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Rappel : Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens

Le collectif Grèce-austérité vous invite à participer à

L’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens

qui se tiendra cette année à Grenoble

du 22 au 26 août 2018

sur le campus universitaire

Dans le prolongement de nombreuses initiatives citoyennes, cette Université d’été sera un moment important de débats et de formation pour la construction d’initiatives communes et d’actions concrètes, ainsi qu’un temps convivial pour toutes celles et ceux qui partagent des valeurs de solidarité face à la casse imposée par le néolibéralisme. Fin août 2018, cette Université d’été sera un temps fort pour toutes celles et ceux qui agissent aujourd’hui et/ou souhaitent rejoindre un espace commun pour contribuer à construire un monde juste, écologique et solidaire.

ATTAC et le CRID sont à l’initiative de cette édition de l’Université d’été, et ont associé de nombreuses organisations et mouvements pour en co-construire le contenu et participer concrètement à son organisation.

Le programme intégral programme des modules, ateliers et forums

Les organisateurs https://ue2018.org/Avec-qui

Pourquoi cette université https://ue2018.org/Pourquoi-cette-Universite-d-ete

Comment participer https://ue2018.org/Participez

Les informations pratiques https://ue2018.org/Informations-pratiques

Le site organisateur https://ue2018.org/

On recherche encore des hébergements solidaires : Vous habitez l’aire urbaine grenobloise et pouvez offrir un hébergement lors de l’Université d’été (UE). Merci alors de remplir le formulaire <https://ue2018.org/Offrez-un-hebergement-militant-aux-participant-e-s-a-l-Universite-d-ete> . Ces données permettront de vous mettre en relation avec des participant-e-s susceptibles d’être intéressé-e-s par votre offre (à noter que ces données ne seront pas rendues publiques).

SOS Méditerranée exhorte les gouvernements européens

L’Aquarius exhorte les gouvernements européens à désigner au plus vite un lieu sûr de débarquement après deux sauvetages en Méditerranée

MEDITERRANEE CENTRALE, 12 août 2018 – Répondant à la crise humanitaire toujours en cours en Méditerranée centrale, l’Aquarius, le navire affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a secouru 141 personnes vendredi 10 août. Les deux organisations exhortent désormais les gouvernements européens à désigner de toute urgence le lieu sûr le plus proche, comme le prévoit le droit maritime international, afin de pouvoir y débarquer les rescapés et continuer à fournir une assistance humanitaire d’urgence en mer.

Vendredi 10 août dans la matinée, l’Aquarius a procédé au sauvetage de 25 personnes, retrouvées à la dérive à bord d’une petite embarcation en bois et sans moteur. Elles erraient probablement en mer depuis près de 35 heures.  Quelques heures après, l’Aquarius a repéré un second canot en bois, dans lequel s’entassaient 116 personnes, dont 67 mineurs non accompagnés. Parmi les rescapés, sept sur dix sont originaires de Somalie et d’Erythrée. Si l’état de santé global des rescapés est stable pour l’instant, beaucoup sont très affaiblis et dénutris. Nombre d’entre eux ont également fait part aux équipes des conditions inhumaines dans lesquelles ils ont été détenus en Libye.

L’Aquarius fait route vers le Nord, sans avoir obtenu confirmation d’un lieu sûr où accoster

Au cours des deux opérations de sauvetage, l’Aquarius a informé l’ensemble des autorités compétentes de son activité, y compris les Centres de coordination des secours maritimes italien, maltais et tunisien (MRCCs) et le Centre conjoint de coordination des secours (JRCC) libyen. Celui-ci a confirmé qu’il était l’autorité en charge de la coordination de ces sauvetages. Le JRCC libyen a toutefois informé l’Aquarius qu’il ne lui indiquerait pas de lieu sûr pour le débarquement, et lui a enjoint de s’adresser à un autre Centre de coordination des secours (Rescue coordination centre, RCC). L’Aquarius fait donc à présent route vers le Nord et va solliciter la désignation d’un lieu sûr de débarquement auprès d’un autre RCC.

« Nous suivons les dernières instructions du JRCC et allons, comme il se doit, contacter d’autres RCCs afin qu’un lieu sûr nous soit désigné pour débarquer les 141 rescapés qui sont à bord de l’Aquarius », a confirmé Nick Romaniuk, Coordinateur des secours pour SOS MEDITERRANEE à bord de l’Aquarius. « L’essentiel est que les rescapés soient débarqués sans délai dans un lieu sûr, où leurs besoins fondamentaux seront respectés et où ils seront à l’abri d’abus ».

« Les gouvernements européens ont concentré tous leurs efforts à la création d’un JRCC en Libye, mais les événements de vendredi illustrent bien l’incapacité de ce dernier à coordonner intégralement une opération », a souligné Aloys Vimard, coordinateur de projet pour MSF à bord de l’Aquarius. « Un sauvetage n’est pas terminé tant qu’un lieu sûr de débarquement n’a pas été indiqué. Or, le JRCC libyen nous a clairement signifié qu’il ne le ferait pas. Il ne nous a pas non plus informés des signalements de bateaux à la dérive dont il avait connaissance, alors que l’Aquarius se trouvait sur zone et avait offert son assistance. En réalité, ces embarcations en détresse ont eu de la chance que nous les repérions par nous-même », conclut le coordinateur de projet de MSF.

Le déploiement d’une assistance humanitaire en Méditerranée est à nouveau entravé

Fait troublant, les rescapés ont indiqué aux équipes à bord qu’avant que l’Aquarius n’intervienne, cinq navires différents ne leur avaient pas porté secours. « Le principe même de l’assistance portée à toute personne en détresse en mer semble désormais menacé », s’inquiète Aloys Vimard. « Des navires pourraient être tentés de ne pas répondre aux appels de détresse en raison du risque de rester bloqués en mer, sans qu’aucun lieu sûr où débarquer ne leur soit désigné. Les politiques visant à empêcher à tout prix que les gens n’atteignent l’Europe ne font qu’accroître la souffrance et le danger des traversées qu’entreprennent ces personnes, pourtant déjà fort vulnérables ».

MSF et SOS MEDITERRANEE se déclarent, une nouvelle fois, extrêmement préoccupées par les politiques européennes actuellement menées. Celles-ci constituent une véritable entrave au déploiement effectif d’une assistance humanitaire efficace, et n’ont eu pour effet que de faire exploser le nombre de morts en mer ces derniers mois. L’Aquarius est désormais l’un des deux derniers navires humanitaires de recherche et sauvetage présents en Méditerranée centrale. La criminalisation et l’obstruction du travail des organisations humanitaires sont le reflet d’un système européen de l’asile en échec, et de la défaite des Etats membres de l’Union européenne à relocaliser les demandeurs d’asile qui arrivent en Europe.

SOS MEDITERRANEE et MSF exhortent une nouvelle fois tous les gouvernements européens ainsi que les autorités maritimes compétentes à reconnaître la gravité de la crise humanitaire qui sévit en Méditerranée, à garantir un accès rapide à des lieux sûrs où débarquer les rescapés, et à faciliter plutôt qu’entraver le déploiement d’une assistance humanitaire essentielle en Méditerranée centrale.

http://www.sosmediterranee.fr/


Dernière minute communiqué de SOS Méditerranée – Aquarius – Journal de bord, le 15 août 2018

L’Aquarius, affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins sans Frontières (MSF), a reçu ce mercredi matin l’autorisation officielle des autorités maltaises d’entrer dans le port de La Valette.

SOS MEDITERRANEE est soulagée qu’un lieu sûr ait été trouvé pour les 141 survivants secourus en Méditerranée vendredi dernier, au cours de deux opérations de recherche et sauvetage coordonnées par le JRCC libyen. Nous nous réjouissons également que la France, l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et l’Espagne aient accepté de partager la responsabilité d’une réponse européenne coordonnée.

