Retrouvez l’université d’été solidaire et rebelle de Grenoble

Deux semaines après ce rassemblement unique des mouvements sociaux et citoyens, retrouvez les temps forts de l’#UEsolidaire !

Revivez ces cinq jours de formations, de débats et de mobilisations grâce à la revue de presse ! Vous y découvrirez de nombreux témoignages et analyses de médias locaux et nationaux !

Vous pouvez également revoir l’intégralité des plateaux télés et des podcasts radios des équipes de TV Bruits et Radio Parleur via les émissions « Tout le monde déteste la rentrée » et sur le site de l’université d’été.

et notamment

– Présentation de l’Université d’Été Solidaire et Rebelle des Mouvements Sociaux et Citoyens avec Annick Coupé et Sébastien Bailleul porte-parole de l’événement, présenté par Jean No de Tv bruits https://youtu.be/TmO-v7wW_Ro

– Gratuité d’émancipation, avec Patrick le Moal, de la Fondation Copernic, présenté par Paul de Tv Bruits,https://youtu.be/6qiH1NUTn6U

– Éducation populaire en question avec Cécile Hanff d’Attac, présenté par Julien de Tv Bruits- https://youtu.be/7xchzyjWQBg

– La crise systémique et son instrumentalisation politique avec Pierre Khalfa de la Fondation Copernic présenté par Jean-No de Tv Bruitshttps://youtu.be/gckDQB9U1LU

-Un euro ne fait pas le bonheur : Ministère du bonheur, de la contemplation et de l’exploration des petites mondes, https://youtu.be/aqI4YsNwr8E

– Quelle finance voulons-nous ? avec Eric Toussaint CADTM, https://youtu.be/ruZFHlBeVmk

– Vivons les jours heureux sans attendre avec Patrick Viveret Essayiste Archipel « Osons les jours heureux », https://youtu.be/-L7TB7UmCoY

– Comment mettre en liaison les mouvements sociaux ? avec Gustave Massiah d’Attac, https://youtu.be/2Kb1KZv-OnM

– Journalisme : profession en danger ? avec Emmanuel Poupard, secrétaire général du Syndicat National des Journalistes, présenté par Erwan Manac’h de Politis https://youtu.be/13yxVfVp5Ig

-Spécial acteurs locaux et bénévoles avec Luc, Zoé et Béatrice bénévoles à l’Université présenté par Jean-No de Tv Bruits https://youtu.be/UBjJjNg43QY

– On ne nait pas homme on le devient avec Anais Enet-Andrade de Quartier du monde présenté par Paul de Tv Bruits, https://youtu.be/rp1yegTv0wE

-Poésie gouvernementale n°15677D du Ministère du bonheur, de la contemplation et de l’exploration des petites mondes, https://youtu.be/EPiNg59cyTM,

-La réforme systémiques des retraites, Macro-injustice ! avec Jean-Marie Harribey d’ATTAC et Marylène Cahouet de la FSU présenté par Jean-No de Tv Bruits https://youtu.be/ER43j43x4Bs

– Économie et droits humains avec Laura Aufrere du Doctorante au CEPN Paris 13 et membre du RIPESS Europe et Bruno Lasnier Coordinateur du Mouvement pour l’économie solidaire, présenté par Jean-No de Tv Bruits, https://youtu.be/RbsJzJGkN1U,

– Justice climatique avec Clémence Dubois de 350.org présenté par Virgine Cresci Le Media, https://youtu.be/m0dycpNkXrs

-Les accords de libre échange avec Aurélie Trouvé ATTAC par Paul de Tv Bruits, https://youtu.be/7JkOvabA-iU

-ZAD et grands projets inutiles et imposés avec Elisabeth Letz, du collectif pour un autre Neyrpic, Siamak de CPTG, non à Europa City présenté par Geneviève Coiffard, de Notre Dame Des Landes, https://youtu.be/MEZWZ0LX9FU

-Recherche participative avec Isabelle Goldringer de Sciences citoyennes présenté par Paul de Tv Bruits, https://youtu.be/Mttf2kcHyg4

-Municipalisme, transition, communs et territoires avec Magalie Fricodet de AITECH présenté par Jean-No de Tv Bruits, https://youtu.be/o3T_JZiSafA

SOS Méditerranée : Une détermination intacte

27 jours en mer, 146 personnes secourues et une détermination intacte ! Journal de bord de l’Aquarius 13/9/18

« J’ai 14 ans, je viens de Somalie. » Sur le pont de l’Aquarius, dans la file indienne pour l’enregistrement rapide des personnes tout juste secourues en mer, ce jeune garçon, le visage émacié, peine à articuler son âge. « 14 ans » répète l’opératrice de Médecins Sans Frontières, qui coche les cases sur la tablette prévue à cet effet.

Plus d’enfants que d’adultes à bord

Après les deux sauvetages – un premier canot en bois qui transportait 25 personnes, puis un second canot, plus grand, à bord duquel se trouvaient 116 personnes -, il y avait à bord de l’Aquarius le 10 août dernier, plus d’enfants que d’adultes. Sous des traits endurcis par les épreuves qu’ils ont dû traverser pour arriver jusque-là, des sourires, des gestes, trahissent leur corps et leur âme d’enfant. « Il a l’âge de mon fils », pense Viviana (lire témoignage), membre de l’équipe de sauveteurs de SOS MEDITERRANEE. Par une chaleur écrasante et sous un soleil dardant, nul ne peut s’empêcher de penser que tandis que des milliers de jeunes enfants et adolescents jouent et profitent de l’été sur les plages de la Méditerranée, de l’autre côté de cette mer, ce sont plus de 70 mineurs secourus in extremis par l’Aquarius qui viennent d’échapper à la noyade et à l’enfer libyen.

Pas d’urgence médicale à bord, mais les récits des violences et de privations de droits des rescapés sont horrifiants. Certains portent des cicatrices profondes, qui attestent des violences infligées par leurs gardiens en Libye. « J’ai été torturé, avec l’électricité, pour de l’argent » explique l’un d’eux.

Cette réalité, invisible, inaudible, semble laisser les dirigeants politiques de marbre. Catégorisés comme « migrants », ces rescapés, en majorité mineurs, ne sont pas les bienvenus pour les gouvernements européens qui se rejettent la responsabilité de l’attribution d’un port d’accueil pour l’Aquarius.

Nouvelle confusion quant au port de débarquement

Les opérations de sauvetage de ces deux embarcations ont été officiellement coordonnées par le JRCC de Tripoli, le centre de coordination libyen des sauvetages en mer, qui bien que récemment « reconnu » par l’Organisation Maritime Internationale, se déclare incompétent lorsqu’il s’agit de désigner un « port sûr » (place of safety) pour un éventuel débarquement. Il faudra attendre plusieurs jours en mer, multiplier les contacts avec les autres autorités maritimes, en appeler à la responsabilité de l’Europe dans les médias, avant d’obtenir l’instruction de se rendre à Malte le 15 août pour le débarquement des personnes secourues.

