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Archives de catégorie Austérité-Neolibéralisme

Réforme des universités : sélection sociale, marchandisation, répression

Soutien à la mobilisation en Grèce contre le projet d’universités du fric et des flics !

A. Sartzekis

À classer dans les plus sinistres scènes d’anthologie : à la mi-janvier, le projet de « réforme » de l’université a été présenté en commun par la très réactionnaire ministre de l’Éducation et des Cultes, Niki Kerameos, et parle ministre de la police (officiellement de la « Protection du citoyen »), Michalis Chryssochoïdis ! La raison a de quoi glacer d’horreur : la prétendue réforme est axée sur la sélection sociale, la marchandisation accélérée de l’éducation et la répression ouverte et revendiquée.

Ce projet peut se résumer en quatre axes, dont deux ouvertement répressifs. Ce qui est à la base, c’est l’application des divers textes européens en matière d’éducation, l’aggravation de la sélection et l’ouverture à la concurrence, jusque là mieux écartée en Grèce que dans d’autres pays pour l’enseignement supérieur.

Casse de l’université et cadeaux aux patrons des boites privées

La sélection se fera de deux manières : durcissement des conditions d’admission en fac, ce qui écarterait peut être 20 000 étudiantEs, et exclusion (pour l’instant inconstitutionnelle) de ceux que la presse bourgeoise nomme depuis longtemps les « étudiants éternels »avec tout le mépris de classe pour des jeunes qui, comme en France, travaillent pour payer leurs études, ce qui fait qu’environ 40% dépassent les six ans qui seraient autorisés pour le diplôme de base. On voit le carnage qui se prépare.

TouTEs ces jeunes qui seraient exclus d’entrée ou de maintien en fac, que deviendraient-ils ? C’est là que la ministre boutiquière voulait en arriver, après avoir préparé le terrain par divers textes visant à offrir l’éducation aux appétits du patronat. La « solution » pour les excluEs qui voudraient faire ou continuer des études, ce serait pour les plus riches, les « collèges », cestà-dire les boîtes privées et souvent très coûteuses (mais de piètre qualité, en comparaison des études universitaires) qui, n’ayant pas le droit de délivrer des licences, s’allient à des facs étrangères pour préparer en Grèce des diplômes « attestés » par les facs en question. La ministre a réussi à faire admettre l’équivalence professionnelle de ces attestations avec les vrais diplômes universitaires. Et pour les autres, ce serait des boîtes professionnelles privées (IEK), pour des formations courtes (mais payantes !), et c’est là un objectif de masse dont ne se cache même pas Kerameos. Pour couronner le tout, on peut penser que si ce plan diabolique s’appliquait, une étape suivante serait de faire payer les années de licence à l’université, ces études étant sans droit d’inscription jusqu’à aujourd’hui. C’est donc l’ensemble d’un système universitaire jusqu’ici moins sélectif qu’en France et que les mobilisations étudiantes ont réussi à préserver contre de multiples attaques que la ministre veut casser.

Une université policée

Pour imposer un tel recul au droit aux études pour toutes et tous, Kerameos a introduit dans son plan deux axes répressifs qui lui vaudront sûrement les félicitations de dictateurs de la planète : une interdiction de fait des activités de contestation, avec établissement d’un conseil de discipline qui pourra valoir à des colleurs d’affiches ou intervenantEs au mégaphone un renvoi de la fac ! Et le clou : création d’un corps de police universitaire, dépendant directement du ministère de l’Intérieur, qui sera amené à faire régner la devise du Darmanin grec (« loi et ordre »)Cette innovation — que la ministre ose justifier en prétendant frauduleusement que c’est comme ça en France — se traduira par un corps de 1000 policiers équipés de menottes, armes d’autodéfense, un armement plus lourd étant aussi à leur disposition dans un local qui leur sera fourni dans chaque fac ! Bien sûr, il fallait pour oser une telle provocation mener une campagne médiatique sur le thème « mettre fin à la violence et à lillégalité », visant clairement la gauche étudiante. Rappelons aussi que cette mesure est la suite logiquement policière de l’abrogation par la droite extrême de Mitsotakis de l’asile universitaire, promesse électorale aux électeurs d’Aube dorée…

Les premières réactions ont été immédiates, avec bien sûr une condamnation très forte des mesures répressives. De nombreuses protestations se sont fait entendre, pendant que la presse aux ordres se déchainait, justifiant le climat de terreur que la mal nommée Nouvelle Démocratie (ND) tente de faire régner. Des pétitions ont vite été signées par des milliers de personnes, avec en retour des menaces de mort, et des messages de haine venus de chefaillons de l’extrême droite nationaliste. La Conférence des présidents d’université, très timide devant la ministre, a quand même protesté devant les projets de sélection qui aboutiront à coup sûr à fermer des sections universitaires et de petites unités de facs établies dans des villes moyennes. De nombreux conseils d’université condamnent la création d’une police universitaire, indiquant que son existence ne peut que créer de dangereuses tensions, et insistent sur le scandale financier que cela représente, à l’heure où les facs manquent d’argent et de locaux. Même des syndicats de policiers sont contre cette violente élucubration. Des contre-propositions ont été faites ici ou là pour la protection des lieux universitaires, avec souvent un fort caractère réformiste, mais toutes visent à montrer le caractère extrémiste d’un corps de police universitaire. Élément politique qui confirme la grogne d’une partie de la droite contre la ligne « orbanienne » de Mitsotakis et ses ministres d’extrême droite, des cadres de la ND, comme l’ancien ministre de l’Éducation Aris Spiliotopoulos, ont protesté contre l’incohérente mesure policière, soulignant que l’urgence est de renforcer l’université en chercheurEs et enseignantEs. De son côté, Syriza condamne les cadeaux faits aux propriétaires de boites privées, et le KKE (PC grec) affirme comme la gauche anticapitaliste que la loi ne s’appliquera jamais sur le terrain.

Mobilisation massive en plein confinement

Mais l’élément principal de la riposte, c’est une mobilisation universitaire qui grossit de semaine en semaine. La semaine dernière, Chryssochoïdis pouvait encore ricaner sur le fait que ses flics avaient réussi à empêcher les étudiantEs mobilisés dans le centre d’Athènes de manifester. Mais suite à une série de rassemblements locaux, la journée du jeudi 21 janvier a été une étape très importante : partout dans le pays, des manifs ont eu lieu, pour exiger le retrait du projet dans tous ses aspects, de sélection sociale, de cadeaux au privé et de répression. À Athènes, la police a été incapable d’empêcher une vraie belle manif de plusieurs milliers d’étudiantEs, de profs, soutenue par les syndicats enseignants, ADEDY (Fédération syndicale du Public), des syndicats d’entreprise. Le succès, marqué par des violences policières à Salonique, est très important et très encourageant : ces derniers mois, il a été quasiment impossible de tenir des manifs, le pouvoir les interdisant au nom du fallacieux prétexte des risques de contamination et réprimant la moindre tentative d’aller au-delà du rassemblement statiqueet confiné par des hordes de policiers ! Néanmoins, toutes ces tentatives ont permis au mouvement social de garder confiance et l’écho de la manif de jeudi, même s’il reste à confirmer lors des initiatives prévues pour les jours à venir, est très important pour toute la jeunesse et le mouvement ouvrier. Cela dit, l’extension du mouvement dépendra aussi de sa capacité à dépasser les réflexes sectaires traditionnels, et rien n’est joué sur ce terrain-là…

Tout le monde semble avoir bien compris que ce qui est en jeu avec le projet de loi Kerameos- Chryssochoïdis, c’est, face à une « dure offensive idéologique contre la jeunesse qui revendique le renforcement de l’éducation publique et gratuite » (Prin, journal de NAR, principal groupe anticapitaliste), le droit aux études pour toutes et tous, contre l’université du marché, du profit, de la pensée unique et obscurantiste ! Ce pouvoir ultra-libéral croit pouvoir profiter du confinement pour passer (en rafales) des mesures rappelant de sombres périodes : Chryssochoïdis voudrait maintenant imposer un cadre de manifs contrôlées et nassées « à la française »Face à cette sinistre politique de contrôle de la rue et de la pensée, la mobilisation de la jeunesse et du mouvement ouvrier doit être massive et unitaire !

