Rapport sur la rétention migrants

Un réseau de chercheurs et militants soutenus par le groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen a récemment publié un rapport sur la rétention des migrants. Ils estiment que ces pratiques sont de plus en plus obscures, compliquées et même illégales, notamment en Italie, en Grèce, en Espagne et même en Allemagne.

Qu’il s’agisse des pays en première ligne des arrivées comme l’Italie, la Grèce et l’Espagne ou ceux de destination comme l’Allemagne, la rétention administrative des migrants survient de plus en plus en dehors des cadres juridiques existants. C’est en tout cas l’amer constat dressé par Migreurop, un réseau d’associations et de chercheurs, qui a enquêté sur les pratiques de privation de libertés des exilés en 2019.

Dans un rapport d’une trentaine de pages publié en décembre 2020 intitulé « Exilé·e·s enfermé·e·s et exclu·e·s – Détention informelle et illégale en Espagne, en Grèce, en Italie et en Allemagne », les chercheurs démontrent que des formes de rétention informelles voire illégales « ont gagné en importance et sont devenues partie intégrante du fonctionnement du régime frontalier de l’Union européenne ». Ils craignent que ces pratiques ne deviennent la règle au sein du Vieux continent, à l’heure où un éventuel « Pacte européen sur la migration » est en discussion à Bruxelles.

En première ligne, ces pays qui filtrent les migrants à la frontière
Il y a d’abord les pays de première arrivée comme l’Italie, la Grèce ou encore l’Espagne dont le rôle, selon Migreurop, est de « filtrer les exilés et de mettre un terme à leur mobilité, considérée indésirable et illégitime, afin qu’ils et elles n’atteignent pas les autres États membres », peut-on lire dans le rapport. Dans cette optique, les chercheurs relèvent que la rétention ayant lieu aux frontières extérieures est généralement de très courte durée (à l’exception des îles grecques) et souvent non réglementée afin de pouvoir expulser rapidement les exilés vers un autre pays ou de les refouler de l’autre côté de la frontière. « Elle se déroule loin des centres de rétention ‘traditionnels’ et plutôt dans des lieux informels, y compris les zones frontalières et les postes de police, avec un accès très limité aux droits, tels que l’information ou celui d’être représenté·e par un avocat », notent encore les chercheurs.

>> À (re)lire : L’Italie critiquée pour ses renvois de migrants vers la Slovénie

En outre ces dernières années, de plus en plus de centres de rétention ont pris de nouvelles formes : c’est le cas des hotspots en Italie qui, en 2019, comptaient 7 757 détenus pour 890 places et en Grèce où l’on dénombre 38 423 occupants pour 6 178 places, ou encore des CATE en Espagne avec 15 288 détenus pour 1 020 places. « Le but est d’accélérer les expulsions aux frontières, dans une perspective strictement sécuritaire. En réalité, cela se traduit par une sur-occupation de ces sas de privation de liberté, où des milliers de personnes bloquées dans leur parcours migratoire sont plongées dans l’attente et l’incertitude », explique Migreurop.

Une situation qu’il est d’autant plus difficile d’appréhender que les chiffres des rétentions et refoulements se basent sur des méthodes de calcul propres à chaque pays, pouvant être interprétés de façon variable. Ainsi, d’après Migreurop, en 2019, l’Espagne a par exemple refusé l’accès à son territoire à 493 455 personnes, « la plupart d’entre elles ayant été privées de liberté dans des installations frontalières avant d’être renvoyées. » Pourtant, les données officielles sur les migrants retenus dans les centres de pré-expulsion et autres structures reconnues en Espagne ne représentent que 28 781 détenus cette même année.

Nouveaux motifs de rétention et augmentation des accords de réadmission Outre les pays de première arrivée, les pays de destination de l’Ouest et du Nord de l’Europe ne sont pas en reste, selon Migreurop qui a étudié tout particulièrement le cas de l’Allemagne. Les chercheurs décrivent « des mécanismes de détention sophistiqués visant à renvoyer (les exilés) vers les États de première arrivée dans l’UE (en vertu du règlement de Dublin) ou dans un pays d’origine ou de transit dit tiers (par le biais d’accords de réadmission ou, de plus en plus, d‘accords informels tels que la Déclaration UE/Turquie, le « Joint Way Forward » sur l’Afghanistan, ou les Procédures Opérationnelles Standard) ».

>> À (re)lire : France : « La rétention administrative, c’est de la criminalisation des personnes étrangères »

S’ajoutent de nouveaux motifs de rétention introduits outre-Rhin ces dernières années : « Un recours plus important à la détention et la multiplication des motifs et fondements juridiques sur lesquels s’appuie l’Allemagne permet de procéder à un nombre conséquent d’expulsions (22 097 en 2019) », affirme Migreurop, notant également que la capacité des lieux de détention avant renvoi a fortement augmenté passant de 438 places en 2015 à au moins 745 places en 2019.

