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Réactions Unité populaire au résultat des élections en France

Le résultat de Mélenchon et de la Gauche française au premier tour des élections présidentielles en France est une grande réussite

Déclaration de Panayiotis Lafazanis, secrétaire du Conseil Politique dUnité Populaire

Je salue de la part d’Unité Populaire les pourcentages obtenus par Mélenchon, et la Gauche française de combat, au premier tour des élections présidentielles.

Les pourcentages de Mélenchon sont une grande réussite pour lui et pour la Gauche. Obtenus à ce combat électoral mené dans les conditions d’adversité et d’alarmisme, ils sont une surprise agréable et positive.

La réussite de Mélenchon a d’autant plus de valeur qu’elle a été obtenue en dépit d’un climat de diffamation de la Gauche, créé dans l’Europe entière, et en France en particulier, par Alexis Tsipras et par SYRIZA, transformé en parti nouvellement converti aux mémorandums, par leur capitulation humiliante et leur trahison.

La Gauche se révèle bien résiliente ; en se refondant elle devient la réponse à un grand besoin des peuples, l’espoir pour des sociétés et un monde plus humains.

Nous souhaitons à Mélenchon, et aux forces qui l’ont soutenu, le succès aux élections législatives françaises à venir, lors desquelles un Grec binational, militant d’Unité Populaire, se propose comme candidat aux bulletins électoraux de la Gauche de combat, soutenus par Mélenchon.

Après ce premier tour des élections présidentielles la France ne restera pas la même. Les establishments d’Allemagne et d’Europe ont beau jubiler. Leur victoire aux élections françaises est  une victoire à la Pyrrhus, sans perspective.

L’axe franco-allemand est gravement traumatisé. Tout comme la zone euro et l’UE, il est sans avenir, voire sans avenir immédiat.

La Grèce a encore moins d’avenir avec l’euro dans l’UE néolibérale.

Le message des élections françaises est un message pour marcher et lutter en commun adressé à toutes les forces de la Gauche de combat en Grèce.

C’est un message pour la création d’un grand front politique, populaire et électoral de toutes les forces radicales de gauche, des forces progressistes, patriotiques, anti-mémorandistes de notre pays, sans exclusions ni velléités de petites hégémonies.

Toutes les forces de l’espace politique ainsi défini, qui opposent un déni, ou qui feignent lindifférence, face au besoin d’un grand projet unitaire, offrent objectivement des services précieux et inespérés au régime mémorandiste compromis, dont nous avons le devoir de faire tomber ici et maintenant et de faire s’écrouler avec lui le personnel politique et l’oligarchie qui le soutiennent et qui pillent notre pays et notre peuple.

Le Bureau de Presse

Athènes, le 24/04/2017  

https://unitepopulaire-fr.org/2017/04/24/declaration-de-panayiotis-lafazanis-secretaire-du-conseil-politique-dunite-populaire-grece/

Zone euro : qui doit réformer d’abord, la France ou l’Allemagne ?

Par Romaric Godin 17/4/17

Emmanuel Macron propose de réformer d’abord la France pour pouvoir obtenir de l’Allemagne un cadre plus coopératif en zone euro. Mais l’urgence ne serait-elle pas plutôt de réformer l’Allemagne ?

Dans cette « super année électorale », deux chemins se dressent devant la zone euro : la poursuite de la situation actuelle fondée sur des ajustements unilatéraux et la compétition de tous contre tous au sein de l’union monétaire ou la réforme de son fonctionnement dans un cadre plus coopératif. L’issue de l’élection présidentielle française sera une étape déterminante pour l’issue de ce choix qui, par ailleurs, peut se résumer simplement ainsi : qui doit « réformer » en premier, la France ou l’Allemagne ?

La France devrait réformer d’abord

La plupart des observateurs français et la quasi-totalité des observateurs allemands estiment que c’est à la France de réformer d’abord. C’est, d’ailleurs, le choix qui est fait par Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche ! Dans un entretien à Ouest-France paru le 12 avril, ce dernier place la priorité dans les « réformes » françaises. Selon lui, tant que la France ne sera pas réformée, « on ne pourra pas retrouver la confiance des Allemands ». Et tant qu’on n’aura pas retrouvé cette confiance, pas question d’aller plus loin dans l’intégration. Grâce à la magie des réformes françaises, Emmanuel Macron espère ensuite arracher à Berlin un « budget de la zone euro contrôlé par un parlement de la zone euro » et lançant des investissements communs. Bref, le programme de Benoît Hamon, mais seulement après les réformes françaises.

Les mots utilisés par Emmanuel Macron dans son interview sont sans équivoque. C’est seulement une fois la « confiance » en la France revenue que l’Allemagne devra se réformer : « ensuite, il faut que l’Allemagne considère que sa situation elle-même n’est pas durablement tenable », explique l’ancien secrétaire générale de l’Elysée (je souligne). Bref, la clé réside donc dans la réforme française.

Les réformes françaises, prélude à une Europe plus coopérative ?

Cette priorité n’est pas anodine. Emmanuel Macron adhère ainsi à l’idée que l’essentiel des difficultés de la France vient de son manque de compétitivité, et que ce manque de compétitivité s’explique principalement par des effets « structurels » qui, pour être simple, se résument à une question de coût du travail. Ce qu’on appelle souvent « flexibilité » n’est qu’une façon d’évoquer le coût des licenciements, car il est en réalité, assez aisé à un employeur de licencier en France pour peu qu’il accepte d’en payer le prix. C’est donc un élément de coût du travail. De même, la consolidation budgétaire n’a d’autre fonction que de permettre des baisses d’impôts et de cotisations. Les « réformes » ne visent donc qu’à réduire ce coût du travail, perçu comme l’alpha et l’omega de la politique économique.

Une fois redevenue compétitive, la France ne présentera plus de « risque » pour le contribuable allemand qui, dès lors, pourra accepter de mettre en commun une partie de ses recettes fiscales. C’est ce qu’Emmanuel Macron et son soutien allemand, le ministre fédéral des Finances Wolfgang Schäuble, appellent la « confiance ». Faire en sorte que le besoin de solidarité disparaisse pour mettre en place la solidarité. C’est l’Europe au moindre coût pour les Allemands.

