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Grèce : expulsion d’une maison de soins

150 PERSONNES ÂGÉES À LA RUE…UNE HONTE !

La Maison de soins « Saint Georges » à Glyfada ( Banlieue d’Athènes) accueille des personnes âgées . La majorité d’entre elles sont handicapées et de nombreux patients sont atteints de la maladie d’Alzheimer.
Le responsable de la Maison n’ a pas payé à la société propriétaire le loyer de plus de trois mois, devant ainsi 194.000 euros. Le Tribunal a demandé l’expulsion le 4 juillet dernier. Personne n’en a été informé… Le 6 octobre le jugement est devenu exécutoire et le tribunal a envoyé les huissiers et la police pour procéder à l’expulsion des 150 personnes âgées résidentes ! Leurs familles ont du faire face à cette décision sans être ni informées ni préparées, devant trouver en urgence une solution de placement.
Les familles qui sont dans le désespoir parce qu’ils ne savent pas où se retourner appellent à une prolongation du séjour, jusqu’à ce qu’ils trouvent un endroit approprié pour l’ hospitalité.
Il est intéressant de noter, cependant, qu’un jour avant la fermeture , on a demandé aux parents de payer l’argent pour le séjour des patients dans la structure, ce qu’ils ont fait. Malgré leurs protestations il n’ y a pas eu de remboursement …

> Le journaliste qui a relaté ces faits note que ce n’est pas le 1er incident de ce type, d’autres Maison d’accueil pour personnes âgées ont fait faillite et ont procédé de la même façon…

9/10/16 d’un correspondant de Grèce.

Dépêche du dispensaire social D’ELLINIKO

Au désarroi  sans fin notre réponse c’est la Solidarité

Nous revenons sur la question de l’accès au Système National de Santé (ΕΣΥ) des patients non assurés, mais également des patients assurés, suite aux constats répétés que des patients sont exclus des prises en charge.

Examinons de manière exhaustive ce qui finalement s’applique aux personnes non assurés, aussi ce qui a récemment changé pour une partie des assurés sociaux(6), en Grèce.

Depuis 2014 (1) les personnes non assurées ont obtenu le droit d’accès aux soins primaires de santé, à l’exception des examens para cliniques, l’accès aussi aux médicaments, sans que soient pour autant éliminés les graves problèmes que nous avions exposés dans une publication (2)  plus ancienne (voir article en grec http://www.mkiellinikou.org/blog/2014/07/31/farmaka-2/). Le nouveau gouvernement a procédé à partir de 2015 à des changements partiels qui dans certains cas ont amélioré la situation, mais dans d’autres l’ont aggravée. Plus concrètement pour les personnes non assurées :

– Le droit d’accès aux examens para cliniques a été accordé, uniquement dans les structures publiques de soins. Mais on observe que les attentes pour avoir des rendez-vous sont longues, notamment dans les hôpitaux publics; alors plusieurs patients reviennent vers nous demander de l’aide. Nous faisons particulièrement référence à des cas urgents, nécessitant dans l’immédiat des examens tels l’IRM, la scintigraphie ou l’écho Doppler numérique, à des situations où l’attente d’un mois mettrait en péril la vie du patient.

– En ce qui concerne l’admission des patients dans les hôpitaux publics, nous constatons une amélioration substantielle ; depuis la nouvelle loi il n’y a que très peu de cas de patients auxquels on réclame – illégalement – de payer. Nous sommes toutefois inquiets que cette amélioration ne soit provisoire puisque les budgets des hôpitaux n’ont pas été augmentés pour faire face à l’afflux accru de patients. Il ne faut pas oublier que le Système National de Santé (ΕΣΥ) sera ainsi appelé à prendre en charge trois millions environ de bénéficiaires potentiels supplémentaires, non assurés. Cela serait-il possible avec des budgets amputés de 50% depuis 2009?

– En ce qui concerne les médicaments nous constatons les faits suivants :

  1. a) Pour la grande majorité des personnes non assurées il reste valable ce qu’il l’était depuis 2014, c’est-à-dire qu’elles doivent payer le même restant à charge que les assurés. Une nouvelle difficulté réside dans les faits qu’il y a toujours 25% de restant à charge du patient et que le remboursement par les caisses se fait sur la base d’un prix négocié conventionnel et non du prix du marché. Au moment où la société s’appauvrit en rythme accéléré, une encore plus grande partie de la population a du mal à se procurer les médicaments nécessaires.
  2. b) Au sujet des personnes assurées sous le régime de la « Providence » [NdT: accordé à une partie de personnes matériellement démunies] et d’une partie des personnes non assurées, triées selon des critères bien strictes de revenus et de patrimoine(3), il est aujourd’hui dit [par le gouvernement] qu’il y aurait un accès GRATUIT aux médicaments. Ceci NE CORRESPOND PAS À LA RÉALITÉ du fait que, même si le restant à charge du patient est de 0%, il existe une différence entre le prix conventionnel du médicament négocié par la caisse d’assurance et le prix du marché et que cette différence doit être payée par le patient, qu’il soit assuré ou pas. Nous constatons ici un problème majeur puisque les personnes sous le régime de la « Providence » qui pouvaient jusqu’ici se procurer leurs médicaments GRATUITEMENT des hôpitaux publics doivent aujourd’hui payer comptant la différence ci-dessus mentionnée entre le prix conventionnel et le prix du marché, différence s’élevant parfois à de dizaines d’euros. Mais une personne ne disposant pas de ces sommes est ainsi automatiquement exclue du traitement dont elle a besoin. Ce déni de soins est CRIMINEL ; cela doit IMMÉDIATEMENT changer.

-Un accès aux soins primaires de Santé avait été accordé dès 2014 à travers le Réseau National de Santé Publique (PEDY) (1) comme que nous l’avons plus haut mentionné. Malheureusement il y a un très gros manque de personnel (1) et, compte tenu que les personnes non assurées ont accès aux structures publiques uniquement, pas aux médecins libéraux conventionnés, on observe de longues files d’attentes pour certaines spécialités. Cette situation va s’aggraver à partir de 2017 à cause du départ probable de plusieurs médecins qui, en application d’un référé de justice (1), travaillent actuellement encore au PEDY. Rappelons-nous que plus de 50% des médecins ont quitté ces Centres en février 2014 suite à la « réforme » d’EOPYY et la mise en place du PEDY, que suite au référé judiciaire certains ont pu y retourner, mais pas encore pour longtemps. Par conséquent l’encadrement médical du PEDY va se détériorer.

-Les citoyens sans numéro AMKA(4) sont totalement exclus des soins et seuls les cas graves de patients peuvent être soignés dans les hôpitaux publics, déjà bien surchargés de travail. Sur ce point-là une solution dans l’immédiat doit être trouvée aussi.

