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Regard sur la crise grecque

 Panagiotis  Grigouriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque .

Salle d’attente

Bas monde, beau meuble rongé par la vermine. Elle, qui domine encore jusqu’aux derniers anicroches démocratiques subsistants, à deux secondes historiques près avant leur suppression. Cette “vermine” de l’élitocratie totalitaire mondialiste n’a pas encore tout osé. En attendant, elle servira aux prétendus électeurs son ultime (?) vermicelle, vomissure alors rejetée depuis les entrailles du système déjà suffisamment hybrique. Ce vermicelle politique justement, il avait été savamment servi en Grèce au moment des dernières élections de l’avant la Troïka (2009) sous le nom de Yórgos Papandréou. En France par exemple et en 2017, cette même pitance se nomme (d’abord) Emmanuel Macron. En Espagne ce serait du… jeûne Mariano Rajoy jusqu’au bout. Comme diraient les Italiens, “sordidezza”.

Propagande européiste. Salle d’attente d’un cabinet médical, Athènes, janvier 2017

Durant ces deux dernières semaines en Grèce, c’est l’incertitude qui sévit et alors la grippe, plus les scenarii requinqués sur le GREXIT et sur le retour… annoncé de la drachme. Les supposées négociations avec la Troïka seraient gelées, les cyniques hybridocrates du “gouvernement” SYRIZA/ANEL ne savent plus que faire pour persister au pouvoir… lorsque le quatrième mémorandum et la mort se profilent si clairement à l’horizon du naufrage.

Le ministrion (Finances) Tsakalotos se montre visiblement irrité, et finalement même contre son propre camp (séance au “Parlement” du 01/02). Il quittera peut-être… cette arche de la nausée avant le mémorandum 4. Peu importe en réalité. Tout semble suspendu à la décision du FMI. “Rester ou pas dans le programme grec”. “Programme grec” comme jadis “solution finale” toute proportion gardée, d’après la novlangue, celle que les journalistes “autorisés” boivent et régurgitent déjà avec leur tout premier lait.

Dans une salle d’attente d’un cabinet médical… bien fréquentée en ce moment par obligation grippale, un téléviseur reste allumé, le son est réglé bas. On y découvre pour une énième fois la propagande européiste sous forme de pseudo-documentaire consacré “aux institutions démocratiques de l’UE”, le film est évidemment produit et financé par ces mêmes “nazis bleus” de Bruxelles et de Strasbourg. Les patients, déjà malades de la grippe de saison suivent ainsi l’émission sous un œil ironique.

Revue actuelle. Cabinet médical, Athènes, janvier 2017
Façade à Athènes. Temps de crise 2010-2017
“Le plafond… a été atteint”. Cabinet médical, Athènes, janvier 2017

Ensuite, vint le moment des… actualités, la présentatrice-journaliste au look imposé de la bimbo-prostituée (et ce n’est pas un hasard non plus), sous un timbre fort dramatique, montre, images à l’appui, les “premières bourdes de l’administration Trump, ainsi que la mobilisation des démocrates aux États-Unis et ailleurs contre le nouveau Président US”. La salle d’attente se réveille, un jeune homme lance: “Salopards, laissez-le faire ce qu’il a dit. Bouffons de manifestants financés par Soros !”. La salle approuve, fièvre ou non. Par la suite, c’est l’habituel (depuis 2010) matraquage journalistique (et mitraillage psychologique d’abord visant à miner la résistance des citoyens), déversant l’annonce en cascade de nouvelles mesures dans la mise-à-mort (“d’austérité” d’après la novlangue).

Taxes et impôts galopants, obligation faite de payer par CB (voir également mon intervention à ce sujet sur le site “Insolentiae” ici ), déremboursement accru en cascade sur les médicaments et sur les dépenses de santé, “car sinon, le programme ne passera pas et nos créanciers nous couperont les liquidités nécessaires au remboursement des prochaines échéances”. Les scénaristes du journal télévisé ont ensuite enchainée sur un reportage, issu de la commémoration à Athènes de l’Holocauste et des 6 millions de victimes. “Tiens, encore les Allemands. Ils ont brûlé nos Israelites, comme tous les autres. À présent ils nous brûlent ici par l’économie et avec l’euro”. Europe… immense salle d’attente !

Les peuples… même affectés de grippe, n’ont pas forcément la mémoire courte. Et dans la salle d’attente d’un médecin grec, les psychotropes journalistiques auront resté sans grand effet. Tout comme les arguments des revues consultables, par exemple sur la prétendue “Good Life”. Sur la table basse ; une simple page format A4 placée en évidence, informe les patients du jour (comme de chaque jour) que “le plafond en nombre de patients que la Sécurité Sociale rembourse a été atteint. Toute consultation au-delà de ce plafond, elle sera alors encaissée (non remboursée)”.

Rue de la Théorie. Athènes, janvier 2017
La vie des Durrell à Corfou. Série télévisée. Revue. Athènes, janvier 2017
La… NASA grecque sous SYRIZA. Quotidien “Kathimeriní”, janvier 2017

Décryptage: en Grèce, chaque médecin conventionné (depuis le mémorandum II/III) ne peut recevoir qu’un nombre très restreint de “patients remboursables” (3 à 5 par jour dans la pratique). Au-delà ; les autres patients, ceux qui auront pris leurs rendez-vous après le… basculement et alors même “assurés” et cotisants, ils doivent régler la consultation et ils ne seront pas remboursés. Leur cas sort ainsi du cadre de la Sécurité Sociale… pour cause de quotas, ils devront tout simplement payer ou sinon… ne plus être examinés par un médecin.

Et quant aux autres (plus de 3 millions de Grecs tout de même) ceux non-assurés, c’est également sauve qui paye ! À l’ouverture de la porte, la… patiente sortante quitte le médecin alors sceptique. Nous pensions tous dans cette salle d’attente que c’était à cause de notre bien commune grippe. “Madame, lui dit-il le praticien, le système informatique indique qu’à partir du mois de mars la Sécurité Sociale vous… jettera”. “Que se passera-t-il, je suis au chômage docteur… Allons-nous être pris en charge d’une manière ou d’une autre ?” “Je suis désolé Madame, Dieu seul le sait !

Nouvelle pauvreté. Athènes années 2010-2017

Pas de commentaire dans la salle d’attente. Il n’y a plus rien à commenter en Grèce dans pareils cas… globaux et plus du tout théoriques. Dans la rue en sortant, sur les trottoirs on y découdrait de petits tracts du parti de l’Aube Dorée et du néonazisme grippal avéré: “Indépendance Nationale”. Aspiration d’un tout un peuple, exprimée si largement lors du référendum du “NON” à 62% en 2015 sous… la trahison programmée des Syrizistes.

En ce moment, l’Aube Dorée espère… visiblement capitaliser les suites. Les sondages la placent durablement à la troisième place (5,6% !) dans les attentions de vote (SYRIZA 15% et Nouvelle démocratie 25%), ce qui en dit long de la putréfaction du système politique grec.

Tract de l’Aube Dorée. Athènes, janvier 2017
Le “Parlement”… comme une île. Presse grecque, temps de crise (2010-2017)
“Urne”. Athènes, temps de crise, 2010-2017

Pourtant, sous l’Acropole le sentier de la Théorie en honneur à nos philosophes semble toujours praticable, sauf que nos pratiques se délitent. Les patients du mouroir économique (et mouroir tout court) grec en sont conscients, il y a que les médiocrates et les politiciens qui poursuivent en orbite… caste humaine alors devenue de plus en plus… hors-sol.

