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Dévaste des politiques d’ajustement structurel

par Stathis Kouvelakis

La Grèce est un petit pays, mais qui, étant donné sa position géographique, politique et économique, est un avant-poste de l’espace européen, donc aussi sa frontière. Saisir la Grèce comme avant-poste et frontière signifie la comprendre comme un lieu de délimitation et de contact permanent entre l’« Europe », ainsi que l’Union européenne (UE), et son extérieur, ou plutôt son Autre, à savoir ce par rapport à quoi, voire même ce contre quoi, elle se définit et se construit [1].

  Sommaire
  • La Grèce sous le régime de la Troïka, moment de vérité de l’UE
  • Vers un néocolonialisme interne
  • Conclusion

Néanmoins la Grèce est également une frontière interne de l’UE, une ligne de front dans la lutte de classes qui s’y mène, là encore avec une acuité et une violence toutes particulières depuis l’éclatement de la crise financière de 2008. La Grèce a servi, depuis maintenant dix ans, de laboratoire pour une forme particulièrement brutale de politiques d’austérité, dont la mise en œuvre s’est accompagnée d’un régime d’exception, qui organise la mise sous tutelle du pays par ses créanciers : l’UE et le FMI.

Il importe donc de voir que la frontière extérieure et la frontière intérieure sont indissociables l’une de l’autre et qu’elles peuvent même se toucher, prenant ainsi le contre-pied de ceux qui pensent que « ce genre de choses n’arrivent qu’aux autres » – sous-entendu aux « arriéré·es » – c’est-à-dire aux ex-colonisé·es – du Sud et aux vaincu·es de l’ancien camp socialiste.

 La Grèce sous le régime de la Troïka, moment de vérité de l’UE

Les institutions représentatives, à commencer par le parlement, sont réduites à un décorum, dépossédées de la capacité de suivre l’exécution d’un budget dont les lignes échappent de toute façon à leur contrôle

Quand on parle des politiques appliquées à la Grèce, on utilise souvent les mots de politiques d’austérité. Néanmoins, l’austérité est présente dans toute l’UE, en Grèce comme en France. Il y a pourtant une spécificité grecque, l’instauration d’un régime politique d’exception, inscrit dans les « mémorandums » (ou Memorandums of Understanding – ou MoUs en anglais).

Les mémorandums ne sont pas autre chose que la liste des conditions imposées par les créanciers (rassemblés au sein de la Troïka, comprenant l’UE, le FMI et la BCE) en contrepartie des emprunts accordés. Ils ont été votés à chaque reprise par le parlement grec selon des procédures expéditives et antidémocratiques.

La logique de ces mémorandums est similaire à celle des programmes d’ajustement structurel qui ont été auparavant appliqués dans les pays du Sud, sous les auspices du FMI. Leurs ingrédients de base sont invariants : limitation drastique de la dépense publique, dérégulation massive de l’économie, à commencer par celle du marché du travail, diminution drastique du « coût du travail », c’est-à-dire des salaires et des prestations sociales, privatisation de ce qui reste de ressources et d’entreprises publiques. La seule originalité c’est qu’ils s’appliquent pour la première fois à un pays européen « occidental », pas à la seconde périphérie issue du camp socialiste.

Le résultat, on le sait, est un désastre sans précédent, pire que celui provoqué par la Dernière Guerre mondiale. En sept ans, la Grèce a perdu plus d’un quart de son PIB, elle est descendue du 28e au 38e rang mondial dans le classement correspondant. Dernier élément à ajouter à ce terrible tableau : sa totale incapacité à régler la question de la dette publique de la Grèce [2].

D’un ratio de 120 % du PIB lorsque, en 2010, la Grèce a conclu le premier mémorandum, la dette publique s’élevait en 2017 à 180 % du PIB, et ce malgré un effacement partiel – par ailleurs plutôt avantageux pour la plupart des créanciers – survenu en 2012. Déclarée « hautement non-soutenable » par le FMI lui-même, elle est devenue le symbole de l’absence totale d’issue positive à la politique d’asservissement et de pillage ininterrompus menée durant ces années.

 Vers un néocolonialisme interne

La capitulation de Tsipras et de la majorité de son équipe en juillet 2015 a conduit à la signature d’un troisième mémorandum, qui représente un approfondissement qualitatif dans l’entreprise de destruction de la souveraineté nationale de l’État grec. En effet, ce troisième mémorandum prévoyait l’établissement d’un « secrétariat général aux recettes publiques », c’est-à-dire l’équivalent du service du Trésor public chargé de la collecte de l’impôt, qui devient une instance « indépendante », dont le responsable est nommé par le gouvernement seulement après avoir recueilli l’assentiment de la Troïka (UE, FMI, BCE).

Cette agence « indépendante » de collecte de l’impôt se voit accompagnée d’un « conseil fiscal » composé de cinq membres, dont la nomination doit de nouveau être approuvée par la Troïka, qui, au moindre soupçon de déviance par rapport aux objectifs d’excédents budgétaires, peut décider de coupes dans les dépenses publiques automatiquement exécutoires, à savoir sans nécessiter l’approbation du parlement. De surcroît, la totalité des biens de l’État grec sont placés sous séquestre afin d’être privatisés. En charge de l’opération se trouve encore un fond « indépendant », chargé de mener des privatisations du patrimoine public à hauteur de 50 milliards d’euros, un montant totalement inatteignable même en vendant jusqu’au dernier tapis de ministère.

Dépossédé de tout contrôle sur sa politique budgétaire et monétaire, l’État grec se voit désormais privé de tout levier d’action, y compris ceux qui concernent des attributions régaliennes telles que la collecte de l’impôt. Les institutions représentatives, à commencer par le parlement, sont réduites à un décorum, dépossédées de la capacité de suivre l’exécution d’un budget dont les lignes échappent de toute façon à leur contrôle. Cette destruction de la souveraineté étatique s’accompagne de la mise en place d’une variante particulièrement brutale d’« accumulation par dépossession », pour utiliser le concept de David Harvey [3], basée sur le bradage du patrimoine public et le saccage des ressources naturelles et de l’environnement dont bénéficient à la fois des fractions prédatrices de capitaux nationaux et étrangers. Pour le dire de façon abrupte, la Grèce se transforme en néocolonie, la fonction de son gouvernement national, quelle que soit sa couleur, ne différant de celle d’un administrateur colonial, le simulacre de négociations auxquels se livrent les deux parties à l’occasion de cette interminable série de réunions de l’Eurogroupe et de sommets européens ne servant qu’à maquiller superficiellement cet état de fait.

