Grèce : une nouvelle vidéo fait état de violences envers des migrants en mer Égée

L’ONG Aegean boat report a publié une nouvelle vidéo montrant des hommes masqués, sur un bateau floqué d’un drapeau grec, agresser des migrants et les refouler en mer Égée, vers les eaux turques. Contactées par InfoMigrants, les autorités grecques nient tout « pushback » et réfutent les accusations de violences.

Nouvelle preuve des violences en mer Égée. L’ONG Aegean boat report (ABR) a publié dimanche 19 novembre un document édifiant, sur un violent refoulement de migrants vers les eaux turques.

La scène se déroule dans la matinée du 13 novembre. Un canot, avec 23 Afghans à son bord, dont des femmes et des enfants, est arrêté près de Lesbos par un navire floqué d’un drapeau grec. Des vidéos publiées par ABR montre des hommes encagoulés, munis de longs bâtons avec un crochet sur l’une des extrémités. Cet objet, appelé gaffe dans le domaine de la marine, sert à manœuvrer une embarcation.

Ce jour-là, cet instrument semble être utilisé pour endommager le canot, et ainsi empêcher les migrants de poursuivre leur route vers la terre grecque. Plusieurs personnes à bord ont été touchées par la gaffe et portent des stigmates sur leur visage.

« Ne les laisse pas trouer le bateau »

Sur les vidéos, filmées par les exilés depuis la petite embarcation et diffusées par l’ONG, on entend des femmes et des enfants hurler de peur lorsque les hommes masqués brandissent leurs bâtons. « Filme-les » dit un passager en persan. « Ne les laisse pas trouer le bateau », supplie un autre. « Attrape-le, attrape-le », crie un troisième migrant, faisant référence à la gaffe.

L’ONG, grâce aux images prises par les exilés, est formelle : ce bateau est un patrouilleur des garde-côtes grecs. Il s’agit du Lambro 57 ΛΣ-144, appartenant à la marine grecque.

Voir sur twitter

Le groupe d’exilés est finalement récupéré par les hommes masqués à bord de leur navire. Selon le compte-rendu d’ABR, ils « ont ordonné à tout le monde de remettre leurs téléphones, leur argent et autres objets de valeurs ». En cas de refus, les exilés ont été battus. L’un d’eux, celui qui filme la scène, est tout de même parvenu à cacher son téléphone sous les vêtements de son enfant.

Les migrants ont passé deux heures sur le bateau battant pavillon grec. L’équipage a finalement conduit les naufragés vers les eaux turques et les ont forcés, sous la menace d’une arme, à retourner dans leur canot, dépourvu de moteur – celui-ci a été détruit par les hommes encagoulés et jeté à la mer. « Le groupe s’est retrouvé à la dérive, impuissant, au milieu de la mer », signale l’ONG.

C’est grâce au téléphone caché que le groupe a pu joindre les services de secours turcs.

« Des actions conformes aux obligations internationales »

Contacté par InfoMigrants, le ministère grec des Affaires maritimes ni toutes accusations de « pushback » et de violences en mer. « Concernant les allégations d’actes répréhensibles présumés, nous devons souligner que les autorités grecques ne procèdent pas à de telles méthodes » et qu’il « existe des mécanismes de contrôle » des garde-côtes « le cas échant ».

Le ministère assure également, une nouvelle fois, son soutien aux forces maritimes grecques. « Les officiers de la Garde côtière hellénique travaillent avec efficacité et un sens important de la responsabilité, du professionnalisme mais aussi du respect absolu de la vie humaine et des droits humains », déclarent les autorités à InfoMigrants, ajoutant que « leurs actions sont conformes aux obligations internationales ».

Des migrants secourus par les garde-côtes turcs, après avoir été refoulés par les Grecs. Crédit : Aegean boat report
Des migrants secourus par les garde-côtes turcs, après avoir été refoulés par les Grecs. Crédit : Aegean boat report

Ce n’est pas la première fois que les garde-côtes grecs sont accusés de refoulements violents en mer Égée. La rédaction reçoit régulièrement des témoignages de migrants faisant état des mêmes pratiques que documentent ABR. L’an dernier, un Camerounais expliquait que des hommes masqués sur un bateau avec un drapeau grec avaient pointé leurs armes sur lui et les migrants qui l’accompagnait. « Ils nous ont crié dessus et nous ont ordonné d’éteindre le moteur », racontait-il. Les exilés ont, eux aussi, été refoulés vers la Turquie.

>> À (re)lire : En Grèce, « les pushbacks de migrants sont organisés et massifs », affirme une ONG

En avril dernier, une vidéo du New York Times montrait des garde-côtes grecs remettre des exilés à l’eau, alors que ceux-ci avaient foulé l’île de Lesbos. L’Union européenne avait alors réclamé une enquête indépendante sur ce refoulement, strictement interdit par le droit international.

Dans un rapport paru le 2 novembre, Médecins sans frontières (MSF) affirmait que les refoulements illégaux de migrants « sont devenus la norme » et qu’ils s’accompagnent de « cycles de violences ».

L’organisation a recueilli des centaines de témoignages de « violences, agressions physiques, fouilles à nu et fouilles corporelles intrusives », y compris sur des enfants, de la part d' »officiers en uniforme et d’individus masqués non identifiés ».

Source info migrants

Les VioMe continuent !

Les capitalistes et la police ont tenté de se débarrasser de BIOME, mais cela continue sans patrons (vidéo)

21/11/2023

Dix ans après le début des activités de BIOME, le coup répressif le plus puissant a été porté par l’État et le monde des affaires. Pendant plusieurs jours, la police a tenté d’envahir BIOME et de l’évacuer afin d’exploiter l’espace pour la société Acsion Limited qui a acheté le terrain lors d’une vente aux enchères électronique. Pendant plusieurs jours, les ouvriers, solidaires, ont tenu le chantier, chassant la police et les équipes de l’entrepreneur.

Cependant, l’État a ensuite rempli la zone avec le MAT, les forces de sécurité, l’OPKE et d’autres forces et a réussi à entrer dans BIOME. Les travailleurs n’ont pas abandonné et ont activé le plan alternatif, qui consistait à déplacer la production vers ce qu’on appelle la « parcelle 60 ». Il s’agit d’une partie de l’usine, qui était déjà utilisée pour certaines fonctions et qui dispose de suffisamment d’espace et d’infrastructures pour que BIOME puisse continuer à fonctionner pleinement. Le terrain en question n’est pas passé entre les mains des acheteurs car il a été exclu de la vente aux enchères car il avait été réservé dans le passé par une autorité indépendante. La route vers ce nouveau départ n’est pas pavée de pétales de roses. En fait, il s’agit d’un chemin de terre, au sens figuré comme au sens littéral, puisque l’accès se fait nécessairement par un nouvel itinéraire. Malgré l’évolution défavorable et le transfert de toute la production dans un espace plus petit, BIOME reste la seule usine occupée de toute l’Europe qui fonctionne sans patrons. Regardez la première vidéo, où Makis Anagnostou, travailleur de BIOME, nous guide dans le nouvel espace et explique ce qui s’est passé.

