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SOS MEDITERRANEE : retour sur 4 sauvetages

Retour en mer de l’Ocean Viking : 797 personnes secourues en 2021

Pour la première fois depuis le début des opérations de sauvetage avec l’Ocean Viking, nos équipes se sont retrouvées avec plus de 400 personnes rescapées à bord dont des jeunes enfants, des bébés, des femmes enceintes et des malades. Hier toute la journée et ce matin même, elles ont finalement pu débarquer à Augusta, en Sicile. Depuis le retour de l’Ocean Viking en Méditerranée centrale le 11 janvier dernier, 797 personnes ont été secourues par nos équipes tandis que les traversées continuent et que d’autres sont refoulées et renvoyées en Libye par les garde-côtes libyens.

Retour sur quatre sauvetages mouvementés en février

Elles sont originaires du Soudan (Nord), de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Nigéria ou d’autres pays africains… En moins de 48 heures, un total de 423 personnes, parmi lesquelles 149 mineur.e.s dont 83% n’étaient pas accompagné.e.s et 37 femmes, ont été secourues par l’Ocean Viking la semaine dernière.

Ce jeudi 4 février, à 30 milles marins de Al Khoms, en Libye, aux premières lueurs du jour, un membre de l’équipe de sauvetage posté sur la passerelle repère à la jumelle une embarcation pneumatique en péril. L’alerte est donnée. Les canots de sauvetage sont aussitôt mis à l’eau et se rapprochent de la position. Il y a urgence  :  l’opération s’avère difficile et plusieurs personnes passent par-dessus bord. Mais nos équipes aguerries parviennent à les hisser dans le canot de sauvetage. Ce sont 121 rescapé.e.s, parmi lesquel.le.s 19 femmes et deux enfants en bas âge, qui sont mis en sécurité à bord de l’Ocean Viking.

A peine les équipes ont elles terminé ce premier sauvetage que le Moonbird, l’avion de l’ONG Sea Watch,  signale une seconde embarcation en détresse. Cette fois, ce sont 116 personnes qui seront mises en sécurité à bord de notre “navire ambulance” dont neuf enfants âgés de 12 ans et moins. Sur la passerelle, la veille continue.

La nuit sera courte. Un peu avant 7 heures du matin, le vendredi 5 février, l’équipe de sauvetage repère une embarcation pneumatique à la jumelle. A 9h, le sauvetage de 70 naufragé.e.s est achevé, dans les eaux internationales, à 40 milles nautiques de Al Khoms.

Alors même que nos équipes sont toujours engagées dans cette troisième opération, l’Ocean Viking est alerté d’un nouveau cas de détresse à proximité. Il s’agit encore une fois d’un bateau pneumatique.  L’embarcation de fortune est tellement surchargée que l’équipe doit déployer deux radeaux pneumatiques où répartir les naufragé.e.s pour stabiliser l’opération, avant de procéder au transfert des 116 femmes, hommes et enfants vers l’Ocean Viking.

Evacuation d’urgence et gestion de la Covid à bord

Ce vendredi après-midi, 423 personnes patientent sur le pont. La distribution d’eau, de nourriture, de vêtements secs et  de masques se poursuit, alors que la clinique ne désemplit pas. On y soigne les rescapé.e.s sans relâche: blessures et séquelles de torture, gale, douleurs, tests de grossesse… « Un cas particulièrement préoccupant  est sous observation : il s’agit d’un jeune Soudanais qui a une grave blessure à la tête après avoir été violemment battu en Libye… » explique Christine, la responsable de l’équipe médicale de SOS MEDITERRANEE.

Une patiente enceinte nécessite des soins intensifs qui ne peuvent être dispensés qu’à terre. En outre, elle et son compagnon sont testés positifs à la Covid-19. Le couple sera évacué en urgence samedi matin par un hélicoptère des Forces armées maltaises. Depuis, des tests rapides ont été menés notamment auprès des personnes rescapées ayant été en contact rapproché avec le couple : certaines d’entre elles seront testées positives. « Nous avions mis en place des procédures pour ce scénario, nous étions préparés et nous sommes en mesure d’isoler les cas positifs et de limiter la propagation de la COVID-19 à bord » déclare Luisa, la coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking.

Dimanche, l’annonce arrive enfin : ce sera Augusta, en Italie. Le soulagement et la joie éclatent. Les femmes chantent, les enfants courent partout. Certains rient… pour la première fois depuis bien longtemps.

Ce lundi 8 février, les autorités sanitaires italiennes présentes à Augusta ont procédé à des tests de dépistage au Coronavirus en amont du débarquement : 49 personnes rescapées ont été testées positives. Aucun cas positif n’a été signalé parmi nos équipes mais elles seront soumises à une quarantaine de 14 jours.

L’hiver en Méditerranée centrale : des départs qui ne faiblissent pas

Il faut se figurer l’hiver en Méditerranée : des vagues atteignant parfois jusqu’à cinq-six mètres de haut qui menacent de renverser les embarcations de fortune qui s’y aventurent, le vent, le froid qui  engourdit jusqu’à l’hypothermie… Autant de risques qui pèsent sur les femmes, les hommes et les enfants qui tentent de fuir l’enfer libyen en prenant la mer.

Et pourtant, les tentatives de traversée sur des embarcations de fortune sont nombreuses. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en fin de semaine dernière, plus de 1000 personnes sont parties de Libye par la mer en 24 heures à peine. La majorité d’entre elles seront interceptées par les garde-côtes libyens et renvoyées vers l’enfer en dépit des conventions et des lois internationales. Nos équipes ont d’ailleurs été témoin d’une de ces interceptions le mardi 20 janvier (pour en savoir plus, c’est ici).

Ce début d’année est aussi marqué par le peu de moyens de sauvetage en Méditerranée centrale.

Qu’il s’agisse des deux navires de l’ONG allemande Sea Watch, de celui de Sea Eye ou du Louise Michel, ou encore du navire italien Mediterraneo, ils sont tous victimes de blocages administratifs et immobilisés à quai. Seule l’ONG espagnole Proactiva, qui vient d’arriver sur zone avec son navire l’Open Arms et son voilier l’Astral, est opérationnelle avec SOS MEDITERRANEE et l’Ocean Viking. Les avions de Sea Watch et de Pilotes volontaires ont par contre pu décoller et assister les rares navires humanitaires dans la recherche des embarcations en détresse. Une aide précieuse tant la zone à couvrir est vaste.

Alors que notre équipe entre  en quarantaine après avoir secouru 797 personnes depuis le 21 janvier dernier, nous savons qu’il nous faut revenir au plus vite sauver des vies en Méditerranée centrale où les besoins sont immenses.

Pour en apprendre davantage sur le contexte en mer ces dernières semaines, lisez les deux dernières éditions de notre série Regards sur la Méditerranée centrale du
3 février 2021 et du 20 janvier 2021.