Le régime néocolonial doit ici être compris comme « colonialisme interne » à l’ensemble constitué par l’UE, cas avancé d’un régime de subordination issu des contradictions fondamentales qui traversent l’entreprise de « construction européenne », dont la bourgeoisie grecque est pleinement partie prenante.

 Conclusion

Ce que montre le cas de la Grèce, c’est que le régime d’exception mis en place à l’occasion de la crise de surendettement a instauré une nouvelle ligne de fracture, à l’intérieur même de cette aire qui, juste avant la crise, faisait partie de l’ensemble relativement homogène des pays de l’Europe de l’Ouest. La violence avec laquelle cette frontière interne, latente lors de la phase intérieure pendant laquelle la croissance économique a servi à masquer les disparités croissantes, a surgi lors de la crise, renvoie toutefois à un phénomène qui excède la simple dimension économique.

Ce régime d’exception a réussi à s’institutionnaliser et à se stabiliser en Grèce, donc à engendrer une forme de « normalité », ce qui est un succès d’autant plus remarquable que la faillite des politiques économiques mises en œuvre est patente. La clé de ce succès réside dans la capacité dont il a su faire preuve à passer le test de l’arrivée au pouvoir d’une force politique qui se présentait à l’origine comme un adversaire, et qui, par un processus alliant coercition (économique) et persuasion en est devenue un serviteur efficace. Cette expérience, unique dans sa radicalité, de transformisme politique exerce un effet dévastateur et durable sur les capacités de résistance des classes subalternes et obère, pour une période au moins, la possibilité de formation d’une contre-hégémonie des subalternes.

La destruction de l’UE telle qu’aujourd’hui construite, sur des principaux néolibéraux injustes, s’impose ainsi comme l’une des tâches les plus urgentes, les plus radicales, mais aussi les plus compliquées, du combat pour l’émancipation de notre temps.

Article extrait du magazine AVP – Les autres voix de la planète, « Dettes & migrations : Divisions internationales au service du capital » paru en mai 2021. Magazine disponible en consultation gratuite, à l’achat et en formule d’abonnement.

Extraits de l’article « La Grèce, la frontière, l’Europe » par Stathis Kouvelakis sélectionnés par Adrien Péroches – 2017

Notes

[1] Ce point est détaillé dans l’article d’Eva Betavatzi « Un nuage néo-fasciste plane au-dessus des frontières entre la Grèce et la Turquie » publié dans la présente revue.

[2] À propos de la dette grecque, voir les indispensables travaux de la Commission pour la vérité sur la dette grecque mise en place au printemps 2015 par Zoé Kostantopoulou, alors présidente du parlement grec, et dont les travaux ont été coordonnés par le porte-parole du CADTM, Éric Toussaint. Une synthèse est disponible sur le site du CADTM. Le rapport intégral est publié sous forme d’ouvrage : CADTM, La vérité sur la dette grecque, Les Liens qui libèrent, Paris, 2014.

[3] David Harvey, Le nouvel impérialisme, Les prairies ordinaires, Paris, 2010.
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Source http://www.cadtm.org/Devaste-des-politiques-d-ajustement-structurel?fbclid=IwAR3lEVawXAdz-a7q9taRhSgdQFxatEuO14MSkphxOY8CmT5gMJftKIYlY0s

Frontex déféré devant la Cour européenne

L’action légale introduite par Front-lex contre Frontex a été jugée recevable par la Cour Générale de l’UE

Pour la première fois en 17 ans d’existence, FRONTEX est déféré devant la Cour européenne pour violation des droits de l’homme pendant sa mission en Grèce. L’affaire expose la Grèce et le gouvernement Mitsotakis pour les refoulements systématiques des réfugiés en la mer Égée.

Le Tribunal de l’UE a jugé recevable un dossier déposé par une ONG néerlandaise au nom de deux demandeurs d’asile, qui se plaignent d’avoir été victimes de comportements brutaux à Lesbos. Le dépôt de l’action en justice devant la Cour est un camouflet pour  Frontex, dont le représentant, lors du dépôt de l’action en justice, avait déclaré qu’il s’agissait d’un « agenda activiste qui se prétend légal, afin de saper la détermination de l’UE » de protéger ses frontières ».

Source https://www.efsyn.gr/kosmos/eyropi/303601_istoriki-diki-kata-tis-frontex

Renvoi migrants en Turquie

Grèce : inquiétude de nombreux migrants après la nouvelle loi qui prévoit leur renvoi en Turquie

Le nouveau tour de vis des autorités grecques visant à renvoyer plus facilement les demandeurs d’asile vers la Turquie plonge des milliers de migrants dans une nouvelle période d’incertitude.

Dans le cadre d’une nouvelle loi adoptée début juin, tous les demandeurs d’asile originaires de Syrie, d’Afghanistan, de Somalie, du Pakistan et du Bangladesh arrivés depuis la Turquie sont susceptibles d’être renvoyés plus facilement vers ce pays qui est désormais considéré par Athènes comme un « pays tiers sûr » pour eux.

Depuis l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi, environ deux tiers des demandes d’asile de personnes ayant rejoint la Grèce depuis la Turquie ont été rejetées dans les jours qui ont suivi leur arrivée.

>> À (re)lire : La Grèce déclare la Turquie « pays tiers sûr » pour les demandeurs d’asile de 5 pays dont la Syrie et l’Afghanistan

Selon A.B., une jeune demandeuse d’asile qui s’est exprimée lors d’une conférence de presse organisée récemment par des ONG grecques, la pression psychologique est devenue insoutenable. Elle vit dans un camp de migrants et craint désormais d’être expulsée vers la Turquie.

« Si vous voulez vraiment savoir comment cette nouvelle règle affecte les migrants, venez et vivez comme un migrant »

« Depuis que j’ai passé cet entretien concernant la Turquie, je ne dors plus et je fais des cauchemars. J’ai peur de la décision qu’ils vont prendre et je ne sais ni comment, ni quand ils vont nous annoncer leur décision. Cela a vraiment un impact sur la vie de tout ceux qui sont logés dans le camp. C’est très difficile de vivre dans une situation dans laquelle vous ne pouvez pas imaginer votre avenir ».