Dans une revue comme dans l’attente, le reportage consacré sur la série télévisée inspirée de la vie des Durrell à Corfou, se focalisant surtout sur la biographie de l’écrivain britannique Lawrence Durrell “amoureux inconditionnel de la Grèce”. Pas une ligne pourtant sur le rôle de Lawrence Durrell, agent de renseignement britannique au service de la répression coloniale à Chypre dans les années 1950. Pourtant, tout est clairement conté (et argumenté) à la lecture du carnet personnel de son ex-ami (déjà), le grand poète Yórgos Seféris (première édition en grec en 1986).

La salle d’attente, comme d’ailleurs partout en Grèce, l’opinion commune a si bien rigolé de la décision gouvernementale présentée à maintes reprises aux informations sur l’annonce faite par le gouvernement, celle de la mise en place… d’une Agence Spatiale grecque. Depuis, toute la Grèce ironise sur cette “NASA grecque”. “C’est pour que SYRIZA et les autres puissent quitter le Parlement au moment de l’effondrement”, peut-on entendre parfois lorsque les messages des auditeurs passent en direct à la radio. Du moins par moment, nous avons toujours conservé une certaine capacité à fabriquer le rire… c’est toujours signe de vie.

Dimítris Christoúlas au matin du 4 avril 2012. Athènes, Place de la Constitution
Monument du Soldat Inconnu. Place de la Constitution à Athènes
Au… Citoyen Inconnu. Sur l’arbre de Dimitri. Athènes, Place de la Constitution, 2014

Le vermicelle politique pourtant, est toujours là, prêt à être servi. Après la série de suicides politiques entre 2012 et 2014, dont celui du retraité-pharmacien Dimítris Christoúlas Place de la Constitution en 2012 en est depuis le symbole, le calendrier de la Resistance avait été savamment “électoralisé”. Une fois le premier vermicelle Papandréou avalé, les Grecs estomaqués remplirent aussitôt les rues et les places par de manifestations très dynamiques contre l’Occupation germano-troïkanne. Et le système a su de son côté trouver comment transformer l’attente et surtout la suite logique SYRIZA… en couloir de la mort, avec toute la complicité active des principaux intéressés, les autres partis – même de l’opposition – ayant joué leur propre rôle.

Ce couloir de la mort dans lequel nous nous trouvons toujours, a déjà causé en Grèce la mort de la Gauche (de toute la Gauche), ainsi que le discrédit final du système politique, voire, celui du système à la Démocratie hémorragique généralisé presque à tous les étages. Bas monde, beau meuble rongé par la vermine, la parodie en plus.

Manifestants et indignés. Athènes, 2011

Alexis Tsipras dont l’épouse Peristéra aurait enfin trouvé un poste universitaire non sans un coup de pouce, et dont l’ami proche, le rebelle-bohème sans profession Karanikas deviendra son conseiller embauché, au style certes inimitable, voilà pour la parodie, hélas payante. Parodie toujours, ces piètres dizaines d’individus issus des décombres des organisations de jeunesse SYRIZA, ayant manifesté l’autre soir devant l’Ambassade des États-Unis… contre Donald Trump.

En Grèce il faut dire, les partisans les plus fervents des mondialisateurs n’ont pas trouvé grand monde pour manifester de la sorte, hormis ceux des ONG et autres structures sponsorisées (ouvertement ou pas) par le financier Soros, les organisateurs ont même mobilisé les migrants des campements d’Attique, Parodie toujours.

Karanikas, ami et conseiller d’Alexis Tsipras. Presse grecque, janvier 2017
Jeunesse SYRIZA devant l’Ambassade des États-Unis. Athènes, janvier 2017, presse grecque
Athènes… sous l’européisme. Temps actuel

L’hiver finira par s’adoucir et la grippe passera. En mer Égée, l’aviation et la marine de la Turquie multiplient les violations de l’espace maritime et aérien grecs. Il y a quelques jours, une corvette turque embarquant la crème l’État-major des forces armées du pays d’Erdogan a fait le tour de l’îlot grec Imia que l’élite turque revendique (comme pratiquement la moitié des Balkans, de la Syrie, de l’Irak… et du Caucase). Les forces armées grecques sont aussi en état d’alerte. Tétanisés par le RCO (Régime de la Crise Obligatoire), les Grecs pourtant observent cette situation et mesurent (si possible) le danger.

L’élitocratie totalitaire mondialiste n’a pas encore tout osé, sauf qu’elle ambitionne clairement la mise-à-mort pure et simple des pays, des États, des nations, des souverainetés et des démocraties. En ce temps de la grippe et du vermicelle politique, la vraie fracture ne sera même plus celle entre nos gauches et nos droites. Au risque calculé (?) de faire exploser (ou imploser) tous les systèmes politiques. Comme diraient nos amis Italiens, “sordidezza”, mais nous y sommes.

Se remettant lentement de… sa grippe authentique, Greek Crisis reprend ses textes comme il le peut, dont l’écriture est d’ailleurs… étroitement surveillée. Vivement le Printemps.

Greek Crisis, dont l’écriture… est étroitement surveillée. Athènes, février 2017

* Photo de couverture: Athènes, temps de crise, 2010-2017

 

Total : lancement de forages gaziers en Grèce

La découverte d’importantes ressources naturelles en Israël et en Egypte a motivé les grandes entreprises à s’intéresser à la Méditerranée orientale proche. La société d’exploration pétrolière française Total débute son forage exploratoire marin au large de Chypre.

Suite à la première découverte du gisement Zohr (gisement de gaz en mer méditerranée) en Egypte, les experts estiment que les chances pour découvrir des gisements similaires à Chypre sont considérables.

3 entreprises ont bénéficié, par Chypre, de licences d’exploitation : Total, Exxonmobil et Eni.

Total prévoit également de lancer des activités de forage similaires en Grèce en mer Ionienne. Une délégation a été reçue il y a quelques semaines par les membres du gouvernement grec pour évoquer ces opérations. .

Cependant, l’impact de Zohr pourrait aller bien au-delà des frontières de l’Egypte, en raison de son emplacement et son infrastructure géographique.

Zohr est situé à seulement 90 kms d’Aphrodite, à seulement 7 km au large de Léviathan. Cette proximité pourrait permettre un développement coordonné et ouvrir de substantielles économies pour la réalisation d’une infrastructure d’exportation de gaz compétitive.

La création d’un nouveau pôle d’échange gazier en Méditerranée orientale présenterait des avantages pour tous les acteurs impliqués, mais également une belle opportunité pour l’Europe  où les importations de gaz indexées sur les besoins vont croître à compter de 2020 en raison de la baisse de la production nationale et l’expiration des contrats à long terme avec la Norvège et la Russie.

L’UE se prépare à soutenir un programme de coopération visant à développer une plate-forme de gaz en Méditerranée orientale, pour des considérations de politique énergétique mais aussi de politique étrangère.

 En terme de politique énergétique, cette initiative pourrait ouvrir une  stratégie de diversification dans l’approvisionnement de l’UE. En terme de politique étrangère, cela permettra une collaboration internationale dans un domaine qui présente actuellement très peu de possibilité de coopération.

Zohr en langue arabe signifie « prospérité ». 

http://www.lepetitjournal.com/athenes/economie/actu-economie/269716-total-lance-ses-forages-gaziers-en-grece

Des nouvelles du convoi solidaire

Mission accomplie ! par Yannis Youlontas 

TOUS LES COLIS ET SOUTIENS ONT ÉTÉ TRANSMIS

L’hiver continue à battre des records de froid à Athènes et dans certaines régions de Grèce. Quatre réfugiés sont morts en moins d’une semaine à Lesbos et Samos. Les révoltes se multiplient dans les camps en mer Égée contre les mauvais traitements (alimentation insuffisante et dégoûtante, communs insalubres, douches froides, tentes glacées…) et, dans celui de Corinthe, à l’ouest d’Athènes, une grève de la faim commence à s’étendre.

