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Archives de catégorie Austérité-Neolibéralisme

La dette prétexte pour imposer des politiques d’austérité

Refusons l’instrumentalisation de la dette pour imposer de nouvelles politiques d’austérité ! par Attac France.

La Commission sur l’avenir des finances publiques, présidée par Jean Arthuis, ancien ministre des finances de Jacques Chirac, vient de rendre son rapport. Sans surprise, malgré une prudence de forme, il ressasse les vieilles rengaines libérales et vise à préparer l’opinion publique à une future politique d’austérité. Présentée dans la presse comme censée « faire de la pédagogie auprès de l’opinion sur la nécessité de reprendre le contrôle de la dette », la Commission Arthuis mène en réalité un véritable travail d’enfumage de l’opinion.

Ainsi la commission ose écrire qu’ « il faut être clair sur ce point : il n’y a pas d’argent magique ». Quand on sait que son mandat excluait toute hausse d’impôt, on comprend mieux cette affirmation. En effet, s’il n’est pas possible de faire payer leur juste part d’impôt aux plus riches et aux grandes entreprises qui échappent aujourd’hui massivement à l’impôt, s’il n’est pas possible de rétablir un impôt sur la fortune ou la progressivité de l’imposition des revenus financiers, s’il n’est pas possible de taxer les entreprises là où elles réalisent leurs activités plutôt que là où elles déclarent artificiellement leurs profits, et si on exclut toute possibilité d’annulation de la dette ou de dette perpétuelle, alors en effet il ne reste comme seule solution que les politiques d’austérité, la poursuite de la casse des services publics et de la protection sociale.

Si la Commission « se défend de préparer le terrain à l’austérité », elle propose d’instaurer une « règle d’or sur la dépense publique », reposant sur l’idée que « l’évolution des dépenses soit inférieure à l’évolution des recettes », ce qui revient de fait à imposer une politique d’austérité et à réduire les choix démocratiques en matière de budget.

On se souvient par ailleurs que l’argument de l’absence d’ « argent magique » avait été utilisé par Emmanuel Macron pour refuser aux personnels hospitaliers de leur donner les moyens de travailler. De l’argent magique, il y en a pourtant quand il s’agit de distribuer « quoiqu’il en coûte » des aides massives aux grandes entreprises, sans aucune contrepartie sociale, fiscale ou environnementale.

Mystérieusement, la Commission oublie de présenter la lutte contre l’évasion fiscale comme un moyen de réduire les déficits publics. Elle omet également de « faire de la pédagogie » pour expliquer à l’opinion que le gouvernement a décidé de prolonger la CRDS (Contribution au remboursement de la dette sociale), qui prélève tous les revenus aux taux de 0,5 %, sans aucun souci de justice fiscale.

De plus, elle prône une nouvelle « gouvernance » en proposant de séparer le Haut conseil des finances publiques de la Cour des comptes, à laquelle il est actuellement rattaché. Alors que la Cour des comptes est remise en question dans ses missions juridictionnelles de juge des comptes publics, une telle séparation a de quoi interroger sur le mode de gouvernance envisagé discrètement par la Commission. Va-t-on vers une entité dont le statut n’est pas clarifié et donc la légitimité serait questionnée, et ayant pour objectif de procéder à des injonctions au gouvernement sans éclairage de la Cour des comptes ?

Face à l’enfumage orchestré par la Commission Arthuis, Attac :

  • rejette la logique néolibérale de cette « remise en ordre » qui entraînera un retour à l’austérité budgétaire dont la crise sanitaire a démontré les effets tragiques sur les inégalités, sur l’hôpital public et notre système de santé.
  • affirme son refus de voir la dette publique instrumentalisée pour imposer une nouvelle cure d’austérité
  • considère que l’objectif doit être de réduire l’emprise des marchés financiers sur les politiques publiques par : 1. un audit citoyen sur la dette 2. une restructuration et une annulation partielle de la dette détenue par la BCE en fonction d’objectifs écologiques 3. le financement monétaire des dépenses publiques prioritaires 4. la réduction de la dette détenue par les créanciers étrangers.
  • propose de remplacer l’injuste CRDS par une CRDC (Contribution au remboursement de la dette Covid) payée par les plus riches et les grandes entreprises dans un souci de justice fiscale.

Ces revendications ont été détaillées dans la note « Qui doit payer la dette Covid ? »

Attac publiera ce vendredi une tribune dans Libération, signée par de nombreux économistes, artistes, responsables associatifs et syndicaux.

Source https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/refusons-l-instrumentalisation-de-la-dette-pour-imposer-de-nouvelles-politiques?pk_campaign=Infolettre-2760&pk_kwd=france-attac-org-actus-et-medias

Destituer la dette pour construire la démocratie

 Par Gilles Grégoire Permanent au CADTM Belgique et membre d’ACiDe


 

Alors qu’elle fait partie de notre quotidien depuis toujours, la dette est devenue un concept abstrait, inaccessible, purement technique et, par conséquent, totalement dépolitisé. Qu’on parle de dette publique ou de dette privée, il semble établit que « une dette ça se rembourse » et point à la ligne. Or, les dettes ont aujourd’hui colonisé chaque recoin de l’économie mondiale. Elles servent de prétexte à des pratiques qui génèrent d’importants bénéfices pour certaines personnes et ont des conséquences dramatiques pour beaucoup d’autres. Il est dès lors fondamental de repolitiser l’enjeu de la dette, d’en questionner la légitimité et de mettre en place des outils qui permettent d’exercer sur elle, ainsi que sur l’ensemble des finances publiques, un réel contrôle citoyen.

  Sommaire
  • Les deux faces de la dette
  • La dette comme outil de domination et de transfert des richesses
  • Le règne de la dette
  • L’institution imaginaire de la dette
  • Au-delà de la dette, la nécessité d’une réappropriation collective des finances (…)

Les deux faces de la dette

Dans l’imaginaire collectif, la dette fait partie des concepts qui appartiennent, à la fois, à la réalité concrète et immédiatement tangible du quotidien et à la nébuleuse de notions qui peuple le langage des « experts ». Ceux-ci nous répètent régulièrement son importance fondamentale dans notre économie mais n’en rendent pas pour autant son lien avec nos vies plus évident. D’un côté, il y a les dettes auxquelles nous devons faire face tous les jours : les emprunts pour la maison, la voiture, et pour certain·e·s de plus en plus nombreuses/eux, pour pouvoir faire les courses, pour le minerval à payer en plusieurs mensualités, la facture d’abonnement téléphonique, la tournée de bière due après celle offerte par les autres, etc. De l’autre, il y a les dettes dont il est question dans les médias- la dette publique (grecque, belge, ou autre), la « bulle de dettes privées », les titres (actions, obligations et produits dérivés) en circulation sur « les marchés » et détenus par les hedges funds, banques d’investissement, banques centrales et fonds vautours– et qui semblent au centre des préoccupations des décideurs politiques mais dont personne, en ce compris ces mêmes décideurs politiques, ne semble pouvoir/vouloir expliquer d’où elles viennent, qui les détient ni pourquoi elles sont dues.

L’utilisation de la dette comme outil de transfert de richesses et de soumission des classes laborieuses n’est pas une pratique récente

Si, dans son premier aspect, la dette nous apparaît comme un concept évident, c’est parce qu’elle fait partie des sociétés humaines depuis aussi longtemps qu’elles existent. Elle précède de très loin la naissance du capitalisme et même l’invention de la monnaie et du commerce. « Si je te donne quelque chose, tu me dois quelque chose en retour » résume le concept de la dette mais aussi de l’échange lui-même. On pourrait donc dire que la dette peut [1] se retrouver à la base même du fait social. Si elle est également devenue un sujet aussi abstrait qu’inaccessible, c’est pour deux raisons :

  • Parce que d’une pratique quotidienne ancestrale, banale et impliquant clairement un esprit de réciprocité, elle s’est transformée en un outil de domination sociale et de transfert des richesses globalisé,
  • Parce qu’elle a colonisé en profondeur chaque recoin de l’économie mondiale.

