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L’urgence d’une mobilisation reconductible et unitaire en Grèce

A. Sartzekis

Même si cette année les manifestations du 1er Mai ont vu défiler pas mal de monde, le cadre général reste le même, celui de la division. Il y a pourtant urgence à une mobilisation massive et unitaire contre le gouvernement.

À Athènes, trois rassemblements différents ont eu lieu : celui du KKE (PC grec) et de sa fraction syndicale PAME (quelques milliers, et le secrétaire du KKE rappelant que seul le KKE défend les travailleurEs), celui de GSEE-ADEDY (confédération unique du privé et Fédération nationale du public, avec peu de monde), et celui des syndicats de base et de la gauche anticapitaliste, (plusieurs milliers également, avec des slogans pour « la paix » et contre l’Otan)… Aucune perspective unitaire à l’ordre du jour malheureusement, alors que la colère populaire, perceptible même dans les sondages qui affolent la droite, gronde contre la politique de Mitsotakis et de ses ministres d’extrême droite, dont celui de la Santé (fils d’un idéologue nazi en Grèce) qui vient de présenter un plan de privatisation de l’hôpital, qui se traduirait bien sûr par la suppression des soins gratuits…

Ultra-libéralisme, entre Pinochet et Orban

La volonté de tout privatiser est désormais claire aux yeux d’une grande partie de la population, avec comme exemple le coût de l’électricité : prétextant les effets de la guerre en Ukraine, le gouvernement a laissé filer les coûts pour les usagerEs, avec des factures astronomiques, se traduisant par 5 000 coupures par semaine pour les familles. Or, c’est depuis la fin de l’été que sont dénoncées ces hausses importantes, et ce qui est en cause, c’est le sale jeu des cartels contrôlant le gaz naturel, ainsi que les rémunérations des dirigeants (360 000 euros annuels + actions pour le directeur de DEI, la principale société).

Après avoir dénoncé la gauche et face aux procès collectifs engagés, Mitsotakis a dû prendre en urgence des mesures (en plus de l’augmentation bien insuffisante du SMIC) pour tenter de calmer la colère, dont des remboursements très partiels depuis décembre… Autres aspects de la ligne économique ultralibérale : cadeaux aux sociétés privées pour installer des centaines de méga-éoliennes sur les îles malgré l’opposition de la population (et quelques victoires, comme à Andros), projet de privatiser la distribution de l’eau, sans oublier le népotisme de plus en plus visible (placements des enfants de la droite et des copains-coquins…). Et bien sûr, cette politique s’accompagne d’une répression incessante (mobilisations étudiantes à Salonique contre l’installation d’une police universitaire), pressions sur la justice (malgré les mobilisations massives pour un procès équitable, les policiers impliqués dans l’assassinat d’un militant LGBTI ont été relaxés). Et de manière générale, les attaques contre les droits sont de plus en plus fortes : attaques diverses contre les réfugiéEs, avec repoussement illégal de ceux-ci arrivant en Grèce, avec entre autres une situation terrible sur un ilot du fleuve Evros entre Grèce et Turquie, obstacles à la scolarisation… Ne voulant laisser s’exprimer que la presse paillasson soutenant ridiculement le pouvoir, Mitsotakis se déchaine contre la presse libre, à tel point que pour la liberté de la presse, la Grèce vient d’être classée dernière des pays de l’UE par Reporters sans frontières, en recul de 38 places…

Combativité et appel à l’unité

Un signe d’espoir pour des mobilisations unitaires a été émis le 1er Mai : lors d’une grande manifestation de soutien aux travailleurEs du port du Pirée contre leur employeur chinois Cosco, un ouvrier victime d’un des nombreux accidents du travail sur les quais a lancé un appel depuis sa chambre d’hôpital (« Camarades, soyons unis contre les accidents du travail ») et insisté : « Sans toi, la machine ne tourne pas », repris en slogan sur le port accompagné de « Ouvrier, tu n’as pas besoin de patron ! » Une combativité et un appel à l’unité qui ne demandent qu’à être développés… en passant par-dessus les bureaucraties diverses et les réflexes sectaires.

Source https://lanticapitaliste.org/actualite/international/lurgence-dune-mobilisation-reconductible-et-unitaire-en-grece

Le convoi le plus long Épisode 2 à 5

Voici la suite du compte-rendu en photos du convoi solidaire en Grèce de janvier à mai 2022. Le convoi le plus long ! Un grand moment de solidarité internationale et de convergence de luttes contre l’adversité et la résignation.

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Rappel Episode 1 : POURQUOI UN CONVOI DE JANVIER À MAI ? (préparation du convoi, anecdotes et voyage en quatre phases)  http://blogyy.net/2022/05/09/le-convoi-le-plus-long/
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Épisode 2 : AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE 
Depuis toutes ces années, notre convoi a pour but de soutenir politiquement et matériellement la résistance (sociale, environnementale…), mais aussi les initiatives solidaires qui mettent en œuvre l’autogestion et la démocratie directe dans l’entraide avec les personnes précaires grecques et exilées. L’un des plus beaux exemples depuis 2015 est sans doute le Notara 26, un grand squat de réfugiés et migrants très connu à Athènes, qui tient bon dans le quartier d’Exarcheia.
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Épisode 3 : L’ART ET LES TATOUAGES EN SOUTIEN DES LUTTES 

À chaque convoi, collecter des choses et rassembler des anciens convoyeurs et des nouveaux-venus n’est pas suffisant. Il faut aussi de l’argent. D’une part, parce que certains lieux et collectifs ont spécifiquement besoin de ça, beaucoup plus que de certaines choses (par exemple pour les frais de Justice). D’autre part, parce qu’avec 16 fourgons on ne peut transporter qu’une quinzaine de tonnes de matériel et fournitures, alors qu’amener de l’argent permet d’acheter sur place et de choisir précisément ce qui manque en comparant la cargaison apportée et la liste des besoins établie précédemment.

Lire la suite et voir les photos http://blogyy.net/2022/05/12/lart-et-les-tatouages-en-soutien-des-luttes/

.Épisode 4 : UN SOUTIEN MÉDICAL ET SANITAIRE COMPÉTENT

L’un des domaines dans lesquels le mouvement social grec est très actif depuis dix ans, c’est celui de la santé. La sécurité sociale grecque a été ravagée, surtout à partir de 2012, et cela frappe en particulier les plus vulnérables et les plus précaires, grecs et migrants. Des structures autogérées de santé ont vu le jour au fil des années, comme celle d’Exarcheia qui se trouve juste à côté du K*Vox, à l’angle de la place centrale du quartier

Lire la suite et voir les photos . http://blogyy.net/2022/05/13/un-soutien-medical-et-sanitaire-competent/.

Épisode 5 : LE CŒUR D’EXARCHIA BAT ENCORE !

Comme tous les convois jusqu’ici, nous sommes encore intervenus à plusieurs endroits en Grèce : de Patras à Athènes et de Thessalonique à la Crète… (à découvrir dans les prochains épisodes). Mais il est clair que, depuis toujours, le cœur de notre action se situe au centre d’Athènes, à Exarcheia, un quartier libertaire, antifasciste et autogestionnaire, en lien étroit avec de nombreuses luttes internationales.

Lire la suite et voir les photos http://blogyy.net/2022/05/16/le-coeur-dexarcheia-bat-encore Lire la suite et voir les photos

Justice pour Zak

Justice4Zak : Deux hommes condamnés à 10 ans chacun pour le meurtre de Zak Kostopoulos

May 3, 2022
Le propriétaire d’une bijouterie et d’un bureau immobilier ont été reconnus coupables d’avoir causé des lésions corporelles mortelles dans le meurtre du militant des droits des homosexuels Zak Kostopoulos, 33 ans, dans le centre-ville d’Athènes le 21 septembre 2018.

Les deux hommes ont été condamnés à 10 ans de prison chacun, sans possibilité de libération conditionnelle.