Dans la vidéo suivante, nous nous plaçons devant la clôture que l’entreprise propriétaire a placée entre l’ancien et le nouveau site BIOME et commentons ses grandes dimensions qui ne nous permettent même pas de contempler l’ancien site.

« Ils n’ont pas lésiné sur la clôture. En plus du pouvoir, ils ont aussi l’argent et ils ne seront pas avares en matière d’exclusion. Ils ne sont avares que lorsqu’ils doivent donner à la classe ouvrière ce qu’elle a à donner » , a déclaré Makis Anagnostou.

A la question sur le fonctionnement actuel de l’usine, Makis Anagnostou a notamment répondu : « Rien n’a changé par rapport à la situation précédente, la production continue de fonctionner normalement. L’assemblée tous les matins est désormais une règle, c’est notre droit et notre obligation statutaires de tenir l’assemblée tous les matins. Rien n’a changé, nous continuons normalement. Nous continuons quand même parce que nous étions prêts à faire face à une telle situation, nous en avions déjà discuté. »

Concernant les prochaines étapes, après ce revers, Makis Anagnostou a répondu : « Le monde qui est à côté de BIOME a montré qu’il réagit, et dans ce moment difficile, si vous voyez comment les commandes et les demandes ont augmenté, bien sûr nous devrions produire. C’est terrible. C’est l’un des rares moments où nous avons payé tout ce que nous devions et aujourd’hui nous sommes dans une bonne position. » En fait, l’employé de BIOME a souligné que, sur la base des commandes reçues, BIOME est sur une trajectoire de croissance et « d’autres personnes viendront pour pouvoir travailler et en fait dans de meilleures conditions que celles dans lesquelles nous travaillons depuis tant d’années ». .

Il décrit également l’événement de soutien à BIOME qui aura lieu le lendemain à Berlin et la dimension écologique du fonctionnement de BIOME. Enfin, le travailleur de BIOME a souligné la nécessité d’une unité parmi les opprimés, de la Palestine aux États-Unis et à BIOME.

Regardez la vidéo ici : https://youtu.be/7nP9OrDhycI

Ensuite, nous avons pris la voiture, avons laissé les autres ouvriers derrière nous pour continuer la production et avons « transporté » Makis Anagnostou à l’aéroport pour qu’il puisse se rendre à Berlin. Nous avons profité du court trajet pour discuter de l’internationalisme que BIOME porte comme message. Nous avons parlé des ouvriers de l’usine GKN de Florence qui se préparent à parcourir les mêmes chemins d’occupation et d’autogestion, retirant ainsi à BIOME de la manière la plus agréable le titre de seule usine occupée en Europe qui fabrique des produits. En fait, c’est pour cela qu’ils ont invité BIOME à discuter de la manière dont il peut y avoir un tel exemple « 1,2,3 plusieurs BIOME », a déclaré de manière caractéristique Makis Anagnostou, en parlant de la nécessité de poursuivre le projet.

Enfin, le travailleur de BIOME a évoqué à nouveau la dimension écologique que devrait avoir le mouvement syndical, décrivant la production à la fois de GKN et de BIOME.https://youtu.be/Pc1n2zGVhpo

Rédacteur journalistique : Christos Avramidis
Réalisateur : Manos Cizek

Source https://info-war.gr/kapitalistes-astynomia-apopeirathik/

Grèce : SYRIZA se suicide (avec l’aide des Américains)


Par Dimitris Konstantakopoulos
10 novembre 2023

Un certain nombre de cadres de première ligne suivis par de nombreux cadres et membres (des vrais, pas comme les électeurs de Kasselakis) ont fortement désapprouvé l’élection du nouveau président de SYRIZA, une élection qui a été un scandale, à la fois en termes de procédure suivie et en termes d’incompatibilité de Stefanos Kasselakis avec toute idée de la gauche. Nous en avons parlé en détail dans nos articles précédents (à titre indicatif https://www.defenddemocracy.press/lacking-moral-political-and-representative-legitimacy-the-election-of-kasselakis/)

Sans parler des fonds de provenance et d’origine inconnues utilisés pour la campagne électorale de M. Kasselakis ou du soutien d’une partie importante des médias de l’oligarchie. Certes, il s’agissait là d’une manière bien étrange pour un parti de gauche d’élire son leader.

L’élection de Kasselakis, un homme qui est si directement lié aux intérêts américains et les représente sans avoir aucun lien avec la gauche, la politique et la société grecques (il aurait pu être destiné à la Nouvelle Démocratie, mais lorsque la brèche s’est ouverte dans SYRIZA, il y a été envoyé) constitue un nouveau maillon dans la chaîne de désintégration et de dégénérescence de la gauche grecque et un nouveau jalon majeur dans le cours de la colonisation profonde du pays. En ce sens, elle intéresse le peuple grec dans son ensemble, et pas seulement les membres et les partisans de l’Alliance progressiste SYRIZA.

Nous nous souvenons que Stefanos Kasselakis n’a exprimé pratiquement aucune idée politique spécifique avant d’être élu président de SYRIZA, si ce n’est la nécessité d’étendre les droits des LGBTI pour qu’ils soient égaux à ceux dont jouissent les États-Unis, tandis que sa première réaction aux événements de Gaza a été de « soutenir le peuple d’Israël ». Dans un passé pas si lointain, il a écrit sous un nom de plume des articles avec des positions de pur néolibéralisme dans le journal d’ultra-droite gréco-américain « National Herald » et lorsque le journal Efimerida ton Suntakton a révélé ses écrits, il ne les a pas désavoués, mais a répondu qu’il ne se souvenait pas de ce qu’il avait écrit ! Alors que Nikos Filis (La gauche radicale renouvelée n’est pas une parenthèse que l’on refermera) a souligné à juste titre le caractère cohérent, néolibéral et contraire aux idées de la gauche des idées qu’il a exprimées en parlant – et en fait en faisant passer des examens – devant les industriels grecs.

On peut se demander si sa mission est simplement de « conservatiser » SYRIZA ou si ce qui est recherché par les forces derrière lui est finalement de ridiculiser et d’humilier les idées de la gauche et la politique en général. ;Si ce que nous disons ne nous engage pas et que nous pouvons l’oublier demain sans conséquences, alors la politique est complètement abolie en tant que tentative d’organiser la vie de la société par ce biais.

Malheureusement, bien sûr, la maladie qui pourrit SYRIZA est beaucoup plus profonde, et c’est pourquoi il a finalement été possible de transférer une personne comme Kasselakis et d’en faire le président d’une opposition qui, sous sa direction, sera soit, très probablement, dissoute, soit, moins probablement, émergera comme un deuxième parti du type Mitsotakis, un pilier d’un « système bipartisan à parti unique », une Coalition non pas de la Gauche radicale, mais plutôt d’une escroquerie radicale.

