Infos Grèce par Yannis Youlountas

Prison pour Rouvikonas et autres nouvelles, ces dix derniers jours par Yannis Youlountas ·

Bonjour,

Quelques nouvelles de Grèce où nous nous trouvons encore, alors que plusieurs de nos compagnons de convoi viennent de repartir en France et que d’autres viennent à l’instant d’arriver. Depuis une dizaine de jours, l’actualité s’accélère ici.

1- Procès de Giorgos Kalaïtzidis et Nikos Porgiotis à Athènes :
TROIS ANS ET DEMI DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE ROUVIKONAS !

2- Révélations du New York Times (vidéo) qui confirment ce que nous disions :
L’ÉTAT GREC ASSASSIN EXPULSE DES ADULTES ET DES ENFANTS MIGRANTS SUR DES EMBARCATIONS PRÉCAIRES !

3- Résultats des élections législatives :
ABSTENTION RECORD EN GRÈCE, REFUS MASSIF DU SYSTÈME POLITIQUE, LA JEUNESSE ABSENTE DES URNES, TSIPRAS DÉFINITIVEMENT GRILLÉ

4- Suite du convoi solidaire dans les lieux autogérés en Grèce :
MERCI, MILLE FOIS MERCI POUR VOTRE SOUTIEN !

5- Quatrième film documentaire en préparation :
NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES SORTIRA DURANT L’HIVER

1- Procès de Giorgos Kalaïtzidis et Nikos Porgiotis à Athènes :

TROIS ANS ET DEMI DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE ROUVIKONAS !

Deux membres du groupe anarchiste Rouvikonas viennent d’être condamnés lourdement pour avoir repeint en rouge et noir le parlement grec le 21 mai 2019.

Il y a quatre, la procédure avait rapidement été reportée sous la pression internationale, les ambassades de Grèce ayant été prises d’assaut sous différentes formes dans de nombreuses régions du monde durant le mois de juin 2019, à commencer par celle de Paris dès le 27 mai (photo ci-dessous).

Quelques semaines plus tard, en septembre 2019, la droite se ridiculisait à son tour. Le nouveau président du parlement, Konstantinos Tasoulas (à gauche sur la photo ci-dessous), annonçait en grande pompe « Une ligne… Maginot contre Rouvikonas » pour « empêcher les anarchistes de revenir. » À la demande du nouveau premier ministre Kyriakos Mitsotakis et de nombreux parlementaires anxieux, le président du parlement s’était réuni avec le chef de la police, Michalis Karamalakis (à droite sur la photo ci-dessous), et plusieurs « experts » pour mettre en place « un dispositif dans le but de renforcer la protection des députés et du lieu où ils se réunissent. » Le projet ? Une augmentation du nombre de caméras et de policiers autour du bâtiment, mais aussi des obstacles extérieurs supplémentaires, ainsi qu’une amélioration de l’arsenal à l’intérieur des lieux, au cas où il serait « pris d’assaut par les anarchistes. » Résultat : un grand éclat de rire en Grèce pour le choix de ce symbole, car on se rappelle que la ligne Maginot avait été un échec complet !

Finalement, un procès bâclé s’est déroulé ces derniers jours et le tribunal d’Athènes s’est dépêché de rendre son verdict durant les derniers jours de la campagne électorale contre les deux membres de Rouvikonas ! À la surprise générale, les trois juges ont décidé de frapper très fort : trois ans et demi de prison, pour un peu de peinture et quelques fumigènes!

Certes, Mitsotakis s’est immédiatement frotté les mains et s’en est servi durant la fin de sa campagne, mais rappelons que c’est sous le gouvernement Tsipras du printemps 2019 (avant qu’il soit battu par Mitsotakis en juillet 2019, que les poursuites ont été déclenchées contre les deux membres de Rouvikonas (qui demandaient simplement que les droits fondamentaux du prisonnier politique Dimitris Koufodinas soient respectés). À l’époque, les mots de Tsipras avaient été très durs, appelant à une « condamnation lourde et exemplaire » et ajoutant : « Une telle action de vandalisme est complètement antidémocratique et n’a rien à voir avec les luttes sociales ». Jusque-là, Mitsotakis accusait parfois Tsipras de protéger Rouvikonas : une rumeur absurde, bien sûr, mais à laquelle croyaient certains naïfs. Tsipras avait sans doute voulu se démarquer, un mois et demi avant les futures élections législatives du 7 juillet 2019.

Les libertaires avaient aussitôt réagi à ces propos avec des visuels comme celui-là sur Internet : « Quelles traces laissent les actions contre la « démocratie » ? De la peinture ! Quelles traces laissent les actions de la « démocratie » ? Faim, Pauvreté, désespoir, suicides, chômeurs, morts » (image ci-dessous).

Voilà pourquoi, aujourd’hui, le mouvement social en veut tout autant à Syriza qu’au parti de droite Nouvelle Démocratie pour cette procédure démesurée et cette sentence brutale contre les deux militants antiautoritaires. À la veille des élections, Giorgos Kalaïtzidis et d’autres membres du mouvement social ont publiquement appelé à boycotter Tsipras, dissuadant ceux qui envisageaient de pousser discrètement pour faire tomber Mitsotakis. Finalement, l’échec total de Tsipras ce dimanche est aussi lié à cette affaire. Même si les voix des révolutionnaires sont rares et peu nombreuses, en Grèce comme ailleurs, cela a clairement participé au refus de beaucoup de jeunes proches du mouvement social de se déplacer. Et puis surtout, personne en Grèce n’a oublié la violation du résultat du référendum de juillet 2015 par Tsipras sous la pression des principaux dirigeants européens. Rares sont ceux qui lui pardonnent. Pour beaucoup, Tsipras est définitivement grillé et ne reviendra plus jamais au pouvoir.