L’agent immobilier de 59 ans a été conduit en prison, alors que le procureur avait proposé que le propriétaire de la bijouterie de 77 ans passe sa peine à la maison en raison de son âge.

Le procureur a également proposé qu’aucune atténuation ne soit accordée aux deux condamnés. Lors de son discours, il a déclaré que le bijoutier et le courtier n’ont pas montré de remords dans leurs témoignages, mais qu’au contraire, ils semblaient ne pas avoir réalisé la valeur criminelle de leur acte.

Par ailleurs, la cour d’appel à jury mixte d’Athènes a estimé que les quatre policiers inculpés pour leur implication dans l’affaire ont été déclarés innocents par une décision partagée.

Une vidéo réalisée à partir d’un téléphone portable et de caméras de sécurité le 18 septembre montre les deux condamnés en train de battre Zak Kostopoulos, qui a brisé la vitrine de la bijouterie pour échapper à l’agression et est tombé sur le trottoir où il a été frappé à plusieurs reprises.

Plusieurs policiers se sont précipités sur les lieux et les images montrent quatre d’entre eux en train de frapper Zak Kostopoulos, gravement blessé et très probablement mourant.

Zak est probablement mort dans l’ambulance sur le chemin de l’hôpital.

Les premiers reportages sur l’incident ont affirmé que Zak Kostopoulos était un toxicomane qui était entré dans la bijouterie pour voler, mais la vérité a vite été révélée : la victime était le célèbre militant LGBT.

L’agitation a régné dans la salle d’audience ainsi qu’à l’extérieur du bâtiment où les gens s’étaient rassemblés après que la décision ait été rendue publique.

Beaucoup ont décrié le verdict, notamment la famille de Kostopoulos et Magda Fyssa, la mère du rappeur assassiné Pavlos Fyssas.

Lorsque la foule a crié « Meurtriers ! » et d’autres slogans, le président du tribunal aurait vidé la salle, menaçant de faire arrêter quiconque ne s’exécuterait pas pour trouble à l’ordre public.

Le père de Kostopoulos a commenté le verdict : « Cet état de droit est une blague ».

La grand-mère des victimes a déclaré « Ayez pitié ! Nous nous attendions à quelque chose de mieux ».

La famille et les supporters espéraient que les deux hommes soient reconnus coupables d’homicide.

Source www.keeptalkinggreece.com/2022/05/03/justice4zak-two-men-sentenced-to-10-years-each-for-the-killing-of-zak-kostopoulos/

Sur notre site rappel de l’affaire :

https://www.grece-austerite.ovh/a-la-memoire-de-zak-kostopoulos/

Le convoi le plus long !

par Yannis Youlountas · Publié

À l’attention de tous nos soutiens, quelle que soit la forme, voici le compte-rendu en photos du convoi solidaire en Grèce de janvier à mai 2022. Un grand moment de solidarité internationale et de convergence de luttes contre l’adversité et la résignation.

« LE CONVOI LE PLUS LONG ! »

Aujourd’hui : 1er épisode (sur 11) – POURQUOI UN CONVOI DE JANVIER À MAI ?

(préparation du convoi, anecdotes et voyage en quatre phases)

À suivre dans les prochains jours :

2- AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE

3- L’ART ET LES TATOUAGES EN SOUTIEN DES LUTTES

4- UN SOUTIEN MÉDICAL ET SANITAIRE COMPÉTENT

5- LE CŒUR D’EXARCHEIA BAT ENCORE

6- DES ACTIONS UN PEU PARTOUT EN GRÈCE

7- DES LUTTES ENVIRONNEMENTALES À LA CROISÉE DES CHEMINS

8- SOUTENIR LES PAYSANS EN LUTTE TOUT EN NOURRISSANT LES PRÉCAIRES

9- LA CUISINE SOLIDAIRE DE CHANIA ET LE NOUVEAU RÉSEAU SODAA EN ATTIQUE

10- UN CONVOI EN GRÈCE, C’EST AUSSI DU BRICOLAGE ET DES TRAVAUX DANS LES LIEUX

11- LA CAUSE DES ENFANTS : PÉDAGOGIE FREINET, BIBLIOTHÈQUES SOCIALES, JEUX, COURS DE LANGUES GRATUITS…

Ce convoi fut le plus long de ces dernières années : de janvier à mai, aux côtés des principaux collectifs de lutte et de solidarité en Grèce. Pourquoi ?

Tout d’abord, les contraintes sont beaucoup plus dures qu’avant et nous conduisent à être un peu plus discrets. Nous évitons de voyager en trop grand nombre à la fois, nous ne circulons plus en longues colonnes de fourgons et nous ne sortons nos drapeaux (divers, à l’image de notre diversité) qu’à de rares occasions. Aux contraintes frontalières liées à la pandémie durant l’hiver s’ajoute la répression accrue depuis le retour de la droite au pouvoir. Certains d’entre nous en ont fait les frais ces derniers mois : intimidations, interpellations, gardes-à-vue, violences… Le régime de Mitsotakis est vraiment le pire de ces dernières années à l’égard du mouvement social en Grèce comme à l’égard des précaires grecs et exilés. Idem pour les solidaires venus d’ailleurs.

Plusieurs parmi nous ont également des soucis réguliers avec des organisations fascistes en France comme en Grèce (menaces, embuscades…). Entre les deux, la traversée de l’Italie s’avère de plus en plus compliquée et les contrôles se multiplient, accompagnés de commentaires parfois racistes et suspicieux. En Grèce, nous sommes dans le collimateur en tant que soutien principal du mouvement social au fil des années. Lors d’un précédent convoi, nous faisions la couverture de plusieurs journaux de l’extrême-droite grecque en tant qu’ennemis à stopper. Une autre fois, notre colonne de fourgons un peu trop visible avait été stoppée par une énorme opération de police juste avant d’arriver à Athènes, mais avait pu finalement repartir et livrer les lieux et collectifs qui nous attendaient avec impatience. Sans oublier les médias grecs qui prétendent encore que nous transportons des kalachnikovs, y compris au journal télévisé ! Pfff !

À cela s’ajoutent des disponibilités compliquées pour beaucoup d’entre nous : certains ne sont pas disponibles ces temps-ci (santé, boulot, soucis financiers…) et d’autres ne peuvent pas venir tous en même temps. D’où un convoi réparti en 4 phases : en janvier, février-mars, début avril, puis début mai, avec 4 groupes différents.

Ce convoi a également été plus long que les précédents parce que nous avons effectué beaucoup de travaux dans plusieurs lieux : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie… Nous sommes souvent restés plus longtemps qu’à l’habitude, en particulier à Athènes et en Crète, pour des actions en profondeur.

Au total, 16 fourgons et 33 personnes ont fait le voyage durant ces quatre mois. Sans compter les centaines de personnes qui nous ont aidé à préparer, qui ont soutenu le projet ou qui nous ont au moins aidé à partager l’appel.

Nous ne faisons jamais de plan com dans les médias du pouvoir. Notre démarche est totalement indépendante, de mouvement social à mouvement social, en convergence de luttes, sans subvention de l’État ni d’aucune entreprise en recherche de publicité (social-washing, green-washing). Nous avons refusé un partenariat avec une chaîne de télé pour un reportage qui serait passé en deuxième partie de soirée. Comme nos camarades et compagnons en Grèce : nous sommes résolument irrécupérables, loin des paillettes et du spectacle abrutissant.

Dans des dizaines de villes, des camarades et compagnons de luttes ont collecté toutes sortes de choses utiles. Cette année, la palme va sans doute à Port-Saint-Louis, près de Marseille, où les cartons se sont multipliés, parfois avec le soutien des élèves du secteur. Dans le Sud-Ouest aussi, la collecte a été bonne et l’acheminement vers Martigues a parfois été compliqué. Tout a été vérifié, trié, recompté (jusqu’aux pièces des puzzles pour ne pas décevoir les enfants à l’arrivée).