Quelques jours plus tard, ils seront transférés vers d’autres pays européens qui ont accepté de les accueillir, conformément aux conventions sur la protection des personnes et sur le droit d’asile ratifiées par les pays européens. Selon l’OFII (l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration), 59 de ces naufragés seront accueillis en France, dans les régions de la Franche-Comté, du Centre-Val-de-Loire et du Grand-Est. L’Italie a elle aussi finalement souscrit à l’accord de redistribution des rescapés.

SOS MEDITERRANEE demande un dispositif de sauvetage adéquat, permanent et prévisible

« Le fait que les Etats européens soient parvenus à se mettre d’accord pour faciliter un débarquement rapide des survivants à bord de l’Aquarius était un signal positif. Mais les Etats européens doivent poursuivre leurs efforts et assumer la responsabilité de la mise en place d’un dispositif de sauvetage adéquat, permanent et prévisible sans délai ». C’est ce qu’a continué de plaider Sophie Beau, cofondatrice de SOS MEDITERRANEE et directrice de l’association française, alors qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel se rencontraient à Marseille début septembre, à quelques encablures du port où l’Aquarius est amarré depuis le 27 août pour son escale technique régulière.

Une escale mise à profit pour procéder aux dernières démarches administratives, réglementaires et techniques nécessaires au changement de pavillon du navire, après que les autorités de Gibraltar aient menacé publiquement le 13 août dernier de retirer l’Aquarius de leurs registres d’immatriculation. Une décision qui ressemble fortement à une tentative politique d’entraver l’activité de sauvetage, un navire sans pavillon n’étant pas autorisé à sortir en mer.

Alors que l’Aquarius est sur le point d’amorcer sa 44e mission de sauvetage, l’incertitude règne toujours en Méditerranée centrale. Aucune solution pérenne n’a été proposée par les gouvernements européens et les bateaux humanitaires sont de moins en moins nombreux à opérer au large de la Libye. Le nombre d’interceptions par les garde-côtes libyens a augmenté depuis le début de l’année 2018, tout comme le risque encouru pendant la traversée de la Méditerranée. Jamais la mortalité n’avait atteint de tels pics depuis 2015 et la fin de l’opération Mare Nostrum. Et la situation à terre en Libye ne cesse de se dégrader. Autant de raisons, malgré les incertitudes, pour retourner au plus vite en Méditerranée centrale, pour rechercher, secourir, protéger et témoigner.

Crédits photo : Guglielmo Mangiapane / SOS MEDITERRANEE

Grèce. Le «retour sur les marchés» ou la poursuite de la «purge sociale»?

Publié par Alencontre le 4 – septembre – 2018 Par Antonis Ntavanellos

Le 21 août 2018, Alexis Tsipras a choisi l’île d’Ithaque pour y «célébrer» la fin des programmes de «sauvetage» de la Grèce. Il a parsemé son discours de références à l’Odyssée d’Homère pour souligner le droit de son parti (Syriza) à diriger le pays dans le contexte de l’ère nouvelle qui s’ouvre, prétendument.

Le choix est malheureux. Dans le récit d’Homère, l’aventure aboutit effectivement à une sorte de «fin», avec le retour à Ithaque, mais le roi Ulysse est le seul survivant. La flotte, les équipages et tous ses camarades ont disparu en mer. Sans compter qu’Ulysse parvient à conserver son pouvoir royal en tuant tous les prétendants à marier la reine, Pénélope, mais seulement temporairement. La colère des familles de prétendants, désireux de venger les morts, provoquera une nouvelle crise, qui ne s’achèvera que grâce à une nouvelle intervention des dieux, c’est-à-dire les puissances mêmes qui ressemblent aux «institutions internationales» qu’est la troïka (FMI, BCE et Commission européenne).

Le discours de Tsipras transpirait l’hypocrisie. Chacun sait que la fin de l’ère des mémorandums est un énorme mensonge:

  • parce que le gouvernement Syriza-Anel (Grecs indépendant de Panos Kamménos) s’est engagé – ainsi que tout gouvernement futur – à ne pas abroger ou amender toute loi, disposition ou règlement mis en place au cours de la période mémorandaire… sans accord de la troïka;
  • parce que le gouvernement Syriza-Anel s’est engagé à maintenir le régime de «surveillance accrue» de l’économie grecque par ses créanciers jusqu’à ce que 75% de la dette grecque soit remboursée. Soit au moins… jusqu’en 2060! Les politiques économiques et sociales des futurs gouvernements seront examinées par les représentants de la troïka, qui contrôleront – tous les trois mois! – chaque mesure, jouissant du pouvoir d’imposer de nouvelles mesures d’austérité «automatiquement» à chaque fois qu’ils l’estimeront nécessaire;
  • parce que le gouvernement Syriza-Anel s’est engagé – ainsi que tout gouvernement futur – à suivre une politique insensée et réactionnaire de maintien d’un surplus budgétaire fixé à 3,5% du PIB annuel au cours des cinq prochaines années, puis à 2%!

A ceux qui estiment que les «surplus budgétaires» atteints au cours des deux dernières années représentent une preuve du succès gouvernemental, nous voudrions leur rappeler que l’expérience de cet été démontre que ces «surplus budgétaires» sont couverts de sang. Ce sont ces mêmes «objectifs budgétaires» qui ont engendré les conditions de la mort tragique de 97 personnes lors d’un incendie long d’à peine 2 kilomètres, dans une zone située juste à 30 kilomètres du centre d’Athènes! Ce sont ces mêmes «objectifs budgétaires» qui ont créé les conditions de pénurie du système de soins. Des pénuries telles que les hôpitaux publics manquent de traitement contre les morsures de serpent, de sorte qu’il est possible de mourir d’une morsure de serpent dans un pays européen au XXIe siècle! Ce sont ces mêmes «objectifs budgétaires» qui ont créé les conditions de l’effondrement du fournisseur public d’électricité, avec pour conséquence des pannes d’électricité à Athènes ou sur l’île luxueuse d’Hydra.

La poursuite de ces politiques n’a qu’une seule signification: une austérité sans fin. Le gouvernement affirme être parvenu à réduire le chômage en dessous des 20%. Il masque toutefois le fait que cette diminution n’a été possible que parce que 500’000 jeunes ont quitté le pays et au prix d’une croissance continue de la précarité, de la détérioration des conditions de travail ainsi que d’une hausse des emplois temporaires (avec des salaires qui se situent au niveau du seuil de pauvreté de 380 euros mensuels). Le gouvernement prétend rétablir la possibilité de conclure des contrats collectifs sur les lieux de travail. Il dissimule toutefois le fait que dans un contexte marqué par un chômage massif et une précarité extrême, le contenu de ces contrats collectifs sera imposé par les employeurs si les négociations sont «déterminées» par l’équilibre actuel, «spontané», des rapports de force sur les lieux de travail.

