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Les métamorphoses de la question politique en Grèce : 80 ans en 66 jours

Retour sur la mobilisation pour Dimitris Koufontinas
Michalis Lianos  paru dans lundimatin#280, le 22 mars 2021

Comme nous l’avons évoqué dans nos éditions précédentes, la grève de la faim du militant Dimitris Koufontinas a suscité de très vifs débats et une forte mobilisation d’une partie de la société grecque. Nous avons demandé au sociologue Michalis Lianos de nous éclairer sur le rôle que joue encore aujourd’hui la possibilité ou du moins le symbole de la lutte armée en Grèce.

Le soutien important à Dimitris Koufontinas

La grève de la faim de Dimitris Koufontinas [1]  rend visibles les lignes de faille politiques de la société grecque. Que le sort d’un homme coupable de 13 assassinats et d’une longue série d’actions violentes provoque d’importantes manifestations et suscite un débat médiatique et social massif peut apparaître incompréhensible en dehors de la Grèce. D’autant que ces manifestations surgissent à la suite d’une revendication ’’mineure”, à savoir le transfert d’une prison du centre du pays vers une prison d’Athènes.

Tout cela peut apparaître tout aussi surprenant que les t-shirts à l’effigie de Koufontinas qui se vendaient dans le centre-ville d’Athènes au moment du procès du groupe « 17 novembre » [2] en 2003 ; ou encore qu’après chaque action du groupe entre 1975 et 2002, la presse à grand tirage se ruait pour publier les communiqués du groupe, que les exemplaires s’arrachaient immédiatement, nécessitant parfois une seconde édition pour satisfaire la demande du public.

Le rapport qu’entretient la société grecque à la violence politique ne peut se comprendre qu’à la lumière de la guerre civile qui a suivi l’occupation allemande. Aucune pensée depuis, de gauche ou de droite, n’a échappé à sa surdétermination par ce conflit armé, profondément idéologique, dont les perdants n’ont cessé d’être persécutés qu’en 1974, après la chute de la dictature des colonels [3] . La perception même de la guerre civile en tant que conflit politique et non pas en tant que « guerre nationale contre des bandits », n’a commencé à émerger officiellement qu’en 1981, avec l’arrivée du PASOK [4] au pouvoir. Tous les baby-boomers grecs, dont Koufontinas, sont des enfants et des petits enfants de ces générations qui ont témoigné, participé ou souffert, directement ou indirectement, de la guerre civile. Exemple typique, Koufontinas lui-même, a milité au PASOK avant de comprendre que ce parti ne se consacrait pas aux idéaux désintéressés d’un communisme de plus en plus libertaire qui représentait l’esprit indomptable et altruiste des partisans.

Les résurgences de la résistance

Si la droite a indéniablement gagné sur tous les terrains, la gauche a gagné ce qui se nomme dans le débat politique grec « l’avantage moral », à savoir la quête des grands idéaux égalitaires et la volonté de tout sacrifier pour ne pas renoncer à cette quête. La lutte armée partisane et ses conséquences forment ainsi le lit idéologico-politique et émotionnel de tout le spectre de la gauche, du socialisme de rupture au communisme orthodoxe, de l’anarchisme aux mouvements libertaires les plus pacifistes. Autrement dit, toute la gauche grecque porte encore en elle la question de l’action – ou du moins, de la réaction – armée. Naturellement, le rapport à l’ordre est tout aussi traversé par cette question et l’État et ses appareils, notamment policiers et juridiques, sont ainsi considérés dans leur cadre historique comme des institutions de la répression politique.

Avec la fin du groupe 17 Novembre en 2002, on pouvait imaginer que la question de la lutte violente s’effacerait au sein de la gauche grecque. C’était une période pendant laquelle certaines couches sociales connaissaient une amélioration de leurs conditions de vie, favorisant aussi un endettement important des ménages. Cependant, la mort du jeune Alexis Grigoropoulos atteint par un tir de policier en 2008 a déclenché des troubles majeurs, portés cette fois par une nouvelle génération, ce qui a conduit à la constitution de nouveaux groupes d’action politique violente. Mais la tendance lourde semblait être bien orientée vers le passage à une nouvelle période de bien être, alimenté par des revenus satisfaisants et des prêts généreux, une époque qui aurait mis en sourdine l’histoire politique et aurait avancé vers une culture sociale-démocrate majoritaire. Tout cela fut rapidement réduit à néant par la crise financière de 2008 et la révélation d’une dette grecque colossale, constituée avec l’aide hautement rémunérée de Goldman Sachs. La classe politique fut alors perçue comme une classe profondément corrompue et les classes aisées comme des charognards ayant transformé les fonds publics en milliards dissimulés dans leurs comptes off-shore.

C’est à cette période cruciale que la société grecque replonge dans la continuité d’une posture de désenchantement et de résistance. On le voit parfaitement dans les évolutions électorales avec SYRIZA qui arrive au gouvernement alors qu’il n’obtenaient qu’environ 4 % des votes auparavant, l’effondrement abyssal du PASOK et l’émergence d’Aube Dorée qui sort de la marginalité électorale. On le remarque aussi par la posture universelle de victime, adoptée sans hésitation et avec la plus grande virulence par les supporteurs précédemment loyaux de deux grands partis de pouvoir. Ainsi, toutes les générations de la petite et moyenne bourgeoisie se sont trouvées dans une posture très critique des institutions de gouvernance, voire du système politico-économique européen et international. L’avènement de SYRIZA au gouvernement signifie pour la gauche grecque la première opportunité de surmonter ses traumas historiques. L’attente est immense. Pour les électeurs tactiques, il s’agit de revenir aux conditions confortables précédant la crise tout en évitant de payer la dette du pays, pour les électeurs historiques de gauche, l’enjeu est de résister au système capitaliste international et de prendre une voie alternative, loin de ses dictats. Les premiers seront déçus sur le plan pragmatique, les seconds meurtris sur le plan politique. C’est cette gauche historique qui forme actuellement le noyau dur d’une posture de résistance à tout ce qui est proposé ou imposé par le modèle hégémonique de la gouvernance sociale et économique.

La valeur de la lutte en soi

Le 17 Novembre était pour une partie considérable des grecs un rappel que les puissants n’étaient pas incontestables, car le groupe semblait se tenir à des actions ciblées [5] . Koufontinas s’est révélé être le bourreau principal du 17 Novembre, cela dès le début de son intégration, probablement en 1983. C’est ce qui lui a valu le sobriquet de farmakohéris (littéralement, « main empoisonnée »). En cavale pendant quelques semaines après l’arrestation de ses camarades, il s’est rendu à la police en déclarant qu’il assumait la responsabilité politique des actions du groupe. Cela a contribué à son image publique en tant qu’individu maître de ses choix et s’est confirmé par son comportement durant le procès, en tension avec d’autres membres de l’organisation ; aussi, par son attitude de protection paternaliste envers Savas Xiros, lourdement blessé par un explosif qu’ils tentaient d’installer ensemble, événement qui a précipité le démantèlement du 17 Novembre.

Koufontinas a débuté sa cinquième grève de la faim le 8 janvier 2021 et l’a arrêtée 66 jours plus tard, le 14 mars. Pendant ces 66 jours, de façon progressive, l’affaire a atteint une importance nationale sur laquelle se sont prononcés, en plus des ministres du gouvernement de droite concernés, les chef.fe.s des partis, le Défenseur des droits, les associations des droits de l’homme, le Syndicat des magistrats, le Barreau d’Athènes et une multitude d’artistes et d’intellectuel.le.s de gauche. Plus encore, ce sont tous les grecs qui se sont formés un avis quant à la légitimité de cette demande de transfert d’une prison à une autre.