Sur quel principe le jugement du tribunal d’Athènes se base-t-il pour condamner aussi lourdement les deux membres de Rouvikonas ? Il existe en Grèce une vieille loi qui qualifie de crime toute profanation d’un monument historique. Hors, cette loi n’a jamais été utilisée. Et elle ne concerne que les monuments antiques ou médiévaux régulièrement entretenus par les services d’archéologie. Il se trouve que le parlement n’en fait pas partie : il est très récent et n’a aucune spécificité dans ce domaine. Durant le procès, l’avocate de Rouvikonas a parfaitement montré, preuves à l’appui, que le batiment centenaire n’est pas du tout suivi par les services d’archéologie. Elle a également rappelé qu’un des deux membres de Rouvikonas poursuivis n’a pas été identifié avec certitude. Il y a quelques jours, le procureur lui-même a proposé aux juges de requalifier le crime en délit, avec les conséquences que cela implique, en l’occurrence une condamnation beaucoup plus légère.

Mais, dans un climat politique délétère, en particulier une surenchère de discours sécuritaires qui a profité à la droite, les trois juges ont décidé de maintenir la qualification de « crime par profanation de monument historique » et ont finalement condamné à trois ans et demi de prison ferme les deux militants (l’amende est de 26400 euros).

Bien sûr, les deux membres du groupe anarchiste vont faire appel. Pour l’instant, ils sont encore en liberté, parmi nous. Mais la brutalité de l’État montre à quel point la situation s’est encore tendue ces derniers mois en Grèce, un peu comme en France, avec une répression sans cesse plus menaçante. Pour l’instant, cela ne freine pas le groupe dans ses nombreuses actions, un peu partout à Athènes et ailleurs, bien au contraire ! Le groupe a même essaimé dans toute l’Attique (cf carte) et les actions se sont multipliées cette semaine.

Dans ce contexte kafkaïen, toute initiative de solidarité à l’égard des membres de Rouvikonas condamnés sera la bienvenue : action, texte, photo, vidéo, soutien financier ou politique… Ou ne serait-ce qu’en relayant l’info. Merci d’avance !

Parmi les chansons de soutien à Rouvikonas, en voilà une francophone, signée Sid (qui est déjà venu en convoi avec nous) :
https://soundcloud.com/user-752405251/rouvikonas

Présentation vidéo de Rouvikonas : https://youtu.be/342ZzVVCm70

 

.2- Révélations du New York Times (vidéo) qui confirment ce que nous disions :

L’ÉTAT GREC ASSASSIN EXPULSE DES ADULTES ET DES ENFANTS MIGRANTS SUR DES EMBARCATIONS PRÉCAIRES !

Autre événement à la veille des élections grecques : le New York Times a choisi ce moment pour diffuser une preuve formelle des renvois d’exilés par la police grecque sur des embarcations précaires. Une pratique à la fois illégale et dangereuse. Une atteinte à la vie des personnes : adultes et enfants.

Voici la vidéo :
https://www.nytimes.com/2023/05/19/world/europe/greece-migrants-abandoned.html

Visible également ici : https://youtu.be/izf8KBLPYQ8

Malheureusement, selon plusieurs observateurs, cette vidéo n’aurait pas affaibli la candidature de Mitsotakis à sa réélection, bien au contraire. En effet, il semble qu’elle lui ait permis de racoler dans les rangs de l’extrême-droite. Des anciens leaders d’Aube Dorée souhaitaient qu’aucune voix n’aille à Mitsotakis (suite à leur impossibilité de se présenter aux élections). Mais l’image de migrants renvoyés brutalement a probablement séduit les anciens électeurs d’Aube dorée, aux dires de plusieurs journalistes, amplifiant ainsi le score du premier ministre sortant. La construction de l’immense mur à la frontière de la Turquie a également pesé en faveur d’un puissant report des voix de l’extrême-droite sur Mitsotakis.

 

Au fil des années, la condition des migrants et des réfugiés ne cesse de se détériorer en Grèce, à la porte de l’Europe. Nos lieux autogérés sont sans cesse harcelés, menacés ou expulsés. Mais on ne baisse pas les bras et les squats et collectifs d’accueil continuent de résister avec beaucoup de courage et de persévérance, parfois en modifiant un peu leur projet initial, par exemple en jumelant l’accueil des exilés et l’accueil logistique des réunions de collectifs de luttes (c’est par exemple ce que fait actuellement le Notara 26, à Exarcheia). Cela permet d’affirmer encore plus la dimension politique de nos squats de réfugiés/migrants en tant que membres à part entière du mouvement social, mais aussi cela encourage les organisations et groupes amis à veiller un peu plus sur les squats menacés d’expulsion : les soutenir et les protéger autant que possible.

Dernière minute :

Une embarcation de migrants a chaviré avant-hier au large de Mykonos. 17 personnes essayaient de rejoindre l’Italie depuis la Turquie : 11 hommes, 5 femmes et une fillette de 7 ans. Deux hommes ont été sauvés in extremis (un Syrien et un Palestinien). Trois corps ont été retrouvés : un homme et deux femmes. Tous les autres sont portés disparus, y compris la fillette de 7 ans. Les recherches se poursuivent aujourd’hui, en mer et le long des côtes de l’île touristique.

3- Élections législatives dimanche dernier :

ABSTENTION RECORD EN GRÈCE, REFUS MASSIF DU SYSTÈME POLITIQUE, LA JEUNESSE ABSENTE DES URNES, TSIPRAS DÉFINITIVEMENT GRILLÉ

Le parti unique de la droite a atteint les 40%. La gauche a fait un peu plus au total, mais elle a perdu car elle est divisée et très conflictuelle. L’extrême-droite n’est représentée dans le parlement que par le parti identitaire, clérical et complotiste « Solution grecque » (4,5%, 16 députés sur 300). Certes, on est loin du score de Le Pen et Zemmour en France, mais l’extrême-droite grecque est aussi une composante du parti de Mitsotakis jusqu’à son gouvernement : plusieurs de ses ministres sont des transfuges de l’ancien parti d’extrême-droite LAOS. Bref, les idées nationalistes et fascistes sont loin d’avoir disparues en Grèce. Elles sont encore en action un peu partout dans la société, au grand dam de toutes les personnes victimes et discriminées.