-Nous sommes devenus aussi les destinataires du désarroi d’une catégorie particulièrement sensible de patients, les patients souffrant de maladie psychique qui, à cause du nouveau cadre légal pour la délivrance des médicaments, galèrent d’hôpital en hôpital et se retrouvent pendant des jours sans le traitement nécessaire, avec toutes les conséquences que cela entraîne. La situation réelle que nous décrivons dépasse tout entendement humain. Des personnes sans ressources avec des problèmes psychiatriques qui, d’après la nouvelle circulaire du Ministère continueront de se procurer leurs médicaments uniquement dans les hôpitaux publics – la nouvelle loi pérennise une exception pour les traitements neurologiques et psychiatriques qui ne pourront pas pas être obtenus en officine de ville(5) – se font trimbaler d’hôpital en hôpital sous des prétextes tels que « le tampon sur l’ordonnance est celui d’un autre hôpital ». Le résultat est que ces personnes n’ont de choix que de s’adresser aux dispensaires sociaux. Ils arrivent vers nous dans des états d’angoisse et de désarroi.

Nous réclamons donc que les problèmes énumérés ci-dessus soient immédiatement pris en charge. C’est une condition pour que nous puissions accorder au Ministère de la Santé le droit de prétendre qu’il y a accès libre et gratuit pour les personnes non assurées au Système National de Santé (ΕΣΥ).

Les éléments que nous citons indiquent dans tous les cas que la planification politique actuellement à l’œuvre en Grèce a pour objectif le transfert des coûts vers les patients et qu’elle prendrait davantage en compte les injonctions du mémorandum, que le respect des besoins et de la particularité de chaque patient. 

Malheureusement les raisons d’existence des dispensaires sociaux n’ont pas encore disparu et nous sommes appelés à revoir notre stratégie pour ne pas se transformer en béquille d’un système qui, en étant en voie d’effondrement est à la recherche d’alibis. Nous continuerons de lutter pour un accès libre, gratuit et sans entraves des personnes non assurées au Système National de Santé,  en accompagnant le plus possible de patients vers les structures publiques de Santé, en surveillant les évolutions en matière de politique sanitaire et sociale, en réclamant la mise à niveau des services publics. En parallèle nous réduirons autant que possible l’offre médicale dans notre dispensaire, tout en renforçant en contrepartie l’offre de médicaments à la partie de la population qui ne peut pas en payer les frais. Tout cela sera mis en œuvre en tenant compte des critères de revenu, dans un cadre d’esprit humaniste, et en poursuivant la lutte pour le respect et l’élargissement des droits des patients.

Dans un pays qui traverse la 6e année d’austérité, dans lequel les inégalités sociales se creusent, aucun d’entre nous ne doit  faire preuve de complaisance envers la réalité du système. La solidarité est l’arme la plus puissante dont nous disposons. C’est cette solidarité qui apportera le renversement tellement souhaité et nécessaire au pays. 

DISPENSAIRE SOCIAL METROPOLITAIN D’ELLINIKO

HORAIRES DE FONCTIONNEMENT

JEUDI-VENDREDI 10 :00-20 :00, VENDREDI 10 :00-19 :00, SAMEDI 10 :00-14 :00

TELEPHONE : +30 210 9631950

ADRESSE: ancienne base américaine, près du Centre Culturel d’Elliniko, à 200m de la Police Routière

Site web :  http://www.mkiellinikou.org

Traduction du texte original par Manolis Kosadinos

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme

Traduction d’un extrait du blog de Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique. Il a été également rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal, chroniqueur pour Business Week, Scripps Howard Nouvelles Service et Creators Syndicate, enseignant dans plusieurs universités et il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Après avoir utilisé avec succès l’UE pour conquérir le peuple grec en transformant l’ « aile gauche » du gouvernement grec en un pion des banques allemandes, l’Allemagne doit maintenant faire face au FMI qui l’empêche de piller la Grèce dans l’oubli général.

 Les règles du FMI empêchent l’organisation de prêter aux pays qui ne peuvent pas rembourser le prêt. Le FMI a conclu sur la base de faits et d’analyses que la Grèce ne peut pas rembourser. Par voie de conséquence, le FMI refuse de prêter à la Grèce l’argent destiné à rembourser des banques privées.

La position du FMI est que les créanciers de la Grèce, dont beaucoup ne sont pas des créanciers, mais ont tout simplement acheté de la dette grecque bon marché dans l’espoir de faire des profits, doivent effacer une partie de la dette grecque afin de réduire celle-ci à un montant compatible avec l’état de l’économie grecque.

 Les banques ne veulent pas que la Grèce soit en mesure de rembourser sa dette, parce qu’elles ont l’intention d’utiliser l’incapacité de la Grèce à rembourser pour dépouiller le pays de ses actifs et de ses ressources et pour démanteler le filet de sécurité sociale mis en place au cours du 20e siècle. Le néolibéralisme a l’intention de rétablir la féodalité : un petit nombre de seigneurs prédateurs et une multitude de serfs. Les 1% contre les 99%.

Le point de vue de l’Allemagne est que le FMI est censé prêter à la Grèce l’argent nécessaire au remboursement des banques privées allemandes. Ensuite le FMI se fera rembourser en forçant la Grèce à réduire ou supprimer les pensions de vieillesse, à réduire les services publics et l’emploi et à consacrer les recettes ainsi dégagées au remboursement de sa dette.

Étant donné que ces montants seront insuffisants, des mesures d’austérité supplémentaires sont imposées, obligeant la Grèce à vendre ses actifs nationaux – tels que les sociétés publiques d’eau, les ports et les îles grecques protégées – à des investisseurs étrangers, principalement aux banques elles-mêmes ou à leurs principaux clients.

Jusqu’à présent, les soi-disant «créanciers» ont seulement promis à une certaine forme d’allégement de la dette, pas encore décidée, d’ici deux ans. D’ici là, la fraction la plus jeune de la population grecque aura émigré et aura été remplacés par des immigrants fuyant les guerres menées par Washington au Moyen-Orient et en Afrique, ce qui fera exploser le système de protection sociale sous-financé de la Grèce.

En d’autres termes, la Grèce est en train d’être détruite par l’UE qu’elle a intégrée avec autant de confiance que d’imprudence. La même chose se passe au Portugal et est également en cours en Espagne et en Italie. Le même genre de pillage a déjà dévoré l’Irlande et la Lettonie (et un certain nombre de pays d’Amérique latine) et est en cours en Ukraine.

Les titres des journaux actuels stipulant qu’un accord avait été conclu entre le FMI et l’Allemagne sur la réduction de la dette grecque à un niveau supportable sont mensongers. Aucun «créancier» n’a encore accepté d’effacer un seul centime de la dette. Tout ce que le FMI a obtenu des soi-disant «créanciers» est une vague «promesse» de diminution de la dette d’un montant non précisé qui pourrait intervenir dans deux ans.

Les titres des journaux ne sont qu’un tissu d’âneries destiné à fournir un prétexte au FMI pour céder à la pression et violer ses propres règles. Il permet au FMI de dire qu’un effacement (futur et non précisé) de la dette permettra à la Grèce de s’acquitter du reste de sa dette et que, par conséquent, le FMI peut prêter de l’argent à la Grèce pour rembourser les banques privées.