Évidemment, il serait parfaitement illusoire de considérer que la mobilisation et l’émotion autour de cette affaire relèveraient d’une sensibilité des citoyens grecs aux droits des personnes incarcérées ou même aux droits de l’homme en général. Il y aurait malheureusement une myriade d’occasions pour exprimer une telle sensibilité, et à propos d’affaires bien plus graves qu’un transfert entre prisons. La revendication de Koufontinas en revanche a atteint la plus haute instance du pays, à savoir le Conseil d’État qui l’a rejetée.

La division de l’opinion publique sur l’affaire fut grosso modo tripartite. Pour la droite dure nationaliste Koufontinas est un simple voyou dont la mort, de n’importe quelle cause, serait juste et bienvenue. Pour la gauche non-réformiste, la question est présentée à la surface comme une question de droits de l’homme avec le fond historique que nous avons déjà évoquée. Pour le centre droite et centre gauche il s’agit de se focaliser sur le caractère inadmissible des actes de Koufontinas vues comme des atteintes terroristes à la démocratie et, par conséquent, sur la repentance de leur auteur. Ces deux dernières perspectives se sont affrontées, juridiquement et politiquement : quelqu’un qui n’a exprimé aucun remord pour ses actes, mérite-t-il la clémence du système pénal ? Cette dichotomie renouvelle exactement la ligne de faille historique autour de la lutte armée. Durant les décennies qui ont suivi la guerre civile, les prisonniers politiques pouvaient mettre fin à leur incarcération ou leur déportation en signant une « déclaration de repentance » désavouant leurs idéaux. Le faire, était considéré dans leur camp comme une trahison ; assumer leurs actions avec fierté était, a contrario, source d’estime.

Koufontinas ne se présente ni en assassin repenti ni même en révolutionnaire retraité. Il offre ainsi à la partie non-réformiste de la gauche un symbole de défiance indéfectible à partir d’une position indéniable de défaite. Dans un cadre où la défaite de cette gauche est omniprésente, où les conséquences du Covid se sont ajoutées à des longues années de chômage, de réduction des salaires et des retraites, de soumission aux recettes du FMI et de la BCE, de l’échec des ambitions du gouvernement de SYRIZA, ce geste de défi revêt une dimension rassurante. En effet, la seule idée qui permette aux vaincus de rester dignes, c’est qu’ils ne se rendent pas et continuent de lutter. La déclaration de Koufontinas à l’arrêt de sa grève de la faim ne dit pas autre chose : « La solidarité et le soutien [à son action…] ont montré l’existence de forces sociales vives résistant au pouvoir arbitraire, à la violence et à l’autocratie. Cela représente un nouvel espoir ».

Seules les métamorphoses des enjeux politiques en Grèce peuvent expliquer comment un homme ayant choisi l’action politique violente dispose aux yeux de la gauche de la crédibilité nécessaire pour accuser de violence ses adversaires. Derrière la posture de Koufontinas se trouve l’ombre de quatre-vingt ans de nobles espoirs déçus et de défaites successives.

[1] Cet article se fonde sur plusieurs éléments empiriques, dont la longue observation du procès du 17 Novembre pour le compte du Barreau d’Athènes en 2003 et aussi du mouvement des places en Grèce en 2011. Le titre rend hommage au travail de Robert Castel sur les métamorphoses de la question sociale en France.

[2] Le 17 novembre 1973 est la date de l’insurrection des étudiants contre la junte des colonels.

[3] C’est alors parfaitement interprétable que pour la une de son livre intitulé « je suis né le 17 novembre », Koufontinas choisit l’image reproduite ici des partisans de la guerre civile, combinée avec une image de l’insurrection du 17 novembre 1973 incluant les slogans « États-Unis dehors » et « Pouvoir au peuple ».

[4] « Mouvement Socialiste Panhellénique », parti ayant une trajectoire semblable à celle du Parti Socialiste français.

[5] Même si la liste des assassinats incluait deux chauffeurs de personnes ciblées et un policier tué à bout portant, peut-être par Koufontinas, lors d’un braquage de banque.

Source https://lundi.am/Les-metamorphoses-de-la-question-politique-en-Grece-80-ans-en-66-jours

Initiative des travailleur.euse.s et étudiant.e.s grec.que.s en France pour les droits démocratiques

Nous sommes jeunes, travailleur.euse.s et étudiant.e.s grec.ques, vivant à Paris indigné.e.s de la politique autoritaire du gouvernement grec, qui a culminé ces dernières semaines.

En tant qu’initiative née par le-bas et organisée par des biais de démocratie directe, sans représenter aucun parti politique, nous sommes solidaires avec le peuple grec, qui proteste contre la répression policière en faveur de la démocratie. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme contre ce régime autoritaire en cours de construction, contre la censure, la répression de la liberté de parole et de pensée ainsi que contre les violations des droits humains fondamentaux en Grèce.

Nous souhaitons que notre lutte rejoigne la lutte du peuple français, contre le racisme et l’impunité des violences policières, carcérales et judiciaires. Nous applaudissons les appels à la justice pour les victimes des violences policières en France. Enfin, nous restons solidaires avec la lutte contre la nouvelle loi de sécurité globale, porteuse d’atteinte à la liberté d’informer et d’être informé.e, tout en globalisant la surveillance.

Le gouvernement grec se veut totalement réticent à renforcer le système national de santé et à prendre des mesures pour gérer la crise sanitaire, dont l’impact est omniprésent tant en Grèce, qu’en France ainsi qu’au reste du monde. En revanche, sous prétexte de la pandémie, les restrictions imposées pour cette cause lui servent afin de poursuivre son agenda politique.

● La société grecque étouffe tant sur le plan psychologique que financier. Des nouvelles réformes se votent conformément aux intérêts néolibéraux du gouvernement et des nouvelles mesures épuisantes s’imposent au nom de la pandémie, quand ces dernières regardent uniquement le peuple et pas le gouvernement. Les écoles restent fermées ainsi que le commerce et tout déplacement non essentiel est interdit. Malgré ces mesures, la situation sanitaire du pays ne cesse de s’aggraver.

● Sous prétexte de la crise sanitaire, toute réaction est interdite, le droit à la protestation est menacé et toute manifestation est réprimée violemment par les forces de l’ordre, qui se veulent incontrôlées. Au cours des dernières semaines, les témoignages des citoyen.nes, objets des violences policières sans précédent, faites dans le cadre d’inspection du respect des mesures sanitaires, sont effrayants. Le jeune homme, qui s’est fait tabasser par des policiers à Nea Smyrni (banlieue d’Athènes), est l’exemple par excellence. La multitude des cas injustifiés de mise en garde à vue et d’arrestations violentes font preuve de la violation en cours des droits fondamentaux. En même temps, les témoignages des personnes ciblées par la police à cause de leurs idées politiques, torturées verbalement et physiquement lorsque arrêtées par la police se multiplient. Les exemples d’Aris Papazacharoudakis torturé pendant la mise en garde à vue, et d’Efi, arrêtée lors d’une manifestation et victime de harcèlement sexuel par les policiers, sont des exemples emblématiques. En parallèle, le gouvernement refuse d’appliquer la loi et de satisfaire les justes demandes du détenu Dimitris Koufontinas.

