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Grèce : Garantir les ventes de biens saisies par des ventes en ligne !!

On se disait bien que la troika ne supporterait pas longtemps les actions citoyennes contre les ventes aux enchères des biens saisies.

LES SAISIES IMMOBILIERES – Passent en ligne pour garantir le calme publié sur le petit journal

« Sors d’ici, corbeau! »: en Grèce, les notaires en charge des enchères judiciaires sont confrontés à des publics souvent très remontés. Pour y parer, les ventes se feront bientôt sur internet, avec la bénédiction des créanciers du pays.

Le site ouvrira en septembre, avec quelque 15.000 biens, explique Georgios Rouskas, président du Conseil national du notariat hellénique.

« Ce sera un peu comme eBay », peste Victor Tsiafoutis, un avocat qui soutient les personnes endettées pour l’association de consommateurs Ekpizo. « Tout est fait pour faciliter les saisies… Tout est fait pour les banques », ajoute-t-il.

Ces derniers mois, les notaires ont dû jouer au chat et à la souris avec les activistes anti-saisies, qui se mobilisent à chaque vente.

Les membres de ces groupes, dont certains ex-ministres du premier gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras, interrompent les ventes, avant d’escorter les notaires à l’extérieur du tribunal, sous le nez de la police.

Lassés, les notaires ne s’occupaient plus depuis octobre que des cas les plus pressants, grève du zèle à laquelle ils ont mis fin vendredi.

« Le problème était devenu aigu… Nous étions devenus des punching-balls », remarque Me Rouskas.

– ‘Enclins aux extrêmes’ –

Pourtant, soulignent les notaires, ces ventes ne concernent pas les personnes les plus démunies puisque dans la plupart des cas, les biens vendus valent plus de 300.000 euros.

En 2010, au début de la crise qui plombe la Grèce depuis sept ans, une loi avait été édictée pour protéger les logements familiaux des saisies.

Et les années suivantes, tant les créanciers publics que privés se sont abstenus d’ordonner celles-ci avec trop de sévérité.

Dans les milieux bancaires, on considère que de toute façon, dans un pays à l’économie paralysée, les biens saisis auraient eu du mal à trouver preneur.

Mais des débiteurs bien moins fragiles en ont profité pour essayer de protéger l’ensemble de leurs biens, assure Me Rouskas.

« Les Grecs sont enclins aux extrêmes », observe le notaire. « On nous demande à présent de stopper toutes les enchères, qu’il s’agisse d’un entrepôt, d’une usine, d’une villa, d’un hôtel ou d’un bateau, bref, tout ce qui peut s’appeler +propriété individuelle+ ».

Les banques poussent aussi à une réforme, même si elles ont pendant des années été peu regardantes à accorder des prêts à tous ceux qui en demandaient, du simple particulier au parti politique, en passant par les groupes de médias.

Mais leurs portefeuilles de prêts sont à présent plombés par un tiers à une moitié de créances douteuses.

La future plateforme électronique, conçue avec des experts de l’UE et du FMI, « profitera surtout aux fonds et aux investisseurs étrangers, étant donné qu’il n’y a pas de liquidités en Grèce », pronostique Me Tsiafoutis.

Les enchères auront lieu trois fois par semaine, de 11h00 à 17h00, avec un droit de participation proportionnel à la valeur du bien.

– ‘Pourquoi me faire frapper?’ –

Le logiciel a été développé par Newsphone Hellas, compagnie plutôt connue en Grèce pour ses émissions de télémarketing nocturnes.

« C’était les plus avancés », remarque Me Rouskas, soulignant également qu’avec cet opérateur, le coût sera de 20.000 euros pour chacune des neuf chambres notariales grecques, soit cinq fois moins qu’envisagé au début du projet.

Y aura-t-il encore des oppositions avec le nouveau procédé? « Sans doute, mais je pense que ça marchera ».

Le 15 juin néanmoins, des anarchistes, visage masqué, ont pénétré en force dans le hall de Newsphone Hellas, et jeté de la peinture.

Me Rouskas affirme que les notaires ne sont pas intimidés. « Nous sommes habitués à mener des enchères en public, donc nous n’avons pas peur ». Il se prévaut aussi de ce que les notaires « ont aidé » à repousser les ventes les plus cruelles.

D’autres ne sont pas aussi optimistes. « Je ne vois pas pourquoi je devrais me faire frapper sous prétexte que quelqu’un n’a pas payé ses dettes à temps », avance un autre notaire, sous couvert d’anonymat.

Ni le ministère de la Justice, ni deux grandes banques, interrogés par l’AFP, n’ont souhaité s’exprimer sur la future plateforme.

http://lepetitjournal.com/284174

Hommage aux personnes migrantes disparues en mer

À l’occasion de la journée internationale des réfugiés, ce mardi 20 juin, artistes, associations et habitants ont rendu hommage aux plus de 10 000 personnes migrantes mortes ou disparues en mer Méditerranée depuis 3 ans.

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Près du canal de l’Ourq à Paris, des centaines de personnes ont participé à l’action citoyenne baptisée « Fais ton bateau » initiée par la chanteuse Emily Loizeau. Petits et grands sont invités, par les différentes associations ayant répondu à l’appel (Amnesty, Souria Houria, La Cimade, LDH, Médecins du Monde, etc.), à plier de fragiles embarcations de papier, symbolisant autant de personnes ayant eu le courage de tenter la traversée maritime la plus dangereuse au monde. Parmi les stands présents sur le parvis de la rotonde, l’association européenne SOS Méditerranée permet de nombreux sauvetages, son bateau l’Aquarius intervenant rapidement dans les eaux internationales au large des côtes libyennes où la plupart des naufrages se produisent.

Pour ne pas être « noyé dans la honte »

Sans l’actions de ces associations, nous serions « noyés dans la honte car notre indifférence assassine » dénonce Daniel Pennac. À l’intérieur de la rotonde, c’est devant un parterre d’enfants, ravis d’écouter l’auteur du livre Eux c’est nous, abordant la question des réfugiés, qu’il explique que cette journée est en l’honneur de « tous ceux qui sur cette planète ont besoin de nous ».
Après sa lecture en duo avec le comédien Emmanuel Noblet, l’auditoire regagne l’extérieur malgré la torpeur de cette chaude après-midi, attiré par la musique de Lamma Orchestra. Pendant plus de deux heures de nombreux artistes se partagent la scène (Sandra N’kake, Bab X, Sanseverino, Dominique A, Naissam Jalal et Osloob et d’autres). Les chansons sont  ponctuées par des lectures intenses. Les comédiennes Anouk Grimberg et Irène Jacob ont choisi de donner à entendre Atiq Rahimi et Eri de Luca et le réalisateur Cyril Dion lit pour sa part quelques lignes écrites par Laurent Gaudé.

« La mort flotte à la surface de la Méditerranée »

Avant de clôturer le concert, Emily Loizeau partage avec le public une note d’espoir illustrant la force des mobilisations: l’association Paris d’Exil vient de lui annoncer qu’une expulsion a pu être empêchée. Elle invite ensuite un slameur, Marvin Ouattara, à prendre le micro.

