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Stoppons l’austérité et la dette ! Oui, mais comment ?

Par Thierry Müller . Cet article est un compte-rendu des discussions collectives qui se sont tenues dans le cadre de l’atelier “Stoppons l’austérité et la dette ! Oui mais comment ?” lors de l’événement Les 8 heures contre la dette illégitime, organisé le 4 décembre 2016 par le CADTM Belgique.  

Intervenant-e-s : Yiorgos Vassalos (Initiative de Solidarité avec la Grèce qui résiste), Yannis Youlountas (philosophe, écrivain, réalisateur), Ania Deschoemacker (PSL-LSP). Animation : Anouk Renaud (Cadtm Belgique) Distribution paroles : César Chantraine (CADTM Belgique) Synthèse : Thierry Müller

1. Quelle stratégie pour la Grèce depuis la Belgique ?

a) État de la situation

Cela fait maintenant six ans que la Grèce est le terrain de politiques d’austérité féroces et demeure sous une tutelle digne d’un régime colonial. D’ailleurs, le 3e mémorandum conclu en juillet 2015 pousse l’application des mesures néolibérales à un niveau inédit (privatisation du Trésor, privatisations supplémentaires, énième réforme des retraites…). L’état économique, social et humanitaire du pays est catastrophique. Les défauts sur les dettes privées se multiplient dans ce contexte de crise et entraînent une multiplication des saisies immobilières depuis le début de cette année.

En termes de mobilisations, de résistances, les avis sont partagés. Pour certains, la gauche politique et syndicale est dans le coma, elle ne peut rien faire, il n’y a plus d’espoir.

Alors que, pour d’autres, force est de constater que, sur le terrain, ça grouille d’initiatives locales et que les luttes à la base reprennent.

b) Pourquoi la montée de la gauche politique en Grèce a-t-elle conduit à un échec ?

La capitulation/trahison de Syriza/Tsipras n’était-elle pas quelque part prévisible, dans la mesure où les élites “providentielles” finissent toujours par “trahir”/décevoir/capturer la lutte… ? Ne sommes-nous pas quelque part responsables de nous laisser ainsi berner à chaque fois ? On s’illusionne quant à ce que l’on peut obtenir par la voie électorale ; ne plus miser que sur la seule voie électorale est déjà le signe d’un recul de la lutte, du rapport de force.

Face à la crise du capitalisme, il n’y a pas de solution à l’intérieur de ce système. L’expérience grecque nous a montré que ce système ne fera aucune concession si aucune lutte ne l’y contraint. Or, Syriza ne proposait pas de sortir des clous et n’organisa aucune mobilisation populaire pour le soutenir

c) Que faire ?

L’échec Syriza a tué l’espoir, on sait qu’il n’y a(ura) pas de sauveur suprême à attendre , il nous faut reprendre nos vies en mains.

D’une manière générale, il semble y avoir consensus pour dire que toute initiative de résistance est bonne à prendre, et à soutenir.

À la base, au niveau local : chacun peut agir, là où il est, sans attendre ni espérer : résister, créer et articuler une multitude de formes d’actions et de solutions, démontrer que s’organiser autrement (solidarité) est possible.
Pour ce qui est du champ de l’immigration, par exemple, articuler une mobilisation collective à partir de recherches de solutions concrètes aux problèmes quotidiens.

À un niveau plus “macro”, il faut préparer un plan de sortie de l’euro et même sortir de l’architecture européenne, imposer des changements sur les territoires nationaux et, à partir de là, reconstruire une architecture européenne nouvelle, un nouveau projet fédérateur, avec une perspective politique de gauche, qui affronte le joug que nous imposent “ceux qui tiennent la finance”.

Au niveau national, les propositions ont fusé : reconstruire un syndicat de classe, un Front radical et démocratique qui se donne pour objectif la conquête du pouvoir, un programme politique proposant l’abolition de la dette, la nationalisation des secteurs clés de l’économie, d’ambitieux plans d’investissement dans les domaines des soins, des services publics, de l’agriculture… Ces mouvements qui doivent être animés par une démocratie interne forte et l’axe anticapitaliste doit rester la ligne rouge, la balise à suivre.

Parallèlement, au niveau national, la question des conquêtes au niveau municipal, comme levier sur lequel s’appuyer a été soulevée.

Les discussions ont même abordé un niveau de long terme ou plus en fond du moins, avec des enjeux tels que : repenser la démocratie, l’État, le pouvoir. Nous sommes au temps de l’hiver, celui où la renaissance est en gestation, lente et hors visibilité.

Il faut en revenir aux fondamentaux, travailler sur un nouvel imaginaire social qui remet en question le capitalisme, le productivisme, le consumérisme, la démocratie représentative.

2. Quelle stratégie pour la Belgique ?

a) Constats et quelques pistes-clés

Avec un des gouvernements le plus à droite de son histoire, la Belgique connaît des attaques cinglantes contre les droits économiques et sociaux fondamentaux. Les luttes menées à l’initiative des syndicales, acteurs prépondérant dans le mouvement social Belge, ont suscité de l’enthousiasme en 2014, mais ont fortement ralenti depuis.

Quant à la thématique de la dette, les gouvernements successifs s’engagent à réduire le poids de la dette pour rentrer dans les clous des critères européens, alors que dans les faits, l’endettement ne fait qu’augmenter, à tel point, qu’il atteint plus de 100% du PIB et que certaines communes se retrouvent dans des situations réellement alarmantes.

Les nouvelles technologies sont également un élément du contexte à prendre en compte, car, avec celles-ci, le pouvoir accroît sa fabrication du consentement (manipulation de l’opinion), sa surveillance, sa répression, si bien d’ailleurs qu’aujourd’hui fonctionnent à plein les pratiques d’autocensure. Il faut réagir : soyons résolus de ne plus servir, bloquons la production, cessons d’adhérer à leur société de consommation.

La grève générale du début de l’année 2012 fut exemplaire, des expériences de front radical et démocratique comme D19-20, les luttes anti-CETA et anti-TTIP, ont démontré leur efficacité ; il faut poursuivre ces expériences, les relancer, en créer d’autres.

La résistance dans la rue, la grève générale et la montée du PTB ont une efficacité manifeste mais il faut relancer et questionner cette dynamique.

Il faut un plan d’action inclusif, très large, réellement de gauche, construit à la base, avec un plan de mobilisation dans la durée.

b) Autres “Que faire” ?

La désobéissance civile est une stratégie d’action intéressante à explorer, notamment en synchronisant les luttes complémentaires de groupes affinitaires multiples.

Elle permet également de développer des dynamiques créatives, nouvelles, “visibles”, “buggantes”, “hors partis”, multiformes.

En résumé : on sent d’une part une volonté d’actions et de résistances par rapport à un pouvoir central avec qui les comptes doivent se régler directement et impérativement, la volonté d’un mouvement construit dans un “hors de l’entre soi classique” des luttes syndicales et politiques qui soit un mouvement de masse démocratique et radical, et d’autre part la volonté que se développe une multiplicité de pratiques locales, créatives, où la rencontre entre résistants et populations se fait sur le mode de “la stimulation de la volonté et du désir à partir d’imaginaires collectifs mobilisateurs”.

c) Questions

Si beaucoup de pistes très diverses ont émergées durant cet atelier, beaucoup de questions ont également fait surface.

Comment se pense et se construit le lien entre ces luttes micro-politiques et celles plus unifiantes du macro-politique ? Une articulation qui semble nécessaire puisque les expériences micro seraient trop défensives et locales que pour provoquer par elles-mêmes un changement d’envergure au niveau du pouvoir central, alors qu’une lutte macro qui ne s’appuierait pas sur des alternatives locales concrètes serait vouée à l’échec, à la récupération, à la réforme ?

Cette articulation nécessite-t-elle le choix d’un objet commun (exemple : la démocratie) ou d’un objectif unique et rassembleur (faire tomber le gouvernement, taxer les riches, etc.) ?
Qui doit prendre l’initiative de ce mouvement large : les syndicats, avec des consignes de lutte précises (mais définies où ? à et par la base ? comment contrôler les directions syndicales ?) ou le PTB (mais peut-il initier un mouvement inclusif et démocratique de lutte ici et maintenant ?) ? Si non, qui peut et doit jouer le rôle nécessaire du relais politique ?

http://www.cadtm.org/Compte-rendu-de-l-atelier-Stoppons

Toujours plus de précarité pour les travailleurs grecs

À 26 ans, Elisabeth Voglis habite toujours chez ses parents dans un quartier défavorisé d’Athènes. Elle n’a pas vraiment le choix avec son revenu de moins de 300 euros (324 USD) par mois.

Après plusieurs mois de chômage, la jeune femme diplômée d’un brevet esthétique-cosmétique n’a pas trouvé mieux que des missions en intérim pour faire la promotion de produits dans les supermarchés et les grands centres commerciaux.

« Tu es payée 23,50 euros (25,30 USD) pour une journée de huit heures et habituellement tu ne travailles que deux ou trois jours par semaine. Ce n’est qu’un emploi temporaire, le temps de trouver mieux et de ne pas rester inactive », concède-t-elle.

Vu le nombre faible d’heures effectuées, Elisabeth ne cotise pas normalement pour sa retraite et sa sécurité sociale. Mais au chômage depuis presqu’un an avec une allocation de 360 euros (380 USD) par mois, elle risquait de perdre complétement sa sécurité sociale si elle ne retrouvait pas un emploi.

En Grèce, les chômeurs de longue durée (en recherche d’emploi depuis 12 mois) représentent 72,2 % du total des travailleurs inoccupés. Une situation qui les prive de couverture sociale et qui ne permet plus le remboursement de leurs frais de soins de santé.

« Nous sommes une génération perdue. Nous sommes sortis du lycée au début de la crise et elle va nous suivre pendant plusieurs années. Nous avons le choix entre accepter des salaires de misère, être au chômage ou nous exiler à l’étranger ! », soupire Elisabeth.

Le chômage, dans un pays qui compte une dizaine de millions d’habitants, touche plus d’un million de personnes, mais près de 50 % des jeunes et 27 % des femmes.