● La loi selon laquelle la police s’installe au sein des universités grecques est votée. La Grèce sera le premier pays au monde dont les universités seront remplies de policiers au lieu des étudiant.e.s. Les forces de l’ordre ont violemment mis fin à toute manifestation munie par des étudiant.e.s, qu’il soit du squat symbolique des bâtiments universitaires ou des marches de protestation.

● Les médias systémiques sont sous le contrôle total du gouvernement. Les preuves d’attaques policières autant que ceux d’affaires impliquant des personnes proches du gouvernement sont dissimulées et falsifiées (ex. l’affaire de pédophilie du directeur du Théâtre National D.Lignadis, l’accident routier devant le parlement dû à une voiture de gouvernement, la publication à la télé, par un député du gouvernement, des données personnelles d’un arrêté). La répression de la liberté de la parole culmine par le biais de la censure sur les réseaux sociaux, où des publications ou même des comptes personnels des journalistes, des avocat.e.s et des médias d’information se trouvent bloqués.

A BAS LES VIOLENCES POLICIÈRES DE TOUS LES GOUVERNEMENTS
LA SANTÉ D’ABORD, LA POLICE DEHORS
SOLIDARITÉ AVEC LES VICTIMES DES POLITIQUES AUTORITAIRES

La dette prétexte pour imposer des politiques d’austérité

Refusons l’instrumentalisation de la dette pour imposer de nouvelles politiques d’austérité ! par Attac France.

La Commission sur l’avenir des finances publiques, présidée par Jean Arthuis, ancien ministre des finances de Jacques Chirac, vient de rendre son rapport. Sans surprise, malgré une prudence de forme, il ressasse les vieilles rengaines libérales et vise à préparer l’opinion publique à une future politique d’austérité. Présentée dans la presse comme censée « faire de la pédagogie auprès de l’opinion sur la nécessité de reprendre le contrôle de la dette », la Commission Arthuis mène en réalité un véritable travail d’enfumage de l’opinion.

Ainsi la commission ose écrire qu’ « il faut être clair sur ce point : il n’y a pas d’argent magique ». Quand on sait que son mandat excluait toute hausse d’impôt, on comprend mieux cette affirmation. En effet, s’il n’est pas possible de faire payer leur juste part d’impôt aux plus riches et aux grandes entreprises qui échappent aujourd’hui massivement à l’impôt, s’il n’est pas possible de rétablir un impôt sur la fortune ou la progressivité de l’imposition des revenus financiers, s’il n’est pas possible de taxer les entreprises là où elles réalisent leurs activités plutôt que là où elles déclarent artificiellement leurs profits, et si on exclut toute possibilité d’annulation de la dette ou de dette perpétuelle, alors en effet il ne reste comme seule solution que les politiques d’austérité, la poursuite de la casse des services publics et de la protection sociale.

Si la Commission « se défend de préparer le terrain à l’austérité », elle propose d’instaurer une « règle d’or sur la dépense publique », reposant sur l’idée que « l’évolution des dépenses soit inférieure à l’évolution des recettes », ce qui revient de fait à imposer une politique d’austérité et à réduire les choix démocratiques en matière de budget.

On se souvient par ailleurs que l’argument de l’absence d’ « argent magique » avait été utilisé par Emmanuel Macron pour refuser aux personnels hospitaliers de leur donner les moyens de travailler. De l’argent magique, il y en a pourtant quand il s’agit de distribuer « quoiqu’il en coûte » des aides massives aux grandes entreprises, sans aucune contrepartie sociale, fiscale ou environnementale.

Mystérieusement, la Commission oublie de présenter la lutte contre l’évasion fiscale comme un moyen de réduire les déficits publics. Elle omet également de « faire de la pédagogie » pour expliquer à l’opinion que le gouvernement a décidé de prolonger la CRDS (Contribution au remboursement de la dette sociale), qui prélève tous les revenus aux taux de 0,5 %, sans aucun souci de justice fiscale.

De plus, elle prône une nouvelle « gouvernance » en proposant de séparer le Haut conseil des finances publiques de la Cour des comptes, à laquelle il est actuellement rattaché. Alors que la Cour des comptes est remise en question dans ses missions juridictionnelles de juge des comptes publics, une telle séparation a de quoi interroger sur le mode de gouvernance envisagé discrètement par la Commission. Va-t-on vers une entité dont le statut n’est pas clarifié et donc la légitimité serait questionnée, et ayant pour objectif de procéder à des injonctions au gouvernement sans éclairage de la Cour des comptes ?

Face à l’enfumage orchestré par la Commission Arthuis, Attac :

  • rejette la logique néolibérale de cette « remise en ordre » qui entraînera un retour à l’austérité budgétaire dont la crise sanitaire a démontré les effets tragiques sur les inégalités, sur l’hôpital public et notre système de santé.
  • affirme son refus de voir la dette publique instrumentalisée pour imposer une nouvelle cure d’austérité
  • considère que l’objectif doit être de réduire l’emprise des marchés financiers sur les politiques publiques par : 1. un audit citoyen sur la dette 2. une restructuration et une annulation partielle de la dette détenue par la BCE en fonction d’objectifs écologiques 3. le financement monétaire des dépenses publiques prioritaires 4. la réduction de la dette détenue par les créanciers étrangers.
  • propose de remplacer l’injuste CRDS par une CRDC (Contribution au remboursement de la dette Covid) payée par les plus riches et les grandes entreprises dans un souci de justice fiscale.

Ces revendications ont été détaillées dans la note « Qui doit payer la dette Covid ? »

Attac publiera ce vendredi une tribune dans Libération, signée par de nombreux économistes, artistes, responsables associatifs et syndicaux.

Source https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/refusons-l-instrumentalisation-de-la-dette-pour-imposer-de-nouvelles-politiques?pk_campaign=Infolettre-2760&pk_kwd=france-attac-org-actus-et-medias

Les droits démocratiques violemment attaqués en Grèce

Crédit Photo De l’argent pour la santé, pas pour la répression et le terrorisme. Ef Syn

Les droits démocratiques violemment attaqués en Grèce comme au «sale vieux temps» ?

Ces dernières semaines, poussé par ses échecs chaque jour plus évidents (manque de soignantEs, dette croissante…) et par de très fortes mobilisations contre sa politique (éducation, santé, environnement…), le gouvernement « orbanisé » de Mitsotakis a accentué sa politique répressive, avec la volonté manifeste d’en faire un axe central.

La défense des droits démocratiques relève de l’urgence, même si les grosses manifestations qui ont rempli la semaine écoulée n’oublient pas pour autant les revendications sociales. Face à une droite dont l’inspiration actuelle renvoie à la période de la junte (1967-1974), pour ne pas dire de la guerre civile (1945-1949), la lutte contre l’État policier est une priorité.