Le gouvernement ajoute sa volonté de renégocier avec la troïka la baisse des allocations de retraite. Il passe ainsi sous le tapis le fait que des coupes ont déjà été décidées pour les «nouveaux» retraités (ceux qui sont partis à la retraite après l’adoption de la nouvelle loi sur les retraites) en même temps qu’il esquive soigneusement ce qu’il fera dans le cas où la troïka refuserait de reporter les nouvelles coupes.

Sous le gouvernement Syriza-Anel, au cours des années du 3e mémorandum imposé au cours de l’été 2015, nous avons assisté à la poursuite et à l’approfondissement des politiques d’austérité des 1er et 2e mémorandums. Les mêmes politiques que celles qui ont successivement été appliquées par les sociaux-libéraux sous G.Papandreou (octobre 2009- 11 novembre 2011), la droite néolibérale sous Samaras (juin 2012-janvier 2015) et lors de la coalition contrainte (en raison des menaces du mouvement de résistance) entre le Pasok et la Nouvelle démocratie (novembre 2011-mai 2012).

Le résultat de ces années d’austérité est celui d’un transfert gigantesque de revenus, richesses et biens des couches inférieures de la société vers le sommet. Il s’agit là de la réalisation majeure de la classe dominante locale à l’ère des mémorandums, y compris depuis que Syriza est au gouvernement.

Ces politiques ne génèrent toutefois pas l’optimisme au sein même des classes dominantes. Personne n’a le cœur de célébrer sincèrement le «retour sur les marchés financiers» (autrement dit l’émission d’une dette obligataire) fortement vanté. Les appréhensions que provoquent la situation économique internationale, la crise en Turquie ainsi que l’instabilité en Italie génèrent des hésitations quant au plan visant à émettre des emprunts grecs en automne, comme premier test. Il est fort possible que le refinancement de la dette grecque apparaisse alors comme une opération très coûteuse. Le taux des emprunts grecs sur dix ans s’élève aujourd’hui à 4,19%, ce que l’on peut comparer aux taux portugais (1,83%) et espagnol (1,42%)…[1]

Nikos Christodoulakis, l’ancien «homme fort de l’économie» sous le gouvernement social-néolibéral de Kostas Similis [1996-2004], est récemment intervenu dans le débat public, diffusant des articles exposant une voie alternative où il propose: de repousser le retour vers les marchés financiers de plusieurs années, de négocier une réduction des objectifs de surplus budgétaires de 50%, d’accroître les investissements publics, de réduire la fiscalité des entreprises, de supprimer la disposition actuellement en vigueur qui permet à la troïka de privatiser «automatiquement» les grandes entreprises publiques.

Ces propositions modérées et social-libérales apparaissent comme issues de la «gauche radicale» en comparaison avec les accords en vigueur tels que négociés par Tsipras et les créanciers.

Les politiques de Syriza ont redonné de la vigueur à la droite, laquelle était knock-out suite à sa défaite politique en 2015. Le dirigeant de la Nouvelle démocratie, Kyriákos Mitsotákis, menace de lancer une offensive pro-patronale, brandissant le drapeau de la baisse de l’imposition des entreprises, prétendant que c’est la seule manière de… réduire le chômage!

Les syndicats et la gauche radicale doivent présenter leur propre vision, leur réponse à la question consistant à savoir quel sera le contenu social de la «sortie» de la période mémorandaire.

Cette réponse repose sur deux «piliers». Le premier: un programme minimum de revendications immédiates visant à améliorer la situation des travailleurs et des couches populaires. Le second: une réponse à la question portant sur quelles sont les forces en capacité de mener des luttes permettant d’imposer ce programme, en d’autres termes une proposition claire d’unité dans l’action.

Un front de la gauche radicale, fondé sur un engagement ferme autour d’un programme axé sur les besoins de notre peuple, est désormais une précondition nécessaire afin d’éviter le dilemme d’un autre épisode de l’Odyssée: choisir entre Syriza-Scylla et la droite-Charybde. (29 août 2018; article publié dans la publication de DEA, Ergatiki Aristera ; traduction A l’Encontre)

____

[1] Le 21 août 2018, l’agence Reuters citait des courtiers qui affirmaient: «La courbe des taux des obligations souveraines grecques suggère qu’une obligation à échéance de septembre 2028 se traiterait sur la base d’un rendement d’environ 4,40% à 4,45%. Avec la prime de nouvelle émission, cela porterait le rendement d’une nouvelle obligation à 10 ans vers un taux de 5%.

«Est-ce que cela a vraiment du sens pour eux d’émettre à ce taux alors qu’ils peuvent se financer auprès du MES (Mécanisme européen de stabilité) à des taux nettement plus bas? Je sais qu’ils veulent faire la démonstration qu’ils ont accès au marché mais ils sont raisonnables en même temps», dit un des courtiers.

Les deux fonds de sauvetage de la zone euro – le MES et le Fonds européen de stabilité financière (FESF) – ont fixé leur taux de prêt à, respectivement, 0,99% et 1,44%. L’essentiel de la dette grecque est due à ces deux institutions.»

Source ttps://alencontre.org/europe/grece/grece-le-retour-sur-les-marches-ou-la-poursuite-de-la-purge-sociale.html

CR réunion collectif du 3 septembre 2018

Réunion du collectif « Citoyens de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe »
du 03/09/2018

Présents : Lucienne, Christine, Georges, Christophe, Max
Excusés : Liliane, Marie-Claude, Béatrice

– Nouvelle projection débat au cinéma le Club du film « L’amour et la révolution » de Yannis Youlountas le lundi 8 octobre 2018 en présence du réalisateur.
La projection a été calée avec le club par l’intermédiaire d’Isabelle.
Le film a été actualisé en juin -juillet.
Nous organiserons un buffet avant la projection dans la petite salle du Club. Chacun d’entre nous pourra apporter quelque chose à manger et à boire.
Il faudra prévoir un moment de discussion avec Yannis au sujet du devenir de la coordination des divers collectifs qui fonctionnent encore.
Affiche à faire à partir du visuel du Club : Max
Info Tamis et Ici Grenoble : Christine
Info les Antennes : Georges
Voir le site du CRIC proposé par Christophe.
Envoi de l’affiche aux différents partenaires (associations, syndicats, partis) : semaine du 17/9 : Max
L’hébergement de Yannis et Maud a été trouvé.