 En d’autres termes, le FMI est devenu une autre institution occidentale sans loi dont la charte ne signifie rien de plus que la Constitution des États-Unis ou que la parole du gouvernement américain à Washington.

 Les médias persistent à appeler le pillage de la Grèce un «plan de sauvetage».

 Appeler «plan de sauvetage» le pillage d’un pays et de son peuple est proprement orwellien. Le lavage de cerveau est un tel succès que même les médias et les politiciens de la Grèce livrée au pillage appellent «plan de sauvetage» l’impérialisme financier auquel est soumis leur propre pays.

 Partout dans le monde occidental un grand nombre de mesures, prises à la fois au niveau des entreprises qu’au niveau du gouvernement, ont abouti à la stagnation de la croissance du revenu. Afin de continuer à afficher des bénéfices, les méga-banques et les multinationales se sont lancées dans le pillage. Les systèmes de sécurité sociale et les services publics – et aux États-Unis, même le système de sécurité des transports aériens – sont devenues des cibles pour la privatisation. Et l’endettement décrit si précisément par John Perkins dans son livre Les Confessions d’un assassin financier est mis en place pour préparer le pillage pays entiers.

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme. La dévastation en sera le résultat.

 Source : http://www.paulcraigroberts.org/2016/05/25/we-have-entered-the-looting-stage-of-capitalism-paul-craig-rober

Grèce : Résister, toujours !

En ce début d’automne, la situation continue d’empirer en Grèce, et on peut s’interroger sur des chiffres récents indiquant par exemple que la mortalité infantile est passée de 3,75 pour 1 000 en 2014 à 3,96 en 2015, ou que le nombre de morts et de départs à l’étranger dépasse celui des naissances et des arrivées en Grèce…

Ces chiffres à eux seuls justifieraient une rupture politique majeure, pour sortir de cette évolution catastrophique. Mais ce n’est pas la voie suivie par Tsipras et son gouvernement : il applique en élève consciencieux les ordres de la troïka qu’il avait acceptés en été 2015, et la phase actuelle, c’est celle des privatisations et de nouvelles attaques contre le droit du travail. Dans le collimateur, les compagnies nationales comme DEI (électricité) ou EYDAP (eau). Même si le ministre de l’Économie jure que l’eau ne sera pas privatisée, sa distribution à Salonique relève en partie du privé (d’autant plus intéressé que le dernier exercice y est fort bénéficiaire !) et des mobilisations ont commencé contre cette menace.

Mais de manière générale, le découragement que l’on notait avant les vacances n’est pas fini, face à un gouvernement dont beaucoup avaient cru les promesses de changement radical. Or, il suffit de voir la réforme des chaînes de télévision pour mesurer à quel point Syriza refuse tout changement du système : alors que la presse de droite est déchaînée (campagnes mensongères faisant passer Syriza pour le parti bolchevique !), le gouvernement, qui avait l’occasion de lancer une mobilisation pour des médias au service des intérêts de la population, s’est contenté de réduire le nombre de chaînes généralistes en les attribuant au plus offrant, c’est-à-dire aux plus efficaces des requins mafieux !

Nazis à l’offensive…

Aussi, dans ce climat, rien d’étonnant à ce que les nazis, stimulés par la libération de leurs chefs et par l’aide que leur apporte l’aile extrême du parti de droite, fassent leur réapparition dans les rues. Ainsi on voit aujourd’hui revenir des scènes de violence contre les immigréEs et les militantEs de gauche, comme avant l’arrivée de Syriza au pouvoir, cela sous l’œil bienveillant de flics qui viennent par exemple de garder 7 heures au poste, au centre d’Athènes, des enfants immigrés, sans les nourrir ou leur donner à boire, en les frappant et en les insultant !

C’est bien sûr sur le terrain de la question des réfugiéEs que les nazis essaient de se refaire une santé, impulsant des mouvements de prétendus « citoyens indignés » et les poussant à s’en prendre physiquement aux réfugiéEs. Et cela marche en partie, y compris sur des îles jusqu’ici solidaires comme Mytilène. Ils tentent aussi de retourner des mouvements solidaires, comme celui qui refuse de céder aux banques des maisons de familles endettées, en faisant adopter des revendications telle que « refus que les banques redonnent nos maisons pour y loger des réfugiés » (vu en Crète, une île pourtant antifasciste !).

Face à tout cela, il est donc indispensable que le mouvement populaire accentue ses mobilisations. Or, en cette rentrée, l’unité est peu au rendez-vous, comme on l’a vu lors de l’anniversaire du meurtre du rappeur Fyssas par les nazis : au moins six manifs différentes… Dans ce climat, il est donc très important de s’appuyer sur des victoires locales, comme cela vient de se passer à Salonique, avec une mobilisation populaire obtenant du tribunal qu’une famille menacée d’expulsion (père infirme…) garde son logement. Comme le dit le NAR (une des composantes d’Antarsya), cette petite victoire ouvre la voie : on lâche rien !

D’ Athènes, A. Sartzekis

article original https://npa2009.org/actualite/international/grece-resister-toujours

Grèce : le monde sans pitié de l’Eurogroupe

Par Romaric Godin publié le 11/10 La tribune

 L’Eurogroupe n’a versé qu’une partie de la tranche prévue à la Grèce. Un nouveau geste de défiance envers le gouvernement grec.

L’Eurogroupe n’est pas tendre avec le gouvernement grec. La délégation hellénique se rendait pourtant à Bruxelles lundi 10 octobre avec l’espoir de voir se débloquer les 2,8 milliards d’euros de la tranche du programme prévue pour cet automne. Alexis Tsipras, le premier ministre grec, avait réussi, non sans peine, à faire accepter les 15 « mesures préliminaires » exigées par les créanciers. Du reste, les 18 autres ministres des Finances en ont convenu et ont applaudi. Mais ils n’ont libéré que 1,1 milliard d’euros sur les 2,8 milliards prévus.

Payer ses dettes avec de la dette

Pourquoi ? Les 1,1 milliard d’euros sont destinés au service de la dette, notamment les 450 millions d’euros que la Grèce doit rembourser d’ici à la fin de l’année au FMI. C’est le fonctionnement habituel de « l’aide » à la Grèce, nom donné à cette cavalerie financière qui consiste à rembourser la dette grecque par de la dette accordée à la Grèce. C’est aussi ce qui est nécessaire à empêcher tout défaut de la Grèce. Cette somme pouvait (et devait pour la tranquillité de l’Eurogroupe lui-même) être libérée immédiatement.

La question des arriérés

Ce n’est pas le cas des 1,7 milliards d’euros restant. Cette somme a une autre destination : elle doit venir payer les arriérés de l’Etat vis-à-vis de ses fournisseurs. C’est un élément important pour l’économie grecque, parce que ces impayés de l’Etat mettent souvent en difficulté les entreprises helléniques. Rappelons que, hors service de la dette, l’Etat grec a dégagé entre janvier et juin près de 3 milliards d’euros d’excédent « primaire », mais que cet argent ne peut être utilisé pour solder ces arriérés et doit être consacré entièrement au paiement de la dette. Dans la logique du « programme », ces arriérés sont donc payées par de la dette nouvelle afin que la dette ancienne puisse être remboursée. Il ne s’agit donc pas réellement d’un « cadeau » fait aux Grecs.