« Lorsque tu as plus de 25 ans, tu es aussi discriminé par certaines entreprises, » avoue Elisabeth.

« Lors d’un entretien d’embauche pour travailler dans un salon d’esthétique, le patron m’a fait remarquer que je lui coûterai plus cher qu’une autre candidate plus jeune ». En effet, le salaire minimum grec mensuel pour un temps plein pour une personne de moins de 25 ans s’élève à 510 euros brut (548 USD), pour une personne de plus de 25 ans il est de 586 euros (630 USD).

Si le chômage a baissé de plus de trois points en deux ans comme le rappelle avec fierté le gouvernement Syriza, les nouvelles embauches se font de plus en plus en temps partiel ou en intérim. D’après les dernières données du ministère du travail, plus de 22 % des salariés grecs sont employés à mi-temps ou à temps partiel et touchent moins de 400 euros net (430 USD) par mois.

« Avant la crise, ces contrats à temps partiel ne représentaient que 5 % des embauches, ces derniers mois ils ont explosé avec plus de 40 % des recrutements à mi-temps ! », soutient Dimitris Karagiorgopoulos du principal syndicat du privé, la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE).

« Comme une des dernières réformes prévoie d’augmenter les cotisations sociales pour les employeurs, ils essaient de trouver des moyens de faire des économies. D’employer une personne à mi-temps coûte deux fois moins cher à une entreprise ! », ajoute-t-il.

Des employeurs peu scrupuleux

Certaines entreprises préfèrent ainsi embaucher à mi-temps quitte à payer au noir les heures supplémentaires ou ne pas les rémunérer du tout. Stella a subi de telle pratique lors de son précédent emploi pour un site en ligne.

« Ton contrat stipule un temps partiel de six heures par jour mais en fait tu fais systématiquement huit heures par jour. La charge de travail est telle que tu ne peux pas rester que six heures au bureau. Mais pas question de demander à être payée pour ces heures supplémentaires, sinon le rédacteur en chef te réplique qu’il te trouvera très vite un remplaçant ! », explique la jeune journaliste.

« Les employeurs pensent que nous accepterons tout pour ne pas nous retrouver au chômage », réplique Elisabeth qui est aussi passée par des emplois rémunérés au pourcentage des ventes réalisées.

« Je faisais pendant un certain temps du démarchage par téléphone pour une compagnie d’assurance. À chaque fois que tu réussis à convaincre une personne à souscrire à cette assurance tu gagnes 35 euros (38 USD). Dans le mois, tu peux espérer tout au plus gagner 350 euros (380 USD). Lors du recrutement, tu peux aussi choisir d’avoir un contrat normal mais tu as alors l’obligation d’être rentable et d’avoir au moins un client par jour sinon tu es viré! », raconte la jeune femme.

Autre pratique qui gagne du terrain en Grèce: la rémunération d’une partie du salaire en bons d’achat.

Selon le quotidien grec de centre droit Kathimerini, plus de 200.000 employés du secteur privé touchent entre 20 à 25 % de leur salaire en bons d’achat.

Au syndicat patronal grec (SEV), ces chiffres sont nuancés: « Ce n’est pas à proprement parler une partie de leur salaire, mais des bonus ». Alors que l’État grec prévoit une taxe sur d’autres bonus donnés aux employés comme les voitures, les tickets alimentaires ne sont pas pour l’instant imposés.

Yannis Kostopoulos a été embauché dans une grande compagnie de téléphonie il y a moins d’un an. Pour 30 heures hebdomadaires, il touche 320 euros (345 USD) net mais dispose également de 150 euros (162 USD) de coupons utilisables dans les supermarchés et dans certaines chaînes de restauration.

« Mes collègues arrivés avant moi dans la boîte touchaient il y a encore un an et demi des bonus en argent liquide. Évidemment, je préférerais avoir à la place des coupons du liquide qui me permettrait de payer mon loyer, mon électricité, mes déplacements…Mais vu le contexte actuel en Grèce, tu te contentes de ce que tu peux ! », s’exclame Yannis.

Pour Dimitris Karagiorgopoulos de la GSEE, « aucun employeur ne peut remplacer une partie du salaire par des coupons, avec lesquels tu ne cotises pas pour la sécurité sociale ou pour les retraites. Nous avons informé le ministère du travail et nous espérons qu’il va prendre des mesures contre cette pratique ».

Mais au ministère du travail, les priorités sont autres : lutte contre le travail au noir qui représente plus de 10 % de l’économie grecque et négociations avec les créanciers du pays (Banque centrale européenne, Union européenne, Fonds monétaire international) pour permettre de débloquer une tranche du prêt de 86 milliards d’euros (93 milliards USD) accordé à la Grèce.

Après l’augmentation de la TVA sur certains produits alimentaires et sur l’hôtellerie, une réforme laborieuse des retraites qui supprime progressivement le système d’aide aux retraites les plus faibles et augmente les cotisations d’assurance-maladie, les créanciers exigent du gouvernement grec de passer une loi facilitant les licenciements collectifs et permettant aux employeurs de fermer provisoirement une entreprise à la suite d’un conflit social.

Les syndicats appellent aux rassemblements et aux manifestations depuis plusieurs mois déjà et se plaignent du manque de consultations du gouvernement sur ces questions.

« Nous espérions avec l’élection du Syriza en 2015 que le revenu minimum serait revu à la hausse, que nos droits sociaux seraient préservés, mais aujourd’hui nous nous rendons compte que ce n’était que des illusions », se désole Yannis.

https://www.equaltimes.org/toujours-plus-de-precarite-pour?lang=en

Sur les réfugiés semaine 7

En France retrouvez l’actualité des communes solidaires du gard.  Rendez-vous sur le site web http://communessolidairesgard.collectif-citoyen.fr/ pour retrouvez toutes les actualités et publications.

19/2 Manifestation massive à Barcelone pour l’accueil des réfugiés: Barcelone s’est teinte hier en bleu de la Méditerranée, où l’année dernière plus de 5.000 personnes sont mortes, avec un double objectif: dénoncer la tragédie humanitaire que des milliers de personnes vivent dans des camps de réfugiés en Grèce et en Italie, et surtout exiger des institutions, européennes comme catalanes, des efforts accrus pour assurer l’accueil des réfugiés. Et cela implique d’ouvrir les frontières et de laisser entrer par des routes sûres les personnes fuyant la guerre C’est ce qu’ont réclamé plus de 160.000 manifestants, selon la Garde  urbaine (police), un demi-million, selon les organisateurs.http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=19937

19/2 Barcelone : la rue se fait refuge http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=19939

18/2 Weekend de solidarité avec les réfugiés : 4 rassemblements anti racistes seront organisés ce week end devant 4 centres pour réfugiés par le Mouvement Unis contre le Racisme et la Menace fasciste ( KEERFA) pour exiger des logements dans le tissu résidentiel et une vraie intégration dans la société grecque.
« Pendant combien de temps sera traitée une demande d’asile ? Comment vont – ils vivre dans des tentes et des bungalows dans des camps avec la surveillance de la police et l et la gestion des ONG? […] Ceux qui sont arrivés à passer ne peuvent plus avancer et finissent piégés dans les îles, enfermés dans des camps, si ils veulent encore une carte pour la nourriture « , dit l’organisation KEERFA.

Ce samedi, les événements sont programmés au Centre de Malakasa à 16 heures (Autoroute Athènes-Thessalonique, deuxième sortie après le péage, au camp de Gerakini) et à Elliniko à 17 heures en dehors de la zone des arrivées de l’ancien aéroport.
Le dimanche, à 16h, à Eleonas au centre d’hébergement et à Schistou(Camp Schistou).
Les événements ont lieu en vue de la mobilisation internationale contre le racisme et le fascisme, le 18 Mars, date à laquelle il y a un a été signée la Déclaration de l’UE-Turquie sur les réfugiés…
13/2 Grèce : un ancien joueur international crée une équipe de foot de réfugiés :  L’ancien footballeur international grec, Antonios Nikopolidis, a créé une équipe entièrement composée de réfugiés de guerre. Le but : leur permettre de maintenir des liens sociaux avec le reste du monde.

Grèce : le FMI savait que le programme échouerait dès 2010

Nouvelle pierre dans le jardin des créanciers européens sur la Grèce : le FMI avait mis en garde sur les risques de la stratégie mise en place en 2010. Des avertissements ignorés à l’origine du désastre actuel.

Par Romaric Godin La tribune

Alors que la crise grecque pourrait, le 20 février, connaître un nouvel épisode lors de la réunion de l’Eurogroupe sur la deuxième revue du troisième programme de financement de l’Etat grec, de récentes révélations viennent à nouveau éclairer les débuts de cette crise en 2010. Un éclairage qui explique largement les échecs et les aveuglements, même sept ans plus tard…

Ces révélations étaient, pour tout dire, passées relativement inaperçues en Europe lorsqu’elles ont été publiées dans le dernier ouvrage du journaliste étasunien Paul Blustein, Laid Low, paru en octobre dernier aux Etats-Unis aux éditions du Centre international de l’innovation de la gouvernance (CIGI). L’ouvrage s’intéresse particulièrement au rôle du FMI dans la préhistoire du premier mémorandum imposé à la Grèce en mai 2010. Ce récit détaillé confirme ce que d’autres sources avaient déjà établies, notamment la Commission sur la Vérité de la dette grecque, établie au premier semestre 2015 par Zoé Kostantopoulou, alors présidente de la Vouli, le parlement grec, mais aussi par d’autres journalistes étasuniens et par l’instance de surveillance interne du FMI. Mais cet ouvrage donne une vision plus claire des négociations du printemps 2010 et apporte davantage de précisions.

Les réserves du FMI sur le plan de 2010

Paul Blustein confirme ainsi que le FMI a bien participé au premier programme grec contre ses propres règles édictées après la crise argentine qui obligeaient le Fonds à ne pas aider un pays dont la dette n’était pas tenable sur le long terme. Or, les experts du FMI ne se faisaient aucune illusion sur la capacité du programme à sortir la Grèce de l’ornière. C’est la grande information de ce livre qui cite un « mémo interne » du chef économiste du FMI d’alors, Olivier Blanchard, transmis le 4 mai 2010, soit six jours avant l’annonce du plan « d’aide » à Athènes.