À Athènes

Source https://lanticapitaliste.org/actualite/international/soutien-la-mobilisation-en-grece-contre-le-projet-duniversites-du-fric-et

Une majorité de Grecs toujours dans la difficulté

Une enquête révèle que la moitié des Grecs sont incapables de payer leurs factures en raison de la pandémie

Pour la deuxième fois, les Grecs sont classés au dernier rang des 24 pays européens en termes de capacité à payer leurs factures en 2020, selon le rapport annuel sur les paiements européens publié par Intrum. L’enquête a également révélé que près de la moitié d’entre eux ont vu leurs revenus diminuer en raison de la pandémie de coronavirus.

Selon Intrum, 52 % des répondants grecs ont laissé leurs factures impayées en 2020 et 62 % d’entre eux ont déclaré que c’était un phénomène régulier l’année dernière.

Près de la moitié (49 %) ont vu leurs revenus baisser en raison de la crise sanitaire, enregistrant le ratio le plus élevé d’Europe, tandis que 17 % seulement ont déclaré que leurs revenus étaient restés les mêmes ou avaient augmenté en 2020, contre une moyenne européenne de 38 %.

Une grande majorité, soit 70 %, de ceux qui ont vu leurs revenus diminuer ont également déclaré avoir réduit leurs dépenses non essentielles, et 31 % ont déclaré avoir cherché un travail supplémentaire pour compenser leurs pertes.

La baisse des revenus a eu un impact évident sur les dépenses de base, puisque près de sept Grecs sur dix ont déclaré que l’augmentation des factures pesait sur leur niveau de vie, contre une moyenne européenne de 47 %, tandis que plus d’un sur six a vu ses obligations augmenter plus rapidement que ses revenus ou ses recettes.

L’enquête d’Intrum a également révélé que la combinaison de l’augmentation des coûts et de la baisse des revenus endettait davantage les Européens, 61 % des personnes interrogées dans les 24 pays ayant admis avoir recours au crédit en 2020 pour payer leurs factures mensuelles, contre 52 % en 2019. En Grèce, seuls 20 % des répondants ont eu recours au crédit pour payer leurs mensualités, 74 % des répondants ajoutant qu’ils hésitent à contracter de nouvelles dettes ou à s’endetter davantage.

Les Grecs qui épargnent ont déclaré mettre de l’argent de côté pour les dépenses urgentes, pour la possibilité de perdre leur emploi ou d’autres sources de revenus, et pour aider leurs enfants et/ou petits-enfants. Six sur dix ont également déclaré qu’ils épargnaient moins en 2020 qu’avant la pandémie.

Du côté positif, la Grèce a obtenu de bons résultats en termes de connaissances financières, gagnant quatre places par rapport à 2019, pour se hisser à la deuxième place.

Intrum a constaté que six Grecs sur dix ont fait de la sécurité financière l’une de leurs principales priorités depuis le début de la pandémie, et que cinq sur dix cherchent activement à améliorer la façon dont ils gèrent leurs finances.

Pour y parvenir, 55 % s’informent sur internet, 49 % à l’école et 45 % auprès de leurs parents, contre des taux respectifs de 38 %, 49 % et 64 % en 2019. Un peu plus de la moitié (51 %) ont également déclaré prendre des mesures pour améliorer leurs connaissances financières afin de faire face à l’incertitude causée par la pandémie.

Fin de la gratuité des médicaments pour les retraités à faible revenu

La gratuité des médicaments sur ordonnance pour les retraités grecs à faible revenu est supprimée à partir du 1er janvier 2021.

En Grèce, plus de 600 000 retraités à faibles revenus devront payer leurs médicaments à partir du 1er janvier 2021.  L’achat de médicaments sur ordonnance sans participation était en vigueur lorsque l’allocation de pauvreté (EKAS) a été réduite en raison d’un troisième accord de sauvetage.

La mesure provisoire de gratuité des médicaments sur ordonnance prend fin le 31 décembre 2020, comme le prévoit l’article 2 de la loi 4655/2020.

Malgré la pression des organisations de retraités, le gouvernement n’a pas encore pris de mesures pour prolonger cette disposition bénéfique.

Il convient de noter qu’il s’agit de retraités ayant une pension brute pouvant atteindre 500 euros.

Selon les données officielles du ministère du travail, les retraités à faible revenu concernés sont au nombre de 606 280.

Témoignage : Je me souviens que lorsque la loi EKAS a été supprimée en 2011 et que l’auto-participation à la prescription a été introduite en 2013, les dépenses mensuelles de ma mère décédée qui souffrait de démence ont atteint 150 euros. Sa pension était de 490 brut et 430 net après impôt de solidarité et cotisation aux soins de santé et ceci et cela. Elle n’avait pas droit aux « prestations d’invalidité », bien qu’elle ait eu besoin de soins et d’assistance 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an et qu’elle mourrait de faim si elle n’était pas nourrie. Elle pouvait être traînée sur 2 ou 3 marches du fauteuil roulant au canapé ou au lit. Pour le système d’allocations grec, un patient souffrant de cette horrible maladie dégénérative devait être alité à 100% pour avoir droit à une allocation maximale de 300 euros.

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2020/12/28/greece-low-income-pensioners-cut-free-prescription-jan-1/


Dernière minute 31/12/2020 : Kathimérini relève qu’à l’initiative du Premier ministre, M. Mitsotakis, les dépenses pharmaceutiques des petits retraités seront à nouveau prises en charge par l’Etat pour l’année 2021. Cette décision intervient juste avant la f in du plan de gratuité de ces dépenses, mis en place depuis la suppression de l’allocation EKAS, en 2016, un projet qui expirait le 31 décembre.Cette décision concerne 608000 retraités, précise Ta Néa.

Les marchés financiers restent les gagnants de la crise économique et sanitaire

Par Aline Fares

Les banques ont non seulement bénéficié des effets indirects des plans de soutien à l’économie mais également de garanties publiques qui leur sont directement adressées. Les revenus de remplacement – qui n’ont pas nécessairement atteint les plus précaires et n’ont bien souvent pas été suffisants. Les moyens publics bénéficient donc aux grandes entreprises, banques incluses, et aux propriétaires – in fine, donc, à des personnes dont on ne fait que conforter et renforcer une position déjà dominante.

22 décembre 2020 – Aline Fares

Le niveau d’anxiété général augmente. Notre santé mentale collective se dégrade. Les faillites s’accélèrent, à commencer par les petits commerces et les petites entreprises. Les conditions d’existence sont de plus en plus difficiles et la misère se répand dans les pays les plus riches telle une gangrène. Les soignant.e.s sont toujours aussi méprisé.e.s et pourtant on n’est pas au bout de la pandémie. La violence d’État, elle, est à son comble. Alors on se dit « 2020, vivement la fin ».

Au début de cette terrible année, les investisseurs aussi plongeaient dans les tréfonds du désespoir. Mais cela n’a pas duré, car il y a eu beaucoup d’aide, de soin et de soutien à l’égard des banques et des marchés financiers, et ce depuis les premiers signes de la pandémie. Alors forcément, la bourse, elle, se porte plutôt bien. Décryptage d’un phénomène de captation des richesses.

En mars, les banques centrales sortaient le « bazooka »

Après 2019 qui fut l’une de leurs meilleures années, les marchés ont commencé 2020 par une plongée dans l’angoisse. En janvier, la production chinoise s’arrête net, et c’est bientôt le monde entier qui suit. On ne sait pas combien de temps cela va durer, alors qu’en sera-t-il des profits des entreprises et des dividendes ?

C’est trop de suspense et les investisseurs n’aiment pas le suspense : ils aiment les événements prévisibles (et des règles du jeu favorables et stables). Or l’arrêt de la machine, c’est l’entrée dans l’inconnu. La panique monte. « Le virus chinois fait vaciller les marchés » : dans le doute, et de peur de voir leurs actions perdre trop de valeur, les investisseurs vendent et enclenchent leur prophétie auto-réalisatrice : les ventes en masse font baisser le cours des actions, on vend encore, les cours baissent encore.

Gouvernants et banques centrales prennent rapidement la mesure des choses : dès la mi-mars, « la Banque centrale européenne blinde son bazooka monétaire » . Il est vrai que le dispositif est impressionnant : 750 milliards de « liquidités », suivis quelques temps plus tard de 600 milliards de plus car cela ne suffisait pas à rassurer les marchés.

Ce que cela signifie, c’est que les banques centrales rachètent les titres financiers (dettes des États, dettes et actions des entreprises) dont les banques ne voudraient plus, et ce avant que ces titres ne perdent de la valeur. C’est ce qu’on appelle un sauvetage bancaire.

