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VIO.ME… ECOPLA mêmes luttes

Hasard du calendrier ce jeudi 20/10 les salariés de VIO.ME (Thessalonique) et d’ECOPLA ( St Vincent de Mercuze) se battaient à nouveau contre la justice. Malheureusement pour ECOPLA la joie n’était pas au rendez-vous comme pour VIO.ME.

Lors de sa venue à Grenoble-Lyon- St Etienne, Makis Anagnostou avait rencontré le 1er avril 2016 les salariés d’Ecopla qui à l’époque préparaient le dossier de reprise de leur usine.

Pour ECOPLA :

Le 16/6/16 le tribunal de commerce avait attribué la reprise de l’usine à son principal concurrent Italien privilégiant ainsi le transfert du savoir faire, des machines et laissant sur le carreau les salariés français. Le 5/10 ces salariés faisaient appel et le jugement a été rendu le 20/10.

Voir l’article de Libération sur le dossier  le 5/10 http://www.liberation.fr/france/2016/10/05/ecopla-l-etat-s-invite-a-l-audience_1519890

et le 20/10 http://www.liberation.fr/france/2016/10/05/ecopla-l-etat-s-invite-a-l-audience_1519890

Ecopla soutenu par Fakir : http://www.fakirpresse.info/ecopla-le-20-octobre-la-surprise

Pour les VIO.ME :

Jeudi 20/10 au tribunal de Thessalonique les Vio.Me ont obtenu un report de la mise aux enchères du terrain sur lequel se trouve la fabrique. Plus que jamais ils ont besoin du soutien international.

La caravane solidaire se trouvait sur place et a fait passer ce récit

https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/2016/10/20/victoire-pour-viome-20-10-16/

Voir le récit heure par heure 20-octo-16-viome-heure-par-heure

Pour rappel un autre combat : 22/9/16 Attaque judiciaire des VIO.ME à Thessalonique 

La justice de Thessalonique a décidé de criminaliser l’expérience des VIO.ME qui font tourner leur usine en autogestion. Le procureur a décidé de mener une enquête préliminaire et cette procédure vise maintenant directement tous les administrateurs de l’association de travail de Vio.me. Dans un communiqué les travailleurs de Vio.Me protestent contre « une persécution dirigée contre le «cœur» de notre lutte : notre refus d’abandonner l’usine, d’accepter la mort lente du chômage et de la dépression, notre décision de se battre pour nos emplois et notre propre dignité et celle de nos familles, notre décision de faire fonctionner l’usine en auto-gestion et avec le contrôle social de la main-d’œuvre . Ils nous reprochent la « violence illégale » parce que chaque jour nous sommes dans l’usine, mais ils savent que nous ne sommes pas licenciés et nous sommes en rétention depuis 2011. Parce que nous stockons et conservons les machines et les bâtiments en bon état, qui sinon seraient des ruines et de la ferraille. Parce que nous osons produire des produits utiles. Parce que dans tout le pays et dans l’Europe, d’autres travailleurs apprennent que vingt-trois travailleurs de Thessalonique font mieux que les patrons et les gestionnaires. Est ce cela « les violences illégales » ? Si ils veulent juger cette occupation, ils devront nous juger avec toutes celles et tous ceux qui ont combattu avec nous toutes ces années. Ils veulent nous juger pour justifier l’illégalité de nos anciens patrons. » et de conclure sur la nécessaire résistance et le combat qui reste encore à mener. SOLIDARITÉ AVEC LES VIO.ME !

La caravane solidaire en Grèce

Vous pouvez suivre leurs rencontres et impressions au fur et à mesure du parcours sur le site de la coordination dans une rubrique intitulée  » carnet de voyage » . https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/category/carnet-de-voyage/

Suivez la Caravane Solidaire sur Mediapart ici : https://blogs.mediapart.fr/caravane-solidaire-2016

Pour mémoire les événements qui se sont déroulés en France pendant la quinzaine  https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/calendrier-devenements/

L’accueil en Grèce .accueil-caravane-en-grece ( en français)

L’annonce sur un site grec https://www.efsyn.gr/arthro/karavani-tis-allileggyis ( en grec)

Voir la même annonce revisitée par ERT à chacun d’en tirer les conclusions article-caravane-efsyn-et-ert

L’euro une erreur historique selon Otmar Issing

La Banque centrale européenne a vu son influence dangereusement renforcée, et l’ensemble du système monétaire axé sur l’euro devient insupportable dans sa forme actuelle, vient de prévenir un des fondateurs de l’union monétaire en personne, Otmar Issing, 80 ans, premier économiste en chef de la BCE et acteur central lors de l’élaboration de la monnaie unique.

« Un jour ou l’autre, ce château de cartes va s’effondrer », a tranché cet économiste allemand ancien membre du comité exécutif de la BCE et conseiller de Goldman Sachs. Pour lui, l’euro a été trahi par les dirigeants politiques. Il déplore que l’expérience ait été pervertie dès son origine et ait dégénéré dans un fiscalisme débridé qui, une fois de plus, provoque de graves pathologies, écrit Ambrose Evans-Pritchard dans le Daily Telegraph. >

Le système de l’euro est chaotique, accumulant les crises

« D’un point de vue objectif, c’est un exemple de système chaotique, titubant d’une crise à une autre ; il est difficile de prévoir combien de temps cela va encore durer, mais cela ne peut pas être éternel », a déclaré Issing au journal Central Banking, dans une remarquable analyse critique du projet qu’il a lui-même contribué à mettre en place.