« Une politique migratoire de dissuasion » à l’origine « d’énormes souffrances » Dans ce contexte, Migreurop dénonce « une politique migratoire de dissuasion » à l’origine « d’énormes souffrances » comme celles constamment pointées du doigt sur l’île grecque de Lesbos. Les chercheurs craignent que le « Pacte européen sur l’asile et les migrations » actuellement sur la table des négociations au Conseil et au Parlement européen ne vienne normaliser ces pratiques de rétention illégales. « Loin de proposer des innovations centrées sur les droits humains, ce Pacte est un outil qui permet aux États membres de systématiser une politique répressive née il y a 30 ans, ainsi que des pratiques brutales de détention de plus en plus informelles et précaires. »

>> À (re)lire : Asile : Bruxelles dévoile les contours d’une nouvelle politique européenne

Le texte prévoit notamment la mise en place d’une procédure de contrôle des candidats à l’exil ayant été secourus en mer ou étant entrés sur le territoire européen sans papiers d’identité. Avec cette mesure, les pays membres pourraient exiger des migrants qu’ils se maintiennent à la frontière extérieure ou dans une zone de transit, « sans doute dans des conditions coercitives », le temps d’examiner la recevabilité de leur demande. Nombreux seraient alors ceux qui se verraient orientés vers une procédure accélérée d’asile, ou de renvoi à la frontière, impliquant là encore très probablement un placement en rétention. « Désormais, l’option envisagée par les États membres est de transformer en loi cette politique de banalisation de la violence et les mauvaises pratiques existantes, réduisant à peau de chagrin la défense des droits humains », regrette Migreurop.

L’ensemble des propositions du Pacte présentées par la Commission européenne en septembre dernier doivent désormais être discutées et approuvées par le Conseil et le Parlement européen. La Commission européenne espère une entrée en vigueur en 2022.

>> À (re)lire : Réforme de l’asile en Europe : « Un Pacte de la honte », « un compromis entre lâcheté et xénophobie »

Les chercheurs de Migreurop, quant à eux, comptent poursuivre leurs investigations sur les rétentions illégales et les mauvais traitements des migrants en Europe. Ils assurent que si leur rapport s’en tient à l’analyse de quatre États, « cette réalité est néanmoins bien visible et tangible dans d’autres zones géographiques ». Leur prochain objectif : enquêter sur les Balkans en 2021.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/29461/en-allemagne-espagne-grece-et-italie-de-plus-en-plus-de-detentions-illegales-de-migrants

Un député européen grec condamné mais toujours en liberté

Un député européen grec toujours en liberté trois mois après sa condamnation pour le meurtre de Pavlos Fyssas
Par Philip Chrysopoulos –

Le néo-nazi grec Christos Pappas, qui était le numéro deux de la direction du parti Golden Dawn, est toujours en fuite, ayant réussi à échapper à son arrestation près de trois mois après sa condamnation.

Suite au verdict d’octobre 2020 qualifiant le parti Golden Dawn d’organisation criminelle, Pappas a été condamné à 13 ans de prison pour son rôle dans le groupe.

Bien que la police ait mis la direction du parti sous surveillance avant le verdict historique, Pappas a réussi à disparaître d’une manière ou d’une autre.

Il s’est présenté pour la dernière fois à son poste de police local de Papagou, dans la banlieue nord d’Athènes, le 1er octobre, comme il y était obligé, mais n’a pas été revu depuis.

On ne sait toujours pas où il se trouve, ce qui laisse supposer qu’il s’est peut-être enfui à l’étranger ou qu’il se cache dans une région reculée de la Grèce – et qu’il est protégé par de loyaux partisans.

Pappas au Parlement grec

Pappas a siégé au Parlement grec de 2012 à 2019, étant élu à trois reprises. Lors de la dernière élection en Grèce, le 7 juillet 2019, Golden Dawn n’a pas recueilli suffisamment de voix pour être élu à la Chambre.

Pappas est le fils d’Elias Pappas, un officier de l’armée et un collaborateur de la junte des colonels. Son père est également un membre fondateur du parti d’extrême droite Golden Dawn.

Nationaliste fervent, Christos Pappas a été le fondateur des publications Helioforos, qui publient des livres à contenu nationaliste. Il est devenu un proche collaborateur du chef de Golden Dawn, Nikos Michaloliakos.

Le 29 septembre 2013, il a été placé en détention préventive pour avoir dirigé une organisation criminelle, suite au meurtre du rappeur Pavlos Fyssas par un membre de Golden Dawn.

En décembre de la même année, sa demande de libération de prison a été rejetée. Il a été libéré le 29 mars 2015, dix-huit mois seulement après son arrestation.
Christos Pappas (à gauche) avec le chef de Golden Dawn, Nikos Michaloliakos, dans leur jeunesse. Crédit : Youtube

Le passé néo-nazi

Lors d’une perquisition dans la maison de Pappas à Ioannina Est en septembre 2013, l’unité anti-terroriste de la police a trouvé deux armes sans permis et un large éventail de souvenirs nazis.

Entre autres, l’unité anti-terroriste a trouvé une photo de Pappas en uniforme SS faisant un salut nazi devant un drapeau nazi, tandis que sur une autre photo, il porte un brassard à croix gammée.

