Grèce : -25% des dépenses de santé à partir de 2018

GRÈCE : – 25% DES DÉPENSES DE SANTÉ À PARTIR DE 2018 !

« Le cadre de stratégie budgétaire à moyen terme 2018-2021 pour la Grèce » déposé en Mai dernier par le gouvernement grec auprès de l’UE, annonce carrément 25% de coupes sanglantes dans le financement de la santé à partir de 2018.
Plus précisément, selon ce document, le financement de la santé de 1,623 millions d’ Euros en 2017 sera réduit à 1253 millions d’ euros de 2018 à 2021. Il s’agit donc d’une réduction de 400 millions d’ Euros , soit de 25%, avec d’incalculables conséquences pour le système de santé publique et les avantages pour les citoyens.
Le cadre prévoit qu’il y ait une réduction de la limite des dépenses pour le ministère de la Santé de 617 millions. Euros qui affectera principalement négativement les possibilités qu’auront les organismes de santé pour couvrir leurs frais d’exploitation. Cette limite de dépenses est fixée pour 2018 à 3,670 mil. Euro alors que la limite correspondante pour 2017 a été de 4,287 millions d’euros. Lorsqu’on sait que presque plus de 60% des crédits sont des charges fixes (salaires du personnel, les services publics, etc.) il en résultera que ces unités de santé se retrouveront dans l’ incapacité de fonctionner, ne parvenant pas à répondre à leurs besoins matériels et en fournitures pour assurer leur rôle.
Le risque d’effondrement du système de santé publique causé par ces politiques néolibérales co-décidées par le gouvernement, l’ Union européenne et la Troïka, est visible. Nous disons cela parce que, aujourd’hui encore , les unités de santé en raison des compressions dans le financement et les crédits ne parviennent pas à répondre à leurs besoins opérationnels.
L’avenir du système de santé publique et l’assurance que les citoyens disposent des installations nécessaires par les unités de santé devraient être le souci premier du mouvement ouvrier. La nouvelle baisse du financement de la santé met de fait de nouvelles tâches dans le mouvement ouvrier et le mouvement de défense de la santé. La lutte pour renverser ces politiques, l’élimination des notes de service et des contraintes budgétaires qui viennent de l’Union européenne est désormais un objectif et doit être mis sur la table et être une demande de lutte pour embrasser tous les travailleurs et la société.  »
Le secrétariat de la Santé du Mouvement des Citoyens- Manolis Glezos

Grèce le pire serait-il passé…qui pourrait encore le croire

GRÈCE, LE PIRE SERAIT IL PASSÉ… OU LES TEMPS DIFFICILES SONT ENCORE LÀ … ET POUR UN CERTAIN TEMPS !

Si Tsipras ose dire que « le pire est derrière nous… » , l’avalanche d’études, d’articles de fond, et les faits actuels tout simplement, semblent bien démonter que les difficultés pour la Grèce et son peuple sont bien là… et encore pour un bon moment .
Le sentiment de « début de sortie de crise » aura été accentué par plusieurs éléments concomitants:
– le retour sur le marché obligataire de la Grèce;
– l’engagement par les créanciers d’une nouvelle tranche de prêts de 8,5 milliards d’euros;
– la possibilité de plus d’argent via le FMI;
– une perspective de meilleur notation par les agences de notation.

Mais la situation réelle en Grèce est bien plus préoccupante.

Tout d’abord, la mise en œuvre des réformes par le gouvernement Syriza-Anel est loin d’être achevée : sur les 140 mesures demandées par les créanciers, des dizaines ne sont seulement qu’en cours et s’affrontent souvent à la colère sociale ( cf Ouvertures des magasins les dimanches par exemple…et encore plus explosif seront les nouvelles réductions des retraites ou les baisses de salaire envisagés!) ou à celle des entrepreneurs ( cf. l’émission obligatoire de reçus et l’obligation d’acquérir un terminal pour CB…). Et on estime qu’il faudra encore une centaine de nouvelles mesures, bien souvent impopulaires, avant que le programme de sauvetage en cours se termine en Août 2018!
Dans un rapport d’analyse sorti fin juillet, l’agence Bloomberg note : « Les exigences des prêteurs pour des mesures supplémentaires risquent de rendre la scène politique explosive en Grèce, comme le coût de la crise économique est insupportable pour les citoyens et les entreprises » et elle conclue par : « Le revenu moyen des ménages a diminué d’ au moins 40%, pendant la crise, le risque de pauvreté a augmenté de 35,6%, les réductions de pension sont énormes et on assiste à une hyper paupérisation » . Les experts et universitaires grecs notent aussi le retard pris dans le calendrier des privatisations gérées par le TAIPED et désormais le « Super Fund » ( cf l’ex aéroport Hellinico…). Plus subtil encore , le jeu politico-administratif qui fait qu’une loi adoptée au Parlement pour faire plaisir aux prêteurs sera détricotée voire inapplicable par l’adoption d’amendements, décrets et circulaires etc… Quand à l’évasion fiscale, le sport N°1 des grecs continue plus que jamais pour les plus fortunés … alors que vient de paraitre aujourd’hui un calendrier « calvaire », comme le nomme les médias, d’août à fin décembre , pour les versements fiscaux ( Impôts sur le revenu, sur les sociétés, foncier etc…).

Nous avons souvent repris dans nos posts les infos sur l’état des divers secteurs de la Grèce. Nous n’y reviendrons pas ici en rappelant simplement l’état catastrophique de la Santé, mais aussi de l’Education, et généralement de l’ensemble des biens publics. Ce qui parait encore plus inquiétant, c’est ce qu’en déduisent des dizaines de milliers de grecs, souvent jeunes, qui ne voient plus d’espoir dans l’avenir de ce pays et partent vivre à l’étranger provoquant de fait la plus grande diaspora que le pays ait connu depuis les années 60. Phénomène d’autant plus inquiétant qu’il ne s’agit pas ici à proprement parler d’une seule « émigration économique » mais beaucoup plus pluri-factorielle.

Pour terminer sur une note encore plus inquiétante, il faut noter aussi la bombe à retardement que constitue le vieillissement récent en Grèce. Un rapport récent au Parlement démontre que malgré tous les efforts économiques et financiers réalisés par l’État grec, le vieillissement de la population constitue à terme les germes d’un bouleversement radical dans l’équilibre social et budgétaire du pays. Le vieillissement affecte négativement les finances publiques d’un pays, le nombre de retraités augmente. Cela signifie que les dépenses sur les retraites augmentent tout en réduisant les rentrées fiscales. Si cette situation n’est pas propre à la Grèce et touche de nombreux pays de l’UE, elle prend un caractère inquiétant en Grèce. L’évolution démographique de la Grèce donne une augmentation de la population totale à près de 11 millions de grecs en 2080… accentuée par une augmentation de l’espérance de vie, mais avec une augmentation du taux de fécondité dépassant à peine les 1 %… Et on sait que le taux de dépendance des personnes âgées devrait augmenter de 33% à 67,5% ce qui se traduira par 3 personnes en âge de travailler pour 2 personnes de plus de 65ans ! On voit ainsi pour l’avenir ce qui va changer pour le ratio de dépendance défavorable des personnes âgées et donc qu’il y aura un lourd fardeau sur les finances publiques. Alourdie par un endettement excessif et en proie par le manque d’espace budgétaire pour absorber l’impact du vieillissement, le problème en Grèce sera plus aigu. Ce qui devrait avoir un effet négatif sur la croissance en Grèce. Alors , désolé de vous décevoir, chers lecteurs, mais les temps difficiles pour la Grèce sont loin d’être finis!

CK le 31 juillet 2017
PS une touche d’humour avec cette photo trouvée sur les réseaux sociaux grecs :  » elle va chercher sa pension » !

La Belgique a déjà touché autour de 300 millions pour son aide à la Grèce

En 2010, la Banque nationale de Belgique rachète des obligations grecques dans le cadre du programme européen SMP (Security Market Programme). La Belgique finance donc une partie de la dette grecque. Toutes les banques centrales de la zone euro et la Banque centrale européenne font de même. Une manière de venir en aide à la Grèce au bord de la faillite. En tout, l’Eurosystème rachète pour 55 milliards de titres grecs, sans préciser quelle banque nationale finance quelle partie. Les chiffres ne sont pas publics, impossible de savoir combien la Belgique achète précisément.

Toujours est-il que la Belgique détient des obligations grecques qui lui rapportent des intérêts. Eric Dor, économiste à l’Université Catholique de Lille, a fait les comptes. Selon lui la Belgique a déjà touché 328 millions d’intérêts sur les obligations grecques: « Il n’y a rien de supplémentaire que la Grèce a payé par rapport à ce qu’elle aurait dû payer de toute façon. Ses obligations, elles avaient été émises dans le passé, elles étaient détenues par des investisseurs privés, elles sont simplement changé de détenteur. Et évidemment, depuis lors, ces obligations sont toujours en portefeuille des banques centrales, dont la Banque nationale de Belgique. Et ces obligations rapportent des intérêts.« 

Solidarité européenne

La Belgique n’est évidemment pas le seul pays à toucher des intérêts. Le ministère des Finances allemand a reconnu avoir gagné 1,3 milliards d’euros grâce à ses prêts à Athènes. Toucher des intérêts lorsqu’on prête de l’argent, quoi de plus normal? Sauf qu’ici on parle de la Grèce. Alors, est-il vraiment légitime de s’enrichir sur le dos d’un pays surendetté ? Pour Bernard Bayot, économiste et directeur de l’asbl Réseau Financité, « c’est clair que cela pose d’énormes questions en termes de solidarité européenne. D’ailleurs, au départ, il était prévu que les pays européens rétrocédaient à la Grèce le montant des intérêts perçus, ce qui a d’ailleurs été réalisé en 2013 et 2014. Et dès lors que le gouvernement grec commence a renégocier, fait un référendum, il y a un véritable chantage qui a eu lieu. Le résultat, c’est qu’on ne rétrocède plus ces intérêts aux Grecs. Mais au-delà de l’éthique, de la morale ou de la solidarité, il y a simplement la question de l’efficacité. Quand une personne ou un pays est en état de surendettement, il faut lui permettre de sortir la tête de l’eau. Et si ce n’est pas le cas, on l’enfonce. Et ça, évidemment, même d’un point de vue strictement cynique, c’est complètement stupide.« 

L’Eurogroupe, les ministres des Finances de la zone euro, a malgré tout décidé de revenir à un taux zéro à l’avenir. Avec une condition : que la Grèce respecte les strictes mesures d’austérité dans les prochaines années. 