Le poète réfugié scande dans un texte poignant : « dites à ma mère que la mer m’emporte dans ses bras ». La chanteuse interprète Invisible en écho à sa volonté de mettre en lumière « ces humains et ces histoires » avant de guider la foule vers l’une des rives du bassin de la Villette pour le grand lâcher de bateaux.
Les gestes joyeux se mêlent aux regards graves. Le symbole est d’autant plus fort que des mineurs isolés étrangers, soutenus par l’Asmie (association de solidarité avec les mineurs isolés étrangers), ont témoigné quelques instants plus tôt de leurs parcours et la plupart ont affronté les flots.
Suite à ce moment de recueillement, des projections de documentaires (Les migrants ne savent pas nager de Jean-Paul Mari et Franck Dhelens, Les enfants de la jungle de Thomas Dandois et Stéphane Marchetti, Silent war de Manon Loizeau et Annick Cojean et Exode de James Bluemel) sont proposées dans les salles du cinéma sur les rives du canal.
À la nuit tombée, certains rejoignent l’enceinte de la rotonde pour participer aux échanges avec les réalisateurs et différents acteurs associatifs, engagés sur terre comme en mer.
Les personnes cherchant refuge sont les premières victimes des politiques migratoires européennes. Et elles sont contraintes de prendre des voies de plus en plus meurtrières. Ceux qui ont participé à des sauvetages en mer, vu les centres de rétention, révélés les camps de torture tirent la sonnette d’alarme. Face à l’inacceptable, tous appellent à porter devant les élus la question morale de leur responsabilité, à exiger notamment l’ouverture de voies légales et la fin des politiques d’externalisation des frontières.
« On essaie de nous vendre une crise migratoire qui relève plus de la crise de l’accueil qu’autre chose. On vit une crise humanitaire, car on laisse des milliers de personnes prendre des risques démesurés. Les différents pays européens ont créé ces conditions » analyse Jean-François Corty de Médecins du Monde.
Quant aux situations dramatiques dans lesquelles se retrouvent les migrants ayant réussi à atteindre notre rive de la Méditerranée, elles relèvent elles aussi de choix politiques. « Quand on est la sixième puissance du monde, on a la capacité d’accueillir dans des conditions décentes et les stratégies d’insuffisance délibérées doivent être dénoncées » insiste-t-il.
Pour clore cette riche initiative, acteurs de la société civile et participants s’accordent sur la nécessité de penser la suite pour approfondir ces partages et nourrir cet élan de solidarité.
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La Tribune d’Emily Loizeau publiée dans Libération : Nous sommes tous potentiellement un migrant

La pétition adressée au Président de la République : M. Macron, trop de réfugiés meurent en mer. Agissez !

Article publié par La cimade http://www.lacimade.org/hommage-aux-personnes-migrantes-disparues-mer/

France : La rigueur budgétaire est à l’ordre du jour

La rigueur budgétaire est à l’ordre du jour un article de Romaric Godin publié le 27 juin 2017 dans Mediapart 

Bruno Le Maire a annoncé des « économies très concrètes » dès 2017. Une volonté de sabrer dans les dépenses malgré les coûts macroéconomiques, qui a pour ambition de restaurer la « confiance » de l’Allemagne. La conversion du gouvernement aux orientations de la droite se confirme.

Ces deux axes n’ont rien d’étonnant : ils sont les deux arguments que souhaite apporter Emmanuel Macron à Angela Merkel pour la convaincre – et convaincre l’opinion publique allemande – d’avancer sur davantage d’intégration dans la zone euro. C’est la conséquence logique de la stratégie du nouveau président : d’abord « réformer » la France avant de réformer la zone euro.

L’objectif de faire passer dès cette année le déficit public sous les 3 % du PIB est donc érigé en priorité de l’action gouvernementale. Bruno Le Maire affirme ne pas faire des « 3 % un totem, mais un symbole ». Ce qui revient en réalité à en faire un… totem. Et pour atteindre cet objectif, tout semble devoir être mis en œuvre. « L’intérêt national impose de prendre des décisions difficiles pour repasser sous la barre des 3 % de déficit public », indique Bruno Le Maire, qui promet des « décisions très concrètes d’économies ». Une position confirmée lundi 26 juin au journal de 20 heures de TF1 où il a annoncé des « propositions qui concerneront tous les secteurs de la dépense publique ».

Autrement dit, l’austérité budgétaire sera au menu du second semestre de 2017 et sans doute encore de l’année 2018. Là encore, rien d’étonnant : Bruno Le Maire, défenseur, pendant les primaires de la droite, d’un extrémisme budgétaire, à l’image de nombre de ses concurrents, a été nommé à Bercy pour rallier une partie de la droite après la présidentielle. Autrement dit, le choix du ministre est politique mais aussi économique. Du reste, sur TF1, il a repris les discours de la primaire de la droite parlant d’une France « droguée à la dépense publique ».

La Cour des comptes rendra public, jeudi 29 juin, son rapport sur les finances publiques, qui déterminera une grande partie du budget 2018. L’institution de la rue Cambon devrait confirmer le « dérapage » budgétaire pour 2017, ce qui donnera lieu à des mesures immédiates et sans doute très dures car, comme on l’a vu, le budget n’a pas vocation à gérer une situation française, mais à envoyer un message à Bruxelles et à Berlin. Un déficit public de 3,2 % du PIB en fin d’année dans le cadre budgétaire actuel est parfois évoqué, ce qui supposerait de trouver cinq à six milliards d’euros d’économies, soit un quart de point de PIB. Ces décisions devraient être prises, selon Bruno Le Maire, dès cet été.

Ces décisions passeront-elles par une loi de finances rectificative, un « collectif budgétaire » ? Quelques indices laissent penser que le gouvernement ne fera pas ce choix. Ainsi, une ordonnance a été prévue à la loi d’habilitation pour suspendre le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu en 2018. Or cette décision aurait normalement dû faire l’objet d’un projet de loi de finances rectificative, preuve que l’on ne souhaite pas entrer a priori dans cette logique. Cela pourrait signifier que l’exécutif ne veut pas entrer dans des mesures de recettes pour régler le problème de 2017. L’effort sera donc porté par des mesures de réduction des dépenses, ce que Bruno Le Maire a implicitement confirmé au Figaro, qui a repris son antienne contre « l’addiction de la France aux dépenses publiques ».

Comme le gouvernement ne souhaite pas modifier l’objectif budgétaire inscrit dans la loi de finances 2017 (qui est de 2,8 % du PIB pour le déficit public) et qu’il ne souhaite pas passer par des hausses d’impôts, il peut avoir recours aux méthodes de pilotage des dépenses, telles la mise en réserve de certains crédits ou les « décrets d’annulation », qui permettent de réduire les crédits prévus de 1,5 %. Il n’est cependant pas certain que ces moyens suffisent. Mais Bruno Le Maire annonce dans Le Figaro qu’il ne veut pas « colmater des brèches ». Lundi sur TF1, il annonce un effort qui concernera tous les secteurs de l’État. Dans ce cas, si le gouvernement souhaite couper dans la dépense de façon durable et forte – et cela impliquera nécessairement une réduction des transferts sociaux –, il lui faudra en passer par un collectif budgétaire. Ce qui est certain désormais, c’est que l’heure est à la rigueur budgétaire.

Et ce mouvement devrait se poursuivre en 2018. Là encore, il faudra attendre, jeudi, l’audit de la Cour des comptes pour estimer les grands choix du prochain budget. Mais une deuxième année sous les 3 % du PIB de déficit public permettrait à la France de sortir en 2019 de la procédure de déficit excessif. Le gouvernement peut penser que ce serait une preuve du changement de politique suffisante pour convaincre Berlin. Il y aura donc, pour le premier budget du quinquennat, une volonté de serrer encore les boulons. C’est pourquoi Bruno Le Maire a annoncé dans Le Figaro que la transformation du CICE en baisse permanente de cotisations, transformation qui suppose un double coût annuel de 20 milliards d’euros puisque le CICE est un crédit d’impôt versé avec un décalage, est reportée, sans doute au moins à 2019.

Le ministre a également annoncé des cessions de participation de l’État dans des secteurs « non stratégiques ». Cela pourrait permettre de réduire le déficit, mais n’empêchera pas de couper dans les dépenses, ce qui semble être une priorité du locataire de Bercy. De fait, Bruxelles a tendance à saluer davantage les baisses de déficit fondées sur des baisses de dépenses. Dans ces conditions, il sera intéressant de suivre les arbitrages du futur budget au regard des objectifs fixés par le président de la République durant la campagne électorale, notamment en matière d’investissement public. C’est en effet ce poste qui a été le plus sacrifié, jusqu’ici, sur l’autel de la consolidation budgétaire.