La dette comme outil de domination et de transfert des richesses

L’utilisation de la dette comme outil de transfert de richesses et de soumission des classes laborieuses n’est pas une pratique récente. Depuis des siècles, les soubresauts de la démocratie ont régulièrement été liés au niveau d’endettement des populations. Quand celui-ci devenait trop élevé et qu’une partie importante du peuple était réduite à la servitude au profit de quelques créanciers, cela débouchait sur des révoltes et, au final, sur des annulations de dettes, parfois accompagnées de la chute de la hiérarchie sociale en place. Ainsi, ces annulations de dettes périodiques sont inscrites dans de nombreuses cultures comme condition de l’équilibre social, et pendant 4000 ans, en Europe également [2]. L’Histoire raconte par exemple que la démocratie athénienne (quelle qu’imparfaite qu’elle fut) naquit, en -594, de manière concomitante à la révolte du peuple de la cité (les « demos ») très largement endetté, contres ses créanciers et à l’interdiction de l’esclavage pour dette (qui réapparut bien sûr par la suite). Les révoltes populaires en cours au Liban, au Chili, au Honduras, en Haïti, au Soudan, en Équateur mais aussi en France et en Belgique avec les Gilets jaunes, et qui se cristallisent autour du « coût de la vie » trop élevé et le rejet de la classe dominante, s’inscrivent manifestement dans cette même lignée.

Quand il commença à s’imposer il y a cinq siècles, le capitalisme sut s’appuyer efficacement sur le système de domination par la dette, au point que ce dernier devint l’un de ses rouages fondamentaux. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la dette permit le maintien de l’exploitation des populations du Sud par les ex-puissances coloniales. Les dettes contractées par les colonisateurs auprès de la Banque mondiale dès 1950, indispensables aux métropoles européennes pour maximiser l’exploitation de leurs colonies, ont ensuite été transférées aux peuples colonisés au moment de leur accession à l’indépendance. Les nouveaux dirigeants étaient priés d’obtempérer, sous peine de disparition violente (pensons à Patrice Lumumba et à Thomas Sankara). Une indépendance de façade donc, concédée tel un cadeau empoisonné accompagné d’un transfert de la dette coloniale, opéré sans le consentement des pays concernés [3]. Aujourd’hui encore, les grands pays créanciers s’assurent de la sauvegarde de leurs intérêts dans le Sud au sein du « Club de Paris » [4] et avec l’appui de la Banque mondiale et du FMI. Les réformes qu’ils imposent aux pays du Sud, en échange de quelques ajustements sur leur dette, contraignent ces derniers à libéraliser au maximum leurs économies et à construire celles-ci sur la base d’exportations massives de matières premières, mettant ainsi en péril le cadre de vie et la souveraineté alimentaire des populations locales.

La dette publique est devenue le prétexte n°1 pour imposer la réduction des dépenses publiques (via les privatisations et les partenariats publics-privés), ainsi que la dérégulation des marchés et la « flexibilisation » des normes du travail

Comme en témoigne l’exemple de la Grèce, ce chantage ne s’applique plus uniquement aux populations du Sud mais également à celles du Nord. Partout, la dette publique est devenue le prétexte n°1 pour imposer la réduction des dépenses publiques (via les privatisations et les partenariats publics-privés), ainsi que la dérégulation des marchés et la « flexibilisation » des normes du travail qui ne bénéficient in fine qu’aux grandes entreprises, au mépris de toute notion d’intérêt général. Les banques elles aussi, sont parmi les grandes gagnantes de ce mécanisme. En effet, après avoir vu leurs bilans s’effondrer lors de la crise financière de 2008, leurs dettes ont été transférées aux États, via les différentes phases des sauvetages bancaires et ce sont à nouveau elles qui, aujourd’hui, conditionnent le financement des États aux efforts budgétaires qu’ils fournissent. On assiste donc à une « socialisation des pertes » suivie d’une « privatisation des profits » en trois étapes :

  1. La dette privée créée par la spéculation des institutions financières et des grandes entreprises forme une bulle qui finit par leur éclater à la figure.
  2. Les ménages et les PME sont les premières victimes alors que les États s’endettent pour sauver les responsables.
  3. Une fois que les banques sont sauvées et recommencent à générer du profit, elles sont remises dans les mains des actionnaires privés (les plans qui concernent Belfius en sont un parfait exemple [5]) et le reste de la population est prié de se serrer la ceinture pour espérer relancer la croissance (c’est-à-dire la productivité des entreprises) au prétexte de sauver l’emploi.

Le règne de la dette

Ce schéma de transfert de richesses de la population vers les détenteurs de capitaux via l’endettement n’est donc ni récent ni accidentel mais la financiarisation de l’économie l’a fortement étendu et renforcé.

La financiarisation du capitalisme implique, par rapport à la phase industrielle qui la précédait [6], un recours généralisé de la part des entreprises mondialisées et des États à l’endettement pour assurer leur financement. Ces dettes -et les produits financiers qui peuvent en être dérivés– étant ensuite massivement achetées et revendues sur ce qu’on appelle « les marchés ». Ce système est hautement instable puisque basé sur des spéculations -parfois contradictoires- et à l’avantage unique et manifeste des détenteurs de capitaux. Les capitaux émis par les très grandes entreprises (leurs actions) sont donc généralement davantage considérés par leurs propriétaires comme des valeurs mobilières (échangeables et valorisables) assorties d’un droit de créance, plutôt que comme des titres de propriété, comme c’était le cas avec le capitalisme industriel. Cela signifie entre autres qu’ils ne sont pas utilisés pour augmenter la valeur réelle de l’entreprise mais pour augmenter à (très) court terme la valeur fictive du titre en tant que tel pour espérer engranger un maximum de profits en le revendant. Bien entendu, cela n’empêche pas les actionnaires d’exiger dans le même temps les plus hauts rendements pour leurs dividendes. À l’évidence, ce type de gestion des grandes entreprises se moque allègrement de son impact sur la société et l’environnement et va totalement à l’encontre de la pérennité même des entreprises, en les conduisant invariablement à mener de nombreuses phases de « restructuration » jusqu’à finalement déposer le bilan, être absorbées par une entreprise plus grande et plus pérenne, ou à être emportées par le prochain choc boursier.

Non, une dette ne se rembourse pas par principe et sous n’importe quelle condition

Le droit de propriété étant forcément inexistant sur les biens publics, ces derniers sont dès lors, soit purement et simplement détruits pour laisser la place aux grandes entreprises privées [7], soit privatisés pour permettre aux détenteurs de capitaux, en plus de retirer les bénéfices réels que pourraient générer ces biens, d’influer sur leur valeur spéculative et ainsi augmenter les profits qu’ils en retireront. Au bout du compte, la privatisation des services publics et leur marchandisation conduisent à une réduction importante de l’accès à ces services et contraignent les ménages à recourir eux-mêmes davantage à l’endettement pour subvenir à leurs besoins fondamentaux ou pour rembourser les dettes qu’ils avaient déjà (tels leurs emprunts hypothécaires). Ces nouvelles dettes (et leurs produits dérivés) gonflent encore le transfert de richesses vers les créanciers et sont, elles aussi, sujettes à leurs jeux spéculatifs. Cette véritable « accumulation par expropriation » [8] est bien entendu également alimentée par les injustices fiscales. Enfin, comme dit plus haut, lors des éclatements inévitables et répétés de ces gigantesques bulles de crédits (tel qu’en 2007-2008 et, de plus en plus probablement, dans un futur proche [9]), la charge des pertes colossales enregistrées par les créanciers est reportée sur les débiteur/trice·s, c’est à dire sur les États et in fine, sur la population. Ce système d’accaparement massif basé sur la spéculation et la vampirisation des ressources et des produits de l’économie par le capital est par essence anti-démocratique et destructeur des droits sociaux et de l’environnement.