Crédits photos : Fabian Mondl / SOS MEDITERRANEE, Julia Schaefermeyer / SOS MEDITERRANEE  et Hippolyte / SOS MEDITERRANEE

Source https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/journal-bord-09-02-2021

Les luttes de la classe ouvrière en Grèce en 2020

 

Camp de Lesbos contaminé au plomb

Le camp de Kara Tepe, sur l’île grecque de Lesbos. Crédit : : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

Une partie du camp pour migrants de Lesbos est contaminée au plomb, ont indiqué la semaine dernière les autorités grecques, confirmant les craintes des humanitaires. Une vingtaine d’ONG ont exhorté mardi le gouvernement à évacuer « immédiatement » les migrants et à les transférer dans des « installations appropriées ».

Faisant suite aux demandes incessantes de plusieurs ONG, dont Human rights watch (HRW) et Médecins sans frontières (MSF), le gouvernement grec a finalement procédé fin novembre à des relevés d’échantillons de sol du camp pour migrants de Lesbos, afin de tester sa contamination au plomb.

Le site de Kara Tepe, qui accueille plus de 7 000 personnes, est situé sur un ancien champ de tir militaire. « Les champs de tir sont bien connus comme étant des sites contaminés par le plomb en raison des balles, des coups de feu et des douilles qui contiennent du plomb et se retrouvent dans le sol », avait alerté début décembre HRW. « Le plomb peut facilement se propager dans l’air, en particulier dans des conditions sèches et venteuses, qui existent souvent à Lesbos », expliquait alors l’ONG.

Manque de transparence des autorités

Bien que les résultats soient tombés le 8 décembre, les autorités ne les ont rendu publics que le 23 janvier, soit sept semaines plus tard. Selon le gouvernement, un seul échantillon – sur les 12 effectués – provenant d’une partie inhabitée du camp de Kara Tepe « présente une concentration de plomb supérieure aux normes » internationales, sans donner plus de précisions.

Dans la foulée, le ministère grec des Migrations et de l’Asile a annoncé l’ouverture d’une enquête d’une « commission d’experts constituée par le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) » pour analyser le sol du camp où ont été logés « temporairement » les migrants du camp de Moria, détruit par le feu en septembre.

Dans un communiqué publié mercredi, HRW regrette le manque de transparence des autorités et leur demande « de publier le plan de test et les résultats des tests, qui devraient inclure des informations telles que les niveaux de plomb pour chaque échantillon, les profondeurs de l’échantillon et les emplacements exacts (…) » des relevés effectués. Selon l’ONG, cette absence d’information ne permet pas « d’évaluer ce que les résultats représentent ou de recommander des stratégies spécifiques pour faire face aux risques identifiés ».

Si la zone contaminée au plomb n’est pas habitée par des migrants, elle est néanmoins utilisée par des ONG qui ont installé des bureaux dans cette partie du camp. Des habitants, y compris des enfants, font quotidiennement la queue devant les locaux des humanitaires pour obtenir du soutien et des informations. « Les jeunes enfants risquent d’ingérer du plomb lorsqu’ils jouent ou s’assoient sur un sol contaminé », insiste HRW.

« Arrêtez de jouer avec la vie humaine »

« Le gouvernement grec a sciemment construit un camp de migrants sur un champ de tir, puis a fermé les yeux sur les risques potentiels pour la santé des résidents et des travailleurs », a de son côté affirmé Belkis Wille, chercheur principal sur les crises et les conflits à HRW.

Face aux critiques des ONG, le ministère des Migrations et de l’Asile a répondu le 23 janvier que des mesures adéquates avaient été prises pour empêcher tout risque de contamination, en plus « des mesures préventives prises dès le début de l’installation du camp » en septembre. Des travaux seront prochainement réalisés dans les lieux contaminés comme l’ajout d’un nouveau sol, de gravier et d’une base de ciment.

Mais ces réponses ne convainquent pas les humanitaires. Mardi 26 janvier, une vingtaine d’ONG ont publié une déclaration commune appelant à « l’évacuation immédiate du camp et le transfert des demandeurs d’asile dans des installations appropriées ». « Arrêtez de jouer avec les vies humaines, il est urgent d’assurer la santé des résidents et des travailleurs dans le camp de Lesbos », ont exhorté les ONG.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/29905/lesbos-le-camp-de-migrants-contamine-au-plomb-les-ong-demandent-son-evacuation?fbclid=IwAR2vq2llRnYW7GstFvwSuE4y_yzrgoR1Rw3GLIAc0hJ_JxeYpeAOvUboCqA

 Non à la police dans les universités

« Non à la police dans les universités » : opposition en Grèce au projet du gouvernement de droite

par Collectif

Le gouvernement grec veut instituer une « brigade de protection » dans les universités qui sera rattachée à la Police nationale. Une attaque contre la démocratie dénoncée dans cette tribune par un collectif d’enseignants-chercheurs grecs.

 

Le gouvernement conservateur de Kyriákos Mitsotákis veut autoriser les forces de l’ordre à pénétrer dans les universités. Enseignants et étudiants sont vent debout contre ce projet. Depuis la sanglante répression de l’Ecole polytechnique, en 1973, la police n’a pas le droit de pénétrer dans les enceintes universitaires. Le 27 janvier dernier, plusieurs milliers d’étudiants ont bravé une interdiction de manifester pour afficher leur opposition à cette arrivée des forces de l’ordre dans les établissements de l’enseignement supérieur. Nous publions ici une tribune d’enseignants grec contre ce projet.

« Dans une conjoncture de pandémie et de confinement généralisé, le gouvernement grec annonce sa décision d’instituer une « brigade de protection », une véritable police des universités. Cette décision arrive dans la foulée d’une large campagne de diffamation des universités et de désinformation de l’opinion publique préparée par les médias pro-gouvernement, une campagne contre la prétendue délinquance et le crime généralisé au sein des établissements, qui ne sont pourtant déduits d’aucune étude ou statistique.

Le nouveau corps de sécurité ne rendra pas des comptes aux organes de l’administration des universités mais seulement aux autorités policières. Les policiers sont autorisés à patrouiller en uniforme dans les établissements. Leurs fonctions ne seront pas déterminées par les universités. En plus, le projet de loi en question oblige les universités de mettre en place un système de contrôle d’accès dans les campus et les bâtiments. La présence des gardes de la police complètent l’obligation des autorités universitaires de faciliter, par « tous les moyens », l’intervention des policiers des universités notamment en ce qui concerne la surveillance des locaux avec un équipement technologique spécial ainsi que l’ »exercice des enquêtes prémilitaires » au sein des établissements.