Depuis les sauvetages opérés vendredi, notre priorité a toujours été de garantir le bien-être des personnes secourues en mer et, dans le respect du droit international et maritime, de les débarquer dans un port sûr au plus vite afin de pouvoir continuer à fournir une assistance humanitaire d’urgence à ceux qui se trouvent en détresse en Méditerranée centrale. Accoster à Malte, l’un des ports sûrs les plus proches, évite aux rescapés d’être bloqués sur l’Aquarius pendant une durée encore plus importante.

Des solutions durables sont plus que jamais nécessaires pour réagir à la crise humanitaire qui continue en Méditerranée centrale. Il en va de la responsabilité de l’Union européenne dans son ensemble. Nous espérons que d’autres décisions concrètes témoignant d’un leadership européen et d’une réelle solidarité à ce sujet soient prises à l’avenir.

Nous demeurons gravement préoccupés par la situation actuelle en Méditerranée centrale et inquiets quant au futur de l’intervention humanitaire en mer.

La crise de la dette grecque est enfin terminée. Vraiment ?

par Dimitris Konstantakopoulos Analyste politique ancien militant Syriza.

La Grèce existe toujours, bien que décapitée, sans dirigeants, forces ou intellectuels pour articuler sa vérité et ses droits. Et comme il a été prouvé, à maintes reprises, en des milliers d’années d’une existence en permanence menacée  le peuple grec a la capacité unique de produire des miracles, alors que personne ne les attend.

L’Eurogroupe (les ministres des finances de l’UE) a décidé de ne plus financer le programme de sauvetage de la Grèce. Ils affirment que le programme et la crise grecque sont terminés. Rien ne peut être plus éloigné de la vérité. En fait, les annonces de politiciens européens et grecs concernant la fin du programme de sauvetage ou de la crise grecque ne sont rien d’autre qu’un gigantesque village  Potemkin, reflétant l’énorme impasse de l’UE et les progrès fantastiques du totalitarisme dans le monde occidental.

La dette souveraine grecque reste « extrêmement non soutenable » selon le FMI. En réalité, ce que l’Eurogroupe a fait, c’est de reporter à nouveau la décision finale sur la Grèce. La Grèce restera sous le contrôle très strict de l’UE jusqu’en 2060. Le FMI restera dans le programme, mais en tant que « conseiller ». Ses politiques resteront, pas son argent. L’Allemagne a refusé tout allégement de la dette, ce qui serait la seule solution au problème grec actuel, une méthode appliquée par le passé à l’Allemagne elle-même, mais aussi à la Pologne, à l’Irak et à d’autres clients occidentaux.

Un échec colossal

Le programme grec constitue un échec gigantesque, de loin le plus important de l’histoire des principales institutions économiques occidentales, telles que le FMI, l’UE et la BCE.

En 2010, la Grèce était dans une position beaucoup plus puissante vis-à-vis de ses prêteurs, qui étaient des banques et des fonds privés. Sa dette était régie par la loi grecque et son parlement national. Les litiges liés à la dette relevaient de la compétence des tribunaux grecs. Maintenant que la dette appartient aux États et aux institutions internationales et est régie par la loi coloniale britannique, l’ensemble de la propriété publique grecque est devenue une hypothèque au service de la dette, sa protection constitutionnelle a été levée. Les différends liés à la dette relèvent de la compétence des tribunaux étrangers.

À la suite de la mise en œuvre du programme de sauvetage, la Grèce a connu une perte de 27% de son PIB. Un tel pourcentage est à peu près ce qui s’est passé aux États-Unis ou en Allemagne lors de la plus grande crise de toute l’histoire du capitalisme (1929-1933), directement responsable de la montée de Hitler et de la Seconde Guerre mondiale.

Jusqu’à un demi million de jeunes Grecs très instruits (5% de la population totale), indispensables à tout développement futur du pays, ont déjà émigré à l’étranger. Plus sont prêts à suivre. Les investissements et les exportations grecs ont été réduits à un tiers de ce qu’ils étaient et ce n’est que maintenant qu’ils commencent à en approcher la moitié. L’industrie grecque, le commerce et une grande partie du secteur des services ont été décimés. Seules l’agriculture et le tourisme ont pu résister.

Les dépenses d’éducation, de santé et de protection sociale ont été radicalement réduites, entraînant parfois des conséquences tragiques, car les personnes nécessitant un traitement médical d’une importance vitale doivent attendre tellement qu’elles meurent si elles n’ont pas d’argent pour s’offrir des soins de santé privés. Les universités grecques ont été particulièrement touchées, perdant 80% de leurs budgets précédents.

Les droits sociaux acquis au cours du siècle dernier ont été supprimés. Les personnes handicapées et les autres groupes vulnérables de la population ont été lourdement touchés. Une vague de suicides a frappé le pays.

L’État grec était connu pour son inefficacité et sa bureaucratie. Maintenant, il est plus petit et c’est pire. L’évasion fiscale a explosé, les Grecs n’étant pas en mesure de payer les taxes exorbitantes imposées par les créanciers étrangers, qui représentent dans certains cas 70% de leurs revenus. Les Grecs ont également perdu toute incitation morale à payer des impôts, en particulier dans le climat social dominant après leur défaite de 2015 par la trahison et le capital social dans le pays, presque détruit.

La plupart des biens publics grecs et une grande partie de la propriété privée ont été transférés à des étrangers, y compris des banques, des infrastructures de transport, d’énergie et de communication du pays et tout cela pour des cacahuètes. Ce qui n’était pas déjà vendu a été transféré à un fonds spécial, pendant 99 ans, pour être automatiquement vendu au cas où la Grèce n’obéirait pas aux engagements. Les Allemands, les Américains, les Chinois, les Italiens, les Israéliens, les Arabes, etc. sont en concurrence pour sortir quelque chose du pays. Seule la Russie est interdite de participer au pillage pour des raisons géopolitiques.

L’espérance de vie et l’état de santé de la population sont en baisse. Pour la première fois depuis 1950, les gens réfléchissent à deux fois avant d’avoir des enfants, les jeunes grecs émigrent et les migrants installés depuis longtemps et plus ou moins intégrés aussi . L’année prochaine, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la population totale de la Grèce devrait diminuer en termes absolus et le pourcentage des Grecs d’origine et de conscience dans la population diminue également.

Un coup d’État pour parvenir à un changement de régime

L’imposition du programme grec était un coup d’état, mais un coup d’État au sens de Carl Schmitt, visant à instaurer un nouveau régime, d’abord en Grèce, puis dans toute l’Europe.

C’est exactement ce qui fait de l’expérience grecque une opération d’une importance fondamentale pour la transformation du régime social et politique occidental, qui se démarque nettement des principes de la souveraineté populaire et nationale, sur lesquels les régimes occidentaux se sont basés, du moins en théorie, après la révolution française.

Les architectes du traité de Maastricht semblent avoir pris en compte un tel scénario et comment l’utiliser, en introduisant dans le traité des clauses interdisant la solidarité de l’Union à ses membres. Goldman Sachs a également joué un rôle critique dès le début de la création du problème de la bulle de la dette grecque, avec ses swaps grecs.

Pour qu’un changement de régime soit stable, il doit produire les êtres humains qui l’accepteront, même si en l’acceptant cela signifie accepter passivement la mort de leur pays, de leur nation et, finalement, seulement  finalement leur propre mort . Kafka dans  Le procès décrit une procédure similaire transformant un être humain normal en un être priant pour sa propre mort.

La Grèce existe toujours, bien que décapitée, sans dirigeants, forces ou intellectuels pour articuler sa vérité et ses droits. Et comme il a été prouvé, à maintes reprises, en des milliers d’années d’une existence en permanence menacée, le peuple grec a la capacité unique de produire des miracles, quand personne ne les attend.

Les conséquences géopolitiques de « l’expérience » grecque

Les Européens ont mobilisé des centaines de milliards d’euros pour mettre en œuvre ce programme, mais moins de 5% de ce montant est resté en Grèce, la majeure partie de l’argent ayant servi à rembourser les banques allemandes, françaises, belges ou italiennes.