Le plus célèbre des grévistes de la faim parmi les réfugiés est actuellement Mohammed A., un opposant politique égyptien qui craint pour sa vie en cas d’expulsion vers son pays d’origine et attend un geste du gouvernement grec, depuis sa chambre d’hôpital de Mytilène, à Lesbos.

Sitôt arrivés en Grèce avec mes camarades au volant de trois fourgons et d’une remorque(1)(2), nous avons transmis des couvertures, des colis et, surtout, des soutiens financiers pour nos collectifs de luttes égéens qui agissent sur le terrain, exfiltrent et parfois cachent des réfugiés dans des familles grecques insulaires.

A Athènes, par la suite, nous avons distribué une grosse partie de notre chargement aux trois principaux squats de réfugiés d’Exarcheia : Notara 26 (le plus ancien à Athènes, ouvert en septembre 2015 et brulé par les fascistes en août 2016), Spirou Trikoupi 17 (ouvert en septembre 2016) et Kaningos (ouvert en décembre 2016). Parmi les colis : de nombreuses boites de lait infantile (leurs stocks étaient au plus bas), des fournitures en puériculture, des soins pour bébés ou encore plus de 5000 couches pour tous les âges. Nous avons également transmis des soutiens financiers à ces trois squats ainsi qu’à une dizaine d’autres lieux, dont la structure pour les réfugiés de Mikropolis à Thessalonique, la cuisine sociale L’autre Humain (qui a cuisiné avant-hier pour les sans-abris du centre d’Athènes sous les fenêtres des bureaux de SYRIZA en signe de protestation) ou encore des lieux en train de faire peau neuve comme le Nosotros à Exarcheia.

Parmi les autres lieux soutenus, deux dispensaires médicaux autogérés : celui de Pédion Aréos (qui intervient surtout auprès des réfugiés et des sans-abris) et celui d’Exarcheia (ADYE) qui fait partie des lieux que nous soutenons régulièrement depuis leur création, de film en film, et qui a également développé une action médicale de rue, sur les places Victoria et Agios Pantélémonas, une zone autrefois tenue par les néo-nazis.

Sur les conseils de plusieurs camarades, nous avons également soutenu trois militants en grandes difficultés, deux familles récemment expulsées et trois mineurs isolés dont un jeune orphelin ivoirien de 16 ans et demi dont les parents ont été assassinés durant les guerres civiles de 2000 et 2011, qui a traversé la mer Égée dans des conditions sordides, qui a souffert de sous-nutrition et sur lequel veille désormais notre merveilleuse camarade Natalia. Nous avons aussi rencontré son entraineur de Basket (c’est un remarquable joueur du club sans président Astéras Exarchion) et contacté l’administration en charge du dossier pour essayer de le débloquer. A suivre…

Dans plusieurs lieux, notamment au Notara 26, les six livreurs venus de France en ont profité pour aider aux travaux de bricolage, aux transports et à la manutention. Ils ont même joué de la musique (guitare, accordéon, chants) et fait danser petits et grands dans la joie et les éclats de rire, même Mimi et David !

Bref, nous n’avons pas seulement livré des colis et transmis de l’argent et des messages.

Pour finir, nous avons également apporté un soutien politique et financier aux camarades emprisonnés ou en cours de procédure, en particulier aux compagnons anarchistes du formidable groupe Rubicon (Rouvikonas) qui vient d’envahir le ministère du travail le 30 janvier. Sur la banderole déployée sur la façade et sur les centaines de tracts jetés des fenêtres et du toit était écrit : « NOUS NE VIVRONS PAS COMME DES ESCLAVES, NOUS NE VIEILLIRONS PAS COMME DES MENDIANTS » (Den tha zisoumé san douli, den tha yérasoumé épétès).

Mes camarades Marc, JM, Guy et Yves sont déjà repartis vers l’Hexagone avant-hier, avec plein de souvenirs inoubliables paraît-il. Deux amis de Bruxelles (le musikos Jack of Heart et sa muse Margaux) qui sont passés nous aider durant leur séjour ont fait de même. Avec Eric, je repartirai demain matin en direction de Patras, puis la mer Adriatique et l’Italie.

Un autre convoi solidaire partira fin mars. Je sais que beaucoup d’entre vous ont essayé de nous contacter pendant la semaine, mais nous étions dans l’incapacité de vous répondre, par manque de temps. Nous allons rapidement faire un point précis sur le projet à venir, avec Maud et d’autres camarades qui sont restés en France, et recontacter toutes celles et ceux qui nous ont écrit à : convois2017anepos@riseup.net en vue du prochain départ, dans deux mois. La liste des besoins reste pour l’instant inchangée, en particulier pour le lait infantile, les couches (tous âges) et la puériculture, ou pour une aide financière si vous le pouvez. Tout est là :
http://jeluttedoncjesuis.net/spip.php?rubrique4

Encore un grand merci à vous tou-te-s d’avoir rendu tout ça possible, directement pour cette action ou indirectement via nos films (on commence à préparer le troisième). Sachez que pour certains des lieux, c’était moins une.

Solidairement,

Yannis Youlountas po/ collectif Anepos

d’autres photos http://blogyy.net/2017/02/03/mission-accomplie/

Maastricht 25 ans : célébrations ou hommage funéraire

25 ans depuis le traité de Maastricht : un anniversaire entre célébration et hommage funéraire Par Yannis Kimbouropoulos traite_maastricht

L’UE devient victime de sa stratégie de la réussite.

C’est une célébration qui n’en a pas l’air. Elle ressemblerait plus à un hommage funéraire. Célébration ou hommage funéraire, le « clergé » européen tente d’aborder avec enthousiasme un anniversaire « commun » des 25 ans du traité de Maastrich. En faisant notamment référence à deux dates : le 9 décembre 1991, puisque le traité a été adopté par le Conseil européen des 12 membres de celle qui était alors la CEE, et le 7 février 1992, puisqu’il s’agit de sa signature. Cependant, la date effective de la naissance de l’UE, qui succéda à la CEE, est celle du 1er novembre 1993, c’est-à-dire sa date d’entrée en vigueur. Dans l’intervalle, un référendum au Danemark a eu lieu, provoquant son rejet, et une longue négociation s’est opérée au sujet des « exceptions » du traité : le Danemark et bien plus encore la Grande-Bretagne. Mais, les « chefs de cérémonie » de l’UE ne veulent pas établir un lien entre ses « anniversaires dorés » et des événements détestables, des référendums et des consultations populaires (ces dernières étant en principe négatives pour le projet européen).

Nous devons admettre que lors des préliminaires de la célébration qui se sont déroulés dans la ville hollandaise de Maastricht, berceau de l’UE, le 9 décembre 2016, aucun parmi les représentants des instances dirigeantes de l’Europe ayant prononcé un discours (Juncker, Timmermans, Dijsselbloem, Schulz) devant un public académique et restreint, n’a eu recours à des envolées lyriques. Étant donné qu’après 25 ans de transformation du « marché commun » (CEE) en « Union », celle-ci se trouve plus près de la décomposition que de l’achèvement, ils ont préféré recourir à des « chantages » historiques : « Sans l’UE », a déclaré Juncker, « aucun état membre n’est capable à lui seul d’assumer un poids politique au niveau mondial. Nous représentons en ce moment une partie considérable de l’économie mondiale avec 25% du PIB. Dans dix ans, le pourcentage atteindra 15%. Dans vingt ans, aucun membre de l’UE ne pourra à lui seul être membre du G7 ». Et d’ajouter quelques chiffres encore plus terribles quant au déclin démographique de l’UE dans un monde qui, d’ici quelques décennies, comptera 10 milliards d’habitants.