Ce mémo est d’une grande sévérité pour le mémorandum qui sera finalement signé avec la Grèce. Ce plan prévoyait, rappelons-le, officiellement, une dette maximale de 149 % du PIB en 2013 pour la Grèce et une légère récession en 2010 de 0,4 %, puis une reprise vigoureuse dans le cas où le pays réaliserait toutes les réformes structurelles imposées. Dans la version officielle qui a toujours cours et qui est encore largement acceptée par les décideurs et observateurs européens, c’est le manque d’implication de la Grèce dans le programme de réformes qui a fait échouer ces plans.

Des réformes vaines ?

Mais Olivier Blanchard, qui, depuis, a quitté le FMI avait déjà mis en garde dès le 4 mai 2010 : « même en remplissant entièrement toutes les conditions posées, rien ne peut soutenir la croissance contre la contribution négative du secteur public ». Et d’ajouter : « la reprise aura plus vraisemblablement la forme d’un « L » avec une récession plus profonde et plus longue que celle projetée ». Et de conclure : « le schéma de croissance en « V » projetée est beaucoup trop optimiste, il est improbable que les forts gains de productivité puisse jouer un rôle significatif ». Ce mémo prouve que le FMI savait donc parfaitement ce qui allait se passer en Grèce. Les informations de Paul Blustein ont été confirmées par Olivier Blanchard lui-même qui, dans un tweet du mercredi 15 février, a indiqué qu’il « n’a pas fait fuité lui-même » ce document, mais qu’il n’est finalement « pas mécontent qu’il ait fuité ».

Une dette non contrôlée

Dans son mémo, le chef économiste du FMI prévoit une explosion de la dette publique grecque jusqu’à 170 % du PIB, une analyse bien plus proche de la réalité (la dette publique grecque est aujourd’hui de 176 % du PIB) que les projections du mémorandum. Olivier Blanchard estimait alors, à mots couverts, que le programme devait prendre en compte l’adoption de « mesures plus radicales » comme la restructuration de la dette. Car, martèle-t-il à nouveau, « même avec une parfaite mise en œuvre des politiques demandées, c’est-à-dire si Athènes fait tout ce qu’elle est supposée faire, le programme peut dérailler ». Le verdict est sans appel : le programme de 2010 était fondé sur des illusions et ceux qui ont pris la décision de le mettre en place le savaient. La responsabilité de l’échec ne saurait alors être imputée à la Grèce et aux Grecs, comme c’est le cas depuis 2010.

Paul Blustein affirme que « cette recommandation d’Olivier Blanchard n’a pas été retenue ». Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a fait avaler la couleuvre au Fonds et fait adopter un programme dont le montant atteignait alors des niveaux jamais vus dans l’histoire du FMI. Il a donc introduit une « exception » aux règles du Fonds pour le faire entrer dans cette aventure dangereuse et ne pas mettre en péril l’architecture fragile et très politique mise en place. Les recommandations des équipes seront modifiées pour laisser une chance à un programme perdu d’avance.

Le FMI a travaillé à la restructuration de la dette grecque

Pourquoi cette insistance ? Paul Blustein l’explique en confirmant les informations publiées en 2015 outre-Atlantique. Le FMI a travaillé durant le printemps 2010 à un « plan B » pour la Grèce conforme à ses propres règles et incluant des mesures plus progressives et une restructuration de la dette publique. Ces plans ne faisaient certes pas l’unanimité au sein du Fonds – et étaient même repoussés par le département européen du FMI – mais ils correspondaient clairement à l’expérience de l’institution qui avait pu constater que l’implication des autorités locales dans les réformes étaient liées à ces deux conditions. Les économistes du Fonds ne sous-estimaient pas l’effet de contagion d’une « faillite » de la Grèce, mais estimaient qu’une action rapide et qu’un programme réussi étaient en mesure de stopper cette contagion. De fait, le programme de 2010 n’a pas empêché la contagion…

Le « non » de la BCE

Pourtant, cette option a été violemment repoussée par Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE, qui jugeait la faillite inacceptable. Paul Blustein rapporte notamment une réunion interne à la BCE « durant le printemps 2010 » où l’économiste en chef Jürgen Stark – qui démissionnera en septembre 2011 – évoque la possibilité d’un « haircut », une participation des créanciers au plan d’aide. A ces mots, selon l’auteur, Jean-Claude Trichet « a explosé ». « Nous sommes une union économique et monétaire et il ne doit pas y avoir de restructuration de la dette », lance-t-il « en criant », précise un témoin. La messe était dite. A la mi-avril, Dominique Strauss-Kahn comprend dans une réunion au Sofitel (sic !) de Washington avec les Européens qu’il ne peut proposer cette option. Cela ne l’empêchera pas pourtant de soutenir la participation du Fonds au programme. Le mémo d’Olivier Blanchard ne pouvait que devenir lettre morte…

La responsabilité de Jean-Claude Trichet

Que retenir de tout cela ? D’abord, le rôle majeur joué par Jean-Claude Trichet qui a agi comme un obstacle majeur contre toute restructuration de la dette hellénique. La raison en est évidemment la crainte de la contagion, mais l’exposition, alors, des banques françaises et allemandes à la dette grecque (95 milliards d’euros en tout) a joué aussi un rôle majeur. A l’automne 2010, le président de la BCE fera pression sur les gouvernements irlandais et espagnol pour éviter toute restructuration du même type. En avril 2011, il menacera même le nouveau gouvernement irlandais de « jeter une bombe sur Dublin » en forçant le pays à sortir de la zone euro si le programme de « participation des créanciers » promu par la nouvelle majorité était mise en œuvre. Or, en jetant un tabou sur ce sujet, le Français a créé le nœud coulant de la dette qui étrangle encore la Grèce et qui enserre les autres pays jadis sous programme. Idéologue de « l’austérité expansive », terme à la mode alors, il a forcé une solution impossible contre les voix raisonnables du FMI. Les malheurs de la Grèce depuis sept ans y trouvent là leur origine. Une responsabilité qu’il refuse obstinément d’endosser depuis.

Le coût du mensonge

Deuxième conséquence : sur la Grèce, tout le monde a donc menti en mai 2010, du gouvernement grec au FMI en passant par les dirigeants européens et la BCE. Ce mensonge est structurant pour toute l’histoire de la zone euro, particulièrement l’épisode dramatique du premier semestre 2015. Les demandes du premier gouvernement Tsipras, fondée notamment sur une restructuration de la dette et une réduction du niveau de l’austérité, venaient percuter les vérités assénées depuis 2010. Il a fallu briser cette demande par la violence d’un troisième mémorandum, donc d’une poursuite de la logique de 2010, malgré l’évidence contraire de son échec. Le but était en quelque sorte de « forcer la réalité » pour la faire entrer dans une vision définie en 2010. Sept ans de maux du peuple grec, une fracture béante entre le nord et le sud de l’Europe, une humiliation du gouvernement démocratique grec et une situation toujours aussi bloquée auront été les prix à payer de cette tentative sordide de validation des mensonges des dirigeants européens.

La position du FMI aujourd’hui et le Grexit

Dernier élément : la position actuelle du FMI ne peut plus faire comme si une participation au programme était possible. La torsion effectuée en 2010 aux statuts du Fonds et à la rationalité économique n’est plus possible. Aussi, désormais, la participation du FMI semble une gageure. D’où le débat entre les créanciers européens et le Fonds depuis 2015. D’autant que le FMI a souvent été utilisé, notamment en juillet 2015, comme le « bad cop » des « gentils Européens », scénario largement validé par le gouvernement grec. Dès lors, la fin de cette union entre créanciers européens et FMI semble proche. Elle signe la fin du pacte accepté par Dominique Strauss-Kahn en 2010 et ouvre la porte à des scénarios où le Grexit, la sortie de la Grèce de la zone euro, est une possibilité.

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-fmi-savait-que-le-programme-echouerait-des-2010-639615.html

CR réunion du collectif du 13 février 2017

Réunion du collectif Grèce-austérité de Grenoble du 13 février 2017

Présents : Bernard, Georges, Béatrice, Jeanne, Liliane, Lucienne, M Claude, Christine Excusé : Max.

1. Retour sur la rencontre interrégionale du 11 février avec le CSPG de Lyon. 

Cette rencontre a été annulée par le CSPG en raison d’un effectif restreint de leur côté pour y assister et débat sur la nécessité d’aborder la question de la préparation de la rencontre nationale des collectifs. Un échange par skype ne correspond pas aux attentes du groupe.

Christine a fait parvenir au CSPG une liste des actions en cours par le collectif de Grenoble et un petit topo des orientations que portera le collectif à Paris.

Si la rencontre nationale s’était tenue à Lyon d’autres membres du collectif auraient pu s’y rendre c’est Christine qui le représentera sachant qu’elle est en attente de la confirmation de l’ordre du jour qui conditionne sa participation.

Le collectif souhaite qu’une rencontre interrégionale soit à nouveau programmée pour permettre aux membres de chacun des comités de se connaître et envisager une collaboration future. Cette rencontre devra se tenir après la rencontre nationale du 25/2.

(2) Organisation de la soirée du lundi 10 avril au club autour du film  » Aube dorée : une affaire personnelle » et débat en présence d’Angélique Kourounis.

– Confirmation par M Claude que la projection au Club est bien arrêtée ,

– le collectif prend en charge l’accueil, l’organisation du débat, les frais de déplacement et d’hébergement d’Angélique Kourounis,

– Christine enverra un mail à P Ortéga pour lui confirmer la répartition entre le cinéma et le collectif,

– lancement d’une pré annonce : Le Tamis, CIIP, Nuit Debout, Maison de l’International, Musée de la résistance, Alternatiba, Rasl’front, Attac 38, CADTM, Les amis du monde diplo, Association franco- hellénique, Gregrecs, et le réseau du collectif,

– une 2eme annonce avec le flyer du cinéma dans les jours qui précédent,

– débat : animation-modération G.Collet d’ Attac 38 mais prévoir une doublure en cas d’empêchement,

– Angélique  Kourounis prend des colis pour la Grèce (Jeanne prépare),

– les autres points (accueil, déplacements, hébergement seront vus à la prochaine réunion).