Trois luttes pour les droits

– On assiste à des luttes étudiantes massives contre la loi de privatisation et de répression, avec 20 millions budgétés pour créer un corps de 1 000 policiers dans les facs ! La loi a été votée, mais manifs et occupations continuent. La police est intervenue violemment la semaine dernière à Salonique contre l’occupation de la présidence, déclenchant des manifs géantes, avec participation des enseignantEs. À Ioannina, la ministre de l’Éducation a carrément ordonné au président de la fac occupée d’appeler la police, ce qu’il a refusé ! Et partout dans le pays, on voit descendre des milliers de jeunes dans les rues, contre la répression et pour le droit aux études ;

– Mobilisations également, à l’appel d’organisations solidaires, en soutien aux droits du prisonnier politique Koufondinas qui après 65 jours, vient d’arrêter sa gréve de la faim ;

– En partie en conséquence des deux mobilisations précédentes, portée entre autres par l’Initiative des juristes et des avocats, la défense des droits démocratiques a pris cette semaine une très forte dimension, après que dimanche dernier, des habitantEs de Nea Smyrni, banlieue d’Athènes, se sont vu ordonner sans raison de quitter la place où jouaient leurs enfants, par des flics de Drasi, une unité de « voltigeurs » tristement célèbres pour leur violence… qui s’est ensuite déchaînée contre un jeune solidaire, battu et injurié (« On espère te voir crever, les gens comme toi et Koufondinas »…). Mais ce qui a suivi cet acte terroriste, ce n’est pas la peur, mais une immense colère populaire, qui a culminé le mercredi où plus de 10 000 habitantEs ont manifesté dans la ville, avec plus tard des flics déchaînés frappant et arrêtant sans motif, sous les huées des gens aux balcons. Et alors que s’accumulent les témoignages de violences policières (« Venez, on va les tuer »), de menaces de viols, et la dénonciation d’une politique de terreur (depuis novembre, 839 interpellations, 376 arrestations, rappelle le journal Ef Syn), le week-end dernier ce sont des milliers de manifestantEs qui se sont rassemblés dans de nombreuses villes.

Même pas peur

Impressionnant : dans les manifs, on voit avant tout des milliers de jeunes crier « Le terrorisme ne passera pas ». C’est le fruit des années de luttes contre les nazis armés et protégés par la police, mais aussi le refus déterminé de la droite au pouvoir, ce que confirment les sondages. Le gouvernement est bousculé, ses mensonges et sa manipulation des médias apparaissent de plus en plus, c’est un premier pas très important. La suite dépendra bien sûr des capacités d’agir en front uni, cela se dessine un peu ici ou là, mais déjà le succès des rassemblements du week-end dernier dans des banlieues ouvrières (Elefsina, Egaleo…) est un indice de l’ampleur de la colère de classe !

A. Sartzekis

Athènes, le 14 mars 2021

Source https://lanticapitaliste.org/actualite/international/les-droits-democratiques-en-grece-violemment-attaques-comme-au-sale-vieux

Manifestation massive de médecins à Athènes

17 mars 2021
L’une des plus grandes manifestations de ces dernières années a eu lieu à Athènes le mercredi après-midi, organisée par les syndicats de médecins grecs et demandant le soutien du système de santé  public grec qui s’effondre sous la pression de la pandémie.

Les manifestants ont également demandé l’embauche immédiate du personnel nécessaire et la réquisition  des hôpitaux privés sans indemnisation. Ils ont également protesté contre l’autoritarisme et la répression de l’État.

Voir la vidéo sur la source http://www.defenddemocracy.press/massive-doctors-demonstration-in-athens/

Grèce : Un tournant dans l’affaire Koufontinas ?

Plusieurs organisations de gauche et de défense des droits de l’homme ont lancé un appel * au « militant Dimitris Koufontinas pour qu’il sauve sa vie » en interrompant sa grève de la faim. Ces organisations ont fortement soutenu Koufontinas pendant ses grèves de la faim. Leur texte en grec peut être consulté ici https://thepressproject.gr/ekklisi-aristeron-organoseon-zitame-apo-ton-agonisti-dimitri-koufontina-na-meinei-zontanos/.

Dimitris Koufontinas, 63 ans, se trouve actuellement entre la vie et la mort, dans une unité de soins intensifs à l’hôpital de Lamia, suite à la grève de la faim qu’il a entamée début janvier. Il demande l’application de la loi qui prévoit, de manière non équivoque, son transfert à la prison de Korydallos. Quatre des six partis politiques représentés au Parlement grec, l’Association des juges et procureurs grecs et de nombreuses organisations et personnalités ont demandé la satisfaction de sa demande. Mais le gouvernement refuse de satisfaire sa demande. Le Premier ministre Mitsotakis est allé jusqu’à l’accuser de menacer et de « faire chanter » son gouvernement, depuis son lit dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital Lamia.

Selon ses médecins, « son état est très critique en raison de nombreux et complexes troubles accumulés des systèmes organiques, avec un risque évident de dommages et de déficiences permanents, mais aussi un risque potentiel constant de mort subite ». (https://www.capital.gr/epikairotita/3531973/d-koufontinas-oriaki-i-katastasi-tis-ugeias-tou-sumfona-me-tous-giatrous-tou). Même s’il commence immédiatement un processus de réalimentation, il s’agira d’un traitement délicat et dangereux.

Cette affaire et les cas plus larges d’extrême brutalité policière ont provoqué une série de manifestations quotidiennes. Une dizaine de ces manifestations, principalement avec des slogans contre l’autoritarisme, mais aussi pour la satisfaction des demandes de Koufontinas, ont eu lieu le samedi 13 mars dans une dizaine de quartiers différents d’Athènes, sans que les médias n’en parlent. Selon certaines informations que nous ne sommes pas en mesure de vérifier et que nous écrivons avec une grande réserve, il y a un effondrement de la popularité du gouvernement dans les sondages qu’il réalise lui-même, avec d’énormes mouvements des électeurs de la ND (9%) vers l’extrême droite et, plus important encore (12%) vers les  » indécis « , étant donné le problème de crédibilité de la gauche depuis 2015.

L’appel à Koufontinas d’arrêter la grève de la faim peut être probablement, mais personne ne peut en être certain, le début d’une  » désescalade  » de la crise autour du gréviste de la faim. Si tel est le cas, la Grèce fera l’économie d’une crise grave, probablement planifiée par des forces internationales extrémistes pour des raisons liées aux affaires européennes, à la géopolitique et à la « guerre civile » au sein de l’establishment occidental.

Mais même si cela se produit, les facteurs qui ont provoqué et rendu possible cette crise ne disparaîtront pas.

DK Source http://www.defenddemocracy.press/greece-a-turn-in-koufontinas-case/


Appel des organisations de gauche: « Nous demandons au combattant Dimitris Koufontinas de rester en vie »

Après l’épuisement de tous les moyens, juridiques, sociaux, et avec la répression atteignant les limites du détournement, et avec le gouvernement sourd à toute demande juste et légitime, dans le paysage politique que tout cela façonne, les organisations de gauche considèrent que « la nécessité pour la défense des droits et libertés démocratiques de toute la société et le conflit avec l’autoritarisme du gouvernement a uni un potentiel multiforme qui est apparu militairement au premier plan « , et à l’occasion de la grève de la faim de Dimitris Koufontinas. Enfin, ils se tournent maintenant vers le gréviste de la faim lui-même et lui demandent de « rester en vie » tant que les luttes se poursuivent.

Le texte intégral de l’appel est le suivant :

LA PASSION DE LA LIBERTÉ

Dimitris Koufontinas est au 64e jour d’une grève de la faim. Le gouvernement, isolé et sans aucun soutien populaire, tente d’assassiner Dimitris Koufontinas parce qu’il a refusé de signer des déclarations de repentir et se bat avec dignité pour être transféré à Korydallos et mettre en œuvre ce que la loi de vengeance votée par le gouvernement lui-même a adopté. .