Du « non aux mémorandums » au « oui à tout »


SYRIZA n’a pas accédé au gouvernement et n’a pas été catapulté à sa position dans la politique grecque parce qu’il avait de grandes idées pour le pays ou pour l’Europe, mais en dépit des idées qu’il avait. Tout cela est devenu possible lorsque Tsipras a adopté en 2011 les idées de Spitha de Mikis Theodorakis et d’autres intellectuels anti-mémorandum sur les mémorandums et les prêts, rejetant les analyses des économistes de SYRIZA. Il a été lancé électoralement comme le parti du « Non », un « Non » à l’asservissement, au pillage et à la destruction de notre pays. Il a adopté les idées, mais ne les a pas comprises et ne s’est pas préparé à ce que leur adoption impliquait. Il n’a pas cherché à devenir un gouvernement pour appliquer ses idées, il a plutôt utilisé ses idées pour devenir un gouvernement, et non pas pour les appliquer, mais plutôt pour ne pas les appliquer Il s’est finalement tourné vers les Américains et les Israéliens en pensant qu’ils résoudraient ses problèmes, et non vers lui-même, le parti, le peuple organisé et les alliés qu’il pourrait avoir au niveau international. En outre, ce parti est devenu un gouvernement sans même avoir une vision cohérente pour le pays et tout ce qu’il a réalisé en tant que gouvernement a été une mise en œuvre plus sociale du mémorandum. Dans le même temps, au lieu de résister, il a plutôt renforcé la dépendance du pays à l’égard des États-Unis et d’Israël, préparant ainsi l’orgie à laquelle nous avons assisté après 2019.

Devenu, dès 2015, le parti du « Oui » aux puissances étrangères, il portait néanmoins certaines sensibilités sociales qui lui ont permis de cancaner dans les années qui ont suivi, favorisé par le caractère antinational, antisocial et totalitaire du régime de Mitsotakis, mais aussi par l’absence d’autres alternatives crédibles sur sa gauche.

Avec Kasselakis, SYRIZA institutionnalise sa transformation d’un parti du « Non » en un parti du « Oui permanent » à l’oligarchie et aux étrangers, quoi qu’ils demandent. La seule raison pour laquelle le système international a besoin de Kasselakis et d’autres personnes de son genre en Grèce est qu’eux seuls, complètement indépendants du pays et de ses traditions et complètement dépendants des centres étrangers, peuvent faire des choses qu’un politicien grec « normal » aurait beaucoup de mal à faire. Son apparition est également un signe avant-coureur des nouvelles catastrophes qui se profilent pour le pays.

C’est pourquoi le nouveau leader est obligé de pousser au départ tout membre, quelles que soient ses autres idées, qui conserve encore des liens idéologiques avec la gauche, comme Filis, Skourletis, Tzoumakas. Lorsqu’il aura terminé ce travail, il jettera certainement Polakis et ceux dont il a maintenant besoin pour éliminer le premier groupe. Kasselakis n’a pas besoin de collaborateurs politiques, il a besoin d’employés.

Une transformation similaire a déjà eu lieu avec la ND et le PASOK, qui ont perdu depuis longtemps toute caractéristique nationale et démocratique, mais nous avons ici un degré supplémentaire de montée en gamme. Ils ont placé à la tête du parti une personne qui n’a pas le moindre lien avec la gauche ou la Grèce. Il n’est pas exclu que même l’intelligence artificielle soit utilisée pour produire le « Kasselakis politique ».

Les trois « tribus » de SYRIZA


Face à ce phénomène de dégénérescence profonde de la gauche, les cadres de SYRIZA se divisent en trois catégories. Ceux qui, avec un excès de cynisme et d’opportunisme, sont devenus les hommes de main du nouveau leader, visant les avantages matériels et autres qu’ils auront. La vieille garde de Tsipras, qui ne digère pas Kasselakis, mais ne veut pas non plus risquer une rupture avec lui et les conséquences pour leur carrière. Et ceux qui, à leur décharge, résistent et ne l’acceptent pas.

Mais ils semblent également très confus quant à ce qu’ils vont faire. Il est maintenant largement répandu que beaucoup de ceux qui s’opposent à Kasselakis vont quitter le parti immédiatement. Si les choses se passent ainsi, on peut se demander pourquoi ils partent avant d’avoir mené une lutte concertée, au sein de leur propre parti, en demandant la convocation d’un congrès extraordinaire, une modification du mode d’élection du président et l’élection d’une nouvelle direction.

Mais derrière les problèmes stratégiques se cache aussi un embarras politique. L’opposition, qui a suivi Tsipras et SYRIZA dans la plupart de leurs transformations ovidiennes, n’a pas aujourd’hui de projet cohérent et attrayant pour son parti, son camp politique et le peuple grec. Le débat dans les rangs de SYRIZA est caractérisé par une extrême confusion quant aux enjeux. À l’exception de Tzoumakas, personne n’a posé la question simple et fondamentale de savoir ce que faisait Kasselakis au CSIS, l’un des principaux centres du « Parti de la guerre » américain, de l’impérialisme américain. Ou ce qu’il faisait chez Goldman Sachs, l’antre du capitalisme néolibéral et l’architecte de la catastrophe grecque. La plupart des gens évitent, comme le diable évite l’encens, de mentionner le nom de cette banque infâme. De même, ils n’ont pas demandé ce que Tsipras lui-même a fait en Amérique cet été.

Ainsi, au lieu de la question « voulons-nous un pion américain à la tête de la gauche ? », la question est devenue « aimez-vous Filis, Tsakalotos et Achtsioglou ? ». Mais la réponse dépend de la question posée.

Il convient de noter que c’est ainsi que les superpuissances transatlantiques de la communication ont organisé les triomphes électoraux de Mitsotakis et de Kasselakis. Au lieu que la campagne électorale soit dominée par la question « Aimez-vous Mitsotakis ? » (comme au second tour des élections locales), la question posée était : « Aimez-vous SYRIZA ? ».

La même chose s’est produite pour les opposants à Kasselakis : ils n’ont pas de modèle de gauche attrayant à offrir, en dehors des idées à peine populaires et sans rapport avec les besoins dramatiques du pays de la « revendication des droits de l’homme » (**), où il leur est impossible de rivaliser avec Kasselakis ; ils évitent de soulever le problème principal pour le pays aujourd’hui, c’est-à-dire la dépendance étrangère (quand on pense que même le système de surveillance n’est pas grec, mais israélien) ; ils sont incapables, dans un pays qui commence à mourir de faim, d’intégrer les interventions sociales nécessaires dans un plan national réaliste.