– Commande de produits VIOME
La campagne commencera le 8 octobre lors de la projection du film L’amour et la révolution.
Le catalogue et le bon de commande seront distribués à chaque spectateur.
Traduction du catalogue : Christine.
Modification du bon de commande : Max.
Date limite de réception des commandes vendredi 16 novembre.
Distribution des produits dans les 15 premiers jours de décembre.
Local de réception et de distribution des produits : Christine contacte le PG, si le local du PG n’est pas disponible Christophe essaiera de trouver une solution de rechange.

– Soirée SCOP + VIOME du 7 novembre à Maison des associations de Grenoble
Titre de la soirée : Les SCOP : de Thessalonique à Grenoble, une autre manière de gérer une entreprise
Liliane a recontacté Meyrem Yilmaz de l’Union régionale des Scop qui est toujours d’accord pour intervenir. Meyrem contacte les 2 autres intervenants (Hervé Charmettant, universitaire et Cyril Zorman de la société Probesys).
Christine demande à Mattheos de prendre contact avec les Viome pour avoir les dernières nouvelles.
Cette soirée est incluse dans le programme du Festival des solidarités de Grenoble, Max participera à la réunion de coordination de ce festival qui aura lieu le 5/09.
Information à prévoir.

– Prochaine réunion du collectif
Lundi 15 octobre 2018 de 17h à 19h salle 223 de la Maison des associations de Grenoble.

En Grèce aussi criminalisation de la solidarité

Grèce: une réfugiée syrienne célèbre inculpée pour aide à l’immigration irrégulière


AFP
Publié le

La réfugiée syrienne Sarah Mardini, célèbre pour avoir, avec sa sœur nageuse olympique Yusra, sauvé des réfugiés en mer, a été inculpée en Grèce de participation à un réseau criminel d’aide à l’immigration irrégulière, a indiqué son avocat mercredi.

Arrêtée le 21 août sur l’île de Lesbos, en mer Egée, où elle aidait les réfugiés au sein d’une ONG, la jeune femme de 23 ans a été placée en détention provisoire à la prison athénienne de Korydallos, a précisé à l’AFP son avocat, Haris Petsikos.

Son cas a été rendu public mardi par le site grec Protagon, après l’annonce par la police du démantèlement d’un « réseau criminel » d’aide à l’immigration irrégulière, impliquant au total 30 membres de l’ONG ERCI (Emergency response centre international) déployée à Lesbos.

La jeune femme, et un autre volontaire, le germano-irlandais Sean Binder, arrêté avec elle et placé en détention sur l’île de Chios, près de Lesbos, « rejettent toutes les charges » qui les visent, a déclaré Me Petsikos.

Ils ont notamment été inculpés des crimes de « participation à une organisation criminelle », « violation de secrets d’Etat » et « recel », passibles de la réclusion à perpétuité, a-t-il précisé.

Le troisième membre de l’ONG arrêté, un de ses dirigeants, le Grec Nassos Karakitsos, devait lui être présenté dans la journée au juge d’instruction.

‘Criminalisation’ de la solidarité

« Pour moi, il s’agit clairement d’un cas de criminalisation de l’aide aux réfugiés », a commenté Me Petsikos. Il a relevé que ses deux clients étaient absents de Grèce à plusieurs dates où des faits leur sont reprochés.

L’avocat a déposé mercredi une demande de remise en liberté de Sarah, qui vit en Allemagne avec sa famille et y est boursière au collège Bard de Berlin en première année de sciences économiques et sociales.

« Sarah est profondément idéaliste et engagée dans l’aide aux réfugiés, c’est cela sa motivation », et « la priorité est de la faire sortir de prison » a réagi pour l’AFP le directeur de Bard, Florian Becker.

Il a jugé son placement en détention « disproportionné par rapport à la qualité des charges » retenues contre elle, qui « incluent beaucoup d’erreurs factuelles ».

Ces charges « sans fondement semblent surtout avoir pour but de stopper les opérations de l’ONG » mise en cause, a-t-il ajouté.

Selon la police, les membres impliqués de l’ONG offraient « un concours direct aux réseaux organisés de trafic de migrants », en s’informant à l’avance des arrivées sur les îles et en organisant l’accueil des exilés mais sans transmettre leurs informations aux autorités.

Elles recherchaient ainsi « un gain financier via des donations à l’ONG », a précisé la police dans un communiqué.

Sarah et sa sœur, Yusra, étaient devenues célèbres pour avoir mené à bon port, grâce à leurs compétences de nageuses, le bateau en difficulté qui les amenait de Turquie à Lesbos en août 2015, avec 18 autres personnes à bord.

Yusra a participé aux jeux Olympiques de Rio en 2016 dans l’équipe des athlètes réfugiés et elle est depuis 2017 ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU.

L’entraîneur allemand de Yusra, Sven Spannekrebs, a également apporté son soutien à Sarah. Elle et Sean Binder sont « des bénévoles de longue date de l’ONG ERCI et n’ont jamais pris part à des activités illégales », a-t-il affirmé à l’AFP.

Les autorités grecques avaient déjà accusé trois Espagnols et deux Danois d’avoir contribué à l’entrée irrégulière de migrants à Lesbos par leur action au sein de l’ONG espagnole Proem-Aid mais ces volontaires avaient été relaxés en mai à l’issue d’un procès très suivi par le monde humanitaire.

Plus de 10.000 exilés restent parqués dans des conditions dénoncées comme indignes par les ONG à Lesbos, par où avait transité le plus gros de l’exode du Moyen-Orient vers l’Europe en 2015 et 2016.

Source http://www.lepoint.fr/insolite/grece-une-refugiee-syrienne-celebre-inculpee-pour-aide-a-l-immigration-irreguliere-29-08-2018-2246768_48.php

La Belgique rétrocédera 222 millions à la Grèce

La Belgique rétrocédera 222 millions à la Grèce par Frédéric Rohart,


La zone euro a convenu en juin de procéder sous conditions à la rétrocession des gains faits par les banques centrales sur les obligations grecques. La Belgique va ainsi rendre d’ici 2022 un total de 221,8 millions d’euros à Athènes.

Personne ne veut faire de profits sur la crise grecque », affirmait ce week-end le ministre allemand des Finances au quotidien grec Ta Néa. Le social-démocrate Olaf Scholz a beau être arrivé aux commandes de son ministère en expliquant qu’il poursuivrait l’œuvre de son prédécesseur (de gauche ou de droite, un ministre des Finances allemand reste un ministre des Finances allemand), il n’a pas besoin face à la Grèce d’adopter l’austère posture de Wolfgang Schaüble. Peut-on pour autant affirmer avec lui que les Européens ne feront aucun profit sur les mesures de sortie de crise grecque? C’est l’esprit, mais ce n’est pas tout à fait la lettre.