Chicane administrative

Reste que l’Eurogroupe avait décidé en mai que pour débloquer cette partie de la tranche de crédit, il fallait que l’Etat grec ait préalablement entièrement utilisé la tranche précédente au solde d’une partie de ses arriérés. Techniquement, rien ne justifie cette méthode, c’était en réalité un geste de défiance de plus envers le gouvernement grec. L’idée était de s’assurer que les Grecs utilisent correctement ces sommes et de ne continuer à les verser qu’à cette condition. Il y avait là une véritable volonté d’infantilisation des Grecs qui allait de pair avec l’autre grande mesure décidée en juin : la baisse automatique des dépenses en cas de déviation de l’objectif d’excédent primaire en 2018.

On pouvait cependant se montrer plus souple dans l’exécution de cette méthode. Mais l’Eurogroupe a décidé ce lundi 10 octobre de montrer à Athènes qu’il n’entendait pas faire preuve d’une telle souplesse. L’Eurogroupe n’a pas disposé des informations lui permettant de s’assurer de l’utilisation complète des 1,8 milliard d’euros de juin pour le paiement des arriérés. Pourtant, le gouvernement grec assure qu’en septembre, il a versé 105 % des sommes fixées par l’Eurogroupe. Mais il n’a pas su apporter les éléments concrets de ce fait. L’Eurogroupe a donc suspendu le versement de la deuxième partie de la tranche. Le gouvernement grec espère désormais que cette tranche pourra être libérée le 24 octobre lors de la prochaine réunion du conseil d’administration du MES qui est un Eurogroupe élargi.

L’Eurogroupe insiste sur l’absence de confiance

Cette chicanerie administrative prouve que le gouvernement grec ne devra compter sur aucune « compréhension » de la part de l’Eurogroupe. L’intérêt du gouvernement et de l’économie grecque elle-même ne détermine jamais les décisions des 17 ministres des Finances qui agissent bien, plus que jamais, comme un simple syndicat de créanciers soucieux de faire sentir leur puissance à un débiteur qu’ils jugent responsable de ses déboires. L’absence de souplesse n’est pas simplement un fait administratif, car l’Eurogroupe a lui-même fixé ces règles et il peut donc montrer en théorie de la compréhension. C’est bien un message envoyé au gouvernement grec : la « confiance » n’est pas encore revenue. L’Eurogroupe ne croit pas le gouvernement grec sur parole. Or, cette « confiance » est précisément l’excuse avancée depuis l’été 2015 pour exiger toujours plus de concessions à Alexis Tsipras qui, nolens volens, doit s’y soumettre. Les ministres des Finances tiennent donc plus que jamais en surveillance étroite le gouvernement d’Alexis Tsipras.

Coup dur pour Alexis Tsipras

En tout cas ce « retard technique » est un nouveau « coup dur » pour le premier ministre grec, alors que l’espoir d’un allègement de la dette grecque semble s’éloigner compte tenu de l’impossibilité pour le FMI de faire plier Berlin sur ce sujet. Alexis Tsipras comptait sur le bouclage rapide de cette deuxième revue du programme pour avancer sur le sujet de la dette et pour pouvoir, en fin de semaine, aller à un congrès de Syriza qui s’annonce difficile, avec un élément positif. Ce ne sera pas le cas. Le premier ministre devra donc justifier sa politique alors que l’Eurogroupe reste défiant et que Berlin refuse toute avancée d’envergure sur la dette. Le tout dans un contexte difficile où Syriza est désormais largement devancée par les Conservateurs de Nouvelle Démocratie. L’Eurogroupe ne pouvait ignorer une telle situation. En se montrant tatillon, il savait qu’il affaiblirait encore un Alexis Tsipras qui, en dépit de ses efforts, n’a pas su créer un vrai climat de confiance avec des créanciers qui, eux, n’ont jamais vraiment oublié leurs objectifs politiques.

Original de l’article http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-monde-sans-pitie-de-l-eurogroupe-606525.html

Rappel La tourmente grecque II au club à Grenoble

Dans le cadre de la quinzaine nationale de solidarité avec le peuple grec prévue du 1 au 14 octobre le collectif de Grenoble vous invite à assister à la projection du documentaire 

2016-10-10-tourmente-grecque-grenoble-1

La tourmente grecque II 

Chronique d’un coup d’Etat

Le lundi 10 octobre 2016 à 20h15

au cinéma Le club 9 bis rue Phalanstère à Grenoble 

suivie d’un débat avec Philippe Menut, réalisateur 

Deuxième volet de l’enquête sur la situation en Grèce et dans la zone euro

De quoi la « crise » grecque est-elle l’annonciatrice?

Après  six mois de négociations, malgré le « non » massif des Grecs au référendum du 5 juillet 2015, le gouvernement Syriza a cédé aux injonctions des « institutions » de la zone euro, tout en renonçant à toute annulation ou allègement de sa dette. Comment l’expliquer ? En quoi une alternative était-elle possible ?

Par une enquête précise et claire, le documentaire ouvre le débat sur les perspectives politiques et sur les alternatives démocratiques en Grèce et en Europe.

« Je n’ai pas fait un film pour dire ce que je savais ; ce que j’explique, je l’ai compris en tournant le documentaire » (Philippe Menut).

La première version du film, actualisé à deux occasions, avait été projetée et débattue plus de 180 fois en France et à l’étranger.
Les programmations ont été soutenues notamment par Attac, le CADTM, Les Amis du Monde diplomatique, le CAC (collectif pour un audit citoyen de la dette publique), Assemblées citoyennes, Solidarité France Grèce pour la santé, La Ligue des Droits de l’Homme, ACRIMED, Osez Le Féminisme, la CGT, SUD-Solidaires, Parti de Gauche, Ensemble-FdG, PCF,  NPA, EE-les Verts, (liste ouverte).
Le film a également été programmé à Athènes, Madrid, Liège, Namur, Lausanne, Montréal et Berlin.

La caravane solidaire pour la Grèce est en route !

Une des caravanes solidaires du Nord ( les bretons) pour les dispensaires autogérés grecs qui doit arriver pour la journée du 15 octobre à Vénissieux est partie.

Vous pouvez suivre leurs rencontres et impressions au fur et à mesure du parcours sur le site de la coordination. https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/category/carnet-de-voyage/

Vous pouvez suivre également les événements prévus par tous les collectifs  https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/calendrier-devenements/

L’accueil se prépare en Grèce également.accueil-caravane-en-grece

Tsipras, un an après: des promesses à la réalité

Sur Médiapart le 5 Octobre par Amélie Poinssot

Un an après la réélection d’un Syriza débarrassé de son aile gauche, où en est le gouvernement Tsipras ? Mediapart a décidé de reprendre les promesses de campagne de septembre 2015 et de les comparer avec les mesures réellement mises en place par l’exécutif grec.