Double langage et leurre

Cette stratégie pose plusieurs problèmes. Le premier, et non des moindres, c’est qu’il est étrange de reconnaître que la position de l’Allemagne n’est pas tenable dès à présent, et ne rien proposer pour changer la donne immédiatement. Il n’est pas moins étonnant d’entendre Jean Pisani-Ferry, le principal conseiller économique du candidat, reconnaître que la politique européenne de 2010 à 2014 a été une « erreur » qui a conduit à une seconde récession parfaitement évitable, et proposer en même temps de se conformer à une architecture institutionnelle de la zone euro qui est le fruit de ces erreurs et qui les a même inscrites dans le marbre des traités : surveillance budgétaire renforcée, sanctions facilitées, pacte budgétaire et solidarité sous conditions d’austérité dans le traité du Mécanisme européen de Stabilité.

Ce double langage laisse inévitablement penser que la stratégie de réformes de la zone euro relève davantage du leurre que de la vraie volonté. En s’engageant d’abord dans les réformes françaises, sans exiger de réformes allemandes, le candidat d’En Marche ! accepte l’ordre établi de l’union monétaire. Il accepte sa logique d’ajustement unilatéral. Or c’est cette logique qui a échoué à partir de 2010 et qui a donné à beaucoup – non sans raison – le sentiment que l’euro n’était plus une monnaie protectrice.

Rétablir la confiance ? Mission impossible !

Car l’Allemagne sait parfaitement jouer sur le registre de la confiance que l’on perd aisément, mais que l’on retrouve difficilement. Il faudra faire preuve non seulement de volonté, mais aussi prouver des résultats. Et quand bien même ces résultats seront obtenus, alors il faudra encore sans doute en faire davantage. Si l’on observe les attitudes face à l’Espagne, au Portugal ou à la Grèce, on remarque que ces pays ne vont jamais assez loin dans les réformes. La Grèce en est l’exemple caricatural puisqu’on en est encore à réclamer des gages de confiance sous la forme de nouveaux plans d’austérité après sept ans d’ajustements. Mais l’Espagne, dont on loue tant les « réformes », qu’a-t-elle obtenu ? Deux ans pour réduire son déficit public au lieu d’une sanction immédiate. Et pas même la présidence de l’Eurogroupe qui semble devoir encore échapper à son ministre des Finances Luis de Guindos, alors que le pays n’a plus de représentants au directoire de la BCE et n’obtient aucun poste à responsabilité en Europe… L’Italie de Matteo Renzi a tenté d’obtenir des concessions en retour de ses « réformes » : elles lui ont été refusées. Pourquoi diable la France d’Emmanuel Macron obtiendrait davantage ?

Déni allemand

La réalité est plus cruelle : l’Allemagne n’accepte pas de se remettre en cause. Elle voit dans son succès économique le fruit de sa « vertu » et cette vision morale ne peut donc déboucher que sur l’exigence de se dresser en modèle. Il n’est qu’à voir les articles indignés de la presse conservatrice allemande sur les critiques d’Emmanuel Macron, pourtant modérées. Le directeur adjoint de la rédaction du Handelsblatt, le quotidien officiel du monde des affaires outre-Rhin, Hans-Jürgen Jakob, parle de « communication patriotique » du candidat pour contrer le FN « sous la forme d’un bashing de Teutons ». On peut voir ici un vrai refus de toute remise en cause de l’excédent courant allemand, qui s’élève à 8,6 % du PIB, soit 270 milliards d’euros, un record. Ce refus est également illustré par le dernier rapport du conseil des experts économiques allemands qui s’échine à prouver le caractère bénin de cet excédent.

Un poids pour la demande

Pourtant, cet excédent pose clairement plusieurs problèmes majeurs. D’abord, il est le symptôme d’une économie allemande qui vit en dessous de ses moyens. Le sous-investissement a été estimé par Marcel Fratzscher, le président de l’institut DIW de Berlin, à 100 milliards d’euros annuels. Cet investissement trop faible touche autant le secteur privé que le secteur public. En donnant la priorité à son désendettement, le gouvernement fédéral est allé très loin, refusant même d’utiliser la très faible marge de manœuvre que lui offre le « frein à l’endettement » inscrit en 2009 dans la Constitution. L’investissement public en a pâtit.

Dans le secteur privé, les entreprises allemandes investissent également trop peu. L’investissement productif a été ralenti par la position de quasi-monopole obtenue sur certains secteurs comme les biens d’équipements ou sur certains niveaux de gamme dans les biens de consommation. Dans ces secteurs, l’investissement nécessaire est minimal. Ailleurs, la modération salariale et les effets des « réformes » du marché du travail ont réduit l’incitation à augmenter la productivité et à investir. Car les salaires sont clairement encore sous-évalués outre-Rhin, et c’est aussi ce que dit l’excédent allemand. Certes, les rémunérations réelles se sont accélérées depuis 2014, avec trois ans de hausse à 1,9 %, 2,4 % et 1,8 %. Mais ces hausses sont encore trop faibles au regard de la quasi stabilité des salaires pendant la décennie précédente. Surtout que, en 2016, le rattrapage s’est singulièrement ralenti.

Un ajustement unilatéral plus difficile

Pas assez d’investissements, pas assez de salaires, c’est autant de moins pour la demande mondiale et celle de la zone euro. Globalement, cet excédent allemand est donc un frein à la croissance des partenaires commerciaux de l’Allemagne. Mais il y a pire : cet excédent rend quasiment impossible l’ajustement unilatéral au sein de la zone euro. Si l’Allemagne disposait encore de sa propre monnaie, son excédent conduirait à une forte appréciation de sa monnaie. Parallèlement, ce phénomène contribuerait à faciliter l’ajustement des pays en déficit. Dans une union monétaire, ce phénomène n’existe pas et seuls les pays en déficit doivent s’ajuster. Mais si l’excédent allemand continue de progresser, l’ajustement devient de plus en plus difficile, voire quasiment impossible. Rééquilibrer cette balance à coup de « réformes » est un leurre. Et lorsque que l’on observe l’évolution des soldes allemands avec les pays de la zone euro qui ont mené des politiques de « réformes », on constate que l’excédent allemand ne se réduit guère suite à ces politiques. C’est pour cette raison que réformer la France seule est une gageure.