La Belgique a par ailleurs soutenu la Grèce par d’autres moyens (prêts bilatéraux, Mécanisme européen de Stabilité et Fonds européen de Stabilité Financière). Les profits de la Belgique dans ces cadres-là sont difficiles à évaluer.

https://www.rtbf.be/info/economie/detail_la-belgique-a-deja-touche-autour-de-300-millions-pour-son-aide-a-la-grece?id=9667653

 

Le C’star le bateau de la honte

Un petit condensé de l’affaire du C’star ce bateau affrété par des fascistes pour bloquer le sauvetage des migrants en méditerranée.  L’histoire au début paraissait inimaginable et pourtant :

le 11/7 l’AFP publiait : Un navire de 40 mètres, le C-Star, affrété par des militants d’extrême droite, est en route pour la Méditerranée pour lutter contre l’immigration clandestine au large de la Libye, ont annoncé mardi des militants.

Depuis ils sont suivis à la trace par des militants de toutes nationalités :https://www.vesselfinder.com/…/C-STAR-IMO-7392854-MMSI-6218… https://www.marinetraffic.com/…/mmsi:621819012/vessel:SUUNTA

30/7/17 publié par par Yannis Youlontas DEFEND EUROPE : Le C-Star attendu en Tunisie

Le comité d’accueil contre le bateau des fascistes est maintenant prêt en Crète et en Sicile. Il se prépare également côté Africain : Nos camarades tunisiens ont créé, entre autres, ce tract/affiche en arabe. Ils essaient actuellement de le faire circuler parmi les habitants libyens, tunisiens, algériens et marocains du pourtour méditerranéen et invitent à l’imprimer et à l’afficher aux abords des ports et ailleurs.

30/7/17 publié par Yannis Youlontas DEFEND EUROPE : encore un sale coup !  

Voici quelques éléments nouveaux trouvés dans un article de Kibris Gazetesi, le journal le plus lu de Chypre du nord, en date du 29 juillet.

DEFEND EUROPE : LE DERNIER MAUVAIS COUP DE SVEN TOMAS EGERSTROM AUX TAMOULS QUI RETOURNAIENT AU SRI-LANKA

On se rappelle que 15 des 20 Sri Lankais Tamouls débarqués du C-Star le 24 juillet avaient aussitôt été renvoyés au Sri Lanka et que les 5 autres avaient demandé l’asile à Chypre du nord. Ces derniers sont encore dans cette attente à Famagouste, pris en charge par l’association nord chypriote Mülteci Hakları Derneği et par le collectif franco-grec Anepos. 

Mais, pour les 15 Tamouls qui ont pris l’avion, tout ne s’est passé comme prévu. En effet, l’article de Kibris Gazetesi précise que 10 des 15 ont ensuite été renvoyés en sens inverse, à Chypre du nord, le 28 juillet !

Selon ces 10 Tamouls, ce retour a été causé par Sven Tomas Egerstrom, le propriétaire du C-Star, qui, après avoir acheté les billets de retour, les a rapidement annulés durant leur escale à l’aéroport de Doha au Qatar.

Les 5 autres Tamouls piégés à l’aéroport de Doha ont finalement pu poursuivre leur voyage et prendre l’avion suivant grâce à leurs familles qui leur ont payé leurs billets depuis le Sri Lanka.

Les 10 Tamouls revenus ont à nouveau été renvoyés au Qatar le 29 juillet.

Le journal confirme également les déclarations des Tamouls selon lesquels ils ont payé des sommes importantes pour prendre le bateau avec la promesse de se rendre en Italie. Mais leurs passeurs avaient semble-t-il prévu de les laisser en chemin, en Egypte ou à Chypre, avant l’arrivée du bateau en Italie, les escroquant ainsi de 10 000 euros chacun, somme pour laquelle leurs familles s’étaient probablement endettées.

Malgré cette escroquerie, 5 des 20 Tamouls ont tout de même pu rester à Chypre du nord et se lancer dans une demande d’asile, ce qui n’est pas sans ridiculiser l’expédition Defend Europe qui prétendait au contraire stopper l’immigration.

L’article précise également que le C-Star n’est désormais plus autorisé à entrer dans les eaux territoriales nord-chypriotes d’où il est sorti le 27 juillet en fin de journée, sous le contrôle de la police et des garde-côtes. Les officiels du port de Famagouste ont ajouté qu’en cas de tentative (peu probable), ils seraient immédiatement appréhendés.

Décidément, le sinistre Sven Tomas Egerstrom aura escroqué jusqu’au bout ses pauvres victimes.

Ümit Çırak et Yannis Youlountas

28/7/17 publié par Yannis Youlontas : Des chasseurs de migrants viennent de monter à bord

 
Defend Europe espère sauver son safari en Méditerranée :DES CHASSEURS DE MIGRANTS VIENNENT DE MONTER À BORD !

1 – Après avoir bénéficié d’un soutien politique en haut-lieu pour faire libérer son capitaine, son second et son propriétaire qui étaient en garde-à-vue, le C-Star a passé la nuit du côté sud de Chypre, au large du port de Limassol.

2 – Le navire de la honte est resté jusqu’à ce soir à la limite des eaux internationales, n’ayant plus le droit d’entrer dans les eaux territoriales de la partie indépendante de Chypre en raison de son enregistrement dans un port de la moitié nord.

3 – Le C-Star a essayé de brouiller les pistes et de justifier sa pause dans la zone en changeant à plusieurs reprises de port de destination, dans plusieurs directions.

4 – En réalité, le C-Star se préparait à embarquer en secret le groupe de fascistes venu en avion sur l’île pour embarquer à Famagouste, mais qui avait fuit devant le fiasco et les arrestations.

5 – Nous avions bien compris leur manège et, dès la fin de matinée, une alerte antifasciste discrète était donnée dans nos réseaux hellénophones, avec le soutien de plusieurs groupes dont Rouvikonas, pour mobiliser des camarades sur place et, chose difficile, intercepter les « touristes fascistes » avant qu’ils ne montent à bord.

6 – Ce jeu du chat et de la souris a duré toute l’après-midi. Les fascistes ont réussi à se cacher, puis à louer discrètement (sans doute cher) les services d’un petit bateau chypriote, le Dioni (voir photo) qui les a rapidement emmené au large, à 15 km des côtes, au point de rendez-vous avec le C-Star (ils ont choisi de se retrouver au point 666 sur la carte).

7 – A l’heure qu’il est, nous ne sommes encore certains ni du nombre ni du nom des fascistes qui sont montés à bord. Parmi eux, il y a probablement Martin Sellner, chef des identitaires autrichiens (photo de gauche) qui s’était grillé sur twitter en dévoilant sa présence du l’île, et peut-être Lorenzo Fiato, chef des identitaires italiens (photo de droite, en train de faire ses étirements dans son bain).

8 – Il est à supposer que le C-Star va continuer à brouiller les pistes concernant ses prochaines destinations. Mais, comme tout bateau, il devra s’arrêter tôt ou tard dans un port… et il sera attendu.

Merci à tous les camarades qui ont participé à cette nouvelle action, une tentative quasiment impossible cette fois : vu les éléments dont nous disposions, c’était chercher une aiguille dans une meule de foin.

Pour le moment, le bilan de Defend Europe reste absolument nul.

Y.Y.

Épisodes précédents du feuilleton « La croisière nazie s’amuse » :
– Hier après-midi http://blogyy.net/2017/07/27/defend-europe-incroyable-retournement-de-situation/
– Hier soir http://blogyy.net/2017/07/27/pour-aller-ou/
– Ce matin http://blogyy.net/2017/07/28/merci-a-nos-camarades-chypriotes-qui-sont-desoles/

29/7/17 par la rédaction europe 1 : Sicile : mobilisation contre un bateau anti-migrants affrété par l’extrême droite : Des manifestants tentent d’empêcher l’arrivée dans le port de Catane d’un bateau affété par l’extrême droite pour reconduire des bateaux qui transportent des migrants vers la Libye.

« Closed for racists (fermé aux racistes) » : des dizaines de personnes ont manifesté samedi dans le port de Catane, en Sicile, contre l’arrivée prévue dans les prochains jours d’un bateau affrété par l’extrême droite, pour « fermer l’autoroute de l’immigration » en Méditerranée. Une vingtaine d’embarcations, kayaks, voiliers, canots pneumatiques, se sont rassemblés dans le port pour réclamer des autorités qu’elles en empêche l’accès à ce bateau, le C-Star, qui se trouve encore à plusieurs jours de mer de la Sicile.

« Ces opérations sauvent des dizaines de milliers de personnes ». « Nous sommes ici (…) pour fermer symboliquement le port de Catane » à ce navire, a expliqué Luca Nicotra, responsable en Italie de l’Avaaz, collectif mondial pour la défense des droits civiques. « Closed for racists », pouvait-on lire sur plusieurs des banderoles brandies par ces manifestants. « C’est d’abord un appel aux institutions du port pour empêcher que ce bateau puisse interférer avec les opérations en mer des ONG qui sauvent des dizaines de milliers de personnes chaque année », a encore affirmé Luca Nicotra.

Le bateau déjà immobilisé à Chypre. Le C-Star, affrété par le réseau européen Génération identitaire et en particulier ses antennes française, italienne, autrichienne et allemande, avait été immobilisé mercredi à Famagouste, sur l’île de Chypre, avant de reprendre la mer à destination de la Sicile. Le commandant, son second, le propriétaire du navire ainsi que sept membres d’équipage, avaient été interpellés mercredi, avant d’être relâchés jeudi soir, et le C-Star autorisé à quitter le port chypriote turc de Famagouste. Ce bateau devait à l’origine embarquer des militants à Catane avant de se rapprocher des côtes libyennes, mais on ignore si cette escale en Sicile est toujours prévue.

Pas de « port sûr » en Libye. L’objectif de cette opération, baptisée « Defend Europe » (« Défendons l’Europe »), est d’intercepter et reconduire vers la Libye les bateaux qui transportent des migrants clandestins. Or, les gardes-côtes italiens considèrent que la Libye n’offre pas de « port sûr » au regard du droit maritime et organisent toujours le transfert vers l’Italie des migrants secourus sous leur coordination. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 111.000 migrants sont arrivés en Europe par la mer depuis le premier janvier, dont près de 93.500 en Italie. Plus de 2.360 sont morts en tentant la traversée.

http://www.europe1.fr/international/sicile-mobilisation-contre-un-bateau-anti-migrants-affrete-par-lextreme-droite-3399836

Pèlerin des îles La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Pèlerins des îles

Les vérités estivales peuvent parfois s’avérer bien fondamentales. Petites aventures et grande histoire conjuguées au quotidien, à l’image des pêcheurs levant leurs filets dans les baies, ou sinon, de tous ceux qui naviguent pour une raison ou pour une autre et parfois même sans raison. Estivants, pèlerins des îles et autant marins, préparant avec toute la minutie nécessaire les mouillages imminents. Loin si possible de la capitale.