Les établissements universitaires « transformés en un milieu de surveillance, de répression, et de l’ordre »

Plusieurs réactions ont été soulevées. La majorité des conseils des universités, les associations des enseignants-chercheurs et des étudiants, s’oppose fortement à ce projet de loi. Même la fédération nationale de la police rejette ce projet dans son communiqué. Il s’agit d’une violation de la constitution grecque et du principe de la libre administration des universités. Les établissements universitaires seront transformés en un milieu de surveillance, de répression, et de l’ordre. Ceci menace et compromet la démocratie et la libre circulation des idées entre université et société. Il est aussi possible qu’il engendra des agitations et de conflits violents.

Le collectif « Non à la police dans les universités », qui a déjà assemblé plus de 1000 signatures des professeurs et des enseignants des universités grecques, demande par ailleurs que toutes les forces démocratiques s’opposent à l’adoption et l’application de cette intervention anticonstitutionnelle dans l’autonomie universitaire. En même temps, le collectif dénonce les attaques contre lui, tantôt via les discours haineux contre l’université publique, entrepris par les mass médias, tantôt via les attaques violentes et sexistes s’adressant personnellement à ses membres dans les réseaux sociaux. La page du collectif www.facebook.com/OxiAstynomiaStaPanepistimia et les postes publiés, et les publications sur facebooκ ont été temporairement bloquées.

La doctrine du choc que le nouveau projet de loi autoritaire veut imposer aux universités, ainsi que les attaques coordonnées contre le collectif des universitaires, soulèvent des questions sérieuses concernant la légalité et la légitimité constitutionnelle et constituent des attaques contre la démocratie avec la responsabilité du gouvernement actuel. »

Collectif des enseignants – chercheurs « non à la police dans les universités », le 17 janvier 2021

- Contact pour les enseignants-chercheurs qui veulent signer la pétition : NoUniPolice [@] gmail.com
- Le texte original est paru dans le journal grec Efsyn

Photo de une : Pancarte de soutien aux étudiants et enseignants grecs qui refusent la police dans les université, dans un cortège à Lyon le 26 janvier 2021. CC Sophie Chapelle / Basta !

Source https://www.bastamag.net/Non-aa-la-police-dans-les-universitees-tribune-contre-une-nouvelle-loi-liberticide-en-Grece?fbclid=IwAR3SaaUWtUsfynj02l06v4EF0y08OfNgE-AvJcB0gsvl6Rg5iz-Vm9F4-hA

Communiqués de presse sur les poursuites contre le Président du POEDIN

Les poursuites ont commencé en vertu de la nouvelle loi interdisant les rassemblements !

Il s’agit de la première poursuite contre un citoyen et en fait un syndicaliste, qui a été intentée contre le président du POEDIN M. Giannakou, accusé de désobéissance!

Sur la base de la nouvelle «junte», une plainte a été déposée contre le président de la Fédération panhellénique des employés des hôpitaux publics, accusé de désobéissance. La raison en est qu’en tant qu’organisateurs, ils étaient responsables du rassemblement qu’ils avaient convoqué devant le ministère de la Santé le 30/9. Les agents de santé rassemblés ont tenté de marcher, mais ont été attaqués par les forces de police, invoquant la nouvelle interdiction. En fait, il y a eu des blessures. POEDIN et ADEDY et d’autres syndicats ont réagi immédiatement,  exigeant que cette persécution soit arrêtée.

ATHÈNES 29/01/2021
PROT.: NO: 4053

COMMUNIQUE DE PRESSE
Pour les poursuites pénales du Président du POEDIN pour non-respect de la loi antisyndicale

Une fois de plus en pleine pandémie, POEDIN et les responsables de la santé ont fait la une, en raison des poursuites pénales contre M. Giannakos Michalis, Président de POEDIN pour crime de désobéissance.
Avant même que M. Giannakos ne soit officiellement convoqué, avant d’être informé des poursuites pénales engagées contre lui, les milieux gouvernementaux ont divulgué à la presse un document ELAS sur la base duquel un dossier a été constitué.
Et son péché mortel? D’après ce qui a été écrit dans la presse, dans le cadre d’un rassemblement de santé, qui a eu lieu le 30-9-2020, les manifestants, bien qu’appelés par ELAS à monter sur le trottoir, sont descendus sur la route de la rue Aristotelous! !!!.
Il n’est donc pas poursuivi parce que les mesures de distanciation sociale ont été violées, les gouvernements étant bien conscients que POEDIN est le premier, qui les observe systématiquement.
Il ne fait pas l’objet de poursuites parce qu’il y a eu des incidents de la part des manifestants, puisque les gouvernements sont également bien conscients que ce jour-là, ceux qui ont subi un comportement violent étaient les travailleurs eux-mêmes. En fait, lorsque M. Giannakos a été convoqué à l’ELAS afin de nommer les policiers qui l’ont battu, il a choisi de déclarer qu’il ne voulait pas de poursuites pénales contre qui que ce soit, car il n’a de confrontation personnelle avec aucun policier.
Il est poursuivi parce que les travailleurs dans le cadre de leur rassemblement, comme ils l’ont fait des milliers de fois dans le passé, sont descendus sur la route de la rue Aristotelous. Il va sans dire que ce n’est pas une route principale alors que POEDIN veille toujours à la charge de trafic minimale possible dans le cadre de ses rassemblements.
Aucun de nous n’a l’illusion que l’heure à laquelle ce document a été divulgué, qui a été envoyé au parquet, est tout sauf accidentelle, car elle coïncide avec les mobilisations menées hier par POEDIN et d’autres syndicats. De plus, il est sous-entendu qu’il est un précurseur d’autres persécutions qui auront lieu à l’avenir.
Nous comprenons la panique de tout gouvernement face à des revendications de travail équitables. Nous comprenons également qu’il est raisonnable de rechercher des boucs émissaires, par l’intermédiaire desquels on tente de terroriser le mouvement syndical coordonné et de freiner toute réaction. Nous comprenons, cependant, et ceux qui gouvernent temporairement ce pays, qu’après tant d’années de dure compréhension et de luttes ouvrières pour la préservation de notre statut de travail et de notre dignité, LA SANTÉ PAS le terrorisme, le chantage et la peur
sont et continueront d’être présents dans chaque lutte syndicale équitable, car ils sont quotidiennement présents dans la bataille pour lutter contre la pandémie et soulager les patients des effets du coronavirus.

POUR L’UE DE POEDIN
LE PRESIDENT GEN. SECRÉTAIRE

MICHALIS GIANNAKOS CHRISTOS PAPANASTASE

EDY2021

ADEDY COMITE EXECUTIF DES GRECS & FLEES 2105 57 ATHENES Tel 213.16.16.900 Fax 2103246165 Email: adedy@adedy.gr, adedy1@adedy.gr

Athènes, 29.01.2021

Non. Prot.: 31

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

A l’occasion de la persécution du Président du POEDIN

Autoritarisme et maintien de l’ordre jusqu’au bout!