Concernant la remontée du PASOK, étonnante vu d’ailleurs en Europe, il faut comprendre que ce parti est l’un des seuls à avoir changé de porte-parole et candidat principal pour le poste de premier ministre. Cette petite remontée du score du PASOK, de 6% à 11% est donc une prime à la nouveauté, alors même que la lassitude est forte à l’égard des autres leaders politiques plus connus qui ont, pour beaucoup, trempés dans d’innombrables affaires.

En légère hausse, le parti communiste KKE (de 5 à 7%) a un peu profité de la chute de Syriza. Mais pas Zoé Konstantopoulou ni Yanis Varoufakis qui ont loupé de peu leur entrée au parlement, en se présentant l’un et l’autre : il fallait 3% des suffrages exprimés et ils n’ont atteint que 2,8% et 2,6%.

Sur quelle île la droite a-t-elle obtenu le score le plus bas ? Cette fois, ce n’est pas en Crète, mais sur l’île d’Icare (Ikaria). Comme le montre la carte ci-dessus, la droite n’a atteint que 19%, derrière le parti communiste (35%) et Syriza (22%).

En Crète, dans le département d’Héraklion, la droite a réuni 35% des suffrages exprimés (c’est la première fois qu’elle dépasse les 30%), l’extrême-droite stagne à 2% (le parti « Solution grecque ») et la gauche plafonne à 60% : Syriza 23% (en très forte baisse), Pasok 22%, KKE 5%, Mera25 3% (Varoufakis), Plesio Elefterias 2% (Zoé Konstantopoulou), autres partis de gauche 5%.

Quel est le premier parti de Grèce actuellement ? L’absention ! Près de 40% de Grecs ont refusé de voter (alors que le vote est censé être obligatoire) et 3% de ceux qui se sont déplacés ont glissé des bulletins blancs ou nuls : par exemple, la photo d’une chèvre dans plusieurs petits villages de Crète (île sur laquelle l’abstention a été plus forte qu’à l’habitude, ce qui a fait très mal à Syriza).

À Kastoria, près de la frontière nord de la Grèce, un mouton a été introduit dans un bureau de vote, scène immortalisée par une photo (ci-dessous) qui a fait le buzz jusqu’à la soirée électorale.

Et maintenant, que va-t-il se passer ? En fait, Mitsotakis ne veut pas d’une majorité relative. Il veut la majorité absolue. Il va donc se représenter le dimanche 25 juin, lors d’une seconde élection. En attendant, c’est le président de la Cour des comptes, Ioannis Sarmas, qui assure l’intérim. La loi prévoit que pour l’élection suivante, la prime au premier sera activée : jusqu’à 50 sièges en bonus (dans un parlement de 300 sièges). À ses yeux, c’est la garantie d’atteindre non pas seulement 51% des députés, mais 60%… ce qui lui permettrait de modifier la Constitution, projet qu’il caresse depuis longtemps ! Encore un projet autoritaire. Un de plus !

Seule une alliance Syriza-Pasok pourrait contrer la réélection de Mitsotakis le 25 juin. Mais plus personne ne veut s’associer à Tsipras et le nouveau chef du Pasok, Nikos Androulakis, espère percer progressivement jusqu’au pouvoir, en commençant par passer devant Syriza. Bref, de la cuisine politicienne dégoûtante, comme souvent. Un journal d’extrême-gauche présente ce casting comme celui d’un western, avec en titre sur l’affiche : « Le salopard, le traitre et l’ambitieux. »

Pendant ce temps, sur le terrain, des milliers de militants et de militantes mènent d’innombrables luttes concrètes, proposent l’exemple d’une autre façon de vivre ensemble, dans l’entraide, la concertation, l’intelligence collective, la création et la résistance, le respect de nos différences, la liberté de choisir sa voie, l’envie de changer profondément la société et non pas simplement la vitrine d’un système politique complètement à bout de souffle.

Non, je vous assure : Mitsotakis n’est pas apprécié en Grèce. Ce n’est pas vrai. Il est ridicule. Il est la risée des conversations, des caricatures, des détournements de photos… Et tout le monde sait surtout qu’il est pourri jusqu’à la moelle : on ne compte plus les affaires de corruption, d’écoutes téléphoniques illégales, d’entraves à la liberté d’expression, de violences policières, sans oublier le terrible accident de train lié à la privatisation sauvage des services publics sous sa responsabilité, qui a causé 57 morts il y a quelques semaines.

Mitsotakis est encore là parce que beaucoup ne veulent plus jouer à la roue de l’infortune : jeu pernicieux proposant des alternatives qui n’en sont pas — ou pas suffisamment. La plupart des médias de masse qui fabriquent l’opinion appartiennent aux milliardaires qui nous exploitent, par conséquent les règles du jeu électoral sont viciées. Les dés de la pseudo démocratie sont pipés. Dans le berceau historique du concept de démocratie (bien que réduite à une élite citoyenne masculine à l’origine), énormément de Grecs répètent en avoir « marre de [ce que beaucoup appellent] la démocratie anglaise » (démocratie représentative).

Il devient urgent de prendre nos vies en mains, de passer à la démocratie directe ou mieux encore : le fruit de la conscience politique n’est peut-être pas encore mûr, mais l’urgence est là, criante, dans tous les domaines. Et nous œuvrons ensemble, de toutes nos forces, dans ce sens. Pour montrer que cette voie utopique est non seulement possible et désirable, mais aussi indispensable.

4- Suite du convoi solidaire dans les lieux autogérés en Grèce :

MERCI, MILLE FOIS MERCI POUR VOTRE SOUTIEN !

Beaucoup de camarades et compagnons de voyage ont été retardés par leur engagement dans les luttes en France et, encore plus, par une avalanche de soucis de santé. Malgré tout, les fourgons solidaires arrivent tant bien que mal, au fil des semaines, dans différentes régions de Grèce ! Une par une ou deux par deux, les arrivées se succèdent. Non seulement nous avons réussi à livrer la plus grande partie de ce que nous avons collecté en France (et un peu en Suisse et en Belgique), mais nous avons aussi effectué à plusieurs reprises des livraisons d’huile d’olive et de fruits et légumes de Crète, achetés à des paysans compagnons de luttes, grâce à vous !