Le refus de Bruxelles de sanctionner Berlin

Il conviendrait donc de mettre en place un système permettant de réduire les excédents excessifs en zone euro. En théorie, ce système existe puisque la Commission européenne peut demander des politiques correctrices depuis 2013 lorsque l’excédent courant dépasse 6 % du PIB. Mais si Bruxelles blâme régulièrement Berlin, elle n’engage pas une politique du même ordre dans ce domaine que dans celui des déficits. Rien n’oblige donc Berlin à investir et à dépenser plus, pas davantage qu’à favoriser un meilleur ajustement des salaires. La politique européenne est donc clairement déséquilibrée : elle instaure des plans de consolidation des déficits, sans en faire autant pour les excédents. Elle renonce à « réformer » ceux qu’elle juge « bons élèves », faisant porter le fardeau aux seuls « mauvais élèves ». La morale reste la règle.

Les maux de la France se règleront-elles par des « réformes » ?

Globalement, l’excédent allemand est bel et bien un problème plus urgent que les « réformes » françaises. En octobre dernier, une enquête réalisée auprès de 67 économistes européen par l’institut étasunien Center for Economic and Policy Research (CEPR) montrait que près des deux tiers d’entre eux jugeait inquiétant cet excédent. A l’inverse, les maux de la France pourraient ne pas être où on le croit. Le CEPR publie ce mardi 18 avril une note de recherche qui conclut qu’il existe « de nombreuses preuves qui soutiennent l’idée que le chômage de masse et la stagnation en France sont le résultat d’une demande inadéquate plutôt que de problèmes structurels sur le marché du travail ou d’une dette publique trop élevée. » La question de la « demande inadéquate » souligne à la fois la difficulté de la France à trouver un bon niveau de gamme et la faiblesse structurelle de la demande où l’Allemagne a sa part, comme on l’a vu. On voit mal alors comment une politique de baisse des dépenses publiques pourrait relancer cette demande, quand bien même seraient-elles compensées par des baisses d’impôts qui, souvent, viennent alimenter l’épargne.

La question du niveau de gamme de l’industrie est centrale. Monter en gamme suppose des investissements, notamment dans la recherche. La France dispose d’un outil assez performant dans ce domaine, le Crédit Impôt Recherche qui, cependant, ne se traduit pas par une montée de gamme de l’industrie. Il est vrai que l’Allemagne occupe une place prépondérante sur les marchés de cette gamme. Baisser le coût du travail serait-il alors la solution ? On ne saurait réussir une montée de gamme par ce biais qui, au contraire, à tendance à maintenir la France dans son point faible : un niveau de gamme moyen qui subit la concurrence directe des pays à bas coût. La solution réside sans doute plutôt dans le soutien public à des industries nouvelles et innovantes. C’est, en tout cas, dans cette voie que le Royaume-Uni, après le Brexit vient de se lancer avec un ambitieux plan industriel centré sur les industries nouvelles. Mais ceci, comme la relance de la demande, exige d’oublier la priorité donnée au désendettement par l’architecture de la zone euro mise en place après 2011. On pourrait aussi envisager un vaste plan au niveau européen, porté par la Banque européenne d’Investissement (BEI) pur porter ce type d’évolution dans l’ensemble de la zone euro.

Un choix erroné

Le choix de réformer la France sans réformer l’Allemagne ressemble donc à une erreur comme celle qui a été commise après 2010. C’est le signe, en réalité, de l’acceptation du statu quo actuel. Derrière les dénonciations de l’excédent allemand, rien de concret n’est engagé pour mettre en place une politique plus coopérative. Se contenter d’un « plus tard » ou d’une volonté de « rétablir la confiance » revient à donner à Berlin le pouvoir de décider à quel moment son excédent est trop élevé et à quel moment la France aura bien fait ses « devoirs ». Or, l’expérience prouve que l’Allemagne n’est pas décidée à changer de logique. La politique de réformes promise risque donc d’affaiblir la France sans permettre de renforcer la zone euro. C’est un scénario bien inquiétant.

https://lemouvementreel.com/author/romaricgodin/

 

Dette : déconstruire le discours dominant

Sortir la dette des marchés financiers Par Pierre Khalfa

Pierre Khalfa est syndicaliste, membre du Conseil économique, social et environnemental au titre de Solidaires, co-président de la Fondation Copernic et membre du Conseils scientifique d’Attac France.

« Les candidats face au fardeau de la dette publique » titrait Le Monde (dimanche 12 et lundi 13 mars 2017). C’est ainsi que la pensée dominante voit la dette publique, comme un fardeau, et le quotidien du soir de s’alarmer du niveau de la dette publique française1 – 97,5 % du PIB au troisième trimestre 2016 – et de dicter ses consignes au futur président de la République qui « devra d’abord rassurer les investisseurs et surtout nos partenaires de la zone euro sur sa volonté de respecter les règles budgétaires communes ». Face à ce discours qui justifie la mise en œuvre généralisée de plans d’austérité au nom de l’ampleur de la dette et des déficits publics, sa déconstruction et la mise en avant de solutions alternatives sont des éléments clefs de l’agencement des rapports de forces.

Déconstruire le discours dominant

Tout d’abord, et quitte à manier le paradoxe, il faut affirmer qu’un bon État est un État qui s’endette. En effet la dette joue un rôle intergénérationnel. S’imposer un quasi-équilibre budgétaire, comme les règles actuelles de l’Union européenne le prescrivent, signifie que les investissements de long terme seront financés par les recettes courantes. Or ces investissements seront utilisés des décennies durant par plusieurs générations, il est donc absurde que leur financement ne soit assuré que par les recettes du moment. Respecter ces règles entraîne l’impossibilité, de fait, d’investir pour l’avenir, alors même que, par exemple, la nécessité d’amorcer la transition écologique va demander des investissements massifs. La dette permet de faire financer par des générations successives des infrastructures qui seront utilisées par elles. Elle joue donc un rôle fondamental dans le lien entre les générations.

De ce point de vue, la dette publique doit être mise en regard avec le patrimoine public car les administrations publiques détiennent des actifs physiques et des actifs financiers. Si l’on prend en compte le patrimoine public, la France n’est pas endettée mais possède au contraire une importante richesse nette (27 % du PIB). Même si ces actifs physiques ne doivent pas être vendus – il serait de toute façon difficile d’évaluer la valeur marchande exacte de certains d’entre eux -, cela montre que la France n’est pas au bord de la faillite.