« L’objectif est que tous les bénéfices«  que les banques centrales européennes ont fait sur la Grèce « soient régulièrement rendus à l’État grec« , expliquait le ministre allemand dans son interview. C’est précisément ce que lui et ses collègues de la zone euro avaient convenu le 22 juin dernier, au moment de sceller les modalités de la fin du 3e plan de refinancement de la Grèce. Athènes fait face à un endettement de 178% de son produit intérieur brut (PIB), et les grands argentiers européens avaient convenu d’une série de mesures pour tenter de rendre cet endettement « soutenable »: allonger le délai de remboursement d’une partie des prêts, diminuer des taux d’intérêt et – c’est la mesure qui nous occupe – rétrocéder les intérêts perçus par leurs banques centrales.


L’amende de Varoufakis

En pleine crise des dettes souveraines, la Banque centrale européenne (BCE) avait procédé à partir de 2010 à des rachats de dette publique grecque dans le cadre de son Securities Market Program (SMP) – des achats sur le marché secondaire destinés à faire baisser les taux d’intérêt. « Ils les avaient acheté sous leur valeur de remboursement, l’Eurosystème a donc réalisé des gains en plus-value et en coupons », rappelle Eric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg School of Management de Lille.
En 2012, les États de la zone euro avaient convenu de rétrocéder ces dividendes à la Grèce, mais le patron de la BCE, Mario Draghi, avait suspendu ces versements face à l’arrivée d’un nouveau gouvernement grec, celui d’Alexis Tsipras, qui refusait de se fondre dans le moule validé par ses prédécesseurs. Le montant déjà versé sur un compte commun pour l’année 2014, 1,9 milliards d’euros, était gelé – la somme s’y trouve toujours.

Deux années se sont ensuite écoulées avant que les États membres conviennent de réactiver le mécanisme de rétrocession. Dans l’intervalle, la zone euro avait gagné 2,6 milliards d’euros d’obligations SMP, plus 1,1 milliard d’obligations dites Anfa (Agreement on Net Financial Assets). Le refus du gouvernement Tsipras de s’inscrire dans la continuité de ses prédécesseurs aura en somme été frappé d’une « amende » de 3,7 milliards d’euros – même si l’Eurogroupe ne l’a jamais présenté de cette manière. De cette enveloppe, la Belgique aura de facto « touché » 148,8 millions d’euros.

« Carotte » et conditions

Parenthèse faite de ce montant définitivement perdu pour l’État grec, l’Eurosystème (BCE et banques centrales nationales) ne garderont donc pas les profits faits sur les obligations grecques. Les versements auront lieu en décembre et juin à partir de cette année et jusqu’en 2022 au travers du compte du Mécanisme européen de stabilité (MES). L’argent devra servir à réduire des besoins de financement de la Grèce ou à financer des investissements qui auront reçu le feu vert des créanciers.

La ventilation par pays n’a pas été rendue publique. Mais on sait par exemple que l’Allemagne a engrangé 2,9 milliards d’euros d’intérêts depuis 2010 dans le cadre du programme SMP grec.

Pour ce qui concerne la Belgique, L’Echo a obtenu auprès du ministère des Finances le détail des rétrocessions prévues.

De l’enveloppe de 2014 gardée sur le compte commun du MES, la Belgique va payer 68 millions d’euros. La réactivation des transferts de fonds SMP pour les années budgétaires 2017 à 2022 totaliseront pour la Belgique un versement à la Grèce de 102 millions d’euros. Contrairement à la Bundesbank, la banque centrale belge est par ailleurs (avec celles de France, du Portugal et des Pays-Bas), l’une des rares à détenir sur ses propres comptes des obligations de type Anfa. Elle en remboursera les bénéfices à Athènes pour un montant total de 51,8 millions d’euros. Au total, la Belgique remboursera donc 221,8 millions d’euros à la Grèce.

Ou plutôt: elle devrait rembourser. Car cette mesure reste conditionnée à la poursuite de la mise en œuvre des réformes que l’Union européenne attend d’Athènes. Aux « men in black » de la troïka succèdent les équipes européennes de contrôle rapproché de l’état des comptes grecs, qui se rendront à Athènes tous les trois mois – avec ces quelques milliards de « carotte ».

Dette grecque : la poule aux œufs d’or

La dette grecque reste une poule aux œufs d’or pour les banques centrales européennes et les privés

Des profits sur la Grèce

21 août par Eric Toussaint , Thanos Contargyris , Thierry Jacolet


Le dernier des plans d’aide qui régissent la Grèce depuis 2010 s’est achèvé le 20 août 2018. Le pays était le dernier pays de la zone euro encore sous programme d’assistance depuis la crise. Keystone

J’ai perdu beaucoup de plumes dans la crise de la dette depuis 2010. Ce qui ne m’empêchera pas de voler de mes propres ailes dès aujourd’hui. Et les créanciers de faire encore des bénéfices sur mon dos. Je suis, je suis ? La poule aux œufs d’or grecque.

Le pays en convalescence retrouve sa liberté ce lundi. Une liberté conditionnelle. Si la sortie de la tutelle européenne lui permet de se financer seule à nouveau sur les marchés financiers, Athènes reste soumise aux conditions et à l’austérité imposées par Bruxelles.

Remboursés à 100%

Après trois bouées de sauvetage lancées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) d’un total de 260 milliards d’euros (295 milliards de francs suisses), la Grèce nage encore dans les dettes (343 milliards d’euros, soit 180% du PIB) qu’elle devra rembourser, tout comme de colossaux intérêts. De nouveaux profits en perspective pour ses créanciers.

A commencer par la Banque centrale européenne, principale bénéficiaire de la crise de la dette grecque. Elle a encore annoncé en février dernier avoir empoché 154 millions d’euros de revenus d’intérêts sur les emprunts grecs. Des cacahuètes comparé aux 7,8 milliards d’euros de bénéfices nets réalisés grâce aux intérêts encaissés de 2012 à 2016 sur les obligations d’État grecques acquises entre 2010 et 2012 dans le cadre du SMP (Securities Market Purchase), un programme de rachat de titres de pays en difficulté de la zone euro. « Ces bénéfices proviennent du différentiel entre les taux des titres grecs à 9% au début et à 6% après 2012 », précise Thanos Contargyris, consultant indépendant, à Athènes.

