au jour le jour, en Grèce. L’assemblée coule à pic, la rencontre entre les deux mondes se résume presque à une fin de non-recevoir. Le slogan opposé aux gamins qui voulaient défoncer sur le passage du cortège quelques distributeurs automatiques — dehors, les machos — ne passe pas, le fait que certains anarchistes utilisent les termes de « putain », de « pédé » et de « tapioles » comme des insultes non plus. M. se souvient de ce moment où un jeune homme a accusé les trans de « faire du sentiment » — « comme si nous n’étions pas en deuil et comme si les sentiments n’étaient pas politiques ». « On ne change rien sans colère, sans larmes, sans rires, sans joie, sans humour, sans peur, ma chérie », rétorque F., une transsexuelle aux cheveux blonds assise sur l’estrade du bas, qui finit par tout envoyer bouler et crie sans respecter la procédure des tours de parole.

L. se souvient de la fouille au corps à laquelle elle a été soumise après avoir été dévêtue par une employée de police au septième étage de l’immeuble de GADA, le siège de la police d’Athènes, des « flics de bureaux », de la transphobie et du racisme qu’ils exsudaient par toutes leurs pores, du 6 décembre 2008, du 13 septembre 2013, de l’été 2012, « quand ils ont arrêté Tassos ».

K. poste une vidéo prise à Brooklyn montrant un gamin noir qui, après avoir absorbé du cannabis synthétique, cette drogue appelée aussi Spice, ou K2, et qui est réputée provoquer hallucinations, crises d’angoisse, épisodes psychotiques, est pris de spasmes ultra-violents qui le projettent au bas des marches d’un escalier puis le tournent et le retournent comme une crête sur le trottoir. Le gamin hurle, paraît être en train d’étouffer, se lève, ne contrôle plus ses jambes qu’il précipite contre le mur. Une femme ramasse et garde à la main son portefeuille tombé à terre puis s’esquive, trois hommes filment la scène sur leurs portables tout en apostrophant le jeune homme en détresse, un homme en costume l’évite, un autre lui presse la cheville pour l’immobiliser. Le gamin porte dans le dos un cartable d’écolier bleu ciel, son cartable lui aussi semble être pris de spasmes.

On pleure puis on a envie de vomir. La colère a sur les larmes et la nausée l’avantage de nous projeter en avant. La deuxième marche est reportée de samedi à mardi en raison du mauvais temps. Je passe les jours qui suivent dans l’attente du mardi comme si la manifestation était le seul lieu où déposer et partager la peine — les lectures et les débats sur les réseaux sociaux finissent par donner mal au crâne et laissent un goût amer de temps mort, d’heures et de minutes perdues. La mort de Zak a eu lieu il y a six jours, sept jours, huit jours ; nous nous éloignons chaque jour du jour où il est mort, ce jour qui aura été le dernier pour lui, mais pas pour nous, et semble un point qui s’amenuise sur l’océan. Nous l’abandonnons loin derrière comme sur une île déserte, nous continuons à avancer, le temps nous emporte, plus lui.

« Je suis terrifiée par le fascisme qui monte, écrit C., sa vitesse. » « Je suis terrifiée par la pensée que nous ne saurons peut-être jamais ce qui t’est arrivé. » « Je suis terrifiée à la pensée que nous nous étions promis de nous retrouver bientôt pour que tu me maquilles et que nous avons fini par nous retrouver à tes obsèques. » « Je suis terrifiée à l’idée que tu t’es retrouvé seul, entièrement seul face au démon que tu redoutais tant, la haine. » « Je suis terrifiée quand je pense, je n’arrête pas d’y penser, que tu as laissé échapper ton dernier souffle entouré d’assassins qui voyaient en toi quelqu’un de dangereux ; dangereux, toi !? » « Je suis terrifiée par leur haine mais me souviens que tu arrivais à convertir tout ce qui te terrorisait en motif d’action. Et je te promets que tes assassins seront condamnés. Je t’en donne ma parole, notre parole à tou.te.s. La société que tu voulais, c’est nous qui allons la construire, même si c’est la dernière des choses que nous ferons jamais. »

« Le fait que Zak soit probablement entré pour y chercher refuge dans le lieu qui devait le conduire à la mort est à lui seul une raison de pleurer jusqu’à la fin de ses jours », écrit V.

« Votre normalité pue le sang » dit un pochoir qui apparaît sur les murs de la ville au surlendemain de sa mort.

Sur la page d’un groupe d’entraide de la communauté LGBTQI, W. envoie un SOS : il recherche d’urgence un.e colocataire disposant de son propre espace jusqu’en septembre prochain, pas trop loin du métro. Son budget est de 150 euros par mois, tout compris, au moins jusqu’à ce qu’il trouve un second job. Il a fait des études supérieures dans le domaine de la pétrochimie et pense qu’il ne lui sera pas trop difficile de tenir un plateau et de servir des clients « pas forcément aimables ». L., qui se sent terriblement isolé et souffre de crises de panique depuis la mort de Zak, lui répond aussitôt.

La mort de Zak fait remonter à la surface toutes les peurs de la communauté LGBTQI, peurs qui atteignent pour certain.e.s un point de paroxysme insupportable, et toutes les haines de la société grecque. Les commentaires publiés en ligne sous les articles de presse, les posts Facebook ou les tweets sont quelquefois presque aussi violents que les images de l’assassinat. « Il frétille encore », remarque un lecteur en-dessous d’un article décrivant le lynchage. À la veille de la manifestation du 2, le parti Aube Dorée organise une manifestation en motos à travers la ville, une parade. Un homosexuel de 17 ans est pendu en Iran après avoir été accusé d’avoir eu une relation avec un jeune homme de son âge. Tara Fares, ex-Miss Irak et blogueuse influente, est abattue dans une rue de Bagdad.

S. publie une photo de Zak sur laquelle il porte un beau tee-shirt bleu avec les mots : « Protéger et survivre. »

« The Trick Is To Keep Breathing. » C’est un titre de chanson — la dernière chanson qu’il poste sur Twitter à la veille de sa mort. « Le truc, dit la chanson, c’est de continuer à respirer. »

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Dimitris Alexakis

Athènes, jeudi 4 octobre 2018

https://www.facebook.com/justice4ZakZackie/

Soutenons les VioMe : le collectif lance la commande groupée

Solidarité concrète avec les travailleurs
de l’usine VIOME occupée et autogérée
à Thessalonique en Grèce

Après que leur usine ait été mise en faillite et abandonnée par les employeurs, les salariés depuis maintenant 5 ans l’ont reprise en coopérative ouvrière.

Ils fabriquent des produits d’entretien ménager écologiques qu’ils distribuent de manière militante. Ils sont menacés d’expulsion par la justice grecque. Ils en appellent à la solidarité internationale.

Tout comme en 2016 et en 2017, afin de les soutenir, le collectif de Grenoble vous propose de passer une commande groupée de leurs produits.

Vous trouverez :

– le catalogue et les prix (TTC)  :  Catalogue et tarif VIOME 2019

– le bon de commande avec tous les renseignements utiles : Bon-de-commande-Viome-2018

Attention : la date limite de réception des commandes est fixée au vendredi 16 novembre 2018.

Contribuons par nos achats à soutenir cette lutte exemplaire !

A noter la soirée qui sera consacrée au mode de gestion en scop et qui sera l’occasion de faire un point d’actualité sur les VioMe et passer les dernières commandes

La SCOP : de Thessalonique à Grenoble, une autre manière de gérer une entreprise

le 7 novembre 2018 à 20h à la Maison des associations de Grenoble

 

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