( 3) Organisation du lancement de la commande groupée des produits VioMe,

– présentation du catalogue en français et validation (rajouter une photo),

– mettre 10% de frais de port comme l’année dernière,

– texte pour lancement et bon de commande : le même que l’année dernière en mentionnant la lutte contre l’expulsion sur le texte,

– Béatrice tient le fichier des commandes,

– Christine a contacté le Trièves pour un relais sur les commandes.

– date limite réception des commandes le 5/4 c’est à dire dans la semaine qui suit la projection. Livraison estimée fin avril début mai.

(4) Organisation de la soirée du 29 mars 2017 à la MDA avec le film « Next stop utopia »qui raconte l’histoire de la lutte des VioMe.

– Christine est en attente de recevoir le DVD pour le visionner et le transmettre ensuite à ceux qui le souhaitent (Jojo…),

– paiement sur facture à réception du DVD ( J Louis S),

– lancement de la pub : Affiche faite par Max est validée ,

– l’annonce de la soirée est déjà sur l’agenda du Tamis,

– envoi affiche à : Petit bulletin (Jojo) Attac 38 (Béatrice) Liste soutien Ecopla (Liliane) Association franco -hellenique (Christine) + le réseau du collectif,

– le film a été tourné en 2015 prévoir des infos sur la situation actuelle. Proposition d’inviter Nicolas du CSPG de Lyon qui est en contact avec Makis . Prise en charge de ses déplacements et hébergement militant.

(5) Soutien de la lutte des VioMe : ils sont menacés d’expulsion. Une campagne d’ interpellation des élus grecs pourrait se faire en France. Le CSPG de Lyon doit faire parvenir les infos sur une action (pétition).

Le collectif de Grenoble souhaite qu’elle soit nationale.

(6) Coordination de la collecte pour un convoi solidaire au départ d’Alberville Chambéry en mars en direction des camps de réfugiés.

– un 1er convoi est parti en janvier (voir les infos sur le site),

– un convoi partira le 25 mars d’Alberville et Yannis a mis en relation Christine et Nico qui fera le voyage,

– débat sur l’aspect humanitaire ou pas : Christine envoi le texte de Yannis qui explique les objectifs,

– une collecte pourrait avoir lieu sur le Trièves,

– pas de candidat pour assurer une collecte sur Grenoble,

– Christine prépare un article pour le site pour annoncer le voyage, la liste des besoins et la recherche éventuelle de collecteur,

– proposition : le collectif coordonne en donnant les infos sur le voyage de la Savoie et un rassemblement sur parking pour amener à Chambéry,

– des associations proches de Chambéry et Alberville organisent des soirées pour financer le voyage et récolter des fournitures .

(7) Point sur les collectes et envoi de médicaments.

Hormis l’annonce de 2 envois dans les dispensaires ce point n’a pas pu être traité. A inscrire à la prochaine réunion.

Prochaine réunion du collectif Lundi 13 mars 2017 à 17h à la MDA.

Privatisation des chemins de fers grecs Le grand bradage  » A l’italienne »

PRIVATISATION DES CHEMINS DE FER : FRIEDMAN EN A PLEURE par Dimitris Koulalis (nostimonimar.gr, 1er Février 2017)  Traduction Joëlle Fontaine

Il y a une semaine, le feuilleton de la vente de TRAINOSE, qui durait depuis des mois,  a pris fin. La société est passée à Ferrovie Dello Stato Italiano pour un prix de 45 millions d’euros. Inutile bien sûr de rappeler les déclarations de messieurs Stathakis et Tsipras quand le gouvernement Samaras-Vénizélos programmait la vente des chemins de fer grecs…

L’accord a été signé après règlement de quelques problèmes particuliers : l’effacement de la dette de TRAINOSE envers OSE (750 millions d’euros) – mais la Commission européenne n’a pas encore statué à ce sujet ; et d’autres questions de « développement ».

La société s’est engagée à investir à hauteur de 500 millions pour améliorer le fonctionnement des infrastructures grâce à l’emploi de nouvelles technologies. Il reste à voir si tout cela sera concrétisé, et le fait que le gouvernement italien est en train d’examiner l’éventualité  de céder Ferrovie n’est pas de bon augure.

« Il est de fait, dit l’écrivain américain Paul Théroux, que les trains les plus mauvais passent dans les lieux les plus beaux. » On peut interpréter cette phrase de différentes manières. Mais nous, qui sommes un peu usurpateurs de maximes, nous l’adopterons pour parler de quelques cas de développement, de sécurité et de prospérité sociale.

On était en 2001, quand le metteur en scène Ken Loach, à l’esprit caustique bien connu, tournait Paul, Mick et les autres, film également connu sous le nom de The Navigators – ce qui dans l’argot des ouvriers irlandais du XIXe siècle signifiait « les chemins de fer ».

Le processus de privatisation des trains de la Grande-Bretagne (1979-1997) a eu lieu, comme dans beaucoup d’autres cas, après le passage du FMI dont le pays avait requis les services en 1976. Il faut être naïf et particulièrement endormi pour ne pas voir comment fonctionne cet organisme, ou encore la BCE. Nous disons depuis longtemps que la dette est le cheval de Troie  de la paupérisation du plus grand nombre, de la déstabilisation du marché du travail, de la pénalisation du syndicalisme et de la  vente à l’encan du patrimoine public.

Un indice de l’instrumentalisation de la dette est la réponse du commissaire européen Olli Rehn aux syndicats et associations qui ont demandé à prendre part aux discussions sur la privatisation de l’eau. En voici un extrait : « La privatisation des entreprises publiques concourt à la diminution de la dette publique et des subventions […] Elle augmente en même temps l’efficacité des entreprises et, par extension, la compétitivité de l’économie, tout en attirant les investissements étrangers. » On voit bien dans ces propos empreints d’une apparence de sérieux le véritable but de la privatisation.

N’ayons donc pas d’illusions, et pour cela il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’oeil aux « réformes » prévues dans le Traité de Lisbonne, ou par Business Europe, un des plus puissants lobbies d’entrepreneurs dont les points de vie s’accordent comme par hasard à ceux de la Commission européenne.

Venons-en cependant à notre discussion : la privatisation des chemins de fer peut-elle avoir des avantages ? Nous répondons catégoriquement : NON.

En Grande-Bretagne, vingt ans après la privatisation, l’Etat continue à verser au titre de l’entretien du réseau 4 milliards de livres à des sociétés qui, au lieu de les investir, les distribuent à leurs actionnaires (Guardian 3/7/12). Même Thatcher, qui a par ailleurs privatisé à tout va, hésitait au départ et jugeait « dangereuse » et « potentiellement irréalisable » la privatisation des chemins de fer. Evidemment, elle a par la suite changé d’avis.

Le transfert du « diamant de la Grande-Bretagne » à des sociétés privées ou à des sociétés publiques étrangères a eu d’autres conséquences encore plus tragiques.

Malgré l’augmentation initiale du trafic, due à des facteurs exogènes, le résultat a été essentiellement négatif. La qualité des services a beaucoup baissé, ceci étant dû au départ du personnel expérimenté et au manque de coordination des grandes entreprises, mis en évidence par la commission d’enquête réunie après l’accident de Hatfield. Il y a donc  eu une forte diminution du rapport qualité-prix, dans la mesure où les prix des billets ont augmenté (selon UBS, la Grande-Bretagne détient le record mondial dans ce domaine) et bien sûr il y a eu aussi un gigantesque déficit en matière de sécurité.

Concernant ce dernier point, remarquons que le rapport officiel sur l’accident de Paddington jetait un doute sur la capacité des sociétés à gérer les réseaux et les infrastructures dont elles avaient la charge. Rappelons également le rapport sur la sécurité des chemins de fer publié en août 2001 qui indiquait que « l’accroissement du danger pour les voyageurs […] est à son plus haut niveau depuis 1993 », c’est-à-dire depuis la privatisation.

Nous comprenons donc pourquoi, devant l’éventualité d’une reprivatisation de Network Rail, acteur public depuis 2014, le secrétaire général de l’Union des conducteurs de train, Mick Whelan, s’est déclaré inquiet de voir qu’«on envisage de revenir aux heures les plus sombres pour les chemins de fer de Grande-Bretagne ».

La Vieille Albion aurait-elle le monopole de la discussion sur la question de la transformation d’un bien public en monopole privé ? Ce serait oublier l’Argentine.

La privatisation des chemins de fer y a commencé sous la présidence de Carlos Memem, l’enfant obéissant de la Banque mondiale. Cette dernière, sachant que les bilans dans ce domaine affichaient un déficit de 355 millions de dollars par an, s’offrit à « venir en aide », à condition toutefois de liquider le réseau et de diminuer drastiquement le personnel.

La loi 23696/89 proclama donc le service des chemins de fer en état d’urgence et ouvrit ainsi la voie au privé, Memem quant à lui menaçant que « toute ligne où éclaterait une grève serait fermée ». Mais au-delà des menaces il y avait la tragique réalité. Elle s’est révélée lors des catastrophes de septembre 2011 et de février 2012 qui ont fait 62 morts, ou encore lors de celle d’octobre 2013 où 105 personnes ont été blessées.

Les passagers comme les syndicats ont désigné dans les trois cas les mesures néolibérales des années 90 comme responsables de ces accidents. L’état des chemins de fer sous contrôle privé s’est révélé caractérisé par une mauvaise gestion, une maintenance insuffisante, par la corruption, les mauvaises conditions d’hygiène et d’éclairage et par la précipitation et la mauvaise coordination des sociétés impliquées. Exactement comme en Grande-Bretagne. Tout ceci, joint aux épisodes de violence qui ont éclaté juste après l’accident de 2012, a obligé le gouvernement argentin à renationaliser le réseau en 2015.