Ces propos rappellent que la zone euro n’a jamais résolu la question de son incohérence structurelle. Une combinaison trompeuse de pétrole bradé, d’assouplissement quantitatif et d’une moindre austérité fiscale a masqué cet état de fait, assure-t-il, mais les situations temporaires finissent rapidement par disparaître.

La monnaie unique va de nouveau être mise à l’épreuve lors du prochain ralentissement conjoncturel, sous-tendu cette fois par des dettes, un chômage élevé et une plus grande usure des régimes politiques. Le professeur Issing critique sévèrement la Commission européenne, estimant qu’elle est l’émanation de forces politiques qui ont renoncé à faire appliquer les règles. « La question morale est prépondérante », estime-t-il.   

Otmar Issing accuse la Commission européenne

La BCE achète désormais des emprunts d’entreprises qui sont presque du papier à hauts risques, et ces réductions de dettes peuvent quasiment s’assimiler à une baisse de la note de crédit. La Banque centrale européenne « est sur une pente glissante » et, du point de vue de M. Issing, a compromis l’avenir de la monnaie unique en refinançant les Etats en faillite, en violation flagrante des traités européens : « Le Pacte de croissance et de stabilité a plus ou moins échoué. La discipline de marché a disparu avec les interventions de la BCE. Il n’existe pas de mécanisme de contrôle fiscal pour les marchés et les gouvernements. Autant d’éléments qui préparent l’effondrement de l’union monétaire. » « La clause de non-sauvetage est violée chaque jour », ajoute-t-il, qualifiant le feu vert donné par la Cour européenne de justice aux mesures de refinancement de « borné » et d’« idéologique ».

« La BCE a franchi le Rubicon » et se retrouve dans une position intenable, tentant en vain de concilier ses rôles contradictoires de régulateur bancaire, de soutien de la Troïka dans ses missions de sauvetage et d’agent de la politique monétaire. Son intégrité financière est de plus en plus menacée. La BCE détient d’ores et déjà plus de mille milliards d’euros en obligations achetées contre des taux d’intérêt « artificiellement bas » voire négatifs, entraînant d’énormes moins-values quand les taux d’intérêts repartiront à la hausse. « Une sortie de la politique d’assouplissement quantitatif devient de plus en plus difficile, ses conséquences devenant potentiellement de plus en plus désastreuses », prévient-il.   

Les fondateurs de l’euro ne voulaient-ils pas du fédéralisme ?

Issing met solennellement en garde : « La réduction volontaire de la qualité des collatéraux éligibles au rachat est un problème crucial. La BCE achète à ce jour des obligations d’entreprises qui sont proches du niveau de crédibilité des obligations pourries, et ce prétendu assainissement peut difficilement supporter une baisse d’un cran de la note de crédit. Le risque que font peser de telles actions d’une banque centrale sur sa réputation aurait été impensable par le passé. »

Les dirigeants des Etats lourdement endettés ont menti à leurs électeurs en leur administrant des tranquillisants, affirmant qu’une sorte d’union fiscale ou de mutualisation de la dette allait enfin bientôt intervenir. Or il est exclu que survienne une union politique ou que soit créé un ministère européen des Finances, ce qui exigerait de toutes façons un changement fondamental de la constitution allemande – une éventualité impensable dans l’environnement politique actuel. Le projet européen doit donc soit se poursuivre sous la forme d’une union d’Etats souverains, ou disparaître.

Il fallait certes fournir aux Grecs une aide généreuse, mais seulement après qu’ils seraient revenus à un taux de change crédible, c’est-à-dire après avoir restauré leur drachme. Le professeur Issing a chiffré le premier plan de sauvetage de la Grèce en 2010 comme l’équivalent d’un renflouement des banques allemandes et françaises, insistant sur le fait qu’il eût été bien plus judicieux d’exclure la Grèce de la zone euro, ce qui aurait constitué une leçon salutaire pour tous les autres.  

La fuite en avant du fédéralisme de Delors : erreur historique… ou plutôt idéologique

Ces critiques vont ulcérer tous ceux qui, à la BCE ou au FMI, ont hérité de cette situation iintenableet vont devoir gérer un avenir instable et inquiétant. La crainte principale est celle d’une réaction en chaîne impliquant l’Espagne et l’Italie, détonateur d’un effondrement financier. Ce cas de figure s’est présenté deux fois et est demeuré un risque évident jjusqu’à ce que Berlin change de pied et accepte de laisser la BCE consolider les marchés obligataires italien et espagnol en 2012. Nombreux furent ceux qui prétendirent que cette crise devenait menaçante parce que précisément la BCE refusait de se poser en ultime recours. Le professeur Issing et d’autres représentants de la Bundesbank étaient les principaux avocats de ce refus.

Jacques Delors, père fondateur politique de l’euro, dans sa candide déclaration post-mortem publiée le mois dernier, reconnaissait l’échec de l’union monétaire européenne, mais contestait véhémentement les positions d’Issing sur l’origine du problème. La fondation Delors plaide pour un gouvernement économique supranational avec une mutualisation de la dette et un trésor commun. Elle prône une politique publique expansionniste pour casser un « cercle vicieux » et éviter une deuxième « décennie perdue ». « C’est essentiel et urgent : bientôt, l’Europe sera touchée par une nouvelle crise économique. Nous ne savons pas si elle surviendra dans six semaines, six mois ou six ans. Mais sous sa forme actuelle, il est probable que l’euro n’y survivra pas », assure Delors dans ce texte.