L’austérité budgétaire pour rétablir la « crédibilité » de la France en Europe. Ce pari repose sur l’idée que la croissance résistera à ce nouveau tour de vis budgétaire centré sur les dépenses. Or une telle politique aura nécessairement des conséquences négatives sur la croissance. Le déni de cette évidence par le ministre de l’économie, sa volonté de réduire à tout prix la dépense publique sont autant de signes inquiétants d’une certaine inconscience à cet égard. D’autant que l’on sait que les réformes du marché du travail ont, dans un premier temps du moins, des effets négatifs pour la croissance.

La question, centrale pour l’exécutif, consiste donc à évaluer la solidité de l’accélération actuelle de la croissance française et sa capacité à absorber un choc budgétaire. La note de conjoncture de l’Insee publiée la semaine dernière permet d’en douter. La croissance y passerait bien de 1,1 % à 1,6 %, mais elle n’est pas soutenue par un mouvement solide : la demande intérieure ralentit et le commerce extérieur affiche toujours une contribution négative, certes moins forte qu’en 2016.

L’autre question que devra se poser le gouvernement est celle des bénéfices attendus de cette politique. Il n’est pas certain que Berlin se contente d’un retour sous les 3 % du PIB du déficit public avant de se lancer dans une forme de mutualisation des ressources au sein de la zone euro. La question centrale que pose un budget européen ou un parlement de la zone euro, par exemple, est bien le risque qu’une telle évolution fera prendre aux contribuables allemands. Pour réduire ce risque, Berlin – surtout si les libéraux du FDP rejoignent la coalition gouvernementale en septembre prochain – pourrait exiger davantage, notamment un désendettement, qui suppose un recul du déficit primaire et du déficit structurel.

Bruxelles devrait, de toute façon, demander à Paris encore des efforts après 2019, notamment pour ramener le déficit structurel en 2020 à 0,5 % du PIB et engager, conformément au pacte budgétaire, une politique de désendettement. L’Italie, quoique sous les 3 % du PIB de déficit depuis 2012, reste sous la pression constante de la Commission en raison de sa dette publique encore élevée. Il pourrait en être de même pour la France. Le chemin pour convaincre Berlin est donc encore long.

Le risque de cette politique est évident : obsédée par la consolidation budgétaire, la France pourrait courir après des objectifs d’autant plus difficiles à atteindre qu’ils affaiblissent une croissance déjà fragile et faible. Le cercle vicieux de l’austérité ne saurait être écarté pour la France.

https://www.mediapart.fr/journal/economie/270617/la-rigueur-budgetaire-est-lordre-du-jour

Chanson : C’est la Grèce

C’est la Grèce chanson en solidarité avec le peuple grec ( voir les paroles plus bas)

C’EST LA GRÈCE…

Je-voudrais-lui-dire-bravo, lui-rendre-hommage
Faire entendre sa colère et son courage.
L’aider à reprendre espoir, chasser sa peine,
Faire cesser cette mascarad’ européenne.

Personne ne lui fera courber l’échine
Notr’ soeur, fière et rebelle, qu’on assassine.
Suivons son exemple, relevons la tête
Chassons ces vautours qui s’ payent la bête.
Refrain
—————————————
C’est la Grèce que l’on matraque,
Que l’on poursuit, que l’on traque.
C’est la Grèce qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C’est la Grèce qu’on emprisonne,
Que la troïka rançonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout.

Oui , c’est le même sort qu’on nous réserve
C’est la même soupe que les banquiers nous servent.
De Madrid à Paris, la même galère
Unissons nos forces, battons-nous mes frères !

Soufflant du coeur d’Athènes, la révolte gronde
Tendue vers une vie solidaire et féconde
Un av’nir sans pouvoir, sans arrogance
Débarrassé des maîtres de la finance.

refrain

CR réunion du collectif du 19 juin 2017

Réunion du « Collectif citoyens de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe » du 19 juin 2017.

Présents : Mattheos K.,Béatrice R., Marie-Claude C., Max F., Christine R.

Excusés : Liliane C., Bernard L., Georges V., Jeanne E.

1) Retour sur la rencontre entre le CSPG de Lyon et le collectif de Grenoble qui s’est tenue le samedi 17 juin à La Tour du Pin :

Etaient présents 3 membres du CSPG de Lyon, 3 du collectif de Grenoble et 3 d’Attac Nord Isère nos hôtes.

Après un tour de table de présentation des membres et des actions faites par chaque comité ont été abordés :

– l’actualité en Grèce ( situation qui empire, 4e mémorandum, ingérence de la troïka, non annulation d’une partie de la dette au dernier Eurogroupe).

– les difficultés à alerter sur la situation en Grèce,

– les relations avec les autres collectifs,

– liste des projets envisagés par chaque comité.

2) Retour sur les visites dans les dispensaires et choix pour les prochains départs :

– Ilion par Max ( voir son compte rendu sur le site),

–  Corinthe : Liliane doit faire un compte rendu qui sera mis sur le site,

–  Exarcheia, Ilion, et autres : Lauren fera un compte rendu,

–  Matthéos se rendra en juillet au dispensaire en Thessalonique ouvert par les VioMé.

Le collectif, devant le nombre important de dispensaires, préfère privilégier un partenariat avec ceux qui affichent ouvertement leur non allégeance au pouvoir en place aussi les dispensaires de Iilion, Exarchia et VioMé semblent suffisants.

3) Point financier

Le collectif n’ayant pas d’entité juridique sa comptabilité est tenue au sein de celle d’Attac 38 dans deux états distincts :

– un pour individualiser l’utilisation des dons à destination des dispensaires autogérés grecs ( dons en argent, envois postaux,)

un autre pour le fonctionnement du collectif dans lequel apparaît les couts des films, débats, remboursement de transport,…)

A ce jour le 1er fait apparaître un excédent de 46,10 € et le 2eme un déficit de 131,41 €.

Si le collectif veut continuer des actions à destinations des dispensaires, il ne peut pas compter uniquement sur les financements d’Attac38 et du CADTM 38 et doit relancer des campagnes de dons, sinon il ne sera plus possible de continuer à envoyer du matériel médical en Grèce.

Quelles actions ? C’est l’objet du point suivant.

4) Les actions du collectif pour les mois à venir : continuer à alerter sur la situation en Grèce en tenant à jour le site internet et en proposant des actions avec un support film, théâtre, conférence et ainsi relancer des appels aux dons. La tenue d’un stand sur une place de la ville avec distribution de tracts n’est pas retenue sauf pour annoncer une action.

– une soirée musique grecque : Matthéos prend contact avec un groupe de musique,

– un pièce de théâtre «  Alexis et Yannis » qui évoque de façon humoristique le drame qui s’est passé au 1e semestre 2015 avant la capitulation de Tsipras est en tournée. Prendre contact avec l’auteur pour connaître les conditions (Christine) et s’il ne parle pas français c’est Matthéos qui prendra le relais,

– recherche de film : contacter le producteur de Next stop Utopia (Christine), contacter Yannis Youlontas sur l’état d’avancement de son dernier film ou du film sur le dernier convoi solidaire (Christine), voir chez les diffuseurs de films alternatifs ( tous),

– conférence sur la situation économique en Grèce ou sur la dette (échec du dernier Eurogroupe) voir avec le CADTM ( M Claude), contacter une connaissance à Unité populaire ( Christine),

– participer au « festival des solidarités » en novembre 2017: se rapprocher du collectif organisateur sur Grenoble (Christine),

– soutenir les VioMé ( situation juridique à suivre),

– participer au nouveau convoi solidaire organisé par ANEPOS peut-être à l’automne 2017 en le préparant suffisamment en amont pour avoir le temps de mobiliser et de l’adosser à une manifestation ( film, conférence si possible).

6) Prochaine réunion du collectif : lundi 4 septembre 2017 de 17h à 19h salle 109 MDA.