De Londres à Buenos Aires et de là à Lisbonne, où la société Fertagus incite les citoyens à « bien manger pour ne pas s’évanouir et retarder ainsi les trajets », la privatisation des trains a échoué de manière retentissante. Et si certains continuent à soutenir la tactique répugnante de la vente du bien public, qu’ils lisent donc attentivement la réponse du Chief Financial Officer de la Deutsche Bahn, la compagnie nationale allemande des chemins de fer, lorsqu’on lui a demandé s’il était question de vendre ses deux filiales, Arriva et Shenker : « Pas question de faire adopter nos deux plus belles filles », a-t-il dit. Friedman a pleuré sur sa photo…

https://unitepopulaire-fr.org/2017/02/06/privatisation-des-chemins-de-fers-grecs-le-grand-bradage-a-litalienne/

Les défis pour la gauche dans la zone euro

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Article collectif présenté par plus de 70 co-signataires dont

Eric Toussaint , Jeanne Chevalier , Costas Lapavitsas , Stathis Kouvelakis , Christine Poupin , Zoe Konstantopoulou , Marina Albiol , Miguel Urbán Crespo , Alexis Cukier

Voici un texte co-signé par plus de 70 personnes actives dans de nombreux pays d’Europe (voir liste complète en bas de l’article). Ce texte collectif établit une analyse claire des rapports de force dans l’Union européenne et avance une série de propositions radicales mais nécessaires, pour quiconque prétend lutter contre l’austérité, en faveur d’une Europe des peuples et pour la transition écologique.

Ce qui fait l’importance de ce texte, outre son contenu, est qu’il est co-signé par des personnalités et des militant-e-s de plus de 15 pays européens, provenant de différents horizons : de Podemos et Izquierda Unida au Bloc de Gauche portugais, du Parti de Gauche au NPA en passant par Ensemble ! en France, de l’Unité populaire à Antarsya en Grèce, de la gauche radicale danoise à celle de Chypre en passant par celle de pays comme la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine ou la Hongrie. Il est signé par des député-e-s européen-ne-s de différents partis et de différents pays, par le responsable des finances de la Ville de Madrid, par l’ex-présidente du parlement grec, par une série de membres de la commission pour la vérité sur la dette grecque…

Les 10 propositions avancées dans ce texte résultent de l’analyse de la situation en Europe depuis 2010, de l’affrontement entre Syriza et la Troïka – car ce fut bien un affrontement – au premier semestre 2015 et de l’application des politiques d’austérité par Syriza depuis lors, mais aussi des expériences espagnoles, irlandaises ou chypriotes. Les événements récents ont clairement démontré la nécessité pour un gouvernement de gauche d’avoir le courage de désobéir aux injonctions des autorités et des traités européens. Cela doit s’accompagner d’une mobilisation populaire encouragée par le gouvernement et d’une série de mesures fortes : organiser un audit de la dette avec participation citoyenne, mettre en place un contrôle des mouvements de capitaux, socialiser le secteur financier et le secteur de l’énergie, réformer radicalement la fiscalité… Et bien sûr, avoir l’inévitable débat sur la zone euro, dont la sortie est une option qui doit être défendue au moins dans certains pays.

L’analyse objective des politiques européennes des dernières années nous amène invariablement à cette conclusion : seules des mesures souveraines et unilatérales fortes d’autodéfense permettront aux autorités nationales et aux peuples qui les ont mandatées pour rompre avec l’austérité de mettre en œuvre cette rupture et de donner une première réponse au problème de la dette illégitime.

À partir de mai 2010, la dette est devenue un thème central en Grèce et dans le reste de la zone euro. Le premier programme de 110 milliards d’euros mis au point par la Troïka, qui s’est constituée pour son élaboration et son exécution, a brutalement provoqué l’augmentation de la dette publique grecque. Le même processus s’est produit en Irlande (2010), au Portugal (2011), à Chypre (2013) et en Espagne sous une forme particulière. Les programmes avaient cinq objectifs fondamentaux :

  1. Permettre aux banques privées |1| de recevoir un soutien public afin de ne pas payer la facture de l’éclatement de la bulle du crédit privé qu’elles avaient créée et éviter une nouvelle crise financière privée internationale de grande ampleur |2|.
  2. Donner aux nouveaux créanciers publics |3| qui se sont substitués aux créanciers privés un pouvoir énorme de coercition sur les gouvernements et les institutions des pays périphériques afin d’imposer une politique faite d’austérité radicale, de dérèglementations (à l’encontre de toute une série de conquêtes sociales), de privatisations et de renforcement des pratiques autoritaires (voir le point 5).
  3. Préserver le périmètre de la zone euro (cela signifie maintenir dans la zone euro la Grèce et les autres pays de la périphérie) qui constitue un outil puissant aux mains des grandes entreprises privées européennes et des économies qui dominent cette zone.
  4. Faire de l’approfondissement des politiques néolibérales en Grèce en particulier, mais aussi dans les autres pays de la Périphérie, un exemple et un moyen de pression sur l’ensemble des populations européennes.
  5. Renforcer à l’échelle européenne (tant sur le plan de l’UE que dans chaque État membre) les formes autoritaires de gouvernement sans recourir directement à de nouvelles expériences de type fasciste, nazi, franquiste, salazariste ou du régime des colonels grecs (1967-1974) |4|.

Il faut tirer des leçons de l’échec de la politique adoptée par le gouvernement d’Alexis Tsipras en 2015 pour rompre avec l’austérité. De même, il faut prendre conscience des limites de l’expérience du gouvernement socialiste minoritaire d’Antonio Costa au Portugal |5|.

Pour une orientation alternative sur l’austérité, la dette, les banques et la zone euro Une orientation alternative et favorable aux intérêts des peuples doit à la fois porter sur l’austérité, sur la dette publique, sur les banques privées, sur la zone euro, sur l’opposition aux politiques autoritaires. Le bilan de la période 2010-2016 dans la zone euro est clair : il est impossible de sortir de l’austérité sans apporter des réponses au moins à ces 5 problématiques. Bien sûr, il faut ajouter que l’alternative doit aussi aborder d’autres problèmes, parmi lesquels la crise climatique et écologique, la crise humanitaire liée au renforcement de l’Europe forteresse (qui condamne chaque année à une mort certaine dans la Méditerranée ou ailleurs des milliers de candidats à l’immigration ou/et à l’asile), la crise au Proche Orient. Il s’agit également de lutter contre l’extrême-droite et la montée du racisme. Après l’élection de Donald Trump, mais aussi après l’apparition du mouvement radical qui s’est retrouvé dans la campagne de Bernie Sanders et qui est appelé à se battre en toute première ligne contre Trump et ses projets, la gauche radicale, les mouvements syndicaux, sociaux, féministes et écologiques européens doivent jeter des ponts vers les forces qui résistent aux États-Unis.

Une grande partie de la gauche radicale ayant une représentation parlementaire avait et a encore une perception erronée de l’intégration européenne au travers de l’UE et de la zone euro. Pour le dire simplement, elle voyait dans l’UE et la zone euro plus d’avantages que d’inconvénients. Elle considérait que tant l’UE que la zone euro étaient compatibles avec le retour à des politiques sociales-démocrates, avec un peu moins d’injustice, avec un peu de relance keynésienne.
Il est fondamental sur la base de l’expérience de l’année 2015 de renforcer le camp des forces qui n’entretiennent pas d’illusions sur l’UE et la zone euro et qui mettent en avant une authentique perspective écosocialiste de rupture avec l’UE telle qu’elle est constituée. Il faut partir du constat que l’UE et la zone euro ne sont pas réformables.

En 2015, chacun a pu faire le constat qu’il est impossible de convaincre, sur la base de la légitimité qu’offre le suffrage démocratique et par la simple discussion, la Commission européenne, le FMI, la BCE et les gouvernements néolibéraux au pouvoir dans les autres pays européens de prendre des mesures qui respectent les droits des citoyens grecs ainsi que ceux des peuples en général. Le référendum du 5 juillet 2015 qu’ils ont combattu avec le chantage et la coercition (à savoir la fermeture des banques grecques 5 jours avant le référendum) ne les a pas convaincus de la nécessité de faire des concessions. Au contraire, bafouant les droits démocratiques fondamentaux, ils ont radicalisé leurs exigences.

Certes, en principe, toute une série de mesures devraient et pourraient être prises à l’échelle européenne pour relancer l’économie, réduire l’injustice sociale, rendre soutenable le remboursement de la dette et redonner de l’oxygène à la démocratie. Yanis Varoufakis, en tant que ministre grec des finances, a fait en février 2015 des propositions qui allaient dans ce sens. Il s’agissait d’échanger la dette grecque contre deux nouveaux types d’obligations : 1. des obligations indexées sur la croissance ; 2. des obligations dites ‘perpétuelles’, au sens où la Grèce rembourserait uniquement les intérêts mais à perpétuité |6|. Les propositions de Varoufakis, bien que modérées et parfaitement réalisables, n’avaient, en réalité, aucune chance d’être acceptées par les autorités européennes.

La Commission, la BCE, le FESF ne veulent pas entendre les peuples C’est le cas de toute une série de propositions visant à alléger radicalement le poids de la dette de la Grèce comme celle de nombreux autres pays européens (par la mutualisation des dettes, par l’émission d’eurobonds, etc.). Techniquement, elles pourraient être mises en œuvre mais il faut bien constater que dans le contexte politique et avec les rapports de force qui prévalent dans l’Union européenne, les pays avec un gouvernement progressiste ne peuvent pas espérer être entendus, respectés et encore moins soutenus par la Commission européenne, la BCE, le Mécanisme européen de stabilité. La BCE a les moyens d’asphyxier le système bancaire d’un État membre de la zone euro en coupant l’accès des banques aux liquidités. Comme mentionné, elle en a fait usage en Grèce en 2015. L’Union bancaire et le pouvoir arbitraire de la BCE renforcent les moyens de coercition dont disposent les institutions européennes pour faire échouer une expérience de gauche.