« C’est facile de faire des règles », dénonce A.B.. « Si vous voulez vraiment savoir comment cette nouvelle règle affecte les migrants, venez et vivez comme un migrant ne serait-ce qu’une journée et vous verrez ce que cela fait. »

>> À (re)lire : Frontière Turquie-Grèce : arsenal anti-migrants ultra-moderne le long du fleuve Evros

Pour les cinq nationalités concernées par la nouvelle loi, les autorités grecques ne tiennent désormais plus compte des raisons de fond pour lesquelles un demandeur d’asile a fui son pays d’origine lorsqu’il arrive par la Turquie. Un entretien, qui ne dure pas plus de quelques minutes, vise simplement à vérifier si la personne est exposée à des risques en Turquie.

Pourtant, l’année dernière encore, la quasi totalité des Somaliens demandant l’asile en Grèce avaient obtenu une protection, alors que pour les Afghans, ce taux de protection était de 66 %, note Alexandros Konstantinou du Conseil grec pour les réfugiés.

« Refoulement à tout prix »

Selon Mariana Tzeferakou, avocate de l’organisation Refugee Support Aegean, le véritable objectif est le « refoulement à tout prix ». Les raisons et la méthodologie du gouvernement grec restent, selon elle, un mystère.

D’après les ONG grecques de défense des droits des migrants, cette nouvelle loi s’inscrit dans une politique anti-réfugiés plus large, alors que les camps de migrants hyper surveillés sur les îles grecques ressemblent de plus en plus à des prisons à ciel ouvert et que de nouveaux lieux de détention voient le jour.

>> À (re)lire : En Grèce, la stratégie d’enfermement des migrants prend de l’ampleur

Dans le même temps, Athènes est régulièrement accusée de pratiquer des « pushbacks », ces refoulements forcés et illégaux de migrants en mer Égée. La semaine dernière encore, selon de nouvelles informations, des garde-côtes grecs, dont au moins un était armé d’une mitraillette, aurait forcé un canot pneumatique de migrants approchant l’île de Kos à retourner dans les eaux turques.

L’ONG Amnesty International a récemment décrit les refoulements vers la Turquie comme étant devenus « de facto » la politique frontalière de la Grèce. Le gouvernement grec continue de son côté de démentir ces allégations.

La Turquie, un pays sûr ?

Les ONG de défense des droits des migrants estiment également que la Turquie ne peut pas pas être considérée comme un pays sûr, au vu de son système d’asile et de ses conditions d’accueil pour les réfugiés.

La Turquie accueille près de 4 millions de réfugiés, notamment syriens. Crédit : Çiçek Tahaoğlu
La Turquie accueille près de 4 millions de réfugiés, notamment syriens. Crédit : Çiçek Tahaoğlu

Pour Mariana Tzeferakou, les demandeurs d’asile en Turquie risquent d’être renvoyés dans leur pays d’origine quels que soient les dangers auxquels ils y sont exposés.

Elle note par ailleurs qu’en Turquie, la pratique de détentions arbitraires et illégales, ainsi que les renvois forcés ne seraient un secret pour personne.

H.C., 35 ans, et qui se trouve en Grèce depuis cinq ans, ne peut qu’exprimer sa frustration. « Ils font de la politique avec les réfugiés. Je me vois comme une balle que la Grèce passe à la Turquie, que la Turquie passe à l’Iran et que l’Iran tire vers un autre pays. Tout le monde est fatigué de cette situation. »

La pandémie bloque le processus

Pour le moment, à cause des restrictions liées à la pandémie de coronavirus, les demandeurs d’asile déboutés dans le cadre de la nouvelle loi n’ont pas encore pu être renvoyés physiquement en Turquie. Ankara n’a en effet repris aucun demandeurs d’asile depuis que le pays a fermé ses frontières en mars 2020.

La pandémie renforce ainsi la situation de flottement, d’autant que la loi grecque stipule que si un pays tiers refuse de reprendre un demandeur d’asile, les autorités doivent réexaminer sa demande, mais cette fois sur le fond.

Pour l’instant, les autorités grecques semblent ignorer cette règle. Depuis plus d’un an, les demandeurs d’asile syriens se voient refuser l’accès à un examen sur le fond.

« Nous ne savons pas ce qui va se passer parce que […] des milliers de personnes seront concernées par cette nouvelle loi », affirme Alexandros Konstantinou du Conseil grec pour les réfugiés. « Les demandeurs d’asile déboutés n’auront accès ni aux allocations, ni au marché du travail et ils n’auront qu’un accès très limité au système de santé, ce qui est pourtant très important, notamment en pleine pandémie. »

Une aubaine pour les trafiquants

Le mois dernier, pas moins de 38 organisations ont écrit au gouvernement grec et aux institutions européennes pour les avertir que cette décision aurait de graves conséquences pour les migrants.

D’après Karl Kopp, qui gère les affaires européennes de l’ONG allemande Pro Asyl, la politique de la Grèce va seulement contribuer à enrichir les trafiquants et les passeurs. Il estime que ceux qui risquent d’être renvoyés en Turquie sont susceptibles de tenter de rejoindre l’Europe du nord ou de l’ouest « illégalement » via les Balkans. « Les passeurs vont faire davantage de profit, la souffrance et l’exploitation des migrants vont augmenter. »

Karl Kopp appelle ainsi l’Allemagne et les autres pays européens à faire pression sur la Grèce. « Il y a un silence assourdissant à Berlin et dans les autres capitales », critique-t-il.

Pour la demandeuse d’asile afghane A.B., il est également important de rompre le silence sur la décision grecque. « Nous ne pouvons pas applaudir d’une seule main », explique-t-elle. « Les réfugiés sont comme une main qui a besoin que l’autre main se rassemble pour pouvoir faire du bruit ».

Les initiales A.B. et H.C. ont été utilisées pour des raisons de sécurité et de confidentialité.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/33778/grece-inquietude-de-nombreux-migrants-apres-la-nouvelle-loi-qui-prevoit-leur-renvoi-en-turquie

Refus de soins aux non vaccinés ?

Lourdes amendes pour les maisons de soins et les établissements d’aide sociale qui accueillent des personnes non vaccinées dans le besoin

Le ministre grec de la Santé, Vassilis Kikilias, a averti mardi que tout le personnel des maisons de soins et des établissements d’aide sociale pour les personnes ayant des besoins particuliers devait être vacciné d’ici le 16 août et a menacé les établissements d’amendes pouvant aller jusqu’à 200 000 euros s’ils accueillent des personnes non vaccinées. La dernière partie crée un énorme problème social, que les grands médias du pays semblent avoir oublié de souligner.