En obligeant la Grèce à payer toute sa dette, l’Europe a acheté quelques années de pseudo-stabilité financière, ses banques ont évité des pertes, même l’Allemagne a dégagé un bénéfice net du programme de sauvetage de la Grèce etla même chose pour la BCE qui a spéculé contre un Etat membre de l’Union.

Mais ces gains financiers, bien que très importants en eux-mêmes, ne sont probablement pas suffisants pour expliquer une opération d’une telle ampleur et d’énormes conséquences politiques, géopolitiques et «idéologiques».

La finance internationale, directement responsable de la crise bancaire de 2008, a pu non seulement éviter de subir des pertes, mais aussi transformer ses dettes en dette souveraine européenne et sa propre crise en crise de l’UE, aboutissant ainsi à une sorte de  » guerre civile « en Europe, qui était et reste l’arme privilégiée de l’Empire of Finance et des USA pour dominer l’Europe. L’Europe semble maintenant avoir deux voies devant elle, soit accepter d’être transformée en un «empire» totalitaire, comme l’a dit M. Barroso, soit être détruite.

En faisant ce qu’ils ont fait en Grèce, l’alliance de la grande finance internationale et des élites allemandes et autres européennes a clairement créé les conditions propices à des tendances centrifuges généralisées, comme on en voit maintenant de la Catalogne à l’Italie. Le Brexit lui-même serait inconcevable sans le spectacle 2015 de l’Allemagne qui réprime et comprime un petit pays européen.

Berlin a brisé la Grèce en 2015 et ainsi elle a détruit une grande partie du capital politique accumulé pendant plusieurs décennies et est redevenue le pouvoir détesté dans une grande partie de l’Europe, même si les gens ne le disent pas toujours ouvertement.

Tant pour les États-Unis que pour les autres superpuissances occidentales, la finance internationale, ce qui s’est passé a été un triomphe colossal. Les Allemands ont créé eux-mêmes  la « Nouvelle Europe ».

La Grèce n’est pas si importante sur le plan économique, mais c’est un pays clé sur le plan géopolitique. Depuis les croisades, toutes les campagnes occidentales contre l’est, l’islam ou l’est russe devaient commencer par contrôler l’espace grec. C’est pourquoi la défaite grecque représente également une victoire indirecte, toujours très importante, du « parti de guerre » extrémiste au sein de l’establishment occidental, en organisant ses campagnes contre l’Iran, la Russie et la Chine. Les bases militaires américaines couvrent maintenant à une vitesse étonnante tout le territoire grec.

Beaucoup de personnes sont enthousiastes en Europe et en dehors de la perspective de voir l’Union européenne dissoute, compte tenu de sa politique. Cependant, comme l’exemple de l’Union soviétique aurait dû nous l’enseigner, une chose est de se débarrasser d’une structure que vous détestez, mais le plus important est une autre question, celle que vous mettez à sa place.

La dissolution de l’Union européenne peut présenter certains avantages, étant donné son pouvoir d’opprimer les nations européennes. Mais au total, et dans les circonstances actuelles, sa dissolution mènera très probablement à la multiplication d’une galaxie de petits États, se faisant concurrence et incapables de résister à la pression des deux superpuissances occidentales (Finances et États-Unis).

Une grande crise européenne semble désormais inévitable, car les dirigeants européens n’ont rien à proposer. Mais pour qu’une telle crise aboutisse à des résultats positifs, une nouvelle force politique européenne doit émerger, suffisamment radicale pour relever les défis d’une crise si profonde, très sérieuse et consciemment en lutte pour une Europe indépendante et sociale, pilier d’un « monde multipolaire » « , d’un ordre international radicalement différent. Pour l’instant, rien de tel n’est visible dans la politique européenne.

Source http://valdaiclub.com/a/highlights/the-greek-debt-crisis-is-finally-over/

Le scandale Novartis n’est que la pointe de l’iceberg

GRECE : LE SCANDALE NOVARTIS N’EST QUE LA POINTE DE L’ICEBERG Blog : Le blog de Emmanuel Kosadinos

Le scandale Novartis n’est que la pointe de l’iceberg  par Antonis Karavas, médecin hospitalier, syndicaliste de la formation syndicale META ( 22/02/18 Traduction : Emmanuel (Manolis) Kosadinos

Source : https://rproject.gr/article/skandalo-novartis-i-koryfi-toy-pagovoynoy

Le bal des profits des industriels du médicament se fait sur le dos des couches populaires modestes.

Le bal des profits engendrés par le médicament est une constante diachronique et il se passe toujours au détriment des travailleurs et des couches populaires. En dépit de la réduction des dépenses pharmaceutiques de l’État suite à l’application des mémorandums, l’effondrement des dépenses publiques a conduit à faire déporter progressivement le coût des services de santé sur le dos du peuple ; ainsi la part majoritaire des paiements directs sera dirigée vers les gains de l’industrie pharmaceutique.

Les restructurations du secteur du médicament à l’ère de la crise capitaliste visent à réduire les dépenses pharmaceutiques publiques, sans pour autant porter préjudice aux capitalistes de la branche tout en préservant leurs profits. Ce changement se produit constamment et nécessairement au détriment de tous les autres acteurs du marché du médicament: par une forte augmentation des restants à charge payés par les gens, par la réduction de la quantité et de la qualité des médicaments fournis aux hôpitaux, par des coupes brutales des frais et des licenciements massifs dans l’industrie pharmaceutique, par une forte réduction du bénéfice des pharmacies, les fermetures de pharmacies et la perspective de conversion des pharmaciens en salariés à 600 euros des supermarchés et centres commerciaux.

Le bal des profits des industriels du médicament se fait sur le dos des couches populaires modestes. Le bal des profits des industriels du médicament se fait sur le dos des couches populaires modestes.

Le retrait de l’Etat de la dépense pharmaceutique par la réduction continue de l’indemnisation couverte par EOPYY 1 a conduit à une augmentation spectaculaire de la participation directe des assurés aux frais des médicaments. Pendant la gouvernance actuelle, qui se prévaut de l’appellation « Gauche », le taux moyen de paiement direct a grimpé de 12% à  28% pour les génériques et à plus de 50% pour les médicaments sous licence! Le coût de la dépense médicamenteuse est devenu insupportable pour les retraités et les couches populaires modestes. Le résultat est que des milliers de personnes ne sont plus en mesure d’acheter leurs médicaments, ils les prennent donc de manière irrégulière ou les arrêtent complètement !

Il est assez largement connu que toutes les compagnies pharmaceutiques ont recherché d’établir des relations privilégiées avec des personnalités de tous les gouvernements  et même qu’elles maintiennent des services chargés à développer ce genre de relations afin d’occuper la meilleur place dans le marché du médicament et les prix les plus élevés. Il est significatif que la compétence pour fixer les prix de médicaments appartienne, jusqu’à récemment en Grèce, au Ministère du Commerce qui les déterminait en dehors de tout critère scientifique. Le cas d’un médicament anticancéreux de Novartis est très parlant : il a obtenu l’accord pour un prix  multiple à celui d’un médicament équivalent, contenant une substance active similaire. Par ailleurs, dans la composition de la Commission officielle qui discute les prix des médicaments les industriels du médicament (l’Association des entreprises pharmaceutiques de Grèce – ΣΦΕΕ / SFEE) étaient bien représentés, mais les salariés du secteur ni de la Santé.

Au cours des dernières années cette compétence a été transférée au Ministère grec de la Santé. Par la mise en œuvre de la dernière « loi-valise » (qui introduit un paquet de mesures néolibérales d’austérité) se constitue une Commission « Health Technology Assessment – HTA » (la colonisation du pays va jusque dans les termes utilisés par son administration) dont la fonction sera « l’évaluation et le remboursement des médicaments à usage humain » ainsi que de faire des propositions au Ministre de la Santé pour l’autorisation de circulation de nouveaux médicaments et l’évaluation périodique de ceux qui sont déjà en circulation,  sans la mise en jeu de l’Organisme grec National du Médicament (EOF/ ΕΟΦ) qui fut jusqu’à présent l’instance la plus compétente, au niveau scientifique et sanitaire, sur ces sujets.