Les traités sont devenus hyper contraignants en matière de dette et de déficit. Dans l’absolu, les autorités européennes, dont le conseil des ministres, pourraient décider d’y déroger en tenant compte de la situation de crise (ils l’ont déjà fait en faveur de gouvernements qui étaient de leur bord |7|) mais il est clair qu’ils n’en ont nullement l’intention. Au contraire, tant ces institutions que le FMI et les gouvernements néolibéraux en place dans les autres pays ont combattu activement le gouvernement grec alors que celui-ci faisait preuve d’une très grande modération (c’est le moins qu’on puisse dire). La plupart des médias et de nombreux dirigeants politiques européens ont pourtant présenté Alexis Tsipras et Yanis Varoufakis comme des rebelles, voire des radicaux anti-européens. La Troïka a combattu l’expérience en cours en Grèce entre janvier et juillet 2015 afin de démontrer à tous les peuples d’Europe qu’il n’y a pas d’alternatives au modèle capitaliste néolibéral.

La capitulation du gouvernement d’Alexis Tsipras 1 ne leur a pas suffi, les dirigeants européens et le FMI ont exigé et ont obtenu du gouvernement Tsipras II d’approfondir les politiques néolibérales en s’attaquant encore un peu plus au système de sécurité sociale, au système des retraites en particulier, en accélérant les privatisations, en imposant de multiples changements sur le plan juridique et législatif qui constituent des reculs structurels fondamentaux en faveur du grand capital et contre les biens communs |8|. Toutes ces nouvelles mesures et contre-réformes renforcent l’injustice et la précarité. Si les créanciers finissent par accorder un nouveau réaménagement de la dette |9|, ce sera à la condition de poursuivre le même type de politiques. Dans ce cas, une réduction de dette ne constituera en rien une victoire ou même une consolation. Ce sera seulement une mesure visant à garantir la poursuite des remboursements et tenter d’éviter une reprise vigoureuse des luttes sociales.

Une première conclusion s’impose : sans prendre des mesures souveraines et unilatérales fortes d’autodéfense, les autorités nationales et les peuples qui les ont mandatées pour rompre avec l’austérité ne pourront pas mettre fin à la violation des droits humains perpétrée à la demande des créanciers et des grandes entreprises privées.

Certains pourraient rétorquer que si un gouvernement de gauche venait au pouvoir à Madrid, il pourrait utiliser le poids de l’économie espagnole (4e économie de la zone euro à l’aune du PIB) dans la négociation avec les principaux gouvernements de la zone euro et obtenir des concessions que Tsipras ne pouvait pas obtenir. Quelles concessions ? La possibilité de relancer l’économie et l’emploi par des dépenses publiques massives et donc avec un déficit public considérable ? Berlin, la BCE et au moins 5 ou 6 autres capitales de la zone euro s’y opposeront ! La possibilité de prendre des mesures très fortes à l’égard des banques ? La BCE appuyée par la Commission rejettera cette option.

Ce qui est également sûr, c’est que si des forces de gauche radicale accédaient au gouvernement dans des pays comme le Portugal, Chypre, l’Irlande, la Slovénie, les 3 républiques baltes, ils n’auraient pas les moyens de convaincre la commission et la direction de la BCE de les laisser mettre fin à l’austérité, arrêter les privatisations et développer les services publics, réduire radicalement la dette… Ces gouvernements devront résister et prendre des mesures unilatérales pour défendre leur population. Et si plusieurs gouvernements de gauche se mettaient en place simultanément dans plusieurs pays de la zone euro et exigeaient ensemble une renégociation ? Bien sûr ce serait une très bonne chose mais cette possibilité est également à exclure ne fût-ce que pour des raisons de calendrier électoral.
Est-ce qu’un gouvernement de gauche au pouvoir à Paris, en cas de victoire de Mélenchon à la présidentielle de mai 2017 et des forces de gauche radicale aux législatives qui suivront, pourrait forcer à une réforme de l’euro ? C’est l’hypothèse de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon. On peut raisonnablement douter de cette possibilité. Admettons que JL Mélenchon accède à la présidence et constitue un gouvernement. Il voudra appliquer un ensemble de mesures de justice sociale et tenter d’obtenir une réforme de l’euro. Qu’est-ce qui serait possible ? Ce qui est tout à fait possible pour un gouvernement de gauche en France, c’est de désobéir aux traités et de faire respecter son choix mais il ne pourra pas obtenir une réforme profonde de la zone euro. Pour obtenir cela, il faudrait des victoires électorales simultanées tant dans les principaux pays que dans plusieurs pays de la périphérie. Ceci dit, il est clair qu’un gouvernement de la France insoumise et de ses alliés qui prendrait des mesures unilatérales en faveur de la population de la France et des peuples du monde (par exemple annuler de manière unilatérale les dettes de la Grèce et des pays dits en développement à l’égard de la France) pourrait jouer un rôle positif en Europe.

une stratégie internationaliste qui prône une intégration européenne des peuples En faisant ces constats, il ne s’agit pas de chercher une issue nationaliste à la crise. Tout autant que par le passé, il est nécessaire d’adopter une stratégie internationaliste et de prôner une intégration européenne des peuples opposée à la poursuite de l’intégration actuelle qui est totalement dominée par les intérêts du grand capital.

Les maillons faibles de la chaîne de domination intra-européenne se trouvent dans les pays périphériques. Si Syriza avait adopté une stratégie correcte, un tournant positif aurait pu être pris en 2015. Cela n’a pas été le cas. Les autres maillons faibles de la chaîne où la gauche radicale peut accéder au gouvernement dans les années à venir sont notamment l’Espagne et le Portugal. Peut-être est-ce également possible dans les années qui viennent en Irlande, en Slovénie, à Chypre etc. Cela dépendra de plusieurs facteurs : la capacité de la gauche radicale de tirer les leçons de l’année 2015 et d’avancer des propositions anticapitalistes et démocratiques qui entraînent l’adhésion… Cela dépendra sans le moindre doute du degré de mobilisation populaire… S’il n’y a pas une pression de la rue, des quartiers, des lieux de travail pour des changements réels et pour refuser les compromis boiteux, l’avenir sera glauque.


Dix propositions afin de ne pas reproduire la capitulation que nous avons connue en Grèce

Pour éviter de reproduire la capitulation que nous avons connue en Grèce en 2015, voici dix propositions pour la mobilisation sociale et l’action d’un gouvernement réellement au service du peuple à mettre en œuvre immédiatement et simultanément.


La première proposition est la nécessité, pour un gouvernement de gauche, de désobéir
, de manière très claire et annoncée au préalable, à la Commission européenne. Le parti qui prétend, ou la coalition de partis qui prétendent gouverner et, bien sûr, nous pensons à l’Espagne, devront refuser d’obéir, dès le début, aux exigences d’austérité, et s’engager à refuser l’équilibre budgétaire. Il faudra dire : « Nous ne respecterons pas l’obligation décrétée par les traités européens de respecter l’équilibre budgétaire parce que nous voulons augmenter les dépenses publiques pour lutter contre les mesures antisociales et d’austérité, et pour entreprendre la transition écologique ». Par conséquent, le premier point est de s’engager d’une manière claire et déterminée à désobéir. Après la capitulation grecque, il est essentiel d’abandonner l’illusion d’obtenir de la Commission européenne et des autres gouvernements européens qu’ils respectent la volonté populaire. Conserver cette illusion nous conduirait au désastre. Nous devons désobéir.


Deuxième point : S’engager à appeler à la mobilisation populaire.
Tant au niveau de chaque pays qu’au niveau européen. Cela aussi a échoué en 2015 en Grèce et en Europe. Il est évident que les mouvements sociaux européens ne furent pas à la hauteur en termes de manifestations, qui certes eurent lieu, mais ne montrèrent pas un niveau suffisant de solidarité avec le peuple grec. Mais il est vrai aussi que l’orientation stratégique de Syriza ne prévoyait pas de faire appel à la mobilisation populaire au niveau européen, ni même de faire appel à la mobilisation populaire en Grèce. Et quand le gouvernement de Tsipras a appelé à la mobilisation par le référendum du 5 Juillet 2015, ce fut pour ensuite ne pas respecter la volonté populaire de 61,5 % des Grecs, qui avaient refusé d’obéir aux exigences des créanciers et avaient rejeté leurs propositions.

Rappelons-nous qu’à partir de la fin février 2015 et jusque fin juin 2015, Yanis Varoufakis et Alexis Tsipras ont fait des déclarations qui visaient à convaincre l’opinion qu’un accord était en vue et que les choses s’arrangeaient. Imaginons au contraire qu’après chaque négociation importante, ils aient expliqué les enjeux, au travers de communiqués, par des déclarations orales aux médias, par des prises de parole sur les places publiques, devant le siège des institutions européennes à Bruxelles et ailleurs. Imaginons qu’ils aient fait la lumière sur ce qui se tramait, cela aurait abouti à des concentrations de milliers ou de dizaines de milliers de personnes, les réseaux sociaux auraient relayé à des centaines de milliers ou des millions de destinataires ce discours alternatif.


Troisième point : S’engager à organiser un audit de la dette avec la participation des citoyens.
Les situations dans les 28 pays de l’Union européenne sont différentes, de même bien sûr à l’intérieur de la zone euro. Il y a des pays européens où la suspension des remboursements est une mesure de nécessité absolue et prioritaire, comme dans le cas de la Grèce dans le but de répondre avant tout aux besoins sociaux et de garantir les droits humains fondamentaux. C’est aussi un élément clé d’une stratégie d’autodéfense. En Espagne, au Portugal, à Chypre, en Irlande, cela dépend du rapport de force et de la conjoncture. Dans d’autres pays, il est possible de réaliser d’abord l’audit et ensuite décider de la suspension des remboursements. Ces mesures doivent être mises en œuvre en tenant compte de la situation spécifique de chaque pays.


Quatrième mesure. Mettre en place un contrôle des mouvements de capitaux.
Et tenir compte de ce que cela signifie. C’est à dire aller à l’encontre de l’idée selon laquelle il serait interdit aux citoyens de transférer quelques centaines d’euros à l’étranger. Il est évident que les transactions financières internationales seront autorisées jusqu’à un certain montant. Par contre, il s’agit de mettre en place un contrôle strict sur les mouvements de capitaux au-dessus de ce montant.