L’institution imaginaire de la dette

C’est précisément parce la dette constitue à ce point un pilier de l’économie capitaliste financiarisée qu’elle est si peu abordée en terme concrets. La dette, comme d’autres institutions sur lesquelles le système politique et économique base sa légitimité, est aujourd’hui instituée comme un état de fait, dépolitisé dont on ne débat qu’à propos d’aspects techniques sans aborder son bien-fondé, sa légitimité en tant que telle. « Une dette ça se rembourse » et point à la ligne. Or, lorsque le mantra a remplacé la réflexion, lorsque l’objet de discussion est devenu un symbole inerte qui se suffit à lui-même et sert à justifier l’injustifiable, le bon sens oblige de le destituer pour le requestionner, le politiser à nouveau et évaluer son fondement. Non, une dette ne se rembourse pas par principe et sous n’importe quelle condition. Encore faut-il, au minimum, prouver qu’elle est effectivement due. Et, ensuite, évaluer ce qu’implique son remboursement. Si cela semble couler de source, c’est pourtant au discours inverse auquel la population est confrontée par les créanciers et les États.

La dette n’est pas une question strictement technique ou budgétaire, c’est un enjeu éminemment politique

Le fait qu’il y ait aujourd’hui une montagne de dettes privées et publiques ne peut rationnellement s’expliquer par le seul fait que « nous » aurions « vécu au-dessus de nos moyens » . Ces dettes ont des origines définies, sont détenues par des personnes physiques ou morales identifiables qui en retirent un profit chiffrable, ont été contractées dans des conditions et à des fins dont la légitimité peut être débattue et, qui plus est, servent globalement une fonction précise. Et dès lors, une fois ces paramètres questionnés, le bien-fondé de leur remboursement peut et doit également être évalué. La dette n’est pas une question strictement technique ou budgétaire, c’est un enjeu éminemment politique.

 Au-delà de la dette, la nécessité d’une réappropriation collective des finances publiques

Quelle prise alors avons-nous sur cet enjeu pour le ramener au centre du débat et en questionner la légitimité ? Et, quand bien même parviendrions-nous à faire entamer ce débat et à destituer symboliquement l’enjeu de la dette, comment pourrions-nous réellement venir à bout de ce système de domination ? Car si la dette est un pilier fondamental du capitalisme financiarisé, c’est bien de ce dernier dans son ensemble qu’il faut venir à bout et dont la résistance, quand on s’attaque à l’un de ses fondements, n’est pas à démontrer.

Bien sûr, il n’y a pas de formule magique, ni d’alternative qui tienne d’un bloc. Il y a par contre des outils modestes, souvent fragiles mais toutefois efficaces et qui se basent sur les principes clés que sont notamment la reconstruction de communautés locales actives et porteuses de débats, la revendication d’accès direct au pouvoir politique et de son contrôle et la construction de contre-discours. L’audit citoyen de la dette en fait partie. Celui-ci consiste à rassembler, principalement à l’échelle locale mais parfois aussi à des niveaux plus larges, des citoyennes et citoyens qui décident de se réapproprier les comptes publics. Elles et ils exigent des autorités politiques qu’elles leur délivrent les informations nécessaires (et rendues intelligibles) pour analyser l’origine des dettes réclamées à leur commune (ou région, ou État), les conditions dans lesquelles elles ont été contractées, qui les détient et si elles ont profité à l’intérêt général ou non. Il s’agit d’un réel combat vu d’une part la réticence des autorités à délivrer les informations nécessaires à ce travail (bien que, en Belgique, la loi les y oblige) et d’autre part, la difficulté à mobiliser autour de la question de la dette. Mais lorsqu’ils y parviennent, ces groupes produisent des recherches qui sont parfois en mesure de réellement mettre à mal l’argumentaire défendant la légitimité du remboursement de la dette [10].

Mais puisqu’il ne s’agit pas seulement de susciter le débat mais de mettre en place de réelles pratiques démocratiques à l’encontre du pouvoir financier et de ne pas se limiter à la dette mais d’initier une réelle réappropriation collective de l’enjeu du financement du bien commun, il importe de considérer cet outil qu’est l’audit citoyen dans une fonction plus large. Celle d’un réel contrôle citoyen permanent sur les finances publiques dans leur ensemble [11]. En ce sens, il s’agit de construire des communautés locales de personnes et d’associations (allant des groupes militants au club de foot local en passant par les maisons de jeunes) s’alliant pour exercer ce contrôle et pour faire poids ensemble sur les autorités publiques pour rendre ce contrôle effectif. La mise en place d’un système réellement démocratique, instaurant une égalité effective entre les individus et leur garantissant une réelle liberté passe nécessairement par une refonte radicale du système économique et de son paradigme productif. L’échelon local est à la base de tout changement profond de société qui puisse être réellement démocratique. De plus, en Belgique, 40 % des investissements publics sont portés par les communes. Bien que le niveau de pouvoir soit « à la base », sa réappropriation aurait des effets conséquents. Si d’autres alternatives sont bien entendu nécessaires aux niveaux de pouvoir supérieurs, pour s’attaquer à l’enjeu de la dette dans une perspective de réappropriation démocratique des finances, c’est par l’échelon local qu’il faut commencer. Le chantier est ouvert.

Pour plus d’informations sur les audits citoyens en Belgique : www.auditcitoyen.be

Cet article reprend plusieurs extraits du Cahier de revendications communes sur la dette et la nécessité d’un réel contrôle citoyen sur la finance au niveau européen.


Article extrait du magazine AVP – Les autres voix de la planète, « Des audit pour démonter la dette » paru en décembre 2020. Magazine disponible en consultation gratuite, à l’achat et en formule d’abonnement.

Cet article a été initialement publié dans la revue Bruxelles Laïque Echos n°107 – L’économie de la critique. La version numérique de cette revue est disponible à cette adresse : https://issuu.com/bxllaique/docs/ble107

Notes

[1] « Peut » se retrouver car, bien entendu, l’acte de donner indépendamment de toute réciprocité constitue lui aussi la base de l’acte social.

[2] Voir la présentation « À qui profite la dette » du collectif ACiDe Liège et le livre d’Éric Toussaint, Le Système dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, français, Les Liens qui libèrent, 2017.

[3] « Dettes coloniales et réparations », Trimestriel Les Autres Voix de la Planète, n°76, CADTM, 1er trimestre 2019.

[4] Maud Bailly, « Quel est le rôle du Club de Paris ? », CADTM, 2017.

[5] Voir le manifeste de la plateforme Belfius est à nous sur http://www.belfiusestanous.be/manifeste/

[6] La phase de financiarisation n’étant que la suite logique du même système une fois qu’il se mondialise et qu’il ne rencontre plus d’obstacles à sa circulation.

[7] Souvent progressivement, en réduisant de plus en plus leur financement, et donc leur efficacité, pour au final justifier leur remplacement par des services privés au prétexte que ces derniers seraient plus performants.

[8] Selon l’expression de l’économiste David Harvey.