Source :  https://alinefares.net/outils/manuel-anime-video/

Mais en pleine pandémie, annoncer un sauvetage bancaire ferait mauvais genre. Car dans le même temps, alors que la population est largement confinée, les travailleur.euse.s des secteurs dits essentiels, et toutes les personnes déjà dans la précarité ou plongées droit dedans, sont laissées à l’abandon, sans ressources concrètes, si ce n’est parfois quelques mots d’encouragement et des applaudissements. .

Lire aussi : https://lareleveetlapeste.fr/le-plan-de-sauvetage-bancaire-massif-qui-se-cache-derriere-les-mesures-contre-le-coronavirus/

Ensuite, les banques ont non seulement bénéficié des effets indirects des plans de soutien à l’économie mais également de garanties publiques qui leur sont directement adressées. 

Les revenus de remplacement – qui n’ont pas nécessairement atteint les plus précaires et n’ont bien souvent pas été suffisants – ont permis de limiter les impayés : loyers, remboursement de crédits, factures. Mais cet argent a principalement soutenu les propriétaires des immeubles loués (qui ont continué de percevoir leurs loyers, et sont en majorité des personnes qui ont les moyens de supporter quelques mois d’impayés), les banques (qui ont continué de percevoir des remboursements) et les grandes entreprises (qui ont continué d’être payées, notamment pour l’eau, l’électricité, le gaz, la téléphonie, l’accès à internet). 

Et pour ce qui est des dépenses telles que l’alimentation et autres dépenses courantes, les fermetures des petits commerces et le maintien des supermarchés et de la vente en ligne, ont là encore largement dirigé les flux d’argent vers les multinationales plutôt que les petites entreprises, pourtant premières pourvoyeuses d’emploi.

Les moyens publics bénéficient donc aux grandes entreprises, banques incluses, et aux propriétaires – in fine, donc, à des personnes dont on ne fait que conforter et renforcer une position déjà dominante. 

Mais ces mesures ne suffisant pas à maintenir les marchés à flot, il a été décidé de les compléter en ouvrant grand les vannes du crédit : les États ont soutenu les banques afin qu’elles octroient de nouveaux crédits aux entreprises et aux ménages, une manière certes de limiter la casse à court terme, mais aussi de faire en sorte que ces mêmes loyers et factures soient payées.

Les États ont ainsi offert des centaines de milliards de garanties aux banques : lorsque les emprunteurs se trouveront dans l’impossibilité de rembourser, ce qui arrivera immanquablement, c’est encore avec les finances publiques que sont censées être épongées les pertes, pas avec les réserves des banques, de leurs créanciers et de leurs actionnaires, et pourtant, des réserves, il y en a, il suffit de regarder les dividendes qui seront versées en Janvier 2021.

La voie est encore celle de l’endettement de l’État – et la dette publique de gonfler.

Dans l’ensemble donc, le mode de fonctionnement du système n’est pas du tout remis en question, et les privilèges économiques et sociaux existants sont préservés et même renforcés, alors que les plus privilégiés, justement, auraient pu être mis à contribution.

Les efforts et l’attention auraient dû être concentrés sur les soins de santé (personnel, matériel, logistique…), le logement (puisqu’il y a confinement et qu’un bon logement est la base d’une bonne santé), l’alimentation, les conditions de travail pour qu’elles permettent de respecter les mesures sanitaires, une prise en compte des réalités écologiques (déterminantes dans la survenue de pandémies), etc. Mais rien de tout cela n’a vraiment eu la priorité, entraînant une précarisation générale pourtant évitable – pour autant que l’on touche à ces privilèges.

D’ici la fin de l’année, la barre des 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté risque d’être franchie – Relire notre article

Est ensuite arrivée l’annonce de “la relance”

Le 12 mars déjà, en France, un journal, citant le président français, titrait « Relancer l’économie, quel qu’en soit le prix ». En France ou en Belgique, on n’était alors même pas encore confiné.e.s. A ce stade, une telle annonce n’avait pour effet que de rassurer les acteurs économiques sur le soutien financier dont ils bénéficieraient une fois qu’on verrait le bout de cette crise sanitaire, mais les annonces se sont vite concrétisées.

Ainsi, dès le mois de juin, l’Allemagne lançait son plan à 130 milliards. En septembre c’était le tour de la France avec ses 100 milliards. En novembre, c’était le très attendu plan de relance européen à 750 milliards. Et il y en a eu d’autres à travers l’Europe et au-delà. De tels montants, de tels dispositifs, c’est du jamais vu.

Mais la deuxième vague de pandémie était déjà en route, et les vaccins pas encore prêts. De quoi rendre fragiles les espoirs de relance et les perspectives de profits. L’incertitude encore. Malgré les centaines de milliards cumulés de la banque centrale, des garanties publiques et des plans de relance, les marchés sont encore inquiets et les banques sont fébriles.

Tout cela n’est pas encore assez et de nouvelles décisions viennent soutenir les banques et donc tout le système financier.

Les crédits, on le voit, font office de palliatif aux revenus absents, ils permettent de maintenir un semblant de prospérité économique : on continue de produire, d’acheter, de payer… à crédit. « Il faut » donc encourager les banques à continuer à prêter, en attendant qu’un jour revenus et salaires soient rétablis. Or les revenus des entreprises et des particuliers, et donc leur capacité de remboursement, sont trop incertains. Les banques limitent donc leurs prêts. Sauf que sans ces prêts, l’édifice ne tient plus.

Les institutions européennes, qui définissent les règles en matière bancaire et financière, avaient déjà relâché certaines règles prudentielles dès le mois d’Avril. Pour soutenir encore le crédit, elles ont donc décidé, quelques mois plus tard, de se débarrasser d’une des rares mesures qui permettait de pousser les banques à assumer (un peu…) les risques qu’elles prennent : le « cap sur l’effet de levier ». 

Du jargon, certes, mais qui correspond à une réalité simple : les grandes banques ne détiennent que très peu de capital, elles empruntent énormément. Du coup, en cas de coup dur (par exemple : une pandémie, un confinement, du chômage, des faillites), elles n’ont que peu de réserves propres pour absorber les pertes. Très vite, on se retrouve à « devoir » les sauver avec de l’argent public pour éviter qu’elles n’emportent épargne et moyens de paiement dans leur chute.

Lever le cap sur l’effet de levier, c’est les autoriser à prêter encore plus avec un même montant de capital et ainsi les rendre plus fragiles encore – et nous mettre plus encore sous la menace de leur possible faillite.

Les centaines de milliards n’ont pas suffit. Ils ne règlent en rien la situation dans les hôpitaux, ils n’améliorent pas les conditions de logement, la qualité de l’alimentation, les conditions de travail et de revenus, pourtant essentiels pour faire face à la pandémie et à la crise économique que nous vivons. Ils tendent à les empirer. Alors la gestion par le confinement continue, les chiffres des faillites à venir deviennent effrayants et les pertes des banques pourraient les faire vaciller.

Une nouvelle crise financière ? Ce serait quand même le pompon. Régulateurs et gouvernants viennent de sortir deux nouvelles trouvailles pour repousser encore cette possibilité : d’abord la création de « bad banks », autrement dit des banques poubelles.

L’idée, discutée depuis le début de l’automne, est de créer une entité séparée, détenue par d’autres actionnaires (a priori l’État) et d’y mettre tous les crédits qui risquent de ne jamais être remboursés. Il fallait y penser… Ensuite, l’annonce par la Banque centrale européenne, le 15 décembre, que les banques pourraient de nouveau verser des dividendes dès le 1er janvier.

Les bourses vont donc plutôt bien, et les investisseurs encaissent des profits colossaux pour grand nombre d’entre eux, mais ça ne sort pas de nulle part: les gouvernements les gâtent, les banques centrales les choient, les régulateurs les cajolent.

Non seulement les mesures décrites ici sont inacceptables, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle invention qui pousserait les limites un peu plus loin. La nouvelle version du virus découverte en Grande-Bretagne a entraîné une légère baisse des marchés, que vont-ils encore inventer si elle se prolonge ?

Dès le début de la pandémie, on aurait pu écrire une histoire de solidarité, dans laquelle les plus riches et les multinationales auraient été mises à contribution. Par exemple, on aurait pu annuler les loyers, en partant du constat que les propriétaires, dans leur majorité, ont un patrimoine suffisant pour qu’une perte de loyer n’affecte pas leur capacité à se loger, se nourrir, se déplacer, se soigner ou se vêtir. On aurait aussi pu annuler des factures dues par des petits commerces à des multinationales des télécommunications, des paiements ou de l’énergie. On aurait pu rendre supportables les pertes de revenus en allégeant le poids des dépenses. On aurait pu diriger les flux d’argent vers le système de santé. Tout cela est encore possible.  Alors arrêtons de nous tenir sages.

