Le ministère de l’Environnement autorise les parcs éoliens dans la forêt incendiée d’Evros
Incroyable! À peine vingt jours se sont écoulés après les incendies destructeurs dans la forêt d’Evros, au nord-est de la Grèce, et le ministère de l’Environnement et de l’Énergie a autorisé les parcs éoliens dans les zones brûlées de l’Evros, dans les zones NATURA 2000, foyer des vautours noirs et autres vautours protégés.
L’incendie d’Evros, devenu incontrôlable pendant deux semaines, a été classé comme le plus important jamais survenu dans un pays de l’Union européenne.
Vidéo postée le 3 septembre : Un vautour noir, stupéfait, est revenu dans la forêt de Dadia après les incendies. Il cherche son nid et sa famille…
Selon un article de la Société grecque d’ornithologie, l’Administration décentralisée de Macédoine – Thrace (ADM-Th) a procédé il y a quelques jours, le 20 septembre, à l’autorisation d’une centrale éolienne (ASPIE) dans la zone brûlée et dans le Zone NATURA (Zone de Protection Spéciale, ZEP) GR1110009 « Complexe Forestier du Sud d’Evros ».
L’autorisation était en fait basée sur la recommandation unanimement positive du Conseil régional des autorisations environnementales (PESPA) de Thrace, qui a outrepassé de manière provocante l’avis négatif de l’OFYPEKA, de l’unité de gestion du delta de l’Evros et des parcs nationaux de Dadia pour le projet spécifique. .
Sur la base des informations issues de la réunion de PESPA, la recommandation positive reposait simplement sur une question pertinente du président de PESPA au directeur général de la politique environnementale (DGPP) du ministère de l’Environnement et de l’Énergie (EEM) qui « a rapporté que le ministère est positif ». avec l’autorisation environnementale du projet », sans aucune documentation et réfutation des positions d’OFYPEKA.
Alors que la société locale en particulier et la société grecque en général sont encore traumatisées par le fait que, pendant deux années consécutives, la majeure partie de l’unique parc national de Dadia a été incendiée, le cynisme et l’indifférence des services administratifs responsables de l’autorisation des projets, qui sont documentés comme étant dangereux pour la vie des oiseaux, est choquant mais aussi exaspérant, a noté la Société d’Ornithologie. I Surtout à une époque où l’habitat critique du vautour noir dans la forêt de Dadia a subi un coup aussi grave et où l’avenir de sa population unique en Grèce est incertain, il est insensé que l’EEM n’ait pris aucune mesure pour réglementer , au niveau local, une activité (installation d’éoliennes) qui constitue une menace sérieuse pour toutes les espèces de vautours.
Le Ministère a entre les mains toutes les études scientifiques et les outils législatifs nécessaires pour une régulation optimale de cette activité dans le sens de la protection des vautours menacés, cependant, dans de nombreux cas, non seulement il ne les consulte pas, mais il les contourne même ! En même temps, cette question de l’AEPO est un maillon dans une chaîne d’autorisations de plus en plus alarmante, principalement de projets RES, qui ont lieu alors qu’il y a un avis négatif de l’OFYPEKA, chargé de procéder à l’évaluation appropriée des effets des projets. sur les espaces NATURA et leurs objets protégés.
Plusieurs permis ASPIE délivrés à l’été 2023 ont été refusés par l’OFYPEKA. En d’autres termes, il semble que les avis de l’OFYPEKA aient désormais une valeur décorative pour la Direction Générale du Ministère de l’Intérieur et des Administrations Décentralisées, même si pour la majorité des projets, l’OFYPEKA est la seule agence qui s’occupe de la bonne évaluation. de leurs effets sur les régions NATURA. La Société a souligné : « Nous considérons qu’il va de soi que l’Administration décentralisée de Macédoine Thrace révoquera immédiatement l’AEPO pour ASPIE MYTAKAS 1 & 2 dans la zone brûlée d’Evros. Néanmoins, les questions posées aux dirigeants du ministère, qui assume également la responsabilité principale des projets situés dans ou affectant directement les zones NATURA, se posent sans effort et nécessitent des réponses claires et surtout des actions claires. source : Société grecque d’ornithologie
PS Pourquoi on se demande ? Le Premier ministre, qui a attribué les incendies au changement climatique, a déclaré récemment que le changement climatique était une opportunité pour le tourisme du pays…
Déclaration commune – Détention illégale et aggravation des conditions : Plus de 4 000 demandeurs d’asile illégalement détenus à Samos et Lesbos
Fait extrêmement inquiétant, les demandeurs d’asile des îles égéennes de Samos et de Lesvos sont illégalement détenus en masse dans des conditions sordides dans des centres fermés d’accès contrôlé (CCEC) financés par l’UE, en attendant que leur demande d’asile soit enregistrée. Suite à la forte augmentation des arrivées de demandeurs d’asile en provenance de Turquie depuis juillet 2023, plus de 4 000 personnes ont été détenues dans les KKEP.
L’arrivée croissante de demandeurs d’asile a mis en évidence l’incapacité des autorités à gérer efficacement cet afflux. En conséquence, une politique de détention automatique et de facto de tous les nouveaux arrivants a été mise en œuvre, conduisant à des violations massives du droit à la liberté consacré à l’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Cette pratique risque de violer l’article 3 de la CEDH qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants et viole à la fois le droit grec et le droit européen, qui stipule que la détention ne doit être utilisée qu’en dernier recours et accompagnée d’un ordre de réservation personnalisé.
Détention illégale de facto
Cette pratique consistant à détenir automatiquement les demandeurs d’asile est illégale pour plusieurs raisons :
1. Cela viole l’exigence selon laquelle la détention doit être utilisée comme mesure de dernier recours. 2. Des personnes sont détenues pendant de longues périodes (environ un mois) sans la décision écrite individualisée légalement requise ni la justification de leur détention. 3. Dans les cas où les requérants reçoivent des documents écrits justifiant leur détention, une ordonnance de « restriction de liberté » est émise au lieu d’un ordre de détention, ce qui ne reflète pas fidèlement la réalité de la détention. 4. La justification de cette détention de facto n’est pas évaluée individuellement, et une justification générale selon laquelle « les procédures d’accueil et d’identification ne sont pas achevées » est systématiquement avancée.
Conditions de détention inhumaines et dégradantes
Les deux KKEP ont soumis les nouveaux arrivants à des conditions inhumaines et dégradantes :
– A Samos, des centaines de personnes ont été confinées dans les « zones d’hébergement temporaire » du KKEP, des espaces fermés avec des conteneurs entourés de barbelés. Ces zones sont gardées par la police, sous surveillance 24 heures sur 24, et les résidents ont un accès limité aux soins médicaux d’urgence. Les téléphones portables et les mots de passe sont confisqués par la police à leur arrivée pendant plusieurs jours, violant la vie privée des candidats et les empêchant d’accéder à une aide significative. – À Lesbos, les personnes nouvellement arrivées sont de facto détenues dans de vastes zones de concentration, où hommes, femmes, enfants et groupes vulnérables sont hébergés ensemble sans mesures d’intimité ou de sécurité adéquates. Les conditions dans ces endroits sont déplorables, avec un manque de literie, de nourriture et d’eau, laissant les gens constamment affamés et sans vêtements appropriés.
L’accès médical est sévèrement limité dans les deux KKEP et l’absence de professionnels de santé à l’arrivée viole à la fois la législation nationale grecque et la directive européenne sur les conditions d’accueil.
Vingt-deux organisations appellent de toute urgence à mettre fin immédiatement à la pratique illégale consistant à détenir systématiquement de facto des personnes à leur arrivée et en attendant l’enregistrement de leur demande d’asile. Le manque de préparation des autorités face à l’augmentation des arrivées ne peut justifier la violation massive du droit des individus à la liberté et à l’absence de traitements inhumains.
signe,
Organisations à Samos et Lesvos :
Avocats sans Frontières France
Fenix Aide juridique humanitaire
Conseil grec pour les réfugiés (GCR)
Projet juridique sur les droits de l’homme
J’ai des droits (IHR)
Juste de l’action
Centre juridique de Lesbos
Médecins Sans Frontières-Section grecque
Volontaires de Samos
Usine de compétences
Yoga et sport avec des réfugiés
Autres organismes :
Soyez conscient et partagez (BAAS)
Le réseau de surveillance de la violence aux frontières
Une autre entrée mortelle dans la forteresse de l’Europe : la nécessité de parler de ce qui s’est passé , de crier une fois de plus que les gardes côtes grecs, en complicité avec Frontex, l’Etat grec et en définitive l’UE, tuent tous les jours aux frontières de l’Europe.
Le texte « The Pylos Massacre » a été publié dans Mytilene en août 2023. Il a été imprimé en grec et en anglais, est disponible en différentes langues en ligne et est gratuit. Son utilisation est gratuite à des fins non commerciales. Assurez-vous d’examiner les rapports publiés en relation pour plus d’informations.
Le scrutin du 25 juin dernier en Grèce a amplifié les tendances révélées par celui du 21 mai : domination à un haut niveau de la droite au pouvoir depuis 2019, poussée de l’extrême-droite, au sein de laquelle réapparaît un pôle néonazi qui prend le relais d’Aube dorée, poursuite de la déroute de Syriza, faible progression du Parti communiste (KKE), échec des autres forces de la gauche radicale, en particulier de la coalition autour du parti de Yanis Varoufakis et d’Unité populaire sous la bannière de MeRA25-Alliance pour la Rupture.