Les mouvements de solidarité qui se sont développés dans tous les coins de la Grèce ont été confrontés à la répression la plus barbare. Les manifestations ont été interdites, matraquées sans aucune hésitation par l’appareil d’État avec des centaines d’arrestations, de blessés et d’incarcérations. Peu à peu, cependant, une partie croissante de la société, des jeunes et des travailleurs se sont joints à la lutte de Dimitris Koufontinas. À l’avant-garde de la solidarité avec la grève de la faim, un large mouvement de masse a émergé qui a gagné militairement sa présence dans les rues en brisant les interdictions de la junte. Dans le même temps, la nécessité de défendre les droits et libertés démocratiques de l’ensemble de la société et le conflit avec l’autoritarisme du gouvernement ont uni un potentiel multiforme qui s’est manifesté de manière militante.

Les jeunes, les groupes et les organisations de gauche et de l’espace anarchiste, les avocats, les artistes, les fans, les intellectuels, les syndicats, les associations étudiantes, les groupes municipaux et les clubs de travailleurs, les groupes féministes, les militants, les initiatives des habitants unis dans leurs voix et les manifestations à Nea Smyrni, au centre d’Athènes, à Thessalonique après l’évacuation de l’occupation du rectorat de AUTh, à La Canée et dans d’autres villes. La rivière ne va jamais dans l’autre sens. Malgré la fureur meurtrière des forces de sécurité et les efforts des grands médias, il est clair que la peur a changé de camp.

La grève de la faim héroïque et l’attitude inébranlable de Dimitris Koufontinas ont fonctionné de manière exemplaire.

Sa demande, parfaitement légitimée dans la conscience de la société, n’est pas satisfaite par un gouvernement en marge, désormais soutenu uniquement par l’ambassade américaine, les médias grand public, les forces répressives et certains fascistes. Cependant, la grève de la faim a remporté une plus grande victoire, remplissant le mouvement de confiance et d’optimisme pour la confrontation difficile à venir, créant la panique dans les états-majors.

Nous livrerons cette bataille tous ensemble, à l’intérieur et à l’extérieur des cellules. C’est pourquoi nous demandons au combattant Dimitris Koufontina de rester en vie et de continuer le combat ensemble. Rien n’est fini, tout continue. Nous gagnerons!

Déclaration conjointe de:
Confrontation – Groupe de communistes Réseau
ARAS
pour les droits politiques et sociaux Ligne rouge
EEK


. » 

Grèce : Manifestations et black-out médiatique massif

Grèce : Manifestations anti-gouvernementales massives, black-out médiatique massif  Par Andreas Maris

Les médias internationaux, y compris ceux qui ont des correspondants en Grèce, ont imposé un black-out quasi total aux informations en provenance de ce pays. Cela doit être considéré comme une indication assez sérieuse de l’importance internationale énorme de ce qui se passe actuellement en Grèce.

Mardi, trois manifestations très massives ont eu lieu à Athènes, Salonique et Samos. La manifestation de Salonique était la plus grande manifestation d’étudiants depuis des décennies.

À Athènes, l’Initiative des avocats et des juristes, diverses organisations de gauche et un certain nombre de syndicats, dont le syndicat des acteurs, ont organisé une marche massive pour protester contre la répression et la barbarie policières.

Les manifestants protestaient également pour le traitement réservé au gréviste de la faim Koufontinas, que le gouvernement grec semble avoir indirectement condamné à mort et, également, pour la gestion de la pandémie.

Les acteurs protestent également contre ce qu’ils considèrent comme un effort du gouvernement pour étouffer, autant que possible, le grand scandale lié à Dimitris Lignadis, l’ex-directeur du Théâtre national, qui a été arrêté et accusé de viols sur mineurs. (Un site satirique grec a écrit qu’il étudie actuellement, en prison, la biographie d’Epstein). Il est très probable que ce cas n’est pas un cas isolé, mais juste la pointe d’un iceberg. L »élite » grecque a toujours été corrompue (dans la plupart des cas par des élites européennes « non corrompues », comme Siemens, qui payait presque tout le monde en Grèce). Mais maintenant, il semble que certaines des formes les plus horribles de criminalité soient tolérées au centre même de l »élite », ce qui la rend également plus vulnérable à toutes sortes de chantages.

À Salonique, les étudiants ont également protesté contre les tactiques de la police. Depuis deux semaines, ils occupaient un bâtiment de l’université, mais ils avaient annoncé qu’ils le quitteraient jeudi à 11 heures, heure locale. Au lieu d’attendre, la police a pris d’assaut le bâtiment et, dans le même temps, a interdit à la presse de s’approcher des lieux et de couvrir l’événement. Les syndicats de journalistes de Grèce ont protesté. Le résultat a été la manifestation étudiante qui a suivi et de nouveaux affrontements violents avec la police.

Le gouvernement grec semble utiliser non pas une tactique d’oppression habituelle mais plutôt une « stratégie de la tension ». Il n’opprime pas un mouvement existant, il le crée. Il provoque les gens dans le but de les supprimer. Cette stratégie a été utilisée en Grèce et en Italie pendant la guerre froide et consiste à créer une tension artificielle, en utilisant divers moyens, y compris, dans son plein développement, des méthodes comme le vrai ou le faux terrorisme, les enlèvements et les assassinats.

Nous n’en sommes pas encore là, mais de nombreux éléments indiquent que nous sommes en train de franchir une frontière en Grèce.

Comme Koufontinas va très probablement mourir d’une grève de la faim, personne ne peut savoir quel type d’attaque armée, réelle ou fausse (provocations), peut se produire et être utilisée pour justifier des mesures d’urgence.

En Grèce, cette stratégie, organisée et appliquée par le réseau Gladio de l’OTAN, la CIA et d’autres agences, a finalement conduit à la dictature des colonels en 1967.

Si une telle stratégie de la tension existe, comme toutes les indications que nous avons semblent l’indiquer, elle ne peut pas avoir été conçue par les politiciens grecs.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Source http://www.defenddemocracy.press/global-coup-detat-mapping-the-corporate-takeover-of-global-governance-2/

Mitsotakis peut-il devenir un « Thatcher grec »

Mitsotakis peut-il devenir un « Thatcher grec », et qui le pousse à essayer de jouer un tel rôle ? (*) Par Dimitris Konstantakopoulos

Le gouvernement grec semble capable – et le seul capable – de provoquer une sorte de révolution dans le pays ! Il y est déjà parvenu à Nea Smyrni (banlieue des classes moyennes d’Athènes), où il a réussi à faire sortir dans la rue les citoyens grecs, par ailleurs endormis, pour protester contre la violence policière, d’une manière massive que Nea Smyrni n’avait pas connue depuis des décennies.

Les performances du gouvernement à Halandri (une autre banlieue des classes moyennes d’Athènes), ne sont pas non plus mauvaises. Là, la police a pris d’assaut un marché de légumes populaire.

Et, si la proposition de Varoufakis à SYRIZA et au KKE (PC de Grèce) pour une action commune contre les menaces à la démocratie est acceptée, alors le gouvernement grec aura accompli le « huitième miracle du monde », c’est-à-dire la coopération des partis de gauche grecs.

On ne sait pas par où commencer et où chercher dans une Grèce hors de contrôle, où (le slogan du gouvernement) « la loi et l’ordre » se transforme rapidement en son contraire. Aux hôpitaux qui tombent en ruine ? Dans la police qui devient folle et dans la nouvelle unité « Action » créée par le gouvernement et spécialisée dans le passage à tabac de n’importe qui sans discernement ? Ou encore à la performance de la plupart des médias grecs, qui est maintenant comparable au rôle que les médias jouaient sous la junte des colonels ou sous le régime stalinien en URSS ?