22 décembre 2020 – Aline Fares

Alerte Grèce par Yannis Youlountas

ALERTE GRÈCE : 120 000 oliviers déjà coupés pour l’aéroport de Kastelli ! Une nouvelle crise humanitaire frappe les précaires ! Et autres nouvelles… par Yannis Youlountas

Bonjour,
 
En cette fin d’année, trois semaines après la répression féroce qui s’est abattue sur le mouvement social à Athènes(1), voici un nouveau point sur la situation.
 
HÉCATOMBE D’OLIVIERS COUPÉS, INONDATIONS DÉSASTREUSES 
ET COLÈRE CONTRE LE PROJET D’AÉROPORT À KASTELLI (CRÈTE)  
 
Le chantier pharaonique du nouvel aéroport de Crète fait des dégâts considérables actuellement, à 40km d’Héraklion. La barre des 100 000 oliviers coupés a été atteinte le mois dernier. Nous en sommes aujourd’hui à 120 000 arbres arrachés, ce qui génère des montagnes de souches d’une part et des étendues désertes d’autre part, aplanies n’importe comment par les bulldozers. 
 
 Les conséquences ne se sont pas faites attendre : la région alentour a été frappée à plusieurs reprises par de violentes inondations, notamment fin septembre et début novembre. L’écoulement des eaux a tellement dysfonctionné que, le 20 septembre, 50 des 80 maisons de Sklaverochori (un village à côté de Kastelli) ont été inondées. L’eau entrait même par les fenêtres ! Des dizaines de voitures étaient emportées par les flots boueux ! Les serres étaient ravagées et des animaux d’élevage noyés !
 
 La colère commence à gronder dans la zone, autrefois amadouée par les promesses en tous genres. Les habitants de Kastelli constatent par exemple que les travaux ne fournissent pas du travail à 1000 personnes comme promis, mais à 6 seulement ! De leur côté, les habitants d’Héraklion découvrent que l’espace libéré par l’ancien aéroport (si le nouveau venait à être fini, ce qui n’est pas encore certain) serait transformé en Riviera de luxe, avec des hôtels, des yachts et des terrains de golf, et non en poumon vert de la ville au service du grand nombre ! Les masques tombent. Tout confirme que construire ce nouvel aéroport est une absurdité. Pour dix fois moins cher, il eut été aisé d’ajouter une piste supplémentaire au précédent, avec quelques rochers sur la mer (comme à Nice, par exemple). Nous en avions parlé dans L’Amour et la Révolution, il y a deux ans. Film visible gratuitement ici :
(au sujet du projet d’aéroport à Kastelli, c’est à partir de 43:50) 
 
Au niveau du montage financier, les firmes françaises ne sont pas en reste. Alors qu’une filiale de Vinci participe aux travaux, le groupe Aéroport de Paris (qui a racheté la société indienne GMR Airports) vient de rejoindre le projet à hauteur de 17,5%.
 
Les opposants à l’aéroport de Kastelli parient sur une victoire sur le terrain juridique, au moyen de plusieurs recours. Mais la Justice grecque fait traîner au prétexte de la pandémie qui ralentit la procédure, ce qui retarde d’autant l’action juridique suivante, cette fois à l’échelle européenne, avec plus de chance de victoire pour les opposants. Cette stratégie du pourrissement et de la terre brûlée rappelle celle de l’État français dans le Tarn en 2014, quand la zone humide du Testet était inexorablement détruite sans attendre l’issue des recours juridiques. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de barrage à cet endroit, mais le mal est fait. À Kastelli, il n’y aura peut-être jamais d’aéroport, mais la zone est d’ores-et-déjà saccagée. 
 
Malheureusement, les maigres tentatives de lancer une ZAD sur la zone des travaux n’ont pas réussi. Toutes les constructions, symboles, cabanes, clôtures, pierres diversement assemblées ont été détruites. À l’instar des pouvoirs toujours plus autoritaires en Europe, le gouvernement grec ne veut pas permettre le moindre début d’implantation sur son chantier. Après plusieurs destructions partielles, la cabane que nous avions construite avec le convoi de mai 2018, puis reconstruite avec celui de février 2019 a été complètement rasée il y a quelques semaines. Vidéo de la construction ici, à 1:08:39 :https://youtu.be/wNSfoTYY3hA?t=4119
 
UNE NOUVELLE CRISE HUMANITAIRE FRAPPE LES PRÉCAIRES SUITE AUX RESTRICTIONS ANTICOVID ET AUX POLITIQUES ANTISOCIALES
 
Dix ans après le début de la « crise grecque », une nouvelle crise commence à s’abattre sur la base sociale dans le pays. Nous faisons face à un afflux énorme de personnes en grandes précarité dans toutes les lieux solidaires autogérés ! Des familles entières sont à la rue, des personnes âgées, des jeunes ou encore des personnes handicapées montrent des signes inquiétants de faim et d’épuisement. Les témoignages se multiplient, les langues se délient. Alors que nous entrons dans l’hiver, la catastrophe pressentie se confirme : la Grèce entre dans une nouvelle crise qui sera peut-être encore plus violente que la précédente.
 
Parmi les causes principales, les restrictions anticovid sont très souvent citées. Beaucoup de gens ont été ruinés cette année, se retrouvant avec des ressources insuffisantes, et sombrent maintenant dans la précarité. Le niveau d’endettement étant déjà élevé depuis une dizaine d’années en Grèce, la chute des revenus a fait le reste. En quelques semaines, toute une partie de la population a été frappée de plein fouet, malgré les maigres compensations financières d’un État trop occupé à acheter des rafales à Dassault et à renforcer l’équipement de sa police anti-émeutes.
 


Ces jours-ci, cette photo a circulé montrant un policier donnant un coup de pied à un sans-abri endormi pour le réveiller avant l’ouverture des magasins de la rue Ermou, l’une des plus chères et luxueuses du centre d’Athènes.

La politique antisociale du nouveau gouvernement est également en cause. Depuis le retour de la droite au pouvoir, les plus pauvres sont encore plus en difficultés, laissés pour compte et traqués sur les trottoirs des rues passantes. Il en est de même pour les migrants. Le gouvernement Mitsotakis frappe simultanément toutes les formes de solidarité : évacuation massive des squats de réfugiés (même si le Notara 26 résiste encore à Exarcheia), harcèlement incessant des actions solidaires autogérées (dont les nôtres), pression sur les ONG avec interdiction pour leurs membres de révéler ce qu’ils voient dans les camps de migrants en Grèce (oui, vous avez bien lu, et ce, depuis le décret du 30 novembre 2020). 

 
À Lesbos, rien n’a changé : le sinistre camp de Moria (détruit par un incendie) a simplement été remplacé par celui de Kara Tepe, entassant actuellement plus de 10 000 hommes, femmes et enfants dans le froid, la boue et la censure la plus totale. Il y a quelques jours, nous avons appris qu’une pénurie d’eau avait frappé les personnes enfermées dans ce camp construit sous les auspices de l’Union européenne !
 
SOLIDARITÉ : APPEL À SOUTIEN URGENT !
 
Une fois de plus, c’est le mouvement social qui est en première ligne de la solidarité, dans l’autogestion et l’horizontalité. Dans ce contexte extrêmement difficile, nous appelons à soutien de toute urgence. En effet, nous n’avons plus du tout les moyens de poursuivre nos actions sur tous les terrains comme les années précédentes (squats, cuisines sociales, aides aux précaires grecs et migrants, aides aux compagnons de lutte réprimés, convois de fourgons solidaires…). 
 
 
Le contexte est particulièrement frustrant : sans la pandémie et les longues restrictions de cette année 2020, nous aurions réussi à sortir un nouveau film accompagné d’une nouvelle tournée parmi vous. Mais cela n’a pas été possible. Les membres des collectifs grecs participants au film et plusieurs des collectifs souhaitant nous accueillir en France, Suisse et Belgique, à l’unisson, ont préféré reporter la sortie en 2021 pour nous permettre de faire les choses correctement : permettre au nouveau film d’être un outil d’animation des luttes à l’ouest de l’Europe (comme pour les trois films précédents depuis 7 ans qui ont rencontré de belles affluences : Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’amour et la Révolution) et d’être un moyen majeur de solidarité à l’autre bout, en Grèce. Nous n’avons pas peur des ruines sortira dès que possible durant cette année 2021. Nous vous l’annoncerons dès que nous serons prêts, notamment pour construire la tournée et vous faire découvrir les bandes-annonces et extraits. 
 
