Grèce : rapport sur les demandes d’asile

Rapport annuel de 2017 pour la Grèce publié par Asylum Information Database où on trouve les chiffres concernant les demandes d’asile et les décisions prises en première instance et en appel. Le rapport a été établi par le Greek Council for Refugees.

http://www.asylumineurope.org/reports/country/greece

Les demandes d’asile en 2017 augmentent et s’élèvent à 58.661, c’est à dire 8,5% de demandes de toute l’UE et avec la population grecque, 5.295  par million d’habitants ce qui est le c’est le plus haut pourcentage par habitant pour toute l’Europe.

Particulièrement alarmant est le traitement des demandes des Syriens dans les îles : parmi les 1.276 demandes examinées, pour 912 la Turquie fut considérée « pays tiers sûr », ce qui veut dire que 71,4% de demandes furent rejetés en première instance.

Ce qui est également alarment  est l’inversion de tendance entre les décisions en appel avec l’ancienne procédure et la nouvelle. On constate que là où avec les anciennes Commissions de Recours il n’y avait pas de décisions négatives  nettes mais renvois pour statuts humanitaires, avec la nouvelle composition de Commissions et l’intégration à celles-ci des juges, le pourcentage de refus net s’élève à 93,63%. Ce pourcentage particulièrement inquiétant de refus en deuxième instance laisse supposer que les juges agissent en fonction de critères politiques, et notamment en fonction de l’accord UE-Turquie.

Le rapport constate que pendant l’année des pressions ont été exercées par les autorités européennes et grecques afin de restreindre le nombre de demandeurs reconnus comme personnes vulnérables, ce qui leur octroyait le droit d’échapper au confinement géographique aux îles. Ce qui a eu comme résultat  que plusieurs personnes vulnérables n’ont pas été reconnues comme telles et ont été privées de soins médicaux et de aide humanitaire.  Un autre point noir est la systématisation de la détention pour les demandeurs déboutés.

L’ensemble du tableau dressé par ce rapport est plus qu’alarmant

VS

SOS Méditerranée Une 6eme naissance à bord

Une 6e naissance dans un contexte houleux

Il était 15h45, en ce samedi après-midi du 25 mai, lorsqu’il a poussé son premier cri dans la clinique de l’Aquarius. Sa maman, presque incrédule d’avoir survécu aux sévices subis durant une année en Libye et à la traversée en mer, a lâché dans un souffle : « Miracle ». Ce sera le nom que portera ce magnifique garçon de 2,8 kg.

La jeune maman, malgré son état d’épuisement, est aussitôt sortie sur le pont et a présenté Miracle à ses compagnons de voyage… Une joie immense a alors envahi l’assistance, les chants des femmes se sont élevés comme une libération, comme un cri au ciel pour lui avoir donné la vie, et avoir conservé la leur. Rare moment de pur bonheur à bord.

Si cet enfant et sa mère sont vivants, cela relève en effet presque du miracle. Détenue pendant plus d’un an en Libye avec son compagnon, la jeune femme y a été torturée, brisée, affamée, rançonnée, mais a finalement réussi à s’enfuir. Elle a pris la mer une première fois le mercredi mais le moteur du bateau pneumatique a cessé de fonctionner peu après avoir quitté la plage et tous les occupants ont été ramenés à terre. Les passeurs les ont alors obligés à se cacher en attendant leur retour. Elle est restée terrée là pendant 24 heures, terrifiée, sans eau ni nourriture.  Les passeurs sont revenus un jour plus tard, les poussant de nouveau dans cette mer de ténèbres, pour une traversée tout aussi effrayante.

Jeudi matin, le canot  pneumatique surchargé est repéré, puis secouru par le navire de la marine italienne San Giorgio. A la nuit tombée, les 69 rescapés, dont 4 femmes enceintes, sont finalement transbordés vers l’Aquarius, où ils sont pris en charge par les sauveteurs de SOS MEDITERRANEE et le personnel médical de Médecins Sans Frontières.

L’Aquarius contraint et forcé d’arrêter les recherches

Le lendemain, le temps est au beau fixe. Conditions météorologiques favorables pour des départs de Libye à bord d’embarcations de fortune. Le coordinateur des sauvetages arrive sur la passerelle, sa mine est grave. Ailleurs dans l’immensité, les marins-sauveteurs savent qu’il y a très certainement des embarcations en péril et des centaines de personnes qui ont besoin d’aide. Au cours de la matinée, les signalements du Centre de coordination des sauvetage se succèdent, les unités de secours présentes sur la zone sont débordées. Entre jeudi et vendredi 1500 personnes sont secourues en pleine mer à l’Est de Tripoli.

Mû par les valeurs de solidarité en mer, l’Aquarius offre son assistance, mais l’ordre du Centre de coordination de secours maritime à Rome est sans appel : l’Aquarius doit repartir vers les côtes avec seulement 69 passagers à son bord, alors qu’il pourrait en accueillir beaucoup plus, déchargeant ainsi les autres bateaux de sauvetage. C’est la deuxième fois que SOS MEDITERRANEE est confrontée à pareille situation en quelques semaines.

Pendant ce temps, peut-être, d’autres enfants ne verront jamais le jour. Personne n’entendra jamais la prière de leur mère, perdue dans la grande bleue. Les marins le savent. Alors la naissance de Miracle vient mettre un peu de baume au cœur des équipes. L’Aquarius débarquera finalement les 70 rescapés à Catane, en Sicile, le dimanche 27 mai au matin avant de repartir en mer. Bon vent, petit Miracle !

Lire le communiqué du 26 mai 

Voir la vidéo de la célébration sur le bateau

PHOTOS : Guglielmo Mangiapane / SOS MEDITERRANEE

Face à l’inacceptable, agissons pour porter secours et sauver des vies http://www.sosmediterranee.fr/

 

L’Italie d’abord La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

L’Italie d’abord !

Joli monde. Aux législatives du 4 mars dernier, les Italiens ont massivement voté en faveur de deux formations lesquelles sont porteuses d’un difficile message, espérons-le constructif en dépit des hésitations : Briser le carcan européiste, si cher à Jean-Claude Juncker lequel déclarait en 2015 : “il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens déjà ratifiés”. Ce n’est pour l’instant certes qu’un message, cependant, ce qui frappe déjà les esprits tient du refus du président Mattarella de nommer Paolo Savona, 81 ans, eurosceptique déclaré, à la tête du ministère des Finances. Une fois de plus (et de trop ?) les masques tombent.

Manifestations d’antan. Athènes, années dites de crise

Nous ignorons très naturellement les suites de l’histoire, celles notamment des prochaines très probables élections en Italie ainsi provoquées par le Putsch permanent européiste pour dire les choses de leur vrai nom. Cependant, depuis Athènes, nous saisissons alors mieux qu’ailleurs, tout le sens inique de ce Putsch, initié par cette politique supposée et présentée comme étant soi-disant unique entre Berlin, Bruxelles et Paris entre autres. Lorsque par exemple Matteo Salvini, (chef du parti de la Ligue), en pleine ascension politique après les législatives du 4 mars, déclare que “les journaux et les politiciens allemands nous insultent: Italiens mendiants, fainéants, adeptes de l’évasion fiscale, pique-assiettes et ingrats. Et nous, on devrait choisir un ministre de l’Economie qui les satisfait ? Non merci ! Les Italiens d’abord”, il a raison, (propos enfin reproduits par les médias français).