Un échec, produit du succès

Le problème de la nomenclature européenne est qu’il s’avère extrêmement difficile de dissocier la conception anti-Maastricht de l’UE de ce que la majorité qualifiée des sociétés européennes en augmentation dans tous les pays (bien qu’ayant des situations nationales différentes) vit comme un échec de Maastricht et des doutes généralisés qu’elle exprime quant au projet européen, même au travers de messages politiques qui posent problème. L’anniversaire européen risque de devenir non pas victime de son échec, mais du succès de Maastricht : l’offensive déferlante contre le travail et l’État social, l’augmentation des inégalités entre les pays au lieu de la convergence annoncée, l’explosion de la dette publique, la faible croissance de la zone euro et la stabilisation du chômage à des niveaux très élevés ne résultait pas d’une divergence de vues par rapport à la stratégie de Maastricht, mais bien de son application cohérente.

Cette stratégie était simple dans sa conception : la CEE, de simple marché commun sans taxes, devait évoluer en union politique, économique et monétaire, établie sur ce qu’on appelle les quatre libertés de circulation, à savoir celle des capitaux, des biens, des services et des travailleurs. Mais en s’opposant à toute l’expérience historique précédente, sur la base de laquelle l’union politique, notamment sous la forme d’État-nation et de fédération des nations, précède l’union économique et monétaire, tout a été lancé à l’envers dans l’UE : on a d’abord réalisé l’union monétaire, à partir de laquelle s’est engagée l’union économique (avec ses « critères de convergence » devenus par la suite « Pacte de stabilité », avec ses règles drastiques, ses sanctions et ses amendes) et ce n’est qu’à présent que la question du modèle de l’union politique se pose, une entreprise léonine entre des partenaires chaotiquement inégaux créée par l’union monétaire. En ce 25e anniversaire du Traité de Maastricht, l’intégration politique a été encouragée de manière sélective uniquement dans les secteurs de la politique migratoire, de la politique extérieure, de l’assurance et de la militarisation de l’UE, des éléments qui font d’elle une union impérialiste à part entière.

 « Erreur de conception » ou de stratégie ?

Cette intégration « à l’envers » est souvent envisagée, même par la Gauche, comme une « erreur de conception » de l’UE, qui a conduit à un développement déséquilibré au profit de l’Allemagne et de quelques rares pays qui en ont retiré des excédents considérables par rapport aux autres. Toutefois, le fait que l’UEM ait évolué vers une réunification allemande et l’euro vers un mark travesti n’était pas un dysfonctionnement. C’était un choix stratégique partiel du capital européen, et avant tout de la finance, qui a réduit les marges d’influence au sein de l’élite politique européenne et plus particulièrement de l’axe franco-allemand, alors incarné par Mitterand et Kohl.

Il existe une dimension géopolitique évidente dans l’accélération de l’UEM, peu après la réunification allemande et la chute des régimes d’Europe centrale et orientale, alors considérée comme l’espace vital du noyau européen, avec deux vagues d’élargissement faisant passer les 12 de Maastricht à 27 dans l’UE actuelle.  Les critères de convergence, la conformité avec le Pacte de Stabilité, la violente « libération » des marchés par rapport aux réglementations nationales n’étaient pas seulement un « mémorandum » d’ajustement pour anciens et nouveaux États membres, mais un mécanisme de transfert des richesses, des capitaux, de la propriété, ainsi que des ressources humaines hautement qualifiées s’opérant de la périphérie vers le centre de l’UE.

Néolibéralisme ou ordolibéralisme ?

25 ans après Maastricht, l’intégration européenne s’est poursuivie avec un degré de spontanéité et d’adaptation à la conjoncture, notamment celle de la crise financière. Toutefois, elle s’est maintenue au sein d’un plan stratégique cohérent, qu’on identifie souvent avec les impératifs élémentaires du néolibéralisme. Mais ceci reste cependant inexact. Le projet européen a été davantage établi sur la base des principes de l’« ordolibéralisme » (ordoliberalismus, de ordo = classe et libéralisme) issu du mouvement allemand de pensée économique (école de Francfort) sur lequel s’est fondé le modèle de l’Allemagne de l’Ouest dans l’après-guerre. Dans le traité de Maastricht, dans le Pacte de stabilité, dans le Pacte budgétaire et dans le Pacte pour l’euro plus, dans l’irrépressible bavardage allemand autour de « l’unification des règles », dans la constitutionnalisation de l’austérité, dans le fonctionnement de la BCE et du MES, sont gravés les principes fondamentaux de l’« ordolibéralisme ». Ce n’est peut-être pas un hasard si le premier pays à quitter l’enclos européen est celui qui fut le berceau du néolibéralisme, à savoir la Grande-Bretagne.

La métaphysique des excédents

Mais c’est loin d’être le dernier. La mise en œuvre du projet européen selon l’ordre allemand a créé des écarts abyssaux entre les rares gagnants et les nombreux perdants. Elle a provoqué des divisions jusque dans l’oligarchie allemande, dont une fraction est « passée à l’ennemi » de manière évidente en penchant vers l’extrême droite de l’« Alternative pour l’Allemagne » (AfD). Elle a fractionné l’UE en coalitions d’états conjoncturelles.

C’est à peu près inévitable. Nul besoin d’être économiste pour comprendre que l’exigence d’arriver à ce que tous les pays de la zone euro soient à l’identique excédentaires est une absurdité. C’est à juste titre que s’insurge Martin Wolf dans le Financial Times contre cette idée que toute la zone euro peut devenir une grande Allemagne des bas salaires et des grandes exportations : « On suppose que tous doivent garantir un excédent dans la balance des opérations courantes ? S’il en est ainsi, avec qui – avec les Martiens ? Et même si concrètement ils tentent de garantir cet excédent, quel autre résultat peut-on obtenir hormis une récession mondiale ? »…

Questions fort justes, même si elles sont exprimées en faisant comme si la nature autodestructrice du capitalisme extrême n’était pas connue. Ses chefs ont depuis longtemps dépassé la limite entre rationalisme (cynique) et métaphysique.

*Publié dans “Ερ­γα­τι­κή Αρι­στε­ρά” (la Gauche du travail) , φ.375 (11/1/17)

traduction : vanessa de pizzol

https://unitepopulaire-fr.org/2017/02/02/25-ans-depuis-le-traite-de-maastricht-un-anniversaire-entre-celebration-et-hommage-funeraire-par-yannis-kimbouropoulos/de pizzol

Sur les réfugiés semaine 5

5/2/17 Délit de solidarité aux migrants : les bénévoles se mobilisent http://www.lepoint.fr/societe/delit-de-solidarite-aux-migrants-les-benevoles-se-mobilisent-05-02-2017-2102509_23.php

3/2/17 Un camp de migrants où on vit comme des animaux http://fr.euronews.com/2017/02/03/moria-grece-un-camp-de-migrants-ou-on-vit-comme-des-animaux

2/2/17  Accueil chaleureux des enfants de réfugiés dans les écoles : Les actions commandos des nazis d’Aube Doré dans les écoles pour refuser la scolarisation des enfants réfugiés visaient à opposer les grecs et les migrants. Au-delà des nécessaires réactions et manifestations antifascistes de rue qui ont été très nombreuses, la société grecque a réagi aussi pour exprimer son refus de la xénophobie et du racisme et son attachement à ses valeurs fondatrices comme l’hospitalité, se souvenait des tristes expériences qu’elle a aussi vécu dans son histoire.