Une autre série de photos montre Pappas avec sa famille saluant comme des nazis, enseignant le salut nazi à ses trois enfants, tandis que les cartes de vœux que lui et sa femme doivent distribuer portent également la croix gammée.

Une autre trouvaille est constituée de deux casques allemands de la Seconde Guerre mondiale, l’un avec le logo SS et l’autre avec la croix gammée, de petits et grands drapeaux à croix gammée, d’une photo encadrée d’Adolf Hitler avec l’inscription « Golden Dawn », et d’autres objets.

Cependant, tout au long des interrogatoires de police, Pappas a rejeté toutes les accusations néo-nazies, insistant sur le fait qu’il est un nationaliste grec et n’a rien à voir avec l’Allemagne nazie et Adolf Hitler.

La police recherche un fugitif néo-nazi grec

La police a lancé une série d’actions ciblées pour tenter de retrouver l’ancien député disparu du parti Golden Dawn, en enquêtant sur le réseau de ses complices qu’il aurait pu utiliser dans l’évasion.

Les hauts responsables de la police parlent d’un plan bien organisé pour la disparition et la dissimulation de l’ancien député, qui a été mis en place le 1er octobre 2020 – immédiatement après qu’il se soit présenté à la police de Papagou, comme requis.

Afin de ne pas éveiller les soupçons et d’induire la police en erreur, le fugitif aurait laissé son téléphone portable à la maison et, ayant eu tout le temps de le faire, il aurait tout simplement disparu.

La police effectue des recherches dans certaines zones non seulement en Grèce, mais aussi à l’étranger, en Belgique, en France et en Autriche. En même temps, tous les téléphones pouvant être reliés à Pappas sont continuellement surveillés.

L’opposition de gauche accuse la police de négligence suspecte

Depuis la disparition de Christos Pappas, les partis d’opposition de gauche accusent la police grecque – et le ministre de la protection des citoyens Michalis Chrysochoidis lui-même – de négligence délibérée.

En décembre, 37 députés du principal parti d’opposition Syriza ont présenté une pétition officielle au Parlement, demandant une raison pour laquelle Pappas n’a pas été arrêté immédiatement après le verdict du tribunal.

« Malgré l’assurance donnée par la police de préparer et de surveiller les membres condamnés de l’organisation criminelle… le fait de la disparition du nazi Pappas reste une triste réalité, 50 jours après le verdict », selon la pétition.

Dans le même temps, plusieurs éditoriaux de médias favorables à l’opposition laissent entendre qu’un grand pourcentage de la police grecque est favorable à l’Aube dorée, et qu’elle n’est donc pas désireuse d’arrêter Pappas.

L’eurodéputé néo-nazi Lagos bénéficie toujours de l’immunité parlementaire

L’ancien leader de la Golden Dawn et député européen Ioannis Lagos a pu éviter l’arrestation jusqu’à présent puisqu’il est actuellement à Bruxelles et bénéficie de l’immunité parlementaire complète que lui confère sa fonction.

Source https://greece.greekreporter.com/2021/01/05/greek-neo-nazi-still-at-large-three-months-after-conviction/

Le Conseil d’État valide le fichage des opinions politique   

Le Conseil d’État a confirmé, lundi 4 janvier, que policiers et gendarmes pourraient bien ficher les opinions politiques, philosophiques, religieuses, appartenances syndicales et données de santé au nom de la sûreté de L’État.

Lire la décision du Conseil d’Etat

La plus haute juridiction administrative a émis un avis favorable concernant trois décrets, publié début décembre, qui avaient émus militants et défenseurs des droits de l’Homme et des libertés. Ces textes permettent que, désormais, ce ne soient plus seulement les activités, mais bien les opinions, qui soient renseignées dans les fichiers des forces de l’ordre.

Identifiants, photos et commentaires postés sur les réseaux sociaux y seront aussi listés, tout comme les troubles psychologiques et psychiatriques « révélant une dangerosité particulière ». Outre les personnes physiques, les « personnes morales », telles que les associations, sont également visées.

Auparavant limités aux hooligans et aux manifestants violents, ces fichiers recenseront désormais aussi les données des personnes soupçonnées d’activités terroristes ou susceptibles « de porter atteinte à l’intégrité du territoire ou des institutions de la République », une notion « floue » selon ses détracteurs.

Le Conseil d’État avait été saisi en référé (procédure d’urgence) par plusieurs centrales syndicales dont la CGT, FO ou la FSU, mais aussi par le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France, qui dénonçaient le « spectre du Big Brother en 2021 ». Mais il a considéré que les trois décrets ne portaient pas une atteinte disproportionnée à la liberté d’opinion, de conscience et de religion ou à la liberté syndicale.

Source https://reporterre.net/Le-Conseil-d-Etat-valide-le-fichage-des-opinions-politiques?utm_source=actus_lilo

Une majorité de Grecs toujours dans la difficulté

Une enquête révèle que la moitié des Grecs sont incapables de payer leurs factures en raison de la pandémie

Pour la deuxième fois, les Grecs sont classés au dernier rang des 24 pays européens en termes de capacité à payer leurs factures en 2020, selon le rapport annuel sur les paiements européens publié par Intrum. L’enquête a également révélé que près de la moitié d’entre eux ont vu leurs revenus diminuer en raison de la pandémie de coronavirus.