La démission d’Alexis Tsipras de la direction de Syriza, le 29 juin dernier, dans une ambiance lugubre, symbolise à elle-seule la fin d’une époque. Une époque qui a commencé au printemps 2010 avec l’imposition d’une thérapie néolibérale d’une brutalité inouïe et la mise sous tutelle du pays par l’UE, qui s’est poursuivie avec une vague impressionnante de mobilisations populaires et la montée au pouvoir en janvier 2015 d’une formation de la gauche radicale jusqu’alors aux marges du système politique et qui s’est achevée sept mois plus tard par la capitulation de cette même formation face aux diktats de l’UE et par la destruction de l’espoir que ce petit pays a représenté pour les forces progressistes pendant ces années de tumulte.
Dans cet article, Mariana Tsichli, co-secrétaire d’Unité Populaire, analyse les traits principaux de ce cycle électoral et politique et formule quelques propositions pour la reconstruction de la gauche radicale dans la période difficile qui s’annonce.
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Le scrutin du 25 juin a validé et approfondi les changements enregistrés lors de celui du 21 mai. Trois éléments de dégagent :
– La Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis a cristallisé sa domination sur la scène politique.
– Le déclin de Syriza s’est accentué, le privant de sa fonction d’opposition capable accéder à moyen terme au pouvoir, quelle que soit l’évolution de ce parti au cours de la prochaine période.
– Le Pasok n’a pas réussi à dépasser le score atteint lors du scrutin de mai. Εntièrement contrôlé par les centres de pouvoir, traversé en interne par de stratégies contradictoires, ce parti ne peut constituer un pôle revendiquant l’alternance gouvernementale.
Dans l’ensemble, la séquence électorale de mai et juin débouche sur un renforcement de la droite et de l’extrême droite et une défaite majeure de la gauche. Ce résultat tout à la fois reflète et produit des déplacements idéologiques et politiques.
La droite a obtenu en juin un total de près de 55% des voix ; pour la première fois depuis 1974, elle obtient une majorité des votants. Sa reconstruction et l’expansion de son influence sont évidentes. La poussée de l’extrême droite est tout autant révélatrice de cette radicalisation à droite d’autant qu’elle s’exprime à fois par reconstitution d’un pôle néonazi [les Spartiates] et par l’émergence, ou la consolidation, de formations obscurantistes et complotistes [Solution grecque et Niki : Victoire]. La remontée limitée du Parti communiste grec (KKE), ou le niveau élevé de l’abstention ne sauraient relativiser ce constat. En effet, tout au long de cette période, l’abstention a davantage affecté l’électorat de centre-gauche et de gauche que celui de droite. La forte augmentation de l’abstention au cours des dernières décennies reflète en partie une crise de légitimité des partis politiques, mais elle ne peut conduire à une délégitimation du pouvoir si elle ne s’accompagne pas d’une montée du mouvement populaire. Au contraire, en l’absence de participation populaire à l’action politique et au processus parlementaire, la montée de l’abstention traduit un virage conservateur.
Le principal facteur à l’origine de la victoire électorale de la ND est la recomposition sociale de grande ampleur qui résulte de la thérapie de choc imposée par les trois Mémorandums conclus entre l’UE et les gouvernements successifs. Cette stratégie de stabilisation du capitalisme grec a connu un succès relatif même si celui-ci demeure à des niveaux nettement inférieurs à ceux d’avant la crise. Ce processus a produit des gagnants (dont le poids dans la représentation politique s’est accru) et des perdants (dont la représentation et la présence politique se sont réduites).
Le résultat du cycle électoral est l’expression combinée des tendances de fond qui ont marqué la période à savoir, d’une part, les restructurations qui ont modifié les rapports de force en faveur du capital et le recul corrélatif des formes organisées du mouvement ouvrier et, de l’autre, l’occupation de l’appareil d’État par la ND et son utilisation pour stabiliser autour de la bourgeoisie un bloc social qui inclut largement la petite bourgeoisie et certains secteurs populaires.
Dans ce contexte, la ND a profité de l’assouplissement des politiques budgétaires pendant la pandémie et de l’attitude favorable des cercles dirigeants de l’UE pour canaliser d’importantes ressources (Fonds européens, excédents accumulés sous le gouvernement Syriza, excédents primaires) afin de stabiliser sa base sociale. Ces fonds ont pour la plupart été alloués aux secteurs bourgeois et aux classes moyennes supérieures. Toutefois, une partie a également été distribuée aux petites entreprises et aux travailleurs indépendants. Ces aides ponctuelles ont contribué à atténuer, dans une mesure limitée, les effets directs de la crise sur les couches populaires.
Les grands médias ont également joué un rôle important dans le maintien de la base électorale de la ND, malgré ses politiques agressives, ses échecs majeurs et le scandale des écoutes. Pour la première fois depuis la chute de la dictature, le système médiatique soutient en bloc le parti au pouvoir, alors que l’opposition n’a ni base médiatique propre ni accès significatifs aux grands médias. Les médias se sont ainsi efforcés, et ont en partie réussi, de redresser l’image du gouvernement après la catastrophe ferroviaire de Tempi, comme ils l’ont fait durant les années précédentes. Les erreurs commises par l’opposition pendant la période électorale, principalement, mais pas seulement, par Syriza, ont eu un effet réel, mais secondaire, sur le résultat des élections, en alimentant un sentiment d’insécurité parmi une partie des électeurs à la recherche de « stabilité et de normalité ».
La stratégie de la bourgeoise grecque
Après 2015, tous les secteurs de la bourgeoisie ont cherché de manière coordonnée à créer les conditions de domination d’un seul pôle sur la scène politique et en même temps une configuration d’ensemble avec un seul parti dominant (de droite) et deux partis faibles (de « centre-gauche ») incapables, à moyen terme, de revendiquer l’alternance gouvernementale. L’agressivité dont ont fait preuve les centres de pouvoir à l’égard de Syriza montre qu’un postulat fort répandu à gauche n’est pas valide en tout circonstance : la bourgeoisie n’a pas nécessairement besoin d’un système politique bipartisan pour maintenir la stabilité politique à travers un mécanisme d’alternance entre les deux pôles et neutraliser/intégrer de cette façon les classes populaires.
En même temps, au cours de cette période, le bloc au pouvoir en Grèce est dominé par des secteurs capitalistes moins dépendants que par le passé d’une stratégie de développement à long terme. La remontée visible des profits et du taux de profit n’est pas obtenue au moyen d’une reprise significative de l’accumulation capitaliste, mais par la compression de la valeur de la force de travail et les opportunités créées par la mise à l’encan des richesses naturelles et des infrastructures publiques suite à la thérapie de choc imposée par les Mémorandums. Les raisons du soutien absolu accordé par la bourgeoisie grecque à la ND évolution trouvent, pour une part, leur origine dans cette évolution.
La trajectoire de Syriza
Le scrutin de juin a accentué le recul de Syriza, qui enregistre une perte cumulée de plus de 1,3 million de voix depuis 2015. Seule une fraction réduite de cet électorat s’est déplacée à gauche, tandis que la majeure partie s’est tournée soit vers la droite, soit vers l’abstention. En particulier au cours de la période 2019 – 2023, la majeure partie des pertes de Syriza s’est tournée vers la droite, même dans les zones populaires et celles à prédominance ouvrière. Les interprétations qui attribuent la défaite électorale de Syriza exclusivement à son virage à droite s’avèrent simplificatrices dans la mesure où il n’y a pas eu de renforcement substantiel des formations politiques sur sa gauche. Ceci dit, le reniement du « non » du référendum de 2015 et le virage néolibéral qui s’en est suivi ont sans aucun doute façonné le substrat des tendances idéologiques et politiques qui ont déterminé le résultat de ces élections.
Une autre voie aurait exigé un choix radicalement différent de la part de son groupe dirigeant dès le premier trimestre de 2015, bien avant le référendum, alors que les signes de la dégradation de la situation se multipliaient. Une stratégie politique alternative aurait nécessité un deuxième scrutin, et non une alliance avec ANEL [parti souverainiste de droite qui a participé au gouvernement de 2015 à 2019], une rupture des négociations avec la Troïka, un arrêt du remboursement de la dette, l’utilisation des réserves existantes et la recherche d’autres alliances économiques et politiques au niveau international autour de l’axe émergent des BRICS.
Il s’est avéré que Syriza n’avait ni la structure organisationnelle, ni les liens avec les secteurs sociaux et les références internationales qui lui auraient permis de diriger une alliance de classe populaire et mener un tel conflit avec le capital grec, les appareils d’État et les puissances impérialistes. Syriza dans son ensemble n’était absolument pas préparé politiquement, socialement et idéologiquement à une rupture de cette ampleur. Son ascension électorale était basée sur le mécontentement social et la volonté de larges couches de la population d’imposer une politique différente pour arrêter la chute rapide de leur niveau de vie. Cependant, ce mouvement social avait des limites politiques et idéologiques quant au niveau de conflit qu’il était prêt à assumer. Syriza se présentait comme une solution intermédiaire, à moindre coût. D’une part, il répandait un discours flatteur assurant qu’il serait facile de négocier avec les centres impérialistes européens un changement de politique sans recourir à un conflit majeur. D’autre part, le fait qu’il ait été orienté, tout au long de son parcours antérieur, vers le bloc impérialiste d’Europe occidentale offrait certaines garanties, non seulement à la bourgeoisie, mais aussi aux couches populaires et petites-bourgeoises à la recherche d’un changement de politique mais sans rupture radicale.