 
Sachez néanmoins que ce film est en cours tournage complémentaire. En effet, nous avons repris la caméra au poing pour compléter les événements depuis juillet 2019 (date de l’arrivée de la droite au pouvoir) : nous sommes allés un peu partout en Grèce, à la demande de nos compagnons et camarades, et nous incluons la période actuelle et ses conséquences.
 
 
Voilà pourquoi, nous sommes contraints de lancer cet appel, démunis face à l’urgence. Si vous voulez et pouvez soutenir nos initiatives solidaires, c’est ici (procédez plutôt par virement ou paypal que par chèque, c’est plus rapide) :
 
1- Pour effectuer un virement à ANEPOS 
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU 
Objet : « Action Solidarité Grèce »
 
2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien : 
 
 
3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Objet : « Action Solidarité Grèce »
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
 
Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
 
 
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée (principalement de février à septembre 2020), malgré un contexte particulièrement difficile :
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ; 
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ; 
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ; 
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ; 
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons) 
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet) ; 
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ; 
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ; 
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ; 
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ; 
– Plusieurs cuisines sociales, dont L’Autre Humain (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ; 
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ; 
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ; 
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés). 
 
 
À savoir également qu’une collecte de fournitures et matériels sera peut-être organisée en février 2021 en France, si les conditions de déplacement le permettent. Nous vous en reparlerons si cela s’avère faisable. Auquel cas, une liste des besoins sera rapidement diffusée et une dizaine de fourgons se chargeront du ramassage des denrées et objets nécessaires. Par contre, si ce n’est pas possible, l’appel de ce message va être notre seul et unique moyen d’action cet hiver.
 
UN PEU D’HUMOUR, APRÈS CES MAUVAISES NOUVELLES
 
Ça circule en ce moment en Grèce (où nous sommes encore en quarantaine avec des attestations nécessaires pour circuler) :
Humour toujours : en France, l’Église de la Très Sainte Consommation (collectif satirique) va bientôt décerner ses Doigts d’or. Il a été difficile pour le jury de départager les candidats malgré eux pour choisir les pires, tant cette année 2020 a été mémorable en délires de puissance et d’argent ! L’occasion de rire de cette société absurde en attendant sa transformation radicale le plus tôt possible :
Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info. Pour la partager où bon vous semble, vous pouvez aussi utiliser la publication de cette lettre ici : nouveau lien du blog  (vous y trouverez aussi les images en plus grand format)
 
Courage pour 2021 et au plaisir de vous retrouver ! 
 
Solidairement,
 
Maud et Yannis Youlountas po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS avec les membres et soutiens des convois de mars, juillet et septembre 2020
 
 
Yannis Youlountas | 29/12/2020 à 10:36 | Catégories : Alerte | URL : https://wp.me/p6quRu-2tE

Crise du capitalisme et perspectives de rupture

Éric Toussaint : « La crise multidimensionnelle du capitalisme doit nous permettre d’avancer la perspective de ruptures »

14 décembre par Eric Toussaint , NPA  


Intervention d’Éric Toussaint (Porte-parole du CADTM international) lors de la conférence « Continuités et nouveautés : comprendre la crise économique actuelle » du 24 août 2020 à Port Leucate (France), dans le cadre de l’université d’été du NPA.

Lors de cette conférence, Éric Toussaint considère que la crise multi-dimensionnelle du capitalisme est une opportunité pour la gauche radicale d’avancer des propositions de ruptures en faveur des populations et plus largement de l’ensemble des êtres vivants. Pour cela, il est fondamental d’analyser les différences entre les mesures mises en place par les gouvernements lors de la crise financière de 2007-2008 et la crise actuelle. En ce sens, il faut réfuter l’analyse selon laquelle on assisterait à un retour du keynésianisme. L’ensemble des mesures prises par les gouvernements du Nord visent d’une part à sauver sans concession les principaux acteurs financiers et d’autre part à approfondir dans un second les politiques d’austérité par une socialisation des dettes privées, le tout sans aucune concession en faveur des travailleurs. Pour la gauche révolutionnaire européenne, il est clair qu’il faut désobéir aux traités de l’UE. L’annulation des dettes publiques tout autant que la démonstration de leur illégitimité sont fondamentales pour obtenir l’adhésion des populations. Il faut également se saisir de la question de l’annulation des dettes étudiantes, des dettes hypothécaires. Pour y parvenir, une réponse consiste à socialiser le secteur bancaire. Il faut exclure les capitalistes des activités de la banque et des assurances et mettre en place un contrôle des citoyen-ne-s sur un système bancaire socialisé. Reprendre le contrôle sur ce secteur serait à la fois une réponse au plan sanitaire pour contrer le Big Pharma, et au plan écologique pour financer la recherche et les infrastructures en faveur des énergies renouvelables.

Auteur.e Eric Toussaint 

Source https://www.cadtm.org/Eric-Toussaint-La-crise-multidimensionnelle-du-capitalisme-doit-nous-permettre

L’illusion d’un « retour à la normale », après le Covid

Corona Crise (Europe) : l’illusion d’un « retour à la normale », après le Covid

par Martine Orange

Alors que l’Europe est menacée d’une deuxième récession en moins de six mois, les responsables européens continuent de sous-estimer la nature et l’ampleur du choc provoqué par la pandémie. Des pans entiers des économies européennes sont menacés. Mais aucune réponse politique ne se profile.

Tout a de nouveau déraillé. Alors que l’Europe se retrouve à l’épicentre de la deuxième vague du Covid-19, que l’ensemble des pays du continent renouent, l’un après l’autre, avec un confinement plus ou moins strict, la menace d’une deuxième récession en moins de six mois prend de plus en plus consistance. Le 5 novembre, la Commission européenne a été obligée d’acter ce nouveau choc : elle a révisé ses prévisions à la baisse. Selon elle, il ne faut plus compter sur un retour de la croissance en 2022, mais plutôt en 2023.

Ces prévisions se veulent lucides et raisonnables. Mais le sont-elles vraiment ? Les responsables comprennent-ils, admettent-ils le moment de rupture auquel nous assistons ? « Les vieux tabous et les vieux schémas restent toujours d’actualité. C’est toujours la même vision gestionnaire », déplore l’économiste Aurore Lalucq, députée européenne (S&D) .

Derrière les prévisions avancées par la Commission se cache une solide conviction, partagée par la plupart des dirigeants : la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19 n’est qu’une mauvaise passe. Le deuxième confinement les a contraints à renoncer à l’idée d’une simple parenthèse, comme ils l’espéraient au printemps, mais ils n’ont pas renoncé à croire au caractère passager de la crise sanitaire.

Il suffit de voir l’euphorie boursière après l’annonce de la découverte d’un vaccin par les laboratoires BioNtech et Pfizer pour le mesurer. Pour beaucoup, il ne s’agit désormais que d’une question de temps : il suffit de tenir en attendant qu’un vaccin soit à disposition du public. Il faudra certes passer le « sombre hiver » de 2020, comme a prévenu le nouveau président américain, Joe Biden, dès son premier discours présidentiel. Mais après, tout pourra repartir comme avant.

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, ne dit pas autre chose : « Le principal défi pour les responsables politiques est d’assurer la transition jusqu’à ce que la vaccination soit bien avancée, et que la reprise ait trouvé sa dynamique. La BCE était là lors de la première vague, elle sera là pour la deuxième », a-t-elle assuré.

Déjà, les prévisionnistes ont repris leurs modèles. À défaut d’être en V comme ils l’avaient escompté au début de l’année, la reprise pourrait être en W, en K, selon eux. Peut-être même en coquille d’escargot ou toute autre lettre de l’alphabet cunéiforme, l’imagination en ce domaine étant sans limite.

Un effondrement pire qu’en 2008. © Eurostat

La réalité, pourtant, bouscule tout. Jamais, en temps de paix, les économies européennes, depuis la Seconde Guerre mondiale, n’ont connu un tel effondrement. Les chiffres donnent le vertige. L’Espagne a enregistré une chute de 22 % de son PIB au cours du deuxième trimestre, la France de 19 %, l’Italie de 17 %, l’Allemagne de 11 %. Pour l’ensemble de la zone euro, la chute était déjà de 15 %. Et c’était avant la deuxième vague de l’épidémie. Comment croire que tout cela sera effacé rapidement ?