« Débarrassons-nous du passé, conquérons le lendemain. » Tel était le slogan de Syriza pendant la campagne électorale de septembre 2015. La « coalition de la gauche radicale » (signification de Syriza en grec), qui avait accédé aux plus hautes fonctions de l’État neuf mois plus tôt, sortait d’un été harassant. Après avoir échoué à négocier un accord favorable à Bruxelles et accepté un troisième mémorandum d’austérité en échange de nouveaux prêts européens, le parti d’Alexis Tsipras faisait scission : son aile gauche partait pour former « Unité Populaire ».

Le 20 septembre pourtant, Syriza remportait son pari. Des élections législatives anticipées convoquées par Tsipras afin de clarifier la ligne politique, le donnaient vainqueur du scrutin. Reconduit au poste de premier ministre, il reformait alors une coalition gouvernementale avec la droite des Grecs Indépendants. Et il y a précisément un an, dans son discours de politique générale du 5 octobre 2015, il prenait toute une série d’engagements pour lutter contre le désastre économique et social dans lequel s’est enfoncé le pays.

Depuis, le grand tournant radical est-il arrivé ? Syriza se distingue-t-il encore des partis sociaux-démocrates européens ?

Pour y répondre, Mediapart a décidé de reprendre, point par point, le programme électoral de Syriza et le discours de politique générale de Tsipras. Et de le comparer avec les mesures mises en place par l’exécutif grec.

La restructuration de la dette

« Voulons-nous que ceux qui négocient la dette soient ceux qui toutes ces années ont clamé qu’elle était viable, ou ceux qui ont renvoyé la nécessité de sa réduction aux créanciers ? », écrit Syriza dans un tract électoral de septembre 2015. Dans son discours de politique générale le 5 octobre suivant, Alexis Tsipras promet un « allègement substantiel de la dette » et annonce les propositions qu’il fera aux créanciers : « allongement des maturités, baisse des taux d’intérêt et courte période de grâce ».

Un an plus tard, après d’innombrables annonces, les négociations sur l’allègement de la dette publique (176 % du PIB) sont toujours au point mort. Les deux créanciers de la Grèce, Commission européenne et FMI, défendent des positions contraires : la première, alignée sur l’hostilité de Berlin à un tel scénario, n’y est pas favorable, tandis que le second – moins exposé à la dette grecque – pousse dans le sens d’une restructuration. L’Allemagne bloque d’autant plus qu’elle ne voudra pas avancer sur ce dossier sensible avant les élections législatives prévues outre-Rhin à l’automne 2017. Parallèlement, les finances de la Grèce sont toujours sous l’examen étroit des institutions européennes qui versent les tranches des prêts promis à l’été 2015 en fonction de l’avancée des réformes. Athènes attend ainsi le feu vert de l’Eurogroupe, lundi prochain, pour le décaissement de 2,8 milliards d’euros. Une fois celui-ci réalisé, Alexis Tsipras espère encore ouvrir le chapitre de la dette d’ici à la fin de l’année.

La relance de l’économie

C’est l’un des premiers objectifs annoncés dans le discours de politique générale d’Alexis Tsipras. Le chef de gouvernement propose alors un « renforcement de la technologie et de l’innovation » et se fixe comme priorité d’encourager « les investissements privés ». Il promet pour cela la création d’un « département spécial pour attirer les investissements », chargé d’un plan de développement des investissements, de la création de « marques grecques » et de nouvelles entreprises. Il promet également la fondation d’« une nouvelle banque de développement ».

Rien de tout cela n’est mis en œuvre aujourd’hui. En juin dernier, Alexis Tsipras a dévoilé une « feuille de route », mais depuis, les créanciers ont rendu un avis négatif sur la création d’une nouvelle banque, arguant du fait qu’ils financent déjà les banques grecques. Parallèlement, l’imposition sur les entreprises a été renforcée.

Les droits des travailleurs

« Voulons-nous que ce soit Syriza qui négocie le droit du travail, la protection et les libertés des travailleurs ainsi que les conventions collectives, ou ceux qui ont provoqué le retour à un monde du travail moyenâgeux ? » feint de s’interroger le parti de Tsipras dans son tract électoral de septembre 2015. Dans son discours de politique générale, le premier ministre grec veut, face à « l’échec de la recette néolibérale », introduire un « nouveau modèle » basé sur « le renforcement et la protection du salaire et de l’emploi ». Il promet notamment une « hausse progressive du salaire minimum » et « l’annulation des discriminations visant les jeunes travailleurs ».

Le salaire mensuel minimum est toujours au même niveau (établi dans le mémorandum de 2012) : 586 euros brut ; et 510 euros brut pour les plus jeunes jusqu’à l’âge de 25 ans. Les conventions collectives, remises en cause sous les gouvernements précédents qui les avaient fait passer au second niveau derrière les accords d’entreprise, existent toujours sur le papier. Mais elles n’ont pas de caractère obligatoire : leur application est laissée au libre choix des employeurs.

Pour la première fois, les chaînes privées payent leurs licences

La lutte contre l’exclusion

« Voulons-nous que ce soit la gauche de la société ou la droite des voleurs qui négocie les emprunts rouges [les emprunts non remboursés – ndlr] des maisons convoitées par les banques ? » dit Syriza dans son tract électoral. Dans son discours de politique générale, Tsipras précise qu’il a pour objectif de supprimer le risque de saisie immobilière visant les foyers qui ne parviennent plus à rembourser leur emprunt immobilier.

Le premier ministre promet en outre des abonnements dans les transports pour les personnes handicapées, les familles nombreuses, les chômeurs et les retraités de plus de 65 ans touchant de faibles pensions. Il promet également une couverture santé à tous ceux qui sont sortis du système public d’assurance santé, l’embauche de 1 093 employés et 2 500 médecins et infirmiers, ainsi que l’évaluation du fonctionnement des hôpitaux. En bref, il veut un « nouveau modèle de soins primaires ».

Côté chômage, le premier ministre annonce que des programmes vont être mis sur pied afin d’embaucher 100 000 chômeurs « dans les six mois ». Et 150 000 de plus entre mars 2016 et la fin de l’année.

> Pour l’heure, aucune loi n’a été votée pour interdire la saisie par les banques des habitations principales.

> Des abonnements pour les transports ont été mis en place à Athènes et à Thessalonique pour les chômeurs enregistrés, ainsi que pour les personnes handicapées – grecques et réfugiées – qui ne gagnent pas plus de 23 000 euros par an. En province, ces personnes peuvent bénéficier d’une réduction de 50 % sur les réseaux d’autocar. Les retraités à faibles ressources ne bénéficient pas du dispositif.

> Tout le monde a maintenant accès aux urgences dans les hôpitaux publics, le ticket modérateur de 5 euros mis en place par les gouvernements précédents a été supprimé. Mais le problème de l’accès aux soins reste entier pour tous ceux qui ont besoin d’être hospitalisés ou doivent subir des traitements dans la durée. Les médicaments ne sont pas remboursés.