Selon Intrum, 52 % des répondants grecs ont laissé leurs factures impayées en 2020 et 62 % d’entre eux ont déclaré que c’était un phénomène régulier l’année dernière.

Près de la moitié (49 %) ont vu leurs revenus baisser en raison de la crise sanitaire, enregistrant le ratio le plus élevé d’Europe, tandis que 17 % seulement ont déclaré que leurs revenus étaient restés les mêmes ou avaient augmenté en 2020, contre une moyenne européenne de 38 %.

Une grande majorité, soit 70 %, de ceux qui ont vu leurs revenus diminuer ont également déclaré avoir réduit leurs dépenses non essentielles, et 31 % ont déclaré avoir cherché un travail supplémentaire pour compenser leurs pertes.

La baisse des revenus a eu un impact évident sur les dépenses de base, puisque près de sept Grecs sur dix ont déclaré que l’augmentation des factures pesait sur leur niveau de vie, contre une moyenne européenne de 47 %, tandis que plus d’un sur six a vu ses obligations augmenter plus rapidement que ses revenus ou ses recettes.

L’enquête d’Intrum a également révélé que la combinaison de l’augmentation des coûts et de la baisse des revenus endettait davantage les Européens, 61 % des personnes interrogées dans les 24 pays ayant admis avoir recours au crédit en 2020 pour payer leurs factures mensuelles, contre 52 % en 2019. En Grèce, seuls 20 % des répondants ont eu recours au crédit pour payer leurs mensualités, 74 % des répondants ajoutant qu’ils hésitent à contracter de nouvelles dettes ou à s’endetter davantage.

Les Grecs qui épargnent ont déclaré mettre de l’argent de côté pour les dépenses urgentes, pour la possibilité de perdre leur emploi ou d’autres sources de revenus, et pour aider leurs enfants et/ou petits-enfants. Six sur dix ont également déclaré qu’ils épargnaient moins en 2020 qu’avant la pandémie.

Du côté positif, la Grèce a obtenu de bons résultats en termes de connaissances financières, gagnant quatre places par rapport à 2019, pour se hisser à la deuxième place.

Intrum a constaté que six Grecs sur dix ont fait de la sécurité financière l’une de leurs principales priorités depuis le début de la pandémie, et que cinq sur dix cherchent activement à améliorer la façon dont ils gèrent leurs finances.

Pour y parvenir, 55 % s’informent sur internet, 49 % à l’école et 45 % auprès de leurs parents, contre des taux respectifs de 38 %, 49 % et 64 % en 2019. Un peu plus de la moitié (51 %) ont également déclaré prendre des mesures pour améliorer leurs connaissances financières afin de faire face à l’incertitude causée par la pandémie.

Le Panteion prend position contre la présence des forces de l’ordre à l’intérieur des universités

Le Panteion se retourne contre la police du campus
Le sénat de l’université Panteion s’oppose à la proposition du gouvernement de créer une force de sécurité spéciale sur le campus, composée de policiers qui opéreront sous les ordres de la police hellénique (ELAS) et du ministère de la protection des citoyens.
Le Panteion d’Athènes est la première université à prendre position sur les mesures dévoilées ce mois-ci par le gouvernement pour sévir contre l’anarchie chronique dans les institutions universitaires du pays.
La présence permanente des forces de l’ordre « n’est pas compatible avec la poursuite du savoir », a déclaré le Sénat. « La présence de forces de police au sein de l’université crée des tensions dans la communauté universitaire, qui fonctionne dans un environnement autonome et qui est la seule à pouvoir garantir la liberté d’expression et de science ».
Les recteurs souhaitent que la sécurité reste sous la responsabilité du sénat et des autorités universitaires.

Le camp de Samos face à un désastre sanitaire

Des morsures de rats, de serpents… Le camp de Samos face à un désastre sanitaire Par Charlotte Boitiaux

     Le camp de Samos en Grèce. Crédit : Reuters

Depuis plusieurs mois, l’ONG Médecins sans frontières alerte sur la situation sanitaire sur l’île grecque de Samos où vivent des milliers de migrants entassés dans des campements insalubres. Une campagne de vaccination anti-tétanos a été lancée pour protéger les hommes, les femmes et les enfants exposés, entre autres, aux morsures de rats et de serpents.

Depuis des mois, Médecins sans frontières (MSF) alerte sur le fait que le camp de migrants de Vathy sur l’île de Samos, en Grèce, « n’est pas un endroit sûr ». Environ 3 500 migrants – syriens, afghans, congolais ou encore irakiens – y vivent « dans des conditions absolument misérables » à flanc de colline, dans des cabanes en bois ou des abris faits de bâches et de couvertures, rappelle Dora Vangi, chargée de la communication pour MSF en Grèce. L’accès à l’eau et à la nourriture y est limité. Et les incendies de ces derniers mois n’ont rien arrangé. 