Dans un sens, les médias grecs ont dépassé ces records historiques, notamment dans leur capacité à cacher à l’opinion publique des éléments d’information tout à fait importants.  (Bien sûr, il est bon de rappeler que ni les médias grecs sous les colonels ni les médias soviétiques n’ont pu sauver leurs régimes respectifs. Au contraire, non seulement ils ont précipité leur effondrement, mais ils l’ont finalement rendu plus catastrophique).

Nous sommes même en train de passer du contrôle des flux d’information à la construction de l' »information ». Comme le dernier sondage, selon lequel sept Grecs sur dix sont favorables à la fermeté du gouvernement face à la grève de la faim de Koufontinas, même si le prisonnier meurt. Pour que cela soit vrai, cela signifie que cette opinion est partagée par une partie considérable des électeurs de SYRIZA, du KINAL (ex-PASOK), du Parti communiste et de MeRA25 (Varoufakis)…

Avec l’élan qu’ils ont pris, ils finiront par croire eux-mêmes de telles choses.

Selon certaines sources bien informées, le Premier ministre est maintenant fortement conseillé par des personnes de son cercle intime de rester ferme sur les questions d' »ordre et de sécurité » en général et certainement sur la question du Koufontinas. Ils lui conseillent de rester ferme et de ne pas tenir compte de l’avis de certaines figures centrales de l’establishment lui-même, comme le directeur du journal progouvernemental Vima, qui lui a conseillé d’adopter une attitude plus indulgente.

L’héritage de la « Dame de fer

L’argument de ces conseillers du Premier ministre est qu’en restant fidèle à la ligne politique actuelle sur les questions d' »ordre et de sécurité », il a une occasion historique de devenir une « Thatcher grecque ».

La tentation est grande pour le Premier ministre, alors qu’il est pressé par la réalité, de la fuir encore plus impétueusement, avec des doses plus importantes d’un médicament qui s’est déjà révélé être un poison. La peur peut mener dans différentes directions. Un leader fort est plus enclin à introduire la réalité dans ses calculs. Une personnalité faible est au contraire terrifiée par la perspective de détruire sa propre « image ».

Un leader et une personnalité forts peuvent réfléchir froidement et céder. Un leader et une personnalité faibles ont encore plus peur d’un recul et se laissent plus facilement piéger dans une mauvaise voie.

Nous devons dire dès le départ qu’une comparaison des politiciens grecs actuels avec des politiciens tels que Thatcher, de Gaulle, Roosevelt ou Churchill, qui ont mené de grandes transformations, n’est tout simplement pas sérieuse. Elle ne peut être prise que comme une plaisanterie. Les ambitions et les fantasmes sont bons, mais il faut les comparer à la réalité pour ne pas être entraîné dans de très grosses erreurs.

Il n’y a pas une chance sur un million que le Thatcherisme de 1981 se répète en 2021 et en Grèce, tant pour des raisons subjectives qu’objectives. Si on en parle ici, c’est parce que si on croit à quelque chose, même si c’est complètement improbable, alors on peut produire des résultats politiques importants.

Il est vrai que Thatcher a adopté une position absolument impitoyable sur la question de la grève de la faim des combattants républicains irlandais détenus dans les prisons britanniques.

L’assassinat indirect des grévistes était l’un des innombrables crimes de l’Empire britannique dans le monde, à l’instar de ce qu’il a fait à Chypre, où ses représentants ont pendu de jeunes Grecs et les ont enterrés dans les « tombes des prisonniers » (Fylakismena Mnimata), sans même permettre à leurs mères et à leurs pères d’assister à leur enterrement.

C’était le niveau de civilisation standard de l’impérialisme britannique. Et ils se demandaient pourquoi ils ne pouvaient pas apprivoiser leur petite colonie.

 En une autre occasion, la « Dame de fer », comme était son surnom, ordonna le naufrage d’un navire argentin et d’un millier de marins par traîtrise, en dehors du champ d’opérations que les Britanniques avaient eux-mêmes défini pendant la guerre des Malouines.

Il est vrai que ces crimes, ainsi que l’écrasement de la grande grève des mineurs, ne semblent pas avoir causé de tort politique à Thatcher. Au contraire, ils ont renforcé son pouvoir politique. À long terme, bien sûr, la politique de la « Dame de fer » a jeté les bases de la désindustrialisation de la Grande-Bretagne, de sa profonde crise sociale et a maintenant amené le Royaume-Uni, un État à l’histoire séculaire, à la possibilité de se désintégrer en ses parties constituantes. À la mort de Thatcher, des milliers de personnes dans le monde entier ont éclaté en manifestations de joie spontanées.

Nous n’examinerons pas ici les grandes questions morales soulevées par l’héritage de Thatcher et qui, comme nous l’a appris Thucydide, ont à la fois une grande importance et de grandes implications politiques. Nous voulons parler du Thucydide de l’Épitaphe, et non du Thucydide tel qu’il est compris par de nombreux Grecs modernes qui, trahissant leur propre moralité et leur ignorance, croient qu’il enseignait que la justice ne compte pas, mais seulement le pouvoir.

Nous ne comparerons pas non plus les personnalités de Thatcher et de Mitsotakis.

Nous nous contenterons d’examiner trois raisons cruciales pour lesquelles le précédent britannique des années 1980 n’est pas reproductible dans la Grèce de 2021 et pourquoi toute tentative de le répéter aura des conséquences tragiques pour le pays, mais aussi pour ceux qui la tenteront.

Les différences essentielles

Premièrement, Thatcher a enfourché le destrier du néolibéralisme lors de son ascension, et non pas lors de sa grande crise, comme aujourd’hui. Même le chef de file de l’anti-étatisme grec (ex-ministre) Stefanos Manos est sorti l’autre jour, furieux parce qu’il était resté six jours sans électricité à Ekali (une banlieue riche d’Athènes), en criant « Où est l’État ? ». (lors d’une récente tempête qui a frappé la Grèce). Les statistiques mondiales de la pandémie sont claires à ce sujet : les pays dits socialistes et les pays capitalistes qui ne sont pas passés au néolibéralisme extrémiste ont résisté au COVID, tandis que les États-Unis et l’Europe occidentale ont subi et subissent encore un Waterloo sanitaire.

Avec sa politique, Thatcher a rallié (et l’a dit) les deux tiers de la société contre le tiers le plus pauvre. Ici, même s’ils ont disparu de la réalité télévisuelle virtuelle, la moitié des Grecs ne peuvent pas survivre et beaucoup n’ont même pas de quoi se nourrir décemment.

Un million et demi de Grecs en âge de produire sont hors production. Le gouvernement est totalement indifférent aux chômeurs de longue durée, comme s’ils n’existaient pas.

Au train où vont les choses, il faudrait probablement une forme de dictature, ouverte ou cachée tant que nous restons dans l’UE, pour « persuader » tous ces gens d’accepter tranquillement la perspective d’une extrême misère, voire d’une mort prématurée. Mais il est très douteux qu’une dictature basée sur une base sociale et idéologique aussi étroite puisse être imposée. Une tentative de l’imposer conduira plutôt à une généralisation de l’anarchie et à la décomposition du pays. Mitsotakis ne peut pas devenir un dictateur, mais il peut préparer le terrain pour un futur dictateur.

La Grèce (comme tout l’Occident) n’a pas besoin de plus de néolibéralisme, mais plutôt d’un abandon complet et radical des doctrines néolibérales, même si l’on pense qu’elles avaient quelques avantages en 1980. Le fiasco mortel du gouvernement avec le NHS grec le prouve amplement.