La Grèce est importante pour l’industrie pharmaceutique non seulement pour son marché, mais aussi car, en tant que pays de l’Union Européenne, elle peut influer sur les prix négociés par les laboratoires sur les autres pays à travers la clause du « prix ​​de référence externe » (external reference pricing). Les laboratoires pharmaceutiques ont donc tout intérêt que les prix de leurs médicaments restent élevés en Grèce. Ceci explique pourquoi la clause de « clawback » (récupération de remise) qui dans certains pays impose la récupération par les caisses d’assurance d’une partie de la marge sur les ventes est comparativement très élevée en Grèce afin que le prix du médicament sur le marché grec se maintienne élevé. On comprend ainsi pourquoi cette remise peut atteindre en Grèce les  25%. Malgré cela les intérêts des labos ne sont pas lésés car leur marge de profit  est immense!

Les intérêts des labos ne sont jamais lésés car leur marge de profit  est immense! Les intérêts des labos ne sont jamais lésés car leur marge de profit est immense!

Concurrence

Le scandale Novartis est certainement en rapport aussi avec l’alignement croissant des intérêts du capitalisme grec avec ceux de l’impérialisme américain. Les multinationales du médicament sont des empires d’un immense pouvoir qui ne cèdent pas des marchés à leurs concurrents et qui s’appuient sur leur « mère patrie» pour défendre et développer leurs marchés. Lorsque le Bayer allemand a menacé de pénétrer sérieusement le marché américain du médicament avec un médicament antilipidémique concurrent, ses rivaux, par le biais de la « justice » américaine lui ont attribué la mort de deux patients, l’obligeant ainsi de se retirer de cette classe de médicaments.

Novartis, une firme d’intérêts germano-helvétiques a rapidement gravi les échelons et a attiré l’attention des multinationales américaines qui lui ont infligé dans le passé une série de tracas judiciaires, suivis d’amendes. Maintenant, sous la présidence Trump, ils amplifient leurs attaques en trouvant comme allié le gouvernement … SYRIZA, qui tente d’instrumentaliser la participation présumée d’éminents officiels gouvernementaux des partis PASOK (sociaux-démocrates) et Nouvelle Démocratie (Droite) pour jouer la carte de la lutte contre  la corruption, dans un effort ultime de sauvetage politique alors qu’il sombre progressivement dans l’impopularité à cause de sa politique austéritaire.

Le gouvernement SYRIZA, depuis qu’il a rejeté l’option de la confrontation avec les capitalistes, est condamné à errer parmi les influences  capitalistes antagoniques, dont le seul dénominateur commun est le souhait de réduire continuellement les dépenses sociales. A l’opposé de cette option, la mise en place d’une vaste alliance sociale avec le peuple, les travailleurs et les scientifiques de la Santé contre les multinationales du médicament est l’indispensable outil pour œuvrer, en alliance avec un vrai gouvernement de Gauche, dans le sens du contrôle populaire et riposter aux chantages des capitalistes. C’est dans cette direction que la Gauche Radicale doit se battre aujourd’hui.

Des mesures proposées

Le moyen pour faire cela est de développer immédiatement les structures publiques et sociales sous contrôle ouvrier à tous les niveaux: recherche, production, diffusion, distribution.

  • La mesure-pilier serait la mise en fonctionnement immédiate d’une industrie pharmaceutique publique moderne sous contrôle, social et la création d’une Pharmacie de l’Etat qui assurant au début des médicaments de base, à bas prix, se développant progressivement au détriment du scteur capitaliste privé. Le secteur chimique et pharmaceutique en Grèce est très développé depuis de nombreuses décennies. Il y a une main-d’œuvre et un savoir-faire précieux pour passer à une industrie pharmaceutique nationale moderne avec une nationalisation sans compensation pour les compagnies pharmaceutiques fermées et endettées.
  • Cette mesure devrait être accompagnée de mesures anticapitalistes, de contrôle des entreprises du médicament (audit, remboursement des dettes envers l’Etat et les caisses d’assurance, fin de l’immunité fiscale, interdiction des exportations parallèles, contrôle des capitaux, etc.). Novartis a par exemple les médicaments modernes précieux pour la sclérose en plaques. Un vrai gouvernement de Gauche ne se limiterait pas à la recherche de responsabilités politiques chez les gouvernements précédents, mais contraindrait  Novartis à indemniser l’Etat grec ou d’accepter une grande baisse du prix de ces médicaments, en cas de non compliance de cette compagnie il se saisirait de la molécule et produirait le médicament par l’industrie de l’Etat.
  • Du contrôle par des organismes publics et développement de l’Organisme grec National du Médicament (EOF/ ΕΟΦ) et de  Institut de Recherche et Technologie Pharmaceutique (IFET/ ΙΦΕΤ). Organisation de la recherche et de l’enseignement par des établissements et des institutions publics. En réalité les critiques qui visent les médecins et les autres travailleurs de la Santé, dissimulent sciemment que le financement de Congrès par les labos se fait chaque après accord de l’Organisme grec National du Médicament. Cette institution, comme toutes les autres publiques, devraient obliger les labos de financer les programmes scientifiques de formation choisis par des instances de recherche et d’enseignement public.
  • Rétablissement du Droits du Travail pour les salarié-e-s du médicament (conventions collectives, arrêt des licenciements).

Le gouvernement SYRIZA-ANEL est pris au piège dans des mémorandums et du service des intérêts du capital, en adoptant totalement la logique du médicament-marchandise,  au service des profits des compagnies pharmaceutiques et du déport des coûts sur les usagers.  Ce gouvernement, incapable de confronter le vrai grand scandale de l’industrie pharmaceutique capitaliste, ne le sera pas moins pour confronter Novartis et les personnels corrompus de gouvernements précédents. Le risque serait alors que, dans son impuissance, il choisisse pour boucs émissaires les médecins, les salariés et les scientifiques, c’est-à-dire les moins coupables de cette affaire.

L’action de la Gauche, des syndicats et du facteur populaire dans cette affaire pourrait être primordiale pour que soient dénoncés  à la fois la corruption, les coupes budgétaires dans la Santé et  la spéculation de l’industrie pharmaceutique. C’est une lutte pour que le médicament devienne un bien, pas une marchandise et que la Santé soit publique et accessible à toutes et tous.

1EOPYY: Organisme National d’Offre de Services de Santé, qui correspond, à peu de différences près, à la branche maladie de la Sécurité Sociale.

Incendies Grèce : bilan humain, social et politique

Bilan humain, social et politique à ce jour des incendies en Grèce par Emmanuel Kosadinos

Blog : Le blog de Emmanuel Kosadinos

Le bilan des incendies meurtriers qui ont ravagé la périphérie de la capitale du pays est catastrophique. Il n’est pas encore possible d’en mesurer les conséquences ! Les plus démunis en première ligne du mouvement de solidarité

Grèce, population : 11 millions

Bilan des derniers incendies à ce jour

Victimes humaines : 93 morts dont plusieurs enfants !
Parmi eux : 1 mort en réanimation, 7 corps non retrouvés
Causes de décès : incinération, asphyxie, brûlures, noyades
Blessés hospitalisés : actuellement 36, dont 14 en réanimation
Habitations détruites : 1500
Véhicules détruits: 800

Sociologie des zones sinistrées : 50% habitations principales, 50% habitations secondaires et entreprises, notamment touristiques

Pic de température pendant la tempête de feu: 1000 degrés Celsius

Une tempête de feu s'est abattue en peu de temps sur des zones densément habitées Une tempête de feu s’est abattue en peu de temps sur des zones densément habitées

Moyens déployés : 190 pompiers professionnels (+ les bénévoles), 95 véhicules, 7 Canadair.
Une grande partie des moyens étaient non opérationnels car non entretenus.
Service central de protection civile, effectifs: 20 fonctionnaires
Part du budget dédié à la protection civile : 0,03%
Part du budget dédié à la défense et l’OTAN: 2,4%

Salaire brut d’un pompier: 800 euros
Temps d’attente des rescapés dans la mer: 5 heures !