Manifestation de retraités à Athènes, le 3 octobre 2016, pendant le dépôt du projet de budget 2017 © Reuters

> Les embauches promises dans le secteur de la santé n’ont pas été effectuées. Le gouvernement a réitéré en ce début de semaine sa volonté d’embaucher du personnel et annonce le recrutement de 4 000 médecins et infirmiers d’ici au mois de janvier.

> Le projet de budget 2017 déposé lundi au parlement prévoit une allocation de solidarité destinée à 270 000 ménages démunis. Montant total : 760 millions d’euros. Parallèlement, ce projet envisage de nouvelles coupes dans les pensions de retraite complémentaire ainsi qu’une réduction de l’EKAS – une allocation pour les retraités les plus modestes –, tandis qu’une première « réforme » des retraites a déjà été votée en mai, après des mois de négociations avec les créanciers : d’ici à 2022, l’âge légal de départ à la retraite sera repoussé de 65 à 67 ans, et de nouvelles cotisations sont introduites dans les pensions.

La transparence dans le paysage audiovisuel

Le 5 octobre 2015, Alexis Tsipras promet, entre autres mesures destinées à lutter contre la corruption et la fraude fiscale, l’aboutissement du processus d’attribution des licences aux chaînes de télévision privée et l’encaissement par l’État des recettes correspondantes.

> Un an plus tard, l’appel d’offres est mené à son terme : début septembre, quatre licences sont attribuées, pour un montant total de 246 millions d’euros. Les magnats grecs restent dans le paysage, mais c’est la première fois que les chaînes privées du pays vont s’acquitter de leur dû auprès de l’État.

La réforme de l’administration

Dans son discours de politique générale, Alexis Tsipras parle de « réforme radicale de l’administration publique avec un combat simultané contre la corruption et la bureaucratie » ; il annonce « un changement profond des processus de l’administration publique ».

> Aucune réforme, pour l’heure, ne va dans ce sens.

Les privatisations continuent

Le retour sur les marchés

« Objectif, dans les vingt prochains mois, le rétablissement de la liquidité, et la récupération de l’accès aux marchés », dit le premier ministre devant les députés en octobre 2015.

> Aujourd’hui, la Grèce est encore très loin de revenir sur les marchés. Son financement est assuré par l’ensemble des prêts décidés à l’été 2015 par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Mécanisme européen de solidarité (MES). Un contrôle strict des capitaux est par ailleurs toujours en place : les habitants du pays ne peuvent retirer plus de 840 euros en liquide toutes les deux semaines. Les entreprises ayant des capitaux à l’étranger sont, elles, limitées à des retraits correspondant à 30 % de ce capital.

Le dossier des privatisations

Dans son discours de politique générale, Tsipras se dit attaché au caractère public des compagnies d’électricité DEI et ADMIE. Il promet « un plan réaliste, alternatif, qui garantira l’ouverture du marché de l’énergie sans mettre en danger le caractère public des réseaux d’énergie électrique ».

Il annonce parallèlement la création d’une nouvelle « agence de valorisation du patrimoine public », afin de définir les conditions des privatisations et de valoriser le patrimoine de l’État « suivant le principe de l’intérêt public ».

> Les privatisations des entreprises publiques (lancées avec le mémorandum de 2012) continuent. L’organisme chargé des appels d’offres est effectivement refondu, en septembre : le TAIPED (Fonds de valorisation de la propriété publique) devient EESP (Société grecque des participations et propriétés). Un Français – Jacques Le Pape, ex-numéro 2 de Christine Lagarde au ministère des finances et ancien dirigeant d’Air France KLM – est nommé à sa tête. Et fin septembre, le parlement grec transfère à cette agence les compagnies publiques d’eau et d’électricité, premier pas vers la privatisation. Quelques mois plus tôt, la privatisation de l’ensemble du port du Pirée a par ailleurs été achevée au profit du géant chinois Cosco (avril 2016), ainsi que celle de 14 aéroports régionaux, rachetés par l’allemand Fraport (décembre 2015). Enfin, la vente de l’autoroute Egnatia, dans le nord du pays, est enclenchée, de même que celle du distributeur de gaz DESFA.

La fiscalité

Comme tous les gouvernements précédents, Tsipras annonce une réforme fiscale : « pour un système fiscal simple, stable et juste », assure-t-il devant la Vouli le 5 octobre 2015.

> Un an plus tard, le système fiscal reste le même. Mais la pression fiscale s’est renforcée sans distinction. Conformément au mémorandum signé en août 2015 à Bruxelles, la TVA a été augmentée en juin, passant de 23 à 24 %, et le taux réduit de TVA en vigueur sur certaines îles a été supprimé. Le taux d’impôt sur les bénéfices des entreprises, de son côté, est passé de 26 à 29 %. Et l’impôt sur le revenu des professions libérales a été fortement augmenté, poussant de plus en plus de professionnels à travailler au noir. Ainsi, un contribuable déclarant 24 000 de revenus annuels touchera, une fois ses revenus déduits des impôts, 9 046 euros – soit une imposition à hauteur de 62 %. Par ailleurs, dans le projet de budget 2017 déposé ce lundi, de nouvelles hausses de taxes sont prévues sur les impôts indirects. Selon ce projet, les contribuables grecs payeront au total 2,5 milliards d’euros en impôts supplémentaires.

L’accueil des réfugiés

Le 5 octobre 2015, Tsipras déclare : « Face à la logique des forteresses et des barbelés, face à la logique qui veut transformer les frontières européennes en champ de bataille, nous devons travailler dur pour démontrer que l’humanité, la solidarité, la fraternité ne sont pas des utopies mais peuvent devenir une action politique. » Il promet la création de 5 hotspots (centres d’enregistrements des demandeurs d’asile) sur les îles où arrivent la plupart des migrants, et la poursuite des négociations avec les partenaires du pays et les institutions européennes afin de renforcer la solidarité sur le continent et d’établir de nouvelles règles pour remplacer l’accord de Dublin II (accord qui implique le renvoi des demandeurs d’asile dans le premier pays européen dans lequel ils ont été enregistrés).

> Les cinq hotspots sont entrés en fonction sur les îles de Leros, Lesbos, Chios, Samos et Kos.

> La solidarité européenne que Tsipras appelait de ses vœux ne s’est pas concrétisée ; au contraire : aucun État membre de l’Union n’a respecté ses engagements en termes de quotas de réfugiés. Différents pays, notamment ceux des Balkans, ont fermé leurs frontières les unes après les autres. Un accord a été signé en mars entre l’UE et la Turquie afin de stopper au maximum l’arrivée des migrants sur le continent et déléguer à Ankara l’accueil et le « tri » des réfugiés. Plus de 60 000 exilés en transit sont maintenant coincés en Grèce. Face à cette situation, le gouvernement grec continue de demander du soutien en Europe, ainsi que nous l’expliquait dernièrement le ministre grec délégué à la politique migratoire, Yannis Mouzalas. Mais l’aide sollicitée n’est pas au rendez-vous, et Dublin II est toujours en vigueur

Communiqué du META des travailleurs de la santé

Le jeudi 6 octobre nous faisons grève et nous manifestons contre les politiques dictées par les mémorandums qui détruisent la Santé Publique

Mardi 4 octobre 2016 Source : http://ergasianet.gr  Traduction : Manolis Kosadinos

Le gouvernement de SYRIZA-ANEL après le vote parlementaire pour le 3e mémorandum, ratifié en accord avec les autres partis pro-mémorandum, en continuant à délivrer des lettres de créance aux créanciers et à la Troïka, applique des politiques dures contraires aux intérêts du peuple et des travailleurs. Ayant subi une mutation complète il applique scrupuleusement les politiques néolibérales en marchant sur le chemin tracé par les gouvernements pro-mémorandum précédents.