La BCE va encore faire des profits sur le reste de cette dette grecque jusqu’en 2037 – Eric Toussaint

Sans parler de la juteuse plus-value (7,5 milliards d’euros) obtenue sur la revente d’obligations grecques achetées 42,7 milliards. Le mécanisme ? « Entre fin 2010, 2011 et 2012, la BCE a acheté aux grandes banques privées des titres de la dette publique grecque à en moyenne 70% de leur valeur d’émission », explique Eric Toussaint, coordinateur scientifique de la Commission pour la vérité sur la dette grecque, instituée par la présidente du Parlement grec en 2015. « Seulement, la BCE a exigé que les titres grecs achetés soient remboursés à 100% de leur valeur à leur échéance. Depuis, elle perçoit d’Athènes 100% de la valeur des titres restants. »

Des 35 milliards d’euros de titres souverains grecs acquis jusqu’en 2011, la BCE en détient encore 13. « Elle s’est déjà fait rembourser l’autre partie », explique Eric Toussaint, auteur du Système dette, (Ed. Les Liens qui libèrent). « Elle va encore faire des profits indus sur le reste de cette dette grecque jusqu’en 2037, à l’échéance des derniers titres. »

Selon un accord, l’institution gardienne de l’euro basée à Francfort devait restituer à Athènes les bénéfices réalisés à partir de 2012, en échange des réformes grecques. « Une infime partie a été rendue : 3 milliards en 2014 pour les bénéfices de 2012 et 2013, détaille Thanos Contargyris. L’accord a ensuite été annulé unilatéralement par la BCE, pour sanctionner le gouvernement Syriza en 2015. »

6 milliards jamais rendus

Une politique immorale aux yeux d’Eric Toussaint : « La BCE planque des milliards de bénéfices abusifs dans un fonds spécial du Mécanisme européen de stabilité (MES), déplore-t-il. Ils devraient être rétrocédés dans un fonds de relance économique à la Grèce. » L’Euro-groupe (cénacle des 19 ministres des Finances de la zone euro) a toutefois annoncé en juin dernier qu’il allait réactiver les transferts de bénéfices vers la Grèce, mais seulement pour la période dès 2017. La Grèce ne verra jamais la couleur des bénéfices de 2014 et 2015, soit plus de 6 milliards, ni de 2016.

La BCE a aussi redistribué une partie du pactole aux banques centrales européennes qui ont transféré l’argent aux trésors nationaux. Ce qui s’ajoute aux profits déjà engrangés par les États européens via 50 milliards d’euros de prêts bilatéraux octroyés à la Grèce. « Ils ont bénéficié des taux d’intérêt de 5%, bien au-dessus des taux auxquels ces pays empruntent eux-mêmes », constate Thanos Contargyris. Chantre de l’orthodoxie budgétaire, l’Allemagne a ainsi empoché plus de 1,3 milliard d’euros de bénéfices grâce à son prêt bilatéral.

Mieux, le gouvernement a reconnu en juin dernier avoir encaissé 2,9 milliards d’euros en intérêts sur les obligations grecques depuis 2010. Sans parler des effets indirects : l’Institut Leibnitz de recherche économique (IWH) a calculé en 2015 que Berlin avait réalisé près de 100 milliards d’euros d’économies budgétaires entre 2010 et 2015. Il faut dire que la crise grecque a favorisé la baisse du coût de financement des pays de la zone euro, comme l’Allemagne, actuellement à 0,3% pour les emprunts à dix ans contre 2,7% en 2011.

Fonds vautours

Autre bénéficiaire de la perfusion à Athènes, le Fonds monétaire international. « Il a fait 5 milliards d’euros de profits, en lui prêtant à un taux élevé », calcule Eric Toussaint. Et que dire des fonds d’investissement pour qui la Grèce a été le jackpot ? Au début de la crise, les banques affolées se sont débarrassées de leurs obligations grecques jugées trop risquées. Les investisseurs privés comme les fonds spéculatifs ont racheté pour une bouchée de pain des titres décotés qui ont pris de la valeur, avec des rendements qui pouvaient aller jusqu’à 100% dans certains cas.

« Les fonds vautours ont acheté des carcasses à bas prix », souligne Charles Wyplosz, professeur d’économie internationale à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID), à Genève. Et ils continuent de faire main basse sur une partie de la fortune mobilière et immobilière du pays.

Eric Toussaint :  Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015. Suite à sa dissolution annoncée le 12 novembre 2015 par le nouveau président du parlement grec, l’ex-Commission poursuit ses travaux et s’est dotée d’un statut légal d’association sans but lucratif.

Source http://www.cadtm.org/Des-profits-sur-la-Grece

Pays maritime La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.
Pays maritime

Septembre déjà. Au Pirée, les habitués du samedi contemplent depuis la terrasse du seul café demeurant aux goûts musicaux humains, les entrées et les sorties au plus grand port grec, acquis par COSCO, le géant chinois. On y discerne même la fumée, ainsi que cette odeur de flexible brûlé émanant des entrailles du ferry ELEFTHERIOS VENIZELOS amarré dans urgence juste en face. Un incendie s’est déclaré dans son garage en pleine mer mardi dernier vers minuit ; le navire avait fait demi-tour vers le Pirée, où ses passages ont été évacués. Catastrophe peut-être évitée de justesse d’après la presse. Grèce pays maritime.

Les habitués du samedi. Le Pirée, septembre 2018

“Notre chance fut que la mer était relativement calme, et que le Pirée n’était guère trop loin”, peut-on lire dans la presse du moment. Surtout, le dispositif anti-incendie automatique s’est exactement déclenché comme prévu, et le sinistre avait ainsi été contenu au garage du navire. Durant toute cette semaine, le pays maritime s’est très légitimement occupé et préoccupé des détails du feuilleton lié à l’aventure du grand ferry crétois blessé.

Entrées et sorties du port. Le Pirée, septembre 2018

Il faut préciser que dans le meilleur de la culture néohellénique, nos navires des lignes de l’Égée et de son l’archipel grec font partie de la famille, autrement-dit, ils posséderaient une certaine âme.

Le ferry EL. VENIZELOS. Le Pirée, septembre 2018
Le ferry EL. VENIZELOS. Le Pirée, septembre 2018
L’incendie du ferry EL. VENIZELOS. Le Pirée, septembre 2018
L’incendie du ferry EL. VENIZELOS. Le Pirée, septembre 2018
L’incendie du ferry EL. VENIZELOS. Le Pirée, septembre 2018

Mais il y a aussi, le… pire de cette culture néohellénique, redoutablement vacillante. Le pseudo-gouvernement de la marionnette Tsípras vient d’être partiellement remanié, il faut dire dans l’indifférence, ou sinon, sous le sarcasme du peuple privé de son destin. Nominations hétéroclites, entre jeunes femmes “bimboïdes” et qui s’affichent de la sorte très volontairement pour en rajouter (Notopoúlou), ou encore, entre hommes et femmes très largement compatibles Sóros. Du personnel politique voué… à la destruction de la culture, de la société, comme de la nation grecque. Telle est singulièrement, la nomination de la PASÓKienne Myrsini Zorba au ministère de la Culture.