Deuxièmement, Thatcher a enfourché le cheval de la tradition impériale britannique. L’Empire a peut-être détruit des dizaines de pays et de peuples de la planète, mais il a aussi distribué une partie des superprofits, issus du pillage du colonialisme, aux classes inférieures et moyennes britanniques, achetant ainsi la complicité d’une partie de la société britannique.

La troisième différence, beaucoup plus intéressante, entre Thatcher et Mitsotakis, en est une autre à notre avis. Avec son insensibilité face à la mort de Boby Sands et de ses camarades, Thatcher a strictement respecté l’ordre juridique britannique et a protégé, et non détruit, la souveraineté et le pouvoir de l’État britannique.

Voici la grande et cruciale différence : dans le cas de Koufontinas, l’État grec viole clairement l’ordre juridique grec. La loi grecque exige le transfert de Koufontinas à la prison de Korydallos.

Le prisonnier a eu recours à une grève de la faim pour faire respecter la loi de l’État grec !

Sands a été conduit à la mort par l’application de la loi britannique (inhumaine). Koufontinas est conduit à la mort en violation de la loi grecque et se bat pour l’application de la loi.

 Lutte contre le terrorisme ou lutte contre la démocratie ?

Cette histoire a très peu à voir avec Koufontinas ou avec le terrorisme. Koufontinas a été choisi comme cible parce qu’il est le moins défendable des citoyens grecs et parce que quiconque ose défendre ses droits se range facilement parmi les « amis » et les « sympathisants » du terrorisme.

 Mais dans la position de Koufontinas, c’est-à-dire d’un citoyen virtuellement sans défense contre la violation non informée de la loi par les organes de l’État, on peut trouver demain n’importe quel citoyen de gauche, de droite, centriste ou apolitique et sur n’importe quelle question, politique ou autre.

Ceux qui ont planifié cette affaire veulent « éduquer », par la force de l’exemple, les citoyens et consolider l’idée que personne ne peut compter sur la loi et l’État – la seule solution est de se soumettre à la volonté de ceux qui exercent le pouvoir.

Ils ne sont pas intéressés par la lutte contre un « terrorisme » qui a pratiquement disparu de la Grèce en tant que menace à prendre en compte depuis deux décennies et qui, s’il ressuscite, qu’il soit authentique ou fabriqué, le sera précisément à cause de cette affaire. Ce qui les intéresse, c’est de combattre la démocratie.

C’est un grand honneur pour les juges et les procureurs grecs d’avoir compris cela et d’avoir réagi par l’intermédiaire de leur syndicat, ainsi que des barreaux de Patras et du Pirée et de six membres de l’Areios Pagos (la cour suprême en Grèce).

Car en définitive, il n’y a que deux situations possibles. L’État de droit ou la loi de la jungle.

Le Dictateur

En fait, en utilisant le prétexte du terrorisme ou du caractère des actes passés du prisonnier, il y a une tentative claire, imperceptible, de commencer à mettre en œuvre un changement de régime, en introduisant un régime d’exception, qui consiste à reconnaître de facto le droit du pouvoir à ne pas obéir à ses propres lois.

L’un des plus grands théoriciens du droit, l’Allemand Karl Schmitt, a défini un dictateur comme suit : « Le souverain est celui qui décide de l’exception ». Pour Schmitt, l’exception ne correspond pas à la notion classique d’utilisation de moyens exceptionnels pour « sauver la constitution », mais plutôt à un mécanisme permettant de créer une autre constitution.

Le dictateur a déjà été introduit officiellement en Grèce en 2010, sous la forme de la Troïka, représentative, en dernière analyse, de l’empire du capital financier mondial. Mais son introduction à l’époque ne concernait que la politique économique de l’État.

Maintenant, on tente d’étendre son pouvoir à ce qui concerne le monopole étatique de l’utilisation légale du pouvoir, qui est la caractéristique ultime d’un pouvoir étatique.

A la recherche d’idiots utiles

« La plus grande erreur que nous ayons commise dans cette affaire est la disposition explicite de la loi selon laquelle Koufontinas ira à la prison de Korydallos » m’a dit une personne raisonnable du parti Nouvelle Démocratie.

« Si c’est le cas, pourquoi ne le réparez-vous pas ? » lui ai-je demandé. Peut-être que les fonctionnaires grecs qui ont rédigé la dernière loi ont fait une erreur. Après tout, l’État grec est « enclin aux erreurs ». Mais les fonctionnaires américains qui surveillent de près la politique antiterroriste grecque ne sont pas si « sujets aux erreurs ».

Bien sûr, nous pouvons nous tromper. Il est difficile de trouver des preuves décisives et un « pistolet fumant » dans de tels cas. Nous avons néanmoins l’impression que derrière l’affaire Koufontinas, ainsi que derrière toute la doctrine de « l’ordre public », se cache la même faction radicale et extrémiste au centre même du pouvoir impérial (de l’empire de la finance).

C’est le même noyau qui a utilisé le terrorisme pour lancer la chaîne de guerres dévastatrices au Moyen-Orient, le même qui nous a utilisé en 2010, pour commencer la démolition de l’État-providence dans toute l’Europe, le même qui a attaqué Chypre et a acquis le contrôle de ses banques par le programme de renflouement, le même qui a attaqué en Ukraine en 2013-14, pour commencer la nouvelle guerre froide, le même qui a utilisé la défaite par capitulation de la gauche grecque en 2015, pour canaliser le radicalisme provoqué par la crise vers l’extrême droite mondiale.

Nous ne voulons certainement pas dire que la voie empruntée par le parti Nouvelle Démocratie va à l’encontre de ses souhaits. Ce que nous voulons dire, c’est qu’ils ne l’ont pas prise, et qu’ils ne la prendraient pas, s’ils estimaient qu’une telle voie ne correspond pas aux désirs profonds des puissants centres de pouvoir étrangers. Bien sûr, le système impérial qui dirige l’Occident est fortement divisé et l' »élite » grecque est à peine capable de savoir avec laquelle de ses factions elle est en contact à chaque fois. Pour elle, l’Occident est le maître, et cela suffit. Une guerre civile à l’intérieur de la puissance est aussi inconcevable et malvenue, qu’un divorce de ses parents à un petit enfant.

Nous passons maintenant de la démolition de l’État-providence européen d’après-guerre à l’entreprise de démolition des vestiges de la démocratie bourgeoise et de la souveraineté des nations européennes. Et ils ont besoin d’un pays – un « idiot utile » – pour démarrer de quelque part, comme en 2010, l’ensemble du processus. Détruire ce qui reste de la démocratie européenne et occidentale est également une condition préalable pour lancer de nouvelles guerres et pour appliquer la doctrine du « Choc des civilisations ».

Ils ont également besoin que le gouvernement actuel procède à des actions qui ne sont pas réversibles et qui l’enfermeront définitivement dans une telle voie.

Comment ils convainquent nos politiciens

Pour convaincre l’élite grecque de coopérer à de telles entreprises, de nombreux moyens et méthodes sont utilisés. Mais il est toujours préférable pour elle de croire qu’elle va aussi gagner quelque chose, que la pilule soit sucrée, de voir le fromage et non le piège, de penser que tout cela aura une fin heureuse.

  Le Premier ministre George Papandreou croyait qu’il allait sauver la Grèce avec l’aide de ses amis américains et du FMI. Le Premier ministre Antonis Samaras qu’ils allaient restructurer la dette grecque. Le Premier ministre Alexis Tsipras pensait que les amis américains (encore !) lui garantiraient un accord présentable avec les prêteurs.