[9] Lire les deux articles d’Eric Toussaint, « Panique à la Réserve Fédérale et retour du Credit Crunch sur un océan de dettes », CADTM, septembre 2019 et « Retour sur la panique à la Réserve fédérale en septembre 2019 et les solutions à la crise », CADTM, octobre 2019

[10] Le travail du Réseau municipaliste contre la dette illégitime et les coupes budgétaires en est un bon exemple. En Belgique, le travail du groupe local de Liège de la plateforme ACiDe (Audit Citoyen de la Dette) le démontre aussi. Voir la brochure 15 choses que vous devriez savoir sur la dette de Liège sur http://www.auditcitoyen.be

[11] Si le mot « réel » est ici utilisé, c’est pour souligner que le modèle « participatif » proposé par certains partis à l’heure actuelle est hautement insuffisant pour prétendre à l’exercice d’une réelle démocratie et pour garantir la sauvegarde de l’intérêt public dans les choix politiques.

Auteur.e Gilles Grégoire  Permanent au CADTM Belgique et membre d’ACiDe

Source https://www.cadtm.org/Destituer-la-dette-pour-construire-la-democratie

En Grèce, la colère monte

En Grèce, la colère monte contre le gouvernement du fric, des flics et des passe-droits  par A. Sartzekis

Plus d’un an et demi après son retour au pouvoir, la droite ultralibérale de Kyriakos Mitsotakis, dont la seule compétence reconnue est d’être le fils d’un dirigeant historique de la droite, est l’objet d’un début de remise en cause. Sa période de « gouvernement des meilleurs », thème sur lequel les médias aux ordres le glorifiaient, semble achevée. La colère populaire enfle contre toute une série de mesures et de provocations de ce gouvernement de copains et de coquins.

Feu sur le service public d’éducation

Les protestations les plus massives ces dernières semaines concernent l’éducation, avec bien sûr les très fortes mobilisations de tout le monde universitaire, appuyées par le mouvement ouvrier, contre la loi de casse de l’université et de contrôle policier des étudiants (voir notre précédent article). Sans surprise, la loi a été votée la semaine passée, par 166 voix contre 132, les députés de droite se voyant renforcés par le groupuscule Elliniki Lysi (Solution grecque), successeur des nazis de Chryssi Avgi (Aube dorée). La vraie surprise a été la force des manifs, dont celles du mercredi et du jeudi, jour de vote. Cela comme un défi jeté aux diktats du ministre de l’intérieur. La mesure phare de la loi est la création d’un coûteux corps de flics dans les universités, et si on a le moindre doute sur leur caractère pacifique annoncé, il suffit de voir la violence avec laquelle les MAT (CRS grecs) ont frappé les manifestant-e-s pour n’avoir aucun doute sur les intentions du gouvernement. À Tsipras qui protestait contre la création de ce corps, Mitsotakis a osé répondre : « Ce n’est pas la police que nous introduisons à l’université, c’est la démocratie ». On imagine le commentaire d’un Coluche : « Ah, tu la verrais, la gueule de la démocratie ! »…

Dans la presse française on s’émeut un peu de cette mesure, sauf dans Ouest-France, qui a réussi à dénicher un obscur professeur disant tout le bien qu’il pense des flics dans les facs. Alors que l’immense majorité du monde universitaire est vent debout devant cette (ruineuse) création digne des dictatures (admirées par certains membres de ce pouvoir) et que même l’un des universitaires les plus connus de la droite pour avoir fait intervenir les flics contre les étudiantEs de la fac de droit d’Athènes se prononce clairement contre cette mesure !

Par contre, les articles de la presse française oublient le fond de la réforme : comme on l’a expliqué, c’est tout le système relativement ouvert de l’université grecque qui est cassé avec la loi votée, excluant des milliers d’étudiantEs du droit aux études et privilégiant les boites privées, dont les patrons sont des copains du pouvoir. C’est contre cette casse de l’université que les mobilisations ont eu lieu et continueront. Pour beaucoup d’entre eux, les ministres aux commandes, enfants de la bourgeoisie n’ayant jamais mis les pieds dans une école publique ni dans une université grecque,  ont un objectif clairement assumé : ils veulent casser l’éducation nationale de la maternelle à l’université, pour la remettre à leurs amis patrons, et dans la foulée de la loi université, la ministre Kerameos prépare une loi sur l’autonomie et la décentralisation du système scolaire, évidemment coupée de toute préoccupation pédagogique. L’objectif serait tout bonnement que les établissements imposent leur auto-financement, avec appel aux sponsors locaux, en faisant dépendre ces établissements du point de vue administratif et programmatique des institutions locales, en gros les offrant aux besoins du patronat local, avec recrutement local du personnel… Blanquer battu sur son propre terrain par des idéologues forcenés de la marchandisation de l’école et de l’asservissement de ses personnels. De riches mobilisations en perspective…

L’incompétence au pouvoir

Mais l’éducation n’est pas le seul secteur où la colère s’exprime. Face à la pandémie, ce gouvernement fait preuve d’une rare incompétence. Si au printemps, la Grèce avait été relativement épargnée depuis la fin de l’été (non pas grâce à une bonne gestion comme l’ont chanté les valets des médias aux ordres, mais grâce à un effet moindre du virus dans tous les Balkans), l’épidémie frappe maintenant très fort. Au lieu de répondre aux exigences de recrutement du personnel soignant — il manque des milliers de médecins dans les hôpitaux et les centres de santé — la droite a décidé de baisser le budget de la santé. Cela alors que celui de l’armée est en nette hausse et qu’il dépense 2,5 milliards pour l’achat de 18 Rafale…  De plus, les mesures prises exaspèrent de plus en plus de monde : à peine rouverts, les magasins doivent refermer brutalement. Les écoles étaient restées ouvertes, puis les collèges ont rouvert une semaine — mais pas les lycées — et depuis quelques jours, tous les établissements ont été fermés, sans qu’il soit donné satisfaction à l’exigence de 15 maxi par classe (dans les villes, les effectifs peuvent atteindre une trentaine avec des salles souvent mal conçues). En prime, la mal nommée « Nouvelle Démocratie » de Mitsotakis s’offre des passe-droits de plus en plus choquants : alors que la vaccination piétine, on a vu des cadres de la droite arriver dans leurs grosses berlines pour se faire vacciner sans aucun droit, et le Premier ministre lui-même multiplie ce qu’il ne perçoit même pas comme des provocations : alors qu’un guide de randonnée ayant organisé une excursion avec des participants espacés chacun de plusieurs centaines de mètres reçoit une amende de 5 000 euros, Mitsotakis se fait prendre en photo en montagne avec d’autres cyclistes ne portant pas de masques et mange avec des dizaines de compères dans la maison d’un député de l’ile d’Icaria. Bilan d’Icaria : des huées populaires, que les télés amies ont essayé de cacher, pendant que le ministre Voridis (ancien secrétaire des jeunesses de la junte des colonels…) expliquait que les Icariens voulaient exprimer leur amour pour le Premier ministre et c’est pour cela qu’ils l’avaient invité à venir manger… Cela donne une idée du niveau politique sous cette « nouvelle démocratie ».