Lors d’une conférence de presse avec d’autres ministres pour clarifier les mesures annoncées par le Premier ministre un jour plus tôt, M. Kikilias a déclaré, entre autres, que la première dose de la vaccination obligatoire pour le personnel de santé et administratif des maisons de soins publiques et privées et des établissements pour personnes handicapées et à besoins spéciaux devra avoir été administrée avant le 16 août 2021.

Dans le cas contraire, le personnel sera suspendu sans rémunération, a-t-il ajouté.

En outre, toute personne admise dans ces unités devra être entièrement vaccinée, a déclaré M. Kikilias, qui a menacé les établissements de lourdes amendes.

Des amendes de 50 000 euros seront infligées à ces établissements pour la première violation et atteindront 200 000 euros en cas de récidive.

Pour le personnel des établissements de santé publics et privés, le ministre a déclaré qu’ils devaient tous recevoir au moins la première dose de vaccin avant le 1er septembre.

Il a ajouté qu’une loi sera adoptée pour le remplacement de tous ceux qui ne seront pas vaccinés à cette date par des contrats temporaires rapides.

Un comité spécial sera mis en place pour déterminer si les travailleurs de la santé peuvent être exemptés pour des raisons de santé, a-t-il ajouté.

« Je recommande à tous ceux qui n’ont pas été vaccinés de se faire vacciner », a-t-il ajouté.

PS Quelle est la prochaine étape de ce régime dystopique visant les plus vulnérables ? Refuser les services de santé à ceux qui ne sont pas vaccinés ? Les maisons de soins et les établissements d’aide sociale mettront-ils à la porte les mamies, les papas et les personnes ayant des besoins particuliers parce qu’ils ne sont pas vaccinés ?

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2021/07/13/greece-care-homes-welfare-facilities-unvaccinated-guests-fines/

Grèce Les autorités abusent de leur pouvoir

Grèce. Les autorités abusent de leur pouvoir, piétinant le droit de manifester

  • Amnesty International constate que les autorités grecques ont utilisé la pandémie de COVID-19 pour porter atteinte au droit de manifester
  • La police a recouru illégalement à la force, notamment en utilisant des canons à eau et des irritants chimiques, contre des manifestant·e·s pacifiques
  • Des porte-parole sont disponibles

Un nouveau rapport issu de recherches d’Amnesty International montre que les autorités grecques, sous prétexte de lutter contre la pandémie de COVID-19, ont recouru à des arrestations arbitraires, des interdictions générales, des amendes injustifiées et une force illégale pour limiter les manifestations pacifiques.

Ces cas déconcertants d’abus de pouvoir de la part de l’État sont intervenus à un moment où des personnes souhaitaient exprimer leurs préoccupations au sujet de problèmes importants, comme l’usage illégal de la force par la police, les violences liées au genre et les nombreuses difficultés rencontrées par le système grec de santé publique – affaibli par de nombreuses années de politique d’austérité – pendant la pandémie. Ce rapport porte essentiellement sur la réponse apportée par les autorités à plusieurs de ces manifestations entre novembre 2020 et mars 2021.

Les autorités grecques ont recouru à des méthodes révoltantes pour tenter d’intimider les militantes des droits des femmes, les syndicalistes, les membres de partis politiques, les avocats et avocates et d’autres personnes qui participaient ou appelaient à participer à des manifestations pacifiques en novembre et décembre 2020, alors que le pays entamait sa deuxième période de confinement. De nombreuses personnes ont été arrêtées arbitrairement, traitées comme des délinquants et condamnées à des amendes injustifiées, les autorités abusant de leur pouvoir de manière flagrante.
Kondylia Gogou, chercheuse sur la Grèce à Amnesty International

Les autorités grecques ont pour responsabilité de faciliter la tenue des manifestations pacifiques, comme Amnesty International l’a souligné en novembre 2020. L’imposition de restrictions au droit à la liberté de réunion pacifique pour enrayer la pandémie est autorisée, mais ces restrictions doivent remplir des critères stricts, répondre aux principes de nécessité et de proportionnalité et être évaluées au cas par cas. Les gouvernements n’ont pas carte blanche pour apporter des restrictions aux droits humains, même en période de pandémie.

« Les autorités grecques ont justifié les interdictions générales de manifester et d’autres violations des droits humains en invoquant le danger que représentait la pandémie de COVID-19. Paradoxalement, elles ont ensuite appliqué ces interdictions en plaçant des manifestantes et manifestants en détention dans des espaces clos, où le risque de transmission est beaucoup plus élevé. »

Les restrictions concernant les manifestations pacifiques ont également été inscrites dans la législation au cours des mois qui ont suivi la fin du premier confinement en Grèce. Des réformes législatives réglementant les manifestations ont été introduites en juillet et en septembre 2020, et permettent d’interdire les contre-manifestations et de disperser les rassemblements pacifiques si les personnes qui les organisent ne respectent pas l’obligation de déclaration. La législation sur l’emploi de systèmes de surveillance pendant les manifestations et l’application de ses dispositions suscitent également des inquiétudes, notamment quant à l’effet dissuasif que l’utilisation de caméras par la police peut avoir sur des manifestants et manifestantes pacifiques. Ces changements auront de profondes conséquences, qui vont perdurer bien au-delà de la pandémie.

Un recours illégal à la force lors des manifestations

Amnesty International a constaté que les autorités grecques, notamment en introduisant des interdictions générales et en dispersant les rassemblements pacifiques par un recours inutile et excessif à la force, avaient manqué à leur obligation de faciliter l’exercice du droit de manifester pacifiquement.

Maria* a évoqué les propos et traitements sexistes et abusifs auxquels des manifestantes ont été exposées lors d’une attaque de la police pendant une manifestation étudiante, à Ioannina, le 17 novembre 2020 : « Dès le début de l’attaque, j’ai entendu et [beaucoup] d’autres manifestantes aussi ont entendu [des propos tels que] “À terre, sale garce, parce que c’est ta place, et ne te relève pas”… »

Des personnes interrogées, ayant participé à diverses manifestations, ont indiqué que la police avait eu recours sans nécessité à des canons à eau et à des irritants chimiques contre des manifestant·e·s pacifiques. Certaines ont dit que des policiers leur avaient donné des coups de matraque sur la tête et avaient utilisé des grenades assourdissantes d’une manière susceptible de provoquer d’importantes lésions et d’entraîner des troubles auditifs.