Le sens de la remontée du KKE
Pour la gauche radicale, le résultats des élections de mai et juin signale également un virage conservateur, dans la mesure où le seul pôle qui en sort renforcé est le KKE. Celui-ci est désormais la seule force à gauche de Syriza à être représentée au Parlement. Sa capacité à conserver une base organisée, qui lui permet d’être en contact direct avec des secteurs populaires dans des conditions de réalignement de leur positionnement politique, a été un facteur décisif de sa progression électorale. Il faut cependant également tenir compte du fait qu’il a profité d’un traitement bienveillant de la part des médias qui l’ont présenté comme un parti de gauche « sérieux et responsable ». Le KKE est ainsi reconnu par le système comme un parti de protestation qui, à chaque moment critique, a été un facteur de stabilisation.
L’interprétation du résultat électoral par le KKE lui-même est à cet égard révélatrice. Celui-ci y voit une justification de sa stratégie au cours de la période 2012-2015, c’est-à-dire de sa position sur le mouvement d’occupation des places [qu’il a dénoncé], le référendum de juillet 2015 [lors duquel il a appelé au vote nul], ou sur la zone euro [hostile à la sortie]. Il est de ce fait incompréhensible que certains courants de la gauche radicale aient appelé implicitement ou explicitement à soutenir électoralement ce parti alors qu’ils se sont frontalement opposés à ses choix pendant les 13 dernières années. Quoi qu’il en soit, le KKE n’a réussi à attirer qu’une petite partie des électeurs qui se sont détournés de Syriza. Malgré son succès relatif, à mesure que se cristallisent les effets des politiques néolibérales et autoritaires, les possibilités d’intervention du KKE se réduiront également, tant qu’il ne changera pas d’orientation politique.
L’échec de la gauche radicale
Une partie confuse du vote de gauche s’est orientée tourne vers la formation de Zoé Konstantopoulou (Cap vers la liberté), qui ne peut cependant pas être considérée comme une force de gauche. Cette formation a bénéficié d’une grande visibilité dans les principaux médias, qui traduit une forme de soutien par certains centres de pouvoir soucieux de réduire l’influence de Syriza et des formations de gauche telles que MeRA25 – Alliance pour la Rupture.
Le résultat de MeRA25-Alliance pour la Rupture, qui n’a pas réussi à atteindre le seuil de 3% pour entrer au parlement, est un échec pour la gauche dans son ensemble. Le résultat de juin était dans une large mesure déterminé par la dynamique négative du résultat de mai, dynamique qui ne pouvait pas être inversée dans le peu de temps qui séparait les deux scrutins. Dans ce contexte, le maintien du score à un niveau légèrement en deçà de 3% est un point d’appui dans une situation d’ensemble défavorable.
L’une des principales raisons de l’échec se trouve dans l’incapacité de MeRA25 à nouer, au cours des quatre dernières années, des liens organiques avec des secteurs des classes populaires, même à petite échelle. De ce fait, sur une grande partie du territoire, la diffusion du message de la coalition était dépendant de sa présence dans les médias et les réseaux sociaux. Cette situation a limité les possibilités de contenir les pertes produites par la stigmatisation de MeRA25 par l’ensemble des autres formations et par les principaux médias.
Toute erreur tactique lors de la campagne a ainsi eu des effets démultipliés. Mettre en avant un programme quasi-gouvernemental, même s’il contenait des éléments de rupture avec les principaux axes de la stratégie néolibérale (garantie des logements menacés de saisie par les fonds spéculatifs, création d’une banque de développement, reprise de contrôle du système bancaire, abolition du fonds de privatisation, remise en cause de la dette publique, etc.) était un choix inappropriée pour une petite formation de gauche qui luttait pour entrer au parlement.
Au-delà de ces questions tactiques, sont apparues des erreurs stratégiques qui affectent la gauche radicale dans son ensemble, mais aussi Syriza. Le cycle électoral a révélé une incapacité aigüe à comprendre les évolutions et reclassements au sein des couches populaires mais aussi l’épuisement de l’énergie qui a alimenté au cours des années 2010-2015 la montée de Syriza et le « non » au référendum. Le succès de la droite, l’effondrement de Syriza, mais aussi l’échec du MeRA25-Alliance pour la rupture sont liés au rejet de la possibilité d’une répétition d’une crise comme celle de 2015. Cette période est vécue comme un traumatisme par de larges couches de la population, non seulement par les plus riches, mais aussi par celles et ceux qui ont un emploi relativement stable ou même une pension. Elle reste également comme celle de la perte de l’espoir pour les couches qui se retrouvent laminées par la crise et la thérapie néolibérale de choc. L’insistance – lors de la campagne pour le scrutin de mai – de MeRA25-Alliance pour la Rupture sur le clivage de 2015 n’a pas pris en compte le basculement du rapport de forces politique et idéologique qui s’est produit au cours des huit dernières années.
Outre l’épuisement des énergies du « non » de juillet 2015, est également apparue une forme d’épuisement de l’espace qui a émergé de la séquence de rupture de 2015 qui concerne toutes les formes de dissidence de gauche, que ce soit celles issues de Syriza ou d’Antarsya. En refusant de rejoindre, ou de soutenir, le regroupement tenté par MeRA25-Alliance pour la Rupture, certaines forces de la gauche radicale ont manqué une opportunité cruciale de peser sur le rapport de forces politique global. Elles ont commis la même erreur qu’Antarsya en 2015, ne réalisant pas qu’en l’absence de représentation institutionnelle d’un courant de la gauche radicale, il n’y a pas de terrain favorable à une recomposition des forces.
En ce qui concerne Antarsya, ses résultats ont confirmé l’effritement de cet espace politique depuis plus de dix ans. Le maintien obstiné d’un discours d’agitation axé sur la « révolution anticapitaliste » s’est, une fois de plus, révélé autoréférentiel, narcissique et inefficace. Au terme d’une période de crise sociopolitique de portée historique, pendant laquelle des millions de travailleu.se.rs se sont, dans un premier temps, déplacés vers la gauche, puis ont pris le chemin inverse, ou se sont abstenus, Antarsya se retrouve à un étiage inférieur à celui des forces qui l’ont précédée au cours des années 1990 et 2000.
La nécessaire réorientation de la gauche
Le rapport de forces actuel permet une accélération significative de la politique du gouvernement Mitsotakis et la consolidation, sous certaines conditions, de sa domination à moyen terme sur la scène politique. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de contradictions ou de place pour les luttes sociales, ni que ce rapport de forces ne peut être remis en question. Le caractère agressif et autoritaire de la politique de la ND suscitera des mécontentements et des résistance. De plus, les dernières années ont montré que les positions politiques et électorales se caractérisent par une grande fluidité et que les relations organiques de la société avec les partis politiques ont été démantelées.
La possibilité d’une intervention sur ce terrain dégradé exige un travail patient et une orientation résolument unitaire. L’aspect clé d’une telle stratégie consiste à aborder les questions de l’heure et les fronts de lutte qui en découlent avec un discours simple et compréhensible et par des pratiques susceptibles d’impliquer les secteurs populaires. Cette stratégie reconnaît le caractère défensif dans lequel se trouve actuellement le mouvement social et combine les délimitations politiques nécessaires avec des réponses aux questions cruciales pour les classes populaires, telles que la santé publique, l’éducation, l’inflation et la coût de la vie, la crise du logement.
Un travail à plus long terme est également nécessaire afin d’élaborer de nouveaux éléments programmatiques qui remettent en question le modèle de développement du capitalisme grec et donnent forme à l’opposition aux intégrations impérialistes (UE, OTAN). Cette orientation devrait également prendre la forme d’une unité d’action, avec la création de cadres d’intervention unifiés dans les mouvements sociaux et les syndicats afin de construire des liens durables avec des secteurs, même minoritaires, des classes populaires. Le combat antifasciste constitue un front distinct de très grande importance qui exige des cadres spécifiques.
Au niveau politique, il s’agit de construire un réseau de forces, d’organisations, de militants non-encartés ou qui se sont retirés de l’action politique ou qui seront, au cours de la période à venir, à la recherche d’une issue de gauche à la crise de Syriza. Cet espace devrait inclure la totalité du spectre qui va de MeRA25 aux organisations de la gauche radicale qui sont disposées à participer à un cadre unitaire, à dépasser les désaccords et des blocages passés et à promouvoir des relations de respect et de parité. Un tel processus pourrait commencer à se concrétiser lors des prochaines élections municipales et régionales [qui auront lieu en octobre prochain], créant ainsi des conditions favorables pour un cadre commun en vue des élections européennes de 2024.
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Texte initialement paru dans Jacobin Greece le 13 juillet 2023, traduit pour Contretemps par Stathis Kouvélakis.
Note
* En juin 2023, les formations d’extrême droite représentées au parlement sont les Spartiates, parti néonazi qui se présentait pour la première fois et qui prend le relais d’Aube Dorée (4,7%) et les deux formations de type alt-right : Solution grecque (4,4%), représentée au parlement depuis 2019, et Niki (Victoire) qui se présentait pour la première fois lors du scrutin de mai 2013 et qui obtient en juin 3,7%. Aube Dorée entrait au parlement en 2012, avec 7 et 6,9%, respectivement aux scrutins de mai et juin 2012, puis de nouveau en janvier et septembre 2015, avec respectivement 6,3 et 7% des suffrages. Elle avait obtenu 2,9% en 2019, dernier scrutin où elle s’est présentée sous son nom, en-deçà du seuil d’entrée au parlement (3%).