La répression et l’appui de l’extrême droite comme seules bouées

Dépourvus de toute stratégie politique alors que la crise s’approfondit dans le pays, ce pouvoir croit pouvoir faire dépendre sa crédibilité avant tout de la propagande assénée par la grande majorité des médias propriétés de ses riches copains, mais même si l’opération bourrage de crâne est massive, des failles se forment dans la grande presse bourgeoise : renvoi d’une rédactrice en chef pour un avis critique, démission d’une autre, les deux très connues.  Avec un Premier ministre qui a placé la télé-radio publique ERT sous son contrôle direct, ce pouvoir semble n’avoir qu’une crainte : voir une opposition populaire se développer, et contester son pouvoir. Alors, sa réponse principale, c’est la répression, ce qui vaut d’ailleurs à ce gouvernement de voir le pays désormais classé parmi les « démocraties défectueuses » dans le classement du magazine The Economist. Et bien sûr, cela s’accompagne d’une politique raciste envers les réfugiéEs et de clins d’œil appuyés à l’extrême droite : d’un côté, on refuse au prisonnier politique Dimitris Koufodinas de retrouver la prison dont on l’a extrait pour le confiner sans raison dans une autre ; de l’autre côté, les criminels nazis Pappas et Lagos sont en liberté et un Papavassiliou, condamné à six ans de prison, a vu sa demande de libération satisfaite après quatre mois d’emprisonnement…

Autre preuve d’un autoritarisme qui rappelle aux ancienEs la junte fasciste des colonels (1967-1974) : dans le projet de loi sur l’université était caché un article tentant de criminaliser les paroles de chansons qui pouvaient être assimilées à un éloge du terrorisme… Rage et éclats de rire du côté des artistes, la moindre chanson pouvant comporter des paroles relevant d’un tel soupçon ! Et du coup est née une mobilisation de centaines de chanteurs et chanteuses connus ou pas : résultat, le gouvernement a été obligé de retirer cet article, ce qui constitue une victoire importante et prouve qu’on peut gagner contre ce pouvoir. Ainsi, rien que le fait d’avoir tenu des manifs interdites avec des milliers de manifestantEs contre la loi université est en soi une grande victoire, qui donne le punch pour la suite.

La suite ? À droite, des fissures commencent à apparaître, d’un côté avec les courants les plus nationalistes (l’ancien Premier ministre Antonis Samaras), de l’autre avec la vieille droite caramanliste qui s’inquiète de l’orbanisation du pouvoir et de ses conséquences, ne serait-ce que la radicalisation du mouvement de masse face à ce pouvoir anti-démocratique. Malheureusement, même si le journal de NAR, la principale organisation de la gauche anticapitaliste, titre que les jours de la domination de ce gouvernement sont comptés, les perspectives à gauche sont pour l’instant bouchées, ce qui d’ailleurs renforce le rôle du mouvement de masse et devrait pousser la gauche radicale et révolutionnaire à sortir de ses réflexes d’auto-affirmation peu utiles pour offrir des perspectives crédibles à gauche, à gauche vraiment !

Athènes, le 16 février 2021

Source https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/en-grece-la-colere-monte-contre-le-gouvernement-du-fric-des-flics-et-des

Grèce : riche ou pauvre, le point de non-retour.

Avec 3,7 millions de personnes, soit 34,8% de sa population sous le seuil de pauvreté, la Grèce se positionne de plus en plus haut dans le classement des pays où les inégalités sont les plus élevées. Des inégalités fruits de nombreux domaines négligés depuis des années par les gouvernements successifs.

Des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres… C’est le triste constat de la Grèce d’aujourd’hui. Le pays est même actuellement en lice pour le triste trophée du pays européen où la pauvreté a le plus progressé. Bien que de nombreuses actions de solidarité ont été mises en place à Athènes, notamment avec la structure d’accueil d’urgence Kyada, sorte de pharmacie sociale, ou encore le programme d’aide alimentaire et médicale, « Help at home », la misère ne cesse de progresser.

Depuis les mesures plus que drastiques imposées par l’Union européenne et le FMI (fonds monétaire international) depuis plus de 10 ans, dans le cadre d’un plan de sauvetage des fonds publics, la Grèce est plongée dans une austérité effrayante.

Plus d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté (aux alentours de 370 euros par mois), et un nombre alarmant de personnes sont sans abris. Seules la Bulgarie et la Roumanie rivalisent avec la Grèce dans ce domaine-là. Ces inégalités de richesse creusent un fossé de plus en plus grand entre les personnes riches et les pauvres. Et comme si cela ne suffisait pas, la pandémie de Covid-19 frappant l’Europe depuis le début de l’année dernière, a encore plus aggravé les différences de richesses…le coronavirus en grave accélérateur de pauvreté.

Des riches encore plus riches
Le seul domaine non touché par l’épidémie est le transport de marchandises maritime. Les confinements successifs et les restrictions de déplacement imposés à la population ont permis aux armateurs grecs de voir leurs chiffres d’affaires doubler voire tripler pendant la pandémie.

D’autant que la Grèce compte les compagnies parmi les plus importantes du monde dans le domaine du transport maritime. Quatre hommes tiennent aujourd’hui le haut du pavé en matière de nombre de bateaux : J.Angelicoussis, G.Procopiou, P. Livanos et G.Economou. Le quatuor contrôle une fortune combinée de 8,6 milliards de dollars avec une augmentation de leurs revenus de 40 pc dans la dernière année, selon l’indice Bloomberg Billionaires.

Des résultats qui démontrent clairement que les armateurs qui possédaient déjà une activité très lucrative, s’enrichissent de plus en plus grâce au virus, mais aussi à l’aide des lois fiscales permissives du gouvernement autour de leurs activités.  Ces armateurs ne se montrent pas particulièrement préoccupés par la situation de la Grèce « En Grèce il n’y a rien à faire ou à transporter », confie même l’un d’eux. Ils refusent, même, comme d’un seul bloc que l’on revienne sur le statut fiscal (statut des armateurs protégé par l’article 107 de la Constitution) dont ils bénéficient dans le pays, sinon, ils brandissent la menace de la délocalisation.

Le pays possède l’une des plus grandes flottes marchandes du monde, totalisant un tonnage de 173 Mt de jauge brute. Le pays précède Singapour (136 Mt), le Japon et la Chine (chacun à 120 Mt). Une activité représentant plus de 6% du PIB (produit intérieur brut) de la Grèce.

La Grèce, une usine à pauvreté ?

Une telle question ne devrait pas être soulevée, et pourtant, il est désormais légitime de la poser. Cependant même si les conditions de vie et de santé des Grecs sans domicile, et des personnes vivant sous le seuil de pauvreté en général, sont très peu connues, faute de chiffres et d’études menées par le gouvernement et les instituts de recherches du pays, il est clair que celles-ci vont se dégrader inexorablement. Depuis une dizaine d’années, ce n’est pas moins de 80% des ménages qui ont subi une baisse importante de leurs revenus.    Les moins aisés continuent de s’enfoncer continuellement et sans bruit dans la détresse.

Plusieurs instances européennes et internationales comme l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) ont d’ores et déjà invité Athènes à se concentrer en priorité à la lutte contre la pauvreté.

Un point de non-retour ?

Alors bien sûr que la Grèce n’a pas encore atteint un point de non-retour, seulement si rien ne change, le pays court droit à une hécatombe sociale. Les responsables politiques l’ont bien compris comme en atteste la déclaration du maire d’Athènes, Kostas Bakoyannis, lors de la Journée Internationale pour l’élimination de la pauvreté :

« La lutte pour éradiquer la pauvreté est un marathon. Il faut avoir la foi dans les valeurs de solidarité et d’humanité. (…). Tout cela nous donne la force de continuer, de tout faire pour faire d’Athènes une ville humaine. Pour que personne ne soit jamais laissé seul ».

Cependant le défi reste malgré tout immense pour les responsables politiques, surtout dans un pays où le taux de chômage (16,5%) est le plus élevé d’Europe et où l’économie a chuté de plus de 8% en 2020.