Il considère même que la politique exercée les sept dernières années est incontournable et il la parachève sous l’habillage idéologique du « il n’existe pas d’alternative»

En même temps la société subi une hémorragie. L’assurance sociale est en voie de destruction, les retraites se réduisent à des allocations sociales, les salaires fondent suite aux nouvelles diminutions et l’acharnement fiscal alors que le chômage et au galop. Les privatisations des biens sociaux et le bradage du patrimoine du peuple, que les luttes populaires avaient jusqu’à présent empêché, sont maintenant mis en œuvre suite à la soumission totale du gouvernement aux « besoins » des créanciers et du service de la dette.

En parallèle il prépare une nouvelle offensive contre le monde du travail par la diminution du salaire minimum des jeunes, l’autorisation des licenciements collectifs, la réduction du temps payé des salariés, par la modification de la loi sur les syndicats et l’atteinte au droit de grève afin de créer des statuts encore plus « flexibles » et  moins payés pour les travailleurs.

Et encore le gouvernement, par l’application de la mesure sur « l’évaluation » et la désignation d’objectifs pour les structures, nous mènera vers la fusion et la suppression de services du secteur public alors que tout ce qui reste encore de l’Etat social – éducation et santé – continuera à se contracter et se rétrograder avec en parallèle une prise d’ampleur gigantesque des entreprises privées et de la marchandisation.

La situation dans le système public de Santé s’aggrave. Le sous-encadrement et le sous-financement se poursuivent et mènent à l’assèchement de plusieurs structures. Même si le Ministère de la Santé s’efforce de créer par des effets de communication une impression d’amélioration de la situation, il est démenti sans appel par la triste réalité. Les soins primaires de Santé sont en réalité inexistants alors que les structures restantes continuent à fermer. Les résultats sont que les citoyens sont obligés de recourir au système hospitalier, de subir des heures de galère  et que la charge de travail dans les hôpitaux soit davantage intensifiée.

Les hôpitaux agonisent à cause du sous-financement. Plusieurs d’entre eux sont dans l’impossibilité de faire face à leurs besoins de fonctionnement, particulièrement augmentés par ailleurs.

Le manque de personnel va en s’accentuant, en contrepoint duquel on entend la farce des annonces gouvernementales au sujet des embauches. On entend parler d’embauches mais on ne voit pas arriver de nouveaux salariés. Il est typique de cette situation l’aveu de M. Polakis(2) lors de sa rencontre avec les syndicats que, parmi les 985 embauches annoncées de titulaires en 2015 seulement 563  ont été effectives dans les hôpitaux.

Ce nombre cependant n’est en aucun cas suffisant pour remplacer les départs à la retraite. Ce n’est même pas une goutte dans l’océan pendant que les travailleurs de la Santé font des doubles postes, ne peuvent pas prendre leurs repos ni leurs congés. Et ce n’est certainement pas un nombre qui assure le fonctionnement des hôpitaux ni des soins hospitaliers efficaces et sans complications pour les citoyens.

En parallèle le gouvernement applique la flexibilisation accrue du travail en recourant à du personnel de suppléance(2), aux contrats d’ouvrage(3) (comme au Centre hellénique pour le Contrôle et la Prévention des Maladies – KEELPNO), au paiement par carnets de notes de frais(4), les quinquamestres(5), le travail d’utilité publique alors que la mise en place programmée de contrats à durée déterminée pour les services d’intendance (propreté, gardiennage, alimentation) mènera nombre des travailleurs actuels au licenciement et rendra définitif le régime moyenâgeux des rapports de travail dans les hôpitaux.

Confrères et consœurs, travailleuses et travailleurs

En tant que formation syndicale META des travailleurs de la Santé nous avons souligné que la lutte pour la défense du système public de santé n’est pas seulement affaire des travailleurs de la Santé. Il y a besoin d’organiser les mobilisations locales des syndicats et de les coordonner avec le reste de la société et les collectifs locaux pour la défense des structures de soins  et le renversement des politiques du mémorandum appliquées dans le domaine de la Santé publique.

Nous vous  appelons de participer massivement

à la grève et à la mobilisation

de la Fédération Panhellénique des Salariés des Hôpitaux Publics (POEDHN)

le jeudi 6 octobre 2016

 Nous réclamons:

  • La Santé publique et gratuite pour tout le peuple
  • Qu’aucune structure de soins, aucun département, aucun centre de santé ne soit fermé
  • Des embauches de personnels titulaires afin que toutes les structures existantes puissent fonctionner en toute sécurité
  • L’augmentation du financement et des réponses adéquates aux besoins de fonctionnement de tous les hôpitaux
  • L’intégration des travailleurs de la Santé au régime des métiers lourds
  • L’augmentation de la rémunération du travail de nuit, des jours fériés, des heures supplémentaires
  • Non à la légalisation et la propagation des rapports flexibles de travail dans les hôpitaux (« carnets », travail d’utilité publique, contrats à durée déterminée, etc.)
  • Retour des postes organiques supprimés et embauche de personnels titulaires dans tous les métiers et tous les postes.
  • Rattrapage graduel de toutes les pertes de salaire(6)

Face à cette offensive frontale nous, travailleuses et travailleurs, ne pouvons pas rester dans l’indétermination. Nous, travailleuses et travailleurs, face aux politiques du mémorandum, à la priorisation du service de la dette, à l’impasse, à la voie vers le désastre que poursuit le gouvernement en appliquant des politiques contraires à l’intérêt du peuple, nous opposons le chemin de la lutte et du soulèvement populaire pour le renversement des politiques du mémorandum, pour l’effacement de la dette, pour la défense des biens communs, de la Santé publique, pour le développement au bénéfice de la société et des travailleurs, et non au profit du capital et de la Troïka.

 Απέναντι σε αυτήν την ολομέτωπη επίθεση οι εργαζόμενοι δεν μπορούμε να μένουμε αμήχανοι. Εμείς, απέναντι στις μνημονιακές πολιτικές, στην εξυπηρέτηση του χρέους, στον αδιέξοδο, καταστροφικό μονόδρομο που βαδίζει η κυβέρνηση με τις αντιλαϊκές πολιτικές και στη λογική του «δεν υπάρχει άλλος δρόμος», προτάσσουμε το δρόμο του αγώνα με παλλαϊκό ξεσηκωμό για την ανατροπή των μνημονιακών πολιτικών, την διαγραφή του χρέους, την προάσπιση των δημόσιων αγαθών, της δημόσιας υγείας και την ανάπτυξη προς όφελος της κοινωνίας και των εργαζομένων κι όχι της τρόικα και του κεφαλαίου.