Mais surtout, il faut comprendre qu’un État ne rembourse jamais sa dette. Il ne paie que les intérêts de cette dernière, la charge de la dette. Lorsqu’un titre de la dette publique arrive à échéance, l’État emprunte de nouveau pour le rembourser : il « fait rouler » la dette. Enfin remarquons que le ratio dette sur PIB n’est pas particulièrement robuste car on compare là un stock, la dette, à un flux, la richesse créée en une année le PIB. Il serait plus juste de mettre en regard du PIB, un autre flux, celui de la charge de la dette qui représente en France environ 2 % du PIB. Mais difficile alors tenir un discours alarmiste sur le sujet.

La dette publique française est-elle soutenable ?

Une étude célèbre réalisée par deux économistes mainstream Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff2 en 2010 arrivait à la conclusion qu’une dette supérieure à 90 % du PIB aurait des conséquences très négatives sur la croissance… jusqu’à ce qu’un étudiant de l’Université du Massachusetts découvre en 2013 des erreurs de calcul qui en faussaient totalement le résultat. Cette anecdote serait assez drôle si l’article en question, ressassé ad libitum, n’avait pas servi de base théorique pour justifier, au nom de la croissance et donc de l’emploi, l’adoption de politiques d’austérité massive pour réduire la dette.

La dette française est aujourd’hui sous contrôle. Il y a dix ans, la France empruntait à plus de 4 % pour un emprunt à 10 ans. Début janvier 2017, et malgré une légère remontée par rapport à 2016, le taux pour un emprunt de même maturité était de 0,78 %. A mesure donc que l’État renouvelle sa dette pour rembourser des créances plus anciennes la charge de la dette diminue. L’année 2016 a été historique puisque, sur la dette à court terme, le taux moyen auquel la France a emprunté est négatif (- 0,48 %). Le pays s’est donc enrichi en empruntant. Il y a deux raisons à cette situation exceptionnelle. La première renvoie à « la fuite vers la qualité ». La France est, avec l’Allemagne, un pays sûr pour les investisseurs qui fuient les pays considérés comme plus à risque comme l’Espagne ou l’Italie. De plus la politique dite de Quantitative Easing (QE) menée par la Banque centrale européenne (BCE) a abouti à une baisse généralisée des taux.

Faut-il pour autant se satisfaire de la situation actuelle ? Non, et ce pour trois raisons. D’abord, même si la charge de la dette a baissé, elle reste élevée (44,5 milliards en 2016). Une partie de cet argent pourrait être utilisée à des fins utiles socialement. Ensuite, parce que la période de taux bas ne va pas durer éternellement. Déjà la Banque centrale des États-Unis a commencé un mouvement de hausse de ses taux directeurs et même si la BCE refuse pour le moment d’en faire autant, arrivera un moment où la politique de QE prendra fin. Le risque est alors que la dette de la France soit victime de l’effet « boule de neige » : si le taux d’intérêt réel (défalqué de l’inflation) est supérieur au taux de croissance de l’économie, le rapport dette/PIB augmente mécaniquement et cela même si le déficit primaire (avant le paiement des intérêts de la dette) est nul. Ce processus avait été une des causes essentielles de l’aggravation de l’endettement dans les années 1990.

Mais surtout, la dette publique est aujourd’hui sous l’emprise des marchés financiers. Or l’expérience du gouvernement Syriza a montré qu’un pays voulant rompre avec le néolibéralisme pourrait être victime d’un étranglement financier. Il y a donc fort à parier que l’arrivée en France d’un gouvernement de gauche voulant engager un processus de transformation sociale et écologique serait victime d’un tel étranglement qui se traduirait immédiatement par une hausse des taux auxquels la France emprunterait.

Le recours aux marchés : un choix politique

Après la seconde guerre mondiale, la France instaure une série de dispositifs qui rendront inutiles le recours au marché des capitaux3. La mise en place d’une collecte centralisée de l’épargne vers le Trésor public – le circuit du Trésor -, rendue possible par le contrôle du système bancaire, permet de drainer les ressources dont la puissance publique a besoin. Deux dispositifs complètent le système : l’obligation pour les banques de détenir une quantité de bons du Trésor rémunérés à un taux fixé par l’État – procédé dit « des planchers » – et la possibilité pour le Trésor de demander des avances à la Banque de France.

La mise en place d’un marché de la dette publique s’effectue progressivement au fur et à mesure des progrès de la déréglementation financière. Le circuit du Trésor est petit à petit démantelé à partir des années 1960. Les « planchers » sont supprimés dès 1967 et la dérèglementation financière réalisée en 1985 par Pierre Bérégovoy parachève le processus de libéralisation mise œuvre depuis une vingtaine d’années. En 1993, la loi sur l’indépendance de la Banque de France suite à l’adoption du traité de Maastricht supprime le régime des avances directes au Trésor4.

L’existence d’un marché de la dette publique est donc le résultat d’un choix politique qui vise à faire de l’État un emprunteur comme un autre. L’objectif est de le mettre sous la pression des marchés financiers et ainsi de le discipliner. Pour pouvoir emprunter à des taux raisonnables sur le marché, l’État doit se plier aux désirs des investisseurs. La dette publique devient ainsi un élément fondamental de la domination des marchés.

Le traité de Maastricht inscrit cette nouvelle donne dans le marbre des traités européens. Les marchés financiers deviennent l’arbitre des équilibres budgétaires des pays de l’Union européenne ce qui a ainsi favorisé les mouvements spéculatifs à l’origine de la crise de la dette publique au printemps 2010. Cette crise s’est traduite par une augmentation considérable des taux auxquels certains pays étaient obligés d’emprunter sur les marchés, montant jusqu’à 12 % pour la Grèce… alors que les banques se refinancent à l’époque aux alentours de 1 % auprès de la BCE.

L’emprise des marchés financiers sur la dette publique est une spécificité européenne que l’on ne retrouve pas au Japon et aux États-Unis. La dette publique japonaise s’élève à 250 % du PIB, très loin donc de la France et même de la Grèce (180 % du PIB). Et pourtant, il n’y a aucune spéculation sur la dette japonaise. La raison en est simple, la dette publique japonaise est pour l’essentiel hors marché. Les bons du trésor japonais sont achetés par des institutions financières qui les placent en grande partie auprès des épargnants japonais. Les institutions publiques japonaises, dont la Banque centrale, en détiennent environ 38 %. Ainsi le poids des investisseurs non résidents, enclins à spéculer sur la dette, est très faible : ils possèdent moins de 7 % de la dette publique contre plus de 60 % dans le cas de la France. Si le cas des États-Unis est particulier en raison du rôle international du dollar comme monnaie de transaction et de réserve, la dette publique (105 % du PIB) échappe aussi pour l’essentiel aux marchés financiers : les organismes appartenant au gouvernement fédéral en détiennent 28 %, la banque centrale, la Fed, plus de 18 %, les autres banques centrales et les organisations internationales 30 %, les investisseurs privés étrangers seulement 15 %.