FACE À LA RECRUDESCENCE DE MEURTRES ET ATTAQUES RACISTES/FASCISTES, BRISONS LE SILENCE COMPLICE !
Alors que l’extrême droite est plus que jamais dans l’ADN du nouveau gouvernement Mitsotakis, que les Spartiates sont désormais au Parlement avec Solution grecque et Niki, que le nazi Kasidiaris tente de participer aux élections municipales, on constate une augmentation des attaques fascistes et racistes dans les rues athéniennes.
Shiraz Saftar, un jeune homme de 25 ans originaire du Pakistan, a été assassiné le 12 août dernier à Perissos, dans une zone où de nombreuses attaques racistes ont déjà été recensées. L’assassinat de Shiraz est survenu quelques jours après le meurtre de Michalis Katsouris par des hooligans nazis à Nea Filadelfia, à l’extérieur du stade de l’AEK. Ce nouveau meurtre réveille les souvenirs de celui du travailleur pakistanais Shahzat Loukman, tué à Petralona par des membres de l’organisation criminelle et nazie Aube dorée il y a dix ans. Tout comme Shahzat, Shiraz a été tué tôt le matin. Tout comme Shahzat, Shiraz se rendait au marché où il travaillait.
Le 16 juin dernier à Peristeri, c’est Gulam Abbas qui a été victime d’insultes racistes et islamophobes, menacé de mort par un automobiliste qui l’a finalement blessé à la tête. La plainte de cet autre travailleur pakistanais pour violence raciste n’a pas été transmise au Département de la police grecque prétendant lutter « contre la violence raciste ». Le 9 juillet dernier, c’est Fiaz Ahmad, immigré pakistanais vivant à Sepolia, qui a été agressé au visage par une personne vêtue de noir et armée d’un poing américain. Toujours en juillet dernier, Nazir Ahmed, travailleur pakistanais a subi des insultes racistes et été agressé par son patron à Plateia Anixi.
Comme souvent en Grèce (et ailleurs), il est impossible de connaître les détails et l’ampleur de ces violences et de ces meurtres ciblant des personnes racisées. Il existe une indifférence voire la complicité de nombreux médias, de la police, de la justice (celle de classe, souvent discriminante envers les personnes opprimé.es/ racisées et indulgente envers les personnes de pouvoir et les fascistes) et d’une large partie de la société. Ce climat de haine est propice à des violences structurelles, qui sont souvent à la fois racistes, islamophobes, classicistes et sexistes.
Toujours, nous serons des ennemi.es féroces des fascistes et des racistes de toutes sortes. Toujours, nous serons aux côtés des victimes du racisme, du fascisme et du capitalisme. Ensemble, nous luttons contre le régime meurtrier des frontières, contres les Etats et leurs hommes de main racistes. L’entraide et l’autodéfense antifascistes sont nos armes !
Assemblée du squat de réfugié.es/migrant.es Notara 26
Voilà 24 heures que les opérations de sauvetage et de stabilisation d’embarcations en détresse s’enchaînent pour les équipes de l’Ocean Viking.
Hier après-midi, nos équipes ont secouru 272 personnes, dont neuf bébés, lors de trois opérations de sauvetage dans les eaux internationales au large de la Libye. Puis, tôt ce matin, alors que nous remontions en direction du Nord de l’Italie, nous avons repéré de nouvelles embarcations en détresse dans le « couloir tunisien ». Nos équipes leur portent secours, en coordination avec les autorités italiennes. C’était déjà sur cet axe migratoire, reliant Sfax en Tunisie à l’île italienne de Lampedusa, que l’Ocean Viking avait porté secours à la majorité des 623 personnes sauvées les 10 et 11 août derniers.
A l’heure où nous vous écrivons, nos équipes sont pleinement mobilisées et la séquence opérationnelle s’annonce, à nouveau, extrêmement intense.
La répétition du scénario de la dernière mission de l’Ocean Viking le prouve : la situation humanitaire en Méditerranée centrale est absolument critique. Pourtant, ces derniers jours, trois autres navires d’ONG ont été placés en détention administrative pour une vingtaine de jours par les autorités italiennes vidant encore un peu plus la zone de moyens de recherche et de sauvetage cruciaux.
Notre présence en mer est vitale, et c’est grâce à votre soutien que nous sommes aujourd’hui en Méditerranée, pour porter secours à celles et ceux qui se noient.
Le pire gouvernement de tous les temps et les divers lobbies de la corruption, de la déraison et de l’extrême droite qui tentent de l’aider, essaient maintenant d’attribuer la responsabilité d’une catastrophe nationale énorme et largement évitable aux immigrés, aux agents turcs et russes ou aux extraterrestres.
Avant, c’était la crise climatique. Certes, il y a la crise climatique, mais c’est une raison pour faire plus, et non moins, face aux répercussions des phénomènes climatiques extrêmes qu’elle provoque !
Comme le changement climatique ne suffit plus à justifier la destruction sans précédent de la Grèce et la responsabilité du gouvernement dans cette destruction, on utilise des expressions au sens insondable comme « guerre hybride » et « menaces asymétriques » pour expliquer le bordel grec. Plus une expression est pompeuse, plus elle impressionne. Plus elle est incompréhensible et obscure, moins on la soumet à la critique et à l’examen. C’est la pire des relations publiques.
Même la Cour suprême s’est mobilisée pour trouver les bandes criminelles qui mettent le feu aux bois. Mais elle n’a pas besoin de fouiller les forêts de Thrace (nord-est de la Grèce). Il suffirait d’enquêter au Maximou (bâtiment où se trouve le bureau du Premier ministre grec) et dans les ministères pour constater que rien ne fonctionne ni dans l’État ni dans le gouvernement et que cet État et ce gouvernement sont incapables de faire face aux incendies ou à tout autre problème du pays. Tous les Grecs intelligents savent ce qui intéresse exclusivement le gouvernement et l’État. Nous supposons que les honorables hauts magistrats le savent également.
Attendent-ils vraiment de cet État et de ces hommes politiques qu’ils nous protègent contre les incendies, ce qu’ils n’ont pas réussi à faire même à une époque bien meilleure ?
Et s’ils veulent connaître les bandes criminelles qui opèrent en Thrace, pourquoi ne demandent-ils pas à M. Mitsotakis, qui surveille tout le monde (ou bien aux services secrets israéliens qui ont mis en place le réseau de surveillance) ?
On ne peut certainement pas exclure que certaines personnes allument des incendies. Il ne s’agit pas, bien sûr, des immigrés ou des agents russes et turcs, mais, plus probablement, des cercles corrompus bien connus des entreprises de construction grecques de toutes sortes (qui entretiennent généralement d’excellentes relations avec le gouvernement). Historiquement, ils sont à l’origine de nombreux incendies nécessaires au « développement » de l’immobilier.
Quoi qu’il en soit, pourquoi personne ne se fait prendre ?
Le chef des forces armées s’est rendu en Thrace avec ses commandos pour effectuer des patrouilles, l’État répandant à nouveau des rumeurs sur des incendiaires inconnus !
Bien sûr qu’il y a une guerre. C’est une guerre bien réelle, lancée par le gouvernement, les médias totalitaires systémiques (qui ont surpassé les médias de la dictature, bien qu’avec des méthodes différentes), notre monde journalistique, intellectuel et universitaire entremêlé et toutes les versions d’une extrême droite stupide qui a été libérée à la suite de l’incroyable gâchis de la gauche et du centre-gauche grecs de toutes les nuances. C’est la guerre menée par l’indescriptible « élite » grecque et le gouvernement de ce pays contre l’esprit, l’intégrité, la mémoire et la dignité des citoyens grecs.
D’accord, admettons que les immigrés, les Turcs et les Russes ont allumé les incendies. Les immigrés, les Turcs et les Russes ont-ils provoqué la collision des trains en mars dernier ? Les ambulances étaient-elles à temps pour atteindre les patients qui sont morts en les attendant ? Ont-ils détruit le pont de Patras, tuant les personnes qui se trouvaient en dessous ? Ont-ils détruit nos écoles et nos hôpitaux ? Ont-ils laissé nos aéroports et nos compagnies aériennes sans certification ? Ont-ils laissé les avions de lutte contre les incendies de Kanadair sans entretien adéquat, provoquant ainsi la mort de deux pilotes le mois dernier ? Les immigrés, les Turcs et les Russes ont-ils forcé nos politiciens à accepter des pots-de-vin de Siemens, Novartis et d’un millier d’autres entreprises ?
Dans l’état où se trouve l’État grec aujourd’hui, si des agents turcs et russes le voulaient vraiment, ils l’auraient littéralement fait exploser.
Les scandales et les crises se produisent dans d’autres pays. Ce n’est que dans les pays à peu près « normaux », c’est-à-dire les pays qui conservent des perspectives et des possibilités de survie, qu’ils provoquent une sorte de réaction corrective. En Grèce, ils provoquent des écarts encore plus importants par rapport au mode de fonctionnement normal de l’État.