 

Nous avons également transmis des soutiens financiers aux assemblées des lieux et collectifs (quand nous le pouvions) et nous sommes aussi allés faire des courses dans plusieurs villes accompagnés des mandatés de lieux ou collectifs dans le besoin, en utilisant nos fourgons pour transporter les achats nécessaires, parfois volumineux, ou encore pour aider à effectuer des déménagements, sans oublier le ramassage de mobilier donné à l’autre bout d’une même ville, mais qu’il nous restait à acheminer.

Parmi les nouveaux lieux aidés, nous avons apporté un soutien financier au squat Botanikos Gypos (« Jardin Botanique ») à Petroupoli, au nord d’Athènes. Ce lieu autogéré formidable a subi une attaque fasciste il y a un mois : tags nazis sur les murs extérieurs, cris et menaces dans le hall d’entrée…). Le squat Botanikos Gypos vous sera présenté, parmi d’autres, dans le prochain film documentaire, y compris les serres autogérées attenantes au bâtiment principal qui participent à ce projet original et prometteur.

Nous avons aussi participé à des tables rondes, des concerts, des animations, des chantiers solidaires, des rencontres-débats sur divers sujets, notamment avec Rouvikonas au K*VOX (photos), au Notara, mais aussi ailleurs sur le continent et en Crète, dans l’ouest et le sud de l’île. Et ce n’est pas fini !

Si jamais vous avez prévu d’aller en Grèce durant l’été (par la route et par ferry), contactez-nous : car nous avons encore quelques cartons en attente dans plusieurs régions de France (pas beaucoup et ce sont les moins urgents, mais ce serait bien qu’ils puissent profiter de votre voyage. Sinon, ne vous inquiétez pas, on se débrouillera autrement durant l’automne (surtout ne faites pas le voyage exprès pour ça).

Si vous voulez donner un coup de pouce financier, vous savez comment le faire. C’est toujours pareil : virement, paypal ou chèque.

1- Pour effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »

2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
https://www.paypal.com/donate/?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY

3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues

Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80

Et surtout n’hésitez pas à nous faire savoir à quoi ou à qui vous souhaitez que votre soutien soit transmis (frais de Justice de militant-es, cuisines solidaires, aide aux exilé-es…). On a l’habitude 🙂

5- Quatrième film documentaire en préparation :

NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES SORTIRA DURANT L’HIVER

Tout d’abord, on vous le répète : inutile de nous demander l’autorisation pour diffuser nos films, en particulier pour financer les caisses de grèves ou des frais de Justice. Tous nos films sont à votre entière disposition, en creative commons, à votre service pour faire réfléchir le public et soutenir les luttes en France aussi. Plusieurs dizaines de projections de nos trois films ont eu lieu depuis février. Servez-vous ! Ne nous demandez pas notre accord ! Nous sommes nos propres pirates !

Après Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’Amour et la Révolution, le quatrième opus sortira l’hiver prochain : Nous n’avons pas peur des ruines témoignera de la période de juillet 2019 à aujourd’hui. Le tournage a repris ces derniers mois, mais se termine actuellement. Le montage reprend également, une dernière fois. On avance bien, en bonne compagnie ! Et, comme vous le découvrirez, avec de belles surprises et de superbes musiques, donc plusieurs écrites pour le film.

En attendant, bonnes luttes ! Tenez bon !

De tout cœur avec vous depuis la Grèce, avec nos camarades et compagnons grecs, migrants et convoyeurs !

Vive la Sociale !

Yannis Youlountas po/ les membres de l’action

 

VioMe La commande groupée 2023

Le Comité Grenoblois Grèce-Austérité-Grenoble a tenu une permanence ce vendredi 26 mai et samedi 27 mai 2023 pour le retrait des marchandises reçus dans le cadre de la commande groupée 2023 (336 kg représentant 1 790 €) pour soutenir les VioMe.

Le Comité remercie les 25 personnes ou structures qui ont participé et espère pouvoir vous donner rendez-vous en 2024.

 

 

 

 

Gouvernement provisoire en Grèce

Ioannis Sarmas a prêté serment en tant que Premier ministre intérimaire

25 mai 2023   

Le président de la Cour des comptes, Ioannis Sarmas, a prêté serment en tant que Premier ministre d’un gouvernement intérimaire qui conduira la Grèce au second tour des élections, le 25 juin.

Peu après 16 heures, M. Sarmas, 66 ans, a prêté serment au palais présidentiel en présence de la présidente de la République hellénique, Katerina Sakellaropoulou.

Mme Sakellaropoulou lui avait donné l’ordre de former un gouvernement intérimaire mercredi, à la suite de ses réunions avec les dirigeants des trois principaux partis issus des élections du 21 mai. Tous les dirigeants ont successivement refusé les mandats exploratoires pour former un gouvernement….

Mitsotakis lui a souhaité « bonne chance » dans ses fonctions avant de lui remettre un volumineux dossier bleu contenant « toutes les informations nécessaires à l’exercice de ses fonctions et à l’information sur les questions et obligations nationales et internationales actuelles », comme il l’a indiqué.

Ioannis Sarmas devrait être le premier ministre intérimaire pendant les 32 prochains jours, si le second tour des élections du 25 juin produit un gouvernement et plus longtemps si un troisième tour est nécessaire.

Selon les médias, le gouvernement intérimaire sera composé d’une vingtaine de ministres dans les ministères essentiels et d’aucun ministre adjoint ou suppléant.

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2023/05/25/sarmas-sworn-n-caretaker-pm/

Grèce : lourde défaite de la gauche plus que jamais divisée

Les élections législatives du 21 mai ont déjoué tous les pronostics, qu’il s’agisse de l’abstention, du score de la gauche ou des résultats du parti au pouvoir.