Ces propos de Matteo Salvini rappellent ainsi ces déclarations, et autant situations très analogues au sujet de la Grèce, c’était en Janvier 2015. En cette lointaine époque… un certain Alexis Tsipras avait prétendu incarner réellement la Constitution du pays, autrement-dit, celle du peuple supposé souverain, ceci faisant face au diktat des institutions non-représentatives, voire, dépourvues de toute légalité en matière de Droit international, à l’instar de l’Eurogroupe, pour ne nommer que cette salle de torture du seul européisme réellement existant.

Depuis, et faisant comme on sait suite au référendum de juillet 2015, trahit par Tsipras et par sa bande d’escrocs de la coalition SYRIZA/ANEL, le petit pays a été piétiné jusqu’aux entrailles de sa dignité et ainsi vassalisé pour 99 ans, d’après la signature d’Alexis Tsipras, par les forces néo-colonisatrices européistes. Ce qui s’y applique en lieu et place de programme politique autonome, tient du génocide économique, culturel et en fin de compte démographique est toujours en cours en pleine hétéronomie.

Une fin… de l’histoire absolument planifiée, avec l’aimable participation de Tsipras, lequel à mon humble avis, tout comme à l’avis du plus grand nombre en Grèce, avait été de toute évidence… franchement “préparé” pour cette tâche, sans oublier non plus, cette “étrange” neutralisation plutôt volontaire, de l’essentiel des autres forces pseudo-politiques du pays. Joli monde !

Manifestations d’antan. Athènes, années dites de crise
Manifestante. Athènes, 2012
Cultures humaines. Fouilles dans les Cyclades

Nos amis d’Italie doivent retenir la triste leçon du cas grec pour ne pas tomber dans le même piège, quelle que soit d’ailleurs leur sensibilité politique première. N’oublions pas que le carcan européiste a placé un peu partout ses hommes et femmes marionnettes, dont ceux, occupant ces postes généralement sans pouvoir réel et encore moins légitime pour en plus outrepasser le cadre constitutionnel, à l’instar des présidents Mattarella en Italie et Pavlopoulos en Grèce. Au cas où le bon peuple “ d’en bas” fait “fausse route”, ces présidents seront toujours là, pour entraver au cas par cas, le fonctionnement encore subsistant et éventuel des institutions représentatives et démocratiques.

Les colporteurs du situationnisme européiste démâté, iront alors raconter au moyen de leurs medias que leurs contradicteurs, “tantôt de l’extrême-gauche, tantôt de l’extrême-droite incarnent alors les dangereux populismes du moment, dont la montée devrait être jugulée”. Tantôt les Tsiprosaures en 2015, tantôt ceux de la France Insoumise, en passant par la Ligue en Italie entre autres, la liste est bien longue.

Pourtant, le pire des extrémismes en Europe depuis les totalitarismes du Vingtième siècle, n’est autre que celui des institutions européistes méta-démocratiques et pratiquement soviétisées, pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris. Ce n’est plus une question de gauche et de droite, en tout cas dans un premier temps, mais d’abord, de résistance comme de survie organisatrice d’un autre projet collectif, voire européen concerté à partir de zéro.

Comme le souligne Philippe Grasset, à travers son analyse sous le titre : “Du Parthénon au Colisée”, “l’Europe a le sens du symbole, ou bien est-ce l’Histoire qui choisit d’imposer aux piètres artisans de la déstructuration qu’ils sont tous les instruments et toutes les circonstances qu’il faut pour donner au symbole qui en émerge toute la force qui importe et ainsi les placer devant le spectacle des ruines qu’ils accumulent… Je l’avoue et je suis sûr que je n’étonnerai personne, je suis partisan du deuxième terme de cette alternative du symbole. Eux, les déconstructeurs qui entropisent comme s’ils étaient anthropophages, ils ne savent pas grand’chose, ni de l’art ni de la puissance du symbole ; quand on fait dans l’entropie, on reste sur sa faim et l’on finit par se manger soi-même… (…)”

Arrogance des ministrions Syrizistes. Athènes, janvier 2018
Garde Evzone Athènes, 2018
Médecins et manifestants. Athènes, années de la Troïka

“Ce qu’on veut faire avec l’Italie aujourd’hui, à peine selon une autre méthode, c’est ce qu’on fit avec la Grèce il y a trois ans. L’Histoire nous impose, avec sa Grâce sans retenue, un symbole qui court du Parthénon au Colisée, de Platon à Julien l’Apostat (…) Il résulte de ce préambule quasi-antique que l’Europe-UE parvient ainsi à mettre les deux berceaux de la civilisation dont elle se réclame dans la même crèche de son imposture.”, article daté du 28/05/2018.

Ceci-dit, tout le monde admettra que l’Italie n’a pas la petite taille démographique ou géopolitique de la Grèce, ce qui n’arrangera sans doute pas les affaires de l’élite allemande et germano compatible qui fait de l’institutionnalisme européiste une sorte de Conférence de Wannsee… alors permanente et sans cesse réactualisée. Jusqu’où ?

Ce qui reste à prouver, tient de la volonté et la persévérance des politiques en Italie, ainsi que du fait que cette même volonté de résistance et de changement constructifs, puisse être partagée par une partie du moins des élites économiques et industrielles de l’Italie, au-delà des prochaines élections législatives, probablement en Septembre. Car au contraire et en Grèce, l’ensemble de la dite élite politique, comme de celle supposée élite intellectuelle et autant économique, tout ce beau monde “ d’en haut”, a très délibérément préféré la mise à mort du pays réel, plutôt que de s’opposer au carcan infligé.

Devant le supposé Parlement. Athènes, mai 2018
Notre époque est hallucinante. Athènes, 2018
Réalités grecques. Athènes, 2018

Notre époque est ainsi largement hallucinante. La garde Evzone veille devant le supposé Parlement grec, et à Rome, c’est la garde d’honneur qui rappelle encore ce que l’Italie doit préserver de sa souveraineté et autant de son identité. En effet… “Les Italiens d’abord”, en somme, les peuples de cette Europe d’abord, où sinon c’est l’Européisme anthropophage qui détruira tout.

Ainsi, et à défaut d’une telle tabula rasa, le moindre retour à un minimum même de démocratie demeurera impossible. Car il n’y a pas de “Plan-B” possible. Dans le même ordre d’idées, la moindre supposée refonte des institutions et constitutions aux pays concernés, une… hypothétique 6ème République en France n’est que fausse route pour ne pas distinguer les évidences. Déjà, les citoyens devenus sujets européistes, devraient comprendre qu’il faut d’abord et définitivement boycotter les dites élections européennes, même si les formations politiques supposées critiques, de gauche comme d’ailleurs de droite iront encore faire campagne.

Un valet du système Karlo Kottareli du FMI devenu Président du Conseil en Italie contre la volonté du peuple Italien, rempli très exactement le rôle du banquier Papadémos, toujours non élu, et installé au poste de Premier ministre à Athènes par Berlin entre 2011 et 2012. C’est alors une période cruciale qui s’inaugure pour nos amis Italiens, lesquels doivent mieux comprendre désormais ce qui les attend, à défaut de réagir à temps.

“Non à l’euro”. Athènes, 2018
“Le cholera politique dehors. Quelle démocratie ?”. Athènes, 2018
Sous l’Acropole. Athènes, 2018

C’est-à-dire, réagir au-delà des fractures de type gauche/droite qui n’ont guère de sens devant le rouleau compresseur du totalitarisme européiste et bancocrate, réagir autant en fonction des seuls intérêts du peuple d’Italie, tout comme de sa survie alors souveraine. L’Histoire nous impose, avec sa Grâce sans retenue, un symbole qui court du Parthénon au Colisée, de Platon à Julien l’Apostat… et en même temps, les masques tombent.