De nombreux économistes mettent en garde contre cette illusion de « retour à la normale », dans un temps plus ou moins long, caressée par beaucoup de responsables. Une normalité qui avait d’ailleurs déjà des allures de bizarrerie. Depuis la crise de 2008, toutes les économies européennes ont besoin du soutien constant et immodéré de la politique monétaire pour ne produire qu’une très faible croissance. Et malgré les taux zéro, l’argent gratuit, elles sont, à l’exception de la sphère financière, en déflation, contrairement à toutes les théories classiques. Pour ces économistes, le choc subi par l’économie mondiale avec la crise du Covid-19 s’inscrit dans cette trajectoire longue. Mais il est tellement hors norme qu’il est impératif de sortir des schémas préétablis.

Adepte de la théorie de la régulation, l’économiste Robert Boyer considère, dans son livre Les Capitalismes à l’épreuve de la pandémie (La Découverte), que recourir aux concepts classiques pour cette crise est une faute « car cela indique que l’on espère appliquer des remèdes connus, qui seront donc inefficaces ». « Le terme de “récession” s’applique au moment où un cycle économique, arrivé à une certaine étape, se retourne pour des raisons endogènes – ce qui suppose que l’étape suivante sera mécaniquement la reprise, également pour des raisons endogènes, avec un retour à l’état antérieur. Or il ne s’agit pas ici d’une récession, mais d’une décision prise par les instances politiques de suspendre toute activité économique qui ne soit pas indispensable à la lutte contre la pandémie et à la vie quotidienne », explique-t-il dans un entretien au Monde.

Benjamin Coriat, professeur d’économie à l’université Paris-VIII, qui vient de publier La Pandémie, l’anthropocène, le bien commun (Les liens qui libèrent) (lire son entretien ici), est encore plus tranchant : c’est un changement de monde qui s’annonce. « Nous n’avons pas vu la grande accélération de l’anthropocène, les destructions exponentielles de la planète, des écosystèmes auxquelles cela a conduit. Nous sommes entrés dans l’ère des pandémies, comme nous en avertissent les études de la plate-forme intergouvernementale des biodiversités et des écosystèmes (IPBES). L’ancienne économie ne se remettra pas en place. Des pans entiers ne se relèveront pas », affirme-t-il.

La sidération qui a saisi le monde au moment du premier confinement a empêché de prendre la pleine mesure de ce qui était à l’œuvre. En quelques jours, l’essentiel du secteur marchand, une grande partie des capacités productives – c’est-à-dire les moteurs de l’économie – se sont retrouvés gelés, mis en cocon par décision gouvernementale. Industries, transports, commerces, tout a été mis à l’arrêt, la santé, les services publics essentiels, jugés jusqu’alors comme des « charges », se retrouvant en première ligne.

Face à cette situation sans précédent, l’Europe a mis entre parenthèse ses tabous, ses préjugés, ses principes. En apparence. Tous les pays européens ont adopté des politiques de soutien plus ou moins généreuses, plus ou moins ambitieuses, mais qui s’inscrivent toutes dans le même cadre : avec le soutien de la BCE, garante en dernier ressort, les différents gouvernements ont mis d’immenses moyens budgétaires pour compenser l’arrêt brutal de l’économie. Financement du chômage partiel, prêts aux entreprises, plans de soutiens : des centaines de milliards d’euros ont été débloqués en quelques semaines, dans l’espoir de préserver les capacités de production, les commerces, les services, les activités culturelles. Au prix d’endettements publics qui se chiffrent en dizaines de points de PIB.

Cela devait être temporaire. Mais le deuxième confinement, même allégé, a obligé les gouvernements à prolonger, compléter, améliorer les dispositifs existants, se transformant en assureurs en dernier ressort de tout. Sans que cela donne lieu à débat. Depuis le sommet de juillet qui a acté la création d’un plan européen de relance et la mutualisation partielle de la dette, aucune nouvelle grande réunion n’a été programmée entre les responsables européens.

Il ne se passe pas grand-chose non plus lors des réunions de l’Eurogroupe, tous les ministres se contentant de répéter que l’heure est désormais à la « digitalisation de l’économie », à la transition écologique et à la reconquête des entreprises stratégiques. Pas un mot, en revanche, n’a été dit sur l’importance des secteurs « non marchands », de la santé en particulier, mise à mal par les politiques d’austérité imposées depuis 2010, et qui se retrouvent aujourd’hui en première ligne, constituant les derniers stabilisateurs de nos économies effondrées.

« Les gouvernants ne se sont pas soudain tous convertis à la dette, à la relance keynésienne, pas plus qu’ils n’ont renoncé à l’économie de marché et décidé de se rallier au dogme de l’intervention, de la socialisation et peut-être demain de la collectivisation des moyens de production. Rien n’a été prémédité. Ce revirement ne tient qu’au pragmatisme et à une fuite en avant dans l’action pour sauver ce qui peut être sauvé », explique l’économiste Olivier Passet de Xerfi. Sans savoir, insiste-t-il, sur quoi déboucheront ces réponses bricolées dans l’urgence.

Les effets retards de la crise

Ce nouveau paradigme né de la crise sanitaire vient raviver les vieilles plaies européennes, les profonds déséquilibres mis à nu lors de la crise de l’euro et qui n’ont jamais été soignés. Car, dans les faits, chaque gouvernement agit avec ses moyens. Bien que la politique monétaire de la BCE soit censée égaliser les chances de chacun en ramenant les taux à zéro ou presque pour tous, les pays se sont retrouvés chacun face à sa situation.

L’Allemagne, riche de ses excédents passés, a brisé sans hésitation son tabou de la dette et a débloqué au plus vite plusieurs centaines de milliards d’euros. Ces différentes mesures représentent l’équivalent de 8 % de son PIB. Mais à l’autre bout, les petits pays de l’Europe de l’Est ou les pays de l’Europe du Sud peinent à soutenir leurs engagements. L’endettement de l’Italie risque de dépasser les 156 % du PIB en 2021 et celui de l’Espagne les 120 %.

Ces deux pays attendent beaucoup du plan de relance européen de 750 milliards d’euros : ils devraient en être les principaux bénéficiaires et recevoir quelque 140 milliards d’euros de prêts et de subventions. Une somme nettement insuffisante au regard des besoins, selon de nombreux économistes.

D’autant que l’argent tarde à arriver. Le Parlement européen a voté le plan cette semaine, mais la Pologne et la Hongrie menacent toujours de mettre leur veto à un plan qui subordonne le versement des sommes au respect des règles européennes de droit. Au mieux, les premiers versements ne devraient pas avoir lieu avant la fin du premier trimestre 2021 et s’étaler sur six ans.

Pendant ce temps, l’écart entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud continue de se creuser inexorablement.

Les statistiques consolidées ne disent rien ou pas grand-chose de ces disparités. À la sortie du confinement, toutes les économies européennes ont vivement rebondi, portées par une reprise de la consommation et de l’activité, qui avaient été bridées par plusieurs mois de confinement. Au troisième trimestre, la France a enregistré une croissance de 18,2 % de son PIB, l’Espagne de 16,7 %, l’Italie de 16,1 %, l’Allemagne, qui avait subi un effondrement moindre au cours du premier semestre, de 8 %. « Une croissance historique », s’est félicitée l’Europe.

Mais, à y regarder de plus près, les différences n’ont fait que s’exacerber. L’activité industrielle s’est redressée, même si elle n’a pas retrouvé son niveau antérieur. Parce que le deuxième confinement a été allégé, que l’activité dans les usines a pu être maintenue à la différence du printemps, les entreprises continuent de travailler. En Allemagne, l’industrie affichait encore une croissance de 1,6 % en septembre.

Les services, en revanche, ne sont jamais parvenus à sortir la tête hors de l’eau. Des pans entiers des services, à commencer par le tourisme, les transports, l’hôtellerie et la restauration, les activités culturelles, subissant les restrictions imposées par les mesures sanitaires, n’ont pas compensé leurs pertes antérieures. Des activités qui pèsent particulièrement lourd dans les économies de l’Europe du Sud.

En Espagne, le secteur du tourisme, qui représente 12 % du PIB et 13 % des emplois, a enregistré une chute de 70 % de son chiffre d’affaires au cours des neuf premiers mois de l’année. Le secteur risque d’afficher des pertes de l’ordre de 100 milliards d’euros à la fin de l’année, selon l’association Exceltur, qui regroupe les principaux groupes touristiques espagnols. En Grèce, l’activité touristique (20 %), qui avait rapporté plus de 18 milliards d’euros au pays en 2019, devrait atteindre avec difficulté les 3 milliards d’euros en 2020, selon les prévisions de la Banque centrale grecque.