On attendait une forte abstention, mais elle s’est maintenue aux niveaux de septembre 2015 et 2019. On donnait très peu de chances de victoire à Syriza mais on attendait un écart de sept points maximum entre la Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis et Syriza. Il est de 20 points, avec une écrasante victoire de ND à environ 40,7 % (39,8 % en 2019), et un recul très inquiétant de Syriza, qui passe de 31,5 % en 2019 à 20 %, perdant environ 600 000 voix. Même si ND frôle la majorité en sièges, le plus probable en ce dimanche soir, en fonction des résultats définitifs, est qu’elle refusera un gouvernement de coalition et que de nouvelles élections auront lieu début juillet, avec un bonus au premier parti pouvant aller jusqu’à 50 députéEs.

Les premiers enseignements

Alors que sa politique de casse ultra-libérale a provoqué colères et mobilisations populaires, que les atteintes aux droits démocratiques sont des plus inquiétantes, les ressorts de la victoire de ND sont à l’évidence son contrôle de la plupart des grands médias, une campagne raciste et emplie de mensonges (Tsipras présenté comme complice des nazis… par un gouvernement qui a des ministres fascistes !). Mais un élément déterminant a été la division active de la gauche, faisant feu avant tout sur Syriza et s’entre-accusant systématiquement en mettant au second rang la table rase sociale de ND.

Syriza est le grand perdant de ces élections, n’étant en tête que dans une seule région au lieu d’une dizaine en 2019. Une partie de ses électeurs qui avaient quitté le Pasok après son alliance avec ND et un parti fasciste pour appliquer les mémorandums, semblent être retournés au Pasok, pourtant plus droitier que jamais mais qui regagne un peu (11,5 % contre 8,1 en 2019). Il faudra étudier où sont allées toutes les voix perdues, mais il est certain que Syriza dans l’opposition a continué à décevoir, étant bien peu présent dans les mobilisations. Cela dit, il reste perçu comme le principal parti de gauche pour dire non à Mitsotakis et ND. Par contre, ce résultat pourrait accroître la fragilité organisationnelle et militante de Syriza.

Éclatement à gauche

Dimanche soir, le KKE (PC grec) était satisfait, comme si le résultat catastrophique n’allait pas renforcer l’attaque de la droite extrême de Mitsotakis. Certes, en obtenant 7,2 % (5,30 en 2019), il progresse un peu nationalement, bien plus fort dans les banlieues ouvrières, mais son objectif de devenir le troisième parti est raté et, surtout, il n’ouvre aucune autre perspective politique que continuer à voter pour le KKE.

Comme attendu, le seuil de 3 % pour obtenir des députéEs, maintenu avec ces élections à la proportionnelle, fait passer de 8 % à 15 % les voix non représentées au Parlement. Au moins 6 % sont des voix de gauche, réparties entre l’Unité populaire, MeRA25 (Varoufakis), Plevsis (Zoé Konstantopoulou) et d’autres groupes ayant moins de 1 %. Parmi eux, nos camarades d’Antarsya qui, avec 0,5 %, ne font que maintenir un score qui n’aidera en rien à relancer une dynamique pour la construction d’une gauche anticapitaliste large, plus que jamais nécessaire face au fort recul de toute la gauche (environ 43 % en 2019, et 33 % en 2023).

Urgence d’une relance à gauche

Pour couronner le tout, notons le score du groupe fasciste Elleniki Lyssi (4,5 %). Un autre groupe fascisant frôle 3 %, et d’autres sont à moins de 1 %, ce qui, ajouté au poids de l’extrême droite dans ND, forme un ensemble des plus menaçants. Raison supplémentaire pour que la gauche prenne enfin ses responsabilités avant les probables élections de juillet : face à la politique néolibérale dure d’une droite affairiste et répressive liée à l’extrême droite, il faut mettre fin à la division suicidaire autour de campagnes communes, par exemple contre les refoulements de réfugiéEs ou contre les confiscations par les banques des ­logements de modestes propriétaires.

À Athènes

https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-lourde-defaite-de-la-gauche-plus-que-jamais-divisee

L’insécurité alimentaire des réfugiés augmente en Grèce

Asile et migration – L’insécurité alimentaire des réfugiés augmente en Grèce, dénonce une ONG

(Belga) L’insécurité alimentaire des réfugiés et demandeurs d’asile augmente en Grèce, dénonce lundi l’ONG INTERSOS qui fournit des repas à Athènes à plus de 5.000 exilés.

Asile et migration - L'insécurité alimentaire des réfugiés augmente en Grèce, dénonce une ONG
Selon le rapport publié lundi, 59% des personnes à qui l’ONG est venue en aide n’avaient accès à suffisamment de nourriture qu’entre une à trois fois par semaine. Ils se trouvaient ainsi dans une insécurité alimentaire sévère selon les critères de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Depuis février 2022, 5.932 personnes ont été intégrées au programme « Nourriture pour tous » d’INTERSOS, dont 54% de mineurs. Mais en un an, la liste d’attente a quadruplé et plus de 2.000 exilés sont dans l’attente de cette aide. « Après la période de Covid-19, de nombreux réfugiés qui travaillaient au noir se sont retrouvés sans aides de l’État, en détresse. Ensuite l’inflation a empiré la situation », souligne Matina Stamatiadou en charge du projet pour l’ONG. « Des enfants vont à l’école le ventre vide et s’évanouissent. Les parents nous disent qu’ils doivent choisir entre payer le loyer et leur offrir de bons repas », ajoute-t-elle. Fin décembre 2022, la fin du programme ESTIA, financé par l’Union européenne et lancé en 2015 pour aider les demandeurs d’asile à accéder à un logement, a également accentué les difficultés des réfugiés. Pour Lefteris Papagiannakis, directeur du Conseil grec pour les réfugiés qui coopère avec INTERSOS dans la mise en place du programme, ce manque d’accès à la nourriture fait « partie d’une même politique en Grèce envers les demandeurs d’asile, qui sont confrontés à la violence aux frontières, à l’isolement dans les camps et aux obstacles systématiques à la protection sociale et à l’intégration ». Depuis son arrivée au pouvoir il y a quatre ans, le gouvernement conservateur grec a durci sa politique migratoire. (Belga)
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Ce que les graffitis athéniens ont à nous dire

Poésie et lutte sur les murs d’Athènes.