Navigation. Golfe Saronique, juillet 2017

Par les temps qui stagnent, à Athènes, d’autres vérités estivales peuvent parfois s’avérer fondamentales, autant que les mensonges ambiants. Dans les rues de la capitale écornée, aux nombreux ses boutiques en faillite, quelques tracts diffusés au centre-ville et non signés, portaient (paradoxalement ?) le message suivant:

“50 ans depuis la Junte” (celle des Colonels, entre 1967 et 1974), tracts ayant provoqué un certain étonnement, y compris paraît-il chez nos… animaux adespotes. Décidément, les humains sont parfois bien étonnants.

Tract: “50 ans depuis la Junte”. Athènes, juillet 2017
Boutique en faillite. Athènes juillet 2017

Nos événements, résolument délavés sous le bien connu grand soleil de l’été grec, se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Il y a eu d’abord, ce violent séisme qui a secoué l’île de Kos la semaine dernière causant deux morts et de nombreux blessés.

Ensuite, nous avons vécu… par obligation médiatique cet autre présumé séisme politique, provoqué par certaines révélations de Yanis Varoufákis au sujet d’Alexis Tsipras et de sa gestion (aux dialogues alors crus), durant notamment le terrible été 2015 (presse grecque du moment) .

L’île de Kos après le séisme. Presse grecque du 21 juillet 2017

Varoufákis n’a rien dit et écrit (il vient à ce propos d’être interviewé sur son nouveau livre par les journalistes du quotidien “The Guardian”) de très nouveau, et Alexis Tsipras a également accordé une contre-interview au même journal pour ainsi se justifier.

Yanis Varoufákis, après avoir enregistré bon nombre de débats et d’échanges grâce à son Smartphone réellement existant et constamment dissimulé, confirme tout simplement l’état d’impréparation… bien préparé d’Alexis Tsipras et de sa… bande face à la Troïka, et essentiellement face à l’Allemagne comme au FMI. Il en ressort également, cette conviction alors profonde quant à la fausseté évidente et consciente des promesses tenues et contenues dans son programme électoral “de l’alternance”, sur lequel il a été élu en janvier 2015. Programme dit “de Thessalonique”, car initialement annoncé à Thessalonique le 13 septembre 2014.

Pour Dimitri (comme pour de nombreux autres Grecs) rencontré cette semaine, petit entrepreneur installé à Athènes, ces dernières révélations (ou semi-révélations), sont cette dernière goutte faisant déborder le récipient de l’insoutenable: “Qu’ils partent alors. Tsipras et les siens… ils forment une véritable bande d’escrocs et de criminels. Je ne veux plus les voir ; même si je ne me fais aucune illusion… sur la dite alternance incarnée par Mitsotakis… oui, c’est aussi un leurre, mais je m’en fiche. Tsipras doit dégager, ces gens devraient se trouver tous en prison.”

Politiciens alors hilares. Alexis Tsipras et Kyriákos Mitsotakis. Juillet 2017 (Presse grecque)
Politiciens alors hilares. Palais Présidentiel. Juillet 2017 (Presse grecque)
Le monument du Soldat inconnu… réadapté. Presse grecque, juillet 2017

Sans… transition, la presse pro-SYRIZA comme la presse tout court (medias grecs et internationaux), semble saluer le dit “retour de la Grèce sur les marchés financiers”: “Pour la première fois depuis 2014, et après des années de crise, la Grèce émet des obligations. L’accueil réservé par les marchés à cette offre de financer la dette publique grecque apportera une indication précieuse sur le degré de confiance retrouvée du pays. Cette obligation à 5 ans (à un taux d’intérêt de 4,75%) permet de préparer le moment où en 2018 le plan d’aide de l’Union européenne et du FMI prendra fin” .

Au même moment Pierre Moscovici de l’Eurocontrol visite Athènes et la colonie. Voilà pour l’essentiel de la bien “grande nouvelle” du mardi 25 juillet… et qui n’intéresse pas vraiment les Grecs il faut dire.

La Grèce émet des obligations (« Sortie sur les marchés »). Presse grecque, juillet 2017

Imperturbables comme ils sont dans leur monde parallèle, les politiciens alors hilares iront toujours “fêter” le retour à la démocratie et la fin de la dictature des Colonels en ce 21 juillet 2017 au jardin du Palais présidentiel (c’est une tradition politique depuis 1975).

Sauf qu’en 1974 (20 juillet), l’arrivée présentée comme “spontanée” de Konstantin Karamanlis depuis son exil politique en France, afin de prendre les commandes faisant suite à l’effondrement de la Junte (et à la guerre à Chypre), avait en réalité constitué un autre coup d’État… en somme inaugural à la toute dernière République grecque, morte comme on sait en 2010 par… l’avènement de la Troïka. Car en 1974, c’est Panagiótis Kanellopouolos, Premier ministre renversé par la Junte le 21 avril 1967, qui devait assurer la transition jusqu’aux prochaines élections et non-pas Karamanlis.

Navigation. Golfe Saronique, juillet 2017
Marin et ouvrier. Golfe Saronique, juillet 2017
Touristes sous l’Acropole. Athènes, juillet 2017

Les vérités estivales peuvent ainsi parfois s’avérer fondamentales. À Athènes, les touristes se reposent insouciants dans les terrasses des cafés sous l’Acropole. De même que nos animaux adespotes (sans maîtres) et heureux de l’être. Petites aventures et grande histoire conjuguées au quotidien.

Et quant aux politiciens, alors disposés car “desposés” (agissant très exactement sous le haut commandement de leurs maîtres), ils poursuivront “dans leur programme”, “révélations” faites ou pas d’ailleurs. La petitesse humaine n’a certainement pas de limites. “De nombreux citoyens ont dit de nous que nous avons été de menteurs, mais pas de voleurs” , déclare alors l’escroc politique Alexis Tsipras (médias grecs du 26 juillet). Été grec.

Son “gouvernement” peut se maintenir au pseudo-pouvoir, préparant, sous les ordres des maîtres illogiques comme allogènes, la dite “reforme de la Constitution” déjà annoncée, car programmée par la Troïka élargie. Cette dernière escroquerie Tsipriote, consistera alors à inscrire les termes des mémoranda (politiques imposées par la Troïka) dans la Constitution (déjà violée par SYRIZA comme par tous les autres partis, acceptant à siéger au pseudo-Parlement).

Animal adespote, heure de la sieste. Athènes, juillet 2017
Péloponnèse. Juillet 2017
Sur une île. Golfe Saronique. Juillet 2017

De la même manière, toute intervention potentielle de la part de la Justice (déjà bien “boiteuse”), face, et surtout contre l’illégalité des politiques de prédation sur les richesses nationales, tout comme sur les droits notamment ceux des travailleurs… deviendra à son tour “illégale” et de toute manière impossible à entreprendre (reportages et analyses, médias grecs du 26/07, par exemple radio 90.1 FM, zone du soir).

Le but de la Troïka, avec toute l’aimable et bien intéressée participation des Tsipras, Mitsotakis et consort, c’est d’en finir franchement avec le cadre constitutionnel hérité de…l’avant-guerre (avant 2010 !). La Constitution, lettre déjà morte, elle sera ainsi enterrée, sous les applaudissements et avec toute l’hilarité nécessaire d’une classe politique de Quisling. Les mensonges de l’été séchés au soleil, peuvent parfois s’avérer bien fondamentaux.

Cela-dit, et pour ce qui tient des vérités incontournables, aux îles (même peu habitées) du Golfe Saronique, les habitants haïssent déjà les politiciens… et ils aiment toujours leurs bêtes. Les occupations… locales sont bien différentes il faut dire. On se préoccupera ainsi volontiers du drapeau grec de la petite chapelle de Saint Nikólaos, celui que le vent a fait tomber, plutôt que des obligations émises par la Grèce. Et le débat sera alors vif et fort argumenté pour ce qui tient de l’emplacement canonique (normal et de règle) du drapeau: à droite ou à gauche de la chapelle face à la mer.

Le drapeau placé à droite de la chapelle. Golfe Saronique, juillet 2017
Le drapeau placé à gauche de la chapelle. Golfe Saronique, juillet 2017
En positionnant… le drapeau. Golfe Saronique, juillet 2017

Petites aventures et grande histoire conjuguées au quotidien, à l’image des pêcheurs levant leurs filets dans les baies et des habitants des îlots.

“Avant 1940, plus de quarante familles habitaient sur l’île. Les Allemands, les ancêtres de Schäuble sont arrivés jusqu’ici. Ils ont volé le fromage et l’huile d’olive de mon grand-père. Il les a cachés par la suite dans les puits. Mais tout restait bien dur durant après-guerre également. Les familles sont parties vivre en face, au Péloponnèse, et le plus souvent elles ont carrément émigré. Ceux qui possédaient la terre d’en face, de l’autre côté de la baie, ils ont tout vendu dans les années 1950 pour une bouchée de pain. Et ils sont partis aux États-Unis sans jamais revenir, même pas pour voir. Temps noirs, pauvreté alors noire.”

Immanquablement, les discussions tourneront davantage autour des animaux, de leurs habitudes, de leurs états d’âme. “Tiens, ils ont quitté l’étable et ils vivent en liberté. C’est en hiver que nous nous occupons un peu davantage d’eux. Ce qui ne veut pas dire que nous ne les suivons pas. Une brebis a perdu son petit, nous ne savons pas comment. Du coup, elle n’a plus voulu allaiter son deuxième petit. Elle l’a abandonné. Nous l’avons alors récupéré. Il vit avec nous, nous lui donnons du lait, il dort avec le chien… en parfait amour. C’est… toute notre vérité.”

Les bêtes ont quitté l’étable. Golfe Saronique, juillet 2017
Le jeune mouton… domestiqué. Golfe Saronique, juillet 2017
“Il dort avec le chien”. Golfe Saronique, juillet 2017

Jolis moments. À force, le blog “Greek Crisis” devrait peut-être se transformer complémentent et avec toute la conviction… en chronique animalière. C’est toujours une option !

Les vérités estivales peuvent parfois s’avérer fondamentales. Estivants, pèlerins des îles et autant marins, préparant avec toute la minutie nécessaire les mouillages imminents. Animaux adespotes comme “desposés” compris. Loin si possible de la capitale, Mimi, le chat du blog se porte bien face aux humains, il faut dire parfois bien étonnants.

Mimi, le chat de Greek Crisis. Juillet 2017

Pèlerins des îles. Notre poète Yórgos Seféris avait écrit, que “dans un sens, nous sommes passés par Délos à la manière d’Ulysse, en route vers Troie” (Essaies, décembre 1965).