Il s’agit de la compagne de l’historien Antónis Liákos, connu pour incarner le patriarche actuel du révisionnisme “décoloriste” de l’histoire grecque, poulain en son temps du Premier ministre du PASOK et de Berlin Kóstas Simítis , et enfin depuis 2012, mentor alors très familier d’Aléxis Tsípras, un habitué des ateliers très rentables des modalisateurs.

Comme le remarque Státhis Stavrópoulos, caricaturiste et journaliste de la trop vieille gauche, c’est un gouvernement où les anciens PASÓKiens du cercle de Simítis détiennent alors une place de premier choix, à l’instar de Liákos et de sa femme, Zorba. C’est le ministère de la Culture, c’est-à-dire, “la culture grecque aux mains de Sóros”, précise Státhis Stavrópoulos, “To Pontíki”, le 30 août .

Sans parler du cas l’indescriptible Katerina Papakosta redevenue ministre, une arriviste, ancienne député et même ministre de la supposée droite Nouvelle Démocratie, qui en rajoute à l’arrivisme et au ridicule ambiants des criminels Syrizístes. Papakosta, dont la dextérité politique se résume au remplissage régulier et généreux de sa seule poche, elle s’est même présentée à la cérémonie d’investiture accompagnée par sa fille, autre jeune femme dans le vent actuel volontairement “bimboïde”, (presse grecque de la semaine) .

Katerína Notopoúlou, ministre… bimboïde. Athènes, août 2018
Aléxis Tsípras et Katerína Notopoúlou. Athènes, août 2018
Tsípras… Persona non grata. Affiche, Thessalonique, septembre 2018

En quelque sorte, “nos politiciens, hommes ou femmes, incarneraient très exactement ces prostitués à la solde des violeurs et autres occupants escrocs venus de la mondialisation, Mitsotákis de la relève supposée prochaine compris.” Tel est le discours d’une bonne partie du peuple d’en bas, forcément d’en bas, y compris sur les terrasses des café du Pirée donnant face à la mer.

Ainsi va la vie et la mort au pays maritime, entre vents et surtout marées. Dans la série imaginaire si chère au bouffon politique Tsípras, “la Grèce sort du régime de la Troïka”, le gouvernement vient d’annoncer la mise en place prochaine d’un mécanisme de recensement des tous mes biens meubles comme de l’immobilier des Grecs (voitures, embarcations, motos, meubles, œuvres d’art, bijoux etc.), presse grecque, septembre 2018 .

Ceci, histoire d’instituer très officiellement un futur nouvel impôt sur l’ensemble des biens que détiendrait encore le bien bas peuple, en somme, c’est une disposition impériale et totalitaire exigée depuis un moment par le FMI, dans le but de tout contrôler… et sans doute un jour de dépouiller les peuples indigènes… alors jusqu’au bout.

Septembre alors et certains des nôtres ont déjà quitté le pays blessé, comme s’ils étaient évacués de force du ferry en flammes dans le port du Pirée. Au village thessalien, ma nièce qui n’était pas revenue au pays depuis plus de deux ans, elle raconte alors volontiers sa nouvelle vie en Allemagne. Expatriée depuis quatre ans en compagnie de son époux et de leur enfant, ils n’ont eu guère de choix comme ils le disent en soupirant. Thessalie ainsi profonde.

Touristes aux Météores. Thessalie, août 2018
Moines et laverie traditionnelle. Thessalie, août 2018
Moines et laverie traditionnelle. Thessalie, août 2018
Laverie traditionnelle. Thessalie, août 2018

“Notre famille a été en quelque sorte anéantie. Ma sœur, mon frère et moi nous avons quitté notre patrie au bout de quatre ans de crise et de chômage. Ma sœur vit à Londres, et nous en Allemagne. Rien de commun avec le sort des anciens, des oncles et tantes ayant émigré en Allemagne de l’Ouest entre les années 1960 et 1970. Eux du moins, ils revenaient chaque année au pays pour les vacances, leurs revenus augmentaient au fil des années, et même à présent, ils perçoivent encore leurs retraites, plutôt décentes”.

“Nous, nous ne prétendons et nous ne prétendrons plus jamais à un destin pareil. Nos salaires de misère nous permettent tout juste la survie, nous voyageons alors à peine à l’intérieur de l’Allemagne chez nos divers relais… famille grecque, et pour tout dire, la Grèce nous manque toujours énormément. Et même si nous n’y revenons guère trop souvent, je n’ai jamais voulu mettre ma maison ici en location, location longue ou très à la mode désormais du type Airbnb. Non, jamais. Cette maison c’est mon ultime refuge, ma toute petite patrie, ma solution même d’un retour disons imposé en cas d’urgence. Que dire de plus ?”

Allemands et retraités. Grèce, septembre 2018
Grèce, pays réel. Athènes, septembre 2018

“L’Allemagne non plus, elle n’est point celle que nos parents et grands parents avaient pu expérimenter. Notre bourg… allemand n’a par exemple plus d’enfants allemands. Dans la classe de mon fils âgé de six ans, il s’y trouve un autre enfant originaire d’un pays de l’UE, puis, un seul enfant allemand. La vingtaine des autres enfants sont issus d’une immigration alors très récente, ils sont d’origine arabe et ils sont venus de tant de pays comme la Syrie, l’Irak et bien d’autres. L’ambiance qu’y règne est disons alors étrange quant à la socialisation de mon petit. Nous souhaitons déménager dans une ville allemande où il y a encore une école grecque, mais ce n’est pas évident. Depuis la crise, la Grèce ne finance plus ses écoles à l’étranger et elles ferment l’une après l’autre alors que les jeunes quittent le pays, leurs enfants compris. C’est dramatique”.

“L’année dernière, j’ai pu trouver un billet d’avion pas cher, ainsi j’ai rendu visite à ma sœur à Londres. Elle travaille certes, et elle est, supposons-le, correctement payée. Cependant, elle vit en colocation comme du temps de sa vie d’étudiante, son salaire ne lui permet pas de fonder un foyer et encore moins de revenir en Grèce pour ses vacances. Cela fait près de quatre ans qu’elle n’y a pas retournée. Au même moment, Tsípras a écarté une fois de plus que d’accorder la possibilité du vote aux Grecs de l’étranger. Comme si nous ne devrions plus être concernés par les affaires du pays… tandis que les ressortissants des autres pays européens, voire les Turcs vivant en Allemagne peuvent très naturellement le faire. Le système politique grec a peur de nous, la pays nous a crachés… Reviendrions-nous alors un jour ?”