Illustration 1Cette ville est à nous de part en part

Athènes est, après les îles grecques de la mer Egée, la porte d’entrée vers l’Europe pour des milliers d’exilés, immigrés, réfugiés venus du monde entier. Véritable melting-pot culturel, elle accueille depuis toujours ceux qui viennent s’y installer durablement, ou ne font qu’y passer en attendant de continuer leur route.

Illustration 2Les violeurs ne sont pas une race à part. Ce sont des hommes de tous les jours.

Illustration 3Visitez Kipseli comme un habitant du coin. Trouvez un job pour 3,5 € l’heure

En Grèce, le salaire minimum est de 780 euros depuis le 1er avril dernier. Pourtant, les prix ne cessent de flamber. Kipseli est un quartier populaire du nord-est de la capitale.

Illustration 4Flics partout, hôpitaux nulle part

Depuis la pandémie de covid, les effectifs des policiers ont été augmentés alors que les soignants ne cessent d’alerter sur leur manque d’effectifs.

Illustration 5Ioanna je t’aime

Illustration 6Réfugiés bienvenue. Touristes allez vous faire foutre!

Illustration 7Sans Zackie, pas de paix

Zak Kostopoulos, ou Zackie, était un militant LGBT tué le 21 septembre 2018 dans le quartier d’Omonia. Passé à tabac par un bijoutier et des passants, bientôt rejoints par des policiers, il est décédé dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital. L’affaire a ému le pays entier et Zackie est devenu le symbole de la lutte contre les violences policières et pour les droits des personnes LGBT en Grèce.

Illustration 8Peu importe où on va et ce qu’on porte, on mérite de se sentir en sécurité partout

Illustration 9Merde à la société du spectacle

Illustration 10

Illustration 12Grèce, Turquie, Macédoine, nos ennemis sont les banques et les ministères

Illustration 13Kipseli antifa

Illustration 14Ce qui se passe à Petrou Ralli n’est un secret pour personne / Centre de détention = enfer

Petrou Ralli est le nom du quartier d’Athènes dans lequel se trouve le centre de rétention administrative dans lequel sont enfermés les étrangers en attente d’expulsion. Certains vivent en Grèce depuis des années mais n’ont pas les moyens de renouveler leur carte de séjour. Depuis plusieurs années, des médias indépendants alertent sur les conditions inhumaines dans lesquelles ils sont enfermés: insalubrité, violences policières, harcèlement sexuel.

Illustration 15Le fouet pour les violeurs

Illustration 16Manger de la viande c’est la mort

Illustration 17

Certains yeux voient

Source https://blogs.mediapart.fr/550506/blog/120523/ce-que-les-graffitis-atheniens-ont-nous-dire-1

Grèce : quatre ans de casse ultra­libérale et d’attaques contre les droits


Crédit Photo Le Premier ministre Mitsotakis. Wikimedia Commons

Après moult hésitations, le Premier ministre Mitsotakis junior a fixé les élections législatives au 21 mai. Même si les sondages donnent son parti, Nouvelle Démocratie (ND), en tête, les résultats sont incertains, tant est grande la colère après quatre ans d’ultra-libéralisme et donc de répression et d’attaques contre les droits.

Même si Mitsotakis contrôle la plupart des médias et verrouille l’appareil d’État, il est inquiet. Dans ce climat, la date et la forme des élections sont un enjeu : celles-ci se feront à la proportionnelle — avec un seuil minimum de 3 % pour avoir des députés — mais, sauf entente pour un gouvernement de coalition, devraient déboucher sur de secondes élections qui se feront, elles, selon une loi ND donnant au premier parti un bonus de 20 à 50 députéEs. Ces secondes élections auraient lieu début juillet : Mitsotakis espère ainsi priver de vote quelque 220 000 jeunes travailleurEs saisonniers partis bosser sur les lieux touristiques. Précisons que les sondages mettent Syriza largement en tête chez les jeunes…

Cette manœuvre électoraliste est l’une des innombrables attaques antidémocratiques et antisociales de ce gouvernement de droite extrême, le pire depuis la junte des colonels pour de nombreux GrecQUEs, à tel point qu’il inquiète même les instances européennes quant à ses méthodes, par exemple avec l’affaire des innombrables écoutes, que Mitsotakis tente d’étouffer. Comme par ailleurs la situation économique n’est guère meilleure pour la population que sous les mémorandums, toutes les raisons sont là pour que cette droite radicalisée tombe dès le 21 mai, d’autant que pendant ces quatre ans, les luttes populaires n’ont jamais cessé. Mais on retrouve ici une condition connue : pour faire tomber la droite, quelle alternative à gauche ? Pour ce premier article avant les élections, nous évoquons les quatre ans de ce gouvernement de combat contre les travailleurEs, les migrantEs et les jeunes.

Un gouvernement à composition fasciste

On a parlé souvent pour ce gouvernement d’un pouvoir à la chilienne, ultra-libéral et ultra-répressif. La comparaison a du vrai : il fallait le cynisme de Mitsotakis pour mettre à des postes clés, quelques années après les meurtres du groupe nazi Aube dorée, des fascistes certes « recyclés ND », mais dont deux avaient été ministres en 2011 (gouvernement ND-PASOK-Laos) sous l’étiquette du groupe fasciste Laos. Dès son élection en 2019, la ND a ainsi cajolé les électeurs des fascistes et, après la condamnation des meurtriers nazis en 2020, elle les a laissé agir en prison, à tel point que l’un des chefs d’Aube dorée a pu présenter des candidats d’un groupe fasciste reconstitué, que les sondages donnent à 3 ou 4 %…

Quant aux ministres fascistes, leur rôle est important dans le gouvernement : l’un est ministre de l’Intérieur et fabrique des mesures afin que « plus jamais la gauche ne revienne au pouvoir » (ses propres propos) ; l’autre est au Développement et pèse de tout son poids pour la privatisation à tout-va ; le troisième est à la Santé où il systématise la casse de l’hôpital public au profit du privé : dans la plupart des hôpitaux de la région athénienne, 50 % des lits post-opératoires ne fonctionnent pas faute de personnel…