Nous participons massivement

  • à la grève déclarée par la Fédération Panhéllenique des Salariés des Hôpitaux Publics (POEDHN)
  • et à la marche depuis le Centre des Urgences (EKAB) vers le Ministère de la Santé

 Le Secrétariat de la formation syndicale META des travailleurs de la Santé

 (1)Note du traducteur : META, « Front pour un Renversement par la Lutte des Classes », formation syndicale grecque, en première ligne dans la lutte contre l’austérité, la dérégulation néolibérale et les mémorandums.

(2)Note du traducteur : personnels médicaux, paramédicaux ou autres embauchés sous contrats, non titularisés, contractuels

 (3)Note du traducteur : contrats de travail déguisés en contrats commerciaux, exonérant l’employeur du droit du travail et de l’obligation de cotiser pour l’assurance maladie et vieillesse mais maintenant l’obligation de subordination pour le travailleur

 (4)Note du traducteur : variante du cas précédent où les salariés sont présentés comme des « auto-entrepreneurs » et par conséquent soumis à la lourde fiscalité des indépendants et payés par notes de frais, appelés en raccourci « travailleurs à carnets ».

 (5)Note du traducteur : contrats précaires et sous-payés d’une durée de cinq mois cofinancés par l’Organisme pour l’Emploi (OAED) et le Plan National de Développement – ESPA, organisme pour l’utilisation des Fonds européens. Ils sont adressés aux chômeurs de longue durée et aux jeunes et rémunérés à hauteur de 652 € brut, 427 € net, par mois.

 (6)Note du traducteur : Les pertes de revenus enregistrés par les salariés grecs à partir de 2010 s’élèvent en moyenne à 30%. Elles ont été plus importantes dans le domaine de la Santé.

Réactions à l’intervention de P.Moscovici au parlement européen

Lire l’interpellation de N. Chountis et l’article de l’AFP sur boursorama

N. Chountis  interpelle P.Moscovici au parlement européen

Publié le 7/10/16 sur Unité populaire

Nikolaos Chountis député européen de  Laiki Enotita-Unité Populaire à l’adresse du Commissaire Moscovici, en séance plénière du Parlement Européen : « Le Gouvernement Grec est le meilleur élève de l’Europe en matière de privatisations et d’austérité »

Intervention du Député Européen d’Unité Populaire, Nikolaos Chountis, lors de la séance plénière du Parlement Européen, portant sur la situation économique de la Grèce et le futur des réformes structurelles du Programme.

S’adressant au Commissaire compétent pour les Affaires Économiques, Pierre Moscovici, Nikolaos Chountis a déclaré:

« Monsieur Moscovici,

Vous mentez. Vous êtes venus pour enjoliver le 3ème mémorandum  et la situation de l’économie grecque. Le Gouvernement Grec est aujourd’hui, pour vous, le meilleur élève de l’Europe en matière de privatisations et d’austérité.  Vous en êtes complice. Vous avez conduit 40% des citoyens grecs à vivre sous le seuil de pauvreté.

Au nom du service de la dette publique et de la croissance, les retraites et les salaires subissent une énième baisse alors qu’augmentent les impôts. Le droit du travail est démantelé, le chômage a atteint des niveaux record.

Aux réactions sociales, on répond par la répression et les gaz chimiques, comme on l’a vu hier contre les retraités. Vous me direz que cela advient à Paris aussi.

Vous êtes hypocrites et spéculateurs car, avec le gouvernement grec, vous bradez le bien commun de mon pays. Les Allemands se sont emparés des aéroports. Les Italiens, les chemins de fer. Le transfert du footballeur Pogba a coûté le double de ce rachat. Les Chinois ont pris les ports et maintenant, vos amis entrepreneurs français s’apprêtent à acquérir l’eau.

Vous avez donné le feu vert aux vautours des marchés financiers, afin qu’ils récupèrent les emprunts rouges et qu’ils jettent les citoyens grecs hors de chez eux.

Selon vos critères et ceux du système bancaire européen, des entreprises, de l’oligarchie grecque et du Gouvernement Grec désormais pro mémoranda, le programme est couronné de succès, et il doit être achevé. Pour le peuple grec, étranglé par les impôts et la pauvreté, pour la jeunesse grecque contrainte à l’exil, c’est un échec qui doit être renversé.

Honte à vous, Monsieur Moscovici, car vous être finalement venus nous dire que vous avez mué la Grèce en une colonie de la dette de la Troïka et des marchés financiers.

*Níkos Chountís Ministre adjoint aux Affaires européennes dans le premier gouvernement Tsípras  du 27 janvier jusqu’au 13 juillet 2015 et député européen de « Laiki Enotita-Unité Populaire »depuis le 20 juillet 2015.

Traduction Marie Laure Veilhan

Zone euro: Moscovici pousse la Grèce à finaliser ses réformes avant lundi

Publié le 4/10 par AFP sur Boursorama

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a invité mardi à Strasbourg le gouvernement grec à terminer les réformes qu’il avait promises en échange d’un gigantesque plan d’aide avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro lundi.

« Je profite de cette tribune pour lancer un appel au gouvernement grec: il est d’importance capitale que nous puissions conclure d’ici à lundi, date de l’Eurogroupe à Luxembourg », a-t-il déclaré devant les eurodéputés réunis en sessions plénière. « Il s’agit de finaliser ces réformes, qui sont déjà adoptées sur le principe ».

Des mesures auraient selon lui « dû être prises pour mi-septembre dans les domaines de la réforme des retraites, de la gouvernance des banques ou de la libéralisation du marché de l’énergie ».

Athènes et les pays de la zone euro s’étaient entendus en juillet 2015 sur un troisième plan d’aide prévoyant l’octroi de crédits jusqu’à 86 milliards d’euros à la Grèce, qui de son côté s’était engagée à un certain nombre de réformes.

Le début de leur mise en oeuvre a traîné. Mais celles-ci enclenchées, la zone euro avait versé en juin une tranche de crédits de 7,5 milliards d’euros à Athènes pour lui permettre de rembourser des crédits antérieurs.

Le versement de 2,8 milliards d’euros lui est encore promis à condition qu’elle continue ses réformes.

« Nous sommes en train d’évaluer actuellement les progrès », a affirmé Pierre Moscovici, qui espère « conclure la seconde revue de programme » permettant le versement de ces 2,8 milliards d’euros « dans un délai raisonnable », qu’il a fixé au mois de novembre.

« Une conclusion dans les délais prévus serait aussi le signal de cette normalité économique tant attendue par les investisseurs », a-t-il dit.

L’article sur bousorama http://www.boursorama.com/actualites/zone-euro-moscovici-pousse-la-grece-a-finaliser-ses-reformes-avant-lundi-e96d4fe8d96546c120b090257ebfec66

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