1er communiqué officiel : 7 heures après le désastre
Réunion de crise du gouvernement : 27 heures après le désastre
Évacuation des zones sinistrées : selon les initiatives individuelles
Transport des blessés : avec des moyens individuels
Indemnisation par maison détruite : 5000 euros
Report des expropriations des foyers surendettés: néant !

Attitude du gouvernement SYRIZA : arrogance, complotisme, absence d’autocritique, décontraction gênante

État des services sanitaires : désorganisation
Sur ce dernier sujet, je publierai sur mon blog Médiapart le communiqué de la Fédération Panhéllenique des salarié-e-s des Hôpitaux Publics.

Solidarité spontanée : massive
Moyens : dons de sang, dons de matériel de toute sorte, implication physique, accueil des victimes

Acteurs de cette solidarité : les gens aux moyens modestes, les réfugiés syriens, les réfugiés kurdes, les Roms, les Dispensaires Solidaires autogérés, les Collectifs citoyens, la Croix Rouge.
Parmi les acteurs de la solidarité je dois rajouter les pêcheurs égyptiens de la mer Égée, qui ont recueilli beaucoup de rescapés dans les flots, alors que les embarcations des gardes portuaires ne s’étaient pas encore fait présentes. Ce sont ces mêmes pêcheurs que les nervis d’Aube Dorée avaient agressés il y a 4 ans.

Attitude des élites
Association des Industriels grecs : condoléances verbales, zéro dons
Église orthodoxe : pour Monseigneur Ambrosios c’est une punition divine juste car le peuple a voté pour un gouvernement d’athées, pour le parti SYRIZA.

Mesures gouvernementales prises après la crise: accélération annoncée de la démolition des constructions illégales, indemnisation de 5000 euros par habitation détruite (avec bonification selon le nombre de membres du foyer), octroi de deux mois supplémentaires pour les retraités sinistrés, 45 jours d’indemnité chômage supplémentaires pour les salariés dont l’entreprise a été détruite par le feu, 10.000 euros d’indemnité pour le survivant du couple dont un membre est décédé, une bourse d’études pour les jeunes des familles sinistrées, exemption de l’impôt immobilier pour les habitations détruites pour l’année 2018 uniquement, report de l’échéance pour la déclaration d’impôts au mois d’octobre, exemption de facture d’électricité pour les habitations détruites pour le premier semestre 2018.

Le coût cumulé de ces mesures est estimé à 10 millions d’euros, moins de 0,01% du budget de l’État grec. Les fonds seront puisés d’une « cagnotte spéciale » en voie de création.

L’opposition considère ces mesures insuffisantes. Le Parti Communiste de Grèce (KKE) a annoncé qu’il s’abstiendra du vote.

Des dégâts massifs que les maigres aides ne sauront soulager Des dégâts massifs que les maigres aides ne sauront soulager

Attribution de responsabilités :
Démission du ministre adjoint chargé de la protection civile, limogeage du Chef de la police et du Chef du corps des pompiers.
La justice a été saisie pour enquêter sur la situation et éventuellement attribuer des responsabilités. Le gouvernement SYRIZA a toutefois de mener une enquête indépendante de la justice et il a pour cela fait appel à des experts allemands

La Grèce éprouvé aujourd'hui un deuil profond pour les victimes La Grèce éprouvé aujourd’hui un deuil profond pour les victimes

Politique européenne et décès en méditerranée

Les politiques européennes sont responsables de la hausse du nombre de décès en Méditerranée centrale

Le nombre de personnes qui se noient en Méditerranée centrale ou sont reconduites dans des centres de détention sordides en Libye est monté en flèche du fait des politiques européennes visant à fermer la route de la Méditerranée centrale, écrit Amnesty International dans une nouvelle synthèse publiée le 8 août 2018.

Cette synthèse, intitulée ‘Between the devil and the deep blue sea. Europe fails refugees and migrants in the Central Mediterranean’, révèle l’impact dévastateur des politiques qui se sont traduites par plus de 721 morts en mer pour les seuls mois de juin et juillet 2018. Elle évoque la nouvelle politique de l’Italie, qui bloque des migrants en mer pendant des jours, et analyse comment les États de l’Union européenne (UE) cherchent à s’entendre pour contenir les réfugiés et les migrants en Libye, où ils risquent d’être victimes de torture et d’atteintes aux droits humains.

« Alors que le nombre de personnes qui tentent de traverser la Méditerranée a baissé ces derniers mois, le nombre de décès en mer a nettement augmenté. La responsabilité de ce bilan qui s’alourdit incombe aux gouvernements européens qui se préoccupent davantage de maintenir les migrants et les réfugiés hors de leurs frontières que de sauver des vies, a déclaré Matteo de Bellis, chercheur d’Amnesty International sur l’asile et les migrations.

« La politique européenne donne aux garde-côtes libyens le pouvoir d’intercepter les gens en mer, accorde moins de priorité aux opérations de secours et entrave le travail vital des ONG menant des opérations de sauvetage. La récente hausse du nombre de décès en mer n’est pas seulement une tragédie, c’est une honte ».

Elle s’accompagne d’une montée en flèche du nombre de personnes arbitrairement détenues dans les centres de détention surpeuplés en Libye. Ce nombre a plus que doublé ces derniers mois, passant de 4 400 en mars à plus de 10 000 – dont environ 2 000 femmes et enfants – fin juillet. Tous ou presque ont été amenés dans ces centres après avoir été interceptés en mer et renvoyés en Libye par les garde-côtes libyens, qui sont équipés, formés et financés par les gouvernements européens.

« Les gouvernements européens sont de mèche avec les autorités libyennes pour contenir les réfugiés et les migrants en Libye, malgré les terribles violations qu’ils subissent aux mains des garde-côtes libyens et dans les centres de détention. Les projets visant à étendre la politique d’externalisation à toute la région sont très préoccupants », a déclaré Matteo de Bellis.

Au cours de l’année passée, les gouvernements européens n’ont pas conclu d’accord sur des réformes cruciales du système de Dublin, qui auraient permis d’éviter des désaccords sur le débarquement en Europe des personnes secourues en mer.

En réaction, l’Italie a commencé à refuser aux navires transportant des passagers secourus d’entrer dans ses ports. Cette nouvelle politique cible les bateaux des ONG, les navires marchands et même les bâtiments des marines étrangères.

Du fait de délais de débarquement inutiles, des personnes ayant besoin d’une aide d’urgence – dont des blessés, des femmes enceintes, des victimes de torture, des personnes traumatisées par un naufrage et des mineurs non accompagnés – sont restées bloquées en mer pendant plusieurs jours.

« En refusant de laisser des réfugiés et des migrants débarquer dans ses ports, l’Italie se sert des vies humaines comme monnaie d’échange. Des personnes désespérées sont bloquées en mer, sans eau ni nourriture suffisantes, sans abri, tandis que l’Italie tente de gagner des points sur le plan politique pour un meilleur partage des responsabilités entre États européens, a déclaré Matteo de Bellis.

« En outre, les autorités italiennes et maltaises ont calomnié, intimidé et criminalisé les ONG héroïques qui s’efforcent de sauver des vies en mer, ont refusé à leurs bateaux l’autorisation de débarquer et sont allées jusqu’à saisir leurs navires.

« L’Italie et les États et les institutions de l’Europe doivent agir sans délai pour accorder la priorité aux opérations de sauvetage en mer et veiller à ce que les personnes secourues puissent rapidement débarquer dans des pays où elles ne seront pas exposées à de graves violations et où elles pourront solliciter l’asile. »

Par ailleurs, la synthèse d’Amnesty International évoque des cas récents de violations du droit international. Les 16 et 17 juillet, l’ONG Proactiva a retrouvé une femme encore en vie et deux cadavres à bord d’une embarcation en train de couler après l’intervention des garde-côtes libyens. Le 30 juillet, l’Asso Ventotto, navire marchand battant pavillon italien, a reconduit en Libye 101 personnes.