Il est rassurant de voir ces cérémonies symboliques d’accueil chaleureux et joyeux qui sont organisées à l’occasion de la scolarisation des enfants réfugiés dans les écoles grecques. Ainsi , hier à Kerastini et Drapetsona où 25 enfants ont été accueillis après des mois de séjour dans le centre d’hébergement de Skisto. En guise d’accueil, applaudissements des parents, enfants grecs, enseignants, autorités locales et scolaires, qui étaient rassemblés tôt en dehors de l’école, tenant des ballons et des fleurs colorées et des bannières de bienvenue.Une réception festive a été organisée avec des chants et des danses. Le Maire Christos Brettakos a dit à propos de l’intégration des enfants réfugiés dans les écoles de la région qu » il est normal que ces enfants étudient dans nos écoles de la ville. Cela rappelle notre propre histoire de réfugiés, ainsi que les valeurs humaines de solidarité et de respect» . Il a également souligné que «l’éducation est un droit fondamental pour tous les enfants dans le monde et personne n’a le droit de les en priver. » Vidéo: https://youtu.be/GDCZmKokOf0
Aujourd’hui, ce sera l’accueil des enfants à l’école primaire de New Konya à Perama
Des manifestations d’accueil chaleureux analogues ont eu lieu dans diverses villes de Grèce : Alexandrie où ont été scolarisés une cinquantaine d’enfants réfugiés; à Larissa où le lycée a accueilli des jeunes réfugiés ; ainsi que l’école primaire; au Pirée aussi Photos) dans un grand quartier qui a été construit et habité par des réfugiés grecs d’Asie Mineure.
Il faut noter que 67% des citoyens grecs sont favorables à la scolarisation des enfants de réfugiés. Ce qui a d’ailleurs amené le Ministère de l’Éducation Nationale à prendre des mesures allant dans ce sens.

2/2/17  Grève de la faim dans le camp de Korinthe : Les migrants et réfugiés du camp de Corinthe ont entamé une grève totale de la faim pour dénoncer les conditions de détention effroyables. Le Mouvement contre le Racisme et le Fascisme KEERFA qui popularise leur lutte, précise que les quelque 100 migrants (de nationalité pakistanaise et algérienne) parlent de la nourriture immangeable et qu’ils n’ont droit seulement qu’à une douche d’eau froide.

Par ailleurs, Mohammed A.,39 ans, égyptien continue sa grève de la faim à l’Hôpital de Mytilène (Lesbos) pour exiger sa prise en compte de demande d’asile. Opposant politique au régime égyptien actuel, il craint pour sa vie s’il était expulsé.

1/2/17 De Lesbos à Bruxelles, dans les pas des réfugiés http://www.lalibre.be/actu/international/de-lesbos-a-bruxelles-dans-les-pas-des-refugies-5890b1a7cd70ff671de8f604

31/1/17  3eme décès en une semaine dans le camp grec de Moria  https://fr.news.yahoo.com/troisi%C3%A8me-d%C3%A9c%C3%A8s-en-une-semaine-dans-le-camp-145835232.html

31/1/17 Des dizaines de milliers de réfugiés errent, dans l’hiver glacial, sur la « route des Balkans » http://www.bastamag.net/Des-dizaines-de-milliers-de-refugies-errent-dans-l-hiver-glacial-sur-la-route

Grèce: l’effondrement à bas bruit

La crise grecque est toujours là. Les responsables européens et le FMI ont lancé un nouvel ultimatum à Alexis Tsipras. Il a trois semaines pour présenter de nouvelles mesures d’austérité. Épuisé, le pays est au bord de l’effondrement financier, économique et moral. Des responsables de Syriza parlent de sortir de l’euro.

Effondrement à bas prix

Athènes-Chypre : Tous les démocrates d’Europe sont concernés

Panagiotis Grigoriou  » Ce qui s’y joue à propos de Chypre actuellement, n’est que l’expérience en réel de ce qui demeure programmé à court et moyen terme, s’agissant de la mise à mort (voulue par les mondialisateurs) des États et des nations, (autant) autrement que par la guerre classique »

Son analyse en 3 parties intitulées :

Chypre embrassée par les vagues – I  http://www.greekcrisis.fr/2017/01/Fr0579.html#deb

Chypre embrassée par les vagues – II  http://www.greekcrisis.fr/2017/01/Fr0580.html#deb

Chypre embrassée par les vagues – III  http://www.greekcrisis.fr/2017/01/Fr0581.html#deb

 

Les grecs obligés de dépenser

En Grèce, on vous oblige à dépenser sous peine d’amende ! Rédigé le 17 janvier 2017 par Brian Maher | Cash – Cashless

 Une nouvelle année commence. Et un nouveau front s’ouvre dans la guerre contre le cash…

L’Inde a lancé une offensive de grande ampleur en novembre dernier, lorsqu’elle a démonétisé les billets de banques les plus utilisés du pays. Le résultat a été le chaos total. A présent, c’est au tour de la Grèce de lancer sa dernière offensive contre le cash…

On pourrait la réduire à une sorte d’interdiction « en douceur » du cash. Certes, la Grèce est un petit pays sans importance… mais prenez garde : cette interdiction « soft » du cash pourrait devenir un modèle.

Le site d’informations grec, Keep Talking Greece, rapporte que depuis le 1er janvier, le contribuable grec est obligé d’utiliser une carte de crédit pour payer un montant cumulé déterminé à l’avance selon ses revenus.

Voici ce qu’il en est exactement :

« Si vous êtes Grec et gagnez moins de 10 000 euros, vous devez effectuer 10% de vos paiements en carte. Entre 10 000 et 30 000 euros, ce chiffre monte à 15%. Au-delà de 30 000 euros, il passe à 20%. »

Et si vous ne vous pliez pas à ces règles ? Vous écoperez d’une pénalité de 22%. Admettons que vous gagniez 50 000 euros ; vous devez alors dépenser 10 000 euros par CB. Supposons que vous ne dépensiez que 5 000 euros par carte. Votre amende sera de 22% sur ces 5 000 euros que vous n’avez pas dépensés — soit 1 100 euros. [DNLR : Savez-vous que la plupart des taxes foncières sont truffées d’erreurs ? Ne payez plus sans vérifier ! Donnez-vous les moyens de réduire cette dépense, récupérez les sommes trop versées et commencez à économiser chaque année sur cette dépense. 

Les loyers, les services publics, les remboursements de prêts, les frais de transports et bien d’autres dépenses ne comptent pas. Non. Vous devrez dépenser par carte au supermarché, dans les restaurants, chez le coiffeur, pour vos cours de danse et ce genre de choses.

Comment ça, vous ne voulez pas apprendre à valser ? Allez donc l’expliquer au juge. Keep Talking Greece explique :

« Les ménages seront obligés de dépenser de l’argent même s’ils ne le veulent pas. Comme la majeure partie des dépenses mensuelles nécessaires (services publics, etc.) n’est pas acceptée par la direction des impôts, les ménages qui ne parviennent pas à atteindre le pourcentage nécessaire avec les dépenses de supermarché devront dépenser à tout va dans les magasins, les écoles de danse, les cours de gym et d’autres fournisseurs de biens et services. »

« Vous voyez bien qu’on n’interdit pas le cash, » vous expliquera-t-on doctement. « Nous ne ferons jamais une chose pareille. Dépensez en liquide autant que vous voulez. Mais si vous voulez éviter cette pénalité de 22%, vous savez ce qui vous reste à faire… »

Qui peut dire que cette obligation de dépense restera plafonnée à 20% ? Peut-être l’économie sera-t-elle dans le marasme l’année prochaine et que le seuil sera relevé à 50% afin que vos dépenses supplémentaires « stimulent » l’économie. Et pourquoi pas 75% ?