La descente antidémocratique du gouvernement de la Nouvelle Démocratie n’a pas de fin. Dans le cadre de la loi antidémocratique, votée l’année dernière au Parlement, le Président du POEDIN, Michalis Giannakos , a été poursuivi « parce qu’il n’a pas respecté les instructions » du médiateur spécial d’ELAS, lors de la mobilisation POEDIN le 30 septembre devant le Ministère de la Santé, réclamant le recrutement de médecins et d’infirmières, les mesures d’hygiène et de sécurité des salariés, les effectifs permanents, etc.

Cette persécution, qui est la première pour les manifestations, avec la nouvelle loi , montre l’orientation de la politique du gouvernement de N.D. résumé dans la doctrine: ceux qui ne «se plient pas» seront persécutés et «exterminés».

Le Comité Exécutif de A.D.E.D.Y. Exprime son plein soutien au Président du POEDIN, face à qui tout le mouvement syndical est persécuté et déclare qu’il ne permettra pas le passage de: l’autoritarisme, la police et le terrorisme dans l’action des syndicats.

Nous demandons ICI ET MAINTENANT d’arrêter la persécution du Président de POEDIN.

Du Comité Exécutif de A.D.E.D.Y.

Source

Sécurité globale de quel droit ?

Sécurité globale de quel droit ? film réalisé par Karine Parrot et Stéphane Elmadjian
Sept juristes décryptent la loi Sécurité Globale
Sur ce site vous trouverez en libre accès un documentaire sur la loi sécurité globale, texte qui reviendra au Sénat à la mi-mars alors que l’état d’urgence sanitaire sera toujours en vigueur.

https://kparrot.gitlab.io/securite-globale-de-quel-droit/

c’est un décryptage de la loi par sept juristes, une analyse politique des dispositifs techno-policiers qui se préparent…

Le film est destiné aussi aux non-déjà-convaincu·es. ( 48 mn), n’hésitez pas à faire circuler.

L’Union européenne et le spectre de la Sainte Alliance

OPINION. A l’heure où l’Allemagne entend vendre ses sous-marins à la Turquie malgré les protestations grecques, Olivier Delorme nous propose une mise en parallèle historique entre la guerre d’indépendance grecque au 19ème siècle et les tensions européennes actuelles. Un texte dense qui nous rappelle l’urgence de penser le temps long.

Olivier DELORMEHistorien

En mars 2021, les Grecs commémoreront le bicentenaire du déclenchement de leur guerre d’indépendance contre l’Empire ottoman. Au terme de neuf ans de combats, qui firent environ deux cent mille morts, dont nombre de victimes de massacres à caractère génocidaire perpétrés par les Turcs à Chios (qui inspira la toile de Delacroix et « L’enfant grec » de Hugo), à Kassos, à Psara…, ce conflit accoucha d’un État national des Grecs qui comptait un peu plus de sept cent mille habitants mais en laissait deux fois plus dans l’Empire ottoman. Aussi m’a-t-il paru intéressant, au seuil de cette année de célébration d’une guerre que les Grecs nomment révolution (épanastasi), de tenter un parallèle entre la situation de 1821 et celle d’aujourd’hui.

L’insurrection des Grecs intervient un peu moins de six ans après la défaite de Napoléon Ier à Waterloo et l’établissement d’un ordre européen destiné à empêcher, partout, la résurgence des idéaux de la Révolution française. Et, comme aujourd’hui, cet ordre réactionnaire, fondée sur la Sainte Alliance (Autriche, Prusse, Russie) conclue en septembre 1815 et élargie en novembre au Royaume-Uni, est à direction germanique, avec le chancelier autrichien Metternich en place de la chancelière allemande Merkel. D’ailleurs, en juin 2015, au plus fort du bras de fer (réel ou simulé) entre Tsipras et l’Union européenne, un plumitif allemand nommé Berthold Seewald écrivit à propos de l’épanastasi, dans Die Welt, quotidien proche de la CDU de Merkel, un article intitulé « La Grèce a déjà détruit une fois l’ordre européen ». Un article qui reprenait en outre les vieux délires racistes de Jakob Philipp Fallmerayer (1790-1861) déniant aux Grecs de son temps toute parenté avec ceux de l’Antiquité et défendant, contre les soutiens à l’indépendance grecque, qu’un Empire ottoman fort était le seul rempart efficace contre des hordes slaves qu’il tenait en haine.

En réalité, lorsque les Grecs prennent les armes en 1821, ils pensent pouvoir compter sur l’aide des Européens de l’Ouest. Comme ils pensent aujourd’hui pouvoir compter, face aux agressions turques, sur la solidarité de l’Union européenne. Depuis trois siècles, les Habsbourg d’Autriche ne conduisaient-ils pas, contre le sultan turc, une guerre entrecoupée de paix qui n’étaient que des trêves ? Mais, pour Metternich, ce conflit-là était devenu secondaire et c’est ce qu’il écrivait, à propos de l’insurrection grecque le 28 janvier 1822 à son ambassadeur à Saint-Pétersbourg : « quelle que soit la différence entre ses causes anciennes et permanentes, et celle des révolutions que la grande alliance a été appelée à combattre dans le cours salutaire de son existence, [elle] n’en a pas moins puisé son origine directe dans les menées de la faction désorganisatrice qui menace tous les trônes et toutes les institutions[1]. »

Autrement dit, les Grecs ne sont que des sujets infectés par les idées françaises, que leur souverain turc a le devoir de châtier. D’ailleurs, estimait-il deux mois après le déclenchement de l’épanastasi, « là-bas, par delà nos frontières orientales, trois ou quatre cent mille individus pendus, égorgés, empalés, cela ne compte guère [2] ».