Mer et poésie. Loin si possible de capitale, les vérités seront fluides. Petites aventures et grande histoire conjuguées au quotidien. Événements, résolument délavés !

Vérités. Golfe Saronique. Juillet 2017
* Photo de couverture: Pêche. Golfe Saronique, juillet 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Séismes à la grecque et retour en Macronie

Me voilà donc rentré, depuis samedi dernier, de mon premier round nisyriote 2017. Entre deux séismes : le personnel, avec la liquidation de La Différence qui a descendu mon Tigrane au décollage, et le tellurique qui a secoué toute la région deux nuits avant mon départ.

Côté livre, je suis dans les démarches et les lettres recommandées pour me faire reconnaître créancier privilégié – le liquidateur judiciaire semblant ignorer le Code de la propriété intellectuelle qui établit les auteurs à ce rang, depuis 2006, pour leurs droits d’auteur des trois dernières années. Sans trop d’illusion, mais j’ai bien l’intention de ne pas laisser ledit liquidateur en paix. Et puis il faut se battre pour obtenir un état des ventes ; et puis je viens de poster le second courrier demandant notification de la restitution de mes droits – stade indispensable avant une éventuelle réédition, probablement dans une collection de poche – alors que cette restitution m’est due de droit. Et puis encore, je tente de m’opposer à la vente du stock des Tigrane en solderie : mais là non plus, pas de réponse. Grâce soit ici rendue à la Société des gens de lettres dont je suis membre et dont le service juridique a été d’une réactivité remarquable et d’une aide aussi efficace que cordiale. Il semble ainsi que le liquidateur soit obligé de me proposer… le rachat du stock à prix coûtant !

N’est-ce pas beau ? N’est-ce pas grandiose ? Non seulement le liquidateur ne me payera sans doute pas les droits d’auteur que me doit La Différence mais, si je veux éviter de voir mon livre traiter comme un objet vendu à l’encan, au prix du papier, et ce pour rembourser l’URSSAF, ou le fisc, ou… il me faudra, moi, le racheter !

Ma question est : à quoi sert le ministre de la Culture, de surcroît, une éditrice, si elle ne lève pas le petit doigt pour trouver une solution à la reprise digne d’un fonds de 40 ans comme celui de La Différence ? A quoi sert un ministre de la Culture qui laisse les artistes dans cet état de totale vulnérabilité quant à la préservation de leur droit moral ? Je ne parle même pas des droits financiers !!!

Quant au second séisme : merci d’abord à tous ceux qui ont pris de mes nouvelles. Kos a souffert (le centre de la ville essentiellement et de manière très localisée : j’y suis passé en transit samedi matin: un minaret d’une ancienne mosquée s’est effondré sur la place centrale, le port est zébrè par une fissure plus ou moins large, l’église principale lézardée; mais un autre minaret no loin est intact, la forteresse des chevaliers de Saint-Jean, apparemment aussi et le surlendemain, la vie en ville était normale. Nulle trace de panique chez les habitants ou les touristes, mais des caméras de télé agglutinées comme des mouches sur une merde dans le périmètre des dégâts : la catastrophe euro-allemande au quotidien que vivent les Grecs les laissent muets et indifférents; le catastophisme les fait bander), mais Nisyros est indemne.

Reste que, depuis 25 ans que je viens ici, j’ai vécu pas mal de tremblements de terre, notamment lors de la crise sismique de 1997(un séisme par jour pendant près d’un mois, des maisons lézardées et évacuées, la falaise du monastère de la Panaghia spiliani, au dessus de Mandraki, ébranlée….). Mais celui-là est d’un calibre exceptionnel. Se réveiller de son premier sommeil à 1h30 avec un lit qui vogue, sentir la maison littéralement onduler, tenter de descendre du moni (lit traditionnel en hauteur de 5 marches d’escalier étroites) en sentant non pas une vibration, mais un mouvement horizontal de cisailles, et surtout entendre un bruit de vagues et de ressac dans la citerne, comme si on était au bord de la mer alors qu’on est à 400 m d’altitude est une expérience qui me manquait… sans parler de la demi-douzaine de répliques pendant le reste de la nuit – à chacune on ouvre un oeil en se demandant si l’on a rêvé. Heureusement pour nous, les Nisyriotes, cette nuit Poséidon le Kosmoseïstis nous protégeait. Merci à lui.

Quant à la situation en Grèce, elle ne cesse de se dégrader. Sur tous les plans, économique, social, sanitaire. A Nisyros, nous avons eu de longues discussions avec des amis écrasés d’impôts qui ne savent plus que faire – les commerçants notamment qui doivent parfois payer plus – en raison du système d’avance d’impôt sur les années à venir – qu’ils n’encaisseront. Car juin et le début juillet ont été encore pires que l’année précédente déjà mauvaise. Les all inclusive de Rhodes ou de Kos (avant le séisme ; après avec le catastrophisme imbécile des médias ???) semblent certes faire le plein (discours officiel sur le record d’entrées), mais ce tourisme-là ne profite en rien à la Grèce. Les hôtels sont désormais la plupart du temps propriétés de sociétés étrangères, les recettes sont encaissées dans les pays de départ, les salaires de l’hôtellerie sont des salaires de misère (quand ils sont payés : voir plus bas), et les troupeaux qui pratiquent ce genre transhumance ne font plus travailler les commerces locaux puisqu’ils ont tout gratos dans leur usine à vacances idiotes.

A Nisyros, nous avons constaté, il y a deux ans que les institutions scientifiques grecques n’avaient plus les moyens financiers de surveiller les volcans de l’Egée et que cette tâche revenait désormais à un réseau d’universités solidaires qui grattent les fonds de tiroir de leur frais de mission – chez nous des Suisses et des Anglais. A Nisyros, cette année, le musée archéologique, ouvert il y a moins de 10 ans – un superbe musée, avec une muséographie intelligente – est fermé en raison des coupures de budget exigées par les Euro-Allemands. A Nisyros, la vieille dame qui tient une petite échoppe de fruits et légumes et me vend ses oeufs du cul des poules a été obligée de s’équiper d’une machine à carte de crédit (dont elle ignore le fonctionnement mais dont elle doit payer la location) : sinon, c’est 1500 euros d’amende.

Elle n’est pas belle, l’Europe ???

Mais en Grèce, la politique de l’UE conduite par le gouvernement de gauche dite radicale est aussi un mécanisme de spoliation de la propriété privée et de transfert massif de la propriété privée et publique, en partie vers un étranger qui dépossède les propriétaires grecs, exploite les salariés grecs et exporte ensuite les bénéfices réalisés sur le dos (aéroports, rachats de terrains et de biens immobiliers à bas prix, infrastructures hôtelières et développement du all inclusive qui permet de délocaliser les recettes…).

Le bradage des infrastructures est désormais acté. Comme nombre des aéroports grecs les plus rentables, celui de Kos à été soldé à Fraport, une société allemande – par pur hasard, bien entendu. Voilà plus de 20 ans que je le fréquente. L’affichage par télévision y fonctionnait parfaitement et les toilettes étaient d’une propreté… suisse. En arrivant à la mi-juin, nous avons eu la surprise de voir l’affichage des vols au-dessus des tapis à bagage réalisés au marqueur sur de grand panneaux de papiers, et le circuit d’affichage vidéo ne fonctionnait toujours pas, en pleine saison, cinq semaines plus tard. Quant aux toilettes, elles puaient la pisse. Toute l’efficacité allemande dans le dépeçage ! Compression de personnel, absence d’investissement, rentabilité maximale. Une espèce de métaphore de l’Union européenne…

Par le mécanisme d’endettement privé qui fut encouragé de manière totalement irresponsable, dans les années d’avant crise, par les gouvernements grecs, l’UE ou l’OCDE qui y voyaient un « modèle » de développement, et les banques (alors en grande partie propriété de groupes français qui se sont dégagés depuis), dans un pays qui ne connaissait quasi pas le crédit à la consommation, on a amorcé ce processus de spoliation qui est aujourd’hui entretenu par des impôts si lourds que les contribuables ne peuvent plus payer, par la baisse des salaires et des pensions ou par le non versement des salaires par les patrons que la Cour suprême vient de légaliser (voir notamment le dernier papier de mon ami Panaghiotis Grigoriou, aidez-le si vous le pouvez, sur son indispensable blog Greekcrisis).

Juste un exemple (paratagé hier sur Facebook par mon ami Constant Kaimakis : les travailleurs du groupe « Euromedica » en Grèce du Nord, et plus particulièrement la clinique « Κυανούς Σταυρός» (Thessalonique) et « Ζωοδόχος Πηγή» (Kozani), sont en grève depuis 10 jours pour obtenir le paiement de leurs salaires non payés depuis 5 à 10 mois selon les établissements. Leur syndicat dénonce ainsi :

« L’asphyxie économique au cours des sept dernières années a eu un impact négatif énorme sur la vie quotidienne de centaines de travailleurs, niant leur dignité et leur vie normale. Le Groupe « Euromedica » continue avec impunité la même pratique courante, laissant les travailleurs non payés avec des dettes qui se sont accumulés de cliniques en cliniques, avec comme argument que l’argent a été dépensé. A l’opposé de la pauvreté forcée dans laquelle se trouve l’ ensemble du personnel, on assiste à une augmentation du chiffre d’affaires de la société, qui a bénéficié du démantèlement de la santé publique. Ainsi, d’une part ils gagnent de l’argent, et de l’autre, ils ne payent pas leur personnel ! » et de préciser: « L’employeur fait tout pour arrêter les manifestations, en utilisant tous les moyens disponibles, que ce soit une autre promesse vide de paiement, soit en invoquant la fermeture de la clinique, ou en exerçant une pression sur les travailleurs pou se retirer de la grève. Mais devant eux se trouvent la détermination des travailleurs, qui continuent de lutter sans faire un pas en arrière. »

Mais comment vivent les gens qui travaillent ainsi sans être payés ? Ce que, une fois encore, la Cour suprême grecque vient d’entériner (vous comprenez, j’espère, que la réforme du Code du travail de Macron, les APL et toutes ces réformes que la France a trop longtemps différées, ne sont qu’un insipide apéritif à l’aube de l’ère Macron !). Ils empruntent, aux banques, sur la base des salaires qui leur sont dus et à des taux qui les ruinent, qui les obligent, à terme…

Ainsi se multiplient les saisies, et les ventes aux enchères qui, systématiquement, au moins dans les grandes villes, suscitent des manifestations de résistance qui expulsent les acheteurs potentiel, bloquent la vente… provisoirement.