Or, ce sont à nouveau ces secteurs qui sont frappés les premiers par les mesures de fermeture, de couvre-feu, de confinement imposées dans toute l’Europe à partir de la mi-octobre. Comment croire que toutes ces activités, que ce soit les petits commerces, l’artisanat, les théâtres ou les cinémas, les soins à la personne ou les loisirs, sans réserve financière, déjà grevées de dettes et d’arriérés, pourront en réchapper ? Les rébellions, les contestations, les témoignages de désespoir qui ont accueilli ces nouvelles restrictions dans chaque pays donnent la réponse. Personne n’y croit.

Les plans sociaux spectaculaires qui s’empilent depuis le printemps, les appels à l’aide de secteurs entiers, à commencer par l’aérien ou la restauration, les 15,6 millions de personnes au chômage en Europe, selon les statistiques officielles, la montée de la précarité et de la pauvreté ne sont que la partie émergée des drames économiques et sociaux qui se jouent actuellement. Car, pour l’instant, une grande partie de l’économie est placée sous assistance respiratoire financière, grâce aux prêts garantis par les États, aux aides, aux reports de charges fiscales et de loyers.

Cela permet d’assurer la survie, mais, pour une partie de ces acteurs économiques, une survie artificielle. Nombre d’entreprises, de commerces sont menacés de devenir des entreprises « zombies », c’est-à-dire sans réelle activité économique, survivant par le biais des aides et des prêts.

« Chacun se dit qu’il faut essayer tenir, coûte que coûte. Les prêts bancaires, les factures auprès des fournisseurs, les arriérés de loyer sont suspendus. L’incertitude sur l’avenir, sur la durée de cette crise, complique encore le problème. Puis, un moment, certains ne pourront plus faire face. Les pertes vont arriver avec retard, dans un an, un an et demi peut-être. On sous-estime le mécanisme de propagation de cette crise. Car les fournisseurs, les sociétés immobilières, les banques risquent d’être à leur tour touchés. Cet effet retard n’a toujours pas été mesuré », s’inquiète David Cayla, professeur d’économie à l’université d’Angers et auteur d’un nouveau livre, Populisme et néolibéralisme (Deboeck supérieur). Son analyse porte sur la situation en France. Mais une grande partie du constat qu’il dresse peut être généralisée au reste de l’Europe.

Le déni le plus flagrant est dans le monde bancaire. Au troisième trimestre, les grandes banques européennes ont toutes présenté des résultats en hausse. Euphorisées par les marchés en hausse permanente et l’argent gratuit des banques centrales, rendues optimistes par le rebond des économies européennes à la sortie du premier confinement, toutes ont décidé que la crise était achevée : elles ont diminué les provisions sur les risques d’impayés et les créances douteuses. Ne doutant pas une seconde de l’avenir, certaines, à l’instar de la banque italienne UniCredit, se sont même aventurées à avancer des prévisions de résultat pour 2021. Avec un objectif : convaincre les régulateurs européens qu’elles étaient en situation de reprendre le paiement de leurs dividendes, après avoir été forcées par la BCE de les suspendre en avril.

Mais leurs arguments n’ont pas convaincu. Au lendemain de cette série de résultats, les régulateurs européens se sont fendus d’un avertissement à toutes les banques du continent, leur demandant de ne pas céder à la complaisance et de renforcer encore leur bilan. « Les prévisions macroéconomiques sont incertaines et nous ne pouvons pas exclure une très faible reprise avec une augmentation significative des créances douteuses », a prévenu Andrea Enria, responsable de la supervision bancaire à la BCE. Selon le scénario le plus pessimiste du moment de la Banque centrale, les mauvaises créances et les impayés dans les bilans bancaires pourraient atteindre jusqu’à 1 400 milliards d’euros. Face à de tels montants, tout le système bancaire est susceptible de se retrouver sous tension. Ou pire encore.

Mais ces montants ne sont rien par rapport à la destruction économique et sociale qui menace l’ensemble du continent. Des pans entiers d’activités risquent de s’effondrer. La mise à mal des organisations économiques, des capacités de production, des savoir-faire, mais aussi des activités culturelles, de tout ce qui crée les liens dans la société, pourrait laisser des traces indélébiles pendant des années, préviennent des économistes. « Cette crise remet en cause nos économies, nos institutions, notre cohésion sociale. C’est le moment où il faut repenser tout, comment nous réorganiser pour sauver tout le monde, pour sauver la démocratie », dit Aurore Lalucq.

Pour l’instant, les responsables européens n’en prennent pas le chemin, préférant prendre la voie du court-termisme, en attendant que les choses reprennent leur « cours normal ».

Source : Blog Mediapart de Martine Orange via ESSF

Source https://www.cadtm.org/Corona-Crise-Europe-l-illusion-d-un-retour-a-la-normale-apres-le-Covid

Chassez le libéral, il revient au galop

par Jean-Marie Harribey

L’idée que l’État devra rembourser sa dette est erronée.

Pendant le premier confinement, les sirènes néolibérales s’étaient, sinon tues, du moins mises en sourdine. L’intervention de l’État pour sauver l’économie paralysée, les salaires des travailleurs confinés pris en charge collectivement, la dette publique portée à 120 % du PIB, tout cela était jugé nécessaire. Et, suprême accroc à l’orthodoxie monétaire, la BCE rachetait sans fin des titres de la dette publique. Pire encore, l’idée qu’elle pourrait financer directement les dépenses publiques liées à la crise sanitaire, à l’instar de la Banque d’Angleterre, devenait audible. Le tabou de la monétisation des dépenses publiques était bousculé.

Las ! Ça n’a pas duré. Avec le deuxième confinement, le retour à l’ordre s’est organisé, orchestré autour de deux cibles essentielles. La première est l’exigence de rembourser la dette. Avec des arguments erronés. Nous laisserions une dette à nos enfants. Or nous leur transmettons un actif matériel et culturel (infrastructures, systèmes éducatif et de santé). Les titres de dette sont simultanément des titres de créances et l’important est que la dépense publique soit un investissement utile et que la fiscalité soit juste pour que, s’il y a remboursement, il ne soit pas acquitté par les pauvres pour les riches. Mais l’État n’ayant pas d’horizon fini, il ne rembourse en fait jamais sa dette, il la renouvelle et paie des intérêts qui doivent être le plus bas possible, ce qui est le cas aujourd’hui.

La seconde cible est le rôle de la banque centrale. Les sirènes chantent trois couplets délirants.

Le grossissement du passif de la BCE au fur et à mesure qu’elle rachète des titres l’endetterait auprès des banques et des ménages. Faux : en rachetant des titres aux banques, la BCE ne leur emprunte rien, elle crée potentiellement de la monnaie qui augmente les réserves des banques ; quant aux ménages, aucun ne détient de créance sur la BCE. Au fond, c’est croire qu’il faut un stock de dépôts préalablement à la création de monnaie.

Une banque centrale qui achèterait trop de titres verrait sa rentabilité s’éroder et devrait être recapitalisée. C’est confondre une banque centrale et une banque ordinaire. La première possède, par délégation de la souveraineté politique, le pouvoir d’émettre la monnaie ultime, celle dans laquelle elle refinance les banques ordinaires. Aucune contrainte de capital ni de rentabilité ne pèse sur elle. La « planche à billets » serait inflationniste ? Impossible en situation de sous-emploi et avec de tels besoins sociaux à satisfaire.

Enfin, si la banque centrale créait de la monnaie à taux zéro pour l’État, celui-ci ne recevrait plus de profits de sa part en tant que propriétaire. Et alors ? Aucune importance puisque l’idée est de se libérer de l’emprise des marchés financiers.

Pourquoi cette discussion théorique est-elle cruciale sur le plan pratique ? Quand la course au vaccin contre le Covid-19 est lancée, il faut réaffirmer les principes qu’il soit un bien public mondial, dit aussi bien commun, dont le prix reflète le coût et non des dividendes, et qu’il y ait une recherche publique qui puisse se reposer sur la maîtrise collective de la monnaie et de sa création (1).