Il est vrai que les insurgés grecs devaient beaucoup aux Lumières et à la Révolution françaises. Depuis Marseille, les marchands grecs avaient rapporté Voltaire, Rousseau, Montesquieu et des traductions avaient été diffusées en Grèce. De Paris, où il s’était installé en 1788, l’érudit Adamantios Koraïs (1748-1833), avait décrit dans ses lettres qui circulaient en Grèce le déroulement de la Révolution. Avant d’être livré par les Autrichiens aux Turcs qui l’avaient étranglé dans la forteresse de Belgrade, Rhigas Vélestinlis (1757-1798) avait porté, à travers une société secrète et de nombreuses publications, un projet de République hellénique, traduit La Marseillaise,les Constitutions françaises de 1791 et 1793, et écrit des paroles grecques sur l’air de La Carmagnole. Les idées révolutionnaires étaient aussi arrivées par les îles Ioniennes, enlevées à Venise par Bonaparte, qui formèrent trois départements français de 1797 à 1799. Tandis que le même Bonaparte créait à Ancône, en 1798, une Agence du commerce français surtout chargée de diffuser en Grèce les brochures de son directeur, le Grec Konstantinos Stamatis, comme son Adresse aux habitants de la Grèce, tendant à leur rappeler la liberté dont leurs pères ont joui et les exciter à la reconquérir, signée de l’évocateur pseudonyme Philopatris Élefthériadis (Fils patriote de la liberté). Et puis il y eut les Grecs qui revenaient au pays après s’être battus au côté des Français dans la Légion grecque devenue Bataillon des chasseurs d’Orient. Quant aux demi-soldes de la France des Bourbons restaurés, plus d’un prendra le chemin de la Grèce pour y aider l’insurrection. Colonel et baron d’Empire, Charles Nicolas Fabvier rejoignit la Grèce en 1823 et y créa l’embryon d’une armée régulière. Fils d’un député du tiers état en 1789, devenu conseiller d’État et ministre de Napoléon durant les Cent-Jours, le futur maréchal de France Auguste Regnaud de Saint-Jean-d’Angély (1794-1870), saint-cyrien élevé au grade de chef d’escadron sur le champ de bataille de Waterloo, organisa une cavalerie grecque.

Et comment l’Europe de Metternich – y compris l’empereur de Russie qui se prétendait protecteur des orthodoxes – aurait-elle pu tolérer la déclaration d’indépendance, adoptée le 27 janvier 1822 par l’assemblée qu’ont réunie les insurgés à la Nouvelle Épidaure, qui parlait de tyran, de nation, de peuple, de justice et de représentants légitimes.

Cette Europe, comme l’Union aujourd’hui, avait son Conseil, réuni chaque année, qu’on appelait le Congrès et qui s’était arrogé le droit d’écraser par les armes tout mouvement remettant en cause l’ordre européen contre-révolutionnaire. Comme l’Union européenne s’est arrogée le droit d’étouffer, au mépris des principes fondamentaux de la démocratie, toute nation qui prétendrait se libérer de l’ordre économique et monétaire allemand. Le Congrès avait ainsi chargé les Autrichiens de réprimer les mouvements démocratiques en Italie ; au Congrès de Vérone en 1822, il avait confié la même tâche, en Espagne, à une France des Bourbons réintégrée dans l’Ordre européen.

Aussi, lorsque les Grecs envoyèrent à Vérone des délégués (dont un Français[3]) pour demander au Congrès d’aider une nation chrétienne en lutte contre un maître musulman, Metternich et ses semblables (dont le Français Chateaubriand alors ministre des Affaires étrangères) refusèrent même de les recevoir. Il faudra attendre que l’Angleterre comprenne quel profit géopolitique elle pouvait tirer d’un État grec qu’elle manipulerait à sa guise, puis que la Russie et la France comprennent quel danger il y aurait à laisser l’Angleterre s’assurer seule de cet avantage, pour que les gouvernements de ces Puissances interviennent militairement. Sans doute est-ce aussi une des premières fois où artistes et écrivains se mobilisèrent pour sensibiliser l’opinion publique à une question extérieure : avec toutes ses ambiguïtés, le philhellénisme contribuerait aussi à faire bouger les gouvernants, au moins en Angleterre et en France, mais aussi en Russie au nom de la solidarité orthodoxe.

En février 1830 les trois puissances finirent par signer le Protocole de Londres qui imposait au sultan que « La Grèce formera un État indépendant et jouira de tous les droits politiques, administratifs et commerciaux attachés à une indépendance complète ». Au sultan, mais aussi à Metternich qui, le 12 mai 1826, écrivait encore : « Nous ne voulons pas d’une république de bandits ou d’une monarchie composée et organisée par l’écume des révolutionnaires d’Europe[4] » et qui, en août envoyait sa flotte bombarder Naxos et Kythnos sous prétexte de piraterie. Le Protocole de février 1830 fut l’arrêt de mort de l’ordre européen de 1815 ; l’acte de décès en serait dressé après la vague révolutionnaire qui, partie de Paris en juillet, agita l’Italie, la Pologne, et déboucha sur la création d’une Belgique libérale séparée du réactionnaire royaume des Pays-Bas.

Mais les trois puissances imposèrent en même temps aux Grecs des frontières non viables, qui allaient orienter leurs efforts, pour un siècle, vers l’achèvement du territoire national plutôt que vers le développement, une dette permettant de les maintenir sous tutelle et un monarque absolu… allemand, dont le contribuable grec allait devoir payer la cour et les mercenaires bavarois, alors qu’on renvoyait dans leurs foyers les combattants de la guerre d’indépendance. L’aide européenne coûta fort cher aux Grecs : la trahison des idéaux de 1821.

Lorsque, le gouvernement Tsipras ayant capitulé devant les exigences de l’Europe allemande, j’expliquais à mes amis grecs qu’on ne peut vivre avec l’économie de la Grèce (ou de l’Italie, ou de la France…) et une monnaie allemande, ceux qui m’approuvaient ajoutaient pour la plupart : « mais on ne peut pas quitter l’euro et l’UE : en cas de coup dur avec la Turquie, c’est notre assurance ! »

On voit aujourd’hui que cette assurance ne vaut guère plus que les espoirs d’aide européenne en 1821 : des sanctions ridicules adoptées à contrecœur au terme d’interminables mois de tergiversations. Parce que les gouvernants hongrois se voient en descendants des Huns et fantasment leur origine commune avec les Turcs (la Hongrie est observateur depuis 2018 du Conseil turcique regroupant les États turcophones) autant qu’ils apprécient le despotisme d’Erdogan. Malte craint de ne plus pouvoir vendre ses passeports dorés aux mafieux turcs. Madrid redoute l’effondrement de son système bancaire gavé de dette turque à hauteur d’au moins 64 milliards de dollars[5]. Et Rome tremble de déplaire à Berlin.

Quant à l’Allemagne, elle est, comme la Turquie, un Empire frustré de ne plus l’être. Et ces deux frustrations sont depuis longtemps alliées. Le militariste Guillaume II était au côté du despotique et panislamiste sultan Abdülhamid II dans sa guerre contre la Grèce en 1897. Durant la première guerre mondiale, ses officiers encadraient l’armée des jeunes-turcs et furent complices du génocide arménien, puis des génocides, organisés sur le même schéma, des Grecs de la mer Noire (Pontiques) et des chrétiens assyro-chaldéens. Malgré une neutralité turque en trompe-l’œil, le raciste Hitler, pour lequel le génocide arménien est une référence inspirante, ne pourrait continuer la guerre après 1942 sans les livraisons de chrome turc à son industrie. Et le président turc Inönü permet aux navires allemands de passer par le Bosphore et les Dardanelles pour ravitailler la Wehrmacht en URSS alors qu’il en interdit le passage aux Anglo-Américains. La mercantiliste Merkel, qui a durablement étouffé l’économie de la Grèce et se moque de ses intérêts vitaux, veille jalousement sur l’excédent commercial de 2,5 milliards d’euros que l’Allemagne tire de ses échanges avec la Turquie et ira jusqu’à vendre à l’islamo-impérialiste Erdogan des sous-marins susceptibles de faire basculer l’équilibre stratégique en Egée. D’autant qu’Erdogan contrôle une large majorité des binationaux qui votent aux élections allemandes.