Otmar Issing n’est pas un nationaliste allemand. Il reste ouvert à l’idée de véritable Etats-Unis d’Europe construits sur un modèle original. Mais il a mis en garde à maintes reprises contre la tentation de forcer le rythme de l’intégration ou de réaliser un fédéralisme à l’insu des peuples. Un tel système entamerait la souveraineté budgétaire des Etats membres et violerait le principe liant l’impôt au vote d’une représentation populaire. Il dénonce le récent projet européen « d’entité fiscale », redoutant qu’il engendre un pouvoir totalitaire dévoyé, aux compétences sans limites touchant à des sujets sensibles de la vie nationale, sans contrôle démocratique.

L’euro sans l’uniformité politique vouée à l’échec

Or « la convergence n’a pas accéléré après 1999, bien au contraire. A partir de ce moment-là, plusieurs pays ont même commencé à suivre des politiques allant dans la mauvaise direction », explique Issing. Une série d’Etats ont laissé filer les salaires, négligeant les mises en garde selon lesquelles ce type de laisser-aller aurait des conséquences fatales dans le cadre d’une union monétaire. « Au long des huit premières années, les coûts unitaires du travail au Portugal ont bondi de 30 % par rapport à l’Allemagne. Jadis, l’escudo aurait été dévalué de 30 % et les choses seraient plus ou moins revenues à leur état antérieur », explique-t-il. « Un assez grand nombre de pays, parmi lesquels l’Irlande, l’Italie et la Grèce, se sont comportés comme s’ils pouvaient encore dévaluer leur monnaie », poursuit-il. Le point capital est qu’une fois qu’un Etat fortement endetté a perdu 30 % de sa compétitivité dans un système de changes fixes, il est à peu près impossible de récupérer le terrain perdu dans le monde quasiment déflationniste qui est le nôtre aaujourd’hui

C’est devenu un piège. L’ensemble de la zone euro est caractérisée aujourd’hui par une tendance à la contraction économique. La déflation s’autoalimente Les théories germaniques et puristes d’Otmar Issing, seules, n’apportent pas de réponse convaincante à ce défi.

Jérôme Noël

l’article original http://reinformation.tv/otmar-issing-fondateurs-euro-erreur-historique-noel-60946-2/ 

Les mobilisations contre les ventes aux enchères

Publié le 21/10 sur Unité populaire Paris

A SALONIQUE LES MANIFESTANTS ONT BRISE LES BARRAGES DE LA POLICE

LE COMBAT CONTINUE JUSQU’A LA SUPPRESSION TOTALE DES ENCHERES SUR LES HABITATIONS ET LES PATRIMOINES POPULAIRES

 

https://unitepopulaire-fr.org/2016/10/21/grece-mobilisations-font-echouer-des-encheres-video/

Grèce : François Hollande et sa fausse légende

Par Romaric Godin publié par La tribune d’info Grèce

Dans le livre de confidences paru la semaine dernière, François Hollande se dresse un portrait de « sauveur de la Grèce ». La réalité pourrait être différente.

Derrière le bruit médiatique qui s’est concentré depuis la sortie du livre de « confidences » du président de la République sur les « gaffes » de l’hôte de l’Elysée et ses «erreurs de communication », il convient de ne pas oublier que l’essentiel de l’ouvrage vise bien à construire l’image d’un président en action, dans toute la splendeur et l’étendu de son pouvoir. Nulle part cet effort n’est si visible que dans les pages consacrées à la politique étrangère, et en particulier à la troisième crise grecque du premier semestre 2015.

Sauveur de la Grèce, le storytelling de l’Elysée

Intitulé « le facilitateur », ce chapitre de 14 pages* dresse le portrait en pied d’un François Hollande arbitre de l’Europe, capable de retenir la furie destructrice d’Alexis Tsipras, le premier ministre hellénique, et de Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances. Le chef de l’Etat français aime se présenter comme « protecteur » du chef du gouvernement grec. Les deux journalistes auteurs de l’ouvrage soulignent ainsi sa « mansuétude » envers Alexis Tsipras (qu’ils comparent avec celles, coupable à leurs yeux, qu’il a adopté envers Christiane Taubira et Emmanuel Macron), de son « acharnement » à maintenir la Grèce dans la zone euro. On le voit batailler avec Angela Merkel pour que « tout faire pour maintenir la Grèce » dans l’union monétaire.

Ce discours, soutenu tant par les auteurs que par le président, n’est pas étonnant. Il est la « version officielle » française des événements depuis que, au petit matin du 13 juillet 2015, Alexis Tsipras a signé une capitulation complète devant ses créanciers, faisant replonger le pays dans la crise et dans l’assujettissement le plus complet. Selon le Château, qui en vend la version à qui veut bien l’entendre, c’est la France qui a stoppé l’Allemagne dans sa volonté de chasser les Grecs de la zone euro.

Les deux auteurs rendent donc l’image d’un président gonflé d’orgueil d’avoir l’impression, sur ce dossier grec, de « faire l’histoire ». Du reste, eux-mêmes, présents dans les bureaux dorés de l’Elysée, avouent cette « impression légèrement grisante d’observer l’histoire en marche ». Jamais la connivence entre le monarque et ses secrétaires « embusqués » n’est aussi forte que sur ce dossier. Jamais l’admiration du chef de l’Etat n’y est aussi palpable. Mais si l’on y regarde de plus près, ce portrait élogieux du « sauveur des Grecs » apparaît fort contestable.