Au moment où le pays est confronté à de terribles problèmes et a plus que jamais besoin de l’opposition et de la gauche, celles-ci sont en train d’être démantelées. La « gauche existante » grecque dans son ensemble et dans toutes ses versions est en faillite. Les besoins sociaux et nationaux du peuple grec nécessiteront probablement d’autres sujets, totalement nouveaux, pour y répondre.

Ayant dans cet article, comme dans beaucoup d’autres cas, sévèrement critiqué la direction de SYRIZA, nous ressentons le besoin de vous rappeler que, quoi qu’on puisse leur reprocher, la responsabilité fondamentale de la tragédie de la Grèce, n’est certainement pas la responsabilité de Tsipras et de ses amis qui n’ont pas su y faire face et l’ont aggravée, mais la responsabilité des deux principaux partis du pays qui ont livré le peuple grec aux prêteurs dans un état de servitude et, derrière eux, des forces de l’Occident collectif, l’Allemagne, l’UE, la BCE, le FMI (USA), qui ont attaqué avec toute leur puissance de feu un petit pays européen, le détruisant de manière exemplaire dans leur tentative d’établir le nouveau totalitarisme européen et mondial. Même si ce n’est pas un problème qui peut être résolu demain, il est bon de le garder à l’esprit comme le problème le plus central auquel le peuple grec est confronté et sera confronté dans l’avenir immédiat et à moyen terme.

(*) Même si nous supposons que SYRIZA n’a pas mis en œuvre son programme anti-mémorandum parce qu’il a rencontré des difficultés « objectives » insurmontables – ce qui n’est pas notre point de vue – de toute façon, il n’a pas fait de préparatifs pour mener une bataille et il n’a pas donné de bataille – même dans un tel cas, un parti de gauche et une direction de gauche devraient expliquer au peuple et à l’opinion publique européenne et internationale, avec honnêteté, ce qu’il fait ou ne fait pas et pourquoi.–L’ironie de l’histoire est qu’en proclamant bêtement qu’elle avait sorti le pays des mémorandums, la direction de SYRIZA a abandonné son principal atout, celui pour lequel le peuple grec a voté pour elle, à savoir qu’elle était une force anti-mémorandum.

(**) Même dans le texte des 1.300 opposants à Kasselakis, il y a, par exemple, une référence à la nécessité d’affronter le « nationalisme », et ce dans un pays qui est devenu une colonie de quatrième classe, et où même Simitis décrit le prétendu développement de Mitsotakis comme le pillage de la propriété grecque ! Il est surprenant de constater que les mêmes forces qui parlent aujourd’hui de combattre le « nationalisme » n’étaient pas en désaccord avec Tsipras lorsqu’il a solennellement adopté la provocation frauduleuse de Netanyahou au sujet d’EastMed et de la prétendue alliance avec Israël, qui nous a ensuite presque conduits à une guerre avec la Turquie sans raison, a réveillé toutes les revendications turques et a créé les conditions de l’actuelle course désastreuse aux armements avec le voisin. Si pour la droite d’aujourd’hui, la politique étrangère est devenue l’application des ordres des États-Unis et d’Israël, pour toutes les versions de la gauche, c’est certainement son talon d’Achille. Ses cadres ne pensent pas politiquement, ne font pas une « analyse concrète de la situation concrète » (Lénine), ne comprennent pas le rôle et l’importance de la question nationale aujourd’hui et en Grèce, mais se positionnent en termes idéologiques (à peine crédibles et élaborés) et font de la politique en termes autoréférentiels, pas en relation avec la réalité, pas en termes nationaux.

Note : Cet article est la traduction par Christos Marsellos d’un article publié en grec le 10 novembre sous le titre La malédiction de Kasselakis (Κασσελάκειον ‘Αγος) Depuis lors, l’un après l’autre, des groupes de cadres de SURIZA et de son organisation de jeunesse quittent le parti.

Source http://www.defenddemocracy.press/68647-2/

Conférence Comment lutter contre l’évasion fiscale

«
L’évasion fiscale affaiblit l’État et les services publics, pousse la Nation à l’endettement et réduit les ressources disponibles pour lutter contre la pauvreté, les inégalités et engager sérieusement la bifurcation écologique dont l’humanité a besoin »
Rapport spécial sur l’évasion fiscale annexé au projet de loi de finances 2023

Charlotte Leduc, après avoir milité à RESF (RéseauÉducation Sans Frontières) et Attac Moselle
, a été élue députée LFI-NUPES en 2022


« Mon engagement auprès d’Attac m’a conduite à mener de nombreux combats écologiques et sociaux, contre l’évasion fiscale , contre les investissements polluants et le financement des énergies fossiles par les banques,contre l’impunité des multinationales.»
Charlotte Leduc

Charlotte Leduc a rejoint la commission des finances de l’Assemblée Nationale où elle est nommée rapporteure spéciale sur l’évasion fiscale . Fin 2022, elle publie un rapport sur la lutte contre l’évasion fiscale.

A travers 34 recommandations , le rapport appelle le gouvernement « à engager une véritable politique de lutte contre l’évasion fiscale en donnant les moyens humains, matériels, technologiques et législatifs aux services concernés pour que cette insoutenable injustice prenne fin

Source https://isere.site.attac.org/

Océan Viking bloqué

Communiqué de SOS MEDITERRANEE

L’Ocean Viking paie le manque de coordination des autorités maritimes libyennes par une détention administrative de 20 jours et une amende

Marseille, le 16 novembre 2023 – Hier, 15 novembre, les autorités italiennes ont ordonné une immobilisation de 20 jours du navire de sauvetage humanitaire Ocean Viking et lui ont imposé une amende de 3 300 euros. Cette détention s’effectue sous l’égide du décret-loi du 2 janvier 2023, numéro 1, mieux connu sous le nom de « décret Piantedosi », bien que l’équipe ait rempli son obligation légale incontestable de sauver des personnes en détresse en mer alors que la communication avec les autorités maritimes libyennes était pratiquement impossible.

À la suite du sauvetage de 33 personnes dans la Région de recherche et de sauvetage libyenne, dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 novembre, l’Ocean Viking a été instruit par le Centre de Coordination des Secours Maritimes italien (ITMRCC) de se diriger vers Ortona pour y débarquer les rescapés. Peu avant 3 heures du matin, la même nuit, alors qu’il faisait route vers Ortona, l’Ocean Viking a reçu une alerte concernant un bateau en détresse avec 34 naufragés à bord, à seulement 16 milles nautiques de sa position. Le MRCC italien a redirigé l’Ocean Viking vers le Centre Conjoint de Coordination des Opérations de Sauvetage (JRCC) libyen pour recevoir des instructions. Dans les deux heures qui ont suivi, l’Ocean Viking a tenté de communiquer avec les autorités libyennes responsables afin d’obtenir une coordination alors que 34 personnes étaient exposées à un danger imminent et grave voire à une perte de vie humaine en mer. Nous savons aujourd’hui qu’au moins l’une d’entre elles serait certainement décédée si les secours n’étaient pas intervenus.