 

Fibres organiques : la rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Fibres organiques 

Large époque des déchets. Les contractuels municipaux du pays soi-disant plénier, affectés à la tâche du ramassage des ordures sont en grève depuis quelques jours. Ils estiment que leur mission répond à des besoins précis et durables. Ils devraient donc “être embauchés réellement et durablement”. Les poubelles débordent, et l’air devient irrespirable. Comme pour ce qui est de la politique et de l’économie diront alors certains.

Les poubelles à Athènes. Juin 2017

Dans cette urgence des… déchets, le “gouvernement” vient de promettre “une certaine solution pour la semaine prochaine”, à savoir, le prolongement de leurs contrats et une embauche supposée définitive sous condition dans le futur. Athènes suinte de son jus putréfié, 37 °C à l’ombre très exactement. Les habitants en ont vu certes bien d’autres et d’ailleurs en ce moment, ils préférèrent si possible fréquenter les plages proches que le centre-ville c’est évident.

Décrépitude toujours, et une bien curieuse affaire devrait en tout cas secouer l’opinion publique de la colonie et pourtant… D’après les médias du moment, le ministre de la Défense Panos Kamménos, se serait entretenu cette année à plusieurs reprises au téléphone avec Makis Yannoussakis, empoisonné car condamné à la perpétuité pour l’affaire d’un petit cargo, le “Noor One”, pris… à son bord avec plus de deux tonnes d’héroïne pure en juin 2014, par exemple reportage du quotidien “Kathimeriní” de cette semaine .

Depuis 2014, de nombreuses pièces du dossier de l’instruction auraient été “amalgamées” et ainsi fusionnées, alors que, quelques semaines seulement avant le procès, les officiers des garde-côtes qui ont découvert l’affaire ont été curieusement mutés (même provisoirement), et en même temps… la Présidente de la Cour jugeant l’affaire, elle s’est dessaisie du dossier, suite à des… douleurs musculaires soudaines. Et enfin, deux témoins importants et autant accusés, sont morts, tandis que d’autres témoins sont toujours placés sous protection policière.

Mariés… devant le bâtiment historique de l’Université. Athènes, juin 2017
Voleur de… faîtages. Athènes, juin 2017
Déchets non ramassés (détail). Université d’Athènes, juin 2017

La presse s’enflamme de nouveau, le ministre Kamménos “aurait intervenu auprès du condamné Yannoussakis pour que ce dernier dénonce dans cette affaire le rôle présumé qu’aurait joué l’armateur du Pirée Marinákis”, ce dernier vient d’ailleurs de porter plainte (complot, diffamation), visant également le ministre de la Défense (quotidien “Naftemborikí” du 23 juin) , tandis que le ministre n’a toujours pas démenti les faits présumés de… manière claire.

Sauf que les Grecs ne s’intéressent plus vraiment à cette affaire comme à tant d’autres. Les bassesses abyssales du “pouvoir politique” (en réalité du système politique) ont tout balayé, pas besoin d’en apprendre davantage, c’est alors visible à l’œil nu. La vie presse ! Ainsi, les mariés nouveaux iront toujours se faire photographier devant le bâtiment historique de l’Université d’Athènes (œuvre de l’architecte Danois Hans Christian Hansen entre 1839 et 1864), les détritus divers et variés ne seront pas ramassés, tandis que de voleurs de toitures… au grand jour, s’en servent, en grimpant par exemple sur ces bâtiments historiques rue Stadíou, ravagés par le feu au moment des émeutes de février 2012.

La grande vérité est en somme désormais connue des Grecs. Comme l’écrit très clairement Státhis Kouvelákis: “Dépossédé de tout contrôle sur sa politique budgétaire et monétaire, l’État grec se voit désormais privé de tout levier d’action, y compris ceux qui concernent des attributions régaliennes telles que la collecte de l’impôt. Les institutions représentatives, à commencer par le parlement, sont réduites à un décorum, dépossédées de la capacité de suivre l’exécution d’un budget dont les lignes échappent de toute façon à son contrôle. Cette destruction de la souveraineté étatique s’accompagne de la mise en place d’une variante particulièrement brutale d’accumulation par dépossession, pour utiliser le concept de David Harvey, basée sur le bradage du patrimoine public et le saccage des ressources naturelles et de l’environnement dont bénéficient à la fois des fractions prédatrices de capitaux nationaux et étrangers. Pour le dire de façon abrupte, la Grèce se transforme en néocolonie, la fonction de son gouvernement national, quelle que soit sa couleur, ne différant de celle d’un administrateur colonial, le simulacre de négociations auxquels se livrent les deux parties à l’occasion de cette interminable série de réunions de l’Eurogroupe et de sommets européens ne servant qu’à maquiller superficiellement cet état de fait” (Státhis Kouvelákis, L’Europe forteresse) .

Conscients… ainsi pleinement des réalités qui sont les nôtres, les… sans-rien, interpelleront durablement les passants et les passantes sous une chaleur accablante, tandis que nos visiteurs photographieront ces mêmes bâtiments de l’Université historique, ère autant des banalisations. Fort-heureusement, on représente parfois à Épidaure, comme en ce juin 2017, “Les Sept contre Thèbes”, troisième pièce de la trilogie thébaine d’Eschyle, tout donc ne serait jamais définitivement perdu dans la colonie, en dépit des bassesses amplement abyssales du “pouvoir politique”.

“Les Sept contre Thèbes” à Épidaure. Affiche, Athènes, juin 2017
Les… sans-rien, interpelleront les passantes. Athènes, juin 2017
Nos visiteurs photographiant. Athènes, juin 2017

On se souviendra d’ailleurs à l’occasion, du profond dégoût d’Eschyle à l’égard de l’hybris, démesure des hommes mettant en danger l’ordre et l’harmonie de la cité, car… lorsque les poubelles débordent, l’air devient par décidément irrespirable.

Et il était également question de l’hybris, lorsque mon ami Lákis Proguídis a débattu et conféré au soir du 19 juin avec Yórgos Karambelias (activiste, résistant contre la junte des Colonels et écrivain) dans un café littéraire d’Athènes. Le thème: Aléxandros Papadiamántis (1851-1911) le grand écrivain, le regard de l’Occident sur la Grèce, et aussi l’hybris (déjà) de la technoscience (en réalité de l’homme), d’après Papadiamandis comme d’après Lákis Proguídis.

Comme je l’écrivais déjà sur ce blog (25 mars 2017), Lákis Proguídis, lequel a consacré une bonne partie de sa vie à l’étude et à la diffusion de l’œuvre d’Aléxandros Papadiamántis (et il poursuit), s’y connait: “Il faut se ressourcer dans l’œuvre de Papadiamántis par les temps qui courent”, rappelant devant un public athénien averti, “Le Chant funèbre du phoque”, texte publié trois ans avant la mort du grand écrivain de l’île de Skiáthos. “L’entendrons-nous toujours ?”

Lákis Proguídis (à gauche) et Yórgos Karambelias en débat dans un café littéraire. Athènes, le 19 juin
Lákis Proguídis et Yórgos Karambelias en débat dans un café littéraire. Athènes, le 19 juin

L’homme de Papadiamántis encore dans sa plénitude, demeure une personne irréductible, ce qui ne sera plus le cas un siècle plus tard. “Et ce n’est pas n’importe quel siècle” – remarque Lákis Proguídis dans son essai (paru en grec aux éditions “Hestia”, Athènes, 2017) – “mais le XXe siècle, celui de l’obsolescence de l’homme. Oui, de son l’obsolescence, d’après la pensée philosophique de Günter Anders. Non pas de l’aliénation de l’homme dont parlait Marx au milieu du XIXe siècle, ni d’ailleurs de la ‘privatisation’ de l’homme (son auto-marchandisation) que Cornelius Castoriadis avait tant évoqué au cours de la deuxième moitié du XXe siècle.”

Athènes sinon, aux yeux des visiteurs et aux besoins toujours précis et constamment durables. Les poubelles des rues déborderont pour encore quelques jours ou pour quelques heures, et quant aux autres… poubelles c’est plus compliqué. Sans hélas exagérer, le dit “Parlement” à Athènes prend à son tour la forme d’une poubelle qui déborde, par exemple à travers ce dessin de presse très réussi, publié par le quotidien “Kathimeriní”, exercice plus que symbolique de l’exacerbation des paradoxes du réel.