Les élites n’ont pas besoin d’interdire le cash pour l’éliminer

L’étape suivante ? Le cash sera si peu utilisé que plus personne ne l’acceptera, pas même vos parents. Cela posera trop de problèmes d’en avoir alors que quasiment plus personne ne l’utilisera.

Une fois que le niveau de cash dans la société chutera à un certain point, il n’y aura plus qu’un petit pas à franchir avant qu’il ne disparaisse entièrement.

Voilà comment le cash disparaîtra. Nul besoin de l’interdire du jour au lendemain. Il mourra par négligence. Il sera devenu si incommode que plus personne ne l’acceptera. L’utiliser sera aussi compliqué qu’acheter une Ferrari avec des pièces d’un dollar. C’est certes légal aux Etats-Unis— mais essayez de le faire.

Voilà comment les élites réaliseront leur rêve de taux d’intérêt véritablement négatifs. Vous préférerez dépenser votre argent en cours de tango ou en billets d’opéra plutôt que de payer à la banque le privilège de le garder pour vous.

Ce type d’interdiction « en douceur » du cash est une attaque indirecte plutôt qu’une attaque frontale comme celle qu’a lancée l’Inde en novembre. La résistance est trop solide au centre. Mieux vaut une bonne attaque latérale : cela fait beaucoup moins de bruit et l’ennemi est rapidement encerclé. C’est l’objectif des élites dans la guerre contre le cash : doucement, sans faire de bruit, vous déborder, vous encercler, pour empêcher toute échappatoire.

Puis viendra l’ordre : posez par terre votre cash et sortez les mains en l’air. Direction le camp des prisonniers numériques. Que voulez-vous. Pour tondre les moutons, il faut bien les parquer avant…

[NDLR : Si ces mesures vous révoltent car vous comprenez que c’est une privation totale de liberté, signez la pétition que nous avons mise en place : http://nonalasocietesanscash.fr/. Luttons contre la société totalitaire que l’on veut nous imposer !]

 Aujourd’hui c’est la Grèce. Demain ce sera un autre pays. Ne soyez pas surpris si la semaine prochaine, le mois prochain ou l’année prochaine cela arrive chez vous.

Plus d’infos sur : http://la-chronique-agora.com/grece-oblige-depenser-amende/
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Communiqué de presse de Migreurop

« L’Union européenne ne peut pas abolir les hivers : elle doit mettre fin à la politique criminelle des hotspots !

À partir de quel moment la non assistance à personne en danger devient-elle un crime ? Quel nombre de morts permet de qualifier un crime contre l’humanité ? Ces questions se posent depuis longtemps à propos des milliers de personnes décédées en Méditerranée faute de voies légales d’accès à l’Union européenne (UE). Aujourd’hui, la situation de plus en plus grave de milliers d’exilé·es, pris au piège par des températures glaciales dans les camps grecs et sur les « routes des Balkans », met très directement en cause les choix de l’UE en matière de « gestion des flux migratoires ».

Au printemps dernier, pour ne pas accueillir les centaines de milliers de réfugié·es qui fuyaient les conflits syriens, irakiens ou d’autres régions en crise, les fonctionnaires de la Commission et les membres du Conseil européen ont mis en œuvre une « solution hotspot » qui n’a manifestement pas intégré les variable météorologiques : l’hiver, les températures baissent et le froid sévit, y compris sur les îles de la mer Egée désertées par les touristes.  Seuls des camps de toile ont été prévus pour des exilé·es « stockés » dans l’attente de l’organisation des retours forcés, considérés par les fonctionnaires et les dirigeants européens comme la meilleure solution pour régler la « crise migratoire ».

Car la Commission européenne et les États membres n’ont jamais cru à la « relocalisation », dispositif censé « soulager » les pays de première ligne (Grèce et Italie) et permettre aux hotspots de ne pas devenir des lieux durables de relégation « d’indésirables ». De fait, alors que l’objectif annoncé est le transfert de 63 000 personnes depuis la Grèce vers d’autres pays de l’UE avant le mois de septembre 2017, moins de 8 000 ont, à ce jour, pu bénéficier de ce dispositif.

Ainsi, environ 15 000 personnes sont actuellement prisonnières des hotspots des îles grecques, battues par le vent et la neige ; des milliers d’autres sont bloquées, dans une urgence humanitaire et un froid extrêmes, sur les « routes des Balkans » fermées par les membres de l’UE et leurs alliés. Or, les personnes enfermées dans les hotspots sont placées sous l’autorité directe d’agences et de fonctionnaires européens qui doivent veiller à ce que ces lieux ne se transforment pas en mouroirs. Faire remonter la température n’est pas de leur ressort ; supprimer les hivers n’est pas à l’agenda de l’UE. En revanche, la fermeture des hotspots ainsi que l’organisation d’un accès au séjour et d’un accueil durables relèvent du pouvoir des responsables européens. C’est à l’aune des camps de toile disparaissant sous la neige que leur politique criminelle sera jugée.

Contact : contact@migreurop.org

Photo : Belgrade, janvier 2017 | (c) Danilo Balducci

Visite dans les dispensaires sociaux

Du 11 au 15 janvier, une visite de solidarité dans les dispensaires sociaux grecs

par Carine, José, Karim, Marie-France, Nadia, Philippe, Yiorgos de Bruxelles.

krasnyi collectif

Depuis plusieurs mois, la CGSP-ALR Bruxelles, l’Initiative de solidarité avec la Grèce qui résiste, le CADTM avec le soutien des « Supporters and Friends of Elliniko », organisent une campagne de solidarité avec les dispensaires sociaux grecs. Ceux-ci jouent, en effet, un rôle vital dans la situation de crise sanitaire sans précédent que traverse la Grèce. En effet, avec 42,3% des Grecs vivant en 2012 sous le seuil officiel de pauvreté de 2009 |1| et un énorme pourcentage de la population en situation de privation matérielle |2|, il y a plus de 2.5 millions des gens qui n’ont aucune assurance maladie. |3| Les dispensaires sociaux ont été créé par des gens actifs dans les mouvements anti-Troïka pour redonner un accès à la sante à ceux qui en ont été privés par l’austérité brutale imposée à la Grèce. Dans le but de construire des liens de solidarité concrète dans la lutte commune des peuples européens contre le rouleau compresseur néolibéral, nous avons estimé qu’il était de notre devoir d’agir et d’informer sur cette situation dramatique et d’organiser à notre échelle une solidarité importante pour les travailleurs et les jeunes Grecs.

Nous avons, dès lors, mis sur pied une campagne et une soirée de solidarité le 1er octobre à Bruxelles avec une centaine de participants au cours de laquelle le Docteur Vichas, de la Clinique solidaire d’Elliniko, a pu nous expliquer la gravité de la situation sanitaire dans son pays et l’action des dispensaires sociaux. Ceux-ci constituent un exemple de comment le mouvement social organisé peut prendre en charge des problèmes sociaux, tout en continuant de revendiquer une autre politique publique pour leur résolution globale. En décembre, nous avons organisé un petit brunch solidaire afin de continuer la récolte de dons et de médicaments. Contrairement à ce que certains peuvent penser, ces activités nous ont prouvé que la solidarité existe toujours bel et bien parmi les travailleurs car nous avons pu récolter 5000 euros qui ont servi à acheter sur place à Athènes des médicaments urgents et indispensables à la clinique Elliniko. A noter que cette clinique fournit parfois aux hôpitaux publics certains médicaments impossibles à acquérir sur le marché.