Texte : Thibeault Segalar

Source https://lepetitjournal.com/athenes/grece-riche-ou-pauvre-le-point-de-non-retour-298995

Soignants « De héros à méchants »

De « héros » à « méchants »… Le gouvernement grec persécute les syndicalistes du secteur de la santé en raison de leur activité politique

Un an auparavant, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et les membres de son gouvernement faisaient l’éloge des médecins, les « héros de la santé » comme ils les appelaient, pour leur lutte contre la pandémie de coronavirus. Le gouvernement avait même exhorté le peuple à montrer sa reconnaissance aux professionnels de la santé du pays en les applaudissant de leur balcon.

Mais, apparemment, les travailleurs de la santé sont des « héros » tant qu’ils gardent le silence et ne se battent pas pour les droits de leurs collègues et de la société. Récemment, la présidente de la Fédération nationale des médecins des hôpitaux publics (OENGE) Afroditi Retziou a reçu une convocation pour u interrogatoire de la police grecque, car la Fédération s’est mobilisée et a organisé des manifestations pour exiger du gouvernement le recrutement de médecins, ainsi que davantage de matériel de protection et de mesures de sécurité pour les travailleurs de la santé !
Dans une déclaration concernant sa convocation par la police, Mme Retziou a déclaré

« Le combat que mènent les médecins hospitaliers, tous les travailleurs de la santé, est un combat pour la protection de la santé et de la vie de notre peuple, un combat pour la défense de nos droits et de notre dignité. Peu importe le nombre de lois qu’ils voteront, peu importe le nombre de mécanismes répressifs qu’ils utiliseront, ils ne nous intimident pas et ne nous terrorisent pas.

Nous continuerons à accomplir notre tâche, celle qui nous est dictée par notre conscience.

S’ils pensent que nous resterons silencieux en ne faisant rien face au crime continu contre la santé et la vie de nos patients, ils se trompent profondément ».
Afroditi Retziou n’est pas le seul cas. D’autres syndicalistes du secteur de la santé ont reçu des appels de la police afin de « s’excuser » pour leur activité militante.

En pleine pandémie de Covid-19, il s’agit d’une autre action provocatrice du gouvernement conservateur de la DS qui cherche à faire taire toute voix qui révèle les pénuries tragiques dans les hôpitaux et, de manière générale, la dangereuse politique gouvernementale qui risque la vie de milliers de personnes.

Comme le souligne pamehellas.gr, « le gouvernement, face à la troisième vague de la pandémie, un an après son déclenchement, a financé des milliards de dollars aux grandes entreprises, aux groupes de tourisme et aux compagnies aériennes. Ils ont couru pour acheter du matériel de police et de répression et veulent faire venir des milliers de gardes spéciaux, de caméras et de policiers dans les universités, le métro, et partout où ils peuvent imaginer. Mais ils insistent pour ne pas engager de chauffeurs pour les transports publics, d’enseignants pour les écoles, et de personnel médical pour les hôpitaux !

Afin de défendre sa politique barbare qui sacrifie la vie et la santé du peuple pour le profit de quelques-uns, elle lance un mécanisme d’intimidation et de répression contre ceux qui s’y opposent. Comme le Talon de fer, il légifère des mesures de jour et de nuit contre quiconque se bat et revendique, interdit les manifestations, cherche à faire taire et intimider toute voix exigeante ».

Les persécutions et les intimidations ne passeront pas et la lutte des travailleurs dans tous les secteurs se poursuivra et s’étendra.

Source http://mouvementcommuniste.over-blog.com/2021/02/de-heros-a-mechants.le-gouvernement-grec-persecute-les-syndicalistes-du-secteur-de-la-sante-en-raison-de-leur-activite-politique.htm?fbclid=IwAR2Ew-es0l4YGTTLrL0tfPzw9mUcuPev2TGDo8E_-qHzBuK5pVKBONfDSb8

Pour un véritable service public de l’énergie

Consensus politique et syndical pour que EDF soit un service 100% public

La mobilisation ne faiblit pas contre « Hercule », le projet de démantèlement d’EDF. Alors qu’une nouvelle action des agents EDF est prévue ce 28 janvier, un collectif national « Pour un véritable service public de l’énergie ! » a vu le jour en début de semaine.

Une fois n’est pas coutume, le sujet fait consensus au niveau syndical, et en partie dans le paysage politique. Réunissant des partis politiques, associations et syndicats, un collectif national « Pour un véritable service public de l’énergie ! » appelle au retrait du projet Hercule, porté par le gouvernement. Ce projet prévoit de scinder EDF en plusieurs entités, pour en livrer une partie au secteur privé. « Le projet Hercule s’inscrit dans une logique strictement financière, dénonce le collectif. L’avenir énergétique du pays étant intimement lié à celui d’EDF, il nous paraît indispensable que son avenir et sa mobilisation au service des enjeux énergétiques et climatiques fassent l’objet d’un véritable débat social et démocratique avec l’ensemble des citoyens. » Le collectif réclame l’arrêt du projet et un véritable débat public sur le secteur de l’énergie.

Des élu.es de droite et de gauche engagé.es pour le service public de l’énergie

La création de ce collectif fait suite à plusieurs mois (et même années) de mobilisations – des agents EDF notamment – pour tenter d’enrayer la destruction du service public de l’énergie, déjà mis à mal par la transformation de EDF en société anonyme en 2004. Le 19 janvier dernier, la grève – la quatrième depuis fin novembre – a de nouveau été très suivie par les agents. Le mot d’ordre, unanime, de l’intersyndicale réunissant CGT, CFDT, CGC et FO était la demande de retrait du projet Hercule. En soutien à cette mobilisation, l’intersyndicale d’EDF-hydro (CGT, CFDT, CGC, FO, SUD), secteur qui s’occupe des barrages, et du secteur recherche et développement ont organisé une action d’éducation populaire en distribuant gratuitement 2000 DVD du documentaire « Barrages, l’eau sous haute tension » consacré au secteur hydroélectrique, et réalisé par Nicolas Ubelmann.

Destinataires de ce cadeau intersyndical : les parlementaires (de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement européen), les élus des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie, et les 650 agents de la division technique générale d’EDF [1]. Objectif : une diffusion massive, et l’espoir qu’un maximum de citoyens se saisissent de cette question. « Le destin des barrage hydroélectriques est un des aspects essentiels des débats qui entourent le projet Hercule, qui organiserait un démantèlement d’EDF et provoque de légitimes inquiétudes, notamment des salariés », estime la députée Delphine Batho qui a soutenu cette action avec six de ses collègues, de gauche et de droite [2].

À même d’être enclenchée et stoppée de manière instantanée, la production hydroélectrique joue un rôle fondamental dans l’équilibre du système électrique français. Elle permet d’accompagner les variations quotidiennes et saisonnières de la demande en électricité. « Les barrages électriques jouent un rôle majeur sur nos territoires, en matière d’irrigation agricole, de fourniture d’eau potable et de soutien à l’étiage, estime la députée Jeanine Dubié (PRG). Ils sont également essentiels dans la gestion des crues et dans la fourniture de source froide aux installations nucléaires. » Financés par l’argent public, déjà amortis, et pour l’essentiel rentables, ces ouvrages « appartiennent au patrimoine commun, ajoute Julien Aubert (LR). Laisser ce secteur à des concessionnaires privés est inopportun », juge l’élu.

Ce n’est pas la première fois que des parlementaires se mobilisent pour voler au secours des barrages français, menacés d’être entièrement privatisés depuis au moins dix ans, sous les pressions de la Commission européenne. En avril 2019, emmenés par le député PCF Hubert Wulfranc, 107 d’entre eux (issus de LR, de l’UDI, d’EELV, communistes, centristes, et deux LREM) avaient signé un projet de résolution pressant le gouvernement de ne pas céder sur cette question. « Autant de soutiens de toutes les couleurs doit nous donner l’espoir d’une victoire contre le démantèlement annoncé de notre service public de l’électricité, et nous faire rêver d’un beau service 100 % public de l’énergie, dont la France a besoin, tant socialement qu’écologiquement », s’est réjoui Philippe André, porte-parole de Sud énergie pour les barrages et secrétaire adjoint du comité social et économique (CSE) de la division technique générale d’EDF.