Sous l’Acropole on commente l’actualité de cette Italie si proche sous un brin d’amertume et autant d’espoir. “Non, ils ne vont tout de même pas faire plier l’Italie…”.

Joli monde. Dans Athènes comme à Rome, c’est autant le moment des premiers chattons adespotes (sans maître) de l’année 2018, nos animaux si admirés et pour tout dire… mendiants, fainéants, pique-assiettes et ingrats. Les Italiens, les Grecs, les autres peuples… et les adespotes d’abord !

Chatton adespote et sa mère. Athènes, mai 2018
* Photo de couverture: Expression murale. Athènes, 2018

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Le documentaire « This is not a coup »

Après  « Debtocracy », « Catastroïka », et « Fascism Inc  le 4eme documentaire du réalisateur Aris Chatzistefanou « This is not a coup  » ( ce n’est pas un coup d’état) sous-titré en français.
Ce documentaire décrit les interventions financières de la BCE en Italie, Portugal, Chypre et Grèce. Ex chefs d’état (D. Christofias), ministres (O. Lafontaine), cadres de l’UE (E. Davignon), économistes et commentateurs éminents (A. Friedman, A. Petifor, O. Jones, etc.) analysent la relation des institutions avec les banques et les grandes entreprises. Il est démontré que la pression des créanciers s’est imposée pour faire plier les gouvernements, voire les renverser..

https://vimeo.com/168905073?ref=fb-share&1 (pour avoir le sous-titrage en français cliquez sur CC) durée 1h20

Relire l’article d’Amélie Poinssot sur Mediapart avant la sortie du documentaire https://blogs.mediapart.fr/amelie-poinssot/blog/090216/not-coup-un-documentaire-grec-soutenir

Grèce : Restructuration de la dette toujours pas

La Grèce n’en aura jamais fini

23 mai par François Leclerc CADTM


(CC – Flickr – Dimitris Kamaras)

Paralysées par leurs divisions, les autorités européennes ne parviennent toujours pas à sauver les apparences en déclarant la Grèce bonne pour le service. Elles enchaînent la crise italienne qui se profile avec la grecque qu’elles ne parviennent pas à conclure.

La dernière dernière revue du 3e plan de sauvetage a été bouclée samedi dernier et sera soumise à l’Eurogroupe le 24 mai prochain. Le 21 juin prochain, un accord concluant huit années ininterrompues de mise sous tutelle de la Grèce sera recherché afin de permettre, moyennant la mise en œuvre d’un train de 88 dernières mesures, de débloquer un dernier versement de 11 à 12 milliards d’euros.

La Grèce est désormais sur « une ligne droite », croit pouvoir affirmer le commissaire Pierre Moscovici, qui prend ses désirs pour des réalités. Mais pour être probant, il lui reste encore à régler le gros morceaux de la restructuration de la dette, tant de fois évoquée et ajournée, qui continue de diviser les européens et le FMI. Et c’est une toute autre paire de manches !

Les mesures d’austérité imposées par la Troïka ont plongé le pays dans une profonde récession durant neuf années, lui faisant subir un traitement de choc aux conséquences sociales dévastatrices dont elle est sortie économiquement amoindrie et fragilisée. Le miracle dont se prévalent ceux qui veulent faire croire que la Grèce est tirée d’affaire est un grossier habillage, tant qu’une restructuration de la dette ne sera pas opérée.

D’un montant de 178% du PIB en 2012, la dette étant insoutenable, que faire ? Un projet de rééchelonnement et d’abaissement des taux existe – et non de restructuration via un abandon partiel de créance – mais il suppose pour être réaliste que soient atteint année après année des objectifs de surplus budgétaires de 3,5% pour honorer les remboursements correspondants. Or si un surplus budgétaire est bien dégagé, les prévisions de croissance pour l’année en cours les justifiant sont déjà revues à la baisse, en dessous de 2%, par la Commission aussi bien que par le gouvernement grec.

Les opinions divergent totalement sur le mécanisme à mettre en œuvre. Le gouvernement français défend le principe d’une mécanisme automatique de réaménagement de la dette liant celui-ci à la croissance effective, et non a des objectifs de surplus inatteignables, tandis que les autorités allemandes réclament qu’il soit conditionné à un vote annuel du Bundestag si ceux-ci ne sont pas atteints, sans identifier les mesures complémentaires qui pourraient être exigées d’une Grèce déjà exsangue. Somme toute, les autorités allemandes pratiquent à leur façon l’extraterritorialité judiciaire américaine qu’elles condamnent !

Quel prix les Grecs vont-ils devoir encore payer pour que les bonnes âmes aient raison sur le papier ?

Camp de Moria Surpeuplement dangereux

Grèce: Surpeuplement dangereux, accès à la santé  insuffisant à Moria

Alors que le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, se rend à Lesbos, en Grèce, pour une conférence régionale, Médecins Sans Frontières (MSF) prévient que la situation à Lesvos atteint, une fois de plus, un point de rupture. Suite à la politique continue du gouvernement grec de contenir à tout prix les migrants et les réfugiés dans les îles grecques, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants à Lesbos vivent dans des conditions sordides et surpeuplées, sans accès aux soins de santé. Avec environ 500 nouvelles personnes arrivant à Lesvos chaque semaine, le surpeuplement, ainsi que la demande accrue de soins de santé et d’autres services, poussent le camp à la rupture. MSF appelle les autorités grecques à transférer immédiatement les personnes de Lesvos vers le continent et, en outre, à étendre immédiatement la fourniture de soins de santé sur l’île.

Dans le camp gouvernemental de la Moria, il y a actuellement plus de 7 000 personnes dans un camp qui a été construit pour un maximum de 2 500 personnes. Les conditions de vie et la réduction des soins médicaux représentent un risque élevé pour la santé et la vie des personnes prises au piège sur l’île.

« Le camp de la Moria est à la fois dangereux et insalubre, en particulier pour les enfants. Chaque jour, nous traitons de nombreuses conditions d’hygiène telles que les vomissements, la diarrhée, les infections cutanées et d’autres maladies infectieuses, et nous devons ensuite retourner ces personnes dans les mêmes conditions de vie à risque. C’est un cercle vicieux insupportable », explique Declan Barry, coordinateur médical de MSF. «Le mélange de conditions de vie insalubres et dangereuses qui augmentent le taux de maladies infantiles, les obstacles à l’obtention de conditions de récupération appropriées pour les enfants malades et l’accès insuffisant aux services de santé représentent une tempête parfaite pour la santé et le bien-être des enfants. « 

MSF – qui fournit des soins pédiatriques et des soins de santé sexuelle et reproductive aux femmes vivant dans le camp de la Moria depuis la fin de 2017 – a vu la demande de services pédiatriques doubler au cours des deux derniers mois. La demande pour notre service de santé sexuelle et reproductive ce mois-ci est le double de celle du mois précédent. Au cours des dernières semaines, les équipes de MSF ont traité 60 patients pédiatriques par jour et ont également refoulé environ 15 patients par jour, incapables de répondre aux besoins médicaux croissants des enfants dans le camp. Ceci est extrêmement alarmant étant donné que l’accès aux soins de santé est limité la nuit et le week-end dans le camp de la Moria, et que les enfants ayant besoin de soins médicaux sont très vulnérables.