Cette nuit-là, comme la plupart du temps, la communication avec le JRCC libyen a été pratiquement impossible. Les courriels de l’Ocean Viking sont restés sans réponse. Les appels téléphoniques aussi, ou encore il n’y avait pas de locuteur anglophone disponible. Finalement, un officier a répondu, mais il ne parlait qu’un anglais rudimentaire et s’est contenté de demander l’emplacement exact du cas de détresse. « Aucun signe ne laissait présager d’opérations de sauvetage en cours. Aucune autre autorité maritime n’a apporté d’informations ou d’assistance, malgré les tentatives de coordination de l’Ocean Viking. Ainsi, l’équipage n’était pas dégagé de son obligation d’assistance. Pendant ce temps, l’Ocean Viking se voyait constamment rappeler la menace d’une détention par le MRCC italien si une instruction claire de sauvetage n’était pas donnée. Notre seule consigne explicite était de rejoindre Ortona immédiatement, alors que des individus en détresse se trouvaient en mer, non loin de notre navire, au beau milieu de la nuit « , explique Luisa Albera, coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking.

Le droit international ne laisse aucune place au doute : abandonner ces 34 naufragés à leur sort au milieu de la mer aurait été illégal et moralement répréhensible. Les chances que ce bateau et les personnes qu’il transportait aient pu atteindre le rivage sans assistance étaient extrêmement faibles. L’un des hommes secourus de cette embarcation s’est évanoui en raison d’une importante inhalation de carburant et a dû subir une oxygénothérapie continue ainsi qu’une réanimation par fluides. S’il n’avait pas été secouru, il aurait pu souffrir d’une grave détresse respiratoire ou mourir. De nombreux survivants, dont des mineurs, ont subi d’importantes brûlures dues au carburant et ont dû recevoir des soins médicaux d’urgence. Aujourd’hui, l’Ocean Viking est détenu pour ne pas les avoir laissés derrière lui en mer, en danger imminent de mort.

« Nous avons constamment communiqué de façon transparente et proactive avec toutes les autorités compétentes tout au long de nos missions de recherche et de sauvetage, tout en cherchant activement leur coordination. Cependant, le décret Piantedosi crée une contradiction insurmontable avec les principes du droit maritime : le devoir de sauvetage demeure, même en l’absence d’une coordination adéquate par les autorités compétentes. Laisser des naufragés à la dérive en mer est non seulement illégal mais aussi inhumain. Faire face à des détentions et à des amendes, faute d’avoir reçu des instructions claires de la part des autorités chargées de la coordination, représente un dilemme inacceptable pour tout sauveteur. Il est impensable qu’une organisation humanitaire soit sanctionnée pour avoir accompli son devoir de sauvetage, et plus encore, pour les défaillances des autorités à coordonner efficacement les opérations de sauvetage en Méditerranée centrale », déclare
Sophie Beau, co-fondatrice de SOS MEDITERRANEE et directrice générale de SOS MEDITERRANEE France.

Suite au décret-loi n° 1 du 2 janvier 2023, les navires des ONG ont subi douze immobilisations cette année, privant ainsi la Méditerranée centrale de ressources essentielles pour le sauvetage lors de l’année la plus tragique depuis 2017. Rien que ce week-end, de nombreuses personnes ont perdu la vie ou ont disparu en tentant de traverser la Méditerranée en quête de sécurité. Plutôt que d’apporter une réponse appropriée aux impératifs humanitaires à sa frontière méridionale, l’Europe réagit en neutralisant ceux qui tentent de sauver des vies.


Source SOS MEDITERRANEE

Projet de loi asile et immigration : le sénat adopte un texte aux mesures indignes absurdes et dangereuses

14 novembre 2023

Le Sénat a adopté aujourd’hui le projet de loi asile/immigration, à l’issue d’une semaine de débats particulièrement éprouvante et dramatique.

Il y a 10 jours, le lundi 6 novembre, personnes exilées et associations organisaient une conférence de presse à l’occasion de laquelle les premiers concerné·e·s prenaient la parole pour dénoncer les conséquences du texte sur les conditions de vie des personnes migrantes ; avant de se retrouver devant le Sénat pour d’autres déclarations en ce sens, soutenues et relayées par plusieurs parlementaires. Après ces temps collectifs émouvants et dynamisants, se sont malheureusement succédées des journées bien noires.

Jour après jour, l’examen du projet de loi au Sénat a égrené son lot de mesures indignes, absurdes et dangereuses, portées par les parlementaires mais aussi par le gouvernement lui-même, venant durcir un texte déjà très inquiétant dès son origine.

La liste pourtant non exhaustive donne le vertige :

  • Suppression de l’Aide Médicale d’Etat.
  • Restriction du droit de vivre en famille via le regroupement familial, la réunification familiale ou les titres de séjour pour motifs familiaux.
  • Suppression des articles, pourtant très drastiques à la base, portant sur la régularisation dans les métiers en tension ou l’accès au travail des demandeurs d’asile.
  • Restriction des conditions d’accès à la nationalité française
  • Renforcement de la double peine
  • Rétablissement du délit de séjour irrégulier
  • Mise à mal des protections contre les expulsions jusqu’à la suppression des protections contre les obligations de quitter le territoire français (OQTF), au détriment de tout discernement et de toute considération humaine ;
  • Durcissement de la rétention administrative, notamment pour les demandeurs d’asile  ou encore facilitation des expulsions sans que la légalité de l’interpellation et le respect des droits ne soient examinés par le juge des libertés et de la détention.

Mais au-delà de l’examen parlementaire, c’est également le débat médiatique l’entourant qui s’est montré dramatique, distillant, y compris sur des médias de service public, son lot d’émissions et de propos anti-migration stigmatisants, caricaturaux, voire carrément haineux.

Que nous dit cette séquence conclue aujourd’hui par l’adoption de ce texte à une large majorité de la chambre haute ?

Que majoritairement, la raison a déserté l’hémicycle sénatorial, désormais largement intoxiqué par l’air rance du temps, l’obsession d’un prétendu danger migratoire, primant sur toute autre considération.

Que le gouvernement, tout à sa recherche d’un compromis impossible sur un texte dangereux, accompagne ce mouvement au détriment de toute vision d’avenir pour notre société, de toute préoccupation d’intérêt général ; et au détriment bien sûr des personnes migrantes, une nouvelle fois réduites à des chiffres et statistiques déshumanisés, à des objets de marchandage électoral.

Que le processus parlementaire en cours est dramatique, également en ce qu’il conforte un climat social, politique et médiatique saturé de préjugés, de rejet de l’Autre, minant chaque jour un peu plus notre cohésion sociale et notre démocratie.

Qu’il nous faut malgré cela continuer, notamment dans la perspective du débat à l’Assemblée nationale, à se mobiliser contre ce texte, à marteler que d’autres politiques migratoires sont possibles, que l’accueil et la solidarité peuvent et doivent encore avoir droit de cité au pays des droits humains.