Comment, dès lors, continuer à invoquer une solidarité européenne aussi inexistante qu’en 1821 ? Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias, le meilleur que la Grèce ait eu depuis très longtemps, a bien raison de mener une diplomatie à la fois intransigeante et réaliste. Fondée sur des alliances régionales destinées à contenir l’impérialisme turc, cette politique exploite intelligemment l’exaspération croissante des États-Unis vis-à-vis d’un régime turc de plus en plus imprévisible parce qu’englué dans des difficultés intérieures de plus en plus grandes. Elle semble également s’appuyer sur une communauté d’intérêts avec la France – avec la France en tant que nation, non en tant que membre de l’UE. Car la Grèce a paradoxalement plus à attendre aujourd’hui du Caire, d’Abu Dhabi, de Delhi, de Tel-Aviv, de Washington ou – je l’espère – de Paris, que d’une Union européenne au service exclusif des intérêts de Berlin.

[1] Mémoires, documents, et écrits divers laissés par le prince de Metternich, publiés par son fils le prince Richard de Metternich, deuxième partie, L’Ère de la paix (1816-1848), tome III, Plon, Paris, 1881, p. 565 sq.

[2] « Souvenirs du Congrès de Laybach », 6 mai 1821, idem., p. 465.

[3]Le capitaine de frégate Jourdain.

[4] Op. cit., p. 282.

[5] Soit presque autant que la France (24 milliards), l’Italie (21 milliards), le Royaume-Uni (13 milliards) et l’Allemagne (9 milliards) réunis.

Source https://frontpopulaire.fr/o/Content/co370183/l-union-europeenne-et-le-spectre-de-la-sainte-alliance

Pour un véritable service public de l’énergie

Consensus politique et syndical pour que EDF soit un service 100% public

La mobilisation ne faiblit pas contre « Hercule », le projet de démantèlement d’EDF. Alors qu’une nouvelle action des agents EDF est prévue ce 28 janvier, un collectif national « Pour un véritable service public de l’énergie ! » a vu le jour en début de semaine.

Une fois n’est pas coutume, le sujet fait consensus au niveau syndical, et en partie dans le paysage politique. Réunissant des partis politiques, associations et syndicats, un collectif national « Pour un véritable service public de l’énergie ! » appelle au retrait du projet Hercule, porté par le gouvernement. Ce projet prévoit de scinder EDF en plusieurs entités, pour en livrer une partie au secteur privé. « Le projet Hercule s’inscrit dans une logique strictement financière, dénonce le collectif. L’avenir énergétique du pays étant intimement lié à celui d’EDF, il nous paraît indispensable que son avenir et sa mobilisation au service des enjeux énergétiques et climatiques fassent l’objet d’un véritable débat social et démocratique avec l’ensemble des citoyens. » Le collectif réclame l’arrêt du projet et un véritable débat public sur le secteur de l’énergie.

Des élu.es de droite et de gauche engagé.es pour le service public de l’énergie

La création de ce collectif fait suite à plusieurs mois (et même années) de mobilisations – des agents EDF notamment – pour tenter d’enrayer la destruction du service public de l’énergie, déjà mis à mal par la transformation de EDF en société anonyme en 2004. Le 19 janvier dernier, la grève – la quatrième depuis fin novembre – a de nouveau été très suivie par les agents. Le mot d’ordre, unanime, de l’intersyndicale réunissant CGT, CFDT, CGC et FO était la demande de retrait du projet Hercule. En soutien à cette mobilisation, l’intersyndicale d’EDF-hydro (CGT, CFDT, CGC, FO, SUD), secteur qui s’occupe des barrages, et du secteur recherche et développement ont organisé une action d’éducation populaire en distribuant gratuitement 2000 DVD du documentaire « Barrages, l’eau sous haute tension » consacré au secteur hydroélectrique, et réalisé par Nicolas Ubelmann.

Destinataires de ce cadeau intersyndical : les parlementaires (de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement européen), les élus des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie, et les 650 agents de la division technique générale d’EDF [1]. Objectif : une diffusion massive, et l’espoir qu’un maximum de citoyens se saisissent de cette question. « Le destin des barrage hydroélectriques est un des aspects essentiels des débats qui entourent le projet Hercule, qui organiserait un démantèlement d’EDF et provoque de légitimes inquiétudes, notamment des salariés », estime la députée Delphine Batho qui a soutenu cette action avec six de ses collègues, de gauche et de droite [2].

À même d’être enclenchée et stoppée de manière instantanée, la production hydroélectrique joue un rôle fondamental dans l’équilibre du système électrique français. Elle permet d’accompagner les variations quotidiennes et saisonnières de la demande en électricité. « Les barrages électriques jouent un rôle majeur sur nos territoires, en matière d’irrigation agricole, de fourniture d’eau potable et de soutien à l’étiage, estime la députée Jeanine Dubié (PRG). Ils sont également essentiels dans la gestion des crues et dans la fourniture de source froide aux installations nucléaires. » Financés par l’argent public, déjà amortis, et pour l’essentiel rentables, ces ouvrages « appartiennent au patrimoine commun, ajoute Julien Aubert (LR). Laisser ce secteur à des concessionnaires privés est inopportun », juge l’élu.

Ce n’est pas la première fois que des parlementaires se mobilisent pour voler au secours des barrages français, menacés d’être entièrement privatisés depuis au moins dix ans, sous les pressions de la Commission européenne. En avril 2019, emmenés par le député PCF Hubert Wulfranc, 107 d’entre eux (issus de LR, de l’UDI, d’EELV, communistes, centristes, et deux LREM) avaient signé un projet de résolution pressant le gouvernement de ne pas céder sur cette question. « Autant de soutiens de toutes les couleurs doit nous donner l’espoir d’une victoire contre le démantèlement annoncé de notre service public de l’électricité, et nous faire rêver d’un beau service 100 % public de l’énergie, dont la France a besoin, tant socialement qu’écologiquement », s’est réjoui Philippe André, porte-parole de Sud énergie pour les barrages et secrétaire adjoint du comité social et économique (CSE) de la division technique générale d’EDF.