En outre, la fourniture de soins de santé primaires pour les adultes dans le camp de Moria est extrêmement limitée, avec très peu d’autres consultants médicaux fournissant des soins de santé pendant la semaine et une seule organisation bénévole fournissant un service de santé réduit pendant la nuit et le week-end. Le seul hôpital public de Lesvos est débordé et en sous-effectif, et les patients ont du mal à accéder aux services spécialisés qu’il fournit.

« Pendant des mois, nous avons mis en garde contre une détérioration dramatique de la santé et de la santé mentale à Lesbos. Les autorités n’ont pas répondu à ce besoin très clair et actuel, et la souffrance de la population continue de se dégrader: chaque jour dans notre clinique, nous voyons des patients ayant des besoins urgents, y compris de nombreux cas de tentatives de suicide et d’automutilation », explique Katerina Katopodi, infirmière MSF à Lesvos. « Nous exhortons le gouvernement grec à mettre un terme à cette politique de confinement inhumaine et insoutenable sur les îles et à augmenter immédiatement la fourniture de soins médicaux à ces familles poussées à leurs limites ».

Source http://www.msf.org/en/article/greece-overcrowded-dangerous-and-insufficient-access-healthcare-moria

Problème technique La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Problème technique

Les démocraties dont on n’use plus depuis longtemps deviennent ridicules. C’est dans l’air du temps. Les “gouvernants”, à l’instar de la marionnette Tsakalotos au ministère des Finances, évoquent cet énième “accord technique” entre eux et la Troïka. Il ne s’agit pas d’un accord car c’est un dictat, et il n’y a rien de technique car c’est de la politique, ou plus exactement de la métapolitique. On habille les termes comme on déshabille leur sens.

Dans Athènes, ceux qui manifestent. Mai 2018

Et lorsqu’il n’y a guère d’autre langage et encore moins de logos, de raison à opposer face à l’hybris, voilà que Boutaris, le pauvre maire de Thessalonique et très largement “open socaty”, il se fait tabasser par la foule dans sa ville même. Désaccord… technique !

Dans Athènes, rue Hermès, il y a ceux qui manifestent pour dénoncer “le scandale de la viande, lié à la souffrance animale”. Et à Thessalonique le 19 mai, lors de la commémoration du génocide des Grecs du Pont Euxin (en Mer Noire) par la Turquie des années 1915 à 1923 (plus de 350.000 victimes), Yannis Boutaris, le maire dont la présence avait été jugée scandaleuse par les nombreux descendants des Pontiques à cause de certaines positions du maire considérées comme pro-turques chez les Pontiques, il a été frappé par une foule déchainée.

La situation sur le terrain grec appauvri alors dégénère et c’est alors comme un bien triste avertissement on dirait, ainsi lancé aux politiciens dont d’abord ceux de la bande à Tsipras. Les démocraties dont on n’use plus depuis longtemps deviennent même dangereuses.

Pays aux apparences pourtant paisibles, à ses concerts bien du moment, ville d’Athena aux ruines contemporaines, où on y expose les photographies d’antan. Pays ainsi splendide, aux belles matinées, lorsque par exemple celles et ceux du service de la voirie ne chôment pas, sous le curieux regard des animaux adespotes et finalement authentiques maîtres des lieux.

Ruines contemporaines. Athènes, mai 2018
Concerts du moment. Athènes, mai 2018
Sous le regard des adspotes. Athènes, mai 2018
En attendant… Athènes, mai 2018
Les eaux territoriales du tourisme de masse débordent déjà pour un mois de mai, entre les voiliers au départ des marinas de la capitale et surtout les très nombreux Airbnbiens et si fiers de l’être. Sinon, bien au cœur vidé du pays réel, les autoroutes, d’ailleurs parfois récentes sont alors désertes, la terre est en friche et les cafés… plutôt remplis !

Au pays mordu, ses messages sont ainsi de plus en plus mordants. Au bout de huit années de dite “crise grecque” le pays se transforme rapidement d’après une programmation riche en mutations et pourtant si pauvre en harmonie et en sagesse, toute proportion gardée, à l’image de notre si bas monde, lequel se représente alors même Pallas Athéna, déesse de la sagesse, de la stratégie militaire, des artisans, des artistes et des maîtres d’école, de manière fort caricaturale.

C’est ainsi un univers fort en contrastes qui est formé, dont même nos touristes finissent parfois par en saisir les dynamiques, entre autres, demeures d’il y a un siècle à Athènes, aux côtés de commerces chinois. “Athènes, ville des Arts et de l’espoir” peut-on alors lire sur un mur près de l’Acropole. Pas si certain !

Voiliers en Attique. Mai 2018
Voiliers en Attique. Mai 2018
Messages mordants. Athènes, mai 2018
Pallas Athéna. Athènes, mai 2018.
Contrastes. Athènes, mai 2018
“Athènes, ville des Arts et de l’espoir” Athènes, mai 2018

Puis, aux dernières nouvelles… si peu contrastées finalement, le “gouvernement Tsipras” se prépare à dorer la pilule de cette énième diminution des montants des retraites décidée il faut préciser en toute… technicité avec l’aimable participation de la Troïka. D’où toute… cette utopie instable quant à la date probable des futures élections législatives, entre l’automne prochain et l’année 2019, au moment le supposé mandat démocratique des Tsiprosaures irait à son terme et le pays avec.

Ces décisions de toute sorte sont ainsi adoptées actuellement et d’ailleurs en accéléré depuis que Tsipras et son cirque de SYRIZA/ANEL règnent alors en rois bouffons au pouvoir des marionnettes. Sans la moindre consultation démocratique, au détriment du pays, des droits, des règles en matière d’environnement, les gouvernants alors salissent et détruisent tout, laissant derrière eux l’odeur si nauséabonde de l’hybris.

Leur dernière décision en date, si peu présente à travers la presse, tient de ce terrible décret du ministrion de l’Énergie, ayant provoqué déjà l’indignation chez habitants et aux collectivités locales à Agrafa, région montagneuse dont l’autonomie et l’autogestion furent même respectées sous les Ottomans, c’est pour dire.

Le décret, impose sans la moindre consultation la construction de deux immenses parcs d’éoliennes, et un scandale d’après le Mouvement des citoyens pour la protection de l’environnement de la région Evritania/Agrafa. Faisant suite à plusieurs ajournements et rejets, le ministère de l’Environnement et de l’énergie, a finalement accordé la licence d’installation pour deux projets éoliens géants dans cette région d’Agrafa, ces décisions ont été signées par le ministre par simple ordonnance adressée au… Gestionnaire des Énergies, un certain Alexopoulos.

Montagnes de Thessalie. Mai 2018
Thessalie profonde. Mai 2018
Thessalie profonde. Trikala, mai 2018
Thessalie. Ville de Trikala, mai 2018.

Ceux du Mouvement des citoyens pour la protection de l’environnement de la région Evritania/Agrafa rappellent d’abord, que pour ce qui est du grand ensemble montagneux du Pinde, son cœur se situe très exactement à Agrafa. Ainsi, une économie viable et surtout intelligente dans la région, n’est alors possible qu’en mettant l’accent entre autres, sur le tourisme alternatif, sur l’agriculture et sur certaines autres activités traditionnelles.

“Seule une telle option viable peut redonner vie et ainsi espoir aux réalités humaines de la région, pour la maintenir même dans la mesure du possible au sein d’une économie nationale ayant enfin du sens.” Pauvre pays, dévasté durant la décennie 1940 entre l’Occupation et la Guerre Civile, Grèce des montagnes alors vidée de plus de 700.000 habitants et dont le coup de grâce se concrétise sous les escrocs politiques actuels.