Sortir du piège de la dette

Il faut d’abord en finir avec les politiques d’austérité. Menée conjointement dans tous les pays de l’Union européenne, elles ne peuvent qu’aboutir à une récession généralisée qui risque de se transformer en dépression. La zone euro a ainsi connu une récession suivie d’une stagnation économique entre 2011 et 2013. On se retrouve dans une situation similaire que dans les années 1930 lorsque les gouvernements avaient mené ce type de politique qui avait abouti à la Grande dépression. Dans cette situation, il est difficile de réduire les déficits publics qui pourraient même s’aggraver si les recettes fiscales chutaient plus vite que la réduction des dépenses. Il faut aussi une réforme fiscale d’ampleur qui redonne des marges de manœuvres à l’action publique et dont la condition est la mise en place d’un contrôle des capitaux. Son point central doit être la mise en place d’une fiscalité de haut niveau sur les rentiers, les ménages les plus riches et les grandes entreprises.

Nous insisterons ici sur la politique monétaire et sur la nécessité de sortir de l’emprise des marchés financiers. Face à un possible étranglement financier piloté par la BCE, une solution pourrait être la création d’un moyen de paiement complémentaire5 ou IOU (« I owe you »), une « monnaie » dont la valeur serait garantie par les recettes fiscales futures. Elle permettrait de retrouver des marges de manœuvres financières en ne recourant plus aux marchés financiers, de relancer l’économie et réduire la dette de court terme, la « dette flottante ». Sa convertibilité au pair avec l’euro, qui resterait la monnaie nationale, étant garantie, un tel dispositif s’apparente en fait à un prêt à court terme que les citoyen-ne-s accordent à leur gouvernement. Il s’agirait alors d’un geste autant politique qu’économique qui renforcerait notablement la position du pays dans ses rapports avec les institutions européennes. Il serait d’autre part possible d’activer des modes de financement direct par l’État des grands programmes publics en reprenant le contrôle des banques à l’image du « circuit du trésor ».

Au-delà, la BCE et les banques centrales nationales doivent pouvoir financer directement les déficits publics par création monétaire. Elles doivent pouvoir le faire à partir d’objectifs économiques, sociaux et écologiques démocratiquement débattus et décidés. Pour contourner les traités européens actuels – les changer nécessite l’unanimité des États -, cela pourrait passer par la création d’un établissement financier dédié à cet effet, comme dans le cas français la Banque publique d’investissement, qui demanderait un prêt auprès de la Banque centrale. Cela est explicitement autorisé par l’article 123-2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Concernant le stock de la dette existant, la BCE pourrait le racheter sur le marché secondaire, amplifiant une politique qu’elle mène depuis la crise. La politique monétaire doit redevenir l’objet de débats politiques et de décisions démocratiques au niveau national comme au niveau européen et les politiques économiques européennes doivent être réellement coordonnées afin d’éviter le chacun pour soi.

Deux objections sont soulevées à cette proposition. La première brandit le spectre de l’inflation. Une création monétaire incontrôlée serait porteuse d’une inflation qui le serait aussi. Remarquons d’abord que cette menace n’est pas évoquée lorsque la BCE déverse des milliers de milliards d’euros dans le système bancaire. Mais, outre qu’il ne s’agit pas dans cette proposition d’une création monétaire incontrôlée, mais au contraire politiquement et démocratiquement contrôlée, cet argument s’appuie sur la vieille théorie quantitative de la monnaie qui relie directement accroissement de la masse monétaire et inflation. Or, contrairement à ce qu’affirme cette théorie, il n’y a aucun effet d’automatisme en la matière. L’effet d’un accroissement de la masse monétaire dépend essentiellement de l’utilisation qui en est faite et de la manière dont elle est répartie. Une création monétaire qui permet la création d’une richesse nouvelle n’est pas inflationniste. Au-delà, durant les « Trente glorieuses », les pays européens ont vécu avec un peu d’inflation et cela ne les a pas empêchés de connaître une certaine prospérité économique6. Un peu d’inflation n’aurait d’ailleurs pas que des effets négatifs car cela aiderait au désendettement des ménages et des entreprises.

La seconde objection est politique et met en avant le fait que cette solution est aujourd’hui refusée par la plupart des pays européens et notamment l’Allemagne. Elle renvoie à la stratégie. Cette nouvelle politique monétaire constituerait une rupture avec l’emprise des marchés financiers. Elle suscitera donc l’opposition des gouvernements conservateurs ou de ceux dominés par le social-libéralisme. Un gouvernement progressiste devrait alors engager un bras de fer avec les autres gouvernements européens comme cela s’est fait à de nombreuses reprises dans l’histoire de la construction européenne. Il devrait prendre des mesures unilatérales en rupture avec les traités européens. D’un point de vue juridique, un tel gouvernement pourrait s’appuyait sur le « compromis de Luxembourg » qui prévoit que les États peuvent déroger aux règles européennes s’ils estiment que leur « intérêt vital » est en jeu. Cette clause dite de l’opt out a d’ailleurs été utilisé par certains pays européens (le Royaume Uni, la Pologne, la Tchéquie) pour refuser l’application de la Charte des droits fondamentaux intégrée au traité de Lisbonne. Ce gouvernement s’adresserait aux peuples européens en tenant un discours prônant la construction d’une Europe démocratique et sociale et en refusant que les populations payent le prix de la crise. Nul doute que l’écho en serait important et permettrait de créer un rapport de forces au niveau européen.

1 Il s’agit de la dette au sens de Maastricht, c’est-à-dire la dette brute de l’État, des organismes divers d’administration centrale (ODAC), des administrations publiques locales et des administrations de sécurité sociale.

2 Kenneth Rogoff a été économiste en chef du Fonds monétaire international de 2001 à 2003.

3 Pour une description minutieuse de ces dispositifs et de leur destruction, voir, Benjamin Lemoine, L’ordre de la dette, La Découverte, 2016.