Mais ne nous y trompons pas : les ministres de la droite d’origine « classique » n’ont rien à envier aux ministres d’extrême droite. Que ce soit à l’Éducation, avec la police universitaire et les cadeaux à l’école privée, au Travail, avec une loi anti-syndicale et cassant la journée de huit heures pour offrir au patronat des heures sup gratuites, à la Culture avec une conception Disneyland des sites et musées ou des attaques contre les droits des artistes… Mais aussi une politique migratoire meurtrière et un ministre niant contre l’évidence que les réfugiéEs sont souvent repoussés vers le large. Miser sur le racisme a été et reste un axe prioritaire de Mitsotakis : sa campagne électorale a commencé devant le mur en construction entre la Grèce et la Turquie, pour bien donner le ton.

À Athènes

Andreas Sartzekis

Source http://www.cadtm.org/Grece-quatre-ans-de-casse-ultra-liberale-et-d-attaques-contre-les-droits

Encore une attaque des VioMe

C’était le 30/03/2020 quand ils ont coupé le courant à l’usine. Aujourd’hui, 25/04/2023, nous dénonçons une autre attaque frauduleuse et timide de SE BIOME, la coupure d’électricité à son siège, suite au vol de fil et de l’équipement électrique.
Dommages de milliers d’euros à peine quelques jours avant le festival prévu pour les dix années d’exploitation de l’usine autogérée.
Cette attaque indique le besoin de soutien et de présence sur le site de l’usine.
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ILS NE NOUS BATTRONT PAS !
Contrairement à toutes leurs attaques organisées, nous continuons vigoureusement, nous disons que nous ne ferons pas un pas en arrière et nous continuons avec détermination à préparer le grand festival pour les 10 années d’exploitation de l’usine.
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Nous ne succomberons à aucune menace, attaque, sabotage, nous ne tolérerons aucune tentative de suspension de l’exploitation de BIOME.
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L’usine est entre les mains des travailleurs et de la société, ET C’EST QU’ELLE RESTERA !
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Nous, travailleurs et employés de BIOME, disons que nous défendrons l’usine contre toute menace imminente ou toute tentative d’évacuation.
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CE COMBAT EST À NOUS ! !
 
ANNIVERSAIRE  – 10 ANS DE BIOME
« 10 ANS MAINTENANT N’EST PAS UNE UTOPIE, C’EST UNE USINE QUI ÉCRIT L’HISTOIRE ! »
 
Vendredi 28 avril et samedi 29 avril 2023

Soutenez cette lutte en participant à la commande groupée en cours organisée par notre comité plus d’informations ici

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Source https://www.facebook.com/SEVIOME/posts/539073608390256

Fils assassinés par des néonazis

Leurs fils ont été assassinés par des néonazis. Aujourd’hui, elles s’engagent à perpétuer leur mémoire.

Serpil Temiz Unvar et Magda Fyssa, qui ont perdu leurs fils dans des crimes racistes en Allemagne et en Grèce, unissent leurs forces pour lutter contre la violence d’extrême droite afin que les meurtres cessent.

Écrit par : Corina Petridi

Elles ne parlent pas la même langue.

Mais alors qu’ielles sont assises sur le canapé, dans un appartement du deuxième étage d’Athènes, et que l’interprète comble le fossé linguistique entre le grec et l’allemand, elles ne cessent de se serrer la main.

Malgré les 1 120 km qui les séparent, elles sont unies par un destin commun et par la couleur qu’elles portent toutes les deux. Noir.

Serpil Temiz Unvar : son fils a été assassiné par un néonazi à Hanau, en Allemagne. Magda Fyssa : son fils a été assassiné par un néonazi au Pirée, en Grèce.

Un attentat terroriste à Hanau

Le 19 février 2020, à 22 heures précises, des caméras de sécurité ont filmé Tobias R., 43 ans, sortant de sa voiture à quelques mètres du bar Arena, dans la ville allemande de Hanau, près de Francfort.

Deux secondes plus tard, Tobias R. a tiré sur Vili Viorel Păun, 22 ans, qui était assis sur le siège conducteur d’une voiture garée.

Il s’est ensuite dirigé vers un kiosque adjacent à l’Arena Bar. Au moins cinq coups de feu ont suivi.

Au même moment, des personnes se trouvant à l’intérieur de l’Arena Bar ont commencé à courir, cherchant une issue de secours. Ils avaient entendu les coups de feu, et l’un des témoins a vu Tobias R. entrer par la porte d’à côté, armé d’un pistolet. Les habitués de l’Arena Bar savaient que la sortie de secours était toujours fermée à clé, en raison des fréquentes descentes de police.

Les gens étaient coincés à l’intérieur du bar.

L’agresseur les a repérés et leur a tiré dessus à 16 reprises. Il a fui la scène du crime et la police a tenté de le retrouver – une enquête menée par Forensic Architecture et Forensis a ensuite mis en évidence les échecs et les insuffisances des autorités cette nuit-là.

Tobias R. a été retrouvé mort à son domicile plus tard dans la nuit. Utilisant la même arme que lors de l’attaque, il a abattu sa mère avant de se suicider.

Cet homme de 43 ans n’était pas inconnu des autorités. Trois mois avant l’attentat, il avait envoyé une lettre au ministère public allemand dans laquelle il mettait en garde contre une « agence de renseignement » qui piratait le cerveau des citoyens, tandis que sur son site web, il appelait à « l’anéantissement total » de certaines minorités d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient.

Après tout, les lieux qu’il avait ciblés pour l’attentat n’avaient pas été choisis au hasard. Les victimes étaient quatre Allemands d’origine turque, kurde, afghane et roumaine, tandis que deux Turcs, un Roumain, un Bosniaque et un Bulgare ont également été assassinés. L’attaque a été qualifiée d’acte terroriste d’extrême droite, l’assaillant ayant choisi des victimes qu’il croyait « non allemandes ».