Ces derniers, largement téléguidés (et très probablement… concrètement et correctement remerciés) par les constructeurs des éoliennes, éventuellement Allemands ; marionnettes politiques grecques faisant alors de leur… mieux. Deux grandes installations éoliennes doivent être construites aux sommets vierges de la région d’Agrafa et cela à une altitude d’ailleurs inhabituelle en Grèce comme dans le reste monde, se situant entre 1600 et 2000 mètres. L’Hybris et la démesure… qui atteignent des sommets jusque-là inimaginables.

Le tout, dans une zone très protégée et classée Natura… aux conséquences désastreuses alors incalculables, (“Quotidien des Rédacteurs” du 16 mai 2018).

Sur le pont central. Trikala, mai 2018
Vendeur de billets de loterie. Trikala, mai 2018
Souvenir du bus automatisé. Trikala, mai 2018

Pendant ce temps, à Athènes, on exhibe encore les tissus devant les dernières boutiques du genre encore ouvertes entre la rue Éole et la rue Hermès. Notre Hermès bien à nous chez Greek Crisis, fort de ses neuf mois préfèrera ainsi souvent dormir, presque autant que notre Mimi et ses quatorze ans de vie féline. Au village thessalien, Hercule, l’autre chat presque adespote, vient de retrouver mon cousin Kostas, tout juste rentrée d’Allemagne. Il n’y retournera plus, les enfants doivent se débrouiller seuls, ils n’ont guère le choix pense-t-il. Des trois enfants Kostas, deux vivent en Allemagne et le troisième près de Londres depuis la crise. C’est ainsi, en se promenant dans le village, on constate que près de la moitié des habitations sont alors fermées.

D’autres se débrouillent alors comme ils le peuvent, dans la région, certains proposent à la vente du miel trafiqué et acheté au département voisin, tout prétexte est bon pour faire vendre, la parentèle, les supposées amitiés, les devoirs largement familiaux. Survivre, c’est autant faire feu de tout bois… familial au risque même d’aggraver encore davantage certains liens. Travail… famille, patrie !

Survivalisme et clientélisme toujours, l’administration régionale s’apprête à embaucher pour quelques mois seulement, près de mille employés payés moins de 400€ par mois, histoire de faire tomber les chiffres du chômage. Ces gens… travailleurs nouveaux, seront envoyés de manière désordonnée et au-delà des supposées compétences aux différents services… lesquels n’ont même pas les chaises et les bureaux nécessaires pour les installer à ne rien faire. Revenus en sorte… d’existence !

Dans Athènes, marchands de tissu. Mai 2018
Hermès de Greek Crisis. Athènes, mai 2018
Mimi de Greek Crisis. Athènes, mai 2018

Haute actualité, drapeaux exotiques et alors réclames pour ce petit vin grec à boire si possible et seulement… en cas de grand besoin. Les démocraties dont on n’use plus depuis longtemps deviennent ridicules. C’est dans l’air du temps. Pour faire court, rappelons ici ce que le poète Yorgos Séféris avait écrit dans son journal à la date du 1er septembre 1940:

“Pour un homme de l’esprit, lorsqu’il ne peut pas dire la vérité, il devrait peut-être se résoudre au silence”. En exil durant l’Occupation des années 1940, le poète rêvait des paysages d’Attique, pendant que depuis l’Égypte ou l’Afrique du Sud constatait déjà… la mort de la civilisation européenne, occidentale. Nous y sommes toujours et pour tout dire… de manière aggravée car mondialisée.

Séféris, vivait alors avec l’exil au cœur de lui, voyageant souvent, regardant autour de lui et en lui : “J’ai maintenu ma vie, j’ai maintenu ma vie en voyageant – Parmi les arbres jaunes, selon les pentes de la pluie – Sur des versants silencieux, surchargés de feuilles de hêtre. – J’ai maintenu ma vie, en chuchotant dans l’infini silence”.

D’après une bien belle et alors juste analyse, “la terre grecque lui tend ses deux mains pour lui dire ses chimères, lui en exil au cœur de la lumière. Il apparaît dans la poésie grecque comme un solstice d’été et dans son souffle passe la douleur et la grandeur de la résurrection de l’histoire de la Grèce, antique et contemporaine”.

Drapeaux exotiques. Athènes, mai 2018
Petit vin. Athènes, mai 2018
En Attique, mai 2018

Pluie brève et fine sur Athènes dimanche soir, nos touristes n’apprécient pas vraiment il faut dire. Le pauvre maire de Thessalonique a quitté l’hôpital, dimanche soir, fort heureusement rien de bien grave tandis que deux hommes sont en état d’arrestation en rapport avec l’agression. Dans la presse, tout le monde condamne cet acte, dans la rue… c’est alors plus délicat.

Votre blog Greek Crisis, aux difficultés survivalistes que vous connaissez et qui refont alors surface en ce moment, se maintenant alors coûte que coûte, autant à travers sa phase actuelle, où d’ailleurs un problème réellement technique rend sa rédaction encore plus délicate et surtout deux fois plus demandeuse en termes de temps. J’espère le résoudre… et me résoudre à cette technicité avant la fin du mois de mai.

Les démocraties dont on n’use plus depuis longtemps deviennent ainsi ridicules. C’est dans l’air du temps, sous le regard… de notre Hermès, dit parfois le Trismégiste !

Notre Hermès, dit parfois le Trismégiste !. Athènes, mai 2018

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Grèce trois ans après l’espoir

Oiseaux migrants et fonds vautours : la Grèce trois ans après l’espoir

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Crise(s) : la Grèce à l’été 2015 sera passée en quelques jours de la «crise de la dette» à la «crise des réfugiés» sans que le marchandage auquel ce passage a donné lieu («programme d’aide» contre transformation du pays en camp de rétention ou zone d’attente à ciel ouvert, appui politique et financier apporté dans le même temps au régime dictatorial de Recep Tayyip Erdoğan) ne fasse ciller grand-monde [1].

Pour certains, la «crise des réfugiés» aura été l’occasion de faire oublier la «crise grecque», une crise chassant l’autre. Pour d’autres, le principal point commun entre ces deux événements aura été le gaspillage de fonds communautaires par l’administration hellénique [2].

Dans les deux cas, la réponse apportée par les institutions européennes révèle un usage pour le moins vicié des termes d’aide, de sauvetage, de solidarité. «Programme d’assistance» entraînant le démantèlement d’une économie, la mise en vente des actifs d’un pays, la précarisation massive de sa jeunesse et de ses classes populaires, le placement sous tutelle de son gouvernement ; «fonds d’aide» destinés à des réfugiés par ailleurs condamnés à croupir indéfiniment dans un État en faillite, à mourir en mer ou à être remis entre les mains de régimes tortionnaires ou esclavagistes [3].

Crise grecque, crise des réfugiés comme si, aussi, la partie menaçait le tout, la périphérie le centre et comme si les Grecs et les exilés (les premiers s’étant introduits dans l’Union en maquillant leurs comptes, les seconds y ayant pénétré sans titres) étaient comme tels fauteurs de trouble, porteurs de crise.