Cinquième mesure : Socialiser le secteur financier et le secteur de l’énergie.
Socialiser le secteur financier ne consiste pas seulement à développer un pôle bancaire public. Il s’agit de décréter un monopole public sur le secteur financier, à savoir les banques et les sociétés d’assurance. Il s’agit d’une socialisation du secteur financier sous contrôle citoyen. C’est-à-dire transformer le secteur financier en service public |10|. Dans le cadre de la transition écologique, bien sûr, la socialisation du secteur de l’énergie est également une mesure prioritaire. Il ne peut y avoir de transition écologique sans monopole public sur le secteur de l’énergie, tant au niveau de la production que de la distribution.


Proposition numéro six : Création d’une monnaie complémentaire, non convertible et l’inévitable débat sur l’euro.
Que ce soit dans le cas d’une sortie de l’euro ou d’un maintien dans la zone euro, il est nécessaire de créer une monnaie complémentaire non convertible. Autrement dit, une monnaie qui sert, en circuit court, aux échanges à l’intérieur du pays. Par exemple, pour le paiement de l’augmentation des retraites, des augmentations de salaire aux fonctionnaires, pour le paiement des impôts, pour le paiement des services publics … Utiliser une monnaie complémentaire permet de se détacher et de sortir partiellement de la dictature de l’euro et de la Banque centrale européenne.

Bien sûr, on ne peut pas éviter le débat sur la zone euro. Dans plusieurs pays, la sortie de la zone euro est également une option qui doit être défendue par les partis, les syndicats, d’autres mouvements sociaux. Plusieurs pays de la zone euro ne pourront pas réellement rompre avec l’austérité et lancer une transition écosocialiste sans quitter la zone euro. Dans le cas d’une sortie de la zone euro, il faudrait soit mettre en œuvre une réforme monétaire redistributive |11| soit appliquer un impôt exceptionnel progressif au-dessus de 200 000 €. Cette proposition ne concerne que le patrimoine liquide, elle ne concerne donc pas le patrimoine immobilier (maisons, etc.) évoqué dans la septième mesure.


La septième mesure : une réforme radicale de la fiscalité.
Supprimer la TVA sur les biens et les services de consommation de base, comme la nourriture, l’électricité, le gaz et l’eau (pour ces trois derniers, jusqu’à un certain niveau de consommation par individu) |12|, et d’autres biens de première nécessité. Par contre, une augmentation de la TVA sur les biens et les produits de luxe, etc. Nous avons aussi besoin d’une augmentation des impôts sur les bénéfices des entreprises privées et des revenus au-dessus d’un certain niveau. Autrement dit, un impôt progressif sur les revenus et sur le patrimoine. La maison d’habitation devrait être exonérée d’impôt en dessous d’un certain montant qui varie en fonction de la composition du foyer. La réforme de la fiscalité doit produire des effets immédiats : une baisse très sensible des impôts indirects et directs pour la majorité de la population et une augmentation très sensible pour les 10 % les plus riches et pour les grandes entreprises. Enfin, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale serait intensifiée.


Huitième mesure : Déprivatisations.
« Racheter » les entreprises privatisées pour un euro symbolique. Ainsi, de ce point de vue, utiliser l’euro pourrait s’avérer très sympathique, en payant un euro symbolique à ceux qui ont profité des privatisations. Et renforcer et étendre les services publics sous contrôle citoyen.


Neuvième mesure : La mise en œuvre d’un vaste plan d’urgence pour la création d’emplois socialement utiles et pour la justice.
Réduire le temps de travail avec maintien des salaires. Abroger les lois antisociales et adopter des lois pour remédier à la situation de la dette hypothécaire abusive, des dispositions qui concernent en priorité des pays comme l’Espagne, l’Irlande, la Grèce… Cela pourrait très bien se résoudre par la loi, en évitant des procès (car il y a de nombreux procès sur la dette hypothécaire où les ménages sont confrontés aux banques). Un Parlement peut décréter par une loi l’annulation des dettes hypothécaires inférieures à 150 000 euros par exemple et mettre ainsi un terme à des procédures judiciaires. Il s’agit aussi de mettre en œuvre un vaste programme de dépenses publiques afin de relancer l’emploi et l’activité socialement utile en favorisant les circuits courts.


Dixième mesure : Entamer un véritable processus constituant.
Il ne s’agit pas de changements constitutionnels dans le cadre des institutions parlementaires actuelles. Il s’agirait de dissoudre le parlement et de convoquer l’élection au suffrage direct d’une Assemblée constituante. Et de rechercher à insérer ce processus dans d’autres processus constituants au niveau européen.

Ce sont dix propositions de base à soumettre au débat. Mais une chose est certaine, les mesures à prendre doivent aller à la racine des problèmes et elles doivent être appliquées simultanément car il faut un programme cohérent. En l’absence de la mise en œuvre de mesures radicales annoncées depuis le début, il n’y aura pas de rupture avec les politiques d’austérité. Il est impossible de rompre avec les politiques d’austérité sans prendre des mesures radicales contre le grand capital. Ceux qui pensent que l’on peut éviter cela sont des « enfumeurs » qui ne pourront pas obtenir de réelles avancées concrètes. Au niveau européen, la nature de l’architecture européenne et l’ampleur de la crise du capitalisme font qu’il n’y a pas de réel espace pour des politiques productivistes néo-keynésiennes. L’écosocialisme ne doit pas être à la marge mais au cœur du débat, d’où doivent venir les propositions immédiates et concrètes. Il faut mener à bien la lutte contre l’austérité et se lancer sur le chemin de l’anticapitalisme. La transition écosocialiste est une nécessité absolue et immédiate.


Liste des signataires

ALLEMAGNE

Angela Klein, revue SOZ

AUTRICHE

Christian Zeller, professeur de géographie économique, Université de Salzburg

BOSNIE-HERZÉGOVINE

Tijana Okic, philosophe

BELGIQUE

Olivier Bonfond, économiste, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Jean-Claude Deroubaix, sociologue à l’Université de Mons
Mauro Gasparini, LCR/SAP
Corinne Gobin, politologue à l’ULB
Herman Michiel, éditeur de la revue Ander Europa
Christine Pagnoulle, prof. honoraire Université de Liège, présidente ATTAC-Liège
Éric Toussaint, porte-parole du CADTM international, coordinateur scientifique de la commission pour la vérité sur la dette grecque

CHYPRE

Stavros Tombazos, économiste, prof. universitaire, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque

DANEMARK

Soren Sondergaard, député, ex-député européen

ESPAGNE

Daniel Albarracín, économiste et sociologue, Podemos, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Marina Albiol, Eurodéputée de Izquierda Unida et porte-parole la délégation de la Gauche plurielle au parlement européen.
Yago Álvarez, activiste, membre de la plate-forme d’audit citoyen de la dette -PACD PACD
Josep Maria Antentas, professeur de sociologie de l’Université Autonome de Barcelone (UAB).
Rommy Arce, conseillère municipale de Madrid, membre de la coalition Ahora Madrid et de Podemos
Raúl Camargo, Secrétaire Politique de Podemos de la Communauté de Madrid y Député de celle-ci. Militant de Anticapitalistas
Sergi Cutillas, économiste de Ekona. Membre du Groupe promoteur du nouveau mouvement politique catalan Un País En Comú, Catalunya, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Jérôme Duval, membre du CADTM et de la PACD
Manolo Gari, économiste, activiste écosocialiste, militant de Anticapitalistas y membro de Podemos
Fátima Martín, journaliste, membre du CADTM et de la PACD
Teresa Rodríguez, députée andalouse, ex-eurodéputée, porte-parole de Podemos Andalucía.
Carlos Sanchez Mato, conseiller municipal et responsable des finances de la mairie de Madrid
Miguel Urbán, eurodéputé Podemos

FRANCE

Olivier Besancenot, porte-parole du NPA
Jeanne Chevalier, Parti de Gauche (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Eric Coquerel, coordinateur politique du Parti de Gauche (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Pierre Cours-Salies, professeur de sociologie à l’Université Paris 8, Ensemble !
Léon Crémieux, NPA
Alexis Cukier – Ensemble ! EReNSEP
Pascal Franchet, président CADTM France
Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic
Djordje Kuzmanovic, Parti de Gauche (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Jan Malewski, rédacteur de la revue Inprecor
Myriam Martin et Jean-François Pellissier, porte-paroles d’Ensemble !
Corinne Morel Darleux, Parti de Gauche (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Christine Poupin, porte-parole NPA
Catherine Samary, économiste, membre d’ATTAC France
Patrick Saurin, syndicaliste SUD, membre du CADTM et de la commission pour la vérité sur la dette grecque

GRÈCE

Tassos Anastassiadis, sociologue et journaliste (Antarsya)
Aris Chatzistefanou, réalisateur des documentaires Debtocracy et Catastroika
Nikos Chountis, eurodéputé Unité Populaire, ex-député européen, ex-vice ministre dans le premier gouvernement de Tsipras
Zoe Konstantopoulou, ex-présidente du parlement grec, fondatrice du mouvement politique Plefsi Eleftherias, présidente de la commission pour la vérité sur la dette grecque (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Stathis Kouvelakis, King’s College London, Unité Populaire
Costas Lapavitsas, économiste, SOAS University of London, EReNSEP
Spyros Marchetos, Université Aristote de Thessalonique, membre d’Antarsya, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Yorgos Mitralias, Greeks for Bernie’s Mass Movement – CADTM Grèce ; membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Antonis Ntavanelos, RedNetwork, Unité Populaire
Leonidas Vatikiotis, periodista (Antarsya), membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque

HONGRIE

Judit Morva, économiste, rédactrice de la revue BALMIX

ITALIE

Gigi Malabarba, ouvrier RiMaflow en autogestion – Fuorimercato, ex-sénateur, Communia Network, Italie
Checchino Antonini, directeur de la revue « L’Anticapitalista »

LUXEMBOURG

Justin Turpel, ancien député déi Lénk – la Gauche
David Wagner, Député déi Lénk – la Gauche

POLOGNE

Zbigniew Marcin Kowalewski, journaliste
Dariusz Zalega, journaliste

PORTUGAL

Francisco Louça, économiste, Bloc de Gauche, ex-député. Emet émet certaines réserves sur quelques aspects techniques des 10 propositions.
Alda Sousa, Université de Porto, ex-eurodéputée, Bloc de Gauche
Rui Viana Pereira, designer sonore, membre du CADPP (Portugal)