De graves allégations de torture et d’autres mauvais traitements en garde à vue

Certaines des personnes interrogées par Amnesty International ont dit avoir été soumises, une fois en garde à vue, à des traitements assimilables à des actes de torture ou à d’autres formes de mauvais traitements.

Ainsi, Aris Papazacharoudakis, un manifestant de 21 ans, a dit avoir été torturé alors que la police l’interrogeait sur des affrontements et des blessures causées à un policier lors d’une manifestation contre les violences policières le 9 mars 2021 : « … (I)ls m’ont demandé de parler de l’endroit où ils m’ont arrêté [et] où mon collectif [politique] était hébergé […], et quand je ne répondais pas, ils redoublaient de coups […] Ils me jetaient de ma chaise, ils me soulevaient par les menottes et j’avais l’impression que mes épaules allaient se déboîter […] C’était un passage à tabac ininterrompu… »

Aube dorée

Des personnes qui avaient participé à une manifestation à Ioannina ont dit que des policiers antiémeute s’étaient présentés comme des membres d’Aube dorée, un parti d’extrême droite. En octobre 2020, une juridiction a rendu une décision historique, déclarant des cadres de ce parti coupables de direction d’une organisation criminelle.

Giorgos*, blessé en plusieurs endroits lors d’une manifestation étudiante à Ioannina le 17 novembre 2020, a témoigné : « … Des policiers ont dit : “Je fais partie d’Aube Dorée, tu es mort” […] À un moment, alors que j’étais tombé par terre […] avant que je ne me relève, ils ont lancé des grenades assourdissantes directement sur nous […] J’ai hurlé parce que la [grenade assourdissante] a explosé devant mes yeux et à côté de mon oreille gauche […] [Ils] m’ont jeté au sol et m’ont emmené à un endroit à distance des autres étudiants et des caméras, et cinq ou six policiers m’ont roué de coups […] ».

« Les autorités grecques doivent mettre fin à la répression pénale des réunions pacifiques et annuler toute amende infligée aux manifestants et manifestantes, avocats et avocates, militantes des droits des femmes et autres personnes pacifiques qui ont été arrêtées arbitrairement avant et pendant les manifestations de novembre et de décembre 2020. Toutes les charges retenues contre ces personnes pour de prétendues infractions à la réglementation en matière de santé publique doivent être abandonnées, et des enquêtes approfondies doivent être menées sans délai sur tous les cas de violations des droits humains recensés par Amnesty International », a déclaré Kondylia Gogou.

Source https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2021/07/greece-authorities-abusing-power-to-trample-on-right-to-protest/

Le plus important sauvetage de SOS MEDITERRANEE

Ocean Viking : 572 rescapés doivent être débarqués en lieu sûr sans plus attendre.

Méditerranée centrale, 6 juillet 2021 – Après six opérations de sauvetage dans les zones de recherche et de sauvetage maltaise et libyenne depuis jeudi 1er juillet, l’Ocean Viking a pris en charge 572 rescapés, dont 183 mineurs, qui doivent être débarqués d’urgence dans un port sûr.
En l’absence de coordination maritime, SOS MEDITERRANEE appelle les pays européens à coordonner d’urgence le débarquement des 572 rescapés dans un port sûr.

En un peu plus de 72 heures, l’Ocean Viking – un navire de sauvetage affrété par l’organisation maritime civile et humanitaire SOS MEDITERRANEE – a secouru 572 personnes de six embarcations en détresse en Méditerranée centrale. Le tout, en l’absence constante de coordination et de partage d’informations par les autorités maritimes. L’équipe SOS MEDITERRANEE à bord a également trouvé cinq embarcations en bois vides ayant été interceptées par les garde-côtes libyens dans la zone de recherche et de sauvetage de Malte.

«Ce dont nous avons été témoins en mer ces derniers jours est déchirant», déclare Luisa Albera, coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking. «Non seulement nous avons sauvé des centaines de personnes – qui ont pris le risque de mourir en mer plutôt que de rester en Libye – sans aucune coordination des autorités maritimes, mais nous avons également vu les restes d’autres embarcations interceptées par les garde-côtes libyens, jusque dans le secteur de recherche et de sauvetage de Malte. Toutes les personnes interceptées sont renvoyées de force et illégalement en Libye, qui ne peut être considérée comme un lieu sûr selon le droit maritime. Nous demandons à l’UE d’au moins coordonner le débarquement des 572 rescapés à bord de notre navire dans un lieu sûr.»

Le plus important sauvetage réalisé par l’Ocean Viking : des centaines de personnes entassées sur une embarcation en bois.

Dans la nuit du dimanche 4 au lundi 5 juillet dernier, dans l’obscurité la plus totale et après quatre heures de recherche, l’équipe de sauvetage de SOS MEDITERRANEE a trouvé une embarcation en bois repérée auparavant par l’avion Colibri 2 de Pilotes Volontaires.

369 hommes, femmes et enfants étaient entassés sur une grande embarcation en bois qui risquait de chavirer. De telles embarcations en bois, en mauvais état, lancées depuis les côtes libyennes, n’avaient plus été rencontrées par nos équipes depuis plusieurs années.

183 mineurs, dont des enfants en situation de handicap, figuraient parmi les rescapés.

A bord, les rescapés ont déclaré avoir passé jusqu’à trois jours en pleine mer avant d’être secourus. Dimanche soir, une femme a dû être transportée sur une civière pour être évacuée. Lors d’une opération de sauvetage qui a permis de sauver 71 personnes d’une autre embarcation en bois surpeuplée, plus tôt dans la journée de dimanche, ce n’est pas une mais quatre personnes qui ont dû être transportées sur une civière depuis leur embarcation sur l’Ocean Viking.

Ces derniers jours, l’équipe médicale de SOS MEDITERRANEE à bord de l’Ocean Viking a traité des cas de brûlures dues au carburant, d’autres causées par le soleil, de déshydratation et d’épuisement extrême qu’entraînent des voyages aussi pénibles en mer. En outre, deux rescapés, qui font partie des 183 mineurs à bord, sont en situation de handicap. L’un d’eux, souffrant d’une paralysie partielle, a été retrouvé à bord d’une embarcation en bois avec son fauteuil roulant.

« Les milices nous traitaient comme des déchets, comme de la marchandise ».