Mais de quelle(s) crise(s) parle-t-on? Si crise il y a, ne s’agit-il pas de celle du processus politique de construction européenne? La «crise des réfugiés» n’est-elle pas crise des politiques de migration et d’asile et, à travers elles, d’une certaine conception de l’État de droit? La crise grecque ne s’inscrit-elle pas par ailleurs dans le fil de la crise financière mondiale qui a éclaté en 2008? Mêmes outils et mêmes montages financiers, mêmes incitations à l’endettement des ménages, des entreprises et des États, causes aux effets semblables [4]. Une des études les plus pénétrantes consacrées à la fabrication de la «crise grecque» dans l’opinion pointe la façon dont la presse est passée en quelques semaines «d’une critique des spéculateurs à une critique des citoyens grecs» [5].

Tout se passe comme si les dirigeants européens (gouvernements, Commission, Eurogroupe, Banque centrale) avaient décidé de repousser la crise vers la périphérie géographique de l’Union et de répondre par plus de désunion et de divisions aux fractures existantes. Les expressions de «crise grecque» et de «crise des réfugiés» font apparaître comme un feuilleton périphérique ce qui est plus structurellement crise de l’Europe et crise de la finance : crise d’une Europe dont les institutions, les modes de décision [6] et les objectifs n’ont cessé, depuis le tournant de la rigueur du début des années 80 puis l’abrogation du Glass-Steagall Act et la fusion des banques de dépôt et d’investissement (1993), de se caler sur les institutions, les modes de décision et les intérêts du système financier international ; émergence conjointe d’une gouvernance cynique, tablant sur l’indifférence, la division, le repli, réduisant la politique au management [7] et ne parvenant à maintenir un statu quo fragile que par la force, comme l’atteste de nouveau depuis octobre le traitement policier et carcéral réservé aux élus catalans.

Contrairement à ce qui s’est produit aux États-Unis, la réponse politique à la crise financière a pris en Europe un accent étonnamment moral, plaçant au centre du débat les notions de devoir, de faute, de réparation, de responsabilité, de culpabilité ; à une époque de généralisation du recours aux mécanismes d’optimisation fiscale, d’opacité croissante des opérations financières, de multiplication des produits dérivés toxiques [8] et de corruption structurelle des élites, il est remarquable que des notions de cet ordre aient été engagées à propos d’opérations bancaires — comme si le système financier et politique s’efforçait de se refaire une moralité sur le dos des peuples. L’explication de ce phénomène peut également être recherchée dans l’histoire allemande. La position actuelle d’une Grèce à la souveraineté limitée n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, celle de l’Allemagne mise sous tutelle par les gouvernements alliés et soumise à la politique dite de «rééducation». «Par cette expression dépréciative, les citoyens de la République fédérale (…), fondée en 1949 sur les ruines du nazisme, vilipendaient les efforts de dénazification imposés par les Alliés», rappelait un article récent du Monde [9] consacré au philosophe Jürgen Habermas, qui se définissait lui-même comme un «enfant de la rééducation». Les «enfants de la rééducation» que sont Wolfgang Schäuble et Angela Merkel se sont apparemment estimés en droit d’exiger que des mesures de redressement particulièrement cruelles soient prises à l’encontre d’un pays tiers, comme si la rationalité économique était là surdéterminée ou supplantée par une tout autre logique, celle de la punition et de la faute [10].

Le parallèle ne vaut que dans la mesure où il permet d’avancer une explication, psychologique et culturelle, à l’intransigeance de la position allemande [11], qui aura déterminé toutes les autres sur l’échiquier européen. Le parallélisme ne va pas au-delà. Les «fautes» de la Grèce ne sont en rien comparables à celles de l’Allemagne de la Seconde guerre. Ajoutons, comme le rappelait Éric Toussaint dès octobre 2014, qu’il était illusoire, en termes de stratégie politique, de penser qu’une conférence sur la dette grecque pût être organisée sur le modèle de la conférence de 1953 qui entraîna aux premiers temps de la guerre froide la décision d’annuler la dette de l’Allemagne [12].

Reste que l’on sera passé, au nom de la bonne gestion et de l’assainissement des finances publiques, d’une question bancaire à une question morale ; c’est cette dimension (entre «morale de l’épargne» et «éthique du travail») qui a alimenté le racisme particulier de la «crise grecque», lui a aussi donné ses accents d’indignation sincère (à l’épicerie du coin, à table, où chacun se déclarait offensé par la paresse des Grecs, leur «refus de payer leur part» : Nord vertueux et économe contre Sud dépensier, fourmis contre cigales, citoyens européens de plein droit contre «cochons» improductifs de la périphérie, etc.). Le sort de la Grèce s’est joué là : dans l’irrésolution ou la sidération initiales des dirigeants politiques, leur décision de transformer une dette privée en dette publique, dans la facilité avec laquelle les médias dominants ont ensuite relayé une lecture nationale et culturelle de l’événement au détriment d’une analyse systémique.

Ce qui est certain, c’est qu’à partir de 2015 les antagonismes de l’Union éclatent au grand jour ; l’UE apparaît chaque mois davantage comme un champ de rapports de domination et de forces, de coercition, de dépendance et d’humiliation entre pouvoir central et nations ou régions subalternes. Sans doute est-ce sous cet angle, d’abord, qu’il y a crise, dans un sens quasi-lacanien : la crise est ce moment où le semblant (unité de façade de l’Europe, déclarations de principes) ne tient plus et où le réel éclate au grand jour (mise en place par la BCE d’un chantage à l’accès à la liquidité, non-reconnaissance des scrutins, abandon criminel des réfugiés fuyant la guerre, création d’une Europe de 3e zone destinée à faire tampon entre les frontières officielles de l’UE et ses frontières réelles [13]). Le success story du gouvernement Tsipras apparaît aujourd’hui comme une énième tentative de recouvrir ce réel d’un semblant qui ne trompe plus, comme un étrange ballet de patinage artistique sur un lac dont la glace se fendille de part en part.

«Excellentes relations» entretenues entre les institutions européennes et le gouvernement hellénique, «sortie de crise» et «sortie des mémorandums», «retour sur les marchés», «efforts du peuple grec» salués par le secrétaire général de l’OCDE, «amélioration de la situation budgétaire du pays observée à la faveur de la reprise de son économie», «ensemble de réformes ambitieux» [14]… En Grèce, l’actualité est depuis plusieurs mois ponctuée par les annonces optimistes des officiels européens et du gouvernement. Si ces communiqués ont un effet certain sur les opinions publiques européennes, leur impact est bien moindre sur place, dans les quartiers populaires et les camps de réfugiés — sur celles et ceux pour qui ces politiques ne correspondent pas à des chiffres ou des déclarations mais à des données d’expérience et des problèmes d’économie ou de survie quotidiennes. Chacun sait par ailleurs que la ritournelle d’une «sortie des mémorandums» masque le fait que le gouvernement SYRIZA-ANEL a engagé la mise sous tutelle du pays jusqu’en 2060 et que la dette, après l’application de trois plans d’austérité successifs, se monte toujours à près de 180% du PIB national.

Politique-fiction. Il s’agit désormais beaucoup moins de répondre au surendettement abyssal du pays que de profiter des opportunités que ce surendettement génère en termes d’accès à la main-d’œuvre [15] et d’acquisitions à bons prix (infrastructures industrielles ou touristiques, parcs, entreprises [16]). Il s’agit dans le même temps de produire une fiction dont le seul but est d’escamoter le réel.