Mépris et réalisme

Premier élément. Si François Hollande est très soucieux « d’avoir la position la plus proche des Allemands », il montre un mépris ouvert et constant envers « l’ami grec ». « François Hollande, semble s’adresser à un petit frère un peu trop dissipé », notent les auteurs. Plus loin, ils soulignent que le président français « assume parfaitement ce rôle de grand frère ».  Mais les deux journalistes évoquent aussi l’attitude de « proviseur compréhensif » de l’élève Tsipras. Elève de quelle leçon ? Mais celle du « réalisme », bien sûr. Le réalisme consiste pour l’Elysée à faire de la politique en ne changeant absolument rien. Rester donc à tout prix dans la zone euro, quel qu’en soit le prix, mais tenter de présenter un storytelling qui « sauve la face ». « Tsipras entend sauver à la fois son pays… et les apparences », expliquent les auteurs en décryptant le discours présidentiel.

Clichés désolants

Mais ce qui frappe par-dessus tout, c’est l’incompréhension complète de la situation grecque. François Hollande ne semble pas saisir l’enjeu du succès de Syriza, qui s’appuie sur la défaite absolue de la stratégie menée par les Européens depuis 2010 en Grèce, sur la protection de l’oligarchie pendant l’austérité, sur le désastre social qu’il a causé et sur le sentiment d’humiliation des actes de la Troïka. Pas un mot de tout cela dans la bouche d’un président qui, en 2012, tout fraîchement élu, avait appelé les Hellènes à voter contre Syriza, donc pour le parti conservateur Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras. Pire même, le président français ne peut saisir que, si la Grèce a sa part de responsabilité,  les déséquilibres de la zone euro ont conduit au désastre et que, de ce fait, tout le monde a sa part de responsabilité. Et doit donc prendre sa part de fardeau.

François Hollande refuse d’entendre la réalité grecque, jamais il n’évoque l’idée d’un assouplissement des exigences ou un plan « actif » de reconstruction économique du pays. Il impose à la malheureuse Hellade sa propre réalité, faite de clichés désolants de Grecs rétifs aux impôts, au travail non déclaré et aux retraites à 50 ans et d’une dette immense (dont il oublie de préciser qu’elle vient principalement désormais des crédits accordés par les Européens). Dès lors, la situation est simple : Alexis Tsipras doit accepter les « réformes » et les demandes de ses créanciers pour sauver sa place dans la zone euro. La faute est grecque, la Grèce doit payer. Tout en « sauvant les apparences ». Avec de tels amis, la Grèce n’a guère besoin d’ennemis.

Accepter l’alternative allemande

Les faits l’ont confirmé. François Hollande a accepté « par réalisme » de discuter des conditions d’une expulsion de la Grèce de la zone euro avec Wolfgang Schäuble. Dès lors, il en acceptait la possibilité et participait à la stratégie allemande en acceptant un « plan B » fondé sur cette expulsion. Il est un peu piquant de voir par la suite l’hôte de l’Elysée s’émouvoir d’une éventuelle demande à la Russie d’impression de drachmes de la part de la Grèce, alors que lui-même travaille à chasser la Grèce de la zone euro. Il est de même assez étonnant de voir François Hollande et ses hagiographes expliquer « qu’à force de persuasion, la France va réussir à éviter le pire », puisque ce « pire » même est une option acceptée par la France. Si Paris avait refusé une expulsion qui, par ailleurs n’est nullement prévue dans les traités, si elle avait usé de son influence pour « changer de logique », ce « pire » n’eût pas été possible. En acceptant l’option de l’expulsion, la France tirait dans le pied des Grecs, puis se réjouissait qu’on ne leur eût pas tiré dans la tête.

La France passive

Le récit des deux auteurs est, du reste, assez étrange. A les lire, dans les jours qui ont suivi le référendum perdu par les créanciers, le 5 juillet 2015, c’est la France qui a aidé, grâce à une « mise sous tutelle française de l’administration grecque » et à sa « force de persuasion », Athènes à demeurer dans la zone euro. Rien n’est moins juste. Alexis Tsipras a paniqué après la victoire du « non » : il ne s’est pas vu assumer un dernier combat qu’il a jugé perdu d’avance. Il a alors espéré que l’appui français lui permettrait de faire une proposition « acceptable ». 10 fonctionnaires ont été envoyés à Athènes, mais la proposition « française » (une réplique à peine durcie de celle rejetée par les Grecs le 5 juillet) a été rejetée par l’Eurogroupe du 11 juillet ! Ce jour-là, Wolfgang Schäuble et ses alliés ont relevé les mises et imposé de nouveaux critères, notamment un « fonds de privatisation » de 50 milliards d’euros (chiffre absolument irréaliste) et une mise sous tutelle étroite des finances publiques grecques.

C’est cette « proposition » du 11 qui va être la base de discussions du 12 et qui sera, à peine aménagée, acceptée le 13 par Alexis Tsipras. François Hollande n’a contribué – s’il a vraiment agi – qu’à négocier quelques détails de cette proposition allemande « punitive ». La France a alors permis à Angela Merkel de « vendre » à son opinion publique le maintien de la Grèce dans la zone euro. Quant à la Grèce, elle a, grâce à son « ami français » pu repartir avec un troisième mémorandum qui a mis encore à genoux son économie défaillante et qui a mis son gouvernement sous une tutelle humiliante. Sans que le gouvernement grec ne parvienne, comme promis le 13 juillet 2015, à ouvrir de vraies négociations sur sa dette publique. Depuis, la France a continué à accepter la position extrêmement dure de l’Eurogroupe, sans vraiment la modifier. Un détail, sans doute, dont ne parlent pas les deux auteurs.