Certains rescapés à bord de l’Ocean Viking ont raconté à nos équipes les violences inimaginables subies en Libye. « Il y a trop de torture en Libye », déclare Susanne*, une femme de 36 ans originaire du Cameroun. « J’ai réussi à m’échapper d’un centre de détention avec ma fille à trois heures du matin un samedi. Nous y avions passé huit mois. Les milices nous ont traitées comme des déchets, comme de la marchandise. Ils nous ont violées ».

Djimon*, un Béninois de 23 ans a également rapporté des abus physiques et sexuels répétés. « J’ai été kidnappé à mon arrivée en Libye. J’ai passé deux mois dans des centres de détention. J’ai été torturé depuis le mois de janvier, battu jusqu’à ce que ma jambe soit cassée. Ils violent tout le monde. J’ai passé quatre jours sans manger, sans boire. »

Avec le Geo Barents de MSF détenu, la Méditerranée ne doit pas être un trou noir cet été.

Alors que l’Ocean Viking opérait en mer, des nouvelles profondément préoccupantes liées à la recherche et au sauvetage nous sont parvenues ces derniers jours. Avec le nouveau navire de Médecins Sans Frontières (MSF), le Geo Barents, placé en détention administrative par les autorités italiennes le 3 juillet, presque tous les navires d’ONG de recherche et de sauvetage sont à nouveau empêchés d’effectuer des missions de sauvetage en Méditerranée centrale. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), jusqu’ici cette année, 723 personnes sont mortes ou ont disparu dans cette zone. Plusieurs naufrages meurtriers ont été signalés au cours des seuls derniers jours.

SOS MEDITERRANEE demande qu’un programme européen de recherche et de sauvetage efficace, humain et respectant le cadre du droit maritime soit rétabli de toute urgence, sept ans après la fin de l’opération Mare Nostrum. L’Europe ne peut pas continuer à demeurer passive face aux naufrages à répétition tout en appuyant consciemment un système d’abus innommables en soutenant les retours forcés en Libye.

* Le nom a été changé pour protéger l’identité du / de la rescapé.e.

Source https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/cp-06-07-2021

« Alors que nous lançons notre Campagne de collecte annuelle, nos équipes prennent soins des 572 personnes rescapé.e.s en Méditerranée, en six opérations de sauvetage. La générosité du public est essentielle pour nous permettre de continuer notre mission ». Sophie Beau, directrice générale de SOS MEDITERRANEE France.

Crédit photo : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE

ATTAC, Contre le gang des profiteurs…

Contre LE « GANG DES PROFITEURS ». Samedi 3 juillet, des militants d’ATTAC ont tendu une banderole sur le siège de LVMH avec les frimousses de Drahi, Bettencourt, Pinault et Arnault. En même temps, d’autres dangereux terroristes ont barbouillé de peinture noire (de la gouache) les vitrines de la Samaritaine, à peine inaugurée, il y a quelques jours.

Le 23 juin, au côté de son ami et son soutien, le milliardaire Bernard Arnault, lors de l’inauguration de l’ancien grand magasin populaire devenu un magasin de produits de luxe bling-bling pour touristes hébétés, Emmanuel Macron déclarait que c’est « une métaphore parfaite du moment que nous sommes en train de vivre [1] ». Les militants d’ATTAC sont venus lui donner raison. La crise sanitaire n’a pas fait que des malheureux. Selon le dernier classement Forbes, les patrons du CAC 40 ont vu leur richesse augmenter de 68 % en 2020, passant de 304 à 512 milliards de dollars. Généreux, ils ont reversé 51 milliards d’euros de dividendes à leurs modestes actionnaires, soit une augmentation de 22 % pour 2020 [2].

Madame Hidalgo, maire socialiste de la ville de Paris (socialiste, c’est-à-dire héritière de Jaurès et du Front populaire) a dénoncé cet acte de vandalisme contre le bienfaiteur Bernard Arnault :


Faut-il lui rappeler que le généreux instigateur de tous ces bienfaits, le milliardaire Bernard Arnault, virtuose de l’évasion fiscale, possède personnellement pas moins de 31 sociétés offshore au Luxembourg ? La société LVMH, qui lui appartient, en possède 26 [3].

Faut-il également rappeler que la crise du Covid a permis à LVMH de bénéficier du chômage partiel et de la baisse des impôts de production ? Selon le classement Forbes, la fortune du roi du luxe est passée de 76 à 150 milliards de dollars, en un an, soit une augmentation de 100 % [4]. Moins quelques miettes pour les bonnes œuvres avec un maximum de com’ à chaque fois : 5 millions d’euros à l’institut Pasteur de Lille, 200 millions pour Notre-Dame-de-Paris et 100 000 flacons de gel pour le Secours populaire. Les gentils révolutionnaires d’Attac demandent juste une taxe sur le patrimoine des plus riches ainsi qu’une seconde taxe sur les bénéfices exceptionnels réalisés par les multinationales pendant la crise. Ils précisent que la gouache noire utilisée est une peinture sans danger et qui d’ailleurs a été rapidement nettoyée. Les longues files de visiteurs ont pu découvrir le grand magasin flambant neuf. Mais, attention, il ne faudrait surtout pas que l’expression magasin « flambant » neuf donne des idées incendiaires à des révolutionnaires moins gentils.

Un nuage néofasciste plane (toujours) au-dessus des frontières entre la Grèce et la Turquie

1er juillet par Eva Betavatzi


Image du camp de Kara Tepe en janvier 2021

Le 12 mars 2020, j’écrivais un article intitulé « un nuage néofasciste plane au-dessus des frontières entre la Grèce et la Turquie » – voir extraits plus bas – publié sur le site du CADTM [1]. « À l’époque » je pensais que la situation ne pouvait pas être pire pour les personnes demandeuses d’asile en Grèce, sauf que les évènements décrits dans mon précédent article ont eu lieu il y a moins d’un an, « l’époque » n’est donc pas si lointaine. Depuis, les choses ont empiré. Les images qui nous parviennent de Moria 2.0 (le premier camp de Moria a été incendié le 8 septembre 2020) en attestent.

Le camp Moria 2.0 (ou Kara Tepe) situé sur un ancien champ de tir militaire est aussi inhumain que le précédent : manque d’eau, d’électricité, des tentes qui ne protègent ni contre la pluie, ni contre les tempêtes, ni contre la neige. Des personnes atteintes de Covid-19 y vivent avec des enfants, des femmes enceintes, des personnes handicapées, des personnes âgées, etc. Au total, ce camp accueille 10 000 personnes.