Le pays ressemble à un patient en phase terminale, souffrant d’une défaillance de plusieurs organes…
PS. Une question majeure et très importante qui n’était pas le sujet de cet article est le cannibalisme de l’État grec pendant treize ans en application des programmes coloniaux destructeurs imposés par l’Allemagne, l’UE et le FMI, qui fonctionnent toujours – malgré les mensonges des partis politiques grecs – ,et qui resteront en vigueur jusqu’en 2060, en supposant que la Grèce existe encore à ce moment-là.
Alors que la crise climatique rend nécessaire la création d’une infrastructure beaucoup plus résiliente, l’infrastructure grecque n’a fait l’objet d’aucun nouvel investissement, tandis que le personnel de l’État et les dépenses gouvernementales ont été réduits de façon spectaculaire en application des « programmes de sauvetage » imposés par les puissances européennes et le FMI à la Grèce.
Les désastres actuels, et ceux encore plus graves à venir, sont programmés par les programmes de sauvetage.
Aux résultats matériels des politiques européennes, il faut ajouter les résultats moraux et psychologiques non négligeables de la pression exercée sur le pays.
PPS . Nous rappelons que les pompiers et la protection civile ont demandé, comme l’ancien ministre Alekos Papadopoulos, au premier ministre Kyriakos Mitsotakis de demander de l’aide à la Russie. Mais il semble que le gouvernement soit plus intéressé par le maintien de bonnes relations avec l’Amérique que par la sauvegarde des forêts grecques.
Traduit du grec Υβριδικός Πόλεμος | ΔΗΜΗΤΡΗΣ ΚΩΝΣΤΑΝΤΑΚΟΠΟΥΛΟΣ
Grèce : L’opposition critique Mitsotakis et le parti ND pour cette catastrophe sans précédent
23/08/2023
SYRIZA-PS demande un débat au Parlement au niveau des dirigeants politiques, dès que possible, sur la prévention et le traitement des incendies de forêt, la planification de la protection civile et la résilience du pays contre les conséquences de la crise climatique.
La décision a été prise après une discussion au sein du présidium du groupe parlementaire SYRIZA-PS. Selon le communiqué de presse du parti, « la réunion a exprimé la douleur de SYRIZA-PS pour la perte de nos semblables et la préoccupation intense pour la situation extrêmement critique sur les fronts de l’incendie et de l’énorme catastrophe environnementale. L’inadéquation et l’incompétence de M. Mitsotakis pour faire face une fois de plus aux incendies de manière opportune et efficace, a pour résultat que le pays, d’un bout à l’autre, est confronté à des conditions sans précédent, qui nécessitent la mobilisation immédiate des forces et le renforcement de l’appareil d’État. »
De son côté, le Parti communiste (KKE) a souligné que :
« La mort de dizaines d’êtres humains déracinés, retrouvés carbonisés dans la forêt de Dadia, est un horrible crime à plusieurs morts, qui met à mal toutes les justifications gouvernementales selon lesquelles la protection de la vie humaine est au cœur de la planification », souligne le Parti communiste grec dans une déclaration, à l’occasion de la tragédie indicible qui s’est produite à Evros.
Le KKE ajoute que « les personnes carbonisées dans l’Evros s’ajoutent à la longue liste des réfugiés et des migrants qui perdent la vie au cours de leur voyage de déracinement, contraints d’emprunter les routes les plus dangereuses pour éviter la répression et l’enfermement imposés par la politique de l’UE et des gouvernements ».
Dans le même temps, Αt ΚΚΕ note que « le mélange explosif de la politique anti-immigration et de l’absence totale de prévention et de planification anti-incendie, ne fait qu’engendrer de nouvelles tragédies, pour lesquelles les gens, Grecs et immigrés, paient le prix le plus lourd ».
Bonjour, beaucoup de nouvelles du mouvement social cet été :
– la mobilisation contre la privatisation des plages s’étend en Grèce – le squat Jardin Botanique évacué au nord d’Athènes – qui sont les hommes cagoulés qui chassent les migrants sous les yeux des policiers grecs immobiles ? – des fascistes grecs impliqués dans l’assassinat de Michalis Katsouris, supporter antifasciste de l’AEK Athènes, par des néonazis croates – grand succès populaire de l’initiative anarchiste contre les incendies – première projection du nouveau film « Nous n’avons pas peur des ruines » aux RIA de St-Imier en Suisse
Dans « Je lutte donc je suis » en 2015, Elias nous alertait déjà sur les prémices de la privatisation des plages à Paros, notamment à Piso Aliki. LA MOBILISATION CONTRE LA PRIVATISATION DES PLAGES S’ÉTEND EN GRÈCE Tout a commencé à Paros, il y a une dizaine d’années. Nous en parlions déjà dans le film « Je lutte donc je suis » :https://www.youtube.com/watch?v=97HTxo20c-E (surtout de la 27ème à la 30ème minute) et dans plusieurs articles à l’époque.
Fraichement arrivé aux affaires, le parti Syriza avait promis de stopper la privatisation galopante des plages. Une loi limite en théorie l’accaparement des plages à 50% mais, dans les faits, elle est rarement respectée. La loi prévoit aussi de laisser toujours libres d’accès les 5 premiers mètres du bord de mer, mais en réalité, ce n’est pas le cas non plus. Les chaises longues bloquent souvent les déplacements au bord de l’eau. Depuis un mois, la mobilisation s’intensifie, parfois avec l’aide de certains touristes qui comprennent le problème et se joignent aux rassemblements. Les images d’une manifestation sur une plage de Paros, ce 23 juillet, ont tourné de façon virale sur les réseaux dit sociaux. .
Puis tout s’est enchaîné : en Chalcidique le 8 août, à Paros encore le 13 août, etc. Près d’Athènes et de Thessalonique, mais aussi à Rhodes et en Crète, plusieurs actions ont également eu lieu, allant du simple déplacement des chaises longues commerciales au sabotage de pancartes et de matériel gênant l’accès à la mer. Cependant, en Crète, c’est surtout sur la côte nord que le problème se durcit, en particulier autour de Réthymnon et d’Agios Nikolaos où les tarifs ont explosé (de 20 à 50 euros la journée contre 5 à 10 euros dans le sud de la Crète) et où les chaises longues n’ont cessé de se multiplier ces derniers mois. Selon plusieurs membres des collectifs en lutte : « Nous ne sommes pas seulement confronté à la volonté des riches de faire toujours plus de fric avec la nature et le tourisme de masse, mais aussi à l’objectif manifeste d’éloigner les pauvres de certaines plages où les hipsters veulent se retrouver entre eux. Une forme de ségrégation, en quelque sorte. »
Des habitants de Paros et d’autres petites îles grecques sont parfois obligés de faire des kilomètres pour accéder à un bout de plage gratuit, alors qu’ils résident sur l’île depuis des générations et n’ont jamais connu ce problème auparavant (voir les vieilles photos des plages de Paros en noir et blanc). À quand une taxe pour respirer ?
Si vous venez en Grèce cette année ou l’année prochaine, aidez-nous à refuser cette évolution insupportable : faites vous entendre, vous aussi ! Semez le trouble parmi les marchands de chaises longues et de parasols, et surtout parmi leurs clients souvent inconscients des conséquences ! Rejoignez nos collectifs et nos actions sur place, à Paros, en Crète ou sur le continent ! 50% de plages gratuites en libre accès, c’est vraiment un minimum ! Le résultat de cette lutte est déjà visible : la privatisation de l’espace public sur les plages commence déjà à reculer !
LE SQUAT JARDIN BOTANIQUE ÉVACUÉ AU NORD D’ATHÈNES Nous vous en avions parlé à plusieurs reprises : le squat Jardin Botanique est un des plus beaux squats de Grèce avec, à la fois, de grandes serres vitrées où l’on cultive l’autonomie alimentaire dans l’autogestion et des bâtiments dans lesquels se réunissent plusieurs collectifs, avec un bar autogéré, une bibliothèque sociale, une ressourcerie gratuite, des repas partagés, des rencontres, des projections de films et de nombreuses autres activités depuis 14 ans d’existence. Lors des convois solidaires, nous avons aidé et soutenu ce lieu : échanges de semences anciennes, coup de main dans les jardins, soutien financier, etc.
Il y a trois mois, nous sommes également revenu en toute hâte, dès que le squat a été attaqué par un groupe de néonazis (qui préfigurait peut-être la volonté d’évacuation, tant les fascistes jouent souvent le rôle d’auxiliaires de police). Finalement, le squat Jardin Botanique a été évacué il y a quelques jours, avec non seulement des forces de police disproportionnées (MAT, OPKE, voltigeurs…), mais aussi un bulldozer pour commencer à détruire rapidement plusieurs murs du bâtiment principal (photos). Un cauchemar pour les résidents et pour le mouvement social du quartier de Petroupoli, au nord d’Athènes.
En réalité, la mairie de Petroupoli veut bâtir ses nouveaux locaux à cet endroit là, pour profiter de la vue et de la nature proche, en lisière de garrigue, sur la colline. Rien d’écologique ni de social : juste un caprice de politiciens autoritaires qui veulent également éloigner un collectif trop actif contre leurs spéculations immobilières délirantes.
Mais pour l’instant, c’est loupé ! Un autre squat vient d’être ouvert à Petroupoli et l’histoire est loin d’être finie !