La France absente à l’Eurogroupe

Au reste, même l’attitude « bienveillante » de la France face à la Grèce durant les négociations est peu convaincante. En quoi François Hollande a-t-il joué le rôle de « facilitateur » ? Le chapitre débute sur une scène où le président français assure Alexis Tsipras du soutien de la France avant l’Eurogroupe du 9 mars 2015. A ce moment, la Grèce prépare un plan de réforme suite à l’accord du 20 février. L’accord doit être validé le 9 mars et la crise pourrait alors s’apaiser. « Il y a un Eurogroupe lundi et nous pourrons peut-être agir », explique alors François Hollande. Mais ce que les deux auteurs ne relèvent pas, c’est que, ce 9 mars, l’Eurogroupe va refuser tout plan grec et, cela, pendant deux mois. L’Eurogroupe réclame des baisses de pension. La France ne s’oppose pas à cette demande. Elle ne tente pas « d’agir », elle ne joue aucun rôle de facilitateur. A lire les deux auteurs, la Grèce est alors restée immobile. « Tsipras tarde à produire ses réformes », explique François Hollande en avril qui tenterait de « réfréner les ardeurs belliqueuses » du Grec. Problème : de mars à mai, la Grèce multiplie les plans de réformes qui sont systématiquement rejetés par un Eurogroupe qui veut obtenir la baisse des pensions, signe final de la capitulation politique du gouvernement grec. Et la France soutient cette politique. Loin d’être « facilitateur », François Hollande a soutenu les objectifs politiques de l’Eurogroupe et a placé le gouvernement grec devant une alternative : sortir de l’euro ou capituler.

Miser sur les mauvais chevaux

Enfin, dernier point, de détail, celui-là. François Hollande donne deux conseils à Alexis Tsipras : s’appuyer sur l’OCDE et sur Jean-Claude Juncker. Le problème, c’est que c’était miser sur deux mauvais chevaux. La décision n’était pas à la Commission, qui a été entièrement mise sur la touche pendant les négociations, mais à l’Eurogroupe. En demandant à Alexis Tsipras de s’appuyer sur la Commission, François Hollande demande à Bruxelles de faire ce qu’il refuse de faire lui-même : apaiser l’Eurogroupe alors même que la France siège à cet Eurogroupe… Quant à l’OCDE, la Grèce s’est beaucoup appuyée effectivement sur cet organisme, notamment pour rejeter les demandes de l’Eurogroupe.

L’obsession de l’Allemagne

François Hollande fait donc mine d’oublier qu’il est acteur – passif, s’entend – du blocage entre la Grèce et ses créanciers. En réalité, il le sait et finit par le reconnaître : plus que son « amitié » pour la Grèce, le président français sauve « sa » relation avec l’Allemagne. « Si les Allemands me lâchent, c’est fini

http://www.info-grece.com/actualite/2016/10/17/grece-francois-hollande-et-sa-fausse-legende

2eme rencontres euro méditerranéenne à Thessalonique « L’économie des travailleurs »

Pour rappel, la seconde rencontre Euro-méditerranéenne de «  l’économie des travailleurs » se déroulera dans l’usine Viome à Thessalonique du 28 au 30 octobre 2016.

Le programme : http://euromedworkerseconomy.net/fr/program/

en français programme-2eme-rencontre-euromeditarrenne

Une délégation française d’une quinzaine de membres y participera, principalement des membres de l’association pour l’autogestion, de Solidaires, de la CGT, de la Fabrique du Sud, etc…

Un Compte rendu sera publié sur le site de l’association Autogestion http://alterautogestion.blogspot.fr/

Grèce. 36 députés européens plaident pour un allègement de la dette

Publié sur l’Humanité

Trente-six députés européens socialistes, verts et de gauche, dont 13 Français, ont plaidé en faveur d’un allègement rapide de la dette grecque dans une lettre ouverte au commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

« De toute urgence, la Grèce doit sortir du cercle vicieux de la récession et de la déflation » où elle est engluée depuis six ans, souligne ce texte. Les signataires sont des députés au Parlement européens de dix pays de l’UE. « Tout retard supplémentaire en ce qui concerne l’ouverture de discussions concrètes et concluantes sur l’allégement de la dette pourrait avoir des résultats dévastateurs sur l’économie grecque », mettent-ils en garde.

Invoquant un « consensus parmi les économistes reconnus au sujet du caractère non soutenable de la dette grecque », ils rappellent que ce dossier est au centre d’une dispute entre les deux bailleurs de fond du pays surendetté, le FMI qui appelle à un allègement rapide et important et la zone euro qui traîne les pieds sous pression allemande.

« L’incertitude qui résulte de ces différends entrave la reprise grecque », jugent-ils, appelant à la mise au point, d’ici fin 2016, « d’une feuille de route claire pour l’allégement de la dette grecque », qui caracole à près de 180% du PIB.

A l’issue de la dernière réunion le 10 octobre des ministres européens des Finances, Pierre Moscovici avait souligné qu’il espérait obtenir, « d’ici la fin de l’année, un accord global » sur la marche du redressement financier grec qui permettra d’« aborder la question de la dette ». Mais le geste substantiel réclamé par la Grèce en échange de ses efforts pour se conformer aux demandes de ses créanciers pour plus d’austérité et de libéralisation de l’économie se heurte à l’intransigeance de l’Allemagne, qui renvoie un règlement de fond après les élections qu’elle organisera fin 2017.