>> À (re)lire : « Reportage : dans la « jungle » de Samos, une vie d’ennui et de désespoir au milieu des déchets »

Face à la dégradation de la situation, une campagne de vaccination contre le tétanos a été lancée par MSF. Le but : protéger la population de ces campements « qui n’ont d’autre choix que de vivre dans la saleté et les ordures » contre cette maladie qui peut se contracter à des travers des plaies infectées ou encore des morsures d’animaux.

Les déchets dans le camp de Samos, en décembre 2019. Crédit : InfoMigrants

« Les morsures, ce n’est pas nouveau »

Et à Samos, les blessures par morsures ne sont pas rares. « Selon nos équipes médicales, des rats, des scorpions et des serpents mordent des enfants et des adultes », explique Dora Vangi de MSF. « Ce n’est pas nouveau, nous alertons sur ce problème depuis longtemps ».

>> À (re)lire : Franck, Congolais à Samos : « Ma fille me demande pourquoi on est obligé de vivre sous une tente »

Pour l’heure, l’ONG a annoncé avoir déjà vacciné environ 2 200 hommes, femmes et enfants de plus de six ans depuis le début du mois de décembre.

Les autorités grecques prévoient le déplacement de tous les demandeurs d’asile des îles grecques vers le continent et dans un nouveau camp fermé sur Samos, d’une capacité de 1 200 personnes, d’ici le début d’année 2021.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/29283/des-morsures-de-rats-de-serpents-le-camp-de-samos-face-a-un-desastre-sanitaire

Fin de la gratuité des médicaments pour les retraités à faible revenu

La gratuité des médicaments sur ordonnance pour les retraités grecs à faible revenu est supprimée à partir du 1er janvier 2021.

En Grèce, plus de 600 000 retraités à faibles revenus devront payer leurs médicaments à partir du 1er janvier 2021.  L’achat de médicaments sur ordonnance sans participation était en vigueur lorsque l’allocation de pauvreté (EKAS) a été réduite en raison d’un troisième accord de sauvetage.

La mesure provisoire de gratuité des médicaments sur ordonnance prend fin le 31 décembre 2020, comme le prévoit l’article 2 de la loi 4655/2020.

Malgré la pression des organisations de retraités, le gouvernement n’a pas encore pris de mesures pour prolonger cette disposition bénéfique.

Il convient de noter qu’il s’agit de retraités ayant une pension brute pouvant atteindre 500 euros.

Selon les données officielles du ministère du travail, les retraités à faible revenu concernés sont au nombre de 606 280.

Témoignage : Je me souviens que lorsque la loi EKAS a été supprimée en 2011 et que l’auto-participation à la prescription a été introduite en 2013, les dépenses mensuelles de ma mère décédée qui souffrait de démence ont atteint 150 euros. Sa pension était de 490 brut et 430 net après impôt de solidarité et cotisation aux soins de santé et ceci et cela. Elle n’avait pas droit aux « prestations d’invalidité », bien qu’elle ait eu besoin de soins et d’assistance 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an et qu’elle mourrait de faim si elle n’était pas nourrie. Elle pouvait être traînée sur 2 ou 3 marches du fauteuil roulant au canapé ou au lit. Pour le système d’allocations grec, un patient souffrant de cette horrible maladie dégénérative devait être alité à 100% pour avoir droit à une allocation maximale de 300 euros.

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2020/12/28/greece-low-income-pensioners-cut-free-prescription-jan-1/


Dernière minute 31/12/2020 : Kathimérini relève qu’à l’initiative du Premier ministre, M. Mitsotakis, les dépenses pharmaceutiques des petits retraités seront à nouveau prises en charge par l’Etat pour l’année 2021. Cette décision intervient juste avant la f in du plan de gratuité de ces dépenses, mis en place depuis la suppression de l’allocation EKAS, en 2016, un projet qui expirait le 31 décembre.Cette décision concerne 608000 retraités, précise Ta Néa.

Marche des libertés

Mobilisons-nous les 3, 16 et 30 janvier contre la loi Sécurité globale et les autres textes liberticides

La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale donne rendez-vous aux défenseur·se·s des libertés dès le dimanche 3 janvier 2021, à Paris, à l’occasion de la Marche blanche en mémoire de Cédric Chouviat. Un an après la mort de ce père de quatre enfants, entre les mains de la police, nous serons aux côtés de sa famille. Son père Christian Chouviat avait déjà accompagné la délégation reçue au ministère de l’Intérieur lundi 23 novembre, malgré les réticences de Gérald Darmanin.

Nous appelons aussi à de nouvelles Marches des libertés, samedi 16 janvier, partout en France, avant un grand rassemblement, samedi 30 janvier, à Paris. Cette dernière date mêlera les voix des journalistes, documentaristes, réalisateur·trices, victimes et familles de victimes de violences policières, associations de droits humains et artistes solidaires du combat contre les lois liberticides.