4 Contrairement à une légende tenace – à laquelle d’ailleurs l’auteur de ces lignes a cru aussi – la loi de 1973 réformant le statut de la Banque de France n’a aucunement interdit ces avances. Il faut remercier Alain Beitone d’avoir avec constance mené le débat sur ce point. Voir notamment http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/29/la-loi-pompidou-giscard-rothschild-votee-en-1973-empecherait-l-État-de-battre-monnaie_1623299_3232.html.

5 Cette solution a été particulièrement développée par Bruno Théret. Voir notamment pour le cas grec Bruno Théret, Woytek Kalinowsky, Thomas Coutrot, « L’euro-drachme, ballon d’oxygène pour la Grèce », http://www.liberation.fr/monde/2015/03/15/l-euro-drachme-ballon-d-oxygene-pour-la-grece_1221089.

6 Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie de cette période, mais simplement de montrer que le discours catastrophiste sur l’inflation n’a pas de fondement.

CR Réunion du collectif du 20 avril 2017

Réunion du collectif « Citoyens contre l’austérité en Grèce et en Europe » du 20/4/2017

Présents : Jeanne E., Christine R., Mattheos K., Bernard L., François C., Marie-Claude C., Georges V, Max F.

Excusés : Liliane C., Béatrice R

1) Retour sur la soirée VIOME du 29 mars

Film très intéressant qui montre, sans rien cacher, le fonctionnement d’une usine en autogestion. La connexion via Skype avec Thessalonique après le film a permis d’avoir des compléments d’information très utiles. Il est à remarquer le peu d’échos, dans les milieux syndicaux, de cette soirée alors que VIOME est un exemple pratique de la possibilité de faire tourner une usine sous contrôle ouvrier.

voir le compte rendu détaillé de la soirée http://www.infoadrets.info/grece/viome-a-la-mda-une-soiree-solidaire/

La commande groupée concerne 31 personnes mais le volume de 500kg de l’année dernière n’a pas été atteint (300 kg environ). Mattheos vérifie auprès des VioMé la date d’envoi de la commande. Permanence assurée par les membres du collectif. Prévoir une 2eme date si livraison retardée.

2) Retour sur la soirée Aube Dorée au Club le 10 avril

Très bon film, quoique assez dur, excellente prestation de la réalisatrice Angélique Kourounis et très bonnes interventions de la salle. Cependant on peut regretter qu’il n’y ait pas eu de place dans le film pour les résistances qui existent et luttent contre ce parti ouvertement néo-nazi. Peu d’échos la aussi dans les milieux grenoblois sensibilisés à la montée des extrêmes droites.

Voir le compte rendu détaillé de la soirée http://www.infoadrets.info/grece/soiree-aube-doree-au-club-resistances/

3) Gestion des envois de médicaments vers les dispensaires solidaires grecs

Jeanne à partir du 1er juin ne pourra plus signer les feuilles d’accompagnement des médicaments, il faudrait trouver un médecin qui la remplace. Elle pourra cependant continuer à donner des conseils sur le choix des médicaments en fonction des besoins des dispensaires.

Le collectif décide de continuer à récolter les produits pharmaceutiques sachant qu’au niveau financier les fonds récoltés par appels aux dons en 2016 sont épuisés. Pour le moment le collectif se limite aux dépôts par les particuliers dans les dispensaires lors des voyages sur place et ne fait plus d’envois postaux jusqu’en septembre.

Le point financier sera à examiner plus concrètement à savoir relancer ou pas une campagne d’appel à dons ou se limiter aux seuls financements d’Attac Cadtm ?

Pas d’informations sur la mise en œuvre en Grèce d’une loi votée l’an dernier sur la gratuité des médicaments pour les personnes en dessous d’un certain revenu.

4) Relation privilégiée avec un dispensaire

Certains collectifs ont des relations privilégiées avec un seul dispensaire, peut-être pourrait-on en faire autant ?

Lors de la réunion des collectifs le 25/2 à Paris il a été demandé qu’un fichier recense les dispensaires avec qui chaque collectif est en lien . Un participant franco-grec indiquait également que pour que la solidarité concrète soit opérationnelle et ait du sens il serait judicieux que chaque collectif local soit jumelé à une structure grecque et établisse des liens de confiance dans la durée.

Christine essaye de recenser les liens qui existent déjà entre des collectifs et des dispensaires .

Max envisage de rendre visite au dispensaire d’Ilion à qui le collectif a envoyé des fonds en octobre 2016 et de se rendre à celui d’Exarcheia. Il nous fera un retour à une prochaine réunion.

5) Rencontre avec nos voisins Lyonnais

Un Framadate a été lancé, le samedi 10 juin après-midi a reçu pour le moment l’assentiment de quelques participants (6 Grenoblois et 2 Lyonnais). Une demande de réservation de salle à La Tour du Pin a été faite à un copain d’Attac Nord Isère. La date définitive sera confirmée d’ici une semaine.

6) Prochaines actions du collectif

Il y a nécessité de continuer à alerter sur la situation en Grèce car elle s’aggrave de jour en jour. Les observateurs relatent régulièrement le phénomène de survie mais aussi de désespoir qui s’est emparé de la population et surtout avec la mise en œuvre du 4ème mémorandum.

Un communiqué de presse pourrait être rédigé avant fin juin et des actions seront à imaginer à partir de septembre.

Le site internet mis à jour régulièrement par Christine reste un moyen important d’information pour qui s’intéresse au sujet.

Il est possible qu’un nouveau convoi solidaire soit organisé par ANEPOS en septembre.

7) Prochaine réunion du collectif

Lundi 19 juin 2017 de 17h à 19h salle 112.

Livraison des produits VioMé

Point sur les commandes :

La coopérative VioMé a confirmé la réception de la commande du collectif et son envoi depuis Thessalonique ce vendredi 21 avril.

Afin de limiter les frais de ports et tenir compte des jours fériés la livraison devait se faire d’ici 7 à 8 jours ouvrables.

En conséquence la permanence pour la récupération des produits, initialement prévue le 27 avril, est décalée au :

Jeudi 4 mai 

de 12h à 14h et de 17h à 19h

au local du Parti de gauche 12 rue des Arts à Grenoble.