Pour la petite histoire, on a écarté un jeu de cartes du MEDEF, des jouets McDonalds, des manuels « pour la parfaite femme au foyer » (sic) et, après une discussion drolissime, une horloge à l’effigie de Johnny Halliday. Pas mal de proches sont venus nous aider à mobiliser, comme Pia Klemp à Martigues, et bien d’autres dans plusieurs lieux de collectes, de Montreuil à Toulouse et de Montpellier à Grenoble.

Parmi les convoyeurs, comme à chaque fois, se mélangeaient des nouveaux et des anciens pour lesquels c’était le troisième ou le quatrième convoi. Sans oublier plusieurs nouveaux partants qui nous avaient déjà aidé à préparer une dizaine de convois sans jamais partir jusqu’ici ! L’occasion pour eux d’aller enfin voir de l’autre côté et rencontrer nos collectifs sur place.

La troisième phase du convoi, début avril, a été dédiée à notre ami José Bengala, décédé le 8 mars dernier. José avait participé à trois de nos voyages et nous avait rejoint pour la dernière fois à Athènes durant le procès de Giorgos et Nikos en novembre. Conformément à ses dernières volontés, José était revêtu de son tee-shirt en soutien à Exarcheia lors de son incinération. Nos camarades grecs lui ont également rendu hommage et nous avons trinqué à sa mémoire.

À chaque départ, il est également important de former et d’informer au plus vite les nouveaux venus à la montagne de tâches qui nous attend. Car on ne fait pas que livrer une cargaison : on fait beaucoup d’autres choses : politiquement, matériellement, physiquement, y compris du bricolage et des travaux pour celles et ceux qui le souhaitent. En vu de cela, on s’entraide. Des anciens viennent conseiller, aider durant la préparation et parfois accueillir quelques idées nouvelles. Tout ce beau monde est hébergé localement, le plus souvent à Martigues et aux alentours, grâce au soutien de nombreux habitants qui se font un plaisir de proposer une chambre et un repas du soir à nos convoyeurs de passage, avant chaque départ.

Nous parlons du voyage, mais pas trop : nous avons décidé, comme à l’habitude, de ne pas raconter tous nos plans de route, même à nos soutiens. Inutile de risquer la circulation de rumeurs. On cloisonne l’info pour la sécurité de tous et du chargement. On classe puis on récupère les cartons dans des espaces de rangement principalement situés dans le Tarn et les Bouches-du-Rhône, grâce à des camarades qui ont de grands garages ou des pièces disponibles pour stocker. On règle aussi quelques soucis mécaniques, avec l’aide de camarades connaisseurs comme Charlie du garage solidaire du Var qui est parti avec nous en convoi il y a trois ans.

Puis, on part, par vagues successives et on se tient au courant sur la route… Les conducteurs et conductrices se relaient. Après les tunnels et les viaducs de la côte, la plaine du Pô est interminable… It’s a long way to Ancona ! On traverse même le fleuve Rubicon en Italie, avec une petite pensée pour nos camarades de Rouvikonas, avant de monter dans le ferry Ancona-Patras.

22 heures de traversée nous attendent ensuite, sur la mer Adriatique, avant les derniers kilomètres de route dans le nord du Péloponnèse. Quand on approche de Corinthe puis d’Athènes, le téléphone ne cesse de sonner : « Vous êtes où ? Vous arrivez bientôt ? » Nos camarades grecs et migrants s’impatientent. Nous trépignons également. Plus que quelques kilomètres ! C’est ça aussi les convois : une belle histoire d’amour et d’utopie entre sœurs et frères humains

Pas question de baisser les bras, ni en France ni en Grèce. Pas question de laisser faire. Pas question de rester chacun dans notre coin d’Europe face à la violence du capitalisme qui nous opprime, détruit le bien commun et saccage nos vies. Pas question de subir sans agir de toutes les façons possibles : insoumission, résistance, création, solidarité…

Cette action n’est peut-être pas grand-chose face à l’ampleur du désastre, mais elle encourage à poursuivre nos luttes qui convergent toutes vers un même but : reprendre nos vies en mains et montrer ce dont nous sommes capables ensemble, par-delà nos différences.

Hauts les cœurs ! Encore merci à toutes celles et ceux qui ont participé à la préparation de ce convoi, d’une façon ou d’une autre. Et à demain pour la suite !

Demain :

2- AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE

Le squat Notara 26 à bout de bras ! Une maman et son bébé sans abri recueillis sous la neige ! L’arrivée d’enfants d’anarchistes ukrainiens ! L’accueil chaleureux des afghans près d’Héraklion !

À suivre les jours suivants :

3- L’ART ET LES TATOUAGES EN SOUTIEN DES LUTTES

Une histoire insolite et formidable

4- UN SOUTIEN MÉDICAL ET SANITAIRE COMPÉTENT

Des anciens professionnels de santé sont partis avec nous pour épauler les structures autogérées de santé. Des camarades frappés par des maladies graves reçoivent une aide complémentaire.

5- LE CŒUR D’EXARCHEIA BAT ENCORE

Le K*Vox fête ses 10 ans, Rouvikonas résiste toujours et le quartier descend dans la rue contre la répression et la gentrification !

6- DES ACTIONS UN PEU PARTOUT EN GRÈCE

Notre soutien concerne également des squats qui sont loin d’Athènes, des collectifs de Patras à Thessalonique, des ouvriers en lutte comme les dockers du Pirée en grève contre la firme Cosco, des victimes précaires d’un séisme en Crète, etc.

7- DES LUTTES ENVIRONNEMENTALES À LA CROISÉE DES CHEMINS

Le projet d’aéroport de Kastelli en Crète va-t-il être abandonné ?

8- SOUTENIR LES PAYSANS EN LUTTE TOUT EN NOURRISSANT LES PRÉCAIRES

Des paysans crétois en lutte contre Bayer, Vinci, EDF, Total et Aéroports de Paris nous fournissent en fruits, légumes et huile d’olive pour les lieux autogérés et solidaires des grandes villes. Une grande serre autogérée dans la banlieue d’Athènes rejoint la lutte pour l’autonomie. Mais aussi : jardins partagés, création de composteurs, permaculture, prêt de vélos, mise en commun d’outillage…

9- LA CUISINE SOLIDAIRE DE CHANIA ET LE RÉSEAU SODAA EN ATTIQUE

L’enjeu : nourrir des milliers de précaires (grecs et migrants) dans l’entraide, sans l’aide du pouvoir ni de ses valets !

10- UN CONVOI SOLIDAIRE, C’EST AUSSI DU BRICOLAGE ET DES TRAVAUX DANS LES LIEUX

On n’a pas chômé durant 3 mois : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie. Naissance d’un garage solidaire autogéré !

11- LA CAUSE DES ENFANTS : PÉDAGOGIE FREINET, BIBLIOTHÈQUES SOCIALES, JEUX, COURS DE LANGUES GRATUITS…

Parce que la société autoritaire et inégalitaire frappe aussi les enfants, nous avons participé au développement de bibliothèques sociales, de ludothèques autogérées, de cours gratuits de langues, de la philosophie avec les enfants, de la pédagogie Freinet et d’autres outils coopératifs de prise de conscience et d’émancipation dès le plus jeune âge.

Faites passer ! Transmettez au moins la nouvelle à toutes celles et ceux qui ont participé !

PS : si vous voulez (et pouvez) contribuer, nous n’avons plus de fond d’urgence en ce moment alors que c’est indispensable et une dizaine de nos lieux et collectifs n’ont pas pu être soutenus faute de moyens suffisants durant le convoi. Trois possibilités :

1- Effectuer un virement à ANEPOS

IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730 BIC : PSSTFRPPTOU

Objet : « Action Solidarité Grèce »

2- Suivre ce lien PAYPAL :

https://www.paypal.com/donate/?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY

3- Envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS

Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues

Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net

Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80

(une liste complète des lieux récemment aidés se trouve parmi les images)

Source et autres photos http://blogyy.net/2022/05/09/le-convoi-le-plus-long/

 

Rescapées à bord de l’Ocean Viking

Ce matin, les dernières personnes rescapées à bord de l’Ocean Viking ont enfin posé le pied dans le port de Pozzallo, en Sicile.