Nolwenn Weiler

Notes

[1La Division technique générale (DTG) créée en 1946, forte de plus de 600 agents, est une unité d’ingénierie du groupe EDF qui travaille en appui aux exploitants d’ouvrages de production d’électricité, hydraulique, nucléaire, thermique, en France et dans le monde. Au-delà de l’appui opérationnel, la DTG contribue aux enjeux majeurs de l’exploitation : sûreté, productivité et environnement en mettant à disposition des exploitants une expertise dans le diagnostic, la prévision et le contrôle de phénomènes impactant les ouvrages de production électrique.

[2Outre Delphine Batho, Julien Aubert (LR), Marie-Noëlle Battistel et Patrick Kanner (PS), Guillaume Gontard et Yannick Jadot (EELV), Jeanine Dubié (PRG), Hubert Wulfranc (PCF), Loïc Prud’Homme, Manon Aubry et Manuel Bompard( LFI) ont exprimé leur soutien, et encouragé leurs collègues à visionner ce documentaire, et parler du sujet autour d’eux.

Source https://www.bastamag.net/Consensus-politique-et-syndical-pour-que-EDF-soit-un-service-100-public

Réforme des universités : sélection sociale, marchandisation, répression

Soutien à la mobilisation en Grèce contre le projet d’universités du fric et des flics !

A. Sartzekis

À classer dans les plus sinistres scènes d’anthologie : à la mi-janvier, le projet de « réforme » de l’université a été présenté en commun par la très réactionnaire ministre de l’Éducation et des Cultes, Niki Kerameos, et parle ministre de la police (officiellement de la « Protection du citoyen »), Michalis Chryssochoïdis ! La raison a de quoi glacer d’horreur : la prétendue réforme est axée sur la sélection sociale, la marchandisation accélérée de l’éducation et la répression ouverte et revendiquée.

Ce projet peut se résumer en quatre axes, dont deux ouvertement répressifs. Ce qui est à la base, c’est l’application des divers textes européens en matière d’éducation, l’aggravation de la sélection et l’ouverture à la concurrence, jusque là mieux écartée en Grèce que dans d’autres pays pour l’enseignement supérieur.

Casse de l’université et cadeaux aux patrons des boites privées

La sélection se fera de deux manières : durcissement des conditions d’admission en fac, ce qui écarterait peut être 20 000 étudiantEs, et exclusion (pour l’instant inconstitutionnelle) de ceux que la presse bourgeoise nomme depuis longtemps les « étudiants éternels »avec tout le mépris de classe pour des jeunes qui, comme en France, travaillent pour payer leurs études, ce qui fait qu’environ 40% dépassent les six ans qui seraient autorisés pour le diplôme de base. On voit le carnage qui se prépare.

TouTEs ces jeunes qui seraient exclus d’entrée ou de maintien en fac, que deviendraient-ils ? C’est là que la ministre boutiquière voulait en arriver, après avoir préparé le terrain par divers textes visant à offrir l’éducation aux appétits du patronat. La « solution » pour les excluEs qui voudraient faire ou continuer des études, ce serait pour les plus riches, les « collèges », cestà-dire les boîtes privées et souvent très coûteuses (mais de piètre qualité, en comparaison des études universitaires) qui, n’ayant pas le droit de délivrer des licences, s’allient à des facs étrangères pour préparer en Grèce des diplômes « attestés » par les facs en question. La ministre a réussi à faire admettre l’équivalence professionnelle de ces attestations avec les vrais diplômes universitaires. Et pour les autres, ce serait des boîtes professionnelles privées (IEK), pour des formations courtes (mais payantes !), et c’est là un objectif de masse dont ne se cache même pas Kerameos. Pour couronner le tout, on peut penser que si ce plan diabolique s’appliquait, une étape suivante serait de faire payer les années de licence à l’université, ces études étant sans droit d’inscription jusqu’à aujourd’hui. C’est donc l’ensemble d’un système universitaire jusqu’ici moins sélectif qu’en France et que les mobilisations étudiantes ont réussi à préserver contre de multiples attaques que la ministre veut casser.

Une université policée

Pour imposer un tel recul au droit aux études pour toutes et tous, Kerameos a introduit dans son plan deux axes répressifs qui lui vaudront sûrement les félicitations de dictateurs de la planète : une interdiction de fait des activités de contestation, avec établissement d’un conseil de discipline qui pourra valoir à des colleurs d’affiches ou intervenantEs au mégaphone un renvoi de la fac ! Et le clou : création d’un corps de police universitaire, dépendant directement du ministère de l’Intérieur, qui sera amené à faire régner la devise du Darmanin grec (« loi et ordre »)Cette innovation — que la ministre ose justifier en prétendant frauduleusement que c’est comme ça en France — se traduira par un corps de 1000 policiers équipés de menottes, armes d’autodéfense, un armement plus lourd étant aussi à leur disposition dans un local qui leur sera fourni dans chaque fac ! Bien sûr, il fallait pour oser une telle provocation mener une campagne médiatique sur le thème « mettre fin à la violence et à lillégalité », visant clairement la gauche étudiante. Rappelons aussi que cette mesure est la suite logiquement policière de l’abrogation par la droite extrême de Mitsotakis de l’asile universitaire, promesse électorale aux électeurs d’Aube dorée…

Les premières réactions ont été immédiates, avec bien sûr une condamnation très forte des mesures répressives. De nombreuses protestations se sont fait entendre, pendant que la presse aux ordres se déchainait, justifiant le climat de terreur que la mal nommée Nouvelle Démocratie (ND) tente de faire régner. Des pétitions ont vite été signées par des milliers de personnes, avec en retour des menaces de mort, et des messages de haine venus de chefaillons de l’extrême droite nationaliste. La Conférence des présidents d’université, très timide devant la ministre, a quand même protesté devant les projets de sélection qui aboutiront à coup sûr à fermer des sections universitaires et de petites unités de facs établies dans des villes moyennes. De nombreux conseils d’université condamnent la création d’une police universitaire, indiquant que son existence ne peut que créer de dangereuses tensions, et insistent sur le scandale financier que cela représente, à l’heure où les facs manquent d’argent et de locaux. Même des syndicats de policiers sont contre cette violente élucubration. Des contre-propositions ont été faites ici ou là pour la protection des lieux universitaires, avec souvent un fort caractère réformiste, mais toutes visent à montrer le caractère extrémiste d’un corps de police universitaire. Élément politique qui confirme la grogne d’une partie de la droite contre la ligne « orbanienne » de Mitsotakis et ses ministres d’extrême droite, des cadres de la ND, comme l’ancien ministre de l’Éducation Aris Spiliotopoulos, ont protesté contre l’incohérente mesure policière, soulignant que l’urgence est de renforcer l’université en chercheurEs et enseignantEs. De son côté, Syriza condamne les cadeaux faits aux propriétaires de boites privées, et le KKE (PC grec) affirme comme la gauche anticapitaliste que la loi ne s’appliquera jamais sur le terrain.