« Monsieur le Commissaire,

Suite au débat sur la « Déclaration de la Commission – Situation macroéconomique en Grèce, les réformes structurelles et leur incidence, et perspectives de futures négociations dans le cadre du programme », qui a eu lieu le mardi 4 octobre à la plénière du Parlement européen, nous souhaitons en tant que députés européens attirer votre attention sur l’importance de l’allégement de la dette ainsi que sur la nécessité de mesures concrètes qui pourront soutenir le développement économique, social et environnemental de la Grèce.

De toute urgence, la Grèce doit sortir du cercle vicieux de la récession et de la déflation, et aller de l’avant grâce à des politiques qui soutiendront les investissements publics et privés ainsi que la création d’emplois de haute qualité. La responsabilité de ce changement revient à la fois au gouvernement grec et aux institutions. Il existe aujourd’hui un consensus parmi les économistes reconnus au sujet du caractère non soutenable de la dette grecque. Au sein même des institutions, différents points de vue existent quant à la manière de trouver une solution durable à la crise. Comme vous le savez, le FMI a une analyse différente de celle présentée par les institutions européennes à ce sujet. L’incertitude qui résulte de ces différends entrave la reprise grecque.

Tout retard supplémentaire en ce qui concerne l’ouverture de discussions concrètes et concluantes sur l’allégement de la dette pourrait avoir des résultats dévastateurs sur l’économie grecque, contrecarrer la légère diminution des niveaux de chômage et de pauvreté et retarder toute amélioration de la situation sociale et économique pour la période à venir.

Le 23 Septembre dernier, le FMI a déclaré qu’un nouvel allégement de la dette sur la base « d’hypothèses réalistes quant à la capacité de la Grèce à générer des excédents durables et de la croissance à long terme » sera nécessaire pour atteindre une situation macroéconomique durable. L’allégement de la dette est sans aucun doute une étape cruciale de l’effort pour mettre fin à la crise grecque. Les discussions sur l’allégement de la dette, dans le cadre de l’accord, doivent donc être ouvertes le plus rapidement possible, afin d’être achevées d’ici la fin de l’année. Celles-ci doivent aboutir à une feuille de route claire pour l’allégement de la dette grecque. Il s’agit d’une condition préalable à la nécessaire relance économique et sociale mais aussi à la limitation des besoins financiers de l’économie grecque qui permettra de créer un espace fiscal pour inciter les investissements publics et privés.

Nous, députés européens, croyons fermement que la Grèce a besoin d’un environnement macroéconomique stable. Par conséquent, elle a besoin de tourner la page des politiques d’austérité dogmatiques, en créant les conditions de sortie du Programme, qui devrait être le dernier. En cette période cruciale, il est nécessaire que la Grèce fasse le meilleur usage possible des fonds structurels qui, comme pour tous les autres pays en crise, doivent être considérablement augmentés, car il est de sa responsabilité de protéger les franges les plus vulnérables de sa population.

Dans le cadre des futures négociations avec le gouvernement de la République hellénique, nous vous exhortons à prendre en considération ces demandes formulées tant dans l’intérêt de la société grecque que des institutions européennes.

Nous serions heureux de pouvoir échanger plus longuement avec vous à ce sujet.

Cordialement,

Jean-Paul Denanot, FR (GUE/NGL),  Virginie Rozières, FR (S&D), Edouard Martin, FR (S&D), Bart Staes, BE (Greens/EFA), Tania Penas Gonzalez, SP (GUE/NGL), Josep Maria Terricabras, SP (Greens/EFA), Dimitrios Papadimoulis, GR (GUE/NGL), Fabio De Masi, DE (GUE/NGL), Eva Joly, FR (Greens/EFA), Guillaume Balas, FR (S&D), Sergio Cofferati, IT (S&D), Ernest Urtasun, SP (Greens/EFA), Curzio Maltese, IT (GUE/NGL), Emmanuel Maurel, FR (S&D), Georgi Pirinski, BG (S&D), Eric Andrieu, FR (S&D), Christine Revault d’Allonnes Bonnefoy, FR (S&D), Marisa Matias, PT (GUE/NGL), Patrick Le Hyaric, FR (GUE/NGL), Stelios Kouloglou, GR (GUE/NGL), Eleonora Forenza, IT (GUE/NGL), Monika Vana, AT (Greens), Louis-Joseph Manscour, FR (S&D), Isabelle Thomas, FR (S&D), Barbara Spinelli, IT (GUE/NGL), Kostas Chrysogonos, GRE, (GUE/NGL), Younous Omarjee, ES, (GUE/NGL), Elly Schlein, IT, (GUE/NGL), Joachin Schuster GER, (S&D), Michele Rivasi, FR, (Greens), Konstandinka Kuneva, GRE, (GUE/NGL), Ana Gomes, POR, (S&D), Martina Anderson, IRL, (GUE/NGL), Matt Carthy, IRL, (GUE/NGL), Liadh Ni Riada, IRL, (GUE/NGL), Lynn Boylan, IRL, (GUE/NGL). »

article original http://www.humanite.fr/grece-36-deputes-europeens-plaident-pour-un-allegement-de-la-dette-617933

Grèce : Berlin remporte une victoire décisive sur le dossier de la dette

Par Romaric Godin La tribune

 Le FMI pourrait rester en dehors du programme grec, ce qui enterre sa demande d’une restructuration d’envergure de la dette hellénique. Un succès pour Wolfgang Schäuble et une défaite au pire moment pour Alexis Tsipras.