Ainsi s’opère une autre spoliation à bas bruit, que je vois à l’oeuvre à Nisyros : nombre de Grecs qui ne peuvent plus vivre de leurs revenus, notamment des retraités qui ne touchent plus que 400 euros ou moins, ou qui ne peuvent plus payer leurs impôts cherchent à vendre à n’importe quel prix terres ou maisons qu’ils ont hérités de leurs ancêtres dans un pays où, avec la France de la révolution, la réforme agraire a été la plus poussée en Europe. Pour s’acheter six mois ou un an de répit.

C’est la saison des vautours (on en a un et il est français, à Nisyros) dont j’annonçais la venue dans un post peu après la trahison par Tsipras du référendum de 2015. Ces vautours-là sont en train de déposséder les Grecs de leur pays en rachetant tout à bas prix, ils sont chinois ou européens à Athènes, où la propriété grecque fond à vue d’oeil et où certains quartiers voient leur population expulsée par ces ventes et la conversion des appartements d’habitation en locations type AirbnB.

Le tout sous un gouvernement dit de gauche radicale qui s’est fait l’instrument docile d’une administration coloniale, d’une occupation euro-allemande qui ne dit pas son nom.

Et puis après le retour, il y a eu la reprise de contact avec le monde macronisé.

J’ai d’abord appris la grogne qui agite notre Grande Muette (il faut lire cet intéressant entretien de Coralie Delaume avec le général Faugère). Comment ? vous n’êtes donc pas au courant que la géniale politique de notre chancelière à tous (celle qu’on applique désormais à l’aéroport de Kos) a conduit l’armée allemande à immobiliser des hélicos et autres matériels pour en faire des réserves de pièces de rechange pour ceux qu’on arrive à faire voler encore. Comme ce qui nous reste d’appareil militaire est notre dernier point fort par rapport au suzerain allemand, et que le vrai projet macronien est de liquider en 5 ans ce qui reste de souveraineté à la France, je ne vois pas en quoi les décisions budgétaires de Génie sans bouillir sont surprenantes. Les coupes dans le budget de la Défense nationale, car c’est de ça dont il s’agit, pas « des Armées » qui seraient un corps séparé de la nation, se font naturellement au nom « des engagements européens », au nom d’un machin ultralibéral qui s’appelle l’Union européenne. La culpabilisation de la France – dans l’affaire du Vel d’Hiv notamment (je ne saurais écrire mieux, là-dessus, que ce qu’ont publié, sur leur blog respectif, Bertrand Renouvin ou Jacques Sapir – afin de finir de déculpabiliser l’Allemagne pour son histoire monstrueuse va d’ailleurs dans le même sens : la liquidation de plus de mille ans d’histoire au service d’un projet de soumission à un ensemble apatride et ultralibéral sous domination allemande.

Car, soyons clair, le projet macronien n’est rien de moins qu’un projet de trahison des intérêts fondamentaux de la nation.

Puis je me suis étonné de l’étonnement à propos de la réduction des APL : bonnes gens, adressez-vous donc à Bruxelles ou à Berlin ! Macron et sa bande de guignols ne sont là que pour appliquer les GOPE (Grandes orientations de politique économique) élaborées par la Commission européenne. Qu’écrivais-je donc, dans 30 bonnes raisons pour sortir de l’Europe, paru en décembre dernier, à propos des GOPE 2016, p. 162 ?

« Ces recommandations insistent sur la rigidité excessive du contrat de travail — les obstacles aux licenciements dans le cadre du CDI —, ainsi que sur l’insuffisance des possibilités de « dérogation aux accords de branches et aux dispositions juridiques générales sur les conditions d’emploi, par l’intermédiaire des accords d’entreprise ». Elles relèvent encore l’insuffisance des réformes levant les obstacles à la concurrence dans le secteur des services, la trop grande mansuétude pour les professions réglementées, des allocations de logement trop généreuses… »

Vous avez besoin d’un dessin ? Des GOPE, vous allez en bouffer pendant 5 ans, à la grecque ! Quant au troupeau des nombreux castors qui ont fait barrage, il n’a pas fini de barboter dans le lac de retenue !

Je me suis aussi amusé à la vue de quelques représentants du peuple en marche vers la grande Katastrophe : tel confondant le décret et la loi, tel incapable de comprendre la question qu’il est censé avoir écrite et qu’il n’est pas même capable de lire, tel qui se plaint que son mandat l »empêche d’aller au judo, tel qui ne savait pas qu’il fallait siéger pour… Les Bronzés font la loi ou Les Sous-Doués à l’Assemblée. je suis bien heureux de n’avoir pas participé à la mascarade démocratique de l’élection de cette meute qui votera comme un seul homme les pleins pouvoirs à Pétain ou Pét deux… Car qu’on ne s’y trompe pas : le cycle électoral que nous avons vécu depuis un an n’est plus qu’une parodie de démocratie. il n’y a plus de démocratie représentative, en régime d’Union européenne, que parodique et dérisoire. A la Vouli grecque, comme à l’Assemblée française, les soi-disant députés ne sont plus que des spectres qui s’agitent pour tenter de faire croire que la démocratie encore. C’est leur seule utilité.

Enfin, je m’indigne qu’on s’indigne de l’insuffisance de bombardiers d’eau pour combattre les incendies !

Palsembleu ! Il faut bien payer le prix de l’euro ! Monnaie surévaluée, déficit commercial, absence se croissance, chômage, donc déficits sociaux, donc austérité stupide pour rester dans l’euro, donc sous-investissement dans l’avenir partout… donc monaie toujours plus surévaluée, donc… Ca s’appelle une spirale mortifère qui devient mortelle si, comme en Grèce (voir ci-dessus les toilettes de l’aéroport de Kos), on se refuse de la rompre !

http://www.olivier-delorme.com/odblog/index.php?Nouvelles-de-grece-reenchainee

Grèce crise : Effet sur espérance de vie et sous alimentation

23/7/17 La crise économique raccourcit l’espérance de vie des grecs :

Un groupe de chercheurs a étudié l’espérance de vie en 2030 dans 35 pays à travers le monde, y compris la Grèce. La crise économique en Grèce a eu un impact considérable sur certains âges et raccourcit l’ ensemble des taux de l’ espérance de vie des taux, précise l’ étude de l’ Imperial College de Londres. « En Grèce, ces dernières années, il y a eu une augmentation de la mortalité à certains âges, ce qui est probablement lié à la situation économique difficile dans le pays. Le résultat a été un ralentissement du taux d’espérance de vie, qui reste faible dans ces conditions, » déclare Vasilis Kontis, l’un des chercheurs, au journal Kathimerini.
L’espérance de vie en Grèce est à la hausse depuis les années 1960 jusqu’au début de la décennie en cours. Jusqu’en 2012, l’espérance de vie des femmes était environ 83 ans et 78 pour les hommes.

« L’impact de la crise est importante, la Grèce a considérablement réduit les dépenses de santé. Les pays ayant une augmentation rapide de l’espérance de vie sont ceux qui ont des systèmes de santé solides, des soins de santé et des succès de la santé publique, tels que le pronostic et le traitement des maladies chroniques ou la réduction de l’obésité et du tabagisme » , a déclaré Kontis.

Pour qu’un pays ait ses citoyens qui vivent plus longtemps, les politiques doivent être mises en place pour assurer une bonne qualité de vie pour les personnes âgées et contribuer à éviter le fardeau sur le système de santé.
Données statistiques pour 2017: http://www.geoba.se/country.php?cc=GR&year=2017

20/7/17 Les grecs dans la misère réduisent désormais leur alimentation : La Banque de Grèce vient de sortir une étude qui démontre qu’en 5 ans, de 2009 à 2014, les grecs ont perdu 40% de leur richesse , avec une diminution annuelle de 26% ce qui les a amené à réduire leurs dépenses alimentaires de près d’un tiers!
En effet l’étude montre qu’en cinq ans, de 2009 à 2014, les ménages grecs ont réduit leur consommation alimentaire annuelle de 27%. La consommation alimentaire annuelle à la maison a diminué en moyenne de 29.4%. Pour les ménages les plus pauvres, la réduction est de l’ordre de 30,8%, alors que dans les échelons supérieurs de 32,3%. En outre l’étude note que pour les familles nombreuses (plus de 5 personnes), les ménages à faible revenu et les chômeurs il existe désormais un grave problème de couverture des besoins de base. D’une façon générale, près de 2/3 des ménages (65,3%) sont contraints de faire des coupes pour assurer des moyens de subsistance nécessaires. Les représentants de l’Association des industries alimentaires notent que cette baisse de consommation se traduit par exemple par une baisse des ventes de lait et du pain (au cours des deux premiers mois de 2017 7% de baisse des ventes pour le pain et le lait). En Janvier, le chiffre d’ affaires des ventes de produits alimentaires dans les supermarchés a baissé de 10%, alors que pour la première semaine de Mars, la baisse a atteint 15% par rapport à la même période l’an dernier.
Selon les recherches effectuées par Evangelos Charalambakis, publié dans le 45e numéro du Bulletin économique grec de la Banque de Grèce, pour la période 2009-2014, la valeur médiane de la richesse des ménages a diminué de 40%, un chiffre qui est considéré comme statistiquement très significatif. La baisse de la valeur de la richesse nette est principalement attribuable à la réduction de la valeur des biens immobiliers et secondairement des dépôts. En outre, l’étude montre une réduction de la valeur du solde des prêts totaux des ménages et des prêts hypothécaires, mais ce changement n’est pas statistiquement significatif. Outre la richesse des ménages, le revenu annuel médian des ménages a diminué de 26% sur la période 2009-2014. La diminution des revenus est statistiquement significative par rapport à la plage de la distribution. Le revenu limité et les impôts sont affectés de manière significative et la consommation des ménages.
Et n’oubliez pas …c’est la Banque de Grèce qui le dit …c’est dire …
Très bon clip résumant l’étude ,mais bien sûr, en grec…
https://youtu.be/C83BvwWPJ2M

Constant Kaimakis

À bas les dettes illégitimes : ici et maintenant !

Plénière d’ouverture de la Ve Université d’été du CADTM Europe par Camille Bruneau

Rythmée par les slams de Peter Assaghle (ATTAC Gabon), cette plénière permit de souligner l’ampleur et les enjeux de la crise de la dette, son caractère odieux, illégitime, illégal et insoutenable… et le besoin urgent de changement, d’actions et de désobéissance.

Introduction

Cette 5e Université d’été témoigne de l’envie de débattre, de réfléchir et de penser collectivement aux stratégies à mettre en place pour porter un coup d’arrêt aux cycles d’endettement qui sans cesse se renforcent.