La pétition initiée par le CSPG de Lyon : Si vous ne l’avez pas encore fait la pétition est toujours en cours. Elle s’adresse à l’ambassadeur de Grèce en France avec copie à certains membres du gouvernement grec. Elle est plus que jamais d’actualité. Les salariés ont été clairs pendant l’intervention du 29 mars :  ils ont besoin du soutien international.

https://www.change.org/p/gouvernement-de-la-r%C3%A9publique-hell%C3%A9nique-soutenir-les-travailleurs-de-viome-en-gr%C3%A8ce?recruiter=694969643&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

Pour mémoire leur appel : INFORMATION CONCERNANT LA DEMANDE DES TRAVAILLEURS DE VIOME fr

Le parti néonazi Aube dorée survit à deux ans de procès

par Charlotte Stievenard, Athènes publié vendredi 21 avril 2017

Tandis que 69 de ses membres sont accusés de participation à une organisation criminelle, la formation d’extrême droite continue de séduire 7% de l’électorat à l’échelle nationale

Prison de Korydallos, dans la banlieue d’Athènes. Dans la petite salle du tribunal, une quinzaine d’avocats de la partie civile font face à une dizaine de collègues représentant 69 membres du parti d’extrême droite Aube dorée, accusés de participation à une organisation criminelle.

Au cœur du procès figurent trois dossiers majeurs: la tentative de meurtre de quatre pêcheurs égyptiens en juin 2012 dans une banlieue du Pirée, l’agression à la batte de base-ball de membres du syndicat communiste Pame et l’attaque du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, poignardé en septembre 2013 par un militant néonazi. Une affaire qui a mené à l’arrestation de l’ensemble de la direction du mouvement et à leur placement en détention provisoire, avant leur mise en liberté surveillée 18 mois plus tard.

75 témoins entendus

Le procès dure depuis deux ans. Une durée qu’il doit à différents facteurs. A la lenteur proverbiale du système judiciaire grec, une lenteur condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme. A une grève des avocats, qui a paralysé les tribunaux pendant cinq mois. Et à sa propre complexité, ainsi qu’à l’ambition de la cour de découvrir si les différentes actions jugées ont résulté de décisions individuelles ou d’une politique de la hiérarchie du parti. Un objectif au nom duquel 75 personnes ont témoigné à ce jour.

L’épisode à l’étude ce mercredi est moins dramatique que d’autres, puisqu’elle n’a pas fait couler de sang. Mais elle éclaire utilement le fonctionnement d’Aube dorée. Dans une vidéo postée sur YouTube apparaît une scène survenue à Messolonghi, une ville de l’ouest de la Grèce, en 2012, peu après l’entrée du parti néonazi au parlement. Un député aux longs cheveux noirs, Kostas Barbaroussis, marche dans le marché local à la tête d’un groupe d’une quinzaine d’hommes. Certains portent des t-shirts noirs ornés du logo du parti, un méandre grec qui rappelle le svastika nazi. En chemin, ils détruisent des stands au motif qu’ils seraient «illégaux», tandis que leurs propriétaires, supposément étrangers, ont fui.

La violence pour combler les failles de l’Etat

Certains habitants s’interposent à l’instar d’une dame qui leur crie, porte-monnaie à la main: «Ils faisaient ça pendant les dictatures!» Mais d’autres saluent l’action du groupe. A la fin du film, le député nouvellement élu se justifie face à la caméra. «Nous sommes venus voir comment les autorités municipales et la police pratiquent leurs contrôles, déclare-t-il. Mais comme ils ont remis ça à plus tard, comme ils n’avaient pas l’intention de le faire, nous l’avons fait nous-même.» Pour une des avocates de la partie civile, Chrisa Papadopoulou, la stratégie est claire. Les militants entendent combler les failles de l’État. Le problème, ajoute-t-elle, «c’est qu’ils ont choisi pour ça la violence et les actions illégales».

C’est en pleine crise qu’Aube dorée a bâti son ascension. A l’entrée de Perama, une banlieue ouvrière du Pirée, les grues du port à conteneurs racheté par le géant chinois du fret maritime Cosco font face à de petits immeubles d’habitation en béton clair. C’est dans ce bastion communiste, où existe une forte opposition à Aube dorée, que des membres du syndicat PAME se sont fait tabasser en 2012. Dans la rue, nombreux sont ceux qui se désolidarisent publiquement du parti néonazi. Il n’empêche, la formation y compte aussi des partisans. Elle a dépassé la barre des 10% aux élections de 2012, et celle des 9% en 2015.

Ce n’est rien de grave. Ils ne font que la chasse à quelques Pakistanais

Dans un café décoré de bleu et de cordes à bateaux, une centaine d’hommes attendent le début d’un match de basket de l’Olympiakos, l’équipe du Pirée. Accoudés à une table, deux chauffeurs de taxi aux larges épaules se disent électeurs de la Nouvelle démocratie, le parti conservateur du clan Karamanlis.

Le plus vieux ne voit pourtant rien de mal aux actions musclées d’Aube dorée, des actions qualifiées pourtant de passages à tabac par les associations antiracistes. «Ce n’est rien de grave, argumente-t-il. Ils ne font que la chasse à quelques Pakistanais.» Son collègue s’en mêle. «Je ne voterai jamais pour Aube dorée, car mon grand-père a été tué par les nazis pendant la guerre», insiste-t-il. Mais ce quarantenaire aux cheveux rasés ne cache pas pour autant une certaine sympathie pour la formation. Il est heureux que le procès ait pratiquement disparu des écrans de télévision. «Les médias n’en ont plus besoin, ironise-t-il. Ils ont fait leur propagande.»

Stratégie de récupération

Le frère du président d’Aube dorée, l’avocat Panagiotis Michalolias, tient le même discours. «Nous pensons que le procès a été déclenché au vu des résultats électoraux de 2012, alors que le gouvernement n’arrivait pas à freiner le parti.» Depuis les intentions de vote restent bloquées au même niveau à l’échelle nationale, autour de 7%.

A Perama, Aube dorée poursuit sa stratégie de récupération. En 2015, le parti a inauguré les bureaux d’un «Syndicat des travailleurs grecs des chantiers navals» et, en janvier dernier, le député Yiannis Lagos est venu s’afficher devant les caméras à la tête d’un groupe de parents opposés à la scolarisation d’enfants réfugiés.