(1) Voir La monnaie, un enjeu politique__, J.-M. Harribey, E. Jeffers, J. Marie, D. Plihon, J.-F. Ponsot_,_ Seuil, 2018 ; J.-M. Harribey, E. Jeffers, P. Khalfa, D. Plihon, « Errare humanum est, sed perseverare diabolicum est », 4 juin 2020, blog Attac France, blogs.mediapart.fr

Source https://www.politis.fr/articles/2020/11/chassez-le-liberal-il-revient-au-galop-42569/


Communiqué du dispensaire social métropolitain d’Elliviko

Le dispensaire d’Elliniko avait été expulsé pour construire à sa place casino, palaces et maisons de jeux. Il vient de rouvrir, accueilli par la municipalité de Glyfada.
A peine installé il reprend la lutte et voici son premier communiqué de presse :

Communiqué. LE SYSTÈME PUBLIC DE SANTÉ GREC VA S’EFFONDRER
 Dispensaire Social Métropolitain d’Elliniko (MKIE).
Communiqué de presse du 11 novembre 2020

Depuis début octobre notre pays revit le cauchemar de la pandémie qui prend cette fois  une importance particulièrement menaçante avec des dizaines de morts, un nombre à trois chiffres d’intubations et des milliers de contaminations chaque jour.

Alors que les scientifiques avertissaient de la tempête imminente, nous, citoyens, avons connu l’absence de prévention avec des moyens de transport bondés tous les jours, des classes surpeuplées dans les écoles et une mauvaise gestion du tourisme.

Nous avons constaté que la manière envisagée de faire face à la pandémie était essentiellement d’en transférer à nouveau la responsabilité exclusivement aux citoyens. Cela s’est traduit au départ par la prise de mesures ponctuelles et locales pour aboutir finalement à l’imposition d’un second confinement général.

Au-delà des conséquences sociales et économiques désastreuses, cette situation a mis une fois de plus en évidence l’ampleur des insuffisances du système de santé publique et de la protection inadéquate du pays en termes de personnel de santé, d’infrastructures et de planification.

Il est tragique d’attendre l’éclatement de la pandémie pour annoncer l’embauche de médecins en soins intensifs, de dépouiller des structures de soins primaires de santé pour combler les postes vacants dans les hôpitaux (au lieu d’embaucher du personnel permanent), d’assurer les permanences dans un grand hôpital (CHU, Thessalonique) sans lit disponible dans l’Unité de Soins Intensifs ou d’épuiser le personnel médical et infirmier par des gardes continuelles avec risque de burn-out et d’effondrement du système.

 Dans le même temps, le gouvernement tente de couvrir les carences de lits des Unités de Soins Intensifs par des contrats coûteux payés à des cliniques privées et laisse les citoyens à la merci de la spéculation de centres de diagnostics qui ont des tests de dépistage de virus aux prix surévalués.

Nous sommes particulièrement préoccupés par les problèmes mis en évidence par les médecins responsables qui ont affaire à des malades liés au Covid-19 et à d’autres patients. A savoir la réduction de 80% des interventions chirurgicales qui entraîne une augmentation de l’attente déjà trop longue, et se traduit par des complications fatales et le développement des maladies.  C’est aussi un fardeau supplémentaire pour les patients ayant par exemple une crise cardiaque ou un AVC en raison des difficultés de prise en charge dues à la fermeture d’hôpitaux.

Le MKIE (Dispensaire Social Métropolitain d’Elliniko) signalait dès le mois d’avril les priorités urgentes pour faire face à la pandémie et soulignait :  » maintenant que nous avons gagné du temps il est impératif  de développer le système de santé publique du premier degré « .

C’est le contraire que nous avons découvert et nous sommes étonnés que l’avant-projet de budget 2021 prévoie une réduction des dépenses de 31 millions d’euros pour les hôpitaux et les soins de santé du premier degré.

Les dépenses pour le recrutement de 4 000 agents de santé annoncées par le Premier ministre à la Foire Internationale de Thessalonique n’ont pas été enregistrées. Cela alors que les Soins de Santé du premier degré en Grèce sont au dernier rang des États européens et des pays comme l’Espagne et l’Italie. Des problèmes financiers aussi énormes plombent tout le secteur de la santé d’une quantité de milliards d’euros supplémentaires.

Voilà pourquoi nous appelons maintenant à un renforcement et un soutien substantiels du Système Public de Santé à tous les niveaux quantitativement et qualitativement avec
§ l’augmentation des crédits du budget de la santé publique
§ le recrutement de personnel médical et infirmier permanent pour combler les postes vacants dans les services de santé et de soins de santé primaires et secondaires
 § la création de lits pour les Unités de Soins Intensifs dans les hôpitaux publics, et dotation en personnel

Le MKIE, dispensaire autogéré, qui dispense gratuitement soins et médicaments,  proche de ses patients et de la société grecque, continuera de lutter, avec le même engagement envers ses principes et son but, pour un Système Public de Santé moderne et efficace, doté de tous les moyens nécessaires.

Traduction Solidarité Grèce 67

 Dispensaire Social Métropolitain d’Elliniko
Tsitsanis et Karaïskakis 34
Glyfada, ΤΚ 16675
http://www.mkiellinikou.org
Email: mkiellinikou@gmail.com

Source Les dispensaires autogérés grecs KIF

Réforme des retraites Une provocation pendant le confinement

URGENT. Le Sénat remet la réforme des retraites à l’ordre du jour par un amendement surprise

Ce samedi 14 novembre à 19h, le Sénat a imposé le retour à des concertations sur la réforme des retraites majoritairement rejetée par la population et par une mobilisation historique notamment des grévistes de la RATP et de la SNCF. C’est lors du vote sur le budget de la Sécurité sociale pour 2021 qu’un amendement surprise intégrant cette réforme des retraites a été voté par les sénateurs de droite, majoritaires au Sénat.

Crédits photos Laurence Cohen.

« Budget de la sécurité sociale : à 19h la majorité de droite du sénat fait rentrer par un amendement la réforme des retraites rejetée par les Français : report de l’âge de départ et allonger la durée des cotisations. Très choquant en pleine crise », explique Laurence Cohen sénatrice PCF.

Comme le relate Public Sénat, « le Sénat a décidé, en séance, de réactiver la conférence de financement sur l’équilibre et le financement des retraites, suspendue au printemps dernier, que le gouvernement souhaitait en parallèle de sa réforme sur un système universel. En cas d’échec de cette conférence des partenaires à formuler des propositions, le rapporteur LR pour la branche vieillesse, René-Paul Savary, a fait adopter par l’hémicycle ses propres remèdes. Tout en concédant que ses amendements n’avaient aucune chance de survivre à la navette parlementaire. »

Le site d’information officiel du Sénat ajoute : « Selon ses pistes, il s’agirait à la fois de repousser progressivement l’âge légal de départ à la retraite jusqu’à 63 ans en 2025. Mais aussi d’accélérer l’allongement de la durée de cotisations pour atteindre 43 annuités dès la génération 1965. »

L’amendement a été voté par les seuls groupes LR et Union centriste (200 voix pour) selon Public Sénat. « Les groupes de gauche et les sénateurs LREM ont voté contre (118 voix) », tandis que le groupe écologiste n’a pas pris part au vote.

Nous relayons ci-dessous le post de Nantes Révoltés qui récapitule les évènements.

🔨LA RÉFORME DES RETRAITES IMPOSÉE PAR SURPRISE AU SÉNAT

- Les casseurs sont au pouvoir-

Lors du vote sur le budget de la sécurité sociale pour 2021, ce samedi 14 novembre à 19H, les sénateurs droite, majoritaires au sénat et estimant que Macron ne va pas assez vite, ont fait rentrer par un amendement de dernière minute la réforme des retraites massivement rejetée par les Français :

➡️ Report de l’âge de départ à 63 ans
➡️ Allongement de la durée des cotisations à 43 annuités
➡️ Attaque contre les régimes protecteurs
➡️ Etc …

Une véritable provocation en plein confinement, alors que la liberté de contester est drastiquement réduite, et que la crise sanitaire engendre une crise sociale catastrophique. Une provocation également, car cette réforme avait mis des millions de personnes dans les rues, suscité des mois de grève, et était contestée par l’immense majorité de la population. C’est une accélération : après ce coup de force, il ne reste plus qu’un vote à l’Assemblée avec la majorité En Marche/Le Républicains pour faire passer définitivement la casse des retraites.

Source https://www.revolutionpermanente.fr/URGENT-Le-Senat-remet-la-reforme-des-retraites-a-l-ordre-du-jour-par-un-amendement-surprise

 


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