Dans de nombreux pays, des gens luttent contre les dettes illégitimes, pour leur audit et leur annulation, contre les diktats des créanciers ou encore les fonds vautours. Sans oublier l’oppression des femmes et l’exploitation de la nature. Nous nous indignons face à l’Europe forteresse qui nous prive de la présence de deux militantes : Samia Lakraker d’ATTAC Maroc et Assa Souko de la CAD Mali. Le CADTM condamne fermement ce déni des droits fondamentaux qui nous empêche de travailler ensemble.

Depuis la dernière Université d’été, nous avons changé de nom : le CADTM est devenu le Comité pour l’Abolition des dettes illégiTiMes. En effet, les champs d’actions se sont élargis non seulement aux dettes du Nord suite à la crise financière de 2008 mais aussi aux dettes privées. Le terme abolition est plus fort que celui d’annulation dans le sens où il revendique la disparition même du concept de l’endettement illégitime. Le réseau CADTM s’étend avec l’adhésion en 2016 d’ATTAC au Gabon, au Luxembourg et en Italie.

Nous sommes ici car nous sommes toutes et tous convaincuEs que le système ne tombera pas tout seul, parce que nous ressentons l’urgence de désobéir et de développer des dynamiques de rupture ensemble. Presque 30 ans jour pour jour, Thomas Sankara (président du Burkina Faso) donnait son discours à l’Organisation de l’Unité Africaine, où il condamne la dette comme outil de domination et invite, urge même, les autres pays à refuser de la payer. Il leur disait, si vous ne m’aidez pas, je ne serais pas là à la prochaine réunion. En effet, trois mois plus tard, il fut assassiné, avec la collaboration des autorités françaises.

En honneur à Thomas Sankara, Peter partagea son premier slam dans lequel il affirme : « Sankara, à chaque fois que je désobéis, tu vis en moi ».


Cadrage historique de la dette et actualité sur le front de la dette illégitime – Eric Toussaint

Dans le cœur et les esprits des jeunes générations africaines, Sankara inspire toujours, en tant qu’homme exemplaire et pionner dans de nombreux domaines. En effet, il se battait également pour l’égalité homme-femme, la souveraineté alimentaire, etc. Lors de son discours, malgré les applaudissements, le visage de nombreux dirigeants africains avait déjà fixé son destin. En effet, eux étaient prêts à aller à Washington pour rembourser la dette et se débarrasser, en collaboration avec la France, de ce président qui dérangeait. Depuis deux siècles, le capitalisme a accumulé dans l’atmosphère ce qui provoque le réchauffement climatique et considère la nature comme un réservoir à exploiter. C’est un système qui pousse les peuples à produire pour les autres, et à ne pas consommer ce qu’ils produisent. C’est un système qui développe des centrales nucléaires, un système qui renforce l’oppression et l’exploitation des femmes.

Le système dette a précédé le capitalisme comme en témoigne la mise en esclavage pour dette qui a sévi dans le monde antique pendant des siècles. C’est un système parcouru de nombreuses révoltes, de la Grèce antique au mouvement Occupy Wall Street ou à l’Inde où des paysans en colère luttant pour l’annulation des dettes se sont récemment fait tuer. C’est un système traversé des luttes des femmes qui s’opposent au micro-credits, des étudiantEs qui se lèvent face au fardeau des dettes étudiantes (+- 100 milliards de dollars aux USA) ou encore des familles victimes des crédits hypothécaires abusifs et des expulsions.

Il pourrait y avoir des dettes légitimes, par exemple pour financer la transition écologique, et il y en a eu. Mais les dettes publiques aujourd’hui sont essentiellement illégitimes car elles financent des politiques extractivistes, militaires, le remboursement d’anciennes dettes illégitimes ou les sauvetages bancaires. Depuis des années, notre combat veut agir à la base et partout, si besoin, nous serons là pour aider à mettre en place des audits !

Liens entre dette publique et dette privée. Quelles luttes pour mettre fin au « système dette » ? – Lucile Daumas

Lucile commença par exprimer son malaise de représenter ATTAC Maroc en tant que Française, car les marocainEs n’ont pu obtenir de visa. « Il y en a marre que ce soit toujours comme ça, il faut lancer une campagne qui dénonce cette politique inhumaine des visas ! A Montréal, lors du Forum social mondial de 2016, le même problème est survenu et certainEs en ont conclu que la solution serait de faire ces rencontres dans des pays du Sud. Non ! Cela voudrait dire que nous acceptons le fait que nous, blancs/ches européenNEs pouvons aller partout et que les gens du Sud soient cantonnés au Sud. Nous refusons d’accepter ça ».

Depuis 2001, il est très dur pour ATTAC Maroc de poursuivre ses activités car l’association n’a pas de récépissé légal : elle n’est pas interdite mais tolérée. Ce qui permet toutes les répressions sans aucune justification par les autorités. Tout au long du weekend, circulera une pétition en support à ATTAC Maroc pour sa reconnaissance légale.

Les liens entre dette privée et dette publique, non évidents au sein du réseau CADTM il y a quelques années encore, se sont progressivement affirmés notamment au-travers de la lutte contre le micro-crédit : ce sont les mêmes mécanismes de domination qui entrent en jeu, au Sud comme au Nord (qui commence à souffrir des conséquences de l’austérité, reproduction implacable des Plans d’ajustements structurels). La dette privée est ancienne. On peut par exemple citer les dettes des employeurs envers les employés, qui avançaient la première rémunération et plaçait donc les ouvriers dans un cycle d’endettement, parfois intergénérationnel. En Inde, encore aujourd’hui, certains enfants naissent endettés ! Et finalement, la dette est un moyen de recolonisation. À travers la réinstallation des entreprises privées étrangères dans les pays du Sud, celles-ci augmentent leurs profits et leurs emprises alors que les consommateurs s’endettent face aux prix exorbitants du privée. La dette privée facilite la société de consommation et crée donc un marché pour les biens industriels – en Argentine, on peut littéralement tout acheter à crédit ! Son augmentation constante depuis 1968 peut aussi être considérée comme un levier de contrôle des luttes ; le crédit permet en effet de consommer même en périodes difficiles et donc de calmer le mécontentement général, tout en gardant en place ce système d’asservissement. Elle garantit de surcroit le profit des sociétés de services et la reproduction du système. Comme on peut le voir avec les emblématiques luttes paysannes en Inde, la dette privée correspond bel et bien à une privatisation de l’exploitation et l’endettement devient la lourde facture de la destruction de la solidarité.

De nombreuses luttes s’opposent aux dettes privées illégitimes. Pensons à la « révolution des pingouins », la lutte des étudiantEs chilienNEs contre les frais d’éducation exorbitants, ainsi que les inégalités et discriminations dans l’enseignement, ou alors aux luttes en Espagne contre le crédit hypothécaire, ou encore à la campagne de « naming and shaming » (faire honte publiquement aux créancier), centrale dans le mouvement 15M. Elles contribuent toutes à la reconstruction des solidarités.

Comment la lutte contre la dette en Grèce continue malgré la trahison en 2015 du gouvernement de Syriza ? Le devoir de désobéir – Zoé Konstantopolou

Zoé a tout d’abord remercié le CADTM pour son soutien dans l’audit de la dette grecque, véritable procès de libération du peuple. Depuis 2010, la Grèce est plongée dans une misère grandissante. Dès 2011, le peuple est conscient qu’il n’a pas à continuer à payer cette dette au nom de laquelle on l’asservit et se mobilise pour un audit citoyen, revendiqué notamment depuis le mouvement des places occupées. En 2012, Syriza s’engage à réaliser l’audit. Il est élu en 2015, année où le Comité Parlementaire pour la Vérité sur la Dette Grecque rend son premier rapport (avec le soutien de notamment Eric Toussaint) où il qualifie la dette d’illégitime, d’odieuse, d’illégale et d’insoutenable. Avec un tel rapport, le gouvernement Syriza avait une arme, qu’il n’a pas utilisée, et ce, à plusieurs reprises, trahissant, finalement, le peuple grec en juillet 2015 en acceptant un 3e mémorandum alors que la population s’y était opposée via referendum. En acceptant de rembourser, le gouvernement Tsipras se plie à la volonté des créanciers. Il dissout simultanément le Parlement qui avait créé le comité d’audit. Ce dernier n’arrête pas pour autant ses travaux et continue de condamner le mémorandum qui en s’opposant au referendum viole la constitution grecque ! Dès lors, commença une chasse aux sorcières contre les membres du comité qui voient leurs archives se faire saisir et leurs textes censurés. Alors que faire ? La réponse a un nom bien connu : la désobéissance.

Le comité s’est clairement engagé sur cette voie, notamment en continuant ses travaux et en organisant la deuxième séance publique de l’audit en automne 2017. Se développe actuellement en Grèce un mouvement populaire contre les saisies de maisons, qui se font maintenant de façon électronique ! Aussi une action de revendication historique se met en place. Alors que les retraites en Grèce sont coupées (200 euros par mois) et que le chômage touche 72 % des jeunes femmes, n’est jamais mentionnée la dette historique de l’Allemagne vis-à-vis de la Grèce. L’Allemagne n’a jamais signé d’accord de paix avec la Grèce car cela aurait impliqué une compensation massive. En 2014, le Ministère des finances a estimé cette dette à un montant de 341 milliards d’euros. Jusqu’à aujourd’hui, 72 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, aucun gouvernement n’a revendiqué cette dette. L’Allemagne refuse de la reconnaitre également, protégée par le gouvernement grec actuel. Nous demandons la justice pour touTEs et allons continuer nos travaux et actions : il faut désobéir de manière générale !

Continuons à lancer des alertes ! – Antoine Deltour 

Apres avoir travaillé deux ans dans un cabinet d’audit au G.D. du Luxembourg, Antoine Deltour copie des documents avant de démissionner en 2014. Ceux-ci témoignent du non-paiement de taxes par des sociétés multinationales basées au Luxembourg pour profiter du paradis fiscal. Il avait été interpellé et choqué en constatant que ces sociétés n’employaient pas une seule personne au Luxembourg : il copia donc toutes ces données. D’autres indices alarmant l’avaient amené à se poser des questions, comme le fait que certains mécanismes secrets appelés « tax rulings » octroient aux sociétés des traitements fiscaux spéciaux établis à l’avance, ainsi que le fait que beaucoup d’employéEs de sociétés ont pour consignes de ne pas coopérer avec les douaniers, mais de tout de suite appeler la direction en cas de contrôles. Dans un contexte de crise économique, il est d’autant plus inacceptable que des sociétés multinationales gagnent des fortunes, qu’elles prêtent ensuite aux États dont les caisses sont « vides », car ils n’ont pas récolté d’impôts de la part de ces mêmes sociétés ! Ceci a motivé Antoine Deltour à prendre le risque de devenir un lanceur d’alerte, ce qui a eu une certaine répercussion dans l’UE. Depuis, la Commission européenne impose le partage des données fiscales et des enquêtes sont en cours concernant McDonalds et Amazon entre autres. Les arguments contre ces sociétés ne sont pas que « des trucs de gauchiste » comme l’explique Antoine Deltour, mais on peut aussi franchement dire qu’avec ces fraudes fiscales, les sociétés faussent le marché, à leur avantage !