Pour être sûrs de la destination de ces dons, nous avons voulu remettre en mains propres le matériel et les médicaments récoltés et en acheter à Athènes sur base d’une liste fournie par la clinique d’Elliniko. Notre délégation a pu ainsi visiter la clinique solidaire ainsi que rencontrer de nombreux militants grecs tout au long de son séjour. Voici un résumé de cette expérience riche en rencontres et qui nous a tous stimulés à continuer le combat contre la régression sociale imposée par l’Union Européenne à l’ensemble des travailleurs.

Visite de la clinique d’Elliniko :

A environ 30 minutes du centre d’Athènes se trouve le dispensaire social d’Elliniko. Le dispensaire est ouvert de 10 à 20 heures en semaine et le samedi matin. Ce sont près de deux cents bénévoles dont une centaine de médecins qui s’y relaient pour offrir des soins et des médicaments à ceux qui n’ont plus les moyens de se rendre dans les hôpitaux publics.

Avec la crise et les plans d’austérité imposés par la Troïka (FMI, UE, BCE), les coupes budgétaires ont concerné tous les secteurs et la santé n’a bien évidemment pas été épargnée. Aujourd’hui, les chômeurs de longue durée, après un an sans emploi, perdent leur couverture sociale ! Plus de 2,5 millions de Grecs n’auraient donc plus d’assurance maladie… Les conséquences sont la réapparition de pathologies qui avaient quasiment disparu, la hausse des suicides, des malades chroniques qui ne sont plus soignées par manque de traitements, des cancers qui ne sont plus soignés ou dont le traitement doit être raccourci, la flambée du VIH, …

Le dispensaire d’Elliniko, créé en décembre 2011 sous l’impulsion du docteur Vichas avec des membres du personnel soignant révoltés de la situation, connaît depuis un succès grandissant. Au début, ils recevaient uniquement les patients sans couverture sociale. Aujourd’hui, alors que la situation sociale s’aggrave, ceux qui ont encore une sécurité sociale mais qui n’ont pas les moyens de payer le ticket modérateur ont aussi recours au centre. Même s’il est l’un des premiers, le dispensaire n’est pas le seul à Athènes à offrir des soins gratuitement ; plus d’une dizaine d’endroits accueillent désormais ceux qui, sans ça, resteraient en marge du système de santé. Des dizaines de milliers de patients ont été soignés ces six dernières années par la trentaine des dispensaires qui ont été établis dans toute la Grèce.

Tous ceux qui y travaillent sont volontaires et bénévoles ; les médecins, les infirmiers, les pharmaciens, ceux qui assurent le secrétariat ; certains sont à la retraite, d’autres sont chômeurs, d’autres y viennent après leurs heures de travail… Les médecins bénévoles sont en mesure d’offrir des consultations et des soins primaires dans toutes les spécialités (pédiatrie, gynéco-obstétrique, chirurgie générale, orthopédie, ORL, cardio, médecine interne et diabétologie, gastro-entero, psychothérapie, néphrologie, dermatologie, dentisterie, une nutritionniste, et des généralistes…).

En avril 2016, face à la pression populaire et aux mobilisations du secteur, le gouvernement a mis en place une nouvelle loi qui est censée donner un accès plus large à la santé publique. Cette loi aurait dû permettre à ceux qui n’ont pas de couverture sociale d’accéder aux soins de santé. Cette loi est cependant considérée par beaucoup comme une loi cosmétique car il reste toujours le ticket modérateur à payer (25% du prix de la consultation) et de très nombreuses personnes en grande difficulté financière restent ainsi encore et toujours exclues des soins. Cette loi ne peut pas non plus vraiment être appliquée car le manque de moyens dans les hôpitaux publics est tel que les listes d’attente sont interminables. Le matériel désuet, les bâtiments en très mauvais état et surtout, le manque de personnel chronique dans les hôpitaux publics ne leur permet pas de répondre aux besoins de la population.

Dans ce contexte, les objectifs définis par le centre sont de mener le combat pour des soins de santé universels, égalitaires et de qualité. Leur approche : ne pas se limiter à la maladie du patient mais prendre en compte son environnement, ses difficultés de vie, … Les membres des dispensaires ne veulent pas se substituer aux services publics et c’est pourquoi, par tous les moyens, ils font pression pour que les hôpitaux publics puissent reprendre leur rôle essentiel.-

Au cours de notre visite, nous avons pu discuter avec des médecins bénévoles, des pharmaciens qui triaient les nombreux dons en médicaments,… Nous remercions l’ensemble des camarades de la clinique Elliniko pour leur travail remarquable et de nous avoir accueilli de la sorte. La solidarité est notre arme, ne l’oublions jamais !

Rencontre avec des médecins syndicalistes de l’ EINAP (Union des médecins des hôpitaux d’Athènes et du Pirée)

Nous avons eu l’honneur de rencontrer des camarades du plus grand syndicat de médecins (par adhésion individuelle)de la Grèce qui compte 9000 adhérents. Ils nous ont expliqué qu’entre 2012 et 2013, dans le cadre des mémorandums imposés à la Grèce, on a assisté 1) à une désarticulation des soins de base non hospitaliers à travers le démantèlement des services offerts par la sécurité sociale, 2) àbeaucoup de fermetures d’hôpitaux, 3) au licenciement de milliers de médecins,… La volonté du gouvernement de l’époque était de réduire la capacité hospitalière de 33000 à 22000 lits. Heureusement, les mobilisations massives des travailleurs du secteur et des habitants ont empêché plus de fermetures et ont mis une limite temporaire à la destruction du secteur public des soins de santé.

Ils nous ont expliqué avoir vécu des manifestations très importantes, des occupations de longue durée par le personnel et les habitants. Pendant toute cette période, il était impossible au Ministre de la santé Adonis Georgiadis (Nouvelle Démocratie) |4| de se rendre dans n’importe quel hôpital en Grèce tellement la colère était grande !!

Les camarades de l’EINAP dénoncent la baisse systématique du financement des hôpitaux publics (de 1,8 milliards en 2013 à 1,1 en 2016). Ils organisent la lutte contre l’apparition des contrats précaires dans les hôpitaux publics, le non-remplacement du personnel partant à la retraite, la baisse importante des salaires du personnel soignant dans son ensemble moins de 30% pour les médecins et les infirmiers). Pour eux, le plus important problème est le manque de personnel : il manquerait 7000 postes de médecins et 30000 postes pour les autres catégories de personnel. Ils nous ont expliqué que par manque de brancardiers, ce sont parfois les familles qui doivent aujourd’hui assurer le transport du patient dans l’hôpital.

En Grèce, aujourd’hui, il y a un besoin de +ou- 3000 lits de soins intensifs alors que seulement 700 existent (550 réellement en fonctionnement car 150 lits n’ont pas le personnel nécessaire). Les conséquences peuvent être très graves, une des plus importantes étant que de nombreuses interventions importantes doivent être postposées. Une estimation d’un conseil scientifique serait qu’à cause de ces 150 lits non utilisables, 1500 vies n’ont pas pu être sauvées l’année passée. Parfois, il faut aussi par exemple attendre des mois pour recevoir un traitement de chimiothérapie. En règle générale, le manque de médicaments est criant dans les hôpitaux publics à tel point que ce sont parfois les dispensaires sociaux qui y envoient des médicaments en urgence.

Nous en avons profité pour expliquer aussi aux camarades les différentes mesures d’économies dans la santé lancées par la ministre Mme De Block. Leur réaction a été : « ici aussi cela a commencé comme ça… ». La combativité des médecins en Grèce contre l’austérité à la santé fait rêver sur les effets qu’une mobilisation des médecins pourrait avoir en Belgique.