Paradoxes du réel toujours et encore, et le voisin Kóstas comme Eleni son épouse, vont enfin prendre leur café avec nous comme du temps de jadis. Ils méditent, ils se plongent dans la mesure du possible dans la connaissance hétérodoxe. Ils ont définitivement éteint leur télévision et ainsi ils quittent à leur tour le temps des illusions, faussetés politiques comprises. Le choc de la trahison Tsiprosaure durant l’été 2015 les avait tant bouleversé il faut dire. Enfermés chez-eux, ils avaient volontairement interrompu tout échange d’idées pour ne pas dire tout échange tout court. Et ce n’est que pratiquement deux ans après avoir fait le deuil de leurs illusions (comme de leur pays dans un sens), que Kóstas et Eleni, retrouvent alors leur élan, disons habituel.

Le… “Parlement” grec. Quotidien “Kathimeriní”, du 23 juin

“Nous ne nous faisons plus d’illusions quant au système politique. C’est un jeu théâtral, d’ailleurs incarné par ces comparses alors de la pire espèce. C’est une très longue lutte… œcuménique qui s’engage, et elle durera nous semble-t-il peut-être… près d’un siècle. Nous n’irons plus jamais voter et nous nous organisons déjà en cellules de veille comme de réveil… ontologiques. Voilà tout ce qu’il va falloir transmettre à nos enfants, et notre riposte… ou la leur, alors viendra. Elle sera violente, elle sera brutale, sauf qu’elle ne rappellera en rien les manières du passé.”

C’est alors ainsi que les Grecs (certains d’entre eux en tout cas) ne s’intéresseront plus visiblement aux affaires supposées courantes… et encore moins aux cargos mixtes du temps présent. Les bassesses abyssales du “pouvoir politique” (presse comprise) rendent même de plus en plus ridicule, ce cercle devenu vicieux et qui tourne en boucle, autophage et même autodestructeur, entre les “faits et gestes politiques” et le verbiage journalistique ambiant.

L’immeuble où avait vécu (aussi) le poète Yórgos Seféris. Athènes, juin 2017

Athènes, huit heures du matin devant l’immeuble où avait vécu Yórgos Seféris , notre (autre) grand poète. Enfin, un peu de calme !

“La mer, la danse immobile des montagnes. C’est bien la même chose que je retrouve dans l’ondulation de ces tuniques, comme de l’eau pétrifiée sur le torse et les flancs de ces fragments décapités. Ma vie entière, je le sais, ne me suffira pas pour exprimer ce que je cherche à dire depuis tant de jours: l’union de la nature avec un simple corps humain. (…) Chez Homère tout se tient, le monde entier est un tissu de fibres organiques,” (pages de son Journal – 1925-1971 – Mercure de France, 1988.

Athènes, à huit heures du matin, sous le regard énigmatique des seuls animaux adespotes. Fibres organiques !

Sous le regard énigmatique des seuls animaux adespotes. Athènes, juin 2017
* Photo de couverture: Fibres organiques… Athènes, juin 2017

mais aussi pour un voyage éthique pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

 

Entretien avec des camarades de l’Assemblée Antifasciste du Pirée en Grèce

Entretien avec des camarades de l’Assemblée Antifasciste du Pirée en Grèce

Cette interview a été réalisée fin mai 2017, il nous a paru important de recueillir la parole des camarades de l’Assemblée Antifasciste du Pirée dans le cadre d’échanges d’expériences sur l’antifascisme, afin de connaître leur analyse, de mieux comprendre la situation et aussi afin de renforcer des liens avec les camarades francophones.

L’histoire de l’antifascisme en Grèce remonte à la fin des années 30 avec l’opposition à la dictature fasciste de Metaxas puis aux années 40 avec la résistance contre les armées de l’État Italien fasciste et de l’État Allemand Nazi. La lutte contre le fascisme s’est poursuivie après la fin de la dictature en 1974, puis un tournant a été pris avec la montée spectaculaire du groupuscule Nazi Aube Dorée, autant dans la rue que dans les urnes, au moment de la crise financière, à la fin des années 2000.

Camarades bonsoir, pour démarrer pouvez vous nous présenter votre collectif, l’Assemblée Antifasciste du Pirée ? Quand a-t-elle été créée, dans quel contexte et avec quels buts ?

L’Assemblée Antifasciste du Pirée a été créée en Novembre 2013, après l’assassinat de Pavlos Fyssas (Killah P) par une section d’assaut de l’Aube Dorée (AD). Notre objectif était d’ouvrir la question de l’antifascisme au Pirée, un endroit assez sensible à cette période-là en raison de l’existence depuis des années d’un noyau organisé de l’Aube Dorée et à cause du caractère raciste et petit-bourgeois du Pireotis (habitant de Pirée) moyen.

Malgré le fait que nous nous organisions sur le sujet spécifique de la lutte antifasciste, nous le faisons autour de principes et pratiques anti-autoritaires. Nos réunions sont ouvertes (mais pas publiques) et sont basées sur l’auto-organisation. Au delà de l’antifascisme, notre AG s’implique aussi dans les luttes et activités concernant le travail, la solidarité aux migrant·e·s ainsi que l’expression et la création culturelle auto-organisées.

Parce que nous considérons que la question de l’antifascisme ne se limite pas à l’opposition physique aux groupes fascistes, mais qu’elle comprend aussi la limitation de leurs idéologies et de leurs idées sur la société (le racisme, l’homophobie, la misogynie, le militarisme), notre intervention dans la région du Pirée s’appuie aussi sur une activité de propagande avec des affiches, des tracts et des journaux de rue.

En même temps, nous avons organisé une série d’événements culturels (sportifs et musicaux) dans le quartier, visant au développement à la base de la contre-culture locale.

Le 18 septembre 2013 P. Fyssas a été assassiné par des fascistes de l’AD dans un quartier du Pirée. Suite à cela, l’État a poursuivi l’AD, l’accusant d’être une organisation criminelle, et une grande partie de ses dirigeants est rentrée en prison. À la fin, les dirigeants sont sortis de la prison et, actuellement, il y a le procès de cette organisation. Comment le mouvement anti-fasciste voit ce procès ?

D’abord, nous tenons à dire que selon nous, il n’y a pas de « mouvement anti-fasciste » unitaire. D’un côté, il y a l’anti-fascisme républicain qui défend simplement la démocratie et la constitution ; il rassemble l’ensemble de la gauche (gouvernementale ou pas) qui considère que le procès de l’AD est d’un intérêt anti-fasciste primordial et concentre ses forces là dessus.

De l’autre côté, et d’un point de vue anti-autoritaire, l’affrontement quotidien avec les fascistes et la fascisation sociale, et les idées qu’ils propagent, est la principale préoccupation. Bien que le milieu anti-autoritaire ne soit pas homogène et qu’il y ait des points de vue divergents ou même conflictuels, il s’agit du seul espace politique et social qui s’est opposé aux fascistes dans les rues et dans les quartiers ; cela face à la répression étatique bien plus dure et intense que celle qui a frappé les fascistes. En tant qu’Assemblée, nous faisons partie de ce milieu, et donc nous avons exprimé publiquement notre opposition concernant la désorientation que représentent le procès de l’AD et la démocratie bourgeoise.

Une partie du milieu anti-autoritaire s’est investie au procès en tant que témoin à un niveau immédiat, comme par exemple à propos des attaques de l’AD contre le local anti-autoritaire « Antipnia » en 2008 et contre le local social « Synergio » en 2012, en indiquant toutefois que l’antifascisme est un sujet d’affrontement social et non pas judiciaire.

À la fin, l’AD s’est restructurée bien qu’elle ne soit pas aussi forte qu’il y a quatre ans, comment vous l’expliquez ?