D’ici là, nous appuierons les actions qui ont pour objectif le retrait des articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi dite « Sécurité globale », le retrait du Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) et de toute autre disposition élargissant la surveillance de masse ou faisant reculer le droit à l’information. La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale continuera à informer sur les conséquences délétères de ces textes, par le biais de clips réalisés par l’équipe vidéo de la coordination, donnant un éclairage juridique et faisant témoigner des victimes de violences policières.

Depuis le premier rassemblement organisé le 17 novembre devant l’Assemblée nationale, notre coordination n’a cessé de s’élargir. Formée à l’initiative des quatre principaux syndicats de journalistes et de la Ligue des droits de l’Homme, elle comprend aujourd’hui non seulement des associations ou collectifs représentant les métiers de la presse et des médias, mais aussi des organisations œuvrant dans le domaine de la justice, des libertés numériques, de la défense de l’environnement ou contre les violences policières et leur impunité.

Dans le même temps, des coordinations locales se sont formées à travers tout le pays et plus de 150 villes ont connu au moins une manifestation contre la proposition de loi « Sécurité globale ».

Malgré une mobilisation de très grande ampleur (500 000 manifestant·e·s en France, le 28 novembre), déployée dans un contexte d’état d’urgence sanitaire et de confinement, le gouvernement et les parlementaires se sont contentés d’effets d’annonce s’agissant de la réécriture de l’article 24 de la proposition de loi « Sécurité globale ». Texte que le Sénat semble vouloir fusionner avec l’article 18 du projet de loi « confortant les principes républicains », précédemment nommée « contre le séparatisme ».
Ni la commission Delarue sur les rapports entre journalistes et forces de l’ordre ni le « Beauvau de la sécurité » ne sauront nous détourner de notre objectif. Du reste, Emmanuel Macron n’a toujours pas répondu à notre demande de rendez-vous adressée par courrier et publiée sous la forme d’une lettre ouverte le 14 décembre.

Par ailleurs, notre opposition aux dispositifs de surveillance généralisée instaurés par les drones et les caméras piétons, ou à la sélection des journalistes instaurée par le nouveau SNMO n’a pas été entendue. Des décrets parus en décembre étendent les possibilités de fichage aux groupements et notamment aux opinions politiques ou syndicales, aux comportements et habitudes de vie… Les pressions politiques de policiers se présentant en uniforme et en plein couvre-feu devant les domiciles d’élu·e·s ou devant des tribunaux confirment nos craintes quant à l’instauration d’un véritable État de police par la combinaison du SNMO, de la proposition de loi « Sécurité globale » et du projet de loi « confortant les principes républicains ».

Tant que ces textes liberticides ne seront pas abandonnés, nous défendrons sans relâche nos libertés.

La coordination #StopLoiSécuritéGlobale fédère des syndicats, sociétés, collectifs, associations de journalistes et de réalisateur·trices, confédérations syndicales, associations, organisations de défense de droits humains, comités de victimes et de familles de victimes de violences policières, collectifs de quartiers populaires, exilé·es et Gilets jaunes.

Paris, le 23 décembre 2020.

Source https://france.attac.org/se-mobiliser/marches-des-libertes/article/mobilisons-nous-les-3-16-et-30-janvier-contre-la-loi-securite-globale-et-les

Les marchés financiers restent les gagnants de la crise économique et sanitaire

Par Aline Fares

Les banques ont non seulement bénéficié des effets indirects des plans de soutien à l’économie mais également de garanties publiques qui leur sont directement adressées. Les revenus de remplacement – qui n’ont pas nécessairement atteint les plus précaires et n’ont bien souvent pas été suffisants. Les moyens publics bénéficient donc aux grandes entreprises, banques incluses, et aux propriétaires – in fine, donc, à des personnes dont on ne fait que conforter et renforcer une position déjà dominante.

22 décembre 2020 – Aline Fares

Le niveau d’anxiété général augmente. Notre santé mentale collective se dégrade. Les faillites s’accélèrent, à commencer par les petits commerces et les petites entreprises. Les conditions d’existence sont de plus en plus difficiles et la misère se répand dans les pays les plus riches telle une gangrène. Les soignant.e.s sont toujours aussi méprisé.e.s et pourtant on n’est pas au bout de la pandémie. La violence d’État, elle, est à son comble. Alors on se dit « 2020, vivement la fin ».

Au début de cette terrible année, les investisseurs aussi plongeaient dans les tréfonds du désespoir. Mais cela n’a pas duré, car il y a eu beaucoup d’aide, de soin et de soutien à l’égard des banques et des marchés financiers, et ce depuis les premiers signes de la pandémie. Alors forcément, la bourse, elle, se porte plutôt bien. Décryptage d’un phénomène de captation des richesses.

En mars, les banques centrales sortaient le « bazooka »

Après 2019 qui fut l’une de leurs meilleures années, les marchés ont commencé 2020 par une plongée dans l’angoisse. En janvier, la production chinoise s’arrête net, et c’est bientôt le monde entier qui suit. On ne sait pas combien de temps cela va durer, alors qu’en sera-t-il des profits des entreprises et des dividendes ?