ROYAUME UNI

Penelope Duggan, Editrice de la revue International Viewpoint
Susan Pashkoff, Left Unity, Economic Policy Commission
Alan Thornett, Socialist Resistance in Britain

SERBIE

Andreja Zivkovic, chercheur

SLOVÉNIE

Maja Breznik, chercheuse
Rastko Močnik, sociologue, prof universitaire

SUISSE

Jean Batou, député Solidarités Genève, prof. Université de Lausanne

Publié ce 9 février en français sur
http://www.cadtm.org/Les-defis-pour-la-gauche-dans-la

Notes

|1| Dans le cas de la Grèce, il s’agissait des banques grecques, françaises, allemandes, belges et hollandaises principalement (une quinzaine de grandes banques privées pour donner une idée approximative). Pour une analyse détaillée voir Rapport préliminaire de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, juin 2015, chapitres 1 et 2, http://www.cadtm.org/Rapport-prelim… ; Intervention d’Éric Toussaint à la présentation du rapport préliminaire de la Commission de la vérité le 17 juin 2015, http://www.cadtm.org/Intervention-d… ; voir aussi « Grèce : Les banques sont à l’origine de la crise », publié le 23 décembre 2016, http://www.cadtm.org/Grece-Les-banq…
Enfin voir : Documents secrets du FMI sur la Grèce avec commentaires d’Éric Toussaint (CADTM), http://www.cadtm.org/Documents-secr…

|2| À cette époque, les activités de plusieurs des grandes banques françaises, allemandes, hollandaises, belges, etc. concernées étaient fortement imbriquées avec les marchés financiers aux États-Unis et avec les plus grandes banques des États-Unis et du Royaume-Uni. En plus, et c’est lié, elles avaient accès à une importante ligne de crédit offerte par la Réserve fédérale des États-Unis, d’où l’intérêt porté par l’administration de Barack Obama à la crise grecque et irlandaise, et plus généralement à la crise bancaire européenne.

|3| Dans le cas de la Grèce, il s’agissait de 14 États de la zone euro « représentés » par la Commission européenne, le FESF –Fonds européen de stabilité financière- (auquel a succédé le MES –Mécanisme européen de stabilité), la BCE et le FMI.

|4| Ce dernier aspect est souvent insuffisamment pris en compte car l’accent est mis sur les aspects économiques et sociaux. La tendance autoritaire à l’intérieur de l’UE et de la zone euro est pourtant à la fois un enjeu central et un objectif poursuivi de manière délibérée par la Commission européenne et le grand capital. Cela touche le renforcement du pouvoir exécutif, le recours à des procédures expéditives de vote, la violation ou la limitation d’une série de droits, le non-respect des choix des électeurs, l’augmentation de la répression de la protestation sociale…

|5| Lors des élections législatives du 4 octobre 2015, les forces de gauche, ont obtenu la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale : le PS venait en deuxième position, avec 32,4 % ; le Bloco de Esquerda (Bloc de gauche), est arrivé en troisième position avec 10,3 %, et 19 députés (8 en 2011) ; le PCP gagne un siège et dispose de 15 députés ; le parti vert, PEV reste inchangé avec 2 sièges.1 Un accord de gouvernement a été conclu en novembre 2015 : le PS gouverne seul et les deux autres partis plus radicaux (BE et PCP), tout en refusant d’entrer au gouvernement, soutiennent au Parlement ses décisions quand elles leur conviennent.

|6| Cf. : http://www.latribune.fr/actualites/…

|7| Pour ne citer que quelques exemples : la France de Nicolas Sarkozy et l’Allemagne d’Angela Merkel n’ont pas été sanctionnées malgré le non-respect de leurs obligations en matière de déficit ; plus récemment, la Commission a été également laxiste à l’égard du gouvernement de Mariano Rajoy en 2015 et en 2016.

|8| Modification de la législation afin qu’en cas de faillite d’une entreprise, les banques créancières passent avant les salariés et les retraités -de l’entreprise- (été 2015) ; marginalisation complète des pouvoirs publics dans l’actionnariat des banques (décembre 2015) ; pouvoir accru de l’organisme indépendant de collecte des impôts ; nouveaux reculs dans le régime des retraites ; nouveaux reculs dans le code du travail ; instauration d’un mécanisme de coupes budgétaires automatiques en cas d’écart des objectifs d’excédents budgétaires inscrits dans le marbre du 3e Mémorandum. On constate également une aggravation de l’endettement des ménages.

|9| La dette a déjà été restructurée en 2012. Les autorités européennes avaient annoncé une réduction de 50 % de la dette grecque. En réalité, l’augmentation de la dette a repris de plus belle aussitôt après la restructuration. Les mesures annoncées en décembre 2016 constituent une véritable comédie (voir Michel Husson http://www.cadtm.org/Grece-allegeme… )

|10| Pour une explication à propos de la socialisation des banques, voir Que faire des banques ? Version 2.0, http://www.cadtm.org/Que-faire-des-…

|11| En appliquant un taux de change progressif au passage de l’euro à la nouvelle monnaie on diminuerait le liquide en possession du 1 % le plus riche et redistribuerait la richesse liquide aux ménages.

|12| Cela peut être combiné avec des mesures de gratuité sur la consommation d’eau, d’électricité, de gaz, etc. par individu et jusqu’à un certain niveau de consommation.

VioMe 4 ans de luttes

4 ANS DE LUTTES : LES VIO ME PARTICIPENT AU WEEK END DES « SANS INTERMÉDIAIRES 

« Quatre ans de lutte continue pour la légalisation de notre fonctionnement, quatre années de lutte continue pour l’émancipation des travailleurs impliqués et de la classe ouvrière tout entière, au sein des luttes contre les licenciements et la solidarité où nous décidons tous ensemble le sens du combat, quatre années à essayer de prouver que nous pouvons faire et même mieux qu’eux! « 

Ce week-end les travailleurs de VIO.ME. soutiennent et participent aux « marchés sans intermédiaires »:
– Samedi 4/2: à Kaisariani , à Palio Faliro, à Lamia , Espace Parking en face de l’entrée de l’exposition panhellénique Lamia, 9:00 à 13 heures
– Dimanche 5/2: à Halandri ,à New Philadelphia ,à Saint – Pétersbourg ,au Pirée , à Exarchia , à Kozani , à Kalamaria .

Les Vio Me organisent diverses réunions « 4 ans d’autogestion » :
– à Athènes , le vendredi17 Février 19:00. dans Psarron Station 33
– à Thessalonique samedi 18 Février à 11 heures en ESIEMTH, rue du général Kallari 5,
– une Grande fête le dimanche, 19 Février à l’usine avec les producteurs, un marché et une fête avec de la musique live.

« Les gouvernements tombent , mais les luttes demeurent!  Quatre ans d’autogestion à VIO.ME »

Cela fait cinq ans et demi que les propriétaires de l’usine sont partis, les travailleurs de Vio Me ont depuis occupé l’usine en protégeant leur outil de travail pour assurer l’existence de l’usine et depuis deux ans fonctionnent avec une autre philosophie pour le bénéfice des travailleurs et non celui des patrons. Depuis cette philosophie a commencé à prendre forme et pas seulement des mots écrits sur le papier.

Quatre ans de lutte continue pour la légalisation de notre fonctionnement, quatre années de lutte continue pour l’émancipation des travailleurs impliqués et de la classe ouvrière tout entière, au sein des luttes contre les licenciements et la solidarité où nous décidons tous ensemble le sens du combat, quatre années à essayer de prouver que nous pouvons faire et même mieux qu’eux!

Quatre années où théoriquement il y’a un gouvernement élu du parlement grec. Bien qu’ici nous avons à dire que, dès le début de la lutte jusqu’à aujourd’hui, nous avons vu six gouvernements différents. Et cela est encore une autre preuve que ,nous les travailleurs, nous pouvons mieux gérer, quand nous mettons des objectifs , que nos dirigeants.

Ces dirigeants qui sont au pouvoir et décident pour notre propre bien, le bien de tous! Ceux qui quand ils sont hors des centres de décision disent que le droit est de notre côté et quand vous avez besoin de prendre des décisions n’ont pas de réponses.

Pour cela, nous répondons et exigeons: immédiatement, sans entrave, l’exploitation légale de l’usine de VIO.ME, et , à l’exception du terrain sur lequel se trouve l’usine, sa cession pour la coopérative des travailleurs afin de préserver les emplois. En particulier, le terrain et le bâtiment qui ont été exclus de la vente aux enchères, pour attribution directe à la production de produits naturels et biologiques. Et bien sûr, faciliter le démarrage de la génération précédente pour la création de nouveaux emplois. Et que cela soit fait pour toutes les usines abandonnées où les employés veulent y travailler.

Mettons notre énergie tous ensemble, combattants, ouvriers et militants solidaires, en vue de relancer les cheminées des usines, pour redémarrer les machines et sentir la sueur sur notre front et pouvoir nourrir nos familles avec des salaires. Mais cette fois avec une différence fondamentale, des salaires de la liberté plutôt que l’esclavage! Des salaires qui respectent les personnes et l’environnement!

les employés de VIO.ME en lutte.


Suivez prochainement les actions du collectif de Grenoble pour soutenir les VioMe.

OJ Réunion du collectif du 13 février 2017

La prochaine réunion du collectif aura lieu  lundi 13  février 2017 à 17h salle 200 à la Maison des associations, 6 rue Berthe de Boissieux à Grenoble.

Ordre du jour

– Retour sur la rencontre interrégionale du 11 février avec le CSPG de Lyon,

– Organisation de la soirée du lundi 10 avril au club  autour du film  » Aube dorée : une affaire personnelle » et débat en présence d’Angélique Kourounis,

– Organisation du lancement de la commande groupée des produits VioMe,

–  Organisation de la soirée du 29 mars 2017 à la MDA avec le film « Next stop utopia »qui raconte l’histoire de la lutte des VioMe,

– Coordination de la collecte pour le convoi solidaire au départ de Chambéry en mars en direction des camps de réfugiés,

– Point sur les collectes et envoi de médicaments.

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