Nolwenn Weiler

Notes

[1La Division technique générale (DTG) créée en 1946, forte de plus de 600 agents, est une unité d’ingénierie du groupe EDF qui travaille en appui aux exploitants d’ouvrages de production d’électricité, hydraulique, nucléaire, thermique, en France et dans le monde. Au-delà de l’appui opérationnel, la DTG contribue aux enjeux majeurs de l’exploitation : sûreté, productivité et environnement en mettant à disposition des exploitants une expertise dans le diagnostic, la prévision et le contrôle de phénomènes impactant les ouvrages de production électrique.

[2Outre Delphine Batho, Julien Aubert (LR), Marie-Noëlle Battistel et Patrick Kanner (PS), Guillaume Gontard et Yannick Jadot (EELV), Jeanine Dubié (PRG), Hubert Wulfranc (PCF), Loïc Prud’Homme, Manon Aubry et Manuel Bompard( LFI) ont exprimé leur soutien, et encouragé leurs collègues à visionner ce documentaire, et parler du sujet autour d’eux.

Source https://www.bastamag.net/Consensus-politique-et-syndical-pour-que-EDF-soit-un-service-100-public

Interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes

La police grecque interdit les rassemblements publics de plus de 100 personnes jusqu’au 1er février
Greek Police bans public gatherings of over 100 persons until Feb 1

D’un coup et sans avertissement, le chef de la police grecque a interdit les grands rassemblements publics de plus de 100 personnes à partir de 6 heures du matin mardi et pendant 6 jours, jusqu’au 1er février 2021, « au moins ». Le chef de la police Michalis Karamalakis affirme que la décision découle d’une « suggestion du comité des experts de la santé »,ce que ce dernier nie.

Selon l’annonce du chef de la police Michalis Karamalakis, l’interdiction vise à décourager les rassemblements comme les grandes fêtes et les rassemblements de protestation qui ont le potentiel de devenir des événements de grande envergure.

« des raisons urgentes d’intérêt public concernant la protection de la santé publique et la prise de mesures exceptionnelles pour faire face au risque grave de propagation du coronavirus COVID-19, »
Les violations de l’interdiction sont passibles d’une amende de 5 000 euros pour les entreprises ou organisations responsables de l’organisation ou de la convocation d’un tel rassemblement, de 3 000 euros pour les organisateurs individuels et de 300 euros pour chaque participant.
S’adressant à la télévision SKAI TV mardi matin, le professeur de microbiologie du département de politique de santé publique de l’université de l’Attique occidental et membre du comité des maladies infectieuses, Alkiviadis Vatopoulos, a déclaré qu’il n’y avait pas eu de proposition en ce sens de la part du comité.
« C’est la première fois que j’entends cela de votre part », a déclaré M. Vatopoulos aux journalistes qui l’ont interrogé sur la suggestion de la commission.
L’interdiction intervient alors que la majorité des activités commerciales sont à nouveau en activité depuis la semaine dernière, que l’ouverture des écoles secondaires est prévue pour le 1er février et que le nombre d’infections quotidiennes et d’intubations a diminué.
Ce doit être une pure coïncidence si l’interdiction est imposée avant un rassemblement de protestation d’étudiants qui réclament la réouverture des universités et le retrait des « corps de police spéciaux » dans les établissements d’enseignement supérieur. Le rassemblement est prévu pour le jeudi 28 janvier.
Des sources policières auraient déclaré que l’interdiction n’affecte pas les rassemblements de citoyens dans les rues commerciales et devant les magasins.
Des éclaircissements du côté du gouvernement sont nécessaires de toute urgence, notamment en ce qui concerne les raisons pour lesquelles une telle interdiction a été imposée et si elle ne touche que les manifestants mais pas les consommateurs.
Jusqu’à présent, le gouvernement affirme que l’interdiction est en fait un « assouplissement des restrictions ».
Le vice-ministre de la protection des citoyens, Lefteris Oikonomou, a déclaré aux médias que « l’interdiction est en fait un assouplissement des restrictions puisque jusqu’à présent les rassemblements de plus de 9 personnes étaient interdits ».
En ce sens, jusqu’à 99 personnes peuvent désormais se rassembler sur des places, ce qui était interdit jusqu’à présent en vertu des restrictions de confinement !
Interrogé sur le fait de savoir si l’interdiction a été imposée en raison du rassemblement de protestation prévu pour l’éducation, Oikonomou a déclaré « nous devrions cesser de voir des fantômes dans ce pays ».
Les médias de l’opposition parlent d’une « violation flagrante des droits de l’homme sans aucune explication du gouvernement et sans aucune raison valable ».
Le professeur d’épidémiologie Athina Linou a commenté que la décision d’interdiction a été prise dans la panique ».
Le premier parti d’opposition à réagir est le KKE communiste qui demande au gouvernement de retirer l’interdiction.
Le fait est qu’il n’y a aucune logique derrière une telle interdiction – ou mieux encore : « interdiction de détente » pendant 6 jours ? – car il n’y a aucune logique pour le couvre-feu de nuit de 21h à 5h du matin, alors que des milliers de Grecs sont dehors et dans les rues pendant la journée.

« Je ne me demande pas si, au final, les mesures gouvernementales erratiques (voir le code QR) se retourneront contre nous et contribueront à créer un mouvement anti-mesures ». – Ce n’est pas moi qui dis ça, c’est le chat !

Réforme des universités : sélection sociale, marchandisation, répression

Soutien à la mobilisation en Grèce contre le projet d’universités du fric et des flics !

A. Sartzekis

À classer dans les plus sinistres scènes d’anthologie : à la mi-janvier, le projet de « réforme » de l’université a été présenté en commun par la très réactionnaire ministre de l’Éducation et des Cultes, Niki Kerameos, et parle ministre de la police (officiellement de la « Protection du citoyen »), Michalis Chryssochoïdis ! La raison a de quoi glacer d’horreur : la prétendue réforme est axée sur la sélection sociale, la marchandisation accélérée de l’éducation et la répression ouverte et revendiquée.

Ce projet peut se résumer en quatre axes, dont deux ouvertement répressifs. Ce qui est à la base, c’est l’application des divers textes européens en matière d’éducation, l’aggravation de la sélection et l’ouverture à la concurrence, jusque là mieux écartée en Grèce que dans d’autres pays pour l’enseignement supérieur.

Casse de l’université et cadeaux aux patrons des boites privées

La sélection se fera de deux manières : durcissement des conditions d’admission en fac, ce qui écarterait peut être 20 000 étudiantEs, et exclusion (pour l’instant inconstitutionnelle) de ceux que la presse bourgeoise nomme depuis longtemps les « étudiants éternels »avec tout le mépris de classe pour des jeunes qui, comme en France, travaillent pour payer leurs études, ce qui fait qu’environ 40% dépassent les six ans qui seraient autorisés pour le diplôme de base. On voit le carnage qui se prépare.