« Le racisme est un poison, la haine est un poison », a déclaré la chancelière Angela Merkel.

« L’Allemagne est aussi notre pays

Ferhat Unvar figure parmi les victimes de cette nuit-là. Ferhat, 23 ans, venait de terminer sa formation de technicien en installations de chauffage. Son cousin, Aydin Yilmaz, a déclaré au New York Times que Ferhat n’avait jamais visité le Kurdistan, le pays d’origine de ses parents.

« Il est important de dire qu’il est né à Hanau. Il est allemand. C’était un acte de terreur contre nous tous », a déclaré M. Yilmaz.

Le jour de l’anniversaire de Ferhat, en novembre 2020, sa mère, Serpil Temiz Unvar, a créé une fondation à la mémoire de son fils, Bildungsinitiative Ferhat Unvar, une initiative d’éducation antiraciste dans le cadre de laquelle de jeunes éducateurs (âgés de 15 à 30 ans) visitent des écoles allemandes et parlent aux élèves de l’attentat de Hanau, ainsi que de la discrimination raciste au sein du système scolaire.

Les visites d’écoles véhiculent le message central que « l’Allemagne est aussi notre pays » et que les immigrés et les enfants d’immigrés, qui sont nés et ont grandi en Allemagne, ont leur mot à dire sur l’avenir du pays.

Sherpil se souvient encore du racisme dont son fils a été victime pendant son enfance, ce qui la peine encore aujourd’hui, dit-elle. Elle sait que son fils n’est pas le seul à avoir été victime de discrimination dans le système éducatif. La plupart des enfants, dit-elle, subissent le stress et la pression qui les poussent à travailler et à faire des efforts pour être acceptés, alors que c’est au système éducatif qu’il devrait incomber de soutenir ces enfants et d’assurer leur intégration.

« Aller chercher Magda

Trois ans après l’attentat, Serpil Unvar prépare l’étape suivante : la création d’un réseau européen de mères ayant perdu leurs enfants lors d’agressions racistes.

La première réunion a eu lieu le vendredi 3 mars avec Magda Fyssa, mère du musicien antifasciste Pavlos Fyssa, assassiné par des membres d’Aube dorée, une organisation néonazie.

Le 17 septembre 2013, Pavlos Fyssas a été assassiné dans son quartier du Pirée par un « groupe d’assaut » de l’Aube dorée. Pendant des décennies, l’organisation néonazie a existé en marge de la scène politique, mais de 2012 à 2019, elle a été élue au Parlement grec.

Alors que des dizaines d’attaques contre des immigrés et des opposants politiques l’avaient précédé, le meurtre de Fyssas a donné lieu à des poursuites contre Aube dorée et à la condamnation de ses dirigeants pour gestion d’une organisation criminelle en octobre 2020.

Le jour de leur rencontre, Serpil Unvar avait accompagné Magda Fyssa à l’audience du procès en appel

« Je voulais commencer par la Grèce, avec Magda. Le but de cette visite est d’apprendre à se connaître, afin de pouvoir, si nous le souhaitons, unir nos forces et nos voix pour les faire entendre dans d’autres pays, d’abord en Europe, puis au-delà », a expliqué Serpil.

À la question de savoir pourquoi elle a choisi Magda Fyssa comme premier point de contact, Mme Serpil a répondu qu’elle s’était sentie très proche de Magda lorsqu’elle l’avait vue au tribunal, le jour où la justice grecque avait condamné Aube dorée en tant qu’organisation criminelle.

En sortant de la salle d’audience, Magda Fyssa avait crié : « Tu l’as fait, mon fils ». Sherpil se souvient qu’elle a immédiatement ressenti un lien avec cette femme, car lorsqu’elle réussit quelque chose, elle se tourne elle aussi vers son fils et lui dit qu’il a réussi.

« Dès que j’ai entendu Magda prononcer ces mots, je me suis sentie proche d’elle et j’ai voulu la rencontrer, avant même qu’il ne soit question d’un quelconque réseau international. C’était aussi quelque chose de personnel, quelque chose qui m’appartenait. C’est comme si mon fils lui-même m’avait écrit pour me dire « va chercher Magda ».

L’idée est de créer un réseau par l’intermédiaire des fondations qui ont déjà été créées en mémoire de Pavlos et de Ferhat.

Les deux femmes ont convenu que l’objectif du réseau n’est pas seulement de soutenir ceux qui ont perdu leurs enfants, mais aussi de coordonner un réseau européen et d’organiser des initiatives pour lutter contre les crimes racistes.

 

« Morts seulement quand nous sommes oubliés »

Il s’agit d’une étape importante pour elles et sur le plan personnel. Grâce aux initiatives collectives qu’elles ont prises ces dernières années, les deux femmes ont le sentiment de réaliser une partie des rêves de leurs fils.

« Nous essayons toutes les deux de réaliser les rêves de nos fils. Pour les jeunes qui sont partis sans avoir réalisé leurs rêves. Et peut-être que cela nous aidera à nous tenir debout, afin que nous puissions au moins laisser quelque chose derrière nous, quelque chose des rêves qu’ils avaient », a déclaré Magda Fyssa.

Et d’ajouter : « Lorsque je quitterai cette vie pour le rejoindre dans la prochaine, je veux pouvoir le regarder dans les yeux. C’est ce qui m’intéresse : le regarder dans les yeux et lui dire ‘j’ai fait de mon mieux’, et je vois qu’elle veut la même chose. Et pas seulement elle, mais aussi toutes les mères qui ont perdu leurs enfants ».

Serpil essaie toujours de donner un sens à cet « acte insignifiant ». Elle souligne à quel point la présence de son fils dans ce bar ce soir-là est un hasard. Ferhat venait de terminer son entraînement et, comme il avait plus de temps libre, il a décidé de rester dehors quelques heures de plus ce soir-là.

Ferhat lui-même avait écrit : ‘Nous ne serons morts que lorsque nous serons oubliés’. Cette phrase est désormais ma mission », a-t-elle déclaré.

« Et nous y parviendrons – ils ne seront pas oubliés.

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