Mais il est clair qu’au vu de l’ampleur de la tâche à l’issue de cette semaine, et du climat ambiant, il va être vraiment nécessaire que toute la société – responsables politiques, médias, syndicats, corps intermédiaires, société civile, citoyennes et citoyens… prenne conscience de l’urgence de se positionner dans ce débat et de se mobiliser.

La Cimade poursuivra ainsi dans les prochaines semaines son travail d’expertise sur le texte et les discussions l’entourant, de déconstruction des contre-vérités et amalgames saturant aujourd’hui le débat public, et d’appel à la mobilisation de toutes et tous, pour faire advenir d’autres possibles.

Ressources disponibles : projet de loi asile et immigration :  outils de décryptage, de mobilisation et de communication de La Cimade

Auteur: Service communication

Source La cimade

Communiqué des VioMe

Après 10 ans de fonctionnement réussi de l’usine de produits de nettoyage naturels et écologiques gérée par les travailleurs de VIO.ME., à la mi-septembre 2023, l’État grec, en coopération avec des fonds étrangers, a décidé de s’attaquer à l’usine occupée et gérée par les travailleurs. Avec d’importantes forces de police, ils ont soudainement commencé à construire une clôture autour de l’usine afin que l' »investissement » puisse se poursuivre.

Sur ordre du nouveau propriétaire, des forces de police excessives ont confiné les travailleurs et les personnes solidaires dans le bâtiment 60 occupé, les obligeant à déménager leurs biens et leurs machines de production. La clôture rend la production et l’accès à l’usine difficiles.

Tout cela a conduit VIO.ME. à mener une bataille inégale dans des conditions difficiles pour un modèle de fonctionnement différent où les travailleurs prennent la production en main et font fonctionner l’usine sans patrons.

Compte tenu de ce qui précède, nous vous invitons le vendredi 10 novembre à 19h30 au squat Rote Insel (près de S+U Yorkstraße, contactez-nous pour l’adresse), pour montrer notre soutien et notre solidarité à VIO.ME.
Un travailleur de VIO.ME., Makis Anagnostou, participera à l’événement de solidarité et informera sur la juste lutte des travailleurs de VIO.ME. De la musique live et un DJ set suivront et les recettes de la boîte de soutien financier seront reversées au syndicat des travailleurs de VIO.ME.

OCCUPER, RÉSISTER, PRODUIRE.
VIO.ME. restera entre les mains des travailleurs.

Rassemblement Européen Neonazi

LE « RASSEMBLEMENT EUROPEEN NEONAZI » appelé par les nazis d’Aube Dorée à Nei Iraklio, banlieue d’Athènes a été annulé par le mouvement antifasciste.

Le 1er novembre 2023, l’organisation néonazie grecque « Aube dorée » a tenté d’organiser un « rassemblement néonazi paneuropéen » à Neo Iraklio, banlieue au nord d’Athènes. L’objectif était d’organiser une cérémonie devant le site où deux membres de l’Aube dorée ont été assassinés le 1er novembre 2013, il y a dix ans.

L’événement « paneuropéen », annoncé et planifié par A.D., a échoué lamentablement pour une seule raison : la mobilisation massive du mouvement antifasciste. Des organisations anarchistes, antifascistes, des partis politiques de gauche et des syndicats étaient présents.

BREVE NOTICE DU CONTEXTE POLITIQUE Le 7 octobre 2020, le mouvement antifasciste réussit à faire condamner l’Aube Dorée en tant que « organisation criminelle » à travers un procès juridique historique, qui a abouti à l’emprisonnement de plusieurs de ses membres. Cependant, nous nous réservons de considérer cet événement comme une « victoire » absolue, notamment parce que les événements de ce 1er novembre nous emmènent à une et seule conclusion : le néo-fascisme et le néo-nazisme s’écrasent dans la rue grâce à la contre-attaque antifasciste, organisée et solidaire. Le mouvement antifasciste doit donc lutter contre les fascistes et les nazis agissant sous le couvert de la police, mais pas que : La police grecque, ayant par le passé voté pour l’Aube dorée à 50 %, non seulement autorise les actions de l’extrême droite, mais les soutient dans les bureaux de vote comme dans la rue, de vrais nazis en uniforme.La banlieue de « Neo Iraklio », a été pendant plusieurs années le deuxième plus grand siège de l’Aube dorée à Athènes (420 avenue Neo Iraklio/ Λεωφόρος Ηρακλείου 420 – comme par hasard situé à côté du Commissariat de la police) qui servait comme base pour toute le secteur nord d’Athènes. Leur siège va fermer le 25/06/2014, grâce à l’opposition du mouvement antifasciste. Or, les nazis de l’A.D. vont continuer leur activité de manière plus discrète, tandis que d’autres groupes (principalement les nazis de l’organisation « Propatria ») se forment en absorbant des anciens membres de l’AD. La perte de l’axe parlementaire de l’A.D., ainsi que d’une partie de sa branche armée, sera la conséquence de la mobilisation massive du mouvement antifasciste. La dissolution a été un coup fort pour l’organisation de l’A.D. qui a été obligée de trouver de nouvelles façons de s’organiser. Les élections de 2023 nous ont montré que la lutte contre le fascisme est loin d’être fini : le parti de « droite extrême » et néolibérale « Nouvelle Démocratie » triomphe contre le parti opportuniste de SYRIZA, tandis que plein d’autres partis de l’extrême droite entrent au parlement. L’un d’entre eux, « Spartiates », fonctionne sous les ordres du nazi emprisonné Elias Kasidiaris, ancien membre condamné de l’A.D. Les attaques fascistes se sont multipliées au cours de la période écoulée. En août 2023, deux cents néonazis du Dynamo Zagreb profitent d’un match de football entre le Dynamo Zagreb et l’équipe grecque AEK, qui a lieu dans la banlieue de « Nea Philadelphia », à Athènes (elle avoisine à la banlieue de Néo Iraklio dans sa partie nord-ouest) pour attaquer les supporteurs d’AEK, connus pour leur antifascisme combatif. Ce soir là, ils ont assassiné l’antifasciste Michalis Katsouris, fan de l’équipe de football « AEK », et ont blessé aussi un autre garçon de 13 ans.