L’affaire Luxleaks a eu d’autres répercussions juridiques qui se sont in fine exercées non pas contre les responsables de cette évasion fiscale à grande échelle, mais bien contre les lanceurs d’alerte qui se retrouvent menacés d’une peine de plusieurs mois à plusieurs années d’emprisonnement. Finalement, suite à des procédures en appels et recours, le verdict de la justice luxembourgeoise fut surprenant : il serait désormais acceptable de briser le secret professionnel s’il s’agit de défendre l’intérêt général !

De façon plus générale, mais pas moins importante, cette affaire a permis de démontrer qu’il faut entamer des actions pour mieux protéger les lanceurs d’alerte et que c’est bien la mobilisation qui permet de continuer à dénoncer sans passer sous silence ! En effet, sans support populaire, l’affaire Luxleaks aurait pu tourner autrement. Mobilisons-nous, désobéissons !

http://www.cadtm.org/A-bas-les-dettes-illegitimes-ici

Cadre naturel La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Cadre naturel

Horizon et éloignement à perte de vue. Cadre dit naturel. Regard enfin dégagé, les îles bien connues des touristes, ou sinon, la montagne du pays dit “d’en haut”. Notre liberté en somme toute relative, se traduirait parfois par la capacité à prendre de la hauteur, en se délivrant, si ce n’est qu’exceptionnellement du “répétitisme” premier de la “gouvernance” actuelle. Et cet autre pays montagneux semble ainsi se maintenir coûte que coûte, entre (ses rarissimes) enclaves… touristiques, et ses multiples diagonales du vide qui se croisent. Athènes, c’est bien loin !

En ville de Trikala, le marché du lundi, juillet 2017

En plaine, par exemple pour la ville de Trikala (Thessalie de l’Ouest, à 340 kilomètres d’Athènes en allant vers le Nord), son “grand marché hebdomadaire” qui se tient chaque du lundi, restera encore pour longtemps une authentique institution sociale. Légumes, fruits, producteurs locaux, et aussi, cette grande affluence aux terrasses des cafés saturées. On aurait pu dire que la crise n’y est plus. Les bien rares (et chanceux) touristes qui s’y aventurent se posent d’ailleurs très naturellement cette question.

Sauf que de plus près, les réalités audibles et perceptibles y sont moins rassurantes. Lefki, originaire du village rencontrée en ville, exprime alors volontiers toute l’histoire de “l’exil nécessaire” que connaît son fils ainé: “Stéphanos vit en Allemagne depuis deux ans. Il a trouvé du travail dans sa branche, l’informatique et en plus, il est… régulièrement et normalement payé. Pas comme ici. En Grèce, il n’y a plus rien à faire pour les jeunes, Yórgos, mon autre fils rejoindra l’ainé, ou sinon, il partira aux États-Unis, un cousin éloigné s’y est installé déjà depuis 2010. Cela peut toujours nous être utile.”

Lefki n’a certainement pas besoin d’en rajouter. L’actuel “répétitisme” grec du régime de la Troïka (élargie), a d’abord et d’emblée concerné les rescapés du salariat… devenu quasi-inexistant et cela sous de différents prismes. Ainsi, près d’un million de travailleurs du secteur privé en Grèce, ne perçoivent plus de salaire, ou sinon, ils sont payés de manière partielle et largement intermittente. Car les “retards” pratiqués de manière désormais généralisée par employeurs ne respectant plus les délais relatifs au versement des salaires peuvent être bien longs, allant de trois à dix-huit mois. Les patrons donc en rajoutent, “crise oblige”, et depuis un moment déjà, une certaine “Justice”… les accompagne à sa manière.

Employée de distillerie. Région de Trikala, Thessalie, juillet 2017
Distillerie, petit vin au contrôle qualité. Trikala, juillet 2017
Les cuves de la distillerie. Trikala, juillet 2017

Alors que la majorité des travailleurs du pays sont pris en otage, subissant de fait ce régime particulier du non-paiement de leurs salaires par les employeurs, la Cour Suprême à Athènes, par sa décision (677/2017 du 4 juillet 2017) confirme que “le non-paiement des salaires des employés, même prolongé dans le temps, ne suffit pas à lui seul pour établir la notion du changement défavorable dans les termes de leurs contrats pour les employés, dans la mesure où ce non versement des salaires n’est pas liée à l’intention de l’employeur de forcer l’employé à démissionner, évitant donc de lui verser une indemnité de départ”, (presse grecque, juillet 2017).

L’évolution grecque sous le régime d’exception (devenue la nouvelle règle) de la Troïka (comme des patrons du coin) est depuis 2010 fort saisissante. Ce qui semble être encore réglementaire et admissible ailleurs en Europe, par exemple en France, les mesures notamment relatives à la protection du salarié, tout cela appartient déjà aux yeux des Grecs, à une… autre civilisation:

“En effet, le retard dans le paiement du salaire est considéré comme une faute grave de l’employeur et ce, ‘peu important que ce manquement soit justifié ou non par des raisons légitimes’ (Cour de cassation, chambre sociale, 27 mars 2008). Si le retard dans le paiement est trop important, le salarié pourra obtenir la rupture de son contrat de travail. Cette rupture sera alors qualifiée de licenciement sans cause réelle et sérieuse, donnant ainsi droit au versement d’indemnités. Enfin, le non-paiement des salaires constitue une infraction pénale, passible de l’amende prévue pour les contraventions de la troisième classe. (Article R. 3246-1 du Code du travail)”, Presse électronique spécialisée en France (“Saisir les Prud’hommes”).

Vue de la ville de Trikala, Thessalie, juillet 2017
Aux monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017
Travailleurs aux monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017

Cela dit, comme par exemple à cette distillerie de la région de Trikala (Thessalie), nous pouvons encore rencontrer des employés… régulièrement payés et à l’heure, heureux moments historiques ! Ailleurs, ce n’est pourtant pas le cas et cela jusqu’au paroxysme.

Paroxysme donc, car Athéna âgée de 42 ans, employée aux enseignes Karipidis à Giannitsa (agglomération du nord de la Grèce), vient de se suicider (11 juillet 2017, et la presse grecque a pour une fois très largement évoqué son suicide) . Athéna a même laissé un ultime message, rédigé à l’attention de son frère, avant de s’ouvrir les veines, enfermée dans la salle de bain du domicile familial. Leur père, petit fabriquant, équipementier en métallurgie, s’était suicidé au début de la crise par pendaison, dans les locaux de son entreprise en faillite.

Athéna, ne supportait plus d’être prise en otage (ni payée, ni licenciée). Elle n’était pas rémunérée pour son travail depuis quinze mois. Plus de 170 plaintes ont été déposées par les salariés de l’enseigne, plaintes motivées par le non-paiement des salaires, sans résultat. Cadre… naturel de la dite “crise grecque”. Regard finalement dégagé… mais autrement.

Le cas d’Athéna, devenue définitivement et… pour tout dire (employée) pleinement invisible, demeurera manifestement ignoré des visiteurs du pays. Leur instantané vécu sur place est suffisamment divergent. Ainsi, les terrasses des cafés si fréquentées à Trikala comme ailleurs, feront même parfois douter de l’état létal d’une bonne part de l’économie comme de la société du si beau pays visité.

Selfies touristiques aux Météores. Juillet 2017
Thucydide et Aristote représentés. Monastères des Météores. Juillet 2017
Chat des monastères. Météores, juillet 2017
La statue dite ‘du Philosophe’. Musée de Delphes, juillet 2017

Dans le même état d’esprit… circulaire, les autoroutes grecques restent le plus souvent vides (même en plein été), et les routes des montagnes (goudronnées) désertes. Enfin, les habitations des villages, y compris en plaine (bourgs situés à peine quelques kilomètres seulement de Trikala, ville chef-lieu de l’ex-département homonyme), sont bien souvent inoccupées, car les habitants ont récemment émigré, le plus souvent en Allemagne.

Au village Trikalióte, ma cousine Miranda et son mari Kóstas sont revenus juste pour passer l’été. Ils ont quitté la Grèce pour l’Allemagne pratiquement au même moment que leurs deux enfants ainés, entre 2012 et 2013. Leur fille cadette quant à elle, elle a plutôt choisi Londres pour y vivre et travailler, Brexit ou pas d’ailleurs.

Miranda et Kóstas savourent en quelque sorte ce retour estival au village, ils y ont emmené avec eux leurs petits enfants, scolarisés déjà au sein du système éducatif de la… Grande Allemagne, et de ce fait, ne pratiquent plus tellement bien la langue… de la colonie. D’où tous ces efforts consentis par Miranda et par Kóstas, car comme ils aiment le dire: “C’est notre sang, et c’est autant notre langue, la crise a ainsi fait le reste”.

Et pourtant, à peine à 25 kilomètres du village si ignoré de Kóstas et de Miranda, c’est aux monastères des Météores que l’affluence touristique redevient cette année très importante, après quelques années… toutefois calmes. Les visiteurs nouveaux sont essentiellement issus des pays de l’Est, et particulièrement de culture Orthodoxe, venus le plus souvent en voiture depuis leurs propres pays. Ils sont ainsi Bulgares, Serbes, Roumains, Ukrainiens, Russes et parfois Hongrois et Tchèques (ces deux derniers peuples sont comme on sait de culture Catholique et Protestante).

Iconographie aux monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017
Lecture… éclairante. Monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017
La légende du drapeau nazi représentée. Monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017

Car les Météores, incarnent avant tout, ces musées consacrés principalement à la pratique et à l’iconographie Orthodoxes (très belles fresques), avant autre chose. Et c’est seulement durant les moments de leur fermeture au public (tôt le matin et à partir de l’après-midi) que leur fonction monastique redevient alors essentielle. Réputés riches (cela à juste titre), les Météores, constituent alors quelque part la fierté la mieux visible de toute une région.