Depuis 10 jours, elles étaient 294 à bord de notre navire à attendre que les autorités compétentes désignent un lieu sûr où débarquer. Pour ces femmes, enfants et hommes fragilisé.e.s physiquement et psychologiquement par leur périple, cette incertitude devenait insupportable.

« Plus l’attente est longue, plus le désespoir s’installe et plus l’espoir s’éloigne », nous confiait Inoussa*, secouru le 25 avril. Quelques heures avant son sauvetage, il assistait impuissant à la noyade de l’un de ses amis, tombé à l’eau avec onze autres personnes de son embarcation.

Lundi, la météo s’est rapidement dégradée et les trois quarts des rescapé.e.s ont souffert de mal de mer. Une personne a dû être évacuée par les autorités italiennes pour raisons médicales. « Retenir sur un navire de sauvetage des rescapé.e.s ayant frôlé la mort en mer est indigne », déclarait Luisa, coordinatrice de nos opérations de recherche et de sauvetage à bord.

Ce soir, 294 personnes dont 127 mineurs non accompagnés et un bébé d’un an dormiront enfin sur la terre ferme. Si nous avons pu les sauver et les protéger, c’est grâce à vous.

Aidez-nous à continuer notre mission de sauvetage : faites un don! « Retenir sur un navire de sauvetage des rescapé.e.s ayant frôlé la mort en mer est indigne. » – Luisa Albera, coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking


Témoignage de Luisa Albera, coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking

« Après jusqu’à dix jours en mer dans des conditions météorologiques difficiles, les 294 femmes, enfants et hommes encore à bord, secourus en Méditerranée centrale par l’Ocean Viking au cours de quatre opérations difficiles, sont épuisé.e.s. Retenir sur un navire de sauvetage des rescapé.e.s qui ont frôlé la mort en mer est indigne. Les équipes de SOS MEDITERRANEE et de la FICR font tout leur possible pour les soigner et soulager leurs souffrances, mais un navire n’est qu’un abri temporaire. Ces personnes ont besoin d’urgence de débarquer en toute sécurité et de recevoir l’aide dont elles ont tant besoin. »  

Photo ci-dessus: Claire Juchat / SOS MEDITERRANEE

Lundi dernier, une forte houle a provoqué le mal de mer chez plus des trois-quarts des rescapé.e.s. La plupart ont eu besoin de médicaments pour atténuer leur épuisement. Cette épreuve a encore plus contribué à détériorer l’état de santé physique et mentale d’une population déjà vulnérable… Dans l’après-midi, un des patients a dû être référé d’urgence aux autorités italiennes pour une évacuation sanitaire.

Après douze demandes de lieu sûr de débarquement, nous sommes toujours sans solution. Nous constatons que ce retard injustifié exacerbe de jour en jour la souffrance et la détresse psychologique de personnes qui ont déjà traversé des événements extrêmement traumatisants.

Des femmes et des enfants, dont le plus jeune n’a qu’un an, figurent parmi les rescapé.e.s. Il y a 127 mineurs à bord qui voyagent seuls parmi les 294 rescapé.e.s ; ils ont dû faire face à des épreuves qu’aucun enfant ne devrait jamais avoir à subir.

Plusieurs des personnes secourues par l’équipe de SOS MEDITERRANEE le 25 avril nous ont raconté le récit déchirant de la perte de douze de leurs compagnons, qui sont tombés à l’eau et se sont noyés en tentant la traversée de nuit. Un jeune homme, que nous appellerons Inoussa pour protéger son identité, a raconté à nos équipes qu’il a perdu un ami dans ce tragique événement. Ce dernier rassurait tous ceux qui se trouvaient à bord de l’embarcation surpeuplée pendant leur voyage nocturne en mer, leur conseillant de « rester calme » et « d’éviter la panique ». « Nous avons trois options », a dit l’ami d’Inoussa à tous ceux qui étaient en détresse juste avant l’événement tragique, « mourir, être ramené en Libye, ou finalement atteindre la sécurité ». Inoussa conclut : « Mon ami a été emporté par la première option, il est mort en mer ».

Les équipes de SOS MEDITERRANEE et de la Fédération Internationale de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (FICR) fournissent une assistance médicale et psychologique aux survivant.e.s 24 heures sur 24. Cependant, un navire n’est pas le lieu approprié pour prendre en charge de manière prolongée des personnes extrêmement vulnérables et traumatisées. De nombreux rescapé.e.s ont décrit avoir été soumis à des violences et des abus extrêmes en Libye et lors de leur parcours migratoire, en plus de leurs souffrances en mer. Inoussa, secouru le 25 avril par l’Ocean Viking, a partagé son désespoir hier matin : « Je me sens malade de voir mon ami vomir à cause du mal de mer, de voir les femmes et les enfants souffrir de cette attente prolongée en mer. Les vagues, la même nourriture d’urgence tous les jours, dormir sur le pont… »  Tous les rescapé.e.s à bord ressentent le besoin urgent de débarquer. « Plus l’attente est longue, plus le désespoir s’installe et plus l’espoir s’éloigne », a déclaré Inoussa.

Nous demandons expressément aux autorités compétentes de mettre fin à cette impasse et de s’acquitter de leur obligation légale de désigner un lieu sûr sans plus tarder. 

Le droit maritime, tel que stipulé dans le règlement SOLAS, impose « aux gouvernements l’obligation de coordonner [les sauvetages] et de coopérer afin que les capitaines de navires qui prêtent assistance en embarquant des personnes en détresse en mer soient libérés de leurs obligations » et de veiller à ce que « dans tous les cas, un lieu sûr soit fourni dans un délai raisonnable. » Les survivant.e.s ont attendu en mer pendant plus d’une semaine après leur sauvetage, cela ne peut être considéré comme raisonnable. Une fois de plus, les États européens ne parviennent pas à garantir un mécanisme régulier et coordonné de débarquement pour aider les personnes en détresse en mer. »

Luisa Albera, coordinatrice de recherche et de sauvetage de SOS MEDITERRANEE

Source https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/CP-04-05-2022

Grève de 24h contre l’inflation

En Grèce, une grève de vingt-quatre heures contre l’inflation, qui bat des records

Le gouvernement grec a octroyé des aides sociales d’un montant total de 4 milliards d’euros pour faire face à l’inflation galopante. Mais les syndicats et l’opposition de gauche jugent ces mesures insuffisantes.

Des manifestants à Athènes, 1er mai, pour la Journée internationale des travailleurs.

Les services publics, les transports maritimes, ferroviaires et urbains ainsi qu’une majorité des entreprises privées de Grèce tournaient au ralenti, lundi 2 mai, en raison d’une grève générale de vingt-quatre heures à l’appel des syndicats du privé et du public pour protester contre la flambée des prix. Les transports en commun athéniens fonctionnaient comme un dimanche tandis que les supermarchés et les magasins étaient fermés en ce lundi férié, au lendemain du 1er-Mai.

Lors des traditionnels défilés de la Journée internationale des travailleurs dimanche, environ 9 000 manifestants ont arpenté les rues à Athènes, en réclamant du gouvernement grec davantage de mesures pour défendre le pouvoir d’achat face à l’impact de l’inflation sur les ménages.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Face à l’inflation et à la colère sociale, le gouvernement augmente le salaire minimum en Grèce

Une électricité qui a presque doublé en un an

L’inflation en Grèce a atteint 9,4 % en avril, selon l’office européen des statistiques Eurostat, un chiffre bien au-dessus de la moyenne européenne, qui se situe à 7,5 %. En mars, d’après la même source, les seuls prix de l’électricité ne sont plus très loin d’avoir doublé – + 79,3 % en rythme annuel –, sur fond de flambée des prix de l’énergie à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine.