L’ANNULATION DE LA « FIESTA » À l’approche du 1er novembre et en raison de la mobilisation du mouvement antifasciste, la police interdit les rassemblements, afin de rendre plus difficile la réalisation des réunions antifascistes. Le 20 octobre au soir, des antifascistes détruisent le monument mis en place pour les néo-nazis assassinés à Néo Iraklio. Le 28 octobre au soir, après un concert antifasciste réunissant plus de 2000 personnes, la police grecque intervient de manière très provocatrice et procède à plusieurs interpellations. Le même soir, à Néo Iraklio, la police attaque violemment des membres du mouvement antifasciste, et en laisse plusieurs blessé.e.s. Une antifasciste de 16 ans a été tabassée par la police et reste toujours hospitalisée dans un état critique, en même temps que les médias systémiques tentent de nuire à la personnalité et l’engagement de l’antifasciste. La tension se propage à d’autres régions du pays et des affrontements avec la police éclatent un peu partout. Le soir même, une marche est organisée en hommage à l’antifasciste de 16 ans gravement blessée. Elle se termine sur la place Syntagma et, de là, se rend à Exarchia, où des nouvels affrontements ont lieu. Le 1er novembre , la situation s’aggrave encore. Les néonazis, après avoir « tenu » un « rassemblement » d’une soixantaine de personnes devant leur »monument », échec énorme par rapport à la vision d’organisation d’un ‘rassemblement paneuropéen », déferlent dans le centre-ville d’Athènes,avec la bénédiction policière . A la station de métro Monastiraki, quarante nazis de « Propatria » agressent des personnes revenant de rassemblements antifascistes, ainsi que de personnes racisées et sexisées, avec la « tolérance » de la police qui se trouvait à l’extérieur de la station. Les nazis de Propatria , munis d’extincteurs et de bidons d’essence, ont attaqué violemment les personnes dans les wagons. Ils vident des bidons d’huile sur elles en criant notamment des insultes sexistes et les menaçant de leur brûler vives, en présence de la police. C’est clairement une intimidation meurtrière par des pogroms fascistes contre des personnes racisées, sexisées et des immigrées. Les force de l’ordre « DELTA » et « DIAS » arrivent sur les quais, non pas pour protéger les victimes et arrêter les agresseurs nazis, mais pour procéder à des interpellations d’antifascistes. Ailleurs à Athènes, des affrontements ont eu lieu entre les antifascistes et la police, à Thiseio, Victoria, et d’autres quartiers de la ville. Le mouvement antifasciste grec a bien montré ces derniers jours que les nazis ne sont pas tolérés dans l’espace public et a répondu de manière combative aux provocations et aux attaques de la police et des nazis. Aujourd’hui la tension règne toujours, de nouvelles provocations sont attendues. Solidarité et soutien avec le mouvement antifasciste en Grèce ! Solidarité avec nos camarades blessées ! Solidarité avec nos compagnon.nes de Grèce et avec nos compagnon.nes antifascistes dans le monde entier!

Source Initiative des étudiant-e-s, travailleurs et travailleuses grecques à Paris

Propagande et réalité

Mise au point concernant les événements de ces derniers jours à Athènes.

LES MENSONGES DU GOUVERNEMENT GREC, LA COM BIDON DES NAZIS ET LA RÉALITÉ SUR CE QUI S’EST PASSÉ

Tout et n’importe quoi a été dit sur ce qui s’est passé à Athènes depuis quelques jours : mobilisations paneuropéenne des fascistes et des antifascistes, manifestations dans plusieurs quartiers de la ville, affrontements violents, interventions de la police, arrestations préventives…

LES MENSONGES DU GOUVERNEMENT GREC

Le pouvoir se drape une fois de plus dans l’habit du chevalier blanc : dans les médias, le gouvernement prétend avoir été neutre, face à deux extrêmes qui « se rejoignent dans des mêmes pratiques violentes » et avoir essayé au maximum de protéger la population athénienne de ces « hordes barbares ». En réalité, comme le montrent les vidéos que nous avons publiées, la police grecque s’est clairement positionnée dans le camp des fascistes et ce n’est pas une surprise. Les néonazis ont été protégés et escortés à plusieurs reprises, au point de faire un petit bout de manif sous protection policière malgré l’interdiction annoncée une semaine auparavant.

Durant le moment le plus choquant, en l’occurrence la tentative de brûler vives des personnes dans le métro (1), dans la station Monastiraki, la police a longtemps laissé faire, puis elle est intervenue en laissant partir la quasi-totalité des agresseurs (sur l’une des vidéos, on voit même un policier aider un néonazi à récupérer son casque avant de partir sans être inquiété). Un seul néonazi a finalement été arrêté, malgré les circonstances extrêmement graves, les blessures nombreuses et la volonté de tuer.

À l’inverse, dans d’autres quartiers d’Athènes, les antifascistes ont été réprimés violemment par la police. L’exemple le plus terrible est celui d’une jeune antifasciste de 16 ans frappée à la tête par les cow-boys de l’unité de police OPKE, comme le confirment plusieurs témoins, à la fin d’un concert antifasciste organisé le 28 octobre qui a rassemblé 2500 personnes. Elle est actuellement hospitalisée dans un état critique (2). Presque toutes les autres victimes des violences policières sont des antifascistes, mais aussi des passants qui ont eu la malchance d’être là au mauvais moment et qui ont été chargés et frappés également.

Autre enfumage : le gouvernement se prévaut d’avoir stoppé l’arrivée d’un groupe de 21 fascistes italiens à l’aéroport, deux jours avant l’événement. Mais il ne pouvait pas en être autrement : ce commando de Casa Pound avait publiquement annoncé son voyage en Grèce et ses intentions violentes. Tout le monde était au courant. L’alerte avait été donnée. Et qui plus est, les membres de ce pseudo commando étaient tatoués de symboles fascistes à gogo jusque sur le visage et n’avait pas que des slips dans leurs bagages. Les laisser venir aurait conduit à refaire ce qui s’était passé en août, quand la police grecque avait laissé venir jusqu’à Athènes plus de 200 supporters néonazis croates du Dynamo Zagreb avec les conséquences qu’on connait : l’assassinat à coups de couteau de notre camarade Michalis Katsouris, militant antifasciste et supporter de l’AEK Athènes, et les blessures graves de plusieurs autres personnes, dont une jeune fille de 13 ans.

Tous les autres invités fascistes sont entrés en Grèce sans problème et on rejoint leurs petits copains néonazis pour le rassemblement. Sauf qu’ils étaient beaucoup moins nombreux que prévu. Pourquoi ? Premièrement du fait de l’interdiction du rassemblement (et du contre-rassemblement) annoncée une semaine avant. Deuxièmement du fait de la forte mobilisation antifasciste, très visible partout dans la rue, sur les murs, dans les médias indépendants et sur internet. Beaucoup de fascistes grecs et visiteurs ont jeté l’éponge bien avant la journée du premier novembre. La preuve : les fascistes n’étaient finalement qu’une petite centaine au rassemblement à la mémoire des deux néonazis tués il y a dix ans (voir photo du rassemblement fasciste en pièce jointe, avec la croix celtique sur le drapeau grec, à comparer avec les photos des rassemblements antifascistes beaucoup plus nombreux).

LA COM BIDON DES NAZIS

Du côté des néonazis, c’est le grand n’importe quoi en matière de communication, comme d’habitude. Alors qu’ils ont complètement échoué dans leur projet grandiose de mobiliser « des milliers de nationalistes de toute l’Europe » et de reformer des « bataillons d’assaut » pour préparer « le ménage nécessaire dans une Europe dégénérée » (sic), ils essaient d’isoler deux choses en particulier durant ces derniers jours pour ne pas parler du reste.