La restructuration de la dette hellénique (176 % du PIB dont 70 % détenus par la zone euro) est, semble-t-il, renvoyée aux… calendes grecques. Certes, les discussions sur l’entrée dans le troisième programme d’aide à la Grèce (signé en août 2015) du Fonds Monétaire International (FMI) ne sont pas encore terminées officiellement. Et une décision devrait être prise par l’institution de Washington en décembre. Mais il paraît désormais évident que le gouvernement allemand est resté ferme sur sa position de rejet de toute restructuration de la dette grecque.

Le ministre fédéral allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a fait son choix. Après avoir tenté d’obtenir la participation financière du FMI au programme grec signé en août 2015 et l’absence de coupes dans le stock de dette grecque , il a finalement renoncé à son premier vœu pour se concentrer sur le second. Aussi le FMI devrait-il ne rester que comme « conseiller » dans le cadre de la troïka, si l’on en croit une information publiée dimanche 9 octobre par Reuters (et officiellement démentie par le FMI). Une situation qui, in fine, convient le mieux du monde à la Wilhelmstrasse, siège du ministère fédéral des Finances allemand.

Des concessions « gérables » pour le gouvernement allemand

Certes, la facture sera plus élevée pour les contribuables allemands et européens puisque c’est le Mécanisme européen de Stabilité (MES) qui devra assumer le versement complet du programme. Mais c’est un moindre mal pour Wolfgang Schäuble dans la mesure où il ne s’agit que d’une garantie donnée au MES. Ce dernier se contentera, grâce à ladite garantie, dans un premier temps, de lever de l’argent sur les marchés pour le reverser à Athènes. Le gouvernement grec utilisera ensuite largement cet argent pour rembourser le FMI (sur les prêts versés dans le cadre des programmes précédents), la BCE et… le MES. Bref, c’est un circuit quasi fermé que Wolfgang Schäuble pourra prétendre indolore. Du reste, comme la recapitalisation des banques grecques a coûté moins cher que prévu, le MES devra sans doute verser moins que les 86 milliards d’euros prévus, ce qui compensera la non-participation financière du FMI.

La fin de la discussion sur la dette grecque

Moyennant cette petite concession politiquement gérable, Wolfgang Schäuble obtient beaucoup. Le FMI sera officiellement exclu du champ des négociations sur la dette grecque. Certes, il restera créancier pour 13 milliards d’euros sur les 294,4 milliards d’euros de la dette grecque. Certes, il pourra toujours prétendre qu’il faut des coupes franches dans le stock de dette grecque pour le rendre « soutenable ». Mais, dans les faits, il n’aura plus de moyens de pression sur les principaux créanciers, les pays de la zone euro. Ceci clôt, de facto, toute possibilité d’une réduction du stock de dette pour la Grèce puisque, sur ce point, le pouvoir réside dans l’Eurogroupe et que l’Eurogroupe est largement dominé par Wolfgang Schäuble. Il y aura sans doute quelques aménagements qui, in fine, ne régleront pas l’essentiel et ne seront que des éléments cosmétiques qui ne modifieront pas la nécessité pour la Grèce de dégager des excédents considérables.

Le FMI restera un gendarme utile

Mais, parallèlement, comme le souligne la source officielle citée par Reuters, le FMI demeurera dans la « troïka » et sera plus qu’un « simple conseiller ». L’institution de Washington pourra donc jouer le rôle qu’elle a joué en juin 2015 : celui de l’agent de la fermeté contre la Grèce. En juin 2015, le FMI avait rejeté un projet d’accord avec les créanciers en insistant sur la coupe des retraites. Une position « logique » : en l’absence de réduction dans les dettes à rembourser, Athènes doit dégager des excédents primaires (hors service de la dette) considérables et donc pratiquer une forme d’austérité permanente. Le FMI « conseiller » de la troïka sera une instance technique. Quelles que soient ses idées sur la « soutenabilité » de la dette grecque, l’institution de Washington devra, dans les conditions qui se présentent, recommander des politiques basés sur la fiction de sa « soutenabilité ». Autrement dit, Wolfgang Schäuble conserve seulement ce qu’il pense être le « bon » FMI, celui qui promeut l’austérité et les « réformes » en Grèce.

Préoccupations électoralistes à Berlin

Le succès est donc total pour le ministre allemand dans le contexte électoral allemand actuel. Avant des élections fédérales dans un an qui s’annoncent difficiles pour la CDU/CSU, il ne saurait être question d’accorder une restructuration de la dette grecque à Athènes. Ceci serait perçu comme un « cadeau à Athènes » par les partis qui grignotent l’électorat chrétien-démocrate : les Libéraux de la FDP et les Eurosceptiques de l’AfD.

Avec cette solution, Wolfgang Schäuble peut justifier l’adoption d’un nouveau « plan d’aide » moyennant une position ferme sur les « réformes » envers Athènes. Le message envoyé aux contribuables et épargnants allemands, si inquiets ces jours-ci est donc que « leur » argent est sous bonne garde. En passant, la Wilhelmstrasse maintient une dernière illusion : celle que la Grèce pourra rembourser sa dette avec les seules « réformes », ce qui flatte directement un électorat conservateur allemand qui est persuadé de la « magie des réformes ». Bref, le ministre des Finances pourra prétendre défendre parfaitement les intérêts allemands dans un sens allemand.