Les réalités dissimulées sont celles du sacrifice et de l’exploitation des classes populaires, d’une grande partie de la jeunesse, des exilés, et de l’appropriation des actifs grecs par de grands conglomérats ou des fonds vautours [17], à la faveur notamment de la politique de restructuration des banques nationales et de mise sur le marché des créances douteuses. Cette dernière opération fait bien apparaître les aboutissants du marché de la dette ; en entrant en possession de paquets de créances douteuses (les «emprunts rouges»), les dirigeants de ces fonds visent la livre de chair de l’économie réelle derrière l’abstraction et l’opacité apparentes des opérations financières ; l’objectif est de s’approprier des terrains, des immeubles, des maisons, des infrastructures et des routes. Dans le droit fil des privatisations entamées dès la capitulation de 2015 [18], la «crise grecque» et sa gestion continuent d’apparaitre comme une gigantesque opération, à l’échelle d’un pays entier, de transferts de biens, publics d’abord, mais aussi privés (résidences principales). L’intérêt de ces dettes est précisément qu’elles ne peuvent être remboursées et qu’elles devraient permettre à ces fonds vautours de faire main basse sur une partie de la fortune mobilière et immobilière nationale qui, dans ce pays à fort capital touristique, constitue souvent une véritable rente. C’est compter sans la résistance indigène : lutte menée par les collectifs s’opposant aux saisies, à Thessalonique ou Athènes, et dont les créanciers exigent du gouvernement grec la répression sans failles [19] ; combat de longue haleine des habitants de Chalcidique contre l’entreprise d’extraction Eldorado Gold, qui dépend d’un des plus grands fonds d’investissements au monde, la société BlackRock ; apparition de groupes activistes aux actions éminemment symboliques (contre, par exemple, les registres du fonds de privatisation des actifs publics, TAIPED).

Le «non» grec du 7 juillet 2015 apparaît rétrospectivement comme un geste éminemment éthique ; un geste qui, plutôt que de peser et de mesurer précisément le contexte et les risques, s’en affranchit pour affirmer un principe supérieur. Les raisons de ce refus apparaissent même peut-être plus clairement aujourd’hui ; au point où nous en étions arrivés, ce qui était en jeu était rien de moins que la possibilité de changer les choses, de cesser d’aller de concession en concession, chaque concession ouvrant la porte à la suivante et la rendant possible, définissant le terrain ou le rapport de forces sur lequel la concession suivante serait immédiatement engagée, dans un recul sans fin, à tous les niveaux de la vie sociale. Cette situation est précisément décrite à l’échelle d’une entreprise de textile par l’auteur de théâtre Stefano Massini dans la pièce 7 minutes, comité d’usine [20] : arrive un moment où l’on comprend (confusément, intuitivement) que chaque concession n’a pour objet que d’ouvrir le champ à la prochaine, qu’il n’y a pas de négociations ; le glissement conduisant à défaire l’un après l’autre tous les droits (sociaux, économiques, humains) ne connaît pas de terme.

Le jeu ne s’arrête pas à 2015 ni à la «sortie des mémorandums» annoncée aujourd’hui. Le jeu bien sûr ne s’arrête pas non plus à la Grèce. J’avais dans un texte publié il y a deux ans essayé de montrer que la capitulation de juillet 2015 agissait de manière rétroactive, pernicieuse mais malheureusement efficace sur la mémoire même de l’événement qui venait d’avoir lieu. Do not walk outside this area ; le chantage contre la Grèce, la répression contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes [21] ont pour objectif de mettre le possible hors-la-loi ; de démontrer, comme il est écrit sur l’aile des avions, qu’il est interdit de marcher au-delà de cette zone définie par les institutions de marché ; de prouver qu’il n’est pas d’autres institutions possibles que cet assemblage complexe de centres de décision politiques et financiers, européens et internationaux qui, en Grèce, dès la fin de la première phase du gouvernement Tsipras, se sont significativement autoproclamés «les Institutions» comme s’il ne pouvait y en avoir d’autres, comme s’il n’y en avait pas d’autres — ni dans le réel, ni dans le possible.

Le chantage financier auquel le peuple grec a été soumis du mois de janvier au mois de juillet 2015 n’apparaît rétrospectivement comme rien d’autre qu’une attaque massive contre le possible. Cette attaque se poursuit, aujourd’hui, partout où le possible réapparaît, s’affirme, conteste les procédures, les façons de produire, de penser, de faire et de vivre dominantes — au nom de la justice et de l’hospitalité mais aussi, trait d’une époque et d’une civilisation en bout de course, de la préservation de la nature et de l’espèce ; chacun a conscience de vivre désormais dans un monde sapant systématiquement les bases de sa propre reproduction. Comme quelques fictions nous le font entrevoir [22], la fuite en avant adoptée en guise de réponse par les tenants du statu quo n’a pas d’autre horizon que celui d’une société violente et inégalitaire, fragmentée en blocs sociaux étanches et dont les frontières (géographiques et sociales) seront (sont déjà) gardées par la violence des armes. La situation dessinée par la relégation de la Grèce et la violence faite aux migrants et aux voix dissidentes est celle d’une gestion de crise continue où les garanties et le droit peuvent être à tout moment balayés ; paysage morcelé où des formes de vie protégées coexistent (parfois sur le même trottoir, dans la même rue, le même périmètre urbain) avec des situations d’arbitraire et de violence nue. Cette «coexistence» est le trait de notre époque et ce que les intellectuels, outsiders, amateurs et perturbateurs de l’ordre établi [23] doivent s’attacher à formuler et à décrire.

La question de la dissidence est aussi celle de la création artistique, de la production de récits, de fictions et de symboles, l’époque n’étant pas seulement marquée par une confrontation des corps (émeutes, affrontements) et une confrontation d’arguments mais aussi, plus profondément, par une confrontation d’imaginaires. «La culture, énonce un graffiti photographié récemment dans le XVIIIe arrondissement de Paris, est le lieu où le pouvoir trouve toujours des complices.» Cet énoncé recoupe l’assertion de Wilfred Owen rappelée par Edward Saïd dans l’introduction à Des intellectuels et du Pouvoir : «les scribes devant la terre entière récriminent / et face à l’Etat, font allégeance.» [24] Dans la Grèce des mémorandums, les sources de financement du travail artistique sont passées en quelques années de la sphère publique aux fondations privées créés par de grandes entreprises multinationales de marine marchande ou des personnalités emblématiques de l’industrie d’avant-crise [25]. Dans ce contexte, aucune réflexion sur l’art et la pensée critique ne peut faire l’économie d’une analyse des ressources et d’une recherche de modes de financement alternatifs, démocratiques et garants d’indépendance — d’une économie de la société, radicalement distincte du modèle étatique comme de celui de l’économie de marché. Cette recherche passe aussi par une forme de précarité ou d’austérité non pas subie mais assumée et orientée selon nos désirs : une autre précarité, une autre austérité qui, au lieu de nous jeter dans les filets du travail inutile et servile, contribue à enrichir réflexion et imaginaire, à tisser des liens, des façons de vivre, de penser et de faire société éloignées du modèle consumériste. Dans un contexte post-démocratique où la langue du pouvoir est, de plus en plus, celle d’un cynisme cru, la fonction des artistes ne peut être que d’œuvrer parmi d’autres à la construction d’un autre imaginaire — d’un autre imaginaire commun, d’un imaginaire du commun, imaginaire qui n’est peut-être qu’un autre nom du possible — tension vers le futur ayant pourtant déjà une actualité et une effectivité propres.