Le gouvernement grec a octroyé des aides sociales d’un montant total de 4 milliards d’euros pour faire face à l’inflation galopante. Le 1er-Mai, le salaire minimum a également été augmenté de 50 euros par mois, et s’établit désormais à 713 euros brut. Mais les syndicats et l’opposition de gauche jugent ces mesures insuffisantes et réclament notamment que le salaire minimum soit porté à 825 euros brut par mois.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Dix ans après la crise des dettes, les Grecs ont du mal à tourner la page

Le Monde avec AFP

Source https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/02/en-grece-une-greve-de-vingt-quatre-heures-contre-l-inflation-qui-bat-des-records_6124443_3210.html

Gaz russe et double compte

La Grèce paiera Gazprom sans violation des sanctions ; plan B pour l’approvisionnement en gaz

28 avril 2022

« La Grèce paiera Gazprom d’une manière qui ne violera pas les sanctions et assurera l’efficacité énergétique du pays », a déclaré jeudi le ministre de l’Énergie Costas Skrekas, à l’issue d’une réunion d’urgence sur l’approvisionnement en gaz présidée par le Premier ministre. le gouvernement grec a élaboré un plan B pour le cas où la Russie couperait l’approvisionnement en gaz du pays, même s’il existe un mécanisme dit de « double compte » où les paiements en euros sont convertis en roubles.

Le ministre Skrekas a déclaré que la Grèce paiera à Gazprom le 20 mai pour la fourniture qu’elle a reçue pour le mois précédent et a ajouté que la consommation de gaz atteint 50 % et la dépasse parfois.

Le gaz russe représente plus de 30 % des besoins énergétiques annuels de la Grèce. Le contrat de la Grèce avec Gazprom expire en 2026.

« Toutes les mesures ont été prises pour l’efficacité énergétique du pays », a assuré M. Skrekas.

Il a souligné que dans un mois, « nous aurons une nouvelle unité flottante de stockage de GNL à Revythousa, tandis qu’avec la nouvelle installation de gaz liquéfié à Alexandroupolis en 2023, nous pouvons dire que nous serons complètement indépendants du gaz russe. »

« Si la Russie coupe notre approvisionnement en gaz, disons les 20 et 21 mai, le pays a pris des mesures pour que nous n’éteignions pas l’interrupteur. Il n’y a aucun moyen de l’éteindre. Il n’y a aucun moyen d’être surpris dans cette direction », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Giannis Oikonomou, à l’issue de la réunion d’urgence au bureau du Premier ministre, mercredi.

Payer en euros, recevoir des roubles

« La Grèce a toujours payé en euros et continuera à le faire », a déclaré un responsable gouvernemental au site d’information newsit.gr.

S’exprimant sous couvert d’anonymat, le fonctionnaire a indiqué qu’il existe un mécanisme de double compte déjà utilisé par certains pays européens pour éviter une interruption « violente » de leur approvisionnement en gaz en provenance de Russie.

Comment fonctionne le double compte ? Un pays paie sa dette en euros sur un compte de Gazprombank, la banque convertit la devise et transfère le montant en roubles sur un second compte de Gazprom.

Le gouvernement insiste sur le fait qu’il s’agit d’un problème technique et que sa défaillance ne perturbera pas l’approvisionnement du pays en gaz russe.

Les importateurs de gaz en attente

La question du paiement du gaz russe importé par la Grèce par l’intermédiaire des sociétés DEPA, Mytilineos Group, Prometheus Gas et Public Power Corporation a été discutée et examinée lors de la réunion de mercredi.

Cette dernière importe du gaz directement de Gazprom après la cession d’une partie du contrat de Prometheus Gas pour les années 2022 et 2023. Les quatre entreprises devront payer la consommation d’avril dans la dernière partie du mois de mai.

Le point essentiel de la discussion lors de la réunion de mercredi est qu’elles attendent une décision claire et contraignante de la Commission pour agir en conséquence, a rapporté le quotidien kathimerini.

« Nous sommes sous contrôle et nous avons le temps de prendre des décisions », ont déclaré des sources de DEPA. DEPA importe deux tiers des quantités de gaz russe qui entrent sur le marché grec.

Les contrats des sociétés grecques expirent en 2026 pour DEPA, Prometheus et PPC et en 2030 pour Mytilineos, alors qu’ils comportent également des clauses d’achat ferme.

Plan B si la Russie coupe l’approvisionnement en gaz

Le gouvernement grec aurait élaboré un plan B dans l’éventualité où la Russie cesserait d’approvisionner l’Europe ainsi que la Grèce.

Le plan alternatif pour l’efficacité énergétique du pays prévoit :

-L’accélération des procédures pour une nouvelle unité flottante de stockage de gaz naturel liquéfié (GNL) à Revythousa. Le nouveau réservoir est attendu au plus tard en juillet, de sorte que la capacité du terminal passera de 225 000 m3 aujourd’hui à plus de 380 000 m3.

-Les unités de lignite sont prêtes à être remises en service et à remplacer les unités de gaz pour la production d’électricité.

-Les cinq unités de production d’électricité qui fonctionnent au gaz naturel sont prêtes à fonctionner, si nécessaire, avec du diesel.

-Public Power Corporation (PPC) a préparé un plan annuel pour augmenter l’exploitation du lignite de 50% au cours des deux prochaines années et sa disponibilité dans les usines.

-Augmentation du flux de gaz naturel en provenance d’Azerbaïdjan par le pipeline TAP.

-DEPA Commerce surveille de près la disponibilité des cargaisons de GNL sur les marchés internationaux afin de se procurer des cargaisons supplémentaires si cela est jugé nécessaire.

– Le stockage de gaz en Italie pour le maintien de la réserve stratégique et le stockage sous-marin à Kavala sont encouragés.

– Les investissements dans les SER s’accélèrent, « car l’augmentation de la production d’énergie verte protégera le pays des crises d’importation », comme le soulignent des sources gouvernementales.

Le plan B prévoit également l’achèvement d’infrastructures essentielles qui renforceront la sécurité énergétique du pays, telles que les interconnexions gazières Grèce-Bulgarie IGB et Grèce-Macédoine du Nord, les nouveaux terminaux GNL de Corinthe et d’Alexandroupolis, ainsi que les interconnexions électriques avec les pays voisins, comme l’Égypte.

Source : www.keeptalkinggreece.com/2022/04/28/greece-gas-gazprom-russia-supply-payment/

Démission du patron de Frontex

Régulièrement accusé de fermer les yeux sur les refoulements illégaux de migrants en mer Égée, le patron français de l’agence européenne des garde-frontières Frontex, Fabrice Leggeri, a présenté sa démission vendredi. L’agence est depuis des années visée par différentes enquêtes d’ONG et de médias européens pour « violations des droits de l’Homme ».

Le directeur exécutif de l’agence européenne des garde-frontières Frontex, Fabrice Leggeri, a présenté vendredi 29 avril sa démission à la suite d’allégations de violations des droits de l’Homme contre son agence. En janvier 2021, l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) avait ouvert une enquête contre Frontex, accusé d’avoir fermé les yeux sur le comportement des garde-côtes grecques qui participaient – et participent toujours, selon les ONG – aux refoulements illégaux d’embarcations de migrants vers la Turquie, en mer Égée. L’organisation était aussi accusée de participer elle-même à ces « pushbacks ».

« Je peux confirmer qu’il a présenté sa démission » au conseil d’administration, et ceci « ouvre la possibilité d’un nouveau début » pour Frontex, a indiqué à Berlin un porte-parole du gouvernement allemand interrogé lors d’une conférence de presse. Cette proposition de démission, a poursuivi ce porte-parole, « donne la possibilité d’éclaircir entièrement les accusations pour faire la transparence et s’assurer que toutes les opérations de Frontex ont lieu dans le respect du droit européen ».

Bien que l’enquête de l’Olaf n’a pas été rendue public, le résumé « révèle que la direction de Frontex était au courant des violations des droits de l’Homme et qu’elle a délibérément évité de les signaler », a déclaré le 2 mars Erik Marquardt, législateur allemand appartenant au parti des Verts. Fabrice Leggeri dirigeait Frontex depuis 2015.