De plus, nous avons décidé de sauvegarder et de diffuser la mémoire de ce magnifique projet. L’année passée, nous avions encore filmé des entretiens dans le Jardin Botanique, puis encore, juste après l’attaque fasciste, il y a trois mois. Finalement, nous avons décidé de conserver et de mettre à jour le moment prévu sur le squat Jardin Botanique dans le nouveau film « Nous n’avons pas peur des ruines » (des nouvelles fraiches du film à la fin de cette lettre d’info). Vous découvrirez ce qu’était cette belle aventure originale dans quelques semaines : une initiative formidable et inspirante qui continuera à faire des émules ailleurs !
QUI SONT LES HOMMES CAGOULÉS QUI CHASSENT LES MIGRANTS SOUS LES YEUX DES POLICIERS IMMOBILES ?
Au Nord-Est de la Grèce, près de la frontière avec la Turquie, on ne compte plus les « ratonnades » et « les chasses aux migrants » commises par des groupes d’hommes masqués et cagoulés, en tenue militaire sans identifiant, armés de bâtons et de barres de fer.
Plusieurs témoignages récents confirment que des policiers ont observé ces agissements sans intervenir, notamment sur la rive grecque du fleuve Evros.
Début août, une cinquantaine de migrants syriens, dont des enfants et des femmes enceintes, étaient bloqués et agressés à plusieurs reprises sur une petite île du fleuve Evros, sans que la police intervienne, malgré les appels à l’aide.
En juin dernier, cela s’était déjà produit avec plus de 300 migrants bloqués ainsi. L’année passée, en août, 4 migrants étaient morts bloqués sur le même ilot, dont une petite fille de 5 ans décédée à la suite d’une piqûre de scorpion non soignée.
Cette façon de procéder entre les gardes-frontières et les milices nationalistes nous rappelle les mêmes pratiques dans d’autres situations : la destruction de l’espace social libre Synergio à Ilioupoli en août 2013, sous les yeux des voltigeurs arrivés sur les lieux juste avant les fascistes (donc parfaitement au courant), ou encore l’assassinat de Pavlos Fyssas un mois plus tard, toujours sous les yeux des flics impassibles, exceptés une policière qui était finalement intervenue, à la surprise de ses collègues qui étaient restés immobiles..
Plusieurs de nos proches sur place, membres de collectifs d’aide aux exilés dans le nord-est de la Grèce, tentent de connaître les liens précis entre ces chasseurs de migrants et les représentants de l’État grec qui les laissent faire. Cela rappelle aussi les nombreuses exactions de la police des frontières dans les îles de la mer Égée, allant jusqu’à repousser et provoquer le naufrage de bateaux avec des enfants à bord. Depuis longtemps, des groupuscules fascistes jouent le rôle d’auxiliaires de police pour faire ce que l’État n’ose pas faire directement et officiellement. En Grèce, comme ailleurs, c’est devenu un phénomène courant. Tout l’histoire récente du pays a été jalonnée par des violences et des assassinats orchestrés de cette façon, dont le plus célèbre est sans doute le meurtre du député pacifiste Grigoris Lambrakis par un groupuscule fasciste créé et protégé par la hiérarchie policière et militaire, peu avant la dictature des Colonels. Une histoire que raconte magnifiquement le film Z de Costa Gavras, avec Yves Montand et Irène Papas.
DES FASCISTES GRECS IMPLIQUÉS DANS L’ASSASSINAT DE MICHALIS KATSOURIS, SUPPORTER ANTIFASCISTE DE AEK ATHÈNES, PAR DES NÉONAZIS CROATES
Vous avez sans doute vu passer l’info et, peut-être, les images violentes des hordes de néonazis croates, supporters du Dynamo Zagreb, descendus à Athènes pour chasser les supporters antifas de l’AEK Athènes. L’AEK est un club de football athénien fondé par les nombreux réfugiés grecs d’Asie mineure en 1924, après le génocide du Pontique (1915), puis la catastrophe de Smyrne (1922). Ce club populaire est devenu, au fil des années, l’un des principaux symboles du football antifasciste en Europe, en partenariat avec certains groupes antifas de San Pauli à Hambourg, de l’OM à Marseille et de Libourne en Italie. .
L’AEK Athènes est, par exemple, très apprécié à Exarcheia, même si on lui préfère les petits clubs de foot autogérés, loin des montagnes de frics du foot business, par exemple Asteras Exarchion ou Livas Rethymnon. Au-delà des polémiques du microcosme footballistique et des querelles de clochers, les affrontements contre des groupes qui font des saluts nazis se sont répétés à plusieurs reprises depuis les années 90. Parmi eux : les Bad Blue Boys de Zagreb célèbrent la mémoire d’Hitler et de ses alliés Oustachis. .
Durant l’attaque du 7 août à Athènes, plusieurs fans de l’AEK ont été grièvement blessés, dont une jeune fille de 13 ans, et un autre est mort d’un coup de couteau : ce supporter antifasciste de l’AEK s’appelait Michalis Katsouris. Il avait 29 ans.L’avocat des néonazis croates, Davorin Karatsic, a osé déclarer durant le début de l’enquête : « Il est connu que les fans de l’AEK sont la plus grande racaille humaine qui existe, ce sont des ordures humaines, des drogués, des gauchistes et des anarchistes » (sic). Voir toutes les photos sur le blog de YY
Pour l’instant, l’enquête révèle deux choses : tout d’abord, que les autorités grecques avaient été prévenues de cette arrivée massive bien à l’avance (par la police du Monténégro, d’Albanie et par l’UEFA elle-même, et surtout par la police de Croatie qui avait donné des informations précises concernant les supporters de Zagreb susceptibles de refuser l’interdiction de déplacement). Le projet à empêcher ? 250 supporters néonazis du Dynamo Zagreb étaient descendus lourdement chargés en Grèce pour « se faire des antifas ». C’est le premier scandale dans cette affaire qui fait beaucoup parler ces jours-ci et qui soulève la question : pourquoi les responsables grecs ont délibérément laissé faire et donc laissé tuer ? .
Ensuite, deuxième scandale, il se confirme que c’est bien des supporters grecs du Panathinaïkos (dont certains sont proches des Bad Blue Boys du Dynamo Zagreb) qui ont aidé ces derniers à s’orienter, allant jusqu’à les exfiltrer sur leurs motos et scooters vers 23 heures dans le quartier populaire de Nea Philadelphia. Plusieurs vidéos de surveillance (caméras du supermarché où était garé le cortège de motards pendant l’attaque et des entrées des stations de métro voisines) ainsi que la position de certains téléphones mobiles confirment cette alliance. Certes, cela concerne très peu de supporters du Panathinaïkos (qui sont loin d’être tous fascistes et impliqués dans cette affaire), mais cela donne une autre couleur à ce meurtre : des fascistes grecs ont encore tué ou participé à tuer un antifa, pendant que la police laissait faire à nouveau.
Alors que les partis d’extrême-droite sont remontés en flèche aux dernières élections législatives en Grèce, malgré l’interdiction d’Aube dorée, il semble que les menaces et les actions violentes recommencent diversement un peu partout dans le pays : menaces de mort contre plusieurs activistes et solidaires durant l’hiver, attaques et dégradations de plusieurs lieux au printemps (dont le squat Jardin Botanique peu avant son évacuation par la police), agressions en marge de plusieurs manifestations contre le pouvoir, multiplication des chasses aux migrants dans le Nord-Est du pays, collaboration avec des supporters néonazis croates pour tabasser des supporters antifas et, finalement, assassiner Michalis Katsouris. Jusqu’où iront-ils ?
Une autre information que nous venons d’intercepter : les groupes fascistes athéniens sont en train d’inviter massivement leurs homologues européens à un événement programmé le 1er novembre prochain sur l’avenue d’Héraklion à Athènes (en face du numéro 420 à 18h). Ils ont déjà lancé des milliers d’invitations au sein de l’extrême-droite et des néonazis de tout le continent, notamment en France. Leur prétexte : le dixième anniversaire de la mort de deux néonazis. Leur but : une démonstration de force.
En Grèce, comme ailleurs en Europe, la montée du fascisme et de ses représentants dans le spectre électoral n’augure rien de bon pour nos droits, et en particulier pour les plus vulnérables que sont les migrants, les précaires de Grèce et d’ailleurs, ainsi que les minorités de toutes sortes, notamment sexuelles. Il est grand temps de réagir au plus vite, avant que l’Europe ne s’enfonce encore plus dans cette impasse mortifère.
GRAND SUCCÈS POPULAIRE DE L’INITIATIVE ANARCHISTE CONTRE LES INCENDIES ! Une fois n’est pas coutume, c’est le groupe anarchiste Rouvikonas qui a été à l’origine de l’action la plus exemplaire et populaire de l’été. Devant la politique catastrophique de l’État face aux incendies et ses conséquences dramatiques les années passées (de nombreux morts en Grèce), Rouvikonas a décidé de créer un groupe de pompiers volontaires équipée d’un véhicule de pompiers acheté durant l’hiver et d’autres outils et matériaux.