L’impasse de la stratégie Schäuble

Peu lui importe donc que, désormais, la nécessité d’une restructuration importante de la dette grecque apparaisse comme une évidence, non seulement par le FMI, mais par la plupart des économistes. Même le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, peu susceptible de sympathies « gauchistes » et en conflit ouvert avec le gouvernement grec, a réclamé une coupe « équivalente » à celle de 2012. En réalité, cette absence de restructuration va à l’encontre même des objectifs affichés par le programme.

Comment attirer des investissements bien valorisés lorsqu’un tel stock de dette laisse planer sur l’économie grecque la nécessité d’excédents primaires considérables jusqu’en 2054 ? Comment donner envie d’entrer dans un marché intérieur soumis à une si longue « ponction » qui, du reste, ne peut qu’augmenter ? En effet, si, par un hasard extraordinaire, la Grèce retrouve un accès au marché, comme c’est l’objectif de la troïka et du gouvernement grec, elle refinancera une partie de la dette due à des conditions d’intérêts bas aux Etats de la zone euro par une dette de marché qu’elle devra payer bien plus cher. Or, la dynamique des intérêts est la première source de croissance de la dette. Bref, c’est une spirale infernale qui assure à la Grèce une croissance faible, des ressources de privatisations dérisoires et le maintien d’une dette insoutenable. Au final, c’est bien l’assurance d’un défaut à moyen terme. Wolfgang Schäuble fait donc peser sur les générations futures de contribuables allemands sa stratégie politique à court terme.

Le gouvernement grec, grand perdant de l’accord FMI-Berlin

Pour finir, le choix de Berlin ne fait qu’un perdant : le gouvernement grec. Ce dernier, il est vrai, n’a guère brillé dans cette affaire. Alexis Tsipras a défendu longtemps une position assez contradictoire : chasser le FMI du programme pour ne pas subir ses exigences tout en réclamant une restructuration de la dette. Son calcul était que les partenaires européens, impressionnés par la volonté de réformes du gouvernement grec allaient lui accorder de meilleures conditions et une coupe dans la dette. Vains espoirs alors qu’Angela Merkel a entièrement laissé le dossier grec à Wolfgang Schäuble. Du coup, lorsque le débat entre le FMI et Berlin est entré dans le vif du sujet, Athènes s’est retrouvée désarmée et contrainte à rester passivement spectatrice. Désormais, Alexis Tsipras perd un argument de poids dans sa rhétorique : son « obéissance » envers la troïka devait donner à la Grèce une restructuration de la dette grecque. Ce ne sera pas le cas.

Des « efforts » pour rien…

Tout ce qui reste du programme de Syriza de janvier 2015 a donc désormais disparu. C’est une très mauvaise nouvelle pour le premier ministre grec qui, en fin de semaine, va devoir faire face à un très difficile congrès de son parti Syriza. Il est vrai que la justification de la politique du gouvernement, réalisé sous la dictée des créanciers est de plus en plus difficile. La Grèce dégage un excédent budgétaire primaire désormais considérable (3,3 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2016), un excédent obtenu par des rentrées fiscales record, mais ces « efforts » ne paient pas : les créanciers ne sont guère plus « compréhensibles » et ont réclamé en mai un système « d’ajustement automatique » des dépenses en cas de non-respect des  objectifs de 2018. Comment alors justifier auprès de Syriza et de l’opinion l’utilisation, comme jeudi dernier, de la force publique de façon assez violente contre les retraités qui manifestaient ?

Situation critique pour Alexis Tsipras

 Alexis Tsipras compte beaucoup sur la reprise économique annoncée l’an prochain. Mais outre que cette reprise demeure incertaine compte tenu des mesures d’austérité décidée pour l’an prochain, la situation sociale est si critique en Grèce que les effets politiques de cette reprise risquent de ne pas se faire sentir dans la population. Désormais, une grande partie de la population grecque ne croit plus en la politique, une autre considère qu’il est de meilleure politique de redonner le pouvoir aux « vrais amis » des créanciers, les Conservateurs de Nouvelle démocratie, désormais largement en tête dans les sondages. D’autant que Syriza, toujours engluée dans une attribution peu claire des licences de télévisions, s’est montrée incapable de renouveler la politique grecque. L’accord entre le FMI et Berlin sur le dos de la Grèce n’est donc qu’une mauvaise nouvelle de plus pour un premier ministre à qui la situation semble désormais totalement échapper.

Article original http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-berlin-remporte-une-victoire-decisive-sur-le-dossier-de-la-dette-606241.html

Des nouvelles de la caravane solidaire

Les caravanes solidaires du Nord pour les dispensaires autogérés grecs sont en route. Après avoir participé à la journée du 15/10 à Vénissieux elles vont se joindre à celles du sud et sont attendues en Grèce.

Vous pouvez suivre leurs rencontres et impressions au fur et à mesure du parcours sur le site de la coordination dans une rubrique intitulée  » carnet de voyage » . https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/category/carnet-de-voyage/

Suivez la Caravane Solidaire sur Mediapart ici : https://blogs.mediapart.fr/caravane-solidaire-2016

Vous pouvez suivre également les événements prévus par tous les collectifs pendant la quinzaine  https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/calendrier-devenements/

L’accueil se prépare en Grèce .accueil-caravane-en-grece ( en français)

L’annonce sur un site grec https://www.efsyn.gr/arthro/karavani-tis-allileggyis ( en grec)

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