Mercredi, une nouvelle enquête publiée par le quotidien Le Monde et Lighthouse Reports a démontré qu’entre mars 2020 et septembre 2021, l’agence a répertorié des renvois illégaux de migrants, parvenus dans les eaux grecques, comme de simples « opérations de prévention au départ, menées dans les eaux turques ».

À l’instar du Monde, toutes les investigations menées par des médias ont démontré « que les responsables de Frontex [étaient] conscients des pratiques illégales des gardes-frontières grecs et [étaient] en partie impliqués dans les refoulements eux-mêmes », écrivait le journal allemand Der Spiegel dans un article mis en ligne vendredi 23 octobre.

Les enquêtes et les plaintes s’enchaînent

Et, au sein de la société civile, les plaintes se sont enchaînées : au mois de mars, un Syrien a déposé un recours devant la justice européenne contre l’agence. Le requérant, Alaa Hamoudi, dit avoir été victime le 28 avril 2020 d’un refoulement illégal mené par les autorités grecques vers la Turquie. Il réclame 500 000 euros d’indemnisation à Frontex, qu’il accuse de complicité dans ce « pushback ».

Au mois d’octobre 2021, une famille syrienne a elle aussi porté plainte contre l’organisation. L’histoire remonte à cinq ans, presque jour pour jour, raconte le Guardian, quand cette famille résidant sur l’île grecque de Kos, a été mise dans un avion et expulsée vers la Turquie alors qu’elle avait lancé une procédure de demande d’asile en Grèce.

Le porte-parole de Frontex, Pior Switalski, a refusé tout commentaire lors d’une réunion du conseil d’administration de l’agence basée à Varsovie. Fabrice Leggeri, qui assistait à cette réunion, n’était pas immédiatement disponible pour un commentaire.

Frontex dans la tourmente en Méditerranée centrale aussi

InfoMigrants reçoit depuis plusieurs années des témoignages d’exilés victimes de « pushbacks » en mer. Cet été, une Congolaise avait expliqué comment les garde-côtes grecs avaient refoulé son embarcation en mer, mettant les passagers en danger. « Ils nous ont menacé avec leur armes (…) Ils ont tourné autour de nous, ce qui a fait de grandes vagues et du courant », avait-elle rapporté.

Au mois de mai 2021, Samuel, un autre migrant d’Afrique subsaharienne, avait raconté comment son embarcation avait été refoulée vers les côtes turques. Fin 2020, Slimane, un Guinéen avait rapporté à la rédaction comment des hommes en uniforme avaient percé le canot dans lequel il se trouvait pour l’empêcher d’atteindre les îles.

Loin de la mer Égée, cette fois-ci en Méditerranée centrale, Frontex est aussi dans la tourmente. Mi-avril, l’ONG Sea-Watch a porté plainte contre l’agence pour non divulgations d’informations concernant une interception en Méditerranée, le 31 juillet 2021, d’un canot de migrants par les garde-côtes libyens. Le navire humanitaire Sea Watch 3, pourtant à proximité immédiate de l’embarcation en détresse, n’avait pas été informé par Frontex de la présence du canot, contrairement aux règles maritimes internationales.

D’autres enquêtes visent encore Frontex pour des maltraitances en Hongrie et en Bulgarie.

L’agence européenne, qui a toujours nié ces accusations de refoulements et de violences sur migrants, prévoit de disposer d’un effectif propre de 10 000 garde-frontières et garde-côtes, à l’horizon 2027, et envisage, dans cette perspective des commandes d’armes « létales et non-létales ».

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/40200/le-patron-de-frontex-fabrice-leggeri-demissionne-face-au-scandale-des-renvois-illegaux-de-migrants-en-mer-egee

Documentaire grec « Jusqu’à la mer » au club le 7 avril

Jeudi 7 avril à 20h15 au cinéma Le club de Grenoble

Pour participer à la commande groupée organisée par le comité grenoblois en Soutien aux VioMe

La presse a apprécié le documentaire Jusqu’à la Mer :

« Au fil des séances, alors qu’on observe les accidentés dans leurs métamorphoses, la beauté du film est de s’en tenir à ce vœu de sobriété : ne pas donner l’illusion au patient gravement atteint qu’il pourra remarcher et inventer avec lui son corps de demain. »  Maroussia Dubreuil dans Le Monde et lemonde.fr

« Notre rapport au corps, au handicap, en est bouleversé dans ce film poignant où les patients nous émeuvent moins du fait de leurs difficultés que, de leurs luttes que par leur force de caractère. » L’Humanité

« Effacé derrière une mise en scène sobre parce qu’invisible, Gastine saisit un quotidien éprouvant où chaque geste et attention est porteur d’espoir. » « En terre hellénique, la « mer » charrie plus qu’ailleurs, un imaginaire mythologique pour devenir promesse d’odyssées » Thomas Baurez dans Première

« […] la caméra, bousculée par les gestes mal assurés de ces hommes, enregistre surtout leur lutte pour l’autonomie, qui passe bien souvent par une lutte contre eux-mêmes. » Cécile Marchand dans Télérama

« Difficile, devant un tel travail en profondeur, d’émettre des réserves sur la longueur de l’ensemble. D’autant qu’on ressort plein d’énergie, heureux d’être en bonne santé, vigilant à le rester, avec un fond d’espoir au cas où […] Marco Gastine éclaire avec une justesse insigne l’aphorisme tant galvaudé de Nietzche « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » Gilles Tourman dans Les fiches sdu cinéma

« Entre larmes et bonne humeur le film nous arme face à l’adversité. La force de la relation, la confiance dans la force de l’autre et l’humour décalé des personnes porteuses de handicap s’inscrivent comme une ode à la vie. Jusqu’à la mer n’est pas un film sur de graves accidentés mais sur des hommes en phase de renaissance. » Jean-Marie Dinh dans Altermidi

« Jusqu’à la Mer, un documentaire poignant sur le combat d’accidentés de la vie. » Susie Bourquin sur infirmiers.com « Entre frustrations et réussites, résignation et espoir, rires et colère, le réalisateur franco-grec Marco Gastine met en lumière les étapes majeures de leur « renaissance » dans Jusqu’à la mer. » Cassandre Rogeret sur handicap.fr

« La renaissance a beau être parfois, voire souvent, partielle, elle fait plaisir à voir. Chaque sourire semble provenir du cœur et accepter la vraie beauté de la vie, même si beaucoup rentrent chez eux avec un handicap impossible à effacer. » Stanislas Claude dans Publik’Art

« Le titre du documentaire évoque ce patient dont le rêve est de revoir la mer lorsqu’il sortira de l’hôpital. Jusqu’à la mer est plein de bons sentiments, le spectateur a envie de participer pour contribuer au rétablissement des patients, c’est un vrai bon moment d’humanité. » Stanislas Claude dans Le Quotidien du Cinéma

« Il faut parfois des œuvres comme Jusqu’à la mer pour nous faire prendre conscience que le mouvement est l’essence même de la vie et que le verbe marcher est un concept à lui seul quand la vie ne marche plus, quand le moteur cale. Il faut aussi l’humanité et le courage d’un réalisateur comme Marco Gastine pour nous faire entrevoir ce qui nous attend si notre hôpital public poursuit sa dégradation. » Danielle Lambert dans culturopoing.com

« Jusqu’à la mer est un bien beau documentaire, réaliste et cru sur des fragments de vies brisées, mais aussi une formidable leçon courage de solidarité et d’espoir. » Philippe Hugot dans Baz’art « Marco Gastine excelle à faire oublier la présence de la caméra. Cela donne un film en immersion, réaliste, sans fioriture mais plein d’humanité, au plus près des patients et du personnel soignant. » Bernard Gendreau dans frenchtouch2.fr