« Ces faits graves doivent faire rapidement l’objet d’enquêtes minutieuses. Ils illustrent les conséquences mortelles de la politique de l’Europe, a déclaré Matteo de Bellis.

« Les gouvernements européens doivent sortir du cercle vicieux de fermeture et d’externalisation qu’ils ont mis en place et investir dans des politiques qui ramènent l’ordre dans le système, en permettant aux réfugiés et aux migrants d’emprunter des itinéraires sûrs pour se rendre en Europe. »

Source https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/08/surging-death-toll-in-central-med/

L’analyse de La Cimade sur la loi asile et immigration

La loi Asile et Immigration est adoptée : décryptage d’un texte dangereux 2 août 2018

La loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie a été adoptée définitivement par l’Assemblée nationale le 1er août 2018. C’est un texte dangereux qui consacre une véritable chute de droits pour les personnes étrangères. Analyse du texte par La Cimade, véritable « Code de la honte ».

 

La Cimade dénonçait en février un texte « rédigé par le ministère de l’intérieur sans consultation réelle des acteurs associatifs de terrain » ainsi que « son manque d’équilibre flagrant ». Plus de cinq mois après des vifs débats dans les deux chambres, un rejet en dernière lecture du texte par le Sénat et des menaces d’exclusion des député·e·s La République En Marche opposé·e·s au texte, la loi votée par la majorité présidentielle au parlement n’a pratiquement pas bougé depuis la copie remise par Gérard Collomb en conseil des ministres.

Les principales mesures que La Cimade déplore et qui vont considérablement dégrader les conditions des personnes migrantes sont :

  • L’allongement de la durée de la rétention administrative jusqu’à 90 jours y compris pour les familles accompagnées d’enfants mineurs ;
  • Une intervention du juge des libertés et de la détention dans les quatre jours suivant le placement en rétention ;
  • La réduction du délai pour déposer une demande d’asile ;
  • L’absence de recours suspensif pour les personnes originaires d’un pays dit « sûr » qui demandent l’asile, pour celles qui demandent un réexamen ou qui sont considérées comme présentant un trouble grave à l’ordre public ;
  • La systématisation des mesures de bannissement et la multiplication de mesures de surveillance à l’encontre des personnes étrangères ;
  • L’extension des possibilités de prononcé d’une interdiction du territoire français ;
  • La banalisation des audiences par visio-conférence ;
  • La complexification de la procédure de reconnaissance de filiation et le durcissement de l’accès à un titre de séjour pour les parents d’enfants français ;
  • Le durcissement sans précédent de l’accès à la nationalité française pour les jeunes né·e·s à Mayotte ;
  • Le fichage des mineur·e·s isolé·e·s ;
  • La possibilité pour les préfectures de passer outre les avis médicaux dans le cadre de la procédure de régularisation pour raisons de santé.

La loi adoptée le 1er août 2018 ne répond pas aux enjeux migratoires de notre temps, La Cimade appelle à une autre politique migratoire en totale rupture avec celle menée ces dernières années.

Ci-dessous le document de décryptage de La Cimade actualisé le 2 août 2018 suite à son adoption définitive.

Loi_Asile_Immigration_Cimade_02082018

Terre brûlée La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Terre brûlée

Terre brûlée. Nous laissons derrière nous un tel mois de juillet, à vrai dire écœurant. Votre blog, se spécialisant malgré lui dans la chronique des cynismes en vogue, il ne pouvait ainsi qu’observer un certain silence devant l’insoutenable. Le pays réel brûle sous les effets multiples et multipliés de la décomposition programmée… pendant que ses trente millions de visiteurs annuels admirent ses beautés supposées immuables. Dessin dantesque.

Incendies meurtriers. Presse grecque du 25 juillet

Ces derniers jours, sur les vieilles citadelles du Péloponnèse ne servant plus qu’à être visitées sur fond de nuages, le drapeau national était alors en berne. Nuées d’ailleurs très inhabituelles aux dires des tous pour un mois de juillet finissant. “Méfions-nous de ce qui peut nous arriver cette année en mer ; nous n’avons pas encore vu le meltémi”, (vent habituel estival en mer Égée) “et les bourrasques inopinées sont de plus en plus nombreuses. Oui, le temps n’est vraiment plus ce qu’il était…” explique un des nos amis, skipper professionnel depuis plus de trente ans. En effet.

Dans la succession d’événements entre le choc et le deuil, tout deux d’ailleurs jamais accomplis jusqu’au bout il faut dire, ces incendies meurtrières ont été déclarées très étrangement à la suite d’une période où la protestation et autant l’écœurement sont de nouveau de mise chez les Grecs, cela, rien qu’au sujet de la piètre politique macédonienne du “gouvernement”. Au même moment, la marionnette Tsípras s’apprête à céder davantage devant l’interventionnisme direct et indirect de la Turquie d’Erdogan en Thrace Occidentale, déjà pour ce qui tient de la nomination des Mufti. Thrace Occidentale, région grecque en partie peuplée de musulmans turcophones, sachant que la majorité parlementaire des Tsiprosaúres ne tient qu’aux deux à trois députés issus de la minorité musulmane en Thrace, et qu’Ankara serait alors en mesure à les manipuler.

C’est également le temps géopolitique très dense, lorsque par exemple les États-Unis et Geoffrey Pyatt, leur Ambassadeur à Athènes…après Kiev, auraient signifié aux pantins de la politique locale, que le piètre accord macédonien doit être ratifié coûte que coûte et ceci, même si les Grecs s’y opposent à près de 80%, histoire de faire entrer la Macédoine Slave, dite “Macédoine du Nord”, au sein de l’OTAN.
Histoire surtout de faire barrage à l’influence des Russes dans les Balkans. Un très vieux jeu…sans cesse renouvelé.

Drapeau en berne. Péloponnèse, juillet 2018
Dystopie ambiante et figurée. Athènes, juillet 2018

Notons qu’il y à peine trois semaines, plus exactement le 11 juillet dernier, et comme par hasard à la veille du sommet de l’OTAN, le “gouvernement” Tsípras avait expulsé deux diplomates russes au motif avancé de leur prétendue intervention aux affaires internes grecques au profit des opposants à l’accord Macédonien. C’est tout de même, une première historique pour la Grèce, car jamais Athènes n’avait exécuté de telles mesures visant la diplomatie russe, étant donné les liens historiques, religieux et culturels entre les deux peuples remontant à Byzance. Du jamais vu donc, même du temps des Colonels (1967-1974), voire, de la Guerre Civile (1944-1949) entre les communistes et la droite. Même parmi les analystes proches des cercles de l’OTAN à Athènes, cette mesure a été critiquée pour son aventurisme… de l’échine courbée, à l’instar par exemple d’Athanássios Droúgos le 13 juillet dernier.

Les Grecs savent que derrière… l’avènement Tsípras et de sa clique au pouvoir, il y a un agenda géopolitique imposé que d’ailleurs nous découvrons plutôt soudainement coup après coup. La marionnette Tsípras irait très probablement jusqu’au bout alors proche dans cet agenda à peine dissimulé d’ailleurs depuis l’arrivée de la Troïka en Grèce et de sa politique dite d’austérité. Agenda qui conduirait en cas de réussite, ni plus ni moins, à la disparation culturelle, nationale, sociale, sociétale, démographique et même partiellement territoriale de la Grèce contemporaine, telle est toute… la préparation des Tsípras et d’ailleurs des Mitsotákis qui arrivent derrière.

Sauf qu’il y a urgence, car les Grecs se réveillent même… tétanisés, d’où cette urgence semblable quant à la mécanique sociale, cette dernière rajoutant du choc au deuil et du deuil au choc depuis près de huit ans maintenant. Et voilà que ces incendies en Attique Ouest et Est, visiblement volontairement provoqués supposons par de simples pyromanes (?) avec près de quatorze foyers initiaux simultanés lorsque la météo avait prévu la grande violence des vents soufflant jusqu’à 90 km/h, sont ainsi “arrivés” on dirait… à point nommé en Grèce.

Cloches et alerte. Météores, Thessalie, juillet 2018
Touristes. Athènes, juillet 2018
Volcan ancien. Péloponnèse, juillet 2018

Comme l’écrit mon ami Olivier Delorme sur son blog, le pays est: “seule face aux spéculateurs qui ont mis la Grèce à genou en 2010, seule face aux provocations et violations de sa souveraineté par une Turquie, dont on sait aujourd’hui, par le témoignage de l’ancien Premier ministre Yilmaz, que ses services spéciaux furent à l’origine de vagues d’incendies dans les îles durant les années 1990…”

Le jour des incendies et au-delà des causes structurelles du drame humain, car il ne s’agit pas d’une catastrophe naturelle, -concernant un habitat au départ illégal sans P.O.S. (Plan d’occupation des sols) et légalisé ensuite, sur une zone agricole, boisée seulement à partir des années 1950 pour ce qui est des communes les plus touchées-, les services de l’État mémorandaire grec ont complètement failli dans leur gestion de la crise, et c’est le moins que l’on puisse dire. À très juste titre cette impréparation grecque liée aux politiques imposées par la Troïka, a été dénoncé par le Sénateur de la majorité Alberto Bagnai en Italie, et son intervention fustigeant la supposée “solidarité européenne d’une meute de loups” a bien été signalée en Grèce par les analystes grecs à l’instar de Dimítris Konstantakópoulos sur son blog.

Sur le terrain et d’abord, aucun signal d’alarme n’a été déclenché et aucun plan d’évacuation de la population n’a été mis en exécution, quotidien “Kathimeriní” du 1er août. Parallèlement, la circulation sur l’avenue de Marathon avait été déviée de manière criminelle vers les zones d’habitant près de la côte, au lieu d’être interrompue. Les automobilistes de passage envoyés ainsi tout droit jusqu’au cœur de l’incendie par les autorités, autant que les habitants sous l’effet de la panique, ils ont été ainsi piégés et parfois brûlés vifs. “Les policiers, qui se trouvaient sur l’avenue Marathon, exécutaient bien des ordres. S’ils avaient reçu l’ordre d’arrêter la circulation et de renvoyer les voitures, plutôt que de les dévier tout droit vers le cœur du désastre, ils le feraient. L’erreur fatale est clairement due à un manque total de coordination. Les Pompiers, la Police, les municipalités et la Région d’Attique participent ainsi de cette catastrophe. La responsabilité de la coordination (…) incombe pourtant à la Protection Civile, laquelle n’a pas fait son travail”, quotidien “Kathimeriní” du 1er août.

Animal adespote. Péloponnèse, juillet 2018
Grecs à la plage. Péloponnèse, juillet 2018
Boire de l’eau dans les restes antiques. Épidaure, juillet 2018

Au même moment, aucun des systèmes d’alerte supposés établir le contact entre les différents postes de la Police, des Pompiers ainsi que le fameux numéro 112 n’ont fonctionné, ceci, entre coupes sobres dans les budgets depuis 2010 et aussi, entre le népotisme et l’irresponsabilité criminelle des gouvernants SÝRIZA compris. On sait que de nombreux officiers des Pompiers ont été remerciés et sortis du service, pour qu’un de leurs collègues, certes beaucoup moins bien noté mais cependant Syrizíste patenté, puisse être nommé à leur tête, sans la moindre expérience sur le terrain des incendies en Attique, région pourtant capitale, où d’ailleurs près du 40% de la population du pays y réside. Pauvre pays historique… et inflammable. Nos touristes n’auront finalement remarqué que cette inhabituelle grisaille météorologique dans le ciel de l’Acropole, et également du site bien théâtral d’Épidaure. Grèce éternelle des clichés accomplis partis en fumée !

Nous sommes déjà à une plus d’une semaine de ce jour sombre du lundi 23 juillet dernier. Au soir de ce même lundi, et pendant que les informations sur les première victimes étaient déjà connues, Aléxis Tsípras devant les cameras de la télévision publique, n’en faisaient pas la moindre mention. Au gouvernement, on faisait déjà semblant que de minimiser l’ampleur du drame. Un show télévisé à but de communication et de gestion du temps politique. Mardi, le jour d’après, Aléxis Tsípras dans une allocution télévisée, déclare que “rien et personne ne sera oublié”. Mercredi, le porte-parole du gouvernement annonce des mesures à l’aide des victimes, à savoir, le… report des obligations fiscales de six mois et 5.000€ d’aide par foyer… complètement dévasté.

Aléxis Tsípras au soir du grand incendie. Presse grecque

Jeudi, devant les réactions sociales et alors l’immense colère des Grecs, le ministre de la défense Pános Kamménos se rend à la localité sinistrée de Mati, pour rejeter la responsabilité de la tragédie sur les seuls résidents locaux. Le soir du même jour, avait été tenue une conférence de presse qui restera dans les annales et que personne n’oubliera avant plusieurs années. Tóskas, ministre de l’Intérieur et de la Protection du Citoyen (sic), et Tzanakópoulos, porte-parole du gouvernement, à travers leur conférence de presse alors outrancière, ils ont fait valoir que d’après leurs propres investigations, il n’y a pas d’erreur dans la gestion des incendies et ils ont même rajouté que l’évacuation de la population était impossible. Trois jours après, ce même Tóskas a avoué avoir proposé dès le premier jour sa démission, sauf que Tsípras ne l’avait pas accepté.

Épidaure, juillet 2018
L’incendie de 1917. Thessalonique, juillet 2018
L’incendie de 1917. Thessalonique, juillet 2018

Le boomerang de la propagande se retourne alors contre le gouvernement. Ainsi, vendredi dernier, Tsípras se voit contraint de convoquer un conseil ministériel d’urgence… pour déclarer qu’il assume toute la “responsabilité politique” dans ce drame, sans formuler des excuses, car essentiellement niant toute responsabilité gouvernementale, évoquant plutôt la force du vent, les irrégularités quant au POS, puis ces “sombres centres voulant déstabiliser le gouvernement”.

Les révélations durant le week-end furent pourtant choquantes. Certains officiers de la Police et des Pompiers qui se trouvaient dans l’œil du cyclone au moment de la catastrophe, ont démontré qu’un certain nombre de morts était déjà connu dès lundi soir, au moment justement, où Tsípras organisait son… show télévisé.

Ils se sont passés déjà plusieurs jours. Aléxis Tsípras avait certes le temps pour visiter les lieux du martyre. Sauf qu’il ne voulait pas être exposé à la colère populaire. D’après ses calculs, rien que par les stratagèmes de communication, il surmonterait alors la crise. Finalement, Tsípras a visité les lieux de la tragédie à Mati, une semaine après l’incendie, à savoir le 30 juillet. Une visite très vespérale après 6h du matin, une visite autant non annoncée et tenue secrète, finalement suivie d’une seule camera…“prédestinée”. Cette visite a autant provoqué para suite les vives réactions de la presse pour son caractère savamment improvisé, à savoir, sans journalistes ni caméras. Aléxis Tsípras était d’ailleurs arrivé à Mati, au moment exactement où de nombreux journalistes et médias se trouvaient sur le port proche de Rafína pour couvrir l’accident du ferry rapide FLYINGCAT 4, lequel a heurté le quai du port.

Épidaure, juillet 2018
Prier. Météores, Thessalie, juillet 2018

Cette visite de Tsípras n’aura finalement duré qu’un peu plus d’une heure, sans évidemment rencontrer la population et encore moins sa colère, selon la presse grecque du 30 juillet.

Depuis, la contre-attaque du gouvernement se résume en sa volonté affichée de démolir bon nombre de constructions hors POS en Attique, histoire de renforcer le clou de la seule responsabilité des habitants, quotidien “Kathimeriní” du 1er août. C’est en même temps et une fois de plus, taper fort sur cette classe moyenne, laquelle n’est d’ailleurs plus du tout sa supposée clientèle politique. C’est facile et surtout, c’est de la sorte du fait politicien, avant toute autre considération.

Maríage. Thessalonique, juillet 2018

Et ce n’est d’ailleurs plus du divorce qu’il s’agit entre les supposés citoyens et la classe politique, la gauche Syrizíste en tête, mais d’une relation emplie de haine. Et la haine… n’est jamais très bonne conseillère comme on sait.

C’est ainsi “l’été qui est devenu la mort”, d’après le reportage du quotidien “Kathimeriní”, sur place, l’appréciation est fort juste. Au reste du pays supposé normal, nos touristes souriants se promenèrent entre nos ruines antiques sans trop distinguer nos ruines contemporaines, tandis que les Grecs quant à eux, ils fréquentent les plages du coin la glacière sous les bras. Comme du temps des débuts de la classe moyenne.

Hasard du calendrier, Thessalonique, deuxième ville du pays et fière capitale de la Macédoine grecque, commémore à sa manière par une très belle et émouvante exposition, le grand incendie qui a dévasté une bonne partie de la ville historique, c’était en 1917.

Au pays présenté comme béni, on priera toujours pour se faire entendre des divinités, pendant que nos animaux adespotes boiront de l’eau dans les restes antiques. La dystopie ambiante et figurée est certainement dépassée par la dystopie galopante des temps toujours présents, les Grecs sont accablés, perdant ainsi leur pays et parfois même leurs vies et son sens avec. Pourtant ils se réveillent…

Prier. Thessalonique, juillet 2018

Votre blog, aussi attristé n’a pas pu ni voulu réagir à chaud, ni publier pour une énième fois, les terribles images déjà connues via la presse grecque et internationale.

Sur notre petite plage préférée, près de trente personnes ont trouvé la mort et on y récupère encore leurs corps carbonisés au gré des vagues et des courants marins. Nous n’y retournerons plus, et voilà que notre univers se rétrécie encore davantage, dans la mesure où à travers ce beau pays qui est censé être le nôtre, nous ne voyageons pratiquement plus que pour travailler.

Après tout, notre ami skipper, il a raison, méfions-nous de ce qui peut nous arriver cette année en mer… comme sur terre. Le temps n’est vraiment plus ce qu’il était. Sauf pour nos terribles animaux adespotes.

Animal adespote. Péloponnèse, juillet 2018
* Photo de couverture: Humain du temps passé. Musée de Mycènes, juillet 2018

L’Aquarius repart en mer

Message de SOS Méditerranée 1/8/18  : L’Aquarius est reparti aujourd’hui vers les eaux internationales au large de la Libye pour poursuivre sa mission de sauvetage en mer parce qu’il en a le droit et le devoir. Depuis le début de l’année, au moins 1100 personnes sont mortes noyées en Méditerranée centrale, dont 2/3 en juin alors que les navires humanitaires étaient empêchés d’agir dans les eaux internationales au large de la Libye.

L’Aquarius est désormais l’un des deux seuls navires actifs dédiés aux sauvetages en Méditerranée centrale.

Face à la complexité des opérations en mer et aux risques encourus par les personnes en détresse ces dernières semaines, l’Aquarius s’engage à rendre public, dans la plus grande transparence, tout ce dont il sera témoin. Il s’engage également à dénoncer tout ce qui irait à l’encontre des règles du sauvetage en mer définies depuis plusieurs décennies par les conventions maritimes internationales.

Cette mission nous la partageons avec vous, citoyens européens, dont le soutien et la vigilance sont indispensables pour continuer à sauver des vies en mer. Ainsi vous pourrez consulter un journal de bord en ligne entièrement accessible au public – https://onboard-aquarius.org/ qui documente l’ensemble des activités de l’Aquarius.

Au cours de notre escale à Marseille, nous avons également effectué des changements matériels pour répondre à un contexte de plus en plus incertain. Dans un souci constant de renforcer l’efficacité de nos opérations, l’Aquarius a été équipé d’un nouveau canot de sauvetage plus rapide et d’une plus grande capacité d’accueil. L’autonomie alimentaire à bord a été renforcée afin de pouvoir faire face à une éventuelle attente prolongée en mer. Enfin, une chambre réfrigérée a été installée pour respecter la dignité des personnes décédées.

Malgré les difficultés, nous repartons plus déterminés que jamais à poursuivre notre mission de sauvetage en mer, et à être les yeux et les oreilles des citoyens européens qui, comme vous, considèrent que secourir ceux qui sont en danger prévaut sur toute autre considération.

Plus que jamais, nous avons besoin de vous pour continuer.

Merci pour votre engagement à nos côtés.

http://www.sosmediterranee.fr/

Solidarité et autogestion sur la terre brûlée

par Yannis Youlountas ·

Suite aux incendies qui ont frappé les environs d’Athènes : SOLIDARITÉ ET AUTOGESTION SUR LA TERRE BRÛLÉE

Nous avons évoqué précédemment la cuisine sociale « L’Autre Humain », avec un extrait du film « L’Amour et la Révolution », pour faire savoir le dispositif permettant désormais de participer au loyer de son nouveau local*.

Ajoutons qu’actuellement « L’Autre Humain » est tous les jours à Mati, la petite ville la plus ravagée par les récents incendies, avec non seulement sa cuisine de rue, mais aussi des distributions de nombreux matériaux et denrées nécessaires.

Tout cela, dans l’autogestion bien sûr, alors que les pouvoirs se sont révélés, au contraire, totalement incompétents et lamentables : fermeture tragique des accès à la mer, diminution des moyens des pompiers (baisse de 30% des effectifs, restrictions budgétaires, beaucoup de bouches à eau hors-service faute d’entretien, plus qu’un seul canadair opérationnel sur dix), minuscule mobilisation des troufions et de leur matériel, tentatives grotesques de récupération politique de tous les côtés…

Bref, tout s’est déroulé exactement comme en novembre dernier, lors des inondations qui ont dévasté la ville de Mandra, à l’ouest d’Athènes, et causé de nombreux morts et disparus : ce sont les initiatives autogérées qui ont le mieux répondu aux besoins immédiats, à commencer par celles des victimes elles-mêmes et de leurs réseaux alentours, parfois avec des moyens très modestes.

La cuisine sociale « L’Autre humain » était également présente à Mandra l’année dernière, dès le début des inondations. De même, l’équipe médicale de la structure autogérée de santé d’Exarcheia était aussi sur le terrain, à Mandra, comme elle se trouve ces jours-ci également à Mati et Rafina, avec l’appui, une fois de plus, du groupe Rouvikonas.

Loin des grands discours télévisés, des effets d’annonce illusoires, des visites éclairs sous les projecteurs des caméras, des lourdeurs administratives rebutantes et des méandres hiérarchiques abscons, c’est bien l’entraide parmi les opprimé-e-s qui est une fois de plus au rendez-vous sur la terre brûlée.

Prenons nos vies en mains, nous en sommes capables : les circonstances difficiles nous le prouvent.

Maud et Yannis Youlountas

* Voir l’extrait du film « L’amour et la révolution » sur la cuisine sociale « L’autre humain » http://blogyy.net/2018/07/29/la-cuisine-sociale-lautre-humain/

Si vous souhaitez participer, avec nous, chaque mois, au paiement du loyer du nouveau local (trois dernières photos) de la cuisine sociale « L’Autre Humain » : http://blogyy.net/2018/07/29/la-cuisine-sociale-lautre-humain/

Voir toutes les photos http://blogyy.net/2018/07/30/solidarite-et-autogestion-sur-la-terre-brulee/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nouveau local de la cuisine sociale « L’Autre Humain » :

 

 

 

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