C’est trop de suspense et les investisseurs n’aiment pas le suspense : ils aiment les événements prévisibles (et des règles du jeu favorables et stables). Or l’arrêt de la machine, c’est l’entrée dans l’inconnu. La panique monte. « Le virus chinois fait vaciller les marchés » : dans le doute, et de peur de voir leurs actions perdre trop de valeur, les investisseurs vendent et enclenchent leur prophétie auto-réalisatrice : les ventes en masse font baisser le cours des actions, on vend encore, les cours baissent encore.

Gouvernants et banques centrales prennent rapidement la mesure des choses : dès la mi-mars, « la Banque centrale européenne blinde son bazooka monétaire » . Il est vrai que le dispositif est impressionnant : 750 milliards de « liquidités », suivis quelques temps plus tard de 600 milliards de plus car cela ne suffisait pas à rassurer les marchés.

Ce que cela signifie, c’est que les banques centrales rachètent les titres financiers (dettes des États, dettes et actions des entreprises) dont les banques ne voudraient plus, et ce avant que ces titres ne perdent de la valeur. C’est ce qu’on appelle un sauvetage bancaire.

Source :  https://alinefares.net/outils/manuel-anime-video/

Mais en pleine pandémie, annoncer un sauvetage bancaire ferait mauvais genre. Car dans le même temps, alors que la population est largement confinée, les travailleur.euse.s des secteurs dits essentiels, et toutes les personnes déjà dans la précarité ou plongées droit dedans, sont laissées à l’abandon, sans ressources concrètes, si ce n’est parfois quelques mots d’encouragement et des applaudissements. .

Lire aussi : https://lareleveetlapeste.fr/le-plan-de-sauvetage-bancaire-massif-qui-se-cache-derriere-les-mesures-contre-le-coronavirus/

Ensuite, les banques ont non seulement bénéficié des effets indirects des plans de soutien à l’économie mais également de garanties publiques qui leur sont directement adressées. 

Les revenus de remplacement – qui n’ont pas nécessairement atteint les plus précaires et n’ont bien souvent pas été suffisants – ont permis de limiter les impayés : loyers, remboursement de crédits, factures. Mais cet argent a principalement soutenu les propriétaires des immeubles loués (qui ont continué de percevoir leurs loyers, et sont en majorité des personnes qui ont les moyens de supporter quelques mois d’impayés), les banques (qui ont continué de percevoir des remboursements) et les grandes entreprises (qui ont continué d’être payées, notamment pour l’eau, l’électricité, le gaz, la téléphonie, l’accès à internet). 

Et pour ce qui est des dépenses telles que l’alimentation et autres dépenses courantes, les fermetures des petits commerces et le maintien des supermarchés et de la vente en ligne, ont là encore largement dirigé les flux d’argent vers les multinationales plutôt que les petites entreprises, pourtant premières pourvoyeuses d’emploi.

Les moyens publics bénéficient donc aux grandes entreprises, banques incluses, et aux propriétaires – in fine, donc, à des personnes dont on ne fait que conforter et renforcer une position déjà dominante. 

Mais ces mesures ne suffisant pas à maintenir les marchés à flot, il a été décidé de les compléter en ouvrant grand les vannes du crédit : les États ont soutenu les banques afin qu’elles octroient de nouveaux crédits aux entreprises et aux ménages, une manière certes de limiter la casse à court terme, mais aussi de faire en sorte que ces mêmes loyers et factures soient payées.

Les États ont ainsi offert des centaines de milliards de garanties aux banques : lorsque les emprunteurs se trouveront dans l’impossibilité de rembourser, ce qui arrivera immanquablement, c’est encore avec les finances publiques que sont censées être épongées les pertes, pas avec les réserves des banques, de leurs créanciers et de leurs actionnaires, et pourtant, des réserves, il y en a, il suffit de regarder les dividendes qui seront versées en Janvier 2021.

La voie est encore celle de l’endettement de l’État – et la dette publique de gonfler.

Dans l’ensemble donc, le mode de fonctionnement du système n’est pas du tout remis en question, et les privilèges économiques et sociaux existants sont préservés et même renforcés, alors que les plus privilégiés, justement, auraient pu être mis à contribution.

Les efforts et l’attention auraient dû être concentrés sur les soins de santé (personnel, matériel, logistique…), le logement (puisqu’il y a confinement et qu’un bon logement est la base d’une bonne santé), l’alimentation, les conditions de travail pour qu’elles permettent de respecter les mesures sanitaires, une prise en compte des réalités écologiques (déterminantes dans la survenue de pandémies), etc. Mais rien de tout cela n’a vraiment eu la priorité, entraînant une précarisation générale pourtant évitable – pour autant que l’on touche à ces privilèges.

D’ici la fin de l’année, la barre des 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté risque d’être franchie – Relire notre article

Est ensuite arrivée l’annonce de “la relance”

Le 12 mars déjà, en France, un journal, citant le président français, titrait « Relancer l’économie, quel qu’en soit le prix ». En France ou en Belgique, on n’était alors même pas encore confiné.e.s. A ce stade, une telle annonce n’avait pour effet que de rassurer les acteurs économiques sur le soutien financier dont ils bénéficieraient une fois qu’on verrait le bout de cette crise sanitaire, mais les annonces se sont vite concrétisées.