Au pays des tente millions de touristes, les moines thessaliens transportent encore leurs couvertures et tapis jusqu’aux rares lavoirs traditionnels de la si belle région de ma nièce, tandis que les touristes patientent devant les monastères des Météores… pour un pèlerinage alors bien de masse et pour tout dire, plus stérile que jamais. Peu importe, ma nièce aura déjà quitté le pays à bord d’un vol entre Thessalonique et le pays d’Angela Merkel.

Touristes. Grèce, août 2018
Touristes. Grèce, août 2018
Plage. Péloponnèse, août 2018

Hasard du calendrier, c’est justement en cette même fin août que les nouveaux voisins ayant acquis l’appartement d’en face à Athènes… ont fait leur apparition. Il s’agit d’une famille allemande et heureuse de l’être, des expatriés de luxe, lesquels, et d’après les… normes culturelles grecques parmi les plus récentes, ces gens visiblement, ils jubilent. Tout le voisinage aura remarqué que ces nouveaux arrivants alors fredonnent de leurs chansons fréquemment dans la journée, ce que les Grecs du quartier ne font plus du tout depuis des années. Question de… géopolitique, ainsi heureux ressortissants du principal pays colonisateur du seul européisme réellement existant, gens au demeurant bien accueillis dans le quartier, et manifestement amateurs de musique classique.

Grèce alors, si beau pays des voiliers sous le pont du Canal de Corinthe, mer Égée des régates, terroir enfin des estivants et des retraités qui s’y installent depuis les pays de l’Europe du Nord, ton sort serait ainsi scellé et pour tout dire gravé, non pas dans les marbres du Parthénon… mais plutôt, dans le granite tombal des Traités européistes. Et quant aux… locaux qui travaillent par exemple dans le tourisme… certains d’entre eux, ils n’ont pas pu par exemple quitter leur île de Naxos depuis près de dix ans.

Au pays pourtant maritime, les horizons se ferment et se vident, surtout pour les nationaux lorsque les mondialisateurs auront fini par parfaire toutes les conditions du nouvel et dernier indigénat à l’échelle de l’UE, tel est d’ailleurs entre autres son projet et aucun Plan-B supposé “réformateur” des Traités n’est alors possible. C’est aussi de cette réalité qu’il a été question à travers notre discussion, lorsque j’ai eu l’occasion certes brève mais toujours si heureuse, de rencontrer à Athènes, mon ami, écrivain, historien et vaillant analyste, Olivier Delorme.

Avec mon ami Olivier Delorme. Athènes, août 2018
Voilier empruntant le Canal de Corinthe. Août 2018

Les symboles de saison en Grèce s’affichent en ce moment plus entiers que jamais: vacanciers de retour depuis les îles, décollages ininterrompus depuis les aéroports de Grèce, et qui appartiennent le plus souvent à FRAPORT AG, compagnie allemande , c’est entre autres, le retour obligé à l’Europe du Nord.

Les symboles et autant certaines réalités grecques, alors il faut dire jusqu’au bout de la décomposition souvent cachée et volontairement des touristes. Ainsi, la belle île d’Hydra a été privée de courant électrique et d’eau courante durant plus de trente-quatre heures en cette fin août. Remarquable alors pagaille en ce temps de la dérision, où il est devenu extrêmement difficile de choisir les événements dans un temps étrange où l’existence du monde n’est plus qu’un tumultueux torrent crisique. Des touristes et des Grecs ayant été largement scandalisés, surtout en quête désespérée de bateau de retour précipité, certains ont même porté plainte, car “c’est impossible que d’être privés de courant de la sorte durant nos vacances”.

Litanie habituelle de la suffisance comme de l’ignorance ainsi revendiquées. Pauvres gens, les coupures de courant électrique en Grèce deviendront de plus en plus fréquentes, comme les années précédentes à Santorin, comme en cette fin août à Athènes même. Comme dans toute expansion… coloniale bâclée, les infrastructures ne suivent pas toujours, qui plus est, en cette Grèce où le PIB a été diminué de 30% en huit années de dite crise, et où les investissements dans l’économie réelle ne représentaient en 2017 que 40% de ce qu’elles avaient été en 2008 (presse économique du moment) .

Dans la foulée, les Smartphones des vacanciers ont été branchés d’urgence… alors bien vitale et par dizaines, sur les rares prises à Hydra fonctionnant en bout de chaîne aux rarissimes générateurs électriques disponibles. Urgences d’une civilisation… de l’urgence ainsi jusqu’au néant.

Rares prises. Hydra, août 2018, reportage de l’Agence Sputnik
Curiosité grecque. Athènes, août 2018

Je dirais même que pour décidément combattre l’hybris que représente alors cette condition de débauche et de goinfrerie de toute sorte qui règne à Mýkonos et à Santorin, des activistes de la vraie Grèce comme du vrai Monde, devraient durablement… saboter l’alimentation en électricité des deux îles durant l’été: déjà pour commencer !

Septembre déjà au pays des fantômes et des parasites du réel. Aléxis Tsípras, la marionnette des colonisateurs, prépare alors sa rentrée politique à Thessalonique d’où il prononcera son “grand discours” à l’occasion de la Foire commerciale annuelle de la capitale de la Grèce du Nord. Au même moment, des manifestations s’y organisent et des affiches présentent déjà Tsípras comme étant largement indésirable à Thessalonique. Somme toute, pour ce qui tient du remaniement ministériel à travers le dernier sarcasme des Grecs, certaines vielles photos des murs aux slogans PASÓKiens des années 1980 circulent alors allégrement sur Internet: “PASOK, sauve-nous”.

PASOK sauve-nous. Photo des années 1980, île de Syros (Internet grec)
Le retour des vacanciers. Péloponnèse, août 2018

Septembre déjà au pays réel au Pirée ou à Athènes. Terrasses donnant sur la mer et symboles de la nation devant le Monument du Soldat inconnu installé sous le “Parlement”, la Garde Evzone et surtout, cette présence des animaux adespotes, sous le regard très numérique il faut dire des touristes de la saison.

Monument du Soldat inconnu. Athènes, août 2018
Monument du Soldat inconnu. Athènes, août 2018

Ma nièce est rentrée en Allemagne, Hercule, son chat mi-adespote, mi-adopté est désormais soigné par son père, mon cousin Kóstas resté au village. Dans cette piètre Europe tout ne serait sans doute pas perdu. Les nouveaux voisins Allemands ont également leurs deux chats et ils fredonnent de la musique classique… sous le regard interrogatif de Kokkinos (Rouquin), notre matou adespote des lieux, nourrit par une partie du voisinage.

Régate d’Andros. Golfe Saroníque, août 2018

Grèce, pays des régates en mer Égée. On aurait même définitivement maîtrisé l’incendie déclaré à bord du ferry. Catastrophe peut-être évitée de justesse d’après la presse.
Grèce pays maritime !

Kokkinos, notre matou adespote des lieu

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