Durant le mois de juillet, cette année encore, les incendies ont fait des ravages, autour d’Athènes comme dans les îles (notamment à Rhôdes). Mais cette fois, le mouvement social a montré à l’État sa capacité à prendre ses affaires en main, en l’occurrence sa sécurité contre l’incendie. Jusque dans le parlement, l’action modeste mais efficace de l’équipe autogérée de pompiers volontaires a été évoquée par les différentes oppositions à la majorité gouvernementale : « les seuls pompiers qu’on voit réussir et qui sont vraiment organisés contre les incendies, ce sont les anarchistes, ce n’est pas normal ! » a crié un député interpellant le premier ministre à la Vouli (parlement grec). « Une fois de plus, vous êtes la risée de la population et ce sont des gens comme Rouvikonas qui jouent les Robin des Bois quand l’État ne fait pas son travail ! » a ajouté un autre.
Au fil des jours et des dévastations, le ton est passé de ironie à la colère profonde : le gouvernement grec a été accusé d’avoir encore augmenté le budget de l’armée (comme l’a également fait Macron en France), mais pas celui des pompiers (ni celui des hôpitaux), malgré les nombreuses alertes. Face à cette immobilisme, plusieurs chemins dans les garrigues ont été rouverts par le mouvement social, et non par l’État, pour permettre aux véhicules de pompiers de passer, à commencer par celui des anarchistes.
Au final, après un mois de juillet dramatique, le véhicule de Rouvikonas a été légèrement endommagé et ses tuyaux spéciaux presque entièrement détruits, puis remplacés. Le groupe et ses soutiens veulent acheter au plus vite un deuxième véhicule pour le préparer (coût : environ 15.000 euros). Et pourquoi pas un troisième l’année prochaine, si possible.
Depuis quelques jours, nous avons donc commencé à collecter des fonds pour aider à acheter ce deuxième véhicule et à l’équiper. Pour l’instant, nous en sommes à 355 euros. Notre objectif est d’atteindre le tiers de la somme nécessaire (5000 euros) et, si possible, la moitié (7500 euros). Si vous voulez participer à ce soutien aux pompiers volontaires anarchistes en Grèce, qui ont encore fait la démonstration de l’autogestion, avec le soutien de nombreux volontaires, c’est ici :
1- Pour effectuer un virement à ANEPOSIBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730BIC : PSSTFRPPTOUObjet : « Pompiers » (ou alors « Actions solidaires » si vous souhaitez soutenir les initiatives autogérées habituelles, cuisines solidaires, squats, aide aux précaires grecs et migrants, frais de Justice de militants poursuivis).
3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOSAdresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 MartiguesMerci de préciser par un petit mot dans votre courrier si vous souhaitez que le montant de votre chèque soit utilisé entièrement ou partiellement pour l’action « Pompiers » (sans modifier l’ordre du chèque qui reste évidemment Anepos).Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.netTél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80Si jamais vous avez prévu d’aller en Grèce durant la fin de l’été ou le début de l’automne (par la route et par ferry) contactez-nous : car nous avons encore quelques cartons en attente dans plusieurs régions de France (pas beaucoup et ce sont les moins urgents, mais ce serait bien qu’ils puissent profiter de votre voyage. Sinon, ne vous inquiétez pas, on se débrouillera autrement (surtout ne faites pas le voyage exprès pour ça).
PREMIÈRE PROJECTION DU FILM « NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES » AUX RIA DE ST-IMIER Le samedi 21 juillet, nous avons présenté 40 minutes d’extraits du nouveau film « Nous n’avons pas peur des ruines » aux Rencontres Internationales Antiautoritaires de St-Imier, en Suisse, un siècle et demi après la célèbre initiative de Bakounine. Un grand moment d’émotion et de retrouvailles. Une organisation colossale avec plus de 5000 visiteurs du monde entier, dont une délégation du squat Notara 26 (parmi les photos).
La salle était pleine et chaleureuse. Les 200 spectateurs nous ont dit avoir beaucoup apprécié cette version provisoire. La première mouture du film sortira cet hiver dans sa version complète, puis sera mise en ligne gratuitement, après les corrections habituelles (au bout de quelques rencontres avec vous, en France, Suisse et Belgique, pour tenir compte de vos conseils et améliorer certains aspects techniques)..
Dans quelques jours, seront diffusés les deux bandes annonces (longue et courte) puis quelques extraits du film. Encore un peu de patience. « Nous n’avons pas peur des ruines » couvre la période de l’été 2019 à l’été 2023, en l’occurrence l’arrivée au pouvoir de Mitsotakis et sa politique encore plus offensive contre le mouvement social et les lieux autogérés, à Exarcheia et partout ailleurs en Grèce. Nous vous emmènerons dans plusieurs coins d’Athènes et jusqu’en Épire, au nord de la Grèce, et bien sûr en Crète ! .
On en reparle en septembre !
En attendant, merci de votre soutien et tenez bon ! N’hésitez pas à utiliser nos films précédents (« Ne vivons plus comme des esclaves », « Je lutte donc je suis » et « L’Amour et la Révolution ») qui sont tous à votre entière disposition, en Creative Commons, pour faire réfléchir le public et encourager également les luttes à l’ouest de l’Europe. Servez-vous ! Ne nous demandez pas notre accord ! Nous sommes nos propres pirates ! On se retrouvera cet hiver, de vive voix ! De tout cœur avec vous depuis la Grèce, aux côtés de nos camarades et compagnons grecs et migrants ! Yannis Youlountas et le collectif du film
Un groupe est bloqué depuis plus de trois semaines sur un petit îlot de la rivière Evros. Leur histoire comprend d’innombrables appels de détresse, des agressions physiques, des violences sexuelles, la non-assistance alors qu’une aide médicale immédiate était nécessaire, et le mépris total d’un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a accordé au groupe des mesures provisoires et ordonné à l’État grec de leur fournir de l’aide. Il s’agit d’un autre exemple clair de la réalité brutale que les gens endurent à la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce.
Le 21 juillet 2023, un groupe de personnes a tendu la main à Alarm Phone. Les 52 personnes – dont plusieurs enfants et personnes âgées souffrant de graves problèmes de santé – nous ont raconté qu’elles étaient bloquées sur un petit îlot près du village de Lagyna, en territoire grec, au milieu de la rivière Evros, qui fait frontière entre la Grèce et la Turquie. En appelant le téléphone d’alarme pour demander de l’aide, ces personnes nous ont informés qu’elles étaient déjà bloquées sur l’îlot depuis huit jours. A 14:19 CEST le même jour, Alarm Phone a alerté les autorités grecques, ainsi que Frontex, l’UNHCR et diverses ONG par email au sujet des personnes en détresse, en partageant leur localisation et leur demande d’assistance immédiate et urgente.
À ce moment-là, nous ne savions pas que ce serait le début d’une odyssée de plus de deux semaines, sans fin en vue, qui comprendrait d’innombrables courriels et appels aux autorités, des protestations publiques via les médias sociaux pour mobiliser pour l’évacuation, une décision ignorée de la Cour européenne des droits de l’homme et une violence barbare continue de la part des forces grecques contre le groupe.
Le lendemain de l’alerte, les autorités grecques ont informé Alarm Phone des efforts déployés conjointement avec Frontex pour rechercher le groupe : « […] nous tenons à vous informer qu’après des recherches approfondies menées par les autorités grecques et les patrouilles conjointes de Frontex dans la zone indiquée par les coordonnées et plus largement, aucune présence humaine n’a été trouvée ». Ce n’est pas la dernière fois que les autorités grecques affirment avoir été incapables de trouver le groupe malgré des « recherches approfondies ».
Quelques jours plus tard, le 26 juillet, les personnes nous ont raconté qu’elles avaient entendu des bruits de voiture la veille du côté grec de la rivière, mais qu’elles attendaient toujours l’aide dont elles avaient un besoin urgent. Dans le même temps, leur état s’aggravait de jour en jour : ils ont fait état de blessures et de divers problèmes de santé, et nous ont dit que la santé mentale de chacun se détériorait rapidement en raison des difficultés persistantes auxquelles ils étaient confrontés. L’acte violent consistant à laisser des personnes bloquées pendant des jours sur un îlot ne risque pas seulement d’entraîner des blessures physiques, mais constitue en soi un tourment mental qui traumatise les gens. À ce stade, la non-assistance des autorités grecques et de Frontex était déjà préjudiciable aux personnes appelant à l’aide, mais la situation allait continuer à se détériorer au cours des prochains jours.
Le 27 juillet, à 8h18 CEST, les autorités grecques ont à nouveau affirmé avoir recherché les personnes : « […] nous aimerions vous informer qu’après des recherches approfondies menées par les autorités grecques et la patrouille Frontex à l’endroit indiqué par les coordonnées et plus largement, aucune présence humaine n’a été trouvée ». Et ce, bien que la région d’Evros soit une zone frontalière hautement militarisée, où l’UE a investi des centaines de millions d’euros pour fortifier la frontière. Les technologies déployées dans la région comprennent des capteurs, des caméras thermiques et des drones – mais malgré cela, les autorités grecques et Frontex déclarent qu’ils sont incapables de trouver un groupe dont la localisation est clairement indiquée ? C’est très embarrassant. S’il est clair que leur déclaration est un mensonge flagrant, il est remarquable que les autorités grecques et Frontex aient atteint un point où des contrevérités aussi évidentes sont devenues implicites dans leurs activités opérationnelles. Pour en arriver là, ces stratégies doivent être largement acceptées dans leurs rangs et démontrent ainsi que les moyens brutaux de dissuasion utilisés aux frontières de la Grèce se sont normalisés, passant de la violence ouverte et brutale à la désinformation et à la non-assistance. Cela est particulièrement vrai dans la région d’Evros, comme l’ont démontré les jours suivants les développements dont nous avons été témoins dans cette affaire.