Ainsi, dès le mois de juin, l’Allemagne lançait son plan à 130 milliards. En septembre c’était le tour de la France avec ses 100 milliards. En novembre, c’était le très attendu plan de relance européen à 750 milliards. Et il y en a eu d’autres à travers l’Europe et au-delà. De tels montants, de tels dispositifs, c’est du jamais vu.

Mais la deuxième vague de pandémie était déjà en route, et les vaccins pas encore prêts. De quoi rendre fragiles les espoirs de relance et les perspectives de profits. L’incertitude encore. Malgré les centaines de milliards cumulés de la banque centrale, des garanties publiques et des plans de relance, les marchés sont encore inquiets et les banques sont fébriles.

Tout cela n’est pas encore assez et de nouvelles décisions viennent soutenir les banques et donc tout le système financier.

Les crédits, on le voit, font office de palliatif aux revenus absents, ils permettent de maintenir un semblant de prospérité économique : on continue de produire, d’acheter, de payer… à crédit. « Il faut » donc encourager les banques à continuer à prêter, en attendant qu’un jour revenus et salaires soient rétablis. Or les revenus des entreprises et des particuliers, et donc leur capacité de remboursement, sont trop incertains. Les banques limitent donc leurs prêts. Sauf que sans ces prêts, l’édifice ne tient plus.

Les institutions européennes, qui définissent les règles en matière bancaire et financière, avaient déjà relâché certaines règles prudentielles dès le mois d’Avril. Pour soutenir encore le crédit, elles ont donc décidé, quelques mois plus tard, de se débarrasser d’une des rares mesures qui permettait de pousser les banques à assumer (un peu…) les risques qu’elles prennent : le « cap sur l’effet de levier ». 

Du jargon, certes, mais qui correspond à une réalité simple : les grandes banques ne détiennent que très peu de capital, elles empruntent énormément. Du coup, en cas de coup dur (par exemple : une pandémie, un confinement, du chômage, des faillites), elles n’ont que peu de réserves propres pour absorber les pertes. Très vite, on se retrouve à « devoir » les sauver avec de l’argent public pour éviter qu’elles n’emportent épargne et moyens de paiement dans leur chute.

Lever le cap sur l’effet de levier, c’est les autoriser à prêter encore plus avec un même montant de capital et ainsi les rendre plus fragiles encore – et nous mettre plus encore sous la menace de leur possible faillite.

Les centaines de milliards n’ont pas suffit. Ils ne règlent en rien la situation dans les hôpitaux, ils n’améliorent pas les conditions de logement, la qualité de l’alimentation, les conditions de travail et de revenus, pourtant essentiels pour faire face à la pandémie et à la crise économique que nous vivons. Ils tendent à les empirer. Alors la gestion par le confinement continue, les chiffres des faillites à venir deviennent effrayants et les pertes des banques pourraient les faire vaciller.

Une nouvelle crise financière ? Ce serait quand même le pompon. Régulateurs et gouvernants viennent de sortir deux nouvelles trouvailles pour repousser encore cette possibilité : d’abord la création de « bad banks », autrement dit des banques poubelles.

L’idée, discutée depuis le début de l’automne, est de créer une entité séparée, détenue par d’autres actionnaires (a priori l’État) et d’y mettre tous les crédits qui risquent de ne jamais être remboursés. Il fallait y penser… Ensuite, l’annonce par la Banque centrale européenne, le 15 décembre, que les banques pourraient de nouveau verser des dividendes dès le 1er janvier.

Les bourses vont donc plutôt bien, et les investisseurs encaissent des profits colossaux pour grand nombre d’entre eux, mais ça ne sort pas de nulle part: les gouvernements les gâtent, les banques centrales les choient, les régulateurs les cajolent.

Non seulement les mesures décrites ici sont inacceptables, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle invention qui pousserait les limites un peu plus loin. La nouvelle version du virus découverte en Grande-Bretagne a entraîné une légère baisse des marchés, que vont-ils encore inventer si elle se prolonge ?

Dès le début de la pandémie, on aurait pu écrire une histoire de solidarité, dans laquelle les plus riches et les multinationales auraient été mises à contribution. Par exemple, on aurait pu annuler les loyers, en partant du constat que les propriétaires, dans leur majorité, ont un patrimoine suffisant pour qu’une perte de loyer n’affecte pas leur capacité à se loger, se nourrir, se déplacer, se soigner ou se vêtir. On aurait aussi pu annuler des factures dues par des petits commerces à des multinationales des télécommunications, des paiements ou de l’énergie. On aurait pu rendre supportables les pertes de revenus en allégeant le poids des dépenses. On aurait pu diriger les flux d’argent vers le système de santé. Tout cela est encore possible.  Alors arrêtons de nous tenir sages.

22 décembre 2020 – Aline Fares
Translate »