Vidéo édifiante

Différents éléments démontrent le caractère néonazi du parti – une vidéo de 2005 montre par exemple la direction d’Aube dorée à un concert de rock néonazi, où s’entendent les slogans «Sieg Heil!» et «Juden raus!». Mais malgré leur publication régulière, le parti de Nikolaos Michaloliakos n’est pas près de disparaître. «Le procès est nécessaire à la délégitimation de ce parti, explique le président de la Fédération internationale pour les droits de l’homme, Dimitris Christopoulos. Mais il ne peut réduire seul l’impact de l’extrême droite.»

https://www.letemps.ch/monde/2017/04/21/parti-neonazi-aube-doree-survit-deux-ans-proces

Soirée Aube Dorée au club : Résistances !

Lundi 10 avril, c’est environ 70 personnes qui se sont déplacées pour assister à la projection du film « Aube dorée : une affaire personnelle » suivie d’un débat en présence de la réalisatrice Angélique Kourounis.

En début de séance, Gérard d’Attac 38 ( animateur-modérateur) rappelait qu’ au delà de la situation en Grèce il conviendrait de s’interroger sur le rôle des institutions et des politiques économiques dans la montée de l’extrême droite en France et en Europe.

Angélique Kourounis, après avoir remercié le cinéma le club pour avoir osé programmer le film, mais aussi le collectif pour son invitation, insistait sur le caractère néo nazi de ce parti plus que d’extrême droite.

Ce qu’on retient du documentaire :

  • une ambiance malsaine et un parti extrêmement violent et xénophobe,

  • une immersion voulue et orchestrée de ce parti dans les institutions mais aussi dans les rangs de la police, et sans volonté gouvernementale d’en finir,

  • un parti nauséabond qui prend à son compte le mal-être des populations : ce parti les nourrit alors qu’ils n’ont plus les moyens nécessaires. (Mais c’était déjà ce que faisaient les talibans après l’intervention des États Unis en Afghanistan),

  • un parti qui surfe sur les raisons de la crise, sur la corruption en Grèce, en prenant comme cible l’immigration (en réponse à la concurrence à laquelle les ouvriers sont soumis par le patronat : ouvriers détachés, travail au noir, uberisation, etc…),

  • une population qui pour partie, tout en ne partageant pas totalement les idées d’Aube Dorée, se tourne vers lui parce que les politiques en place n’ont pas apporté de solution à la crise économique. (distribution de nourriture où les gens se laissent amadouer avec un peu de charité : on s’occupe de nous c’est l’essentiel),

  • la crise économique n’explique pas à elle seule cette attirance pour ce parti, il y a quelque chose de plus profond intégré dans les mentalités voire l’enseignement,

  • un bémol : le documentaire ne donne pas de place aux organisations anti fascistes ou anti austéritaire qui œuvrent sur place. C’est certainement un choix de la réalisatrice qui d’ailleurs transparait dans le titre  » une affaire personnelle ».

    De plus il ne met pas l’accent sur le rôle de l’Europe dans la descente aux enfers de la Grèce ni sur les partis en place qui le dénoncent.Une approche centrée sur les faits plus que sur les causes.

Ce que l’on retient du débat :

  • des interventions riches et intéressantes y compris du public, avec des réponses précises et instructives,

  • une Angélique très tonique et qui fait honneur au métier de journaliste d’investigation. En critiquant en particulier la détestable méthode des « micro-trottoirs » et autres pseudo enquêtes destinées à prouver une thèse pré-établie. Elle rappelle souvent l’actualité récente (ex : 4e mémorandum) sans donner de faux espoirs au public sur une issue positive,

  • Aube Dorée s’apparente au nazisme mais son audience reste modeste par rapport à celle du Front National en France,

  • un public qui met l’accent sur le rôle central de la dette, arme absolue entre les mains des créanciers pour justifier les politiques d’austérité et sur la responsabilité de ceux qui les mettent en place mais s’offusquent des réflexes protecteurs qu’elles engendrent,

  • un public qui ne se laisse pas prendre aux chants des sirènes des partis en France qui savent utiliser tous les moyens de communication et de langage appropriés pour cacher leurs idées xénophobes et nationalistes en profitant de la misère financière et intellectuelle orchestrée par le système néolibéral et des médias à la botte du pouvoir financier,

  • En France aussi ont lieu des «ratonnades» et les «anarchistes» se sentent bien seuls pour s’opposer aux activistes d’extrême droite, éventuellement par l’affrontement physique .

Force est de constater que le sujet éminemment d’actualité en France aurait mérité plus de public de citoyens et notamment celui issu des réseaux anti fascistes, syndicaux et partis politiques.

Globalement le public même s’il sort un peu choqué par certaines images (auxquelles d’ailleurs il s’attendait) est satisfait des échanges qui permettent de répondre à une question qu’on peut se poser : Pourquoi ce type de parti attire-t-il des électeurs ?

Le soin que portent nos élites à défendre les puissances de l’argent en soumettant les populations à toujours davantage d’austérité n’est-il pas une réponse

       

Introduction Angélique Kourounis avant la projection

Accueil du public

Merci au cinéma Le Club de Grenoble

Soutien aux VioMé : encore et encore !

Point sur les commandes : La commande groupée des produits est partie ce samedi 15 avril. C’est 31 personnes qui à nouveau cette année se sont rassemblées pour soutenir les VioMé dans leurs luttes.

Le chronogramme de réception et récupération des produits devrait être :

  • vendredi 21 avril : départ de la marchandise de Thessalonique,
  • mercredi 26 avril : réception et trie des produits par le collectif,
  • jeudi 27 avril : permanence pour retirer les produits de 12h à 14h et de 17h à 19h.

Le Parti de gauche 38 met à disposition tout comme l’année dernière son local situé 12 rue des Arts à Grenoble.

La pétition initiée par le CSPG de Lyon : Si vous ne l’avez pas encore fait la pétition est toujours en cours. Elle s’adresse à l’ambassadeur de Grèce en France avec copie à certains membres du gouvernement grec. Elle est plus que jamais d’actualité. Les salariés ont été clairs pendant l’intervention du 29 mars :  ils ont besoin du soutien international.

https://www.change.org/p/gouvernement-de-la-r%C3%A9publique-hell%C3%A9nique-soutenir-les-travailleurs-de-viome-en-gr%C3%A8ce?recruiter=694969643&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

Pour mémoire leur appel : INFORMATION CONCERNANT LA DEMANDE DES TRAVAILLEURS DE VIOME fr

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