Peu avant la signature du Pacte sur la migration et l’asile, présenté le 23 septembre 2020, l’Union européenne avait laissé entendre qu’un quota obligatoire d’accueil de personnes demandeuses d’asile par pays serait envisagé. Sans surprises, les forces xénophobes des gouvernements européens ont été plus fortes que celles des milliers de voix qui se sont élevées pour un pacte solidaire, un accueil humain et la fin de Moria [2]. Les quotas sont tombés à l’eau. La Commission européenne présentait son nouveau Pacte en disant avoir trouvé « la balance entre solidarité et responsabilité », une manière de dire que les choses ne changeront pas. Les xénophobes avaient gagné une bataille importante.

Lorsque l’incendie s’est déclaré au camp Moria 1, la Commission européenne annonçait ‘‘NO MORE MORIAS’’ (plus de Morias), mais, comme l’écrivait un journaliste quelques jours plus tard : « ‘‘No More Moria’’ turned into ‘‘flooded Kara Tepe’’ » (« Plus De Moria » s’est transformé en « Kara Tepe inondé ») [3].

Depuis mars 2020, les conditions de vie des personnes demandeuses d’asile aux frontières de la Grèce se sont dégradées, le camp de Moria a ressurgi malgré les flammes, le nuage néofasciste s’est renforcé grâce au Pacte européen sur la migration et l’asile.


PREMIER EXTRAIT DE L’ARTICLE « UN NUAGE NÉOFASCISTE PLANE AU-DESSUS DES FRONTIÈRES ENTRE LA GRÈCE ET LA TURQUIE »

L’Europe vit une période sombre, la situation aux frontières entre la Grèce et la Turquie en atteste. Les discours se multiplient et l’heure est à la confusion. Chacun·e apporte « son soutien » à l’une ou l’autre partie « victime », tantôt de la dictature d’Erdogan, tantôt d’une prétendue « invasion » de personnes migrantes, tantôt d’une folie humaine déjà installée depuis bien trop longtemps. Une folie humaine qui est restée dans l’ombre des préoccupations grâce à un gros chèque que l’Union européenne s’est accordée à verser à Erdogan. Six milliards d’euros, c’est le montant reçu par la Turquie à la suite de l’accord signé entre son État et l’UE en 2016. Six milliards d’euros, c’est le prix que l’Europe de « l’Union » a payé pour son incapacité à exprimer son refus « d’accueillir » des personnes en exil. Des personnes qui fuient les nombreuses guerres et conflits qui sévissent dans leur pays. Six milliards d’euros c’est bien plus que ce que l’UE n’aurait accepté de rembourser à la Grèce sur les intérêts de sa dette. Dépenser pour refouler des personnes extrêmement vulnérables, oui, annuler la dette illégitime de la Grèce pour éviter le massacre social, non. On ne peut plus clairement résumer les politiques de l’UE.

Nulle question de « place disponible à l’accueil », nulle question « d’origine », que ces personnes migrantes viennent de Syrie, de Palestine, d’Irak, d’Afghanistan ou d’ailleurs peu importe, il s’agit de créer une Europe de l’investissement vide de sens et pleine d’argent, vide de gens et pleine de morts.

Les mots ne sont pas encore assez durs et la colère est légitime

La Grèce est devenue aujourd’hui un territoire de toutes les batailles. Des personnes tentent de sauver ce qu’il reste de notre humanité, en sauvant des vies aux larges des côtes grecques et turques tandis que d’autres se lancent dans une croisade contre l’« étranger » et ses « allié·es ». La police anti-émeute grecque (MAT), chargée de canons à eau, de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes, avait été envoyée par bateau par ordre du gouvernement à la fin février sur les îles de la mer Egée pour réprimer la population locale, en colère d’apprendre la réquisition par le gouvernement de leurs petites propriétés (terrains) pour la construction de nouveaux centres fermés. Ce même gouvernement avait annoncé quelques jours plus tôt son plan en trois points : construire de nouveaux centres fermés pour 20 000 demandeurs et demandeuses d’asile (alors que les camps comptent au total plus de 40 000 personnes aujourd’hui), renforcer les frontières physiques, refuser presque automatiquement les potentielles nouvelles demandes d’asile. S’en sont suivies des images de guerre civile – des affrontements violents ont éclaté entre la population et les autorités locales et la police de l’État – qui laissaient présager le pire.

Les partis néofascistes d’Europe n’ont pas manqué d’y voir une opportunité à leur propagande raciste et hypocrite. Le 10 mars dernier, le parti flamand Vlaams Belang (Parti d’extrême droite flamand en Belgique) organisait un rassemblement devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles pour soutenir les grec·ques qui « résistent avec vigueur » au « déboulement » des milliers de personnes migrantes envoyées par le « dictateur turc Erdogan ». Il se vantait d’être le seul parti « solidaire du peuple grec » ! Ce discours écœurant a été lu sur les réseaux sociaux par au moins des centaines de sympathisant·es dont des grec·ques qui remerciaient le Vlaams Belang de son soutien au pays ! À l’heure où le peuple grec luttait pour sa survie contre les mesures d’austérité imposées par la Troïka, le Vlaams Belang tenait un discours radicalement opposé.

Article extrait du magazine AVP – Les autres voix de la planète, « Dettes & migrations : Divisions internationales au service du capital » paru en mai 2021. Magazine disponible en consultation gratuite, à l’achat et en formule d’abonnement.

Source https://www.cadtm.org/Un-nuage-neofasciste-plane-toujours-au-dessus-des-frontieres-entre-la-Grece-et

Christos Pappas, d’Aube dorée, en fuite arrêté en Grèce

Par Thomas Kissel

Le fugitif Christos Pappas, l’ancien chef adjoint du tristement célèbre groupe néonazi Aube dorée, a été appréhendé et arrêté à Athènes, en Grèce. Aube dorée a été reconnue comme une organisation criminelle et ses dirigeants ont été condamnés peu après. Bien qu’un mandat ait été émis, Pappas a fui l’arrestation et n’avait pu être localisé jusqu’à présent.

Pappas aurait été caché par une femme de 52 ans dont le nom n’a pas été révélé, dans une maison de Zografou, à Athènes. Pappas sera remis aux procureurs vendredi.