Dans cette Europe «d’après l’espoir» et à la recherche du possible qu’évoque dans un article récent Christos Giovanopoulos [26], l’espoir est plus que jamais porté par les structures de solidarité, les collectifs locaux en réseaux, les zones à défendre ; un appel récent engageant les cinéastes à se rendre à Notre-Dame-des-Landes et à «filmer et défendre ce territoire qui bat et se bat», ce «lieu réel qui lutte pour construire des imaginaires», est à cet égard éclairant. Le théâtre peut et doit s’inscrire dans ce mouvement parti d’initiatives concrètes (dans les domaines de l’éducation, de l’alimentation, de la santé, de la culture) et d’un refus des formes verticales de délégation politique traditionnelles qui ont en Grèce démontré leur inanité. Il n’est pas certain que l’art ait en l’occurrence, contrairement aux crédos avant-gardistes d’autrefois, la moindre prééminence ; peut-être ses contours apparaissent-ils mieux lorsqu’il se positionne comme une sorte de chambre d’écho ou d’enregistrement de l’intelligence collective à l’œuvre partout où des êtres humains résistent.

Fait-on la démonstration qu’aucun autre réel n’est possible en détruisant systématiquement toutes les alternatives? La violence et la destruction ont-elles valeur de preuve? Face à cette violence et cette gouvernance de non droit, le pessimisme est-il forcément de mise? La conviction qui anime les collectifs de résistance ne peut-elle sortir paradoxalement renforcée du constat que ce système politico-financier gangrené par la corruption se trouve aujourd’hui le dos au mur et n’a plus d’autres alternatives que celles du mensonge et de la force brute?

Il est intéressant de se souvenir aujourd’hui, comme nous y invitait l’intellectuel serbe Vojin Dimitrijević au printemps 1991 [27], du pessimisme qui animait la plupart des critiques du socialisme réel avant l’effondrement du mur. Tous ces textes, écrit l’auteur en substance, étaient imprégnés d’un certain pessimisme, presque de la conviction que le système était éternel et indestructible. «Lorsqu’il y avait dans les utopies littéraires un happy end, c’était toujours pour voir les héros s’enfuir dans une oasis mystérieuse et cachée (…). Mais on n’assistait jamais à la faillite de ce système. Dans les études de politologie, les choses n’en allaient pas autrement. (…) Cette faillite était rarement envisagée comme la conséquence de facteurs intérieurs et surtout pas comme la débâcle d’un système victime de sa propre incapacité, de son inefficacité et de son abandon.»

Dans leur aveuglement et leur arrogance, les tenants du néo-libéralisme ont peut-être tendance à oublier ou à omettre que l’origine de leur pouvoir sans partage vient de l’effondrement, comme un château de cartes, d’un système qui paraissait, quelques mois encore avant son effondrement, aussi éternel et aussi indestructible que le leur. À nous d’imaginer les voies que pourrait prendre l’effondrement de l’édifice néo-libéral à partir de notre expérience, de nos besoins et de nos luttes : le néo-libéralisme est dans les faits battu en brèche et contesté à la racine partout où la société s’organise, partout où des êtres humains s’attachent à préserver le futur et la vie.

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[1] À l’exception notable de Stathis Kouvelakis dont le texte La Grèce, la frontière, l’Europe, un des plus complets et des plus éclairants de la période, relève notamment l’importance du terme de périphérie dans l’articulation entre crise grecque et crise des réfugiés et la nécessité de penser ces deux événements simultanément.

[2] C’est en particulier un des chevaux de bataille du journal Libération.

[3] Lire à ce sujet Comment l’Europe finance et légitime des régimes autoritaires pour barrer la route aux migrants et le rapport Expanding the Fortress : la politique d’externalisation des frontières de l’UE publié le 14 mai 2018.

[4] Crédits à la consommation et prêts immobiliers, création d’une bulle de la construction aux États-Unis, en Espagne comme, sous des modes différents, en Grèce, explosion des créances non-recouvrables, déstabilisation des banques à l’origine de cette politique de généralisation du crédit (auprès des classes moyennes mais aussi, comme dans le cas de la crise des subprimes, des plus pauvres).

[5] La crise grecque : un scandale manqué, par Jeremy Morales, Yves Gendron, Henri Guenin-Paracini.

[6] Opacité des prises de décision au sein de l’Eurogroupe, lobbying des grands groupes multinationaux auprès des membres de la Commission.

[7] La crise grecque : un scandale manqué, ibid., p. 13.

[8] L’exemple de la Deutsche Bank, institution bancaire la plus exposée au monde à ces avoirs potentiellement explosifs, est à cet égard particulièrement frappant.

[9] Article de Nicolas Weill du 23 février 2018.

[10] Avec des résultats proprement aberrants d’un point de vue économique.

[11] En particulier sur le chapitre de la restructuration de la dette grecque.

[12] Lire à ce sujet Pourquoi Alexis Tsipras a enterré la suspension du paiement et l’audit de la dette bien avant les élections de 2015, par Éric Toussaint, Stathis Kouvelakis, Benjamin Lemoine (3 octobre 2016), et l’entretien avec Éric Toussaint réalisé en 2014 par Tassos Tsakiroglou (journaliste au quotidien grec Le Journal des Rédacteurs), reproduit dans cet article.

[13] La Grèce, la frontière, l’Europe.

[14] «La Grèce respire», titrent Les Échos dès le 25 septembre 2017 ; «les finances grecques sont en bien meilleur état», déclare le ministre des Finances estonien, dont le pays assure alors la présidence tournante de l’UE, tandis que Pierre Moscovici, Commissaire européen aux Affaires économiques, évoque avec une émotion feinte «la reconnaissance des terribles efforts et des sacrifices réalisés par les Grecs pour redresser leurs finances publiques». Remarquons que le terme de «réformisme» (efforts réformistes) est dans nombre de ces communiqués synonyme de casse sociale.

[15] Jeunesse formée dans les universités grecques et employée, notamment, dans le Nord de l’Europe, massivement précarisée et employée au rabais en Grèce.

[16] Lire à ce sujet cet article de N. Kadritzke et cet article de M. Orange.

[17] À propos de ces fonds, lire notamment : « Les « fonds vautours » prospèrent sur la misère en spéculant sur l’endettement des particuliers, par Éric Toussaint (11 décembre 2017) ; Appauvris par les memoranda, les Grecs vont perdre tous leurs biens, par Marie-Laure Coulmin Koutsaftis (30 avril 2018). À propos de l’explosion des créances douteuses dans la Grèce des mémorandums, lire : L’ombre menaçante du FMI sur la Grèce (mai 2018).

[18] Citons parmi d’autres exemples celui des aéroports grecs cédés à l’entreprise allemande Fraport ou le cas d’OTE, premier opérateur national de téléphonie, aujourd’hui géré par Deutsche Telekom.

[19] Par des opérations policières dans l’enceinte des tribunaux mais surtout par la dématérialisation des audiences désormais appelées à se tenir sur Internet.

[20] L’Arche Editeur (2018) pour la traduction française.

[21] Lire à ce sujet : Notre-Dame-des-Landes, place aux utopies concrètes par Luc Gwiazdzinski et Olivier Frérot (Libération, 19 avril 2018).

[22] The Handmaid’s Tale, série inspirée du beau roman dystopique de Margaret Atwood, La Servante écarlate.

[23] Selon les termes d’Edward Saïd dans son recueil d’essais Des intellectuels et du Pouvoir, Seuil, 1996.

[24] Des intellectuels et du Pouvoir, Seuil, 1996, p. 15.

[25] Cf. à ce sujet Fleurs de ruines.

[26] La Grèce après l’espoir : en attendant le possible, réflexions sur le mouvement des solidarités locales, Christos Giovanopoulos, Vacarme, numéro 83.

[27] Lettre Internationale, «C’est l’autre le coupable», printemps 1991.

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