Bien que le procès semble « avoir mis sous pression » les fascistes, en fait, ils ont bénéficié de tout le temps nécessaire pour se restructurer. Après un certain temps, d’abord les dirigeants, puis ceux qui sont plus bas dans la hiérarchie, ont été libérés ; puis leurs noyaux locaux sont restés à peu près intacts, à l’exception notoire de l’organisation locale de Nikea (quartier du Pirée) qui a été directement ciblée pour l’assassinat de Fyssas. Leur groupe parlementaire participe régulièrement aux réunions du parlement, et leur représentation au niveau local (municipalités – régions) se poursuit normalement.

Au delà de la ville du Pirée, qu’en est-il de la présence fasciste dans la rue ?

Les attaques fascistes dans la rue sont limitées par rapport à la période précédente, mais elles ne se sont pas arrêtées. Récemment, il y a eu de nombreuses attaques contre les migrant·e·s à Aspropyrgos, une ville industrielle à l’ouest du département d’Attique, où les fascistes maintiennent leurs locaux et un noyau local actif. Au cours de l’année, il y a eu des attaques fascistes dans les centres étatiques « d’accueil » de réfugié·e·s, comme par exemple à l’île de Chios. Aussi, les fascistes se sont « intéressés » aux enfants de réfugié·e·s allant aux écoles autour des centres de détention, en créant des bagarres contre leur présence, comme par exemple à Ikonio de Perama (quartier du Pirée) et à Oreokastro (Thessalonique). Évidemment tout cela avec la complicité et le soutien de la police et des facho-habitants « indignés ».

Nous pensons que les fascistes conservent leurs forces jusqu’à la fin du procès, afin de faire renaître les sections d’assaut et continuent à attaquer les migrant·e·s et les militants.

En août 2016, le squat d’habitation de migrant·e·s « Notara 26 » a été la cible d’une attaque incendiaire, pouvez-vous nous dire quelques mots à propos des attaques de squats et de locaux militants ces derniers temps ?

Ces derniers temps, les attaques fascistes contres les lieux auto-organisés sont limitées. Cependant, il y a quelques temps, un groupuscule fasciste (lié à l’AD) avait lancé une série d’attaques incendiaires (échouées plus ou moins à chaque fois ) contre des lieux du mouvement (mais aussi de la gauche). C’est dans ce cadre là que le squat « Notara 26 » a été attaqué.

En général, nous voyons les attaques fascistes contre les squats comme l’autre côté de la répression étatique. Donc, là où un mandat du procureur ou du juge ne suffit pas, il y a une bombe incendiaire fasciste pour faire le boulot.

Étant donné que les gens qui soutiennent ou soutenaient Syriza, participaient à des initiatives et actions antifascistes, comment le mouvement antifasciste a été influencé par la montée de Syriza au pouvoir en janvier 2015 ?

La logique de la délégation fait partie de l’idéologie dominante dans les sociétés occidentales. En Grèce, le mouvement dans un sens large n’a pas réussi à briser cette logique. Avant 2012, tout le monde pensait que le fascisme ne concernait que 30 néonazis au crâne rasé. Ceux qui n’ont connu que les listes électorales au cours des cinq dernières années ont cru que la montée de la gauche au pouvoir signifierait la limitation de la présence fasciste.

De manière plus générale, les victoires électorales de Syriza ont réduit considérablement la présence des gens dans la rue ; au-delà de la déception et de l’indifférence, cela s’explique par « l’espoir » que les choses iraient mieux. Ainsi, le capital et l’État ont trouvé leur meilleur allié : la social-démocratie renouvelée qui fait refluer les mouvements.

Au début de 2016, des milliers de migrant·e·s sont arrivés au Pirée depuis les îles de la mer Égée, beaucoup sont restés vivre au port pendant des mois, quelle était la réaction de l’État ? Comment la solidarité s’est développée ?

La solidarité, bien qu’elle fut massive au début, n’a pas échappé aux réflexes de charité bourgeoise. Des milliers de personnes se sont souciés des estomacs vides des migrant·e·s. Mais presque personne ne semblait voir la question de façon plus globale, personne ne se souciait des droits des réfugié·e·s, de leur régularisation politique et de leur intégration sociale organisée à la base. Alors que beaucoup de gens ont soutenu matériellement les migrant·e·s, à la fin, le soutien politique est resté une affaire des quelques anti-autoritaires politisé·e·s qui ne pouvaient même pas se mettre d’accord entre eux sur des bases minimales.

Le gouvernement de gauche a réussi à intégrer dans ses propres projets le citoyen lambda qui voyait les migrant·e·s avec bienveillance. Alors que les gens de tous les jours étaient au port pour offrir leurs services aux réfugié·e·s, les gouvernants avaient déjà décidé d’évacuer le port et de transférer des réfugié·e·s dans des centres de transit. En même temps, il y avait une entreprise de promotion de la logique de distinction entre réfugié·e·s politiques et migrant·e·s ; de toute façon, cette logique, la société était prête à l’accepter. Ainsi, beaucoup de migrant·e·s ont été expulsé·e·s et beaucoup d’autres emprisonné·e·s dans des centres de rétention. L’implication des ONG était centrale. Les ONG qui se sont occupées des réfugié·e·s au port du Pirée sont les mêmes qui, plus tard, et avec l’armée grecque, ont transféré les migrant·e·s dans les centres d’ « accueil ». Aussi, beaucoup de gens pas politisés ont commencé à travailler pour l’intérêt des ONG.

La situation concernant les migrant·e·s et les réfugié·e·s, le port du Pirée, les ONG et l’implication de l’armée relèvent évidemment des questions que nous ne pouvons pas aborder de façon satisfaisante dans cette interview, car ce sont des sujets profonds qui ont occupé le débat public pendant longtemps…

On a vu qu’un de vos tracts concerne l’histoire de Sanaa Taleb . Quelles actions menez-vous dans le cadre du mouvement de solidarité aux migrant·e·s ? Que pouvez-vous nous dire de la situation dans les centres de rétention ?

Il nous est arrivé, en commun avec d’autres groupes, de participer à des mobilisations contre les centres de rétention comme celui de « Amygdaleza » et de « Ellinikon » (où Sanaa Taleb était enfermée). En décembre 2015, avec d’autres groupes des quartiers ouest d’Athènes et du Pirée, nous avons co-organisé une manifestation de solidarité aux migrant·e·s, se terminant au port du Pirée .

La situation dans les centres de détention est la même depuis des années : les gens y sont entassés, sans recevoir les soins de base, ils et elles sont à la merci des matons, en attendant leur expulsion. Alors qu’avant les élections, la gauche s’était engagée à les fermer, non seulement elle ne les a pas fermés mais elle en a créé des nouveaux.

Vous voudriez rajouter quelque chose ?

Salutations à tous les camarades du mouvement en France, qui nous donnent du souffle depuis un an à travers leurs luttes. L’émergence de mouvements combatifs dans les pays d’Europe centrale, contre l’extrême droite et ses idées, contre la restructuration du travail et l’État d’Urgence, est le seul véritable obstacle à l’attaque totale du Capital et de l’État sur la classe ouvrière.

P.-S.

Traduit localement par un·e camarade pour le Pressoir, et féminisé par l’équipe.

https://lepressoir-info.org/spip.php?article914&utm_source=dlvr.it&utm_medium=facebook

La crise économique pèse sur la démographie de la Grèce

LA CRISE ÉCONOMIQUE PÈSE SUR LA DÉMOGRAPHIE DE LA GRÈCE Écrit le 20 juin 2017 Par Les Echos Etudes

Entre 2008 et 2016, plus de 350 000 Grecs auraient quitté leur pays pour tenter leur chance à l’étranger.
À en croire les chiffres récemment publiés par Endeavor Greece, pas moins de 350 000 Grecs auraient quitté le pays depuis le début de la crise financière, en 2008. Une fuite des forces vives que la Banque de Grèce, dans une autre étude, évalue à 427 000 personnes. Aujourd’hui, la Grèce compterait ainsi quelque 10,8 millions d’habitants contre 11,2 millions en 2007. Ces expatriés, rappelle Endeavor Greece, sont de jeunes actifs diplômés qui génèrent dans les pays qui les ont accueillis (majoritairement le Royaume-Uni et l’Allemagne) un surcroît de croissance de 12,9 Mds€ et de 9,1 Mds€ de rentrées fiscales. Au total, estime l’organisation non gouvernementale, ces expatriés grecs auraient produit quelque 50 Mds€ de richesse dans leurs nouveaux pays depuis 2008. Et l’hémorragie pourrait encore durer car 43 % des chômeurs grecs, mais aussi 49 % de ceux qui sont aujourd’hui en poste, se disent tentés par l’expatriation, selon un sondage cité par Endeavor Greece.