Ils ont convaincu M. Mitsotakis, et ils veulent le garder convaincu, qu’il deviendra le « Thatcher grec » et il est nécessaire de le faire, car la ND peut vouloir une telle orientation de la politique, mais cela ne signifie pas qu’elle n’a pas aussi peur des conséquences.

Ils ont même mobilisé, en l’absence de la moindre déclaration officielle américaine, un diplomate à la retraite, aspirant à devenir ambassadeur en Chine, Nicholas Burns, pour les féliciter de leur position ferme. Ils ont commencé à publier des sondages scandaleux, pour convaincre le gouvernement et l’opposition que le peuple grec s’est transformé en un peuple de mangeurs d’hommes qui souhaite ou même ne se soucie pas de la mort de Koufontinas. Ces méthodes s’adressent également à SYRIZA : elles cherchent à convaincre ses dirigeants qu’ils ont tort de soutenir Koufodinas. La seule erreur que Syriza a réellement commise est exactement le contraire, à savoir qu’ils n’ont pas protesté beaucoup plus fort à l’intérieur du pays et en Europe, non pas pour Koufontinas seulement et en particulier, mais pour la nouvelle menace sérieuse contre la démocratie en Grèce. Non seulement SYRIZA, mais l’ensemble de la gauche européenne en paiera à nouveau, comme en 2015, le prix.

En délivrant un certificat officiel – aussi définitif que la mort – d’insensibilité, ainsi qu’en poursuivant les tactiques terroristes des forces de police, l’actuel Premier ministre ne deviendra pas Thatcher. Il va au contraire ouvrir un abîme avec une grande partie du peuple grec. Plutôt que de lire des sondages qui sont une blague, il devrait plutôt regarder les fissures déjà visibles dans son propre parti et son entourage.

En s’obstinant dans cette voie, M. Mitsotakis va initier des processus désastreux, tant pour lui-même que pour le pays, même si nous ne pouvons aujourd’hui prédire avec précision ni quand ils se manifesteront, ni quelle forme ils prendront, ni même sur quel sujet. L’information peut être émoussée et déformée par le système médiatique, mais la vérité ne disparaît jamais complètement. Ce n’était pas le cas même dans les âges les plus sombres de l’histoire.

L’information passe dans l’inconscient collectif national. Le sang n’est pas comme les batailles rhétoriques des politiciens sur les plateaux de télévision ou au Parlement. Il a la propriété de réveiller les instincts les plus primaires de l’être humain.

Nous n’appartenons pas aux partisans du parti au pouvoir.  Mais comme le premier ministre a déjà mouillé un pied dans l’eau du Rubicon, et étant donné qu’il a fêté son anniversaire il y a quelques jours, nous lui souhaitons sincèrement de nombreuses et bonnes années à venir et, bien sûr, de ne pas associer sa carrière politique à des morts humaines.

Source : kosmodromio.gr

(*) This article is the translation (with very few modifications) of an article was first published in Greek by kosmodromio.gr.

Source http://www.defenddemocracy.press/can-mitsotakis-become-a-greek-thatcher-and-who-is-pushing-him-to-try-to-play-such-a-role/

Loi « Sécurité Globale » : le risque d’une surveillance massive

Proposition de loi « Sécurité Globale » : le risque d’une surveillance massive

Mercredi 3 mars, les sénateurs et sénatrices français ont commencé à débattre de la proposition de loi controversée dite « sécurité globale ». Si un tel texte était voté en l’état il risquerait d’instaurer une surveillance d’Etat démesurée et inacceptable.

Le 24 novembre dernier, l’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi dite de « Sécurité Globale ». Hier, mercredi 3 mars, le débat s’est ouvert avec l’examen de la proposition de loi en commission au Sénat. Le débat en séance plénière se tiendra du 16 au 18 mars prochain.

Les sénateurs et sénatrices doivent reconnaître que si elle est adoptée en l’état, cette proposition de loi dangereuse instaurerait une surveillance de masse, notamment au moyen de drones, et porterait gravement atteinte aux droits à la vie privée et à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Agir : Interpeller les sénateurs et sénatrices sur la proposition de loi Sécurité Globale

Surveillance massive

Cette nouvelle loi permettrait de mettre en place un dispositif de surveillance généralisée en donnant la possibilité aux forces de l’ordre de filmer n’importe qui, presque partout, à l’aide de drones.

L’article 22 prévoit l’utilisation de drones dans de nombreux cas, prévoyant de très rares exceptions (l’intérieur des maisons, par exemple), avec la possibilité pour la police d’accéder aux images instantanément. Ce type de surveillance constitue une intrusion totalement démesurée et inacceptable dans la vie des gens.

L’article 21 élargit par ailleurs la possibilité pour la police de filmer toute personne en utilisant davantage de « caméras-piétons ».

Lire aussi : Pourquoi la proposition de loi Sécurité Globale est dangereuse pour nos libertés

L’utilisation massive de caméras de surveillance, couplée à la reconnaissance faciale, plongerait la France dans un système de surveillance de masse. Les députés se sont abstenus d’exclure le traitement des images par des logiciels de reconnaissance faciale. Les sénateurs et sénatrices de la commission des lois viennent d’interdire le recours à cette technologie, ce qui est une avancée, mais uniquement pour les images filmées par drones.

Nous demandons l’interdiction de l’utilisation des systèmes de reconnaissance faciale qui menace le droit de manifester. En outre, les minorités ethniques sont les plus exposées au risque d’être mal identifiées par les systèmes de reconnaissance faciale.

ENTRAVER LA DIFFUSION D’IMAGES DE LA POLICE 

Si elle est adoptée, cette loi rendra illégale la diffusion d’images des forces de l’ordre, pour des motifs vagues, par exemple lorsqu’il sera considéré que ces images portent atteinte à l’ »intégrité psychologique » des policiers. Il est essentiel que les journalistes et autres personnes puissent filmer les policiers afin de s’assurera, le cas échéant, que ceux-ci soient tenus responsables de leurs actes.

Lire aussi : Violences policières, danger pour la liberté d’informer

Des vidéos attestant un usage excessif de la force par la police ont été essentielles à l’ouverture de poursuites contre des policiers. Par exemple, Michel Zecler, un producteur de musique noir, a été victime d’un usage illégal de la force par des policiers, le 21 novembre 2020. Ces abus ont été filmés, ce qui a permis l’ouverture de poursuites contre les fonctionnaires concernés.

Lire aussi : Comment les autorités françaises ont procédé à des détentions arbitraires lors d’une marche des libertés

Le 1er mars, les rapporteurs du Sénat, qui sont chargés de proposer des modifications relatives au texte que l’Assemblée nationale avait adopté en novembre, ont recommandé de reformuler cet article. Ils ont proposé d’ériger en infraction l’incitation à l’identification des agents de la force publique en vue de menacer leur intégrité physique ou psychologique, que l’image soit diffusée ou non. Cette proposition est tout aussi problématique car elle repose sur des notions vagues qui pourraient être utilisées pour restreindre de manière disproportionnée la liberté d’expression. Nous craignons que cette loi ne menace le droit à la liberté d’expression, qui inclut le droit de recevoir et de communiquer des informations.

Agir : INTERPELLEZ LES SÉNATEURS POUR PROTÉGER NOS LIBERTÉS !

La proposition de loi « Sécurité Globale » menace nos libertés. Le Sénat a désormais la main sur cette proposition de loi. Ensemble, interpellons les sénateurs et sénatrices et demandons-leur de protéger nos libertés.

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