TouTEs ces jeunes qui seraient exclus d’entrée ou de maintien en fac, que deviendraient-ils ? C’est là que la ministre boutiquière voulait en arriver, après avoir préparé le terrain par divers textes visant à offrir l’éducation aux appétits du patronat. La « solution » pour les excluEs qui voudraient faire ou continuer des études, ce serait pour les plus riches, les « collèges », cestà-dire les boîtes privées et souvent très coûteuses (mais de piètre qualité, en comparaison des études universitaires) qui, n’ayant pas le droit de délivrer des licences, s’allient à des facs étrangères pour préparer en Grèce des diplômes « attestés » par les facs en question. La ministre a réussi à faire admettre l’équivalence professionnelle de ces attestations avec les vrais diplômes universitaires. Et pour les autres, ce serait des boîtes professionnelles privées (IEK), pour des formations courtes (mais payantes !), et c’est là un objectif de masse dont ne se cache même pas Kerameos. Pour couronner le tout, on peut penser que si ce plan diabolique s’appliquait, une étape suivante serait de faire payer les années de licence à l’université, ces études étant sans droit d’inscription jusqu’à aujourd’hui. C’est donc l’ensemble d’un système universitaire jusqu’ici moins sélectif qu’en France et que les mobilisations étudiantes ont réussi à préserver contre de multiples attaques que la ministre veut casser.

Une université policée

Pour imposer un tel recul au droit aux études pour toutes et tous, Kerameos a introduit dans son plan deux axes répressifs qui lui vaudront sûrement les félicitations de dictateurs de la planète : une interdiction de fait des activités de contestation, avec établissement d’un conseil de discipline qui pourra valoir à des colleurs d’affiches ou intervenantEs au mégaphone un renvoi de la fac ! Et le clou : création d’un corps de police universitaire, dépendant directement du ministère de l’Intérieur, qui sera amené à faire régner la devise du Darmanin grec (« loi et ordre »)Cette innovation — que la ministre ose justifier en prétendant frauduleusement que c’est comme ça en France — se traduira par un corps de 1000 policiers équipés de menottes, armes d’autodéfense, un armement plus lourd étant aussi à leur disposition dans un local qui leur sera fourni dans chaque fac ! Bien sûr, il fallait pour oser une telle provocation mener une campagne médiatique sur le thème « mettre fin à la violence et à lillégalité », visant clairement la gauche étudiante. Rappelons aussi que cette mesure est la suite logiquement policière de l’abrogation par la droite extrême de Mitsotakis de l’asile universitaire, promesse électorale aux électeurs d’Aube dorée…

Les premières réactions ont été immédiates, avec bien sûr une condamnation très forte des mesures répressives. De nombreuses protestations se sont fait entendre, pendant que la presse aux ordres se déchainait, justifiant le climat de terreur que la mal nommée Nouvelle Démocratie (ND) tente de faire régner. Des pétitions ont vite été signées par des milliers de personnes, avec en retour des menaces de mort, et des messages de haine venus de chefaillons de l’extrême droite nationaliste. La Conférence des présidents d’université, très timide devant la ministre, a quand même protesté devant les projets de sélection qui aboutiront à coup sûr à fermer des sections universitaires et de petites unités de facs établies dans des villes moyennes. De nombreux conseils d’université condamnent la création d’une police universitaire, indiquant que son existence ne peut que créer de dangereuses tensions, et insistent sur le scandale financier que cela représente, à l’heure où les facs manquent d’argent et de locaux. Même des syndicats de policiers sont contre cette violente élucubration. Des contre-propositions ont été faites ici ou là pour la protection des lieux universitaires, avec souvent un fort caractère réformiste, mais toutes visent à montrer le caractère extrémiste d’un corps de police universitaire. Élément politique qui confirme la grogne d’une partie de la droite contre la ligne « orbanienne » de Mitsotakis et ses ministres d’extrême droite, des cadres de la ND, comme l’ancien ministre de l’Éducation Aris Spiliotopoulos, ont protesté contre l’incohérente mesure policière, soulignant que l’urgence est de renforcer l’université en chercheurEs et enseignantEs. De son côté, Syriza condamne les cadeaux faits aux propriétaires de boites privées, et le KKE (PC grec) affirme comme la gauche anticapitaliste que la loi ne s’appliquera jamais sur le terrain.

Mobilisation massive en plein confinement

Mais l’élément principal de la riposte, c’est une mobilisation universitaire qui grossit de semaine en semaine. La semaine dernière, Chryssochoïdis pouvait encore ricaner sur le fait que ses flics avaient réussi à empêcher les étudiantEs mobilisés dans le centre d’Athènes de manifester. Mais suite à une série de rassemblements locaux, la journée du jeudi 21 janvier a été une étape très importante : partout dans le pays, des manifs ont eu lieu, pour exiger le retrait du projet dans tous ses aspects, de sélection sociale, de cadeaux au privé et de répression. À Athènes, la police a été incapable d’empêcher une vraie belle manif de plusieurs milliers d’étudiantEs, de profs, soutenue par les syndicats enseignants, ADEDY (Fédération syndicale du Public), des syndicats d’entreprise. Le succès, marqué par des violences policières à Salonique, est très important et très encourageant : ces derniers mois, il a été quasiment impossible de tenir des manifs, le pouvoir les interdisant au nom du fallacieux prétexte des risques de contamination et réprimant la moindre tentative d’aller au-delà du rassemblement statiqueet confiné par des hordes de policiers ! Néanmoins, toutes ces tentatives ont permis au mouvement social de garder confiance et l’écho de la manif de jeudi, même s’il reste à confirmer lors des initiatives prévues pour les jours à venir, est très important pour toute la jeunesse et le mouvement ouvrier. Cela dit, l’extension du mouvement dépendra aussi de sa capacité à dépasser les réflexes sectaires traditionnels, et rien n’est joué sur ce terrain-là…

Tout le monde semble avoir bien compris que ce qui est en jeu avec le projet de loi Kerameos- Chryssochoïdis, c’est, face à une « dure offensive idéologique contre la jeunesse qui revendique le renforcement de l’éducation publique et gratuite » (Prin, journal de NAR, principal groupe anticapitaliste), le droit aux études pour toutes et tous, contre l’université du marché, du profit, de la pensée unique et obscurantiste ! Ce pouvoir ultra-libéral croit pouvoir profiter du confinement pour passer (en rafales) des mesures rappelant de sombres périodes : Chryssochoïdis voudrait maintenant imposer un cadre de manifs contrôlées et nassées « à la française »Face à cette sinistre politique de contrôle de la rue et de la pensée, la mobilisation de la jeunesse et du mouvement ouvrier doit être massive et unitaire !

À Athènes

Source https://lanticapitaliste.org/actualite/international/soutien-la-mobilisation-en-grece-contre-le-projet-duniversites-du-fric-et

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