Rencontre avec le chef du cabinet du ministère de la santé, Panos Papadopoulos

Nous sommes aussi reçus par Mr Padapopoulos, directeur de cabinet du ministre de la santé (Andreas Xanthos). Nous avons discuté longuement avec lui et il serait impossible de retranscrire l’ensemble de la discussion. Voici quelques éléments qui nous semblaient importants.

Nous l’avons tout d’abord interpellé à propos de la privatisation du terrain de l’ancien aéroport d’Athènes sur lequel se trouve les bâtiments actuellement utilisés par le dispensaire d’Elliniko et le risque d’expulsion par le nouveau propriétaire Spiro Latsis : « Nous n’avons jamais eu d’avertissement à propos d’un problème à ce sujet. C’est la première fois que notre ministère est sollicité sur cette question. On soutient les dispensaires sociaux car ils sont une nécessité. Si la clinique a des problèmes, on essayera de leur trouver un bâtiment ».

Nous avons rebondi en demandant :« Est-ce que vous nous assurez que le dispensaire ne sera pas expulsé ».

« Comme je vous le dis, nous les soutenons et il faut qu’ils nous contactent pour que l’on trouve une solution… ». Nous en avons informé le docteur Vichas.

Quel est le % du PIB consacré aux soins de santé ? : « Aujourd’hui, 5,2% du PIB. Ce pourcentage est très bas… Cela pousse les gens vers le privé. Nous faisons le maximum dans le cadre limité actuel… ».

Une camarade lui demande : « Que nous conseillez-vous de faire pour éviter la situation dans laquelle vous vous trouvez ? »

« Faites payer les riches ! Avant toute autre facteur comme la corruption, certes existante, la cause la plus essentielle de la crise grecque a été la faible imposition des riches ! Ceci ne concerne pas seulement les super-riches mais aussi la couche la plus aisée des classes moyennes et c’est le résultat d’un marchandage socio-politique de longue durée en Grèce sur lequel reposait la domination des partis traditionnels ».

Le ministère a confirmé le manque de 5000 médecins et 15000 autres métiers dans les soins de santé sans commenter la différence avec les estimations que nous avait données le syndicat des médecins. « Des carences, il y en a toujours eues mais la crise les a aggravées ».

Mr Padapopoulos nous explique qu’ il y trois facteurs qui empêchent la couverture des besoins de santé de base de la population : 1) la stricte politique budgétaire de la Troïka qui impose des coupures dans tous les services publics, 2) les limites annuelles que la Troïka nous met en termes d’engagement statutaire 3) son rejet des toutes les propositions du gouvernement grec de taxer les riches.

On lui demande si c’est la troïka (UE-FMI-BCE) qui gouverne la Grèce aujourd’hui ?

C’est l’impression que tout cela nous donne et on ressent que Syriza mène au final la politique d’austérité que la troïka impose. On s’est mobilisé en soutien au peuple grec, en Belgique aussi, et on se sent trahi.

« C’est une question difficile. La déception je la vis aussi. Je viens des mouvements sociaux et du syndicalisme comme vous. J’ai rejoint et j’ai voté Syriza pour en finir avec l’austérité. J’ai mal d’avoir trahi la solidarité des camarades partout en Europe. »

« En juillet 2015, le gouvernement grec a dû faire face à un choix difficile : accepter un nouveau programme d’austérité ou sortir de l’Euro mais de là, aurait résulté entre autres que les multinationales pharmaceutiques ne nous vendraient plus les médicaments dont nous avons besoin. »

« Alors, oui, dans certains champs, c’est la Troïka qui gouverne effectivement : fiscalité, budget,… Par contre, la Troïka ne peut pas et n’essaye pas d’imposer la privatisation de la santé en Grèce. Il existe donc un espoir de revenir sur la privatisation. Notre gouvernement a renversé la politique du favoritisme discret au secteur privé suivi par les gouvernements précédents. Contrairement à ces derniers, nous arrivons aujourd’hui à couvrir chaque jour plus de besoins par le secteur public. Après 2018, nous espérons d’être libres de suivre la politique budgétaire et fiscale que nous voulons. ».

Pour conclure, nous avons demandé quelles initiatives politiques prend le gouvernement grec afin de changer la politique sur la santé au niveau de l’UE. Mr Papadopoulos n’a pas cité d’ initiatives proprement politiques, mais seulement un effort de coordination à faire entre les pays de l’Europe du Sud pour mieux négocier le prix de médicaments avec les multinationales.

Il nous a fortement remerciés pour notre initiative de solidarité.

Notre séjour s’est terminé par une interview radio dans une émission animée par le Dr Vichas lui-même dans la radio publique d’ERT.

L’interview a porté sur la situation de la santé en Grèce et en Belgique. En regardant la Grèce, on voit clairement ce qu’il faut absolument empêcher qu’il arrive en Belgique. Il paraît aussi évident que la dégradation de la santé publique dans un pays européen permet d’exercer une forte pression sur tous les autres pays.

Alors, pour que notre solidarité soit importante, il ne faut pas uniquement les aider mais il faut aussi agir ensemble au niveau de l’Europe, pour faire changer les causes de cette situation !!!

Nous nous sommes engagés à continuer notre campagne de solidarité, mais avant tout à nous préparer au mieux pour faire échouer les projets dévastateurs de Magie de Block. Ceci est une étape indispensable vers de futures luttes pour sauver et améliorer la santé publique pas seulement en Belgique mais dans toute l’Europe.

Carine, José, Karim, Marie-France, Nadia, Philippe, Yiorgos.

Voir en ligne : http://www.infoskes.be/du-11-au-15-…

Notes

|1| Le taux de la pauvreté absolu prenant 2012 comme référence est 23, 1% en 2012 et 21,4% en 2014 (Eurostat). Néanmoins prendre comme référence le seuil de pauvreté en 2009 pondéré avec le pouvoir d’achat de 2012 nous permet de saisir de façon plus claire la paupérisation subie par de vastes couches de la population. Rapport annuel 2015 du service d’étude de la Confédération générale des travailleurs en Grèce (ΙΝΕ-GSEE) : « l’économie grecque et l’emploi », p. 142 http://www.inegsee.gr/wp-content/up…

|2| Selon le ministère de l’emploi, les travailleurs en Grèce ont perdu environ 50% de leur pouvoir d’achat (http://www.amna.gr/article/120204/Y…). Selon Eurostat, le salaire médian en Grèce a tombé de 915€ en 2010 à 793€ en 2011. Selon un développement de la même étude par INE-GSEE, 33,7% de la population n’arrive pas à couvrir trois des neuf besoins de base (situation de privation matérielle), alors que ce pourcentage était de 21,8% en 2008. http://ineobservatory.gr/deltio-tip… Par le passé, INE-GSEE a effectué une étude qui analysait en détail les prix des besoins de base, en concluant le fait que le seuil de pauvreté réel était d’environ 200€ supérieur au seuil de pauvreté officiel (« Approche empirique de la pauvreté absolue en Grèce », décembre 2010, p. 135 http://ineobservatory.gr/wp-content…). Ce seuil n’arrête pas de tomber : à 598€ en 2010, il est arrivé à 376€ en 2014. Notre conclusion est que la pauvreté absolue en Grèce est beaucoup plus importante que ce que les chiffres officiels déjà effrayants dévoilent. Le taux belge (15%) est aussi mis en question (http://www.lalibre.be/economie/libr…).

|3| https://www.theguardian.com/world/2…

|4| Le vice-président actuel de la Nouvelle Démocratie (ND) a été élu pour la première fois avec le parti d’extrême droite « Alerte Orthodoxe Populaire » (LAOS) et il a basculé à ND après l’expérience du gouvernement tripartite imposé par l’UE en 2011-2012. Il est connu pour ses propos racistes récurrents et son anti-syndicalisme primaire.

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