« Il est difficile de ne pas céder à l’émotion de ces portraits tout en sincérité. On ressort de ce premier documentaire conforté par la nécessité de continuer à défendre les moyens à l’hôpital et la reconnaissance des personnels qui œuvrent chaque jour auprès de leurs patients. » Laurent Cambon dans Avoiralire

« Marco Gastine décrit avec minutie l’engagement d’une équipe médicale qui fait front commun malgré les difficultés matérielles pour soigner aussi bien les corps que les âmes. […] Le cinéaste parvient ainsi à exprimer à l’image ses ambitions du départ quand il disait :« Je rêve d’un film qui fera rire et pleurer, avant de faire réfléchir. Un film qui fera rentrer le spectateur dans la peau des protagonistes. Qui le mettra, pendant 90 minutes, dans un lit d’hôpital. » Le rêve est bien devenu réalité. » François Cardinalli dans Travellingue

« Au fil des séances, alors qu’on observe les accidentés dans leurs métamorphoses, la beauté du film est de s’en tenir à ce vœu de sobriété : ne pas donner l’illusion au patient gravement atteint qu’il pourra remarcher et inventer avec lui son corps de demain. » Maroussia Dubreuil dans Le Monde et lemonde.fr

« Notre rapport au corps, au handicap, en est bouleversé dans ce film poignant où les patients nous émeuvent moins du fait de leurs difficultés que, de leurs luttes que par leur force de caractère. » L’Humanité

« Effacé derrière une mise en scène sobre parce qu’invisible, Gastine saisit un quotidien éprouvant où chaque geste et attention est porteur d’espoir. » « En terre hellénique, la « mer » charrie plus qu’ailleurs, un imaginaire mythologique pour devenir promesse d’odyssées »  Thomas Baurez dans Première

« […] la caméra, bousculée par les gestes mal assurés de ces hommes, enregistre surtout leur lutte pour l’autonomie, qui passe bien souvent par une lutte contre eux-mêmes. » Cécile Marchand dans Télérama

« Difficile, devant un tel travail en profondeur, d’émettre des réserves sur la longueur de l’ensemble. D’autant qu’on ressort plein d’énergie, heureux d’être en bonne santé, vigilant à le rester, avec un fond d’espoir au cas où […] Marco Gastine éclaire avec une justesse insigne l’aphorisme tant galvaudé de Nietzche « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » Gilles Tourman dans Les fiches sdu cinéma

« Entre larmes et bonne humeur le film nous arme face à l’adversité. La force de la relation, la confiance dans la force de l’autre et l’humour décalé des personnes porteuses de handicap s’inscrivent comme une ode à la vie. Jusqu’à la mer n’est pas un film sur de graves accidentés mais sur des hommes en phase de renaissance. » Jean-Marie Dinh dans Altermidi

« Jusqu’à la Mer, un documentaire poignant sur le combat d’accidentés de la vie. » Susie Bourquin sur infirmiers.com « Entre frustrations et réussites, résignation et espoir, rires et colère, le réalisateur franco-grec Marco Gastine met en lumière les étapes majeures de leur « renaissance » dans Jusqu’à la mer. » Cassandre Rogeret sur handicap.fr

« La renaissance a beau être parfois, voire souvent, partielle, elle fait plaisir à voir. Chaque sourire semble provenir du cœur et accepter la vraie beauté de la vie, même si beaucoup rentrent chez eux avec un handicap impossible à effacer. »  Stanislas Claude dans Publik’Art

« Le titre du documentaire évoque ce patient dont le rêve est de revoir la mer lorsqu’il sortira de l’hôpital. Jusqu’à la mer est plein de bons sentiments, le spectateur a envie de participer pour contribuer au rétablissement des patients, c’est un vrai bon moment d’humanité. » Stanislas Claude dans Le Quotidien du Cinéma

« Il faut parfois des œuvres comme Jusqu’à la mer pour nous faire prendre conscience que le mouvement est l’essence même de la vie et que le verbe marcher est un concept à lui seul quand la vie ne marche plus, quand le moteur cale. Il faut aussi l’humanité et le courage d’un réalisateur comme Marco Gastine pour nous faire entrevoir ce qui nous attend si notre hôpital public poursuit sa dégradation. » Danielle Lambert dans culturopoing.com

« Jusqu’à la mer est un bien beau documentaire, réaliste et cru sur des fragments de vies brisées, mais aussi une formidable leçon courage de solidarité et d’espoir. » Philippe Hugot dans Baz’art « Marco Gastine excelle à faire oublier la présence de la caméra. Cela donne un film en immersion, réaliste, sans fioriture mais plein d’humanité, au plus près des patients et du personnel soignant. » Bernard Gendreau dans frenchtouch2.fr

« Il est difficile de ne pas céder à l’émotion de ces portraits tout en sincérité. On ressort de ce premier documentaire conforté par la nécessité de continuer à défendre les moyens à l’hôpital et la reconnaissance des personnels qui œuvrent chaque jour auprès de leurs patients. » Laurent Cambon dans Avoiralire

« Marco Gastine décrit avec minutie l’engagement d’une équipe médicale qui fait front commun malgré les difficultés matérielles pour soigner aussi bien les corps que les âmes. […] Le cinéaste parvient ainsi à exprimer à l’image ses ambitions du départ quand il disait :« Je rêve d’un film qui fera rire et pleurer, avant de faire réfléchir. Un film qui fera rentrer le spectateur dans la peau des protagonistes. Qui le mettra, pendant 90 minutes, dans un lit d’hôpital. » Le rêve est bien
devenu réalité. » François Cardinalli dans Travellingue

La solidarité  à géométrie variable n’en est pas  vraiment une

par Vicky Skoumbi

Depuis quelques semaines, nous découvrons  que l’accueil tant redouté des réfugiés est bien possible en Europe. Accueillir, accueillir dans  de conditions qui respectent la dignité des personnes, accueillir en ouvrant grand les portes à ceux et celles qui viennent serait alors faisable, même si les arrivants dépassent les quatre millions.  Jusqu’à il y a un mois, une telle perspective était perçue comme annonciatrice de catastrophe majeure voire comme une menace existentielle pour l’Europe : on nous assenait de tous les côtés qu’un accueil digne de ce nom constituerait un appel d’air exposant nos sociétés européennes à un risque d’implosion. Tout geste d’accueil était suspect et pourrait être puni  comme un  délit voire un crime. Les solidaires étaient stigmatisés comme les idiots utiles au service de trafiquants, les sauveteurs comme faisant partie de bandes de passeurs, voire comme des espions coupables d’intelligence avec l’ennemi.  

Avec la guerre en Ukraine, changement complet de cap, les réfugiés- à vrai dire certains d’entre eux- sont reconnus comme tels, leurs droits sont respectés, leurs souffrances et leurs traumatismes pris en compte. Même en Grèce, le retournement complet de pratiques et de discours fut impressionnant. En deux semaines, ce pays dont le gouvernement déclarait qu’il ne pouvait plus recevoir un seul réfugié de plus, a su accueillir 15.000 Ukrainiens  en leur accordant des documents temporaires,  ainsi qu’un numéro de Sécurité Sociale, un numéro fiscal et le droit de travailler.