Mobilisation massive en plein confinement

Mais l’élément principal de la riposte, c’est une mobilisation universitaire qui grossit de semaine en semaine. La semaine dernière, Chryssochoïdis pouvait encore ricaner sur le fait que ses flics avaient réussi à empêcher les étudiantEs mobilisés dans le centre d’Athènes de manifester. Mais suite à une série de rassemblements locaux, la journée du jeudi 21 janvier a été une étape très importante : partout dans le pays, des manifs ont eu lieu, pour exiger le retrait du projet dans tous ses aspects, de sélection sociale, de cadeaux au privé et de répression. À Athènes, la police a été incapable d’empêcher une vraie belle manif de plusieurs milliers d’étudiantEs, de profs, soutenue par les syndicats enseignants, ADEDY (Fédération syndicale du Public), des syndicats d’entreprise. Le succès, marqué par des violences policières à Salonique, est très important et très encourageant : ces derniers mois, il a été quasiment impossible de tenir des manifs, le pouvoir les interdisant au nom du fallacieux prétexte des risques de contamination et réprimant la moindre tentative d’aller au-delà du rassemblement statiqueet confiné par des hordes de policiers ! Néanmoins, toutes ces tentatives ont permis au mouvement social de garder confiance et l’écho de la manif de jeudi, même s’il reste à confirmer lors des initiatives prévues pour les jours à venir, est très important pour toute la jeunesse et le mouvement ouvrier. Cela dit, l’extension du mouvement dépendra aussi de sa capacité à dépasser les réflexes sectaires traditionnels, et rien n’est joué sur ce terrain-là…

Tout le monde semble avoir bien compris que ce qui est en jeu avec le projet de loi Kerameos- Chryssochoïdis, c’est, face à une « dure offensive idéologique contre la jeunesse qui revendique le renforcement de l’éducation publique et gratuite » (Prin, journal de NAR, principal groupe anticapitaliste), le droit aux études pour toutes et tous, contre l’université du marché, du profit, de la pensée unique et obscurantiste ! Ce pouvoir ultra-libéral croit pouvoir profiter du confinement pour passer (en rafales) des mesures rappelant de sombres périodes : Chryssochoïdis voudrait maintenant imposer un cadre de manifs contrôlées et nassées « à la française »Face à cette sinistre politique de contrôle de la rue et de la pensée, la mobilisation de la jeunesse et du mouvement ouvrier doit être massive et unitaire !

À Athènes

Source https://lanticapitaliste.org/actualite/international/soutien-la-mobilisation-en-grece-contre-le-projet-duniversites-du-fric-et

Une majorité de Grecs toujours dans la difficulté

Une enquête révèle que la moitié des Grecs sont incapables de payer leurs factures en raison de la pandémie

Pour la deuxième fois, les Grecs sont classés au dernier rang des 24 pays européens en termes de capacité à payer leurs factures en 2020, selon le rapport annuel sur les paiements européens publié par Intrum. L’enquête a également révélé que près de la moitié d’entre eux ont vu leurs revenus diminuer en raison de la pandémie de coronavirus.

Selon Intrum, 52 % des répondants grecs ont laissé leurs factures impayées en 2020 et 62 % d’entre eux ont déclaré que c’était un phénomène régulier l’année dernière.

Près de la moitié (49 %) ont vu leurs revenus baisser en raison de la crise sanitaire, enregistrant le ratio le plus élevé d’Europe, tandis que 17 % seulement ont déclaré que leurs revenus étaient restés les mêmes ou avaient augmenté en 2020, contre une moyenne européenne de 38 %.

Une grande majorité, soit 70 %, de ceux qui ont vu leurs revenus diminuer ont également déclaré avoir réduit leurs dépenses non essentielles, et 31 % ont déclaré avoir cherché un travail supplémentaire pour compenser leurs pertes.

La baisse des revenus a eu un impact évident sur les dépenses de base, puisque près de sept Grecs sur dix ont déclaré que l’augmentation des factures pesait sur leur niveau de vie, contre une moyenne européenne de 47 %, tandis que plus d’un sur six a vu ses obligations augmenter plus rapidement que ses revenus ou ses recettes.

L’enquête d’Intrum a également révélé que la combinaison de l’augmentation des coûts et de la baisse des revenus endettait davantage les Européens, 61 % des personnes interrogées dans les 24 pays ayant admis avoir recours au crédit en 2020 pour payer leurs factures mensuelles, contre 52 % en 2019. En Grèce, seuls 20 % des répondants ont eu recours au crédit pour payer leurs mensualités, 74 % des répondants ajoutant qu’ils hésitent à contracter de nouvelles dettes ou à s’endetter davantage.

Les Grecs qui épargnent ont déclaré mettre de l’argent de côté pour les dépenses urgentes, pour la possibilité de perdre leur emploi ou d’autres sources de revenus, et pour aider leurs enfants et/ou petits-enfants. Six sur dix ont également déclaré qu’ils épargnaient moins en 2020 qu’avant la pandémie.

Du côté positif, la Grèce a obtenu de bons résultats en termes de connaissances financières, gagnant quatre places par rapport à 2019, pour se hisser à la deuxième place.

Intrum a constaté que six Grecs sur dix ont fait de la sécurité financière l’une de leurs principales priorités depuis le début de la pandémie, et que cinq sur dix cherchent activement à améliorer la façon dont ils gèrent leurs finances.

Pour y parvenir, 55 % s’informent sur internet, 49 % à l’école et 45 % auprès de leurs parents, contre des taux respectifs de 38 %, 49 % et 64 % en 2019. Un peu plus de la moitié (51 %) ont également déclaré prendre des mesures pour améliorer leurs connaissances financières afin de faire face à l’incertitude causée par la pandémie.

Fin de la gratuité des médicaments pour les retraités à faible revenu

La gratuité des médicaments sur ordonnance pour les retraités grecs à faible revenu est supprimée à partir du 1er janvier 2021.

En Grèce, plus de 600 000 retraités à faibles revenus devront payer leurs médicaments à partir du 1er janvier 2021.  L’achat de médicaments sur ordonnance sans participation était en vigueur lorsque l’allocation de pauvreté (EKAS) a été réduite en raison d’un troisième accord de sauvetage.

La mesure provisoire de gratuité des médicaments sur ordonnance prend fin le 31 décembre 2020, comme le prévoit l’article 2 de la loi 4655/2020.

Malgré la pression des organisations de retraités, le gouvernement n’a pas encore pris de mesures pour prolonger cette disposition bénéfique.

Il convient de noter qu’il s’agit de retraités ayant une pension brute pouvant atteindre 500 euros.

Selon les données officielles du ministère du travail, les retraités à faible revenu concernés sont au nombre de 606 280.

Témoignage : Je me souviens que lorsque la loi EKAS a été supprimée en 2011 et que l’auto-participation à la prescription a été introduite en 2013, les dépenses mensuelles de ma mère décédée qui souffrait de démence ont atteint 150 euros. Sa pension était de 490 brut et 430 net après impôt de solidarité et cotisation aux soins de santé et ceci et cela. Elle n’avait pas droit aux « prestations d’invalidité », bien qu’elle ait eu besoin de soins et d’assistance 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an et qu’elle mourrait de faim si elle n’était pas nourrie. Elle pouvait être traînée sur 2 ou 3 marches du fauteuil roulant au canapé ou au lit. Pour le système d’allocations grec, un patient souffrant de cette horrible maladie dégénérative devait être alité à 100% pour avoir droit à une allocation maximale de 300 euros.

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2020/12/28/greece-low-income-pensioners-cut-free-prescription-jan-1/


Dernière minute 31/12/2020 : Kathimérini relève qu’à l’initiative du Premier ministre, M. Mitsotakis, les dépenses pharmaceutiques des petits retraités seront à nouveau prises en charge par l’Etat pour l’année 2021. Cette décision intervient juste avant la f in du plan de gratuité de ces dépenses, mis en place depuis la suppression de l’allocation EKAS, en 2016, un projet qui expirait le 31 décembre.Cette décision concerne 608000 retraités, précise Ta Néa.

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