Les touristes y réaliseront fatalement de leurs selfies, les moines les attendront très souriants derrière leurs caisses dans les points de vente au sein des monastères, tandis que l’iconographie des lieux sera parfois celle de l’Hellade héritée de l’Antiquité, et autant, celle de la Grèce contemporaine. Une certaine iconographie très actuelle par exemple, rappelle ainsi volontiers cette légende que les moines aiment parfois raconter: “Durant l’Occupation, le premier militaire Allemand ayant voulu planter l’étendard nazi ici, il a glissé et il a perdu sa vie dans le précipice entre les rochets. Volonté divine…”

Mieux vérifiables que cette légende datant de 1941, nos histoires vraies de 2017. Durant la semaine du 10 juillet, les médias locaux ont alors évoqué ces deux cas de tentatives de suicide, visiblement “économiques”. Un homme, puis deux jours plus tard une femme, avaient menacé de se suicider en se jetant du bord du précipice aux Météores. La police et les pompiers, accompagnés par deux psychologues dépêchés sur place, ont fort heureusement réussi à dissuader les deux malheureux.

“Ces deux tentatives s’inscrivent alors dans une bien longue série de suicides ou de tentatives non abouties. Il faut arrêter les gars avec les Météores. Il faut respecter les lieux et surtout, comme c’est la saison touristique, vos histoires deviennent très gênantes pour notre image. C’est triste à dire, mais ces malheureux, dans la mesure où ils sont hélas fort déterminés à mettre fin à leurs jours, ils devraient opter… pour d’autres lieux et pour d’autres manières… plutôt que pour les Météores. Laissons enfin les Météores tranquilles”.

Voilà pour… cet étonnant commentaire de la part du journaliste sur la radio locale de Kalambáka, ville bâtie sous les Météores, (émission de la zone matinale du 11 juillet 2017 et presse locale), toujours sous les rochets et montagnes du pays supposé bien “d’en haut”.

Restaurant en faillite. Village de montagne. Thessalie occidentale, juillet 2017
Bénédiction. Église en ville de Trikala, juillet 2017
“Animaux sauvages”, boucherie-gibier en faillite. Montagnes de Thessalie, juillet 2017
Le jeune chien du restaurant près de Kalambáka. Juillet 2017

Thessalie Occidentale, région visitée ainsi parfois pour ses beautés ignorées (en dehors des Météores). Depuis l’effondrement du tourisme interne et grec, plus de la moitié des hôtels, restaurants et cafés situés en zone de montagne ont déjà fait faillite, dont les “Animaux sauvages”, boucherie-gibier à mille mètres d’altitude et à 30 kilomètres de la ville de Trikala.

La région n’est certes pas touristique (hormis les Météores), et ses rares visiteurs se baignent ainsi… bien à l’écart, dans les lacs en altitude, comme ils sont souvent les seuls à visiter les monuments de la ville de Trikala hérités de la période de la domination Ottomane, tout comme le tout nouveau musée dédié au chant Rebétiko et plus précisément à celui de la figure de ce genre musical, Vassílis Tsitsánis , qui fut un enfant de Trikala.

Enfin, toujours loin du “répétitisme” issu de la “gouvernance” actuelle, j’ai eu le plaisir, tout comme l’occasion d’évoquer l’histoire personnelle de Tsitsánis en discutant avec le responsable du musée. Il ne savait pas par exemple, que le frère de mon grand-père avait été durant un bien long moment, le fiancé de la sœur de Vassílis Tsitsánis, un amour alors mort avec le temps dans les années 1930.

Musée Vassílis Tsitsánis. Trikala, juillet 2017
Visiteurs (souvent soldats) et leurs traces de 1949. Trikala, juillet 2017
Thessalie, en montagne. Juillet 2017
Patsas, soupe… de tradition. Trikala, juillet 2017
Baignade, lac en altitude. Thessalie, juillet 2017

Petites histoires accompagnant la musique des grands événements, comme autant ces traces laissées par les visiteurs-soldats du temps de la Guerre civile datant de 1949. Près des Météores, le vieux restaurateur précisera à l’attention des clients non sans fierté, que le dernier né de la portée de sa chienne, sera bientôt emmené à Athènes. “C’est un prêtre, frère d’un moine des Météores qui vient de l’adopter. C’est un très beau chien!”.

Région d’élevage (activité certes en perte de vitesse), et en ville de Trikala, ils subsistent encore certains petits restaurants, ouverts uniquement de 6h du matin à midi servant exclusivement et uniquement les diverses variantes de “Patsas”, soupe aux tripes, aux abats et à la viande.

Horizon et éloignement parfois à perte de vue. Cadre dit naturel. Plus au sud, rares sont ceux qui pour l’instant ils embarquent à bord des ferrys du coin, à destination de l’île d’Eubée, proche de la Grèce du continent. Devant le musée de Delphes, certains touristes découvriront toutefois toute la spontanéité des animaux adespotes des lieux et fiers de l’être. On saluera même Thermopyles pour la bataille déjà, Athènes, c’est encore loin !

Embarquement à destination de l’île d’Eubée. Grèce centrale, juillet 2017
Delphes, juillet 2017
Devant le musée de Delphes. Juillet 2017
Thermopyles. Juillet 2017
Thermopyles, juillet 2017

Notre liberté, en somme toute relative, se traduirait parfois par la capacité à prendre de la hauteur, en se délivrant, si ce n’est qu’exceptionnellement du “répétitisme” issu de la “gouvernance” actuelle, loin par exemple, des… usages des oiseux fréquentant les rivières de la Thessalie.

Dimanche 16 juillet, et à Athènes comme à Thessalonique, de nombreux employés et citoyens ont manifesté tout leur écœurement face à l’ouverture des commerces chaque dimanche. Une exigence économique et… culturelle de la Troïka (et particulièrement du FMI), que le “gouvernement” Tsipras vient d’adopter, comme d’ailleurs tout le reste.

Intempéries, violents orages et temps très instable, voilà pour le seul changement dans les moments actuels grecs. Ma cousine au village a de nouveau récupéré un chat adespote, désormais mieux soigné car “il le mérite bien”. Et dans l’hôpital public de la région… on récupère alors les malades comme on peut. Histoires présumées parallèles.

Notons que dans cet hôpital, il n’y a parfois qu’un seul biologiste pour pratiquer les analyses, et les patients, (sauf alors grande urgence) peuvent ainsi attendre près de six heures en ambulatoire (restant assis). Et comme en plus le service de neurologie est fermé, c’est à partir d’une liste qui circule (allégrement et officiellement), que les patients doivent choisir “leur” neurologue exerçant en secteur privé. Il s’y déplacera… et il facturera ses consultations, évidemment au prix fort non remboursé. D’autres patients seront priés de se rendre à un autre hôpital public, à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville pour à peu près la même raison.

Les temps orageux sont de retour. Thessalie, juillet 2017
Oiseau et… sa rivière. Thessalie, juillet 2017
Le chat adespote adopté par ma cousine. Thessalie, juillet 2017
Instantané. Hôpital Thessalien, juillet 2017

Pays montagneux aux multiples diagonales du vide qui s’entrecroisent, et cela même dans ses hôpitaux. Cadre dit naturel, et c’est pourtant merveilleusement étonnant, si ce n’est qu’une bien petite sieste devant le musée de Delphes.

Comme le dirait le poète Ángelos Sikelianós , quand tout devient silence ou alors méditation. Dans les années 1920, Sikelianós réside en permanence à Delphes, où il lui arrive d’accueillir des visiteurs étrangers de renom. Il y commence à organiser son projet delphique, à savoir, refaire de Delphes, comme dans l’Antiquité, un centre spirituel capable de transcender les différences entre les peuples.

Athènes, c’est peut-être loin !

Une petite sieste ! Musée de Delphes, juillet 2017
* Photo de couverture: En montagne. Thessalie, juillet 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Bilan du convoi solidaire en Grèce de mars-avril 2017

Voici publié par Yannis Youlontas le bilan du convoi solidaire en Grèce de mars 2017 auquel avait participé le collectif de Grenoble.

Lors de la prochaine réunion du collectif du 4 septembre nous examinerons les modalités pratiques de participation au convoi de novembre 2017.

Bilan du convoi solidaire en Grèce de mars-avril 2017 : plus de 100 000 euros apportés ! 

Avec les camarades du dernier convoi, durant nos retrouvailles récemment, nous avons tenté une petite évaluation chiffrée du total transporté (uniquement pour le convoi solidaire de mars-avril, avec 26 fourgons et 62 convoyeurs).

Voici ce bilan :

2 tonnes de lait infantile en poudre —> valeur 19 000 €
18 000 couches —> 4 000 €
Soin et nourriture bébé —> 9 000 €
Produits ménagers et d’hygiène —-> 5 000 €
Fournitures et matériels médicaux —> 25 000 €
Alimentation —> 12 000 €
Electroménager —> 4 000 €
Jouets et livres —> 3 000 €
Fournitures scolaires —> 2 000 €
Divers —> 1 000 €
TOTAL MATÉRIEL : valeur 85 000 €

TOTAL ARGENT apporté par les convoyeurs* : 19 280 €

TOTAL CONVOI MARS-AVRIL : environ 104 280 €

Ceci est, bien sûr, le record absolu en la matière ! A titre de comparaison, en janvier, nous n’avions apporté que 4 170 € en argent et environ quatre fois moins de matériel (avec 7 véhicules dont 3 pour Athènes), soit un total d’un valeur de 25 000 € environ, ce qui était déjà énorme.

Le convoi de mars-avril a plus que quadruplé notre force d’action et l’arrivée bruyante des 26 fourgons dans Exarcheia le 28 mars vers 17 heures, avec des fumigènes, des klaxons, des chansons, des sourires et des drapeaux (noirs, rouges, rouges et noirs, ZAD, Attac, etc.) marque encore la mémoire du quartier et des visiteurs.

Le plus important d’après nous ? C’est surtout qu’absolument tout ce qui vous a été demandé a réussi à être transmis, sans intermédiaire et sans aucun frais (ni salaire, ni coût du transport puisque chaque fourgon était autofinancé), directement au mouvement social qui résiste en Grèce et organise l’entraide dans l’autogestion. Un défi pas si facile qu’il n’y parait.

Merci encore et bravo à tou-te-s.

Y.Y. po/ Anepos

*Au sujet de la répartition de l’argent, lire ici : http://blogyy.net/2017/07/21/convois-solidaires-quelques-mots-sur-la-repartition-de-largent/

Quelques photos du convoi de mars-avril 2017 : http://blogyy.net/2017/07/21/convoi-solidaire-en-grece-de-mars-avril-2017-quelques-photos-qui-en-disent-long/

Si vous voulez continuer à nos côtés, notre appel pour la suite (août-novembre 2017) est téléchargeable ici, en PDF :
http://blogyy.net/wp-content/uploads/2017/07/Liste-des-besoins-pour-la-collecte-des-convois-solidaires-en-Grèce-daoût-et-novembre-2017-anepos.pdf

 

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