Une crise démographique

La réduction de la population grecque n’a pas pour seule cause l’expatriation des jeunes actifs. Elle s’explique également par un solde naissances/décès négatif depuis déjà 2011. Et le taux de fécondité grec n’y est pas pour rien. Déjà un des plus faibles d’Europe depuis la fin des années 1980 (1,6 en 1986), sous l’effet de la crise financière, il est tombé, selon l’OCDE, à 1,4 en 2015, un de ses plus bas historiques (contre 1,6 en moyenne dans l’UE et 1,9 en France). Pour rappel, le taux de fécondité doit être de 2 pour permettre un renouvellement de la population.

Les Grecs plongés malgré eux dans la jungle des salaires

Les Grecs plongés malgré eux dans la jungle des salaires Reportage Angélique Kourounis
Correspondante à Athènes

Avant, la surprise c’était de savoir combien  nous allions toucher en fin de mois, mainte­nant c’est sous quelle forme on va être payé… si on est payé.”Maria Fotiadou, 42 ans, fonctionnaire, préfère rire de sa si­ tuation. Un rire rauque, amer, mais un rire tout de même car après des années de luttes syndicales acharnées, après des centaines et des centaines de manifestations, et une quantité incalculable de gazlacrymogènes inhalés, sans vraiment remporter de victoire, “ne serait-­ce qu’une seule” sur l’austérité, elle s’est dit que le rire, c’est encore ce qui la pré­serve “le mieux” de la dépression ou même de la folie.

Tous les mois, elle va sur son ordinateur pour dé­couvrir quel va être son salaire de professeur d’histoire. “Toutes les nouvelles augmentations d’impôts,toutes les nouvelles taxes sont rétroactives et retenues sur mon salaire. Idem pour chaque jour de grève. Cela fait six mois que je n’ai pas touché le même montant”, nous dit-­elle le nez sur son écran. “Comment voulez­-vous que je puisse m’organiser ? C’est impossible !”
Ce mois-­ci, elle va toucher la totalité de ses 980 euros mensuels. Maria souffle, la colonie de vacances de la petite va pouvoir être payée. Mais la grande inconnue c’est combien va toucher son mari. Pavlos, 44 ans, employé dans le privé, est payé généralement avec deux à trois semaines de retard et encore pas en totalité mais par tranche.“C’est comme les prêts des créanciers au pays. C’est quand ils veulent, comme ils veulent, s’ils veulent et on n’a rien à dire”, relève cyniquement Pavlos. Pourtant il s’estime heureux. “Moi, le patron m’aime bien et il est content de mon travail alors j’ai plus de chance que les autres qui sont payés avec jusqu’à trois mois de
retard”, marmonne-­t­-il. Pavlos ne rit pas du tout. Il est aigri. Le mois dernier, il s’est retrouvé avec 200 euros en moins sur son salaire de 600 euros.
Coupons de supermarchés
“Au début, j’ai été me plaindre à la comptabilité, mais après j’ai vu que j’avais des coupons de supermarché pour compléter. Je n’ai pas compris. Personne ne m’avait prévenu. Donc je suis payé, en cash, au noir, alors contre qui se plaindre et pourquoi ? C’est ça ou la porte.” La porte, il ne la prendra pas. Il est resté trois ans au chômage. Il est prêt à tout pour ne pas s’y retrouver. “Même à travailler pour être payé tous les six mois si nécessaire”, avoue-­t-il.
De toute façon, entreprendre une action contre son employeur relève de l’impossible. “La situation est telle que même les inspecteurs du travail déconseillent d’engager des actions”, explique Christos Sabountzakis, avocat spécialisé dans le droit du travail.
Un million de salariés impayés ?

Les chiffres, quand ils sont là, parlent d’eux-­mêmes. Selon le ministère du Travail, 400000 salariés grecs environ étaient dans la situation de Pavlos en 2013.
Aujourd’hui, “ils sont certainement plus nombreux mais on n’a pas de statistiques sur la question”, relève un fonctionnaire qui préfère garder l’anonymat. Le quotidien libéral “Kathimerini” n’hésite par pour sa part à parler de “un million de salariés impayés dans le pays”. Régulièrement des salariés défilent dans les rues ou manifestent devant le ministère du Travail pour exiger leur salaire en retard. Les derniers en date sont les femmes de ménage des établissements scolaires de la région de l’Attique. Elles attendent depuis le mois de décembre leurs 300 euros mensuels. Peu avant, c’était l’ensemble du secteur médical qui manifestait pour protester contre les heures supplémentaires non payées et le manque de personnel. A Thessalonique, dans le nord, ce sont les salariés de la société des bus de la ville qui attendent d’être payés depuis plusieurs mois. Selon leur syndicat: “Les dividendes aux actionnaires ont bien été versés mais pas les salaires en retard”.
Un salaire sur deux payé avec du retard

“Une entreprise sur deux ne paie pas ses salariés à temps”, confirme Savas Rombollis de l’Institut du Droit du Travail. “Les secteurs les plus touchés sont”, selon ce chercheur, “le tourisme, où le travail au noir règne en maître, la restauration, le nettoyage, l’hôtellerie et la sécurité”.
Justement, Hector, 20 ans, commence sa vie d’actif dans la restauration. Il est premier cuisinier. Il ne rechigne pas à la tâche et était très fier d’annoncer à ses parents qu’il avait décroché un poste dans une taverne connue de Crète. Son salaire? Quatre euros de l’heure imposables “mais déclarés”, précise-t­-il. Plutôt correct pour un premier travail dans la Grèce de la crise, sauf qu’il est déclaré pour quatre heures par semaine alors qu’il en travaille huit à dix heures tous les jours de la semaine non­stop sans repos pour toute la saison. Il trouve cela “normal” et, comme Pavlos, s’estime heureux car il est payé “rubis sur l’ongle, tous les lundis” et que chaque heure supplémentaire, “même les demi-­heures ou le quart d’heure supplémentaires sont réglés sans discuter”. Évidemment, il a dû accepter au préalable de travailler gratuitement pour sa semaine d’essais.

Pour Ourania Filocatopoulou, professeur de droit à l’université Pantion d’Athènes, cet état d’esprit est peut-­être ce qu’il y a de pire dans cette crise. “La  jungle du salariat est telle que les nouveaux arrivés sur le marché sont satisfaits du minimum. S’ils sont payés tous les mois ça suffit. Peu importe le salaire, peu importent les conditions de travail. C’est ça, l’exil ou le chô­mage.”

La loi du plus fort

Un chômage qui selon le chercheur Savas Rombollis, reste le plus haut de l’euro­zone : “24,4 % officiellement mais 29 % dans les faits, et qui touche 52 % des jeunes”. Du coup, avec les salaires ce sont les conditions de travail qui se détériorent et ce dans tous les domaines. Cela va des tenues de protection des forces antiémeutes, des pompiers ou des éboueurs qui sont pour la plus grande partie à la charge des fonctionnaires, aux coursiers privés qui sont tenus eux de fournir la moto, le casque, l’essence, l’assurance et payer l’entretien de leur moto pour un salaire de 4,80€ de l’heure.
Côté employeurs, on justifie cette jungle par un quotidien très inédit. “Il n’y a plus de liquidités sur le marché”, explique Vassilis Korkidis, président de la fédération des PME de l’Attique. “Le contrôle des capitaux toujours en vigueur défavorise les entreprises grecques face aux étrangères établies dans le pays. La consommation a chuté de 60% dans certains secteurs. On ne peut pas faire des miracles” et cet homme plutôt marqué à droite d’enfoncer le clou. “Depuis le début de la crise plus de 350000 commerces ont mis la clé sous la porte. Avec les nouvelles lois qui obligent les entreprises et les professions libérales à payer en avance leur TVA d’une année sur l’autre, cela va empirer.” De plus, en Grèce, 98,5 % des entreprises ont moins de 50 salariés. “Ces PME qui sont la colonne vertébrale de l’économie ne peuvent plus faire face aux problèmes de trésorerie, soutient Vassilis Korkidis. Alors, elles innovent. Je ne les défends pas, tient -­il à préciser, je vous explique la situation.”

Une situation qui, régulièrement, frise l’illégalité. Ainsi, Natalia, 38 ans, graphiste, s’est vu priée d’amener des notes de frais d’essence, de restaurant et d’entretien de sa voiture à hauteur de 400 euros par mois, soit la moitié de son salaire pour toucher à ce titre une partie de son salaire en remboursement de frais. “Tous les mois, c’est la
course aux notes de frais. Je tape tous mes amis, je m’arrange avec la famille mais c’est de plus en plus difficile car tout le monde a besoin de ces justificatifs pour les impôts”, nous confie-­t-­elle.

Moins de quatre euros par semaine
Dans le monde de l’art et la culture la situation est simplement grotesque. Jason, jeune acteur prometteur de 25 ans, était très fier l’année dernière de jouer dans “un vrai théâtre avec une loge et des acteurs connus” une pièce également connue : “LouLou”.
Mais il a vite déchanté au moment de la paie : 3,80€ pour une semaine de représentations. Par contrat, il touchait 2,5 % des entrées une fois les frais de fonctionnement déduits et les autres acteurs payés. “J’étais le dernier arrivé, explique-t­-il, donc le dernier payé avec ce qui restait.” Cette année, il est monté en grade et fait partie d’une troupe. Il gagne 20 euros par représentation mais là aussi, tout comme l’année dernière, les répétitions, soit six mois de travail, ne sont pas payées. Lui non plus, tout comme Natalia, Pavlos ou Hector ne va pas monter au créneau car il redoute une réputation “d’emmerdeur”. “Si, dans le milieu, je passe pour celui qui exige ses droits, plus personne ne me fera travailler. Alors, je préfère baisser la tête et me débrouiller autrement. Je gagne peu mais au moins je fais ce qui me plaît”, se console­-t-il.

Amalia, 38 ans, n’a même pas ça pour se consoler. Après quatre ans de chômage, elle a trouvé un boulot de caissière dans une échoppe touristique de souvlakia (kebabs locaux). Dé­clarée, elle touche 32 euros par journée de huit heures. Mais on l’a déjà prévenue : les jours où le client se fera rare, elle sera payée en partie avec les invendus de la journée. A prendre ou à laisser. Elle a pris.
Dans un pays en récession depuis huit ans, elle a appris à ne plus faire la fine bouche mais surtout elle veut trouver de l’argent pour aider son fils à partir trouver fortune ailleurs. Depuis le début de la crise, 450000 jeunes ont quitté la Grèce… définitivement.

Athènes évite (temporairement) le défaut de paiement

Dans cet article de Dylan Gamba paru dans Libération le 16 juin l’auteur y cite une intervention d’Eric Toussaint.

Athènes évite (temporairement) le défaut de paiement

Les créanciers de la Grèce se sont mis d’accord pour débloquer une aide de 8,5 milliards d’euros. Mais le pays est encore loin d’être sorti de la crise qui dure depuis 2009.

Et bis repetita. Les capitales européennes se sont à nouveau félicitées après l’accord conclu jeudi soir en deux heures sur le déblocage d’une nouvelle aide financière à la Grèce. «Je crois que l’on peut dire que la Grèce est sortie d’affaire, s’est même enthousiasmé le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Nous avons trouvé avec nos partenaires de la zone euro un bon accord qui doit permettre au pays de sortir des difficultés économiques.» A l’issue des discussions, les créanciers de la Grèce (FMI, BCE et Mécanisme européen de stabilité) ont donc consenti un prêt de 8,5 milliards d’euros, prélevé sur l’enveloppe du troisième plan d’aide à la Grèce (86 milliards d’euros), adopté pendant l’été 2015. Certes, la Grèce évite ainsi le défaut de paiement. Mais aussitôt encaissés par Athènes, la quasi-intégralité des 8,5 milliards repartira dans les caisses des créanciers de la Grèce. Athènes est donc en mesure d’honorer les 7 milliards de dette qui arrive à échéance en juillet.

Mais la pilule risque d’être amère pour les Grecs, puisque en échange de cette nouvelle tranche financière, le Premier ministre, Aléxis Tsípras, a dû accepter une quatorzième réforme des retraites, une nouvelle révision de l’impôt sur le revenu et diverses mesures d’austérité budgétaires (à hauteur de 5 milliards d’euros) imposées par le FMI.

Reste que la question de la soutenabilité (ou non) de la dette grecque est toujours un objet de discussions. Certes, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, se dit prête à faire en sorte que le FMI mette la main à la poche pour participer au troisième plan d’aide… Mais il faudra, comme par le passé, remplir une condition: «Que la dette soit jugée soutenable.» Et là, tout dépend des taux de croissance futurs de la Grèce qui seront retenus. Le FMI se montre désormais prudent et préfère ne pas gonfler le taux de croissance, alors que la Commission européenne se montre plus optimiste.

En attendant, «laccord global va permettre à la Grèce de tourner la page d’une période difficile», veut croire le commissaire européen aux affaires économiques Pierre Moscovici. «On est très loin d’une résolution de la crise grecque, tempêre Eric Toussaint, porte-parole du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM). Ce qui est donné d’une main est repris de l’autre et ce prêt ne sert qu’à rembourser le FMI et la BCE.» Pour cet économiste, rien n’est fait pour relancer la croissance de la Grèce, alors que le gouvernement a revu ses prévisions à la baisse pour 2017, passant de 2,7 à 1,8%. «Ces politiques continueront d’avoir un impact récessif. Et cet accord prolonge une politique qui enfonce la Grèce dans une situation de stagnation.»

Le fardeau de la dette

Sur Twitter, Aléxis Tsípras a salué d’un accord qui «répond aux sacrifices du peuple grec» et qui permet au pays de «tourner la page». Mais la Grèce est encore loin d’être sortie de la crise. Le Washington Post a publié un échéancier de la dette du pays, qui court en théorie jusqu’en… 2059. Dès la rentrée, la Grèce devra encore rembourser plusieurs milliards d’euros à des détenteurs de bons du Trésor.

Pour Eric Toussaint, «les Grecs ont été les victimes expiatoires. C’était une menace à peine voilée aux autres pays qui voulaient rompre avec l’austérité. Pourtant, on voit bien que ces politiques ne fonctionnent pas : lors du premier plan d’aide à la Grèce en 2010, la dette était de 110% du PIB. Aujourd’hui, elle est de 170%».

Lors des discussions, l’Eurogroupe s’est une nouvelle fois engagée, «si nécessaire», à des allégements de la dette grecque à partir de la fin du plan d’aide, fin 2018. Des mesures insuffisantes pour Eric Toussaint, qui estime que pour sortir de cette spirale, 90% de la dette du pays devrait être annulée. Inimaginable au regard de la position allemande et française, d’autant plus inflexible que des élections législatives auront lieu outre-Rhin en septembre. Mais si rien n’est fait en ce sens, les réunions de la dernière chance pour la Grèce risquent encore de se succéder.

Dylan Gamba

http://www.liberation.fr/planete/2017/06/16/athenes-evite-temporairement-le-defaut-de-paiement_1577275
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