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Grèce : Encore des hausses de taxes

 La « tempête fiscale » débutée durant l’année 2016, conformément aux directives de l’Union Européenne, pour la mise en place du troisième protocole d’aide financière, se poursuivra sans relâche l’année prochaine.

Comme prévu, les plus hauts taux de TVA ( 13 et 24 %) seront étendus à plusieurs îles de la mer Egée.

Les consommateurs devront également piocher dans leur portefeuille, un « supplément carburant » est instauré :

3 centimes par litre sur l’essence, 8 pour le gazole, et 10 pour le gaz.

Le tabac et les cigarettes ne seront pas en reste : le tabac à rouler sera taxé à 26 % ( 20 actuellement) et le paquet de cigarettes augmentera de 50 centimes, voire 1 euro.

Quant aux cigarettes électroniques, leurs recharges liquides se paieront 10 centimes de plus.

Le café (partie prenante de la vie quotidienne grecque), subira une hausse de 10 à 20%.

Enfin, une nouvelle taxe de 5 % sur les factures de téléphonie (mobiles et fixes) sera appliquée dès le début d’année.

 (www.lepetitjournal.com/athenes) 

http://www.lepetitjournal.com/athenes/economie/actu-economie/263158-hausse-de-taxes-une-nouvelle-deferlante-pour-la-vie-quotidienne-grecque

La Grèce craint un «désastre social»

The Associated PressDes débordements avaient éclaté la semaine dernière entre manifestants et policiers grecs lors de la venue de Barack Obama.

ATHÈNES, Grèce — Une nouvelle ronde de négociations entre le gouvernement de la Grèce et ses créanciers internationaux a pris une pause, mardi, alors qu’Athènes accusait les partisans de la ligne dure de proposer de nouvelles coupes draconiennes qui entraîneraient «un désastre social».

La Grèce veut venir à bout des heurts entre les créanciers de la zone euro et le Fonds monétaire international d’ici le début décembre. Cela permettrait de débloquer de nouveaux fonds de sauvetage et d’entamer des discussions en vue de la mise en place de mesures modestes qui allégeraient l’écrasante dette du pays.

Selon le ministre des Finances, la semaine de négociations à Athènes a permis de réaliser «des progrès significatifs». Il espère qu’une entente sera conclue d’ici le 5 décembre, lorsque les ministres des Finances des autres pays qui utilisent l’euro discuteront du programme grec et du déroulement de son troisième sauvetage international consécutif.

Mais les deux parties restent encore loin l’une de l’autre, essentiellement en ce qui a trait aux réformes du travail et aux dépenses publiques.

«Si les contrepropositions signifient qu’on doive couper dans les services de santé et l’éducation, réaliser des coupes tous azimuts dans les régimes de retraite et effectuer des licenciements de masse dans les services déjà en déficit de personnel, cela serait un désastre social qui ne sera pas toléré par le gouvernement ou par la population grecs», a expliqué un porte-parole du gouvernement, Dimitris Tzanakopoulos…

Le gouvernement grec, à gauche sur l’échiquier politique, veut raffermir le pouvoir de négociation des syndicats et il résiste aux pressions des créanciers — des institutions de l’Union européenne et le FMI — qui aimeraient faciliter les mises à pied dans le secteur privé.

Le plus grand syndicat de fonctionnaires du pays veut déclencher une grève de 24 heures jeudi, faisant valoir que les licenciements de masse ne peuvent plus se poursuivre. Le syndicat affirme que le nombre d’employés du gouvernement et des sociétés publiques est passé de 936 000 personnes en 2011 à 567 000.

«Le troisième sauvetage est une nouvelle étape vers le retour au Moyen Âge de la réglementation sur le travail», a affirmé le syndicat dans un communiqué.

 

Sur les réfugiés sem 47

25/11 Turquie : Recep Tayyip Erdoğan menace l’Europe « d’ouvrir les frontières » http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/turquie-recep-tayyip-erdogan-menace-l-europe-d-ouvrir-les-frontieres-619850.html

Lesbos: incidents après la mort de 2 réfugiés http://www.tdg.ch/monde/Lesbos-incidents-apres-la-mort-de-2-refugies/story/18286352

24/11 Grèce: à l’approche de l’hiver, Médecins du Monde craint pour les réfugiés http://www.rfi.fr/europe/20161124-grece-approche-hiver-medecins-monde-craint-refugies-camp-tente

24/11 Chios s’oppose à la construction d’un nouveau camp de migrants ANA MPA Les organisations scientifiques et professionnelles, les syndicats et les habitants de Chios et des habitants ont fait appel au Conseil d’Etat pour annuler la décision pour l’exploitation d’un camp de migrants dans les locaux de l’ancienne usine VIAL.
La demande sera entendue le 7 février 2017.

Le ministre de la Migration, Yiannis Mouzalas, a lancé un appel aux résidents des îles du nord de la mer Égée pour qu’ils contribuent à la construction de centres d’accueil pour les migrants et les réfugiés, sinon l’accord entre l’UE et la Turquie sera en jeu. « Nous ne permettrons pas à l’accord d’échouer », a déclaré Mouzalas à la télévision privée SKAI jeudi.
Il a accusé l’opposition principale Nouvelle Démocratie de « déclencher des conditions et des actions pour empêcher la construction de centres intérieurs sur les îles »

21/11  Athènes veut créer un nouveau camp pour réfugiés sur l’île de Chios  http://www.france24.com/fr/20161121-grece-creer-nouveau-camp-refugies-ile-chios-migrants-souda-incidents

L’horreur que nous voulons ignorer https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-27-octobre-2016

Retour sur les rencontres euro-méditerranéenne de l’Economie des travailleurs

La deuxième rencontre euro-méditerranéenne de l’ « économie des travailleur-se-s» a eu lieu à Thessalonique, dans les locaux de l’usine autogérée de VioMe du 28 au 30 octobre 2016. Les travailleurs et travailleuses de VioMe occupent les locaux de l’usine depuis 2011 et ont relancé la production de produits ménagers (savons, détergents). Si la production se poursuit, elle est aujourd’hui menacée par les tentatives de vente aux enchères des propriétaires « légaux » du terrain et des bâtiments. Jusqu’à présent, la mobilisation des VioMe a permis de l’empêcher. Les travailleuses et travailleurs de VioMe ont mis en place un véritable modèle autogestionnaire : décisions collectives prises en assemblées générales, mise en place de réseaux de soutien et de distribution solidaires, création au sein même de l’usine d’un dispensaire social autogéré. De plus, VioMe travaille en lien avec le dispensaire autogéré de Thessalonique et les réfugié-e-s du camp situé à proximité de la ville. Ils montrent qu’on peut tisser des liens à travers des pratiques autogérées et concrètement, l’esquisse d’une autre société qui fait le lien entre travailleurs et travailleuses, exploitées, migrant-e-s et plus généralement victimes de la crise que les capitalistes veulent nous faire payer à leur place.

Ces rencontres s’inscrivent dans un réseau international initié en 2007 lors de la première rencontre organisée en Argentine, à l’initiative du programme Facultas abierta de l’université de Buenos Aires. Lors de la 4e édition en juillet 2013 à Paraíba (Brésil), le principe de l’organisation de rencontres régionales entre deux rencontres mondiales a été acté. Les premières réunions régionales ont eu lieu en 2014 en France, en Argentine et au Mexique. Conçues avant tout comme des espaces de débat et de rencontres entre des travailleur-se-s, des chercheur-se-s et des militant-e-s sociaux et politiques autour des problématiques qui concernent les luttes des travailleurs et des travailleuses pour l’autogestion. Les mouvements de reprise des entreprises sont non seulement pratiques mais porteurs de théorie. Il est donc essentiel d’articuler les pratiques des entreprises récupérées et les apports des chercheurs. Elles s’intitulent « Économie des travailleurs » pour élargir le mouvement aux multiples formes de luttes du monde du travail qui pourraient s’y agréger. Elles visent également à contribuer à la construction d’alternatives face à la crise provoquée par le capitalisme mondialisé.

Cette rencontre faisait donc suite à la première rencontre européenne qui a eu lieu début 2014 à Gémenos chez les Fralib (désormais Scop TI), alors en lutte, qui avait réuni 200 participant-es. Avec 500 participant-es aux rencontres de Thessalonique, la progression est évidente. Étaient présent-es des représentant-e-s d’entreprises autogérées, d’organisations syndicales, d’associations et des universitaires, venu-es de l’État espagnol, du Pays basque, de Catalogne, d’Italie, de France, d’Allemagne, de Croatie, de Serbie, de Bosnie, de Grande-Bretagne, de Pologne, de Turquie et bien sûr de la Grèce. En outre, y assistaient aussi des délégations d’Argentine et du Mexique, faisant le lien avec la rencontre sud-américaine qui s’était tenue la semaine précédente (du 20 au 22 octobre) en Uruguay et celle d’Amérique du Nord et centrale fixée la semaine suivante (du 3 au 5 novembre). Ces trois rencontres s’inscrivent dans la préparation de la réunion mondiale biennale qui se tiendra en août ou septembre 2017 à Buenos-Aires. Les délégué-es d’usines récupérées (terme utilisé en Amérique latine) venaient aussi d’Italie, de Serbie, de Croatie, de Bosnie, de Turquie, de l’État espagnol et de Grèce. Des organisations syndicales défendant les valeurs de l’autogestion étaient présentes : Solidaridad Obrera (Etat espagnol), ELA (Pays basque), RIS (Croatie), IP (Pologne) et l’Union syndicale Solidaires.

La délégation française était étoffée et plurielle. La SCOP-TI (ex-Fralib) était bien sûr représentée mais aussi les Amis de la Fabrique du sud (ex-Pilpa) de Carcassonne, une importante délégation de l’Union syndicale Solidaires, des syndicalistes CGT, des associations telles qu’Attac ou le RIPESS, deux journalistes dont un de Politis, sans parler de la présence de différent-es adhérent-es de l’Association Autogestion.

La délégation française autour de nos interprètes Sheila et Dorothée, sans qui ces rencontres n’auraient pas été possibles. Un grand merci.

Ces journées ont été très riches en débats et en réflexions, non seulement sur les principes de l’autogestion, mais aussi sur leur application concrète et les liens entre entreprises autogérées, syndicats et associations. Après une première journée portant sur la présentation de dix entreprises récupérées, les débats de la seconde journée se sont focalisés sur les occupations d’usines, les valeurs et relations dans l’autogestion, les caractéristiques d’une économie des travailleurs militante et alternative, l’autogestion en dehors de la sphère productive, la place de l’autogestion dans la transformation sociale, la place des syndicats et des structures de soutien, les réseaux locaux et internationaux d’entreprises récupérées ainsi que la réappropriation du bien public.

Présentation des entreprises récupérées de Croatie, Bosnie et Serbie

Les travailleurs de VioMe ont pris l’initiative de réunir séparément les travailleurs des entreprises récupérées présentes pour travailler sur quatre thèmes (voir leur appel en encadré) :
– Qu’est-ce qu’une économie des travailleurs ? Quels en sont les critères ?
– Mise en place d’un fonds de solidarité entre entreprises récupérées.
– Pratiques et fonctionnement des coopératives.
– Échanges de produits entre entreprises récupérées.

Yves Baroni, délégué de la Scop-TI

Cette initiative nous paraît essentielle et d’une nature profondément autogestionnaire pour la suite du processus de ces rencontres : les premiers concernés sont en effet les plus à même de définir le périmètre de ces rencontres ainsi que ses objectifs. Malheureusement, cet appel a été mal relayé en amont dans les différentes entreprises participantes. Si un accord de principe se fait jour sur le contenu d’une « économie des travailleurs » et l’exigence qu’ils ont à l’égard de la forme coopérative, celui-ci devra être validé dans les différentes entreprises participantes. Il a par ailleurs été convenu de renforcer les relations bilatérales de distribution de produits entre entreprises afin d’aller progressivement vers un réseau mutualisé.

Il convient de saluer la remarquable organisation et le travail préparatoire réalisé par nos camarades grecs depuis des mois qui ont largement contribué à la réussite de cette rencontre, tant du point de vue programmatique que logistique.

Pour l’Association Autogestion, cette seconde rencontre régionale a indéniablement été un succès. L’enjeu de ces rencontres est de constituer un réseau permanent – qui ne se limite pas à l’organisation de celles-ci tous les deux ans – susceptible d’engager un processus politique autour du concept d’économie des travailleurs et de solidarité active entre les expériences. L’Association Autogestion y contribuera au regard de ses capacités et de ses spécificités en continuant de mobiliser différents acteurs en France.

Après les deux premières éditions en France et en Grèce, la prochaine rencontre euroméditerranéenne se déroulera en Italie dans les locaux de Rimaflow à Milan en 2018.

Les propositions de VioMe pour l’assemblée des entreprises récupérées lors de la seconde rencontre « L’économie des travailleurs » du 30 octobre 2016L’expérience négative du fonctionnement des coopératives agricoles (qui sont les exemples les plus connus de coopératives en Grèce) nous montre que nous devons expérimenter des pratiques nouvelles et différentes concernant notre travail de tous les jours, nos modes de décision ainsi que nos droits et devoirs en tant qu’entreprise autogérée.

Nous, les travailleurs de VioMe et les participants de cette assemblée, voudrions faire des suggestions afin de répondre aux problèmes qui se posent dans la gestion des coopératives. Nous souhaiterions que ces suggestions soient débattues dans les assemblées des autres entreprises récupérées afin que vous veniez à la seconde rencontre euroméditerranéenne « L’économie des travailleurs » avec vos propres suggestions, dans l’objectif d’élaborer des positions communes et de prendre des décisions partagées.

Les quatre sujets que nous voudrions aborder sont les suivants :

1. Le sens du coopérativisme. Selon nous, il ne devrait pas y avoir de distinction entre les travailleurs et les sociétaires dans une coopérative. La distinction entre ceux qui travaillent et ceux qui détiennent des actions est une caractéristique d’une entreprise classique telle qu’une SA qui ne doit pas être reproduit dans une coopérative. Au lieu de cela, nous suggérons que chaque travailleur soit sociétaire et que chaque sociétaire soit un travailleur.

2. Nous voudrions relancer une idée qui avait été émise dans la précédente rencontre « Économie des travailleurs » de Marseille : la constitution d’un fonds commun, d’un fonds d’aide mutuel entre entreprises récupérées et toute coopérative qui souhaiterait y participer. Nous proposons la création d’un compte commun dans lequel nous pourrions déposer – par exemple – 1 % du chiffre d’affaires annuel. Ce fonds pourrait être utilisé pour aider toute entreprise en difficulté financière ou pour aider à établir de nouvelles coopératives qui nécessitent du financement.

3. Nous voudrions échanger des idées sur le fonctionnement des coopératives. Même si nous ne pouvons prendre des décisions sur ce sujet dans le cadre de cette rencontre, ce type de discussion peut nous aider à avancer et commencer un dialogue entre entreprises récupérées et collectifs qui pourrait déboucher sur des décisions lors de la prochaine rencontre.

Nous, les travailleurs de VioMe, pensons que la seule structure de décision doit être l’assemblée des travailleurs et que celle-ci doit conditionner les divers comités exécutifs qui mettront en pratique les décisions de l’assemblée. Les membres de la direction sont des délégués qui ne doivent pas se substituer à l’assemblée ; ils sont révocables et contrôlés par l’assemblée durant leur mandat. Ils ne sont pas nécessairement membre du conseil d’administration.

4. La proposition de soutien mutuel entre entreprises récupérées doit aussi prendre la forme d’un réseau commun de distribution. Nous pourrions trouver des moyens de distribuer les produits des autres entreprises par nos réseaux locaux. Par exemple, nous pouvons distribuer les thés Scop-TI en Grèce et vice versa. Cette distribution réciproque ne devra pas seulement être prise en charge par deux entreprises, mais par un réseau logistique ouvert qui permettrait la distribution des produits des entreprises récupérées à travers toute l’Europe et qui nous permettrait d’économiser les frais d’expédition. Il est, de ce point de vue, intéressant de s’inspirer des pratiques de nos collègues de RiMaflow.

Nous le voyons comme un réseau qui regrouperait toutes les entreprises intéressées, qui pourrait mettre en place des stocks à des endroits adéquats à partir desquels les produits pourraient être distribués à travers toute l’Europe, et de créer une boutique web qui pourrait faciliter les ventes Internet. En se développant, ces activités créeront des emplois pour les chômeurs.

Nous proposons une réunion ouverte de l’assemblée des entreprises récupérées dimanche 30 octobre, troisième jour de la rencontre « L’économie des travailleurs », afin de discuter de ces sujets – ou de tout autre que vous voudriez proposer à votre réseau – et chercher à obtenir une position consensuelle qui nous permette d’initier des actions communes.

Pour cela, nous suggérons que les assemblées des différentes entreprises récupérées discutent les questions sus-mentionnées et nomment des délégués pour participer la la rencontre du 30 octobre.

Dans l’attente de vous retrouver.

Solidairement,

Les membres de la coopérative de travailleurs de VioMe.

Une vidéo d’ambiance relative à la rencontre de Thessalonique : https://youtu.be/I1A65yM1tAo

 

 

Film débat « je lutte donc je suis  » en présence de Y Youlontas

Dans le cadre du cycle Bechamelle ne manquez pas la soirée du 2 décembre au Percy. L’association projette le film « Je lutte donc je suis » mais le moment fort de la soirée sera la présence de Yannis Youlontas le réalisateur, franco-grec, écrivain, philosophe qui animera le débat et donnera les dernières actualités sur la Grèce.je-lutte-donc-je-suis-au-percy

Le « collectif citoyen de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe » sera également présent tout au long de cette soirée exceptionnelle.

Hormis quelques médias alternatifs, la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple grec suite au 3eme mémorandum est peu évoquée à la télévision et dans la presse. C’est l’occasion de rompre ce silence . De plus Yannis Youlontas a été témoin des dernières émeutes à Athènes du 15 au 18/11/16 .

Synopsis du film : De Grèce et d’Espagne, un vent du sud sur l’Europe, contre la résignation. Dans les villes et les campagnes, dans les îles et les montagnes, au cœur des luttes et des alternatives en actes, des femmes, des hommes, mais aussi des enfants refusent de baisser les bras. Une même devise résume leur courage de résister, leur joie de créer et leur persévérance à toute épreuve : « Je lutte donc je suis » (prononcer « Agonizomai ara iparko » en grec et « Lucho luego existo » en espagnol). Quelques mots pour vivre debout, parce que rester assis, c’est se mettre à genoux. Une brise marine, souriante et solidaire, de Barcelone à Athènes et d’Andalousie en Crète, qui repousse les nuages du pessimisme. Un voyage palpitant en musique, d’un bout à l’autre de la Méditerranée, en terres de luttes et d’utopie.

Musiques : Angélique Ionatos- Manu Chao- Killah P- Léo Ferré- Alessandro Di Giuseppe et beaucoup d’autres.

Pensez au covoiturage .

Plus de 4.600 décès de migrants en Méditerranée depuis début 2016

Plus de 4.600 décès de migrants en Méditerranée depuis début 2016

GENEVE (Reuters) – Au moins 365 migrants se sont noyés cette semaine en Méditerranée en tentant de gagner les côtes italiennes, a annoncé vendredi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Depuis le début de l’année, l’OIM a recensé 4.636 décès en mer, soit 1.000 de plus que sur l’ensemble de l’année 2015.

« C’est vraiment une catastrophe qui se déroule aux yeux de tous », a déclaré le porte-parole de l’OIM, Leonard Doyle.

Au cours de la semaine écoulée, six embarcations au moins ont chaviré, a-t-il précisé. Les dernières victimes étaient pour l’essentiel originaires d’Afrique de l’Ouest, sans doute de la Gambie, du Ghana, du Mali, du Nigeria et du Sénégal.

L’accroissement des décès en Méditerranée, entre les côtes libyennes et l’Italie, est en partie la conséquence de l’accord conclu en mars entre l’Union européenne et Ankara qui a eu pour effet de geler les passages entre la Turquie et la Grèce.

Il s’explique également par l’utilisation par les passeurs d’embarcations de plus en plus fragiles.

Toujours selon les bilans de l’OIM, quelque 343.598 personnes sont arrivées en Europe depuis le début de l’année; l’an passé, à pareille époque, ils étaient 728.926.

Allègement de la dette grecque, pour Berlin «nein»

Barack Obama propose un allègement de la dette grecque, mais pour Berlin, c’est «nein»

Le ministre allemand des Finances n’a pas tardé à recadrer les choses. Répondant indirectement au souhait du président américain de donner un peu d’air à la Grèce, Wolfgang Schäuble a estimé que ce ne serait pas «rendre service» aux Grecs.

Pour l’Allemagne, il n’est pas question de restructurer la dette de la Grèce et encore moins de l’alléger. Et quand bien même ce serait le président des Etats-Unis qui en ferait la demande. «Quiconque propose d’alléger la dette, ne rend pas service à la Grèce», a ainsi déclaré Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, afin de couper court à tout débat.

Lors de sa tournée d’adieux en Europe et de passage à Athènes, où sa visite a été émaillée par de violents affrontements entre la police et des manifestants, Barack Obama, parmi quelques pistes pour un monde meilleur, avait exprimé le souhait de voir les créanciers de la Grèce assouplir leurs positions : «On constate que la Grèce poursuit les réformes engagées. Dès lors, le Fonds monétaire international a considéré qu’un allègement de la dette était crucial», a-t-il ainsi déclaré.

«Pour ma part, je continuerai à plaider dans ce sens auprès des créanciers afin de contribuer à remettre le pays sur les rails d’une croissance économique durable. C’est dans l’intérêt de tous que la Grèce réussisse», a-t-il poursuivi, estimant que l’austérité seule ne pouvait apporter la prospérité.

Sept longues années d’austérité, une population à bout

Mais avant que Barack Obama ne prenne l’avion qui doit l’emmener d’Athènes à Berlin, où la chancelière allemande l’attend, le ministre des Finances allemand a tout de suite opposé une fin de non recevoir, diplomatique mais ferme, aux conseils du dirigeant américain. Du même coup, il a douché les espoirs du gouvernement grec qui voyait en Barack Obama un porte-parole capable d’adoucir la position de l’Union européenne à l’égard de la Grèce. «L’économie grecque – et la population grecque, après sept ans, ne peuvent plus supporter d’avantage d’austérité», a déploré le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.

https://francais.rt.com/economie/29044-barack-obama-allegement-dette-grece

Dr. SCHAÜBLE provoque à nouveau le peuple grec

Dr SCHAÜBLE PROVOQUE A NOUVEAU LE PEUPLE GREC ET ANNONCE UNE NOUVELLE VAGUE D’AUSTERITE SEVERE

Le ministre allemand de l’Economie, Wolfgang Schaüble, s’est surpassé dans la provocation : au cours d’un Congrès de banques vendredi dernier à Francfort, il a affirmé – pour le dénoncer – que « les Grecs vivent au-dessus de leurs moyens. Ils bénéficient de prestations sociales et de pensions hors de proportion avec  leur revenu intérieur brut – et même supérieures à celles qui existent en Allemagne ( !) ».

Il a aussi répété que « la Grèce n’a pas de problème pour assurer le service de la dette au cours de la décennie prochaine », selon Reuters. Il a à nouveau émis l’opinion qu’un allègement de la dette grecque freinerait la mise en oeuvre des réformes.

Selon lui, la Grèce ne réalise pas les réformes nécessaires au développement du pays dans plusieurs domaines : les services publics, la question du travail et la réglementation du marché intérieur.

Il s’agit là du troisième « Non » du ministre allemand aux demandes de la Grèce concernant la dette, formulées après la visite du président américain sortant Obama à Athènes.

« Ceux qui parlent aujourd’hui d’allègement de la dette grecque découragent ceux qui veulent des réformes » a déclaré jeudi  Schaüble à Vienne. Il avait soutenu la veille, dans une interview au journal  Passauer Neue, que la discussion concernant l’allègement de la dette porte tort à la Grèce. « Celui qui dit : « Nous allons diminuer ta dette » fait du mal à la Grèce », a-t-il  déclaré en vue de la réunion critique de l’Eurogroup prévue le 5 décembre.

Au cours d’une intervention précédente, Schaüble avait soutenu que le problème du pays n’était pas la dette, mais le manque de compétitivité et avait souligné que l’allègement du fardeau ne ferait que diminuer la volonté de réformes. Il insiste pour le report de toute discussion à ce sujet à la fin de la réalisation du programme : « Si nous en parlons maintenant, cela amoindrira la disposition du gouvernement à réformer ».ti-einai-to-euro-h-apath-toy-euro

ANNONCE D’UNE NOUVELLE VAGUE D’AUSTERITE EN GRECE

Ces déclarations provocantes de Schaüble ne sont pas seulement révélatrices du mépris profond qu’il a pour un peuple et pour un pays où tous les mémorandums qu’il a imposés ont échoué, un pays où règne depuis presque 9 années consécutives une très grave récession et une austérité d’une sauvagerie jamais vue.

Elles viennent à point pour montrer le ridicule de l’Obamania qui avait envahi la Grèce de la soumission volontairement : les paroles d’Obama concernant la dette se sont révélées un simple exercice de relations publiques, qui a été totalement ignoré en Allemagne. Surtout, ces déclarations sont l’annonce d’une nouvelle vague de coupes brutales dans les salaires, les retraites et les dépenses publiques, puisque selon Schaüble les Grecs reçoivent des prestations supérieures à ce qu’ils produisent, et même comparativement supérieures à celles que reçoivent les Allemands !

Ces prises de position ridiculisent aussi le gouvernement et toute la classe politique volontairement soumise aux mémorandums : Schaüble indique ainsi, avec une incroyable arrogance, en véritable colonialiste, le programme de privations et d’appauvrissement que le personnel politique grec devra mettre en application par la suite pour le plus grand malheur du peuple grec.

Il se confirme une fois de plus que la Grèce ne peut rien attendre de « philhellènes » du genre d’Obama – ni des néocolonialistes allemands qui tentent de sauver un « européanisme » antisocial et une « mondialisation » de brigandage et de guerre.

La Grèce peut et doit se redresser, avec une stratégie nationale de reconstruction et de justice, en réponse aussi bien au bloc néolibéral des mémorandums qu’à l’offensive réactionnaire des néo-conservateurs.

Source iskra.gr

traduction Joelle Fontaine

https://unitepopulaire-fr.org/2016/11/20/les-grecs-vivent-au-dessus-de-leurs-moyens-dr-schauble-provoque-a-nouveau-le-peuple-grec/

Espagne : Désobéir aux créanciers pour rompre avec l’austérité

Espagne : L’enjeu de l’audit de la dette des municipalités et du manifeste d’Oviedo. Désobéir aux créanciers pour rompre avec l’austérité

novembre par Eric Toussaint , Fátima Martín

   
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L’expérience démontre que des mouvements de gauche peuvent parvenir au gouvernement sans pour autant arriver réellement au pouvoir. La démocratie, c’est à dire l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple, requiert bien davantage. Le problème s’est posé en Grèce en 2015 avec Syriza et se posera à l’avenir avec les forces du changement en Espagne et dans d’autres pays européens.

La question se pose pour tout mouvement de gauche qui parvient au gouvernement dans une société capitaliste. Lorsqu’une coalition ou un parti de gauche parvient au gouvernement, il n’obtient pas le pouvoir réel. Le pouvoir économique (la propriété et le contrôle des groupes financiers et industriels, des grands moyens de communication, des grandes enseignes commerciales, etc.) demeure entre les mains de la classe capitaliste, c’est à dire le 1 % le plus riche. Cette classe capitaliste contrôle l’État, le pouvoir judiciaire, les Ministères de l’Économie et des Finances, la Banque centrale… En Grèce et en Espagne, comme dans d’autres pays, un gouvernement déterminé à exercer des changements structurels devra entrer en conflit avec le pouvoir économique pour affaiblir et ensuite mettre fin au contrôle de la classe capitaliste sur les grands moyens de production, de services, de communication et sur l’appareil d’État.

Si les gouvernements de gauche veulent réellement rompre avec les politiques d’austérité et les privatisations qui ont cours actuellement dans toute l’Europe, ils entreront immédiatement en conflit avec les puissantes forces conservatrices tant au niveau national qu’au niveau européen. Et ce par le simple fait d’affirmer que le gouvernement désire appliquer les mesures demandées par la population qui rejette l’austérité. Chaque gouvernement véritablement de gauche fera face à une dure opposition des instances européennes, de la majorité des gouvernements de l’Union européenne ainsi que des dirigeants et grands actionnaires des principales entreprises privées, sans oublier le FMI.

Même en autolimitant son programme de changement, chaque gouvernement de gauche fera face à une forte opposition. En effet, les classes dominantes et les instances européennes (intimement liées et solidaires) veulent aller plus loin encore dans l’attaque concertée au niveau européen contre les droits économiques et sociaux des peuples, sans oublier leur volonté de limiter fortement l’exercice des droits démocratiques |1|.

Il est illusoire de penser pouvoir convaincre les autorités européennes et les dirigeants des grandes entreprises (principalement financières et industrielles) d’abandonner le cours néolibéral qui a été renforcé depuis 2010. Alors que François Hollande et Matteo Renzi ont timidement proposé de diminuer l’austérité, ils visent en même temps à transposer le modèle allemand dans leurs pays respectifs |2|. Or, ce modèle allemand se traduit par la précarisation la plus avancée des droits de négociation collective et de la protection des conquêtes des travailleurs. Ils n’ont pas non plus été les alliés du peuple grec au cours de l’année 2015 qui fut décisive et ne le seront pas à l’avenir pour soutenir de réelles forces de gauche dans d’autres pays européens.

La conclusion qui s’impose est qu’il n’y aura pas de chemin facile pour la mise en route d’un programme économique et social de rupture avec l’austérité et les privatisations. Les gouvernements de gauche devront désobéir aux créanciers, aux autorités européennes et au FMI (lesquels se confondent largement) pour respecter leurs promesses électorales. Le degré de rejet de l’austérité et des politiques européennes est tel qu’il permet à ces gouvernements de gauche de bénéficier d’une légitimité et d’un appui considérable. Le refus du paiement d’une partie substantielle de la dette constituera un élément clé dans la stratégie du gouvernement, de même que la décision de mettre fin aux privatisations et de rétablir pleinement les droits sociaux affectés par les politiques d’austérité. Il s’agit là d’une combinaison vitale.

La réduction radicale du stock de la dette et la diminution drastique de la partie du budget consacrée au paiement de la dette est une condition sine qua non pour pouvoir augmenter massivement les dépenses sociales et les investissements nécessaires pour financer la transition écologique et la création d’emplois.

Un gouvernement de gauche doit socialiser le secteur bancaire (c’est à dire procéder à l’expropriation du capital des grands actionnaires privés et transformer les banques en un service public sous contrôle citoyen |3|). Il doit par ailleurs prendre des mesures strictes de contrôle des mouvements de capitaux, collecter un impôt sur le patrimoine du 1 % le plus riche, refuser les emprunts conditionnés à la poursuite de l’austérité et des privatisations, refuser le paiement d’une dette largement illégitime, illégale, insoutenable du point de vue de l’exercice des droits humains, y compris odieuse. L’audit de la dette avec participation citoyenne active est l’un des nombreux instruments dont dispose un gouvernement de gauche pour favoriser la participation et le soutien de la population et qui lui permet en même temps de renforcer sa position face aux créanciers. L’audit a pour objectif d’identifier la partie de la dette qui ne doit pas être remboursée, en d’autres termes qui doit être répudiée.

Sans prétendre à l’exhaustivité on peut avancer les définitions suivantes :

Dette publique illégitime : dette contractée par les pouvoirs publics sans respecter l’intérêt général ou contractée pour favoriser particulier d’une minorité privilégiée.

Dette illégale : dette contractée en violation de l’ordre juridique ou constitutionnel applicable.

Dette publique odieuse : crédits liés à la mise en place de politiques qui violent les droits sociaux, économiques, culturels, civils ou politiques des populations affectées par le paiement de ladite dette, en connaissance de cause des créanciers. Par exemple, la dette contractée pour sauver les banques espagnoles en application des politiques dictées par la Commission européenne pour imposer davantage d’austérité qui viole les droits économiques et sociaux de la population |4|.

Dette publique insoutenable : dette dont le remboursement empêche les pouvoirs publics de garantir les droits humains fondamentaux.

Le point 9 de l’article 7 du Règlement n°472/2013 du Parlement et du Conseil européens du 21 mai 2013 – règlement que nous avions déjà dénoncé car il constitue la mise sous tutelle des États membres soumis aux plans d’ajustement structurel – prescrit cependant à ces pays la réalisation d’un audit intégral afin de déterminer les raisons de l’augmentation exagérée de l’endettement et de révéler d’éventuelles irrégularités. Le texte complet du point 9 dudit article 7 dispose que : « Un État membre soumis à un programme d’ajustement macroéconomique effectuera un audit exhaustif de ses finances publiques afin entre autres d’évaluer les raisons pour lesquelles on a atteint des niveaux excessifs d’endettement et de détecter toute possible irrégularité |5|. »

Le gouvernement grec d’Antonis Samaras (2012-2014) s’est abstenu d’appliquer cette disposition du règlement pour cacher ainsi à la population grecque les véritables motifs de l’augmentation de la dette et les irrégularités qui y sont liées. Les autres gouvernements européens sous assistance financière, y compris celui de Mariano Rajoy |6|, n’ont pas davantage effectué d’audit. La Commission européenne n’exige pas cet audit car elle s’est rendue compte que cette disposition du règlement est susceptible d’aller à l’encontre de ses intérêts et de ceux des créanciers. Nous plaidons pour qu’un gouvernement de gauche prenne des mesures unilatérales d’autodéfense face aux impositions injustes des institutions européennes. Il est nécessaire de désobéir en s’appuyant sur cet article du règlement européen que les gouvernements qui imposent l’austérité et la Commission européenne n’appliquent pas.


L’enjeu de l’audit de la dette des municipalités

Après plus de 5 années d’austérité imposée par l’Union européenne en connivence avec les gouvernements espagnols de Zapatero et Rajoy, les « municipalités dites du changement » |7| ont commencé à se rebeller contre cette situation. En 2011, l’article 135 de la Constitution espagnole avait été modifié pour donner la priorité absolue au paiement de la dette |8|. Par la suite surgirent des lois « austéritaires » comme la loi de stabilisation budgétaire et la loi « Montoro » relative aux administrations locales |9|. La mise en œuvre de ces lois détruit l’autonomie des municipalités et des gouvernements autonomes et attaque les droits des citoyens. Nous considérons qu’il s’agit de lois particulièrement injustes imposées sans légitimité démocratique. De fait, la loi « Montoro » a été déclarée partiellement inconstitutionnelle |10|.

La socialisation des pertes à laquelle a donné lieu le sauvetage bancaires espagnol s’est poursuivie avec des mesures comme le « Plan de paiement des fournisseurs » (Plan de pago a Proveedores, FFPP) des municipalités ou le « Fonds de liquidités à destination des Communautés autonomes » (Fondo de Liquidez Autonómico, FLA) qui, au lieu de servir l’intérêt général, ont en réalité servi l’intérêt des banques. Celles-ci ont prélevé un intérêt jusqu’à 26 fois supérieur à celui auxquelles elles empruntent auprès de la Banque centrale européenne (BCE).

Le 20 novembre 2015, la municipalité de Cadix, dont le maire José María González dit « Kichi » est à la tête d’une équipe municipale composée de mouvements favorables au changement |11|, a présenté une motion en ce sens, mais elle n’a pas été approuvée par l’opposition. Cette motion mettait en avant que la dette de 90 millions d’euros liée au « Plan de paiement des fournisseurs » avait généré un surcoût de 14 millions d’euros d’intérêts abusifs. L’argument en faveur de l’illégitimité de ce surcoût était la différence abusive entre le taux auxquelles les banques avaient emprunté auprès de la Banque centrale européenne (0,25 % en 2013) et le taux d’intérêt (de 3,34 %) auxquelles ces mêmes banques avaient prêté aux municipalités. Le différentiel étant ici de 1 à 13 |12|.

Un autre élément qui atteste de l’illégitimité de ces « Plans de paiement des fournisseurs » et « Fonds de liquidités à destination des Communautés autonomes » est leur utilisation électoraliste de la part du gouvernement de Mariano Rajoy pour soutenir son parti. Au cours de l’année électorale 2015, il a éliminé les intérêts que les municipalités devaient payer aux banques et a fixé à 1,31 % à partir de 2016 et pour une période de 7 ans le taux d’intérêt qui serait octroyé aux banques. Ce qu’il faut comprendre c’est que si Rajoy, par décision de gouvernement, impose aux banques de prélever un intérêt moindre, c’est que les taux prélevés précédemment étaient clairement abusifs. Cela démontre également que même le gouvernement du Parti populaire (droite) peut lorsque cela l’arrange prendre une décision contre les banques pour diminuer la dette |13|. Cela étant, le taux de 1,31 % demeure illégitime tenant en compte que les banques se financent depuis mars 2016 auprès de la BCE à un taux de 0 % |14|.

Le Plan de paiement aux fournisseurs peut également être un moyen de blanchir des dettes illégales. L’audit pourrait montrer des années après comment une municipalité aurait contracté une dette commerciale illégale. Avec le Plan de paiement aux fournisseurs, cette dette commerciale a été transformée en dette financière. Le créancier n’étant plus l’entreprise commerciale mais une banque. Cette restructuration de dettes, comparable à ce qui s’est passé en Amérique latine ou en Grèce, s’est faite dans l’intérêt de la banque et sert en plus à blanchir une dette illégale. Lorsqu’un délit est lié à la contraction d’une dette, il ne disparaît pas lorsque cette dette change de mains, quand bien même tel était l’objectif.

Au cours de cette année 2016, le gouvernement « en affaires courantes » de Mariano Rajoy n’a pas cessé d’appliquer l’austérité, en obéissant servilement à une Commission européenne de plus en plus affaiblie et discréditée. Le ministre des finances et des administrations publiques, Cristóbal Montoro – le même qui a signé l’amnistie fiscale de 2012 – a envoyé des courriers menaçants aux municipalités pour leur ordonner la fermeture des entreprises offrant des services publics fondamentaux comme l’épuration des eaux usées ou le transport urbain. Sa « dictature politique » a amené les municipalités à entrer en résistance et la Fédération espagnole des Municipalités et Provinces (FEMP), présidée par un maire du PSOE (parti socialiste), a exigé un moratoire de la « Loi Montoro ».

L’exigence de fermeture des entreprises publiques locales est très mal passée puisque les municipalités sont les entités les moins endettées, à hauteur de 3,2 % du PIB. A comparer avec le taux d’endettement des Communautés autonomes qui est de l’ordre de 24,9 % du PIB. Le total de la dette publique au second trimestre 2016 a atteint 101 % du PIB.

Les Communautés autonomes subissent aussi les pressions du Ministre Montoro qui a exigé des mesures d’austérité en exerçant un chantage avec le Fonds de liquidités qui leur est destiné (FLA). Or, lors de la réunion d’avril 2016, le Conseil de politique budgétaire et financière en charge de la coordination de l’activité financière des Communautés et des finances de l’État, il y a eu un consensus absolu de toutes les Communautés Autonomes de toutes couleurs politiques pour contester la politique de répartition du déficit ainsi que de l’objectif exigé par Bruxelles |15|.

Notre activité en tant que Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) et en tant que Plateforme espagnole d’audit citoyen de la dette (PACD) s’inscrit dans cette défense de la souveraineté populaire et de la dignité contre l’austérité et la dictature de la dette. Nous soutenons la réalisation d’audits citoyens. Il est nécessaire que les gouvernements du changement soutiennent la volonté des citoyens d’identifier les dettes illégitimes. Ces gouvernements devraient stimuler et apporter leur concours aux audits qui ne peuvent se limiter à un simple exercice démocratique mais qui doivent déboucher sur une pratique pour en finir avec le paiement des dettes illégitimes et punir les responsables.

Si on paie les créanciers, notre dette n’est pas leur problème. Comme le dit un proverbe populaire : si vous avez une dette de 1000 euros à l’égard de votre banque et que vous ne pouvez pas la payer, le problème est le vôtre. S’il s’agit d’une dette de 10 millions d’euros et qu’elle n’est pas remboursée, c’est la banque qui a un problème.

Nous savons que rien de cela ne sera possible sans une mobilisation nécessaire et indispensable. Si le mouvement citoyen, les mouvements sociaux, les militant-e-s et membres des forces de gauche abandonnent la question du refus de paiement de la dette illégitime dans l’État espagnol et se limitent à la revendication d’une simple restructuration, on aboutira à une déception comme dans le cas de la Grèce. De ce fait, il est nécessaire de maintenir l’importance de ce combat et de jeter toutes ses forces dans la bataille.

L’exemple le plus récent est le Manifeste d’Oviedo |16| qui propose un front des municipalités, communautés autonomes et nationalités de l’État espagnol contre la dette illégitime. Celui-ci a reçu l’appui de près de 600 conseillers municipaux et députés de différents territoires et partis politiques et est ouvert aux mouvements sociaux, activistes et citoyens.

Fátima Martin |17| et Éric Toussaint |18|
Traduction : Virginie de Romanet

Notes

> |1| Eric Toussaint, « Union européenne : conquêtes démocratiques et sociales radicalement remises en cause », 16 décembre 2014, http://www.cadtm.org/Union-europeenne-conquetes

> |2| Eric Toussaint, « Le modèle allemand et l’offensive contre les droits sociaux », 7 janvier 2015, http://www.cadtm.org/Le-modele-allemand-et-l-offensive

> |3| Voir : Éric Toussaint, Michel Husson, Patrick Saurin, Stavros Tombazos, Miguel Urbán Crespo, « Que faire des banques ? Version 2.0. Mesures immédiates pour aller vers la socialisation », 25 mars 2016, http://www.cadtm.org/Que-faire-des-banques-Version-2-0

> |4| Voir en espagnol : https://www.boe.es/diario_boe/txt.p…>

> |5| Règlement n°472/2013 du Parlement et du Conseil européens du 21 mai 2013 sur le renforcement de la supervision économique et budgétaire des États membres de la zone Euro connaissant ou risquant de connaître de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière. Disponible sur : http://eur-lex.europa.eu/legal-cont…>

> |6| Le gouvernement de Rajoy est sous assistance financière via le Fonds européen de stabilité financière (FESF).

> |7| Ces municipalités qui à l’issue des élections municipales du 24 mai 2015, sont gouvernées par de nouvelles formations « populaires » nées dans la foulée du mouvement des Indignés de 2011 et qui regroupe divers partis politiques progressistes et sont généralement appuyées par des mouvements sociaux. C’est le cas à Madrid avec Ahora Madrid, à Barcelone avec Barcelona en Comú, à Valence avec València en Comú, à Zaragoza avec Ganemos Zaragoza en Común, à Cadiz avec Por Cadiz sí se puede et Ganar Cádiz en Común…>

> |8| Réforme de l’article 135 de la Constitution espagnole, du 27 septembre 2011. Voir en espagnol le Bulletin officiel de l’État : http://www.boe.es/diario_boe/txt.ph…>

> |9| Loi de stabilisation budgétaire : Loi organique 2/2012, du 27 avril, de stabilisation budgétaire et de soutenabilité financière. Voir en espagnol le Bulletin officiel de l’État : https://boe.es/buscar/act.php?id=BO…
La Loi Montoro limite les dépenses des municipalités aux dépens des services publics pour satisfaire le service de la dette : Loi 27/2013, du 27 décembre, de rationalisation et soutenabilité de l’administration locale. Voir en espagnol le Bulletin officiel de l’État : https://www.boe.es/boe/dias/2013/12…>

> |10| Lire en espagnol : Fátima Martín, « España : Ayuntamientos en pie de guerra exigen una moratoria de la austeritaria Ley Montoro, declarada parcialmente inconstitucional », 31 août 2016, http://www.cadtm.org/Espana-Ayuntamientos-en-pie-de>

> |11| Il s’agit des mouvements Sí se puede Cádiz et Ganar Cádiz qui coexistent à côté des partis traditionnels.>

> |12| Voir : Fátima Martín, Gouvernement municipal de Cadix, « Le gouvernement municipal de Cadix juge que la majeure partie de la dette de la Ville devrait être considérée comme illégitime », 7 mars 2016, http://www.cadtm.org/Le-gouvernement-municipal-de-Cadix>

> |13| Éric Toussaint, « En Espagne, il est fondamental que les municipalités du changement constituent un front commun, qu’elles soient ou non confrontées dans l’immédiat à un problème de dette », 28 février 2016, http://www.cadtm.org/Eric-Toussaint-En-Espagne-il-est>

> |14| Notons qu’entre septembre 2014 et mars 2016, les banques espagnoles se sont financées auprès de la BCE à un taux de 0,5% : http://www.ecb.europa.eu/stats/mone… (consulté le 9 octobre 2016).>

> |15| La dette de la Communauté autonome d’Aragon a été multipliée par 6 au cours des 8 dernières années, une augmentation « absolument illégitime ». Voir à ce sujet en espagnol : http://www.cadtm.org/La-deuda-de-Aragon-se-ha

> |16| Manifeste d’Oviedo, publié le 21 octobre 2016 en français : http://www.cadtm.org/Manifeste-d-Oviedo

> |17| Journaliste. Membre de la PACD et du CADTM Espagne.

> |18| Docteur en sciences politiques des Universités de Liège et Paris VIII, historien de formation, Éric Toussaint est porte-parole du CADTM International. Il lutte depuis de nombreuses années pour l’annulation des dettes publiques au Sud et des dettes publiques illégitimes au Nord. Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque créée en 2015 par la présidente du parlement grec.

http://www.cadtm.org/Espagne-L-enjeu-de-l-audit-de-la

Émeutes en Grèce par Yannis Youlontas

Ils nous croyaient à genoux, écrasés par la dette et l’austérité, soumis et résignés, mais une fois de plus, rien n’est fini en Grèce !
On compte sur vous pour le faire savoir. Aidez-nous à contrer la désinformation et le silence assourdissant en France, en Belgique et ailleurs… Merci !
Y.Y. et d’autres occupants de l’Ecole polytechnique à Exarcheia

URGENT GRÈCE : ÉVÉNEMENTS A ATHÈNES !!!

Tout a commencé mardi soir :
A suivre en direct ici :
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