Un jour plus tard, le 28 juillet, le groupe nous a de nouveau parlé d’activités sur la rive grecque de la rivière : les personnes avaient repéré une voiture noire garée « du côté grec » et un drone qui les survolait. Peu après, ils ont déclaré avoir été attaqués par la police et ce qu’ils ont décrit comme des « mercenaires » : « La police et les mercenaires nous ont pris d’assaut. Ils ont commencé à frapper le monde. Et maintenant, nous sommes dans l’eau ». Ils nous ont envoyé plusieurs vidéos montrant l’attaque cruelle.
Nous avons immédiatement informé les autorités de l’attaque. Il est clair que dans cette zone frontalière hautement militarisée et contrôlée, une telle attaque n’aurait pas pu se produire sans un certain niveau de coordination de la part des autorités – celles-là mêmes qui prétendaient depuis des jours qu’elles ne pouvaient pas perdre de temps.
Nous avons immédiatement informé les autorités de l’attaque. Il est clair que dans cette zone frontalière hautement militarisée et contrôlée, une telle attaque n’aurait pas pu se produire sans un certain niveau de coordination de la part des autorités – celles-là mêmes qui affirmaient depuis des jours qu’elles ne parvenaient pas à localiser le groupe. Après l’attaque, les gens nous ont dit qu’ils étaient choqués et dévastés. Cependant, cette attaque n’a pas marqué la fin de leurs souffrances. Le groupe nous a dit qu’après l’attaque, les autorités turques les avaient forcés à retourner sur le même îlot qu’auparavant.
Avec l’initiative Rule39, une demande de mesures provisoires auprès de la Cour européenne des droits de l’homme a été déposée le 1er août. À ce moment-là, nous étions en contact avec les personnes depuis 11 jours. Pendant toute cette période, les autorités étaient au courant de l’existence du groupe et de ses appels à l’aide. Malgré cela, les appels à l’aide du groupe sont restés ignorés. De plus, au lieu de recevoir de l’aide, les personnes ont été violemment attaquées.
Dans la matinée du 2 août, la réponse de la Cour européenne des droits de l’homme est arrivée : la Cour avait accordé les mesures provisoires et ordonné à la Grèce de fournir de la nourriture, de l’eau et une assistance médicale. Nous avons immédiatement informé les autorités, y compris Frontex et le HCR, de cette décision et réitéré le besoin urgent d’assistance pour le groupe.
Dans la matinée du 3 août, les autorités grecques ont envoyé un autre courriel, affirmant une fois de plus avoir cherché, mais pas trouvé, les personnes. Dans le même temps, les personnes ont partagé avec nous des vidéos les montrant en train de crier bruyamment à l’aide. En désespoir de cause, le groupe a décidé de traverser la rivière lui-même. C’est extrêmement dangereux : chaque année, des dizaines de personnes meurent dans la rivière Evros, dont les forts courants souterrains peuvent noyer les gens. Heureusement, ils ont réussi à traverser la rivière et sont arrivés sains et saufs sur la rive grecque, ce qu’ils ont documenté par plusieurs vidéos qu’ils ont envoyées à Alarm Phone. Ils ont déclaré avoir parlé à deux personnes portant des chemises sur lesquelles était écrit « police ». C’est à ce moment-là qu’un chapitre incroyablement violent de leur voyage a commencé.
Après avoir appris que le groupe parlait avec la « police », les équipes d’Alarm Phone ont de nouveau appelé différents postes de garde-frontières et de police, notamment ceux de Soufli, Alexandroupolis et Thrace. Tous nos appels sont restés sans réponse. Entre-temps, les personnes ont indiqué qu’elles avaient été mises dans des voitures et nous ont dit qu’elles craignaient d’être ramenées en Turquie. La position qu’ils nous ont communiquée les montrait près de Soufli :
Nous avons continué à appeler les autorités, mais soit elles n’ont pas décroché, soit elles ont rejeté la responsabilité en affirmant que l’affaire ne relevait pas de leur compétence, soit elles ont refusé de donner des informations.
Peu après minuit le 4 août, les personnes ont de nouveau contacté Alarm Phone. Ils ont été repoussés en Türkiye et sévèrement battus. Une femme du groupe a expliqué ce qui leur était arrivé après avoir été emmenés dans la voiture :
Elle nous a raconté comment, après une demi-heure dans la voiture, les jeunes hommes et même certaines femmes ont été sévèrement battus. Les agresseurs ont dépouillé les femmes de tous leurs vêtements et ont forcé les jeunes hommes à ouvrir les yeux pour regarder les femmes déshabillées. Ils ont ensuite roué les hommes de coups. La femme a déclaré que le groupe était inquiet car deux des hommes attaqués ont été battus à mort. Les agresseurs ont même battu les femmes âgées et leur ont dit de retourner dans leur pays. Le groupe a de nouveau été forcé de retourner sur l’îlot et a signalé que plusieurs personnes manquaient à l’appel, dont les deux hommes qui avaient été violemment battus.
Les gens nous ont dit qu’ils avaient été gravement secoués et indignés, et qu’ils voulaient désespérément savoir ce qu’il était advenu de leurs amis disparus, dont ils craignaient qu’ils ne soient morts. Ils ont indiqué que parmi leur groupe se trouvaient des bébés de trois ans qui sont, à juste titre, extrêmement perturbés psychologiquement et traumatisés par l’agression violente de la police grecque. « S’il vous plaît, pouvez-vous les aider ? La Turquie et la Grèce les ont laissés en plan. Savons-nous où se trouvent les personnes disparues ?
Nous voulons savoir ce qu’il est advenu des personnes disparues. Qui est responsable de cette attaque brutale et de ces violences sexuelles ? Et quel a été le rôle de Frontex dans toute cette histoire ? Comment peut-on ignorer les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme ? Et pourquoi l’aide a-t-elle été refusée à plusieurs reprises à des personnes qui en avaient un besoin urgent ?
Non seulement les attaques ont soumis les gens à une violence manifeste, mais la non-assistance continue a conduit à de nombreuses urgences médicales – notamment trois personnes âgées atteintes de diabète ayant besoin d’une assistance médicale, une personne âgée souffrant de problèmes circulatoires au niveau de la jambe, qui était violette des deux côtés, une femme enceinte souffrant de contractions et d’hémorragies, et plusieurs enfants faibles, en détresse mentale et gravement piqués par des moustiques. Il convient également de noter que le groupe nous a expliqué qu’il n’avait plus d’eau ni de nourriture depuis plusieurs jours et qu’il était contraint de boire l’eau de la rivière, ce qui comporte un risque d’empoisonnement.
Malheureusement, il ne s’agit pas d’un incident isolé, mais plutôt de la répétition d’un schéma trop familier. Le niveau incroyable de violence utilisé – qui ne peut être compris que comme des formes systématisées de torture et de brutalisation – contre les personnes en déplacement est odieux. Il illustre la déshumanisation implicite du régime migratoire européen raciste. En outre, elle démontre un dysfonctionnement évident des institutions européennes, où les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme sont facilement ignorées par la Grèce, sans conséquence. Au lieu d’être obligées de prendre des mesures, les autorités grecques ont simplement répondu à Alarm Phone et à la CEDH que les personnes ne pouvaient pas être localisées. Une fois de plus, nous voyons comment Frontex est impliqué dans une situation qui a abouti à un refoulement brutal.
Le 6 août, les personnes étaient toujours bloquées sur l’îlot. Elles étaient également dans un état de détresse qui ne cessait de s’aggraver. Ils ont exprimé leur choc et leur incrédulité quant au fait qu’une décision de la CEDH ne compte manifestement pas en Grèce. Ils ont eux-mêmes appelé le 112 plus de 50 fois et écrit des courriels à Frontex et aux autorités grecques, mais au lieu de recevoir l’aide dont ils ont tant besoin, ils ont été victimes d’attaques répétées et vicieuses.
Au petit matin du 7 août, le groupe nous a de nouveau contactés pour signaler une nouvelle attaque, nous disant que « des mercenaires nous ont attaqués alors que nous étions endormis [sur l’îlot], et nous avons été renvoyés en Turquie ». Ils nous ont ensuite raconté qu’ils avaient été récupérés par l’armée turque, qui les forçait à rentrer en Grèce. Le groupe était incroyablement angoissé et a déclaré qu’il était « devenu un ballon de football entre l’armée grecque et l’armée turque ». Alors que la situation n’est pas prête de s’arrêter et que les personnes, qui ont un besoin urgent d’aide médicale, sont repoussées de part et d’autre de la rivière par les forces grecques et turques, nous insistons à nouveau sur le fait que ces attaques doivent cesser et que les personnes doivent recevoir l’aide dont elles ont besoin de toute urgence.
Nous, ainsi que le groupe actuellement bloqué sur l’îlot, sommes choqués et indignés – même si nous sommes témoins de tels crimes et attaques contre les personnes en mouvement presque quotidiennement, et avec une intensité croissante. Nous continuerons à lutter contre la normalisation de cette violence et ne pardonnerons jamais à ceux qui en sont responsables. Alors que la Grèce tente de dissimuler le massacre de Pylos, dont les garde-côtes helléniques sont responsables, le visage réel et impitoyable du régime frontalier grec reste clairement visible dans la région d’Evros, tout comme la complicité de l’UE.