Ces deux choses retenues sont le guet-apens sur quelques antifascistes et migrants dans le métro (dont les fascistes se sont dépêchés de tirer des memes sur internet, ici en pièces jointes) et la prise d’un petit drapeau anarchiste (un drapeau du collectif de soutien aux migrants du squat Prosfygika, également en pièce jointe).

Concernant le guet-apens dans le métro, ils traitent leurs victimes de « poules mouillées » (y compris sur les vidéos) en oubliant de préciser qu’elles étaient beaucoup moins nombreuses et accompagnées de personnes vulnérables. Nos camarades et compagnons se sont bien sûr défendus, mais l’effet de surprise associé à la menace de l’incendie avec plusieurs bidons d’essence et d’huile (non pas un bidon mais trois) ont perturbé leur défense, dans le chaos et les cris assourdissants. Il y a eu très vite des blessés, dès les premières secondes, et la panique chez les autres passagers.

Concernant la prise du drapeau du collectif de soutien aux migrants du squat Prosfygika (un groupe d’immeubles vétustes squattés au nord d’Exarcheia, juste de l’autre côté de l’avenue Alexandras), il n’y a pas de quoi pavoiser. Ce n’est pas une banderole ni un autre objet collectif, c’est juste le petit drapeau d’un bâton que quelqu’un a perdu dans un affrontement. C’est dire si les néonazis n’ont pas grand chose à montrer !

LA RÉALITÉ SUR CE QUI S’EST PASSÉ

Ce qui est à retenir de cette semaine mouvementée à Athènes, c’est d’abord que la mobilisation antifasciste a été importante (cf. photos), épaulée par quelques visiteurs d’autres villes d’Europe (sans oublier des solidaires de squats souvent en provenance d’Europe occidentale, notamment de France, Espagne, Belgique, Suisse et Allemagne). Plusieurs groupes anarchistes dont Rouvikonas ont envoyé leur section antifasciste. Les assemblées de squats de réfugié-es/migrant-es également, à commencer par le Notara 26 et Prosfygika. Les autres groupes révolutionnaires n’ont pas manqué à l’appel, de même que plusieurs syndicats et organisations politiques, sans oublier les étudiants, les enseignants et les parents d’élèves. Bref, la mobilisation a été forte. Il y avait environ 2500 personnes au concert antifa le 28 octobre et entre 500 et 2000 personnes à chaque manif et rassemblements dans plusieurs quartiers d’Athènes, malgré l’interdiction. Les murs de la ville ont clairement été antifas durant cette semaine, comme souvent en Grèce. Idem sur internet. Il n’y a pas eu photo.

De leur côté, les néonazis grecs et leurs rares visiteurs fascistes ne sont sortis de leur cachette que pour aller attaquer discrètement des migrants dans les rues sombres (au moins trois fois) à 10 contre 1. Ils ne se sont quasiment jamais montré nulle part, ou alors sous protection policière. Et surtout, ils n’ont même pas réuni 100 personnes à leur rassemblement prévu de longue date, à la mémoire des deux néonazis tués il y a dix ans. Un bide complet !

Par contre, ils ont rappelé à quel point ils sont des nazis : vouloir brûler vives des personnes dans un wagon, chasser des migrants dans la nuit… Ils ont également rappelé qu’ils sont des zombies et des froussards : rien du tout en pleine lumière, que des actions de nuit, en catimini, toujours en supériorité numérique, absolument toujours (quand ils m’avaient attaqué au Pirée, je me souviens que leur premiers mots étaient : « c’est bon, il est seul » avant que le métro arrive par chance et que les voyageurs ne viennent me sauver et m’emmènent à l’hôpital, et c’est le cas pour la plupart de celles et ceux qui ont été attaqués).

Au final, « plus de femmes blessées que d’hommes, à la fois par les nazis et par les flics, n’est-ce pas aussi un symbole ? » me souffle Maud à mes côtés. Oui, le sang de plusieurs femmes et adolescentes a coulé, de Monastiraki à Viktoria. Et cela montre aussi à quoi mène leur violence viriliste et patriarcale.

CONCLUSION

Le gouvernement et sa police ne sont pas des remparts contre les fascistes, ni en Grèce ni en France. D’abord parce que les gouvernements grecs et français sont composés de transfuges de l’extrême-droite (des anciens du LAOS dans le gouvernement Mitsotakis ou encore Darmanin, ancien de l’Action française, dans le gouvernement Borne). Ensuite, parce que la plupart des MAT (CRS) qui ont frappés les antifascistes sont connus pour voter à l’extrême-droite, sans même s’en cacher (tatouages, logos sur leurs tenues, menaces fréquentes…), tout comme beaucoup de leurs homologues dans l’hexagone et ailleurs dans le monde. Enfin, parce que le capitalisme et la société autoritaire produisent le fascisme comme l’orage produit la foudre. Et pas uniquement le fascisme formel, organisé en parti ou en groupe de militants bas du front. Le fascisme en général, présent dans tous les replis de la société autoritaire : dans le couple, l’éducation, le travail, etc.

Tant qu’il y aura des rapports de domination et d’exploitation dans la société, il y aura du fascisme, c’est-à-dire des opinions et des actes exacerbés en la matière, mais qui ne sont qu’un effet loupe de ce que produit naturellement cette société absurde.

Tant que la compétition primera sur la coopération et que les mots liberté et égalité seront vides de sens, il y aura du fascisme sous toutes les formes.

Combattre le fascisme nécessite donc également de lutter plus globalement contre le système politique et économique qui le génère. Un système archaïque, basé sur la hiérarchie, la division et la mise en concurrence des humains.

Voilà pourquoi nous sommes partisan d’un antifascisme radical (3) qui ne combat pas seulement les effets, mais aussi les causes.

Yannis Youlountas

(1) Vidéos du guet-apens dans le métro qui montrent notamment la bienveillance des policiers à l’égard des néonazis : http://blogyy.net/2023/11/02/athenes-des-nazis-ont-tente-de-bruler-vives-des-personnes-dans-le-metro/

(2) Vidéos des fortes tensions à Athènes, suite aux violences policières qui ont frappé les antifascistes, dont une jeune fille de 16 ans : http://blogyy.net/2023/11/01/fortes-tensions-a-athenes-suite-a-des-violences-policieres/

(3) Je conseille à ce sujet un nouveau livre écrit collectivement par La Horde et édité par Libertalia : « Dix questions sur l’antifascisme ». Un excellent bouquin à lire absolument et à faire connaitre. Le sommaire en dix questions est ici :

https://lahorde.samizdat.net/Dix-questions-sur-l-antifascisme-La-Horde
Source http://blogyy.net/2023/11/03/propagande-et-realite/
Translate »