L’ancien membre d’Aube dorée a été condamné à 13 ans de prison pour son rôle dans le groupe. Bien que la police ait placé les dirigeants du parti sous surveillance avant le verdict historique, Pappas a réussi à disparaître.

Il s’est présenté pour la dernière fois au poste de police de Papagou, dans la banlieue nord d’Athènes, le 1er octobre, comme il était tenu de le faire, mais on ne l’a pas revu depuis. Les spéculations allaient bon train quant à la possibilité qu’il se soit enfui à l’étranger ou qu’il se cache dans une région reculée de la Grèce, protégé par des fidèles.

Pappas a siégé au Parlement grec de 2012 à 2019, étant élu trois fois. Lors de la dernière élection en Grèce, le 7 juillet 2019, Aube dorée n’a pas recueilli suffisamment de voix pour faire son entrée à la Chambre.

Pappas est le fils d’Elias Pappas, un officier de l’armée et un collaborateur de la junte des Colonels. Son père était également un membre fondateur du parti d’extrême droite Aube dorée.

Fervent nationaliste, Christos Pappas a fondé les publications Helioforos, qui publient des livres au contenu nationaliste d’extrême droite. Il est devenu un proche collaborateur du chef d’Aube dorée, Nikos Michaloliakos.

Le 29 septembre 2013, il a été placé en détention provisoire pour avoir dirigé une organisation criminelle, à la suite du meurtre du rappeur Pavlos Fyssas par un membre d’Aube dorée.

En décembre de la même année, sa demande de libération de prison est rejetée. Il a été libéré le 29 mars 2015, dix-huit mois seulement après son arrestation.

Source https://greekreporter.com/2021/07/02/golden-dawn-christos-pappas-arrested-greece/

Des nouvelles des VioMe

Nouvelle victoire de l’usine autogérée bio.me (et livraison de ses produits ménagers à des lieux et collectifs solidaires)

La solidarité continue avec les collectifs et lieux autogérés en Grèce, malgré les pressions et intimidations du pouvoir. 3ème épisode des livraisons en cours :

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NOUVELLE VICTOIRE DE L’USINE AUTOGÉRÉE BIO.ME ✌️🖤❤️ (ET LIVRAISON DE SES PRODUITS MÉNAGERS À DES LIEUX ET COLLECTIFS SOLIDAIRES)
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Ces derniers jours, une nouvelle tentative du vente aux enchères du terrain de l’usine BIO.ME vient d’échouer ! Malgré un contexte très difficile, les ouvriers tiennent bon, après être passé en autogestion il y a dix ans ! Une fois de plus, la solidarité internationale a contribué à mettre la pression sur le Tribunal de Thessalonique, de même qu’un rassemblement sur place le 24 juin.
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Une semaine plus tard, nous sommes passés à l’antenne athénienne de BIO.ME pour acheter, comme d’habitude, de grosses quantités de produits ménagers afin de fournir nos lieux et collectifs solidaires.
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S’il vous arrive de passer par Athènes, faites comme nous : allez les voir dans le quartier de Peristeri, au 33 rue Psaron. Vous pourrez découvrir leurs nouveaux produits (qui se sont encore améliorés à tous points de vue) auxquels s’ajoutent désormais quelques flacons pour le corps et les cheveux — mais pour moi, il parait que ça ne marchera pas 😉
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Le local athénien de l’usine BIO.ME propose aussi à la vente quelques livres de coopératives d’éditions qui parlent bien sûr d’autogestion, de luttes sociales et d’écologie, entre autres. On y trouve aussi des tee-shirts et des sacs en tissu pour soutenir leurs frais de Justice.
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Il y a trois jours, pendant que nous remplissions ensemble une dizaine de cartons à livrer ici et là (Athènes, Crète…), nous nous sommes remémorés les années 2012-2013 : quand leur lutte commençait à se faire connaitre au-delà des frontières de la Grèce, notamment via le film Ne vivons plus comme des esclaves (cf. une variante de l’affiche du film avec Makis Anagostou, parmi les photos et souvenirs en pièces jointes).
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Ainsi, au fil des années, nous nous sommes souvent retrouvés côte-à-côte: à l’usine ou dans des manifs, sur un plateau de radio ou autour d’un café. « Le petit Achille a grandi ! » a remarqué l’un d’entre eux. Le temps passe. Oui, mais entre compagnons de luttes, nous vivons le temps qui passe d’une autre façon : tout d’abord parce que nous témoignons joyeusement qu’aucun d’entre nous n’a baissé les bras, donc que rien n’est encore fini, mais aussi parce que nous avons accumulé une expérience en commun : nous avons vérifié que l’utopie est à portée de main, que l’obstacle principal est la résignation et que la solidarité permet parfois de soulever des montagnes.
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Être frères et sœurs de lutte est encore plus fort que d’être parents ou copains dans la vie. Et nos conversations le prouvent : nous revenons systématiquement à l’essentiel et agissons ensemble dans ce but, au lieu de nous restreindre à des banalités de base, à du langage diplomatique, creux et convenu pour botter en touche, feindre de ne rien voir de ce qui est important ou éviter les sujets de désaccords avec les proches que nous n’avons pas choisi et qui sont en réalité plus lointains qu’il n’y paraît.
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Ma vraie famille est celle qui défend la vie et l’amour dans les catacombes de cette société mortifère, et non celle qui se contente de profiter de la loterie de l’existence. Je remercie mes proches d’être plus ou moins impliqués dans des actions qui vont dans le bon sens. Sans quoi, au fil du temps, nous n’aurions peut-être rien à nous dire.
Courage mes frères et sœurs d’utopie ! Bien que les temps soient sombres, la grande famille de celles et ceux qui luttent pour défendre la vie et l’amour n’a pas dit son dernier mot ! ✊🖤❤️
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Yannis Youlountas po/ le collectif
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(à suivre)
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Petit souvenir de BIO.ME et Ne vivons plus comme des esclaves (durée 5 minutes) :
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PS : les actions et livraisons continuent durant les jours à venir (évidemment sans subvention ni partenariat médiatique avec les valets du pouvoir) à destination de plusieurs autres collectifs et lieux autogérés à Athènes puis ailleurs. Si vous voulez participer, c’est ici :
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1- Pour effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »
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3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
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Contact : solidarite@anepos.net
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Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
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Si vous envisagez de venir par la route en Grèce cet été et que vous aurez de la place dans votre véhicule, faites-nous signe 🙂
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