Or nous savons que cette réception digne ne concerne point tous les réfugiés, mais quelques-uns, choisis en fonction des affinités ethniques et religieuses, peu importe si celles-ci sont réelles ou imaginaires. Elle ne concerne même pas tous les réfugiés fuyant la guerre en Ukraine mais uniquement les ressortissants ukrainiens. En  fait, non seulement la protection temporaire accordée par les pays européens aux Ukrainiens est refusée à la grande majorité d’étrangers résidant en Ukraine, mais plusieurs d’entre eux sont placés  en  détention pour entrée irrégulière au territoire polonais.  Ce n’est qu’en fonction de leurs  nationalités et de leur couleur de peau que les réfugiés d’Ukraine seront accueillis ou rejetés. Quant aux Kurdes, Irakiens, Syriens et Afghans qui se présentent non pas à la frontière polonaise avec l’Ukraine, mais à celle avec la Biélorussie, ils sont traqué et violemment refoulés, après avoir été tabassés et dépouillés de leurs biens ; certains d’entre eux peuvent même être laissés pieds nus par températures négatives à errer sur un sol glacial – au moins 20 personnes sont morts ainsi d’hypothermie à la frontière avec la Biélorussie. Quant à ceux et celles qui oseraient offrir l’hospitalité à ces hommes, femmes et enfants affamés et frigorifiés, ils risquent huit ans d’ans de prison ferme. Les mêmes scènes d’une guerre qui ne dit pas son nom, celle contre les migrants, se passent à la frontière gréco-turque d’Evros où il y a une quinzaine de jours un petit garçon syrien  de 4 ans est mort noyé sous les yeux impassibles d’un commando grec, victime d’un refoulement trop violent.  L’incident, loin d’être un cas isolé, fait partie d’une nouvelle stratégie adoptée pars les garde-frontières de la région d’Evros qui consiste à refouler ceux qui arrivent en les abandonnant sur des îlots du fleuve Evros sans vivres ni eaux  avec l’injonction de retourner en Turquie.  En janvier dernier, cette tactique avait déjà coûté la vie à un syrien souffrant d’une grave insuffisance rénale.

C’est cette face hideuse du visage de l’Europe que celle-ci tourne vers tout un chacun dont l’image s’écarte de la figure-type du ‘bon’ réfugié –chrétien, blanc aux yeux bleus. D’un côté, on accueille à bras ouvert les «nôtres», ceux qui ne menaceraient pas le vénéré mode de vie européen, et de l’autre on violente, on torture, on refoule avec des véritables opérations militaires qui exposent délibérément ceux qui se présentent à nos portes à des risques mortels.

Cependant il ne suffit pas de dénoncer cette solidarité à géométrie variable, il faudrait essayer d’aller au-delà du registre d’une condamnation morale. En effet, si la solidarité dépend de la tête du client, est-ce vraiment de la solidarité ? Ou bien plutôt une défense atavique de nôtres contre les autres, une réaction identitaire qui présuppose une bipartition de l’humanité entre ceux à notre image, et les autres, ces aliens qui, à nos yeux étriqués, portent les stigmates d’une altérité qui les exclurait du domaine d’exercice de l’hospitalité ?  Ainsi, ce qui est présenté comme un retour du sens de l’accueil en Europe, pourrait s’avérer  le symptôme d’un  racisme meurtrier qui ne dit pas son nom. 

Cette année, nous avons ‘célébré’ les cinq ans d’accords de coopération entre UE et la Libye : selon Amnesty International , plus de 82 000 réfugié·e·s et migrant·e·s  ont été renvoyés à l’enfer libyen depuis que les accords ont été conclus. La plupart « se sont retrouvés dans des centres de détention sordides, où sévit la torture, tandis que beaucoup d’autres ont été victimes de disparitions forcées ». Cette politique européenne qui ne se contente pas de refouler en renvoyant aux centres de tortures et aux marchés aux esclaves libyens mais criminalise systématiquement le secours en mer, a bien porté ses fruits : elle  a transformé la mer Méditerranée en une fosse commune qui a englouti pas moins de 23.500 personnes morts ou disparus de 2014 jusqu’à aujourd’hui. En Grèce, un écart significatif entre le chiffre officiel des personnes secourues en mer et celui de nouveaux arrivants enregistrés dans les îles révèle au moins 25.000 cas de refoulement en mer Egée pendant la seule année 2021. Ces refoulements sont non seulement systématiques mais de plus en plus violents ; les commandos qui s’en chargent, recourent à des méthodes  d’une brutalité paroxystique qui mettent délibérément en danger la vie ceux qui en sont les victimes. Cette escalade des violences contre les arrivants comporte  des actes criminels comme ceux des garde-côtes qui en septembre dernier n’ont pas hésité à jeter en pleine mer trois hommes qui ne savaient pas nager et dont deux sont morts noyés,  ou ceux de garde-frontières d’Evros qui avaient dépouillés des exilés de leur vêtement en les laissant pieds nus par températures négatives –19 personnes en sont morts ainsi début février.  Ces crimes ne constituent point des bavures  ou des  dérapages isolés, mais font partie intégrante d’une politique concertée de dissuasion réglée sur le principe « rendons les la vie infernale ». En les exposant délibérément à des dangers mortels,  les garde-frontières qui assurent la protection de l’Europe, s’attendent à ce que les candidats à l’exil  finirons par comprendre non seulement qu’ils sont indésirables sur le sol européen mais que leurs propre vies n’y comptent pour rien.   

La situation dramatique des réfugiés ukrainiens pourrait-elle sensibiliser les sociétés européennes au drame de tous les réfugiés indépendamment de leur origine ?  Si nous tenons compte ce qui continue à se passer à nos frontières loin de projecteurs médiatiques, nous aurons du mal à y croire. Force est de constater que l’accueil des  Ukrainiens va de pair avec notre indifférence, en tout cas avec notre inaction blasée, face à ces crimes commis contre les ‘mauvais’ réfugiés aux confins de l’Europe et/ ou à ses frontières externalisés.

La question est  ‘sommes-nous disposés de vivre au sein  d’une société  régie par la croyance « en une hiérarchie des êtres humains et par la production d’un rapport de domination pour tenter de rendre opérante cette hiérarchisation » (communiqué de Migreurop du 22 mars 2022) ? Car, la solidarité à deux vitesses revient à une bipartition de l’humanité entre ceux dont la vie serait digne d’être sauvés, et les autres, ceux dont les vies en seraient indignes. Ce qui fait inévitablement penser à la doctrine abjecte de Lebensunwertes Leben, de vies indignes d’être vécues, notion clé de la politique eugéniste et raciale nazie. Certes nous n’en sommes là, mais en sommes-nous vraiment loin ? D’un côté, vous avez des vies dignes d’être sauvées, secourues, accueillies, et de l’autre, les vies  de ceux qui, n’appartenant pas à la ‘grande famille européenne’, seraient non seulement indignes d’être sauvés mais qui pourraient dans l’indifférence générale être conduits à la noyade ou à la mort par hypothermie.   La pente est plus que glissante.

Que cela soit clair : tous ceux et celles qui fuient la guerre en Ukraine doivent être accueillis dans les meilleures conditions possibles non seulement à court mais aussi à  moyen voire long terme. Ce qui reste insoutenable, est cette politique de deux poids et deux mesures, qui présuppose une bipartition pernicieuse de l’humanité. Qu’une partie d’êtres humains soit traitée comme si elle n’appartenait plus à l’humanité, comme si elle pourrait en être retranchée et exclue, cela ne saurait ne pas affecter nous autres européens des stigmates d’inhumanité.

La guerre en Ukraine serait-elle d’autant plus la ‘nôtre’ qu’elle est une guerre européenne ? Tout compréhensible que puisse être ce point de vue, on pourrait y objecter que la guerre en Syrie ne nous concernait pas moins, et que la résistance de Kurdes à l’avancée fulgurante de Daech n’a pas été moins décisive pour l’avenir de l’Europe que l’issue de la guerre actuelle en Ukraine. Si, comme le dit Michel Agier, penser l’Europe devrait être une méthode pour penser notre commune humanité, nous ne saurions nous affirmer en tant qu’européens qu’en pensant et agissant en tant que citoyens du monde. Contre les politiques du tri sélectif, de l’exclusion et de criminalisations des arrivants, il nous faudra construire un monde Un, un monde commun où il y aura une place pour toutes et tous.

Paris, 31 mars 2022

[1] Vicky Skoumbi est rédactrice en chef de la revue grecque de philosophie, psychanalyse et art αληthεια et directrice de programme au Collège International de Philosophie, Paris.

Source : blogs.mediapart.fr/vicky-skoumbi/blog/010422/la-solidarite-geometrie-variable-n-en-est-pas-vraiment-une

 

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