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La violence systémique du capitalisme néolibéral

Violences : « Comparer des voitures brûlées avec les ravages du néolibéralisme depuis 40 ans est absurde »

Les images de violence « ne résument en rien le mouvement actuel », estime l’historien François Cusset, auteur d’un livre sur « le déchainement du monde, logique nouvelle de la violence », publié au printemps dernier. Pourtant, nombre de commentateurs indignés tentent bien de réduire la mobilisation des gilets jaunes aux seules images de dégradations et d’affrontements. Et passent sous silence d’autres violences, celles « du temps ordinaire » que décrit l’historien dans son livre : contagion sociale du stress, précarité, violences contre l’environnement, oppressions sexistes… « Jamais le système économique actuel ne s’est autant accommodé de la violence », dit-il. Entretien.

Basta ! : Une nouvelle loi anti-casseurs adoptée en vitesse, une profusion de commentaires s’indignant de la violence des manifestations sur les plateaux télés, et même un défilé, celui des « foulards rouges », dont le mot d’ordre est « stop à la violence »… Que vous inspire cette focalisation sur la violence du mouvement des gilets jaunes qui en arrive à son troisième mois de mobilisations ?

François Cusset [1] : La violence est avant tout celle que subissent les gilets jaunes : non seulement de la police, avec 300 blessés graves en trois mois, mais aussi des bons bourgeois et des nouvelles lois liberticides. Le rôle désormais central de l’image permet de réduire un mouvement social à ses exactions, ou à sa défense active, aux dépens de ses autres aspects. Les images des détériorations, de l’Arc de triomphe à Paris par exemple, et celles des visages tuméfiés des manifestants après l’usage d’armes par la police circulent plus facilement, mais elles ne résument en rien le mouvement actuel.

Et n’oublions pas que certaines dégradations sur la voie publique, comme les vitrines d’agences bancaires cassées ou les barricades érigées dans les quartiers chics de la capitale, ont un sens plus politique. En ne retenant que ces images, on ne fait plus la différence, et on rabat la résistance sociale sur le nihilisme ou la brutalité d’État : ce n’est pas du tout la même chose. Les dégradations de l’Arc de triomphe relèvent du défi, du vandalisme bravache. Les barricades sur la voie publique sont plus proches de l’action d’autodéfense collective.

La question de la violence n’est pas un thème en soi. Nous sommes face à diverses formes, complémentaires, d’expression de la contestation. La voiture brûlée ou le cordon policier défié font partie d’une panoplie d’ensemble, qui va de l’indocilité à la mise en œuvre d’alternatives collectives en marge de la société, en passant par la subversion depuis l’intérieur du système économique. Et, tout simplement, comparer quelques voitures de sport enflammées et des abribus brisés avec les ravages systématiques du néolibéralisme dans les vies depuis 40 ans est absurde. Une telle violence systémique engendre mécaniquement une contre-violence réactive, dérisoire dans ses moyens mais photogénique. Pour l’essentiel, cette violence s’exprime sur des objets ou des façades.

Dans l’expression du mouvement, l’occupation de certains lieux, des rond-points à l’Ouest parisien, qui concentre de nombreux lieux de pouvoir politiques et économiques, a été l’un des modes d’action privilégié. Comment l’analysez-vous ?

La contestation, en 25 ans, est passée du social au territorial. Les logiques de classe et les identités politiques sont brouillées. Elles sont donc remplacées par un enjeu d’occupation territoriale, comme lors du mouvement Occupy Wall Street aux États-Unis ou les occupations de place en Europe – en Grèce et en Espagne – et dans le monde arabe. Sur les ruines des mots d’ordre politique antérieurs, en crise, il s’agit pour les manifestants de recréer du commun : soit dans des territoires abandonnés par le pouvoir – c’est le cas dans certains quartiers populaires d’Athènes ; soit dans des lieux qui incarnent symboliquement l’opulence, où il est logique de venir braver le pouvoir, comme sur les Champs-Élysées et ses environs ; ou encore dans des endroits qui sont des sites de résistance, comme les « zones à défendre » (ZAD). A Notre-Dame-des-Landes, nous avons assisté à une autre forme d’occupation du terrain, avec des personnes qui s’approprient et cultivent un lopin de terre, se battent pour un territoire sur lequel elles expérimentent des formes d’existence collective.

Avec les gilets jaunes, le défi territorial est sans précédent : jamais les beaux quartiers de Paris n’avaient été occupés par une foule aussi longtemps et de manière aussi répétitive, même pendant les épisodes révolutionnaires. Dès le début de la Commune [du 26 mars au 28 mai 1871, ndlr], l’ouest parisien avait été repris par les « Versaillais ». Cette occupation répétée au fil des « Actes » et des semaines comporte une dimension symbolique – aller sous les fenêtres du pouvoir et de ses lieux – et une signification politique : quand on estime n’avoir plus rien à perdre et personne à qui confier sa représentation – ni parti, ni organisation, ni institution –, le défi est d’aller occuper assez longtemps le terrain adverse pour qu’il se passe quelque chose. Relever ce défi suppose de nouer un lien collectif sur place et de poser ensemble la question du commun : la question de ce que l’on fait là, tous, à cet endroit précis.

La première victoire des gilets jaunes n’est-elle pas de rendre visible, au moins temporairement, la violence économique et sociale que subissent nombre de personnes ?

C’est l’aspect incontestablement le plus fécond du mouvement. C’est aussi son ferment révolutionnaire. Il a rendu visible les dégâts sociaux du capitalisme, la paupérisation, la souffrance, et créé sur cette base du commun. Il démontre en actes que cette guerre sociale peut être un socle collectif, le point de départ d’un combat plus solide et ancré, que les motifs antérieurs de lutte, davantage liés à des options partisanes ou à des identités précises à défendre. Celles-ci n’ont pas disparu. Elles sont – en partie – suspendues, mises sous silence, au moment de rejoindre l’endroit où l’on va manifester : dans les cortèges, on aperçoit peu de drapeaux, aucun signe d’affiliation politique.

La présence de l’extrême-droite suscite pourtant l’inquiétude…

En regardant en détail les accoutrements, on peut repérer dans la foule des militants d’extrême-droite. Et puis certains fascistes attaquent des groupes d’extrême-gauche. Mais dans l’ensemble c’est un mouvement dont la composante déjà politisée, qui semble minoritaire, a choisi de taire sa provenance politique, parce que la majorité l’exige : si vous êtes avec nous c’est sans récupérer notre mouvement. Les gilets jaunes musulmans, hélas trop rares, comme les gilets jaunes islamophobes, laissent en quelque sorte au vestiaire leur appartenance politique ou religieuse pour rejoindre le mouvement, le temps d’un samedi.

Cette suspension tactique des identités intervient pourtant dans un monde très identitaire – par la politique, la religion, la nation, l’origine. Mais la pregnance du contexte, l’élan des circonstances sont si forts qu’ils relèguent au second plan les identités antérieures, et constituent un peuple capable de coordonner son action pour affronter le pouvoir. La suspension de ces appartenances fait la puissance du mouvement, mais ne règle pas tout : la suspension des identités ne fait pas une nouvelle identité. Elle est aussi une limite.

Si les identités politiques ou syndicales sont suspendues le temps du mouvement, dans quelle héritage historique s’inscrit-il ?

La référence explicite et spontanée, dans les discussions du samedi, à des épisodes révolutionnaires antérieurs – 1789, 1848, Mai 68 – exprime la raison qui les guide : face à une injustice sociale sans précédent, nous n’avons rien à perdre et le pouvoir va finir par céder. On a parfois l’impression d’un clin d’œil aux ancêtres, d’une sorte de connivence historique avec leurs homologues d’il y a deux siècles. Qu’ils aient à l’époque pu révoquer puis guillotiner un roi sous-tend la foi des gilets jaunes : tant que nous tiendrons le pavé ensemble, nous avons une chance que le pouvoir cède.

Le contexte politique bien sûr n’est plus le même. Nous vivons aujourd’hui dans un système politique et institutionnel entièrement bloqué par un chantage moral, qui est en réalité idéologique : soit le libéralisme autoritaire et l’austérité bruxelloise, la ploutocratie sans espoir, soit le 3ème Reich à la française, ou la rafle du Vel d’Hiv. Du moins tel qu’a été présenté le deuxième tour de la dernière présidentielle. Le système est figé dans cette alternative, imposée comme le seul choix effectif.

La « contre-violence » des gilets jaunes répond, dîtes-vous, à la violence systémique du néolibéralisme… Pourquoi celle-ci paraît-elle presque invisible dans le débat public ?

Le terme violence est trompeur, il évoque le déclenchement d’un coup : une violence vient soudain briser le temps ordinaire. Or, la violence systémique du capitalisme néolibéral est à ce point présente dans les normes et les lois, les inconscients ou les courtoisies de façade, qu’elle en devient ordinaire, structurelle : le stress, la dépression, la haine de soi, la rivalité, la tension sociale, la pollution et la destruction de la vie.

Attention cependant à ne pas sombrer dans le simplisme mono-causal : ces « violences-monde », comme je les appelle, n’ont pas une cause unique, mais des causes multiples et parfois ancestrales, comme pour les violences sexistes et sexuelles. Les violences environnementales, inter-ethniques ou encore sexuelles ne sont pas des objectifs directs et conscients du système économique. Il s’en accommode, voire cherche à en tirer profit, à faire son miel des autres violences – comme le disait Naomi Klein du « capitalisme du désastre » et de sa « stratégie du choc ».

C’est à dire ?

Une catastrophe environnementale ou un attentat terroriste ne sont pas provoqués sciemment par « le système », évidemment. Mais une fois que le désastre a lieu, le système économique se saisit de l’aubaine pour imposer un « ajustement structurel » [des privatisations, des coupes budgétaires, des baisses de salaires, une réforme néolibérale des retraites ou des protections sociales, etc., ndlr]. Il est plus facile d’imposer un cran supplémentaire de paupérisation, de paranoïa sécuritaire ou d’objectif de rendement après un tremblement de terre ou un krach boursier qu’après une élection. La violence est au cœur de la genèse historique du capitalisme, elle n’est pas seulement un heureux accident, elle est aussi une origine sans cesse reconduite : le capitalisme moderne est né, il y a un demi-millénaire, de la traite négrière et de la colonisation.

On a voulu nous faire croire que le commerce adoucissait les mœurs. Le plus souvent, c’est la violence qui le stimule. On a oublié qu’en quatre années de mobilisation dans la deuxième guerre mondiale, entre 1941 et 1945, les États-Unis ont doublé leur PIB. Il faut se défaire de l’idée que la violence est une exception au sein du système économique. Jamais le système économique actuel ne s’est autant accommodé de ces violences ou en a été aussi directement partie prenante. Augmenter les rendements nécessitera toujours d’augmenter les contraintes, donc la violence.

Qu’a changé le tournant « néolibéral » dans la manière de ressentir et de subir cette violence ?

Entre le début des années 1970 et la fin des années 1980, le système économique dominant évolue. C’est d’abord l’extension à toute la planète de ce régime économique, et à toute l’existence de la valeur marchande. C’est aussi le déclin, voire la destruction, des gardes-fous qu’avait inventés ou laissés se développer le capitalisme et qui compensaient sa dureté : l’État providence, notamment, dont la période de gloire se situe après la seconde guerre mondiale, avec ses systèmes éducatifs et de protections sociales universels et accessibles. La privatisation en cours de ces systèmes, ou l’introduction dans leur fonctionnement d’une logique exclusivement comptable, le retrait de l’État d’autres missions, mettent fin à ces gardes-fous. Ce qu’on peut appeler la radicalisation du capitalisme consiste dans le règne sans partage de ses dogmes et dans la disparition de ces contrepoids. Nous payons aujourd’hui le prix très lourd d’une telle évolution.

Dans les autres formes de violences, quasi invisibles médiatiquement, vous évoquez la « violence évaluatrice » et « la contagion sociale du stress », en particulier dans le monde du travail. Comment s’exerce-t-elle ?

La violence évaluatrice est une violence du temps ordinaire : elle ne fait pas exception, elle ne laisse pas de traces, ni trauma, ni effusion de sang. Beaucoup d’évaluations, prises isolément, ont une raison d’être, pour l’évolution de carrière, le bilan de santé, etc. Le problème est la démultiplication de ces évaluations, leur flicage inutile et pesant, le fait qu’elles structurent notre vie quotidienne, de la naissance à la mort. Nous sommes évalués de l’école maternelle jusqu’à la retraite ; évalués par le bulletin scolaire, pour trouver du travail, pour mériter le chômage, pour que la police et la justice s’assurent de notre vertu. Notre état de santé est évalué constamment par les assurances…

Il existe aussi une auto – et une inter – évaluation permanente, parfois anxiogène parfois divertissante, pour laquelle les réseaux sociaux jouent un rôle essentiel, avec le recueil de données sur nos comportements qui sont ensuite commercialisées. Le terme d’évaluation fait partie de ce langage châtié qui permet de voiler la violence du geste. Or, l’évaluation permanente est un processus de destruction de l’autonomie, pour l’évalué comme pour l’évaluateur : c’est de l’extérieur, contre l’intéressé, qu’on va désormais définir la valeur de quelqu’un.

Comment digérer ou extérioriser ces « violences monde » et « cette violence du temps ordinaire » que vous décrivez dans votre livre ? Comment la réguler ?

On pourrait réduire le rapport à la violence de chaque sujet à un double flux de violence « entrante », ce qui fait violence à quelqu’un, et de violence « sortante », ce que cette personne fait de cette violence et la manière dont elle l’extériorise, la sublime, la compense – ou juste la « gère », comme disent les jeunes. Car cette extériorisation se fait, depuis toujours, selon deux modes principaux. Par la culture et la sublimation d’abord, qui permettent de renvoyer vers l’extérieur (fiction, spectacle) les passions et les violences subies par nous-mêmes, pour nous en soulager, comme le font le cinéma, les séries télé, le théâtre, mais aussi le sport qui accomplit une catharsis énergétique et physique. Mais une autre manière de l’extérioriser consiste à en transférer la responsabilité, à imputer à un groupe donné le mal que nous subissons : de l’employé malmené qui va se défouler sur son épouse, jusqu’au transfert vers des boucs-émissaires raciaux ou religieux. La liste des bouc-émissaires historiques est longue : les juifs, les musulmans, les roms, les homosexuels, les bobos, les États-Unis, les Chinois…

Nous vivons une crise simultanée de ces deux formes de régulation de la violence. La catharsis culturelle est rendue difficile par l’explosion quantitative et qualitative de la culture de l’image, elle-même porteuse de violence. Et la sublimation n’est pas la même lorsque nous sommes spectateurs et lorsque nous interagissons. La promesse d’interactivité elle-même, via les réseaux sociaux par exemple, produit aussi de la frustration – je n’ai pas suffisamment de « like ». Reste le transfert émotionnel vers des victimes expiatoires. Dans un monde en crise et déstabilisé, c’est la porte ouverte aux démagogues et aux charlatans. Et le risque du pire, fascisme ou ultra-patriotisme.

Propos recueillis par Ivan du Roy

Photo : Lors de l’Acte XIII des gilets jaunes,le 9 février / © Serge d’Ignazio

A lire : Le déchainement du monde, logique nouvelle de la violence, éd. La Découverte, 237 pages.

Notes

[1François Cusset est historien des idées, professeur à l’université de Nanterre, auteur de « Le déchainement du monde, logique nouvelle de la violence », éd La Découverte.

Source Basta!, 11 février 2019

Le système d’asile ne répond plus

Campements, loterie, service payant: le système d’asile ne répond plus

En Île-de-France, la demande d’asile se fait… par téléphone, vers un numéro payant, sur une ligne saturée en permanence. Outre le retard, cela a pour conséquence de rendre invisibles les personnes en attente d’enregistrement de leur demande d’asile. Les files d’attente ne sont plus devant les services de la préfecture, mais elles existent toujours… au bout du fil.


Dix associations venant en aide aux demandeurs d’asile en Ile-de-France demandent au juge du tribunal administratif de Paris (TA) de prendre des mesures d’urgence pour garantir un véritable accès à la demande d’asile, dans le respect du délai légal d’enregistrement de trois jours. Il est aujourd’hui impossible pour une personne souhaitant déposer une demande d’asile en Ile-de-France d’accéder aux services de la préfecture sans attendre plusieurs semaines.

En cause : le numéro de téléphone mis en place en Ile-de-France en mai 2018 par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Ce service téléphonique est censé permettre à une personne souhaitant déposer une demande d’asile d’obtenir un rendez-vous par SMS auprès de la Spada, la plateforme d’accueil pour demandeurs d’asile. La Spada lui remet ensuite une convocation papier, sésame incontournable permettant d’accéder au guichet unique des demandeurs d’asile regroupant services de la préfecture et de l’Ofii, pour y déposer sa demande d’asile.

Premier écueil : ce numéro est très difficile d’accès ; il faut appeler des dizaines de fois, et attendre plus d’une demi-heure, avant de pouvoir entendre un agent de l’OFfii au bout du fil. Autre élément incompréhensible, ce numéro est un numéro payant.

Pour un seul appel de 45 minutes, le montant facturé par les principaux opérateurs utilisés par les exilés est équivalent à 6.75 euros. Ce coût est particulièrement exorbitant pour des personnes sans ressources qui, pour beaucoup, sont obligées de dormir dans la rue tant qu’elles n’ont pas pu déposer leur demande d’asile. De plus, au bout de 45 minutes d’attente, la communication s’arrête automatiquement et il faut alors tout recommencer.

Un délai qui pèse lourdement sur les exilés

Une situation d’autant plus grave que tant que la personne n’a pas enregistré sa demande d’asile, elle est en situation irrégulière et risque à tout moment d’être placée en rétention et expulsée. Elle n’a pas non plus accès aux droits sociaux destinés aux demandeurs d’asile : hébergement (sauf le 115, saturé), allocation, couverture maladie.

Pire, l’administration retiendra ce délai d’attente, qui n’est pas du fait des exilés mais bien de son fait, pour les placer en procédure « accélérée » qui est plus expéditive et moins protectrice et leur refuser le bénéfice des conditions matérielles d’accueil (notamment allocation et hébergement), si les personnes ont pris plus 90 jours après l’entrée en France pour déposer leur demande d’asile.

De plus, l’autre système local d’entrée dans la procédure d’asile, les CAES (centres d’accueil et d’examen de la situation), est saturé. Pour y avoir accès, il faut au préalable être passé par des centres d’accueil de jour parisiens, eux-mêmes saturés. À tel point que l’un d’entre eux a dû avoir recours à des solutions aberrantes comme le tirage au sort pour permettre l’accès des personnes à la procédure d’asile.

Un accès à la demande d’asile pointé du doigt à de nombreuses reprises

L’accès à la demande d’asile dans la région à de nombreuses fois été dénoncé par le Collectif asile Ile-de-France dont font partie la plupart des associations requérantes. En 2016 notamment, les délais d’enregistrement étaient de plusieurs mois, entraînant la formation de nombreux campements notamment dans le nord de Paris qui mettaient les exilés dans une précarité extrême.

Pourtant, le Ceseda (Code l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), transposant la directive européenne dite « accueil », prévoit que l’autorité administrative a trois jours pour enregistrer une demande d’asile (ou maximum dix jours en cas de nombre élevé de demandes).

Aujourd’hui, nos dix organisations condamnent les graves dérives du système de plateforme téléphonique payante de l’Ofii qui n’a pas pour but de faciliter l’accès à l’asile, au contraire. Il a surtout pour conséquence de rendre invisible les personnes en attente d’enregistrement de leur demande d’asile. Les files d’attente ne sont plus devant les Spada, mais elles existent toujours… au bout du fil. Nous demandons au tribunal administratif de Paris qu’il garantisse un véritable accès à la demande d’asile pour tous et toutes, dans le délai légal de trois jours.

Organisations signataires :

ACAT France, ARDHIS, La Cimade IDF, Dom’Asile, Gisti, Groupe Accueil et Solidarité, JRS France, Ligue des droits de l’Homme, Secours catholique-Le Cèdre, Solidarité Jean Merlin

Source https://blogs.mediapart.fr/association-gisti/blog/110219/campements-loterie-service-payant-le-systeme-d-asile-ne-repond-plus

Des sanctions contre les chômeurs à l’ensemble des minimas sociaux ?

Comment des sanctions contre les chômeurs risquent, demain, de s’étendre à l’ensemble des minimas sociaux Par Rachel Knaebel 

Depuis début janvier, les chômeurs sont soumis à des contrôles renforcés en France. Un rendez-vous manqué, une offre d’emploi dite « raisonnable » refusée, et c’est la radiation, plus ou moins longue, avec suspension des indemnités. Cette politique punitive s’inspire clairement de celles qui sont menées en Grande-Bretagne et en Allemagne, où les sanctions se sont progressivement appliquées aux autres prestations sociales, allocations familiales ou aides au logement. Leurs conséquences sont sans appel : « Elles frappent d’abord les personnes les plus faibles », repoussées vers une encore plus grande pauvreté. En Allemagne, le tribunal constitutionnel est d’ailleurs en train de se pencher sur la légalité de ces sanctions. Explications.

Début janvier, le gouvernement français a durci par décret les contrôles et les sanctions à l’encontre des chômeurs. Cette politique ne tombe pas du ciel. Au Royaume-Uni, la possibilité de supprimer les allocations aux demandeurs d’emploi, qui manquent des rendez-vous ou sont jugés trop peu assidus dans leurs démarches, existe depuis plus de dix ans. « En 2007, le gouvernement travailliste a adopté une loi prévoyant des sanctions contre les personnes handicapées et en longue maladie, considérant que beaucoup n’étaient pas vraiment en incapacité de travailler », rappelle Anita Bellows. Depuis cette date, l’activiste du collectif « Personnes handicapées contre les coupes » (Disabled People Against Cuts) suit les effets de ces sanctions sur les personnes concernées. Et elles sont de plus en plus nombreuses.

Ces sanctions ont rapidement été étendues à l’ensemble des demandeurs d’emplois et des travailleurs pauvres qui perçoivent une allocation. Outre-Manche, une personne qui se retrouve au chômage percevra une indemnité forfaitaire pendant six mois (le Jobseeker allowance). Ensuite, elle recevra un minima social calculé en fonction de sa situation familiale, de ses revenus, du montant son aide au logement, etc. « En 2012, les conservateurs ont fait adopter une nouvelle loi, un « Welfare Act », qui a durci les sanctions à l’extrême. Elles ont gagné en durée et en sévérité », poursuit Anita Bellows.

« Les allocations peuvent être interrompues jusqu’à trois ans d’affilée »

« Les allocations peuvent être interrompues jusqu’à trois ans d’affilée, précise John, conseiller dans une agence du « Jobcentre » britannique du centre de l’Angleterre [1]. Même si la personne recommence à chercher du travail avec assiduité, si elle accepte de candidater à tout, ces sanctions ne sont pas levées. Une fois la décision prise, les allocations restent suspendues. » Et ce, jusqu’à l’échéance de trois ans ou si l’allocataire porte un recours en justice. « Des gens qui ne viennent pas à un rendez-vous parce qu’ils sont à l’hôpital sont sanctionnés, de même que des femmes qui sont en train d’accoucher… Quand les gens engagent un recours au tribunal, ils ont de bonnes chance de gagner, de faire annuler la décision », illustre Anita Bellows.

La justification affichée, en Grande-Bretagne comme en France, de ce nouveau régime de sanctions est d’inciter les personnes à retravailler le plus vite possible. Quels sont les résultats concrets de cette politique ? « Certaines catégories de personnes sont particulièrement vulnérables et affectées par la suspension des allocations. Cela inclut les parents isolés, les jeunes adultes qui sortent tout juste du système d’aide sociale à l’enfance, les personnes malades ou handicapées », souligne un rapport du Parlement britannique en octobre dernier. Souvent, les personnes sanctionnées « empruntent de l’argent, coupent dans leurs dépenses alimentaires et les autres dépenses de première nécessité, ou ne paient plus leurs factures, plutôt que d’augmenter leur revenus en retrouvant du travail », rapporte encore l’enquête parlementaire.

« Ces sanctions ont été utilisées pour faire baisser artificiellement les chiffres du chômage »

Les députés britanniques citent le cas d’une mère célibataire contrainte de se tourner vers les banques alimentaires. Son allocation avait été réduite parce qu’elle avait quitté un emploi à temps plein pour travailler à temps partiel, ne pouvant plus payer la garde de ses enfants. « Les personnes les plus sanctionnées sont celles qui ont déjà le plus de mal à naviguer dans le système, a constaté Anita Bellows. Ces sanctions, nous y sommes opposés par principe. En plus, elles ont été utilisées pour faire baisser artificiellement les chiffres du chômage » Résultat : si le taux de chômage officiel britannique affiche un séduisant 4 %, le nombre de travailleurs pauvres y est trois fois plus élevé qu’en France, avec plus d’un salarié sur cinq concerné !

En Angleterre, « la mise en place des sanctions s’est faite dans une grande indifférence, parce que les chômeurs sont stigmatisés. Mais aujourd’hui, avec le système de l’Universal Credit, qui fusionne les allocations sociales et chômage sous un même guichet, des personnes qui travaillent mais touchent des allocations parce que leurs revenus sont bas se retrouvent aussi sanctionnées. On commence donc à en parler plus largement », rapporte Anita Bellows. La réforme du « Crédit universel » (Universal Credit), votée en 2012, se met en place progressivement. Elle fusionne dans un même service et une même allocation l’ensemble des aides : l’allocation chômage minimum – l’équivalent du RSA –, l’allocation pour les personnes dans l’incapacité de travailler pour cause de maladie ou de handicap, l’aide au logement, le crédit d’impôt pour la reprise d’un travail et le crédit d’impôt pour les enfants à charge. C’est cette allocation devenue unique qui peut désormais être réduite « si vous ne faites pas ce pourquoi vous vous êtes engagé », comme chercher du travail et fréquenter un Jobcentre [2].

En Allemagne, des sanctions renforcées pour les jeunes

En Allemagne, les sanctions contre les chômeurs peuvent également concerner leur aide au logement. Mi-janvier, le tribunal constitutionnel, la plus haute juridiction du pays, a commencé à étudier la question : ces suspensions d’allocations sont-elles compatibles avec la Constitution ? Le contrôle des demandeurs d’emploi y a été durci il y a plus de dix ans, au moment de la réforme du système d’assurance-chômage de 2005. La durée du chômage indemnisé a alors été limitée à un an. Le chômeur touche ensuite une allocation minimum, appelée « Hartz IV ». Le versement de cette allocation fait l’objet de contrôles renforcés destinés à « remettre au travail » au plus vite la personne concernée. Un rendez-vous raté, une formation refusée, une offre d’emploi à laquelle on ne candidate pas, signifient une coupe immédiate d’une partie de l’allocation, jusqu’à une suspension intégrale en cas de récidive.

Pour les moins de 25 ans, les sanctions sont encore plus drastiques : au moindre manquement, c’est la suppression totale de l’allocation. Au deuxième, l’aide au loyer – payée directement au propriétaire du logement – est aussi suspendue. « Ce traitement plus dur envers les jeunes est officiellement justifié comme une mesure “éducative” », déplore Inge Hannemann, aujourd’hui élue municipale de Hambourg pour le parti de gauche Die Linke. L’élue travaillait auparavant au Pôle emploi allemand, le « Jobcenter », entre 2005 et 2013, où elle a protesté contre la politique des sanctions. Avant, finalement, de se faire licencier.

Spirale d’endettement et perte de logement

« Les sanctions touchent avant tout les personnes qui sont déjà dans des situations difficiles : celles qui ont des troubles psychiques, les migrants, les personnes qui ne maîtrisent pas bien l’allemand ou qui, même si elles sont allemandes d’origine, ne maîtrisent pas le langage administratif. En fin de compte, elles frappent les plus faibles », souligne Inge Hannemann. Un centre social de la région de Wuppertal, dans la Ruhr, a récemment réalisé, en vue de l’audience au tribunal constitutionnel, un sondage auprès de plus de 21 000 personnes, chômeurs, travailleurs sociaux, avocats, agents du Jobcenter, sur les conséquences du régime de sanctions.

Les résultats de l’étude sont sans appel. Pour près trois-quarts des participants à l’enquête, les réductions d’allocation représentent le début d’une spirale d’endettement. Plus de 60 % des personnes interrogées affirment aussi que les sanctions contribuent à une perte de logement. Plus de 90 % des personnes qui ont répondu estiment, en outre, que les sanctions n’aident pas du tout à réintégrer les chômeurs sur le marché du travail. La majorité des agents des Jobcenter partage également ce point de vue.

« On n’aide pas les gens en leur faisant peur »

Pourtant, les sanctions pleuvent. Selon l’Agence pour l’emploi allemande, entre octobre 2017 et septembre 2018, plus de 920 000 sanctions ont été prononcées contre 400 000 chômeurs (un même chômeur peut être sanctionné plusieurs fois dans l’année). Un chômeurs sur six a été sanctionné dans l’année ! Pour les trois-quarts des sanctions, le motif était un simple rendez-vous raté [3]. « Quand j’ai commencé à dénoncer publiquement les sanctions, des collègues m’ont donné raison en interne, mais ils n’osaient pas le dire publiquement parce qu’ils craignaient de perdre leur job. Leur peur était justifiée. C’est ce qui m’est arrivé », témoigne aujourd’hui Inge Hannemann. Avec la procédure en cours auprès du tribunal constitutionnel, les langues se délient. Fin janvier, la directrice d’un Jobcenter local, celui de Brême, a sévèrement critiqué le système des sanctions dans une interview à un quotidien régional : « On n’aide pas les gens en leur faisant peur », a-t-elle déclaré, dénonçant les « dégâts » provoqués par les coupes dans les allocations.

Pour autant, l’ancienne conseillère Inge Hannemann ne croit pas que le tribunal constitutionnel, qui devrait rendre sa décision dans quelques mois, va interdire de couper les allocations aux chômeurs. « Le tribunal pourrait arriver à la conclusion qu’on ne peut pas couper le minimum vital. Mais pour les chômeurs, il y a un système de bons alimentaires qui peuvent être attribués quand les allocations sont suspendues. Donner ces bons est obligatoire pour les foyers où il y a des enfants mineurs. Sinon, il faut en faire la demande. Mais c’est le même conseiller qui décide de sanctionner et d’attribuer, ou pas, les bons. Et tous les magasins ne les acceptent pas, surtout à la campagne. Le tribunal pourrait en revanche affirmer qu’il faut arrêter de sanctionner plus sévèrement les moins de 25 ans, et qu’on ne peut pas supprimer l’aide au paiement du loyer, parce que cela met les gens à la rue, analyse l’ancienne conseillère. Mais il est possible que cela ne soit qu’une recommandation, et qu’ensuite la gouvernement prenne son temps pour légiférer, ou attende les prochaines élections. » Celles-ci auront lieu en 2021.

En France, l’ensemble de la protection sociale bientôt soumise aux mêmes sanctions ?

Et en France ? L’aide au logement ou les allocations familiales pourront-elles, demain, être aussi concernées par les sanctions visant un demandeur d’emploi jugé pas suffisamment zélé ? Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron a annoncé vouloir mettre en œuvre la fusion des allocations et aides. La version française de l’Universal Credit c’est l’« Allocation sociale unique », envisagée par le gouvernement [4]. « Il faut regarder ce qui se passe en Grande-Bretagne car ils sont souvent les premiers à mettre en œuvre des réformes que les autres pays reprennent ensuite », alerte Inge Hannemann. La mise en place de l’aide sociale unique telle que le souhaiterait Emmanuel Macron va-t-elle suivre les modèles allemands et britanniques, et soumettre tous les bénéficiaires d’aides sociales au régime de sanctions qui vaut désormais pour les chômeurs ?

Rachel Knaebel

Dessins : Rodho

Notes

[1Le prénom a été changé sur demande du conseiller.

[2Voir l’information du gouvernement britannique sur les sanctions quant à l’Universal Credit ici.

[3Voir les chiffres ici.

[4Cette allocation regrouperait le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation de solidarité spécifique (ASS), la prime d’activité, les aides au logement (AL), l’allocation adulte handicapé (AHH), l’allocation de solidarité pour les personnes âgées (ASPA, ex-minimum vieillesse) et l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI), selon Le Monde.

Source https://www.bastamag.net/Comment-les-sanctions-contre-les-chomeurs-risquent-demain-de-s-etendre-a-l

E.Toussaint au sujet de Yanis Varoufakis 8e partie

  Série : Le témoignage de Yanis Varoufakis : accablant pour lui-même

CR réunion du collectif du 4 février 2019

Réunion du collectif « Citoyens de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe » du 4/02/2019

Présents : Lucienne, Christine, Georges, Béatrice, Liliane, Max

Retour sur la commande des produits VIOME du mois de décembre

– 35 personnes ont effectué des commandes, pas mal de nouveaux
– la distribution du catalogue et du bon de commande lors de la projection du film L’Amour et la Révolution au Club et lors de la soirée SCOP ont permis une diffusion de l’information efficace
– un petit stock a été constitué pour distribuer au fil de l’eau
– quelques points négatifs : la livraison a tardé et quelques personnes ne sont pas venues chercher leur commande lors des permanences
– prochaine commande, peut-être en septembre, en tout cas à un moment où il fera moins froid !
– un film intéressant sur les VIOMe diffusé sur ARTE, il dure 31 mn:
https://www.arte.tv/fr/videos/073399-064-A/arte-regards-des-savons-pour-resister/?fbclid=IwAR3TIIIW4yMdttaP-XmE2P6G_NRr7fmD8RTiDP7BPD_ZeUaQ4zU-97pGzu0

Recherche de film pour projection en 2019

– une piste intéressante : le prochain film d’Angélique Kourounis … peut-être dans quelques mois
– Christine essaie de trouver d’autres films

Convoi solidaire Anepos

Nicolas, qui participera au convoi qui partira en Grèce fin février, tiendra une permanence à Grenoble (rue Berthe de Boissieux) ce mercredi 6 février de 14h à 16h

Accord entre la Grèce et l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine

Cet accord qui contient, entre autres, le changement de nom de cette ancienne république Yougoslave en Macédoine du Nord, a suscité pas mal de remous en Grèce. Il n’est pas facile de se faire une idée de ce qui se joue avec cet accord. Un article de Emmanuel Kosadinos dans son blog sur Médiapart peut permettre de comprendre un peu mieux la situation :
https://blogs.mediapart.fr/emmanuel-kosadinos/blog/250119/apres-laccord-de-prespa-reflexions-sur-la-question-dite-macedonienne

Prochaine réunion du collectif

Lundi 15 avril 2019 de 17h à 19h salle 200 à la Maison des associations de Grenoble (salle réservée au nom d’Attac)

Les origines économiques de l’autoritarisme d’E. Macron

Par

La tentation d’un régime plus autoritaire dans la France de 2019 trouvait déjà ses racines dans la vision économique du candidat Macron. Or cette soumission à l’exigence néolibérale de circulation du capital est définie comme une exigence transcendante, qui dépasserait le cadre national et s’imposerait au pays.

L’évolution autoritaire du quinquennat d’Emmanuel Macron ne peut se comprendre qu’en partant de la source de ce pouvoir : l’économie. L’actuel président de la République a construit sa candidature et son existence politique sur une certitude : celle que la France était en déclin et que ce déclin s’expliquait par son refus de se soumettre à la « modernité ».

Or si la France a été incapable de s’y soumettre, c’est parce qu’elle avait un système politique qui était incapable d’adapter le pays à la « réalité » de la mondialisation et à l’ordre économique qu’elle induit. Dans son ouvrage Révolution, Emmanuel Macron le dit clairement : « Notre vie politique est aujourd’hui organisée autour d’un clivage ancien qui ne permet plus de répondre aux défis du monde. »

La « vérité » selon Emmanuel Macron

Dès lors, l’identité politique de l’hôte de l’Élysée peut se comprendre comme l’idée qu’il convient de briser avec les compromis du passé et de soumettre le pays, pour son « bien », à l’ordre économique. Le 1er mai dernier, dans un entretien accordé à la revue étasunienne Forbes, Emmanuel Macron avait déjà revendiqué cette vision du monde ; les investisseurs choisissent les pays qui seront les destinataires de leurs bienfaits et la fonction des États est de se rendre « attirants » (le président le dit explicitement dans ce texte). Ceci est clairement une politique néolibérale.

Comme le souligne l’auteur Quinn Slobodian dans son récent ouvrage Globalists (paru aux Presses universitaires de Harvard en 2018), le « néolibéralisme » est un courant de pensée qui vise avant tout à favoriser la liberté de circulation du capital. Or la condition principale de cette liberté réside dans la concurrence entre les États, concurrence qui elle-même s’appuie sur la capacité de ces derniers à offrir le « meilleur coût », donc moins d’impôts et un prix du travail faible. Ce sont les fameuses « réformes structurelles » qui forment la pierre angulaire du programme d’Emmanuel Macron et sur lesquelles l’exécutif n’entend à aucun prix revenir. Pour une raison évidente : c’est sur la réalisation de ces réformes que s’est constituée la vision politique du chef de l’État.

Or cette soumission à l’exigence néolibérale de circulation du capital est définie comme une exigence transcendante, qui dépasserait le cadre national et s’imposerait au pays. Elle l’est parce que la science économique lui a permis de l’être. Durant une trentaine d’années s’est en effet construit, comme l’explique dans cette vidéo de Mediapart l’économiste à l’OFCE Francesco Saraceno, un « compromis » scientifique entre les pensées néokeynésiennes et néoclassiques, qui a valorisé les bienfaits de la concurrence. Tout ce qui s’est retrouvé hors de ce compromis, ce que l’on appelle « l’hétérodoxie », a été placé hors du champ scientifique.

Voici qui tombait à point : les réformes, visant à renforcer l’ordre concurrentiel à tous les niveaux, sont dès lors devenues la réalisation concrète d’une vision rationnelle du monde s’opposant à un « obscurantisme », pour reprendre les mots des économistes Pierre Cahuc et André Zylberberg dans leur pamphlet contre le « négationnisme économique ».

Dès lors, cette politique devient non plus une simple soumission, mais une reconnaissance de la vérité du monde et donc du réel. Et la tâche de la politique doit être de faire entrer le pays dans cette réalité à laquelle il se refuserait. « Nos partis politiques sont morts de ne s’être pas confrontés au réel », expliquait le futur président dans Révolution. Pour enfoncer le clou, on présente quelques exemples édifiants, mais toujours isolés et hors contexte général, prouvant le succès de cette reconnaissance de la vérité : l’Allemagne pour le marché du travail, la Suède pour les taxes sur le capital, le Canada pour les finances publiques, le Royaume-Uni pour l’administration, la Suisse pour l’innovation…

Alors la solution cesse d’être politique. Le débat n’oppose plus la droite et la gauche, mais les défenseurs de la vérité, rebaptisée « réel » ou « modernité », et ceux de l’erreur. La fonction du chef de l’État n’est plus que de faire entrer son pays dans cette vérité. C’était là le sens de cette « transcendance » qui emporterait le président de la République et dont parlait Emmanuel Macron dans un entretien de septembre 2016.

Sa mission est celle de faire passer la France des ténèbres à la lumière. Et seule l’acceptation de cet ordre néolibéral permettra de faire renaître le pays de son supposé déclin. « Le destin français est d’embrasser la modernité, non pour faire table rase ou pour s’adapter servilement au monde mais pour le conquérir en le regardant bien en face », écrivait Emmanuel Macron. La soumission à l’ordre économique devient alors le salut du pays. Cette fonction sacerdotale se retrouve aujourd’hui dans les grand-messes du « grand débat », où le président porte la bonne parole devant les foules.

L’impossible compromis social

En France, une telle pensée franchement revendiquée a pu paraître effectivement « révolutionnaire », comme l’a prétendu le pompeux titre du livre-programme de l’actuel président de la République. L’économiste Bruno Amable, professeur à l’université de Genève, permet de mieux comprendre pourquoi dans un ouvrage publié en anglais en 2017 (Structural Crisis and Institutional Change in Modern Capitalism: French Capitalism in Transition, paru aux Presses universitaires d’Oxford). Selon lui, la France a bien connu, notamment après le « tournant de la rigueur » de 1983, de « substantiels changements institutionnels » allant vers l’idéal néolibéral. Mais, précise-t-il, « la transformation du modèle français reflète l’adaptation des institutions néolibérales à la structure institutionnelle française préexistante dont les éléments remontent pour la plupart à la période fordiste de l’après-guerre ».

Ce modèle que Bruno Amable appelle « hybride » n’est pas une forme dégénérée ou incomplète, il a sa propre cohérence et sa propre justification. De fait, il correspond à la réalité sociale et politique du pays. Les différents gouvernements depuis 1983 se sont efforcés d’introduire des éléments néolibéraux, mais de manière progressive, afin de préserver des équilibres qui permettaient de conserver leurs propres ancrages dans la société.

« Les institutions sont le résultats des compromis sociopolitiques », rappelle Bruno Amable. La France, pays marqué jusqu’à la Première Guerre mondiale par de fortes inégalités et une forte liberté accordée au capital, est restée attachée au modèle issu de l’après-guerre. Et comme ce modèle a été créé par des éléments de gauche et de droite, les deux camps ont dû en préserver des pans entiers.

Or c’est précisément contre cette « hybridation » que s’est défini Emmanuel Macron. Puisqu’on ne transige pas avec la vérité, on ne peut accepter de compromis. Le rejet du « clivage droite-gauche » de l’actuel président de la République, c’est le rejet de ce compromis permanent, c’est la promesse d’une pureté de la politique, incarnée dans une vérité technocratique. En cela, cette démarche est d’une véritable radicalité : celle qui vise une politique qu’il veut plus « vraie », mais qui refuse toute résistance de la réalité sociale. Le réel rêvé par les technocrates prend alors le pas sur le réel concret, social, politique. Il faut faire entrer cette dernière réalité dans l’idéal, s’il le faut aux forceps puisque c’est pour le bien de la société.

Dès lors, la politique d’Emmanuel Macron s’éclaire d’un jour nouveau : réaliser un compromis sur les « réformes », ce serait revenir aux méthodes politiques précédentes, ce serait accepter l’hybridation et donc refuser que la vérité triomphe. C’est absolument impossible. Cette intransigeance, qui s’est manifestée dans le mode d’organisation du « grand débat », ne peut porter que sur les « baisses d’impôts » et les « économies à réaliser ».

Pour passer outre les résistances, ne reste que l’autoritarisme

Seulement voilà, la société française résiste. L’hybridation du système français correspondait à un équilibre social. Le détruire laisse nécessairement place au conflit. D’autant qu’Emmanuel Macron a, pour mener sa « révolution », ou plutôt sa destruction de ce système, surestimé l’ampleur de son soutien en se prévalant des élections présidentielle et législatives de 2017. Mais ces deux scrutins n’ont guère apporté de soutien clair à ses choix économiques. Le 5 mai, le scrutin a d’abord été un vote de rejet de l’extrême droite, tandis que les législatives sont souvent marquées par un « légitimisme » en faveur du chef d’Etat élu, qui ne s’est jamais démenti depuis 2002, et par une forte abstention.

La réalité est que le socle de soutien à cette politique économique présidentielle est réduit à ce que Bruno Amable et Stefano Palombarini appellent « le bloc bourgeois ». Un bloc qui n’est pas majoritaire, à la différence de ce que l’on observe dans les pays du nord de l’Europe, mais qui, système électoral oblige, peut l’emporter compte tenu de la division du bloc adverse. Sauf que ce bloc adverse peut faire front pour s’opposer à la politique de destruction du modèle français. C’est là que l’on en est désormais : un face-à-face violent et sans compromis possible, parce que l’essence même du système français est en jeu et que le régime électoral n’a pas pu clairement expliciter le choix de la majorité sur ce sujet.

Mais pour Emmanuel Macron, céder est impossible. Ce serait non seulement renoncer à son identité politique, mais aussi échouer à une épreuve essentielle, une forme de « baptême néolibéral ». « Les néolibéraux mettent en évidence la nécessité de passer outre les décisions populaires lorsqu’elles contreviennent à ce qui est vu comme un principe supérieur », écrit Quinn Slobodian. Assumer son impopularité, c’est se montrer capable de défendre la vérité envers et contre tout.

Il y a là une forme de fanatisme dans lequel on prouve sa capacité par son opposition à son propre peuple. On a vu des postures de ce genre dans toute l’Europe durant la crise de la dette : au Portugal, en Grèce, en Italie ou en Espagne. Pour Emmanuel Macron, c’est une façon de construire sa stature internationale, de montrer qu’il peut « réformer » ces Gaulois irréformables. C’était ce qui impressionnait tant les médias anglo-saxons au début du quinquennat.

Mais si céder est impossible, comment « passer outre » la résistance de la société française ? Quinn Slobodian décrit comment, à partir des années 1980, ont été construites des structures internationales capables de soumettre les États à l’ordre néolibéral : l’OMC, le FMI, l’UE, les marchés financiers… Lorsqu’un État décidait de changer de politique, cette pression « externe » le ramenait à la raison. Mais la France ne prête guère le flanc à ce genre de pression. La France n’a pas à craindre ses créanciers. Les marchés ont soutenu son modèle hybride et ne s’inquiètent guère du mouvement des gilets jaunes, ce qui rend, du reste, toute menace de l’UE peu crédible, à la différence du cas italien. Bref, cette option ne fonctionne pas.

Par ailleurs, Emmanuel Macron ne peut guère s’appuyer sur une prétendue « efficacité » de ses recettes économiques. Aucune de ses réformes, pas davantage que les précédentes, n’ont été en mesure de rendre la France plus solide économiquement, bien au contraire. En brisant le subtil équilibre entre État, consommateurs et entreprises et en faisant un mauvais diagnostic, centré sur l’attractivité et la compétitivité coût, il l’a plutôt affaiblie. Dès lors, la politique de « compensations » mise en place n’a guère porté ses fruits, d’autant qu’elle a été timide. Et les 10 milliards d’euros annoncés en décembre ne devraient pas tellement changer la donne, dans la mesure où les « réformes » atteignent le cœur du système français et donc de la confiance des ménages : l’emploi, la retraite, le chômage, le logement. On peut prétendre, comme le font les néolibéraux, qu’il en faut « encore plus », et c’est, du reste, ce que prétend le président de la République. Mais cette stratégie de la « fuite en avant » permanente est peu convaincante.

Incapable de prouver l’efficacité de sa politique, Emmanuel Macron n’a plus qu’une seule carte en main pour imposer sa « vérité » : celle de l’abus d’autorité. Une carte que le régime actuel, régime personnalisé dont le berceau est une guerre sanglante, lui permet de jouer aisément. Puisque le président de la République connaît la vérité, sait quelle est la bonne voie pour la France, il a le devoir, pour le bien de la France, de mener le pays dans cette voie, contre le désir du pays lui-même. Il lui faut faire le bonheur de « son » peuple malgré lui. Et cela vaut bien de le secouer, par une limitation du droit de manifester, par une tentation de contrôler la « neutralité » de la presse (donc son acceptation de la « vérité » néolibérale) et par une répression des mouvements d’opposition.

La certitude d’Emmanuel Macron d’agir pour le bien du pays et d’être guidé par une vérité transcendantale a de quoi fondamentalement inquiéter. Le néolibéralisme est actuellement sur la défensive. La crise de 2008 et ses suites, son inefficacité à relancer la croissance et à gérer la transition écologique tendent à le remettre en question.

Les grandes organisations internationales remettent en cause certains de ses dogmes comme la libéralisation du marché du travail, la « théorie du ruissellement », la liberté des capitaux… Ce qui se joue aujourd’hui, c’est une crise de régime économique, au sens de celle que l’on a connue dans les années 1930 et 1970. Dans ce contexte, la tentation autoritaire du néolibéralisme se renforce.

En février dernier, Dani Rodrik, l’économiste étasunien d’origine turque, professeur à Harvard, signalait que les démocraties libérales n’étaient pas menacées uniquement par un glissement vers la « démocratie illibérale », danger souvent agité. Un autre existe : « les libéralismes non démocratiques ». Cette idée a été développée par un autre chercheur de Harvard, Yascha Mounk, dans un chapitre de son ouvrage Le Peuple contre la démocratie, traduit aux éditions de l’Observatoire. Il s’agit d’un système où les vraies décisions sont soumises à des règles non choisies, issues de principes non démocratiques définis par l’ordre économique, et où le pouvoir se doit d’assurer l’obéissance des États à ces lois, s’il le faut au prix des libertés fondamentales. C’est vers un tel destin que la France semble désormais se diriger.

Source https://www.mediapart.fr/journal/france/040219/les-origines-economiques-de-l-autoritarisme-d-emmanuel-macron?onglet=full

La mer Méditerranée vidée de ses bateaux de secours aux migrants

Sauvetage en mer par l’équipe de Sea-Watch. [Marcus Wiechmann/Sea-Watch.Org]

Le blocage italien du navire de l’ONG allemande Sea Watch dans le port de Catane, en Sicile, laisse pour l’instant la Méditerranée sans bateaux d’organisation humanitaire pour secourir des migrants. Un article d’Euroefe.

L’embarcation Sea Watch 3 est paralysée dans le port sicilien de Catane, depuis que les autorités italiennes ont détecté une série « d’irrégularités ». Le bateau ne pourra pas ressortir en Méditerranée tant que la situation n’est pas éclaircie.

Le parquet de Catane a ouvert une enquête, qui pour l’instant n’est dirigée vers personne en particulier, après que l’ONG a débarqué le 31 janvier 47 migrants secourus en mer douze jours plus tôt.

Ces personnes ont attendu pendant presque deux semaines qu’on leur donne un accès à un port, jusqu’à ce que l’Italie laisse l’embarcation se diriger vers Catane, suite à un accord de relocalisation des personnes sauvées entre sept pays européens.

L’enquête a été ouverte pour écarter l’hypothèse d’une supposée association criminelle destinée à faciliter l’immigration illégale. Selon les médias italiens, le procureur Carmelo Zuccaro veut déterminer si l’équipage a agi en toute légalité et identifier les possibles trafiquants de personnes.

Carmelo Zuccaro est connu dans le pays pour avoir entrepris plusieurs actions contre les ONG opérant en Méditerranée centrale et a accusé par le passé ces organisations de complicité avec les réseaux de trafiquants de personnes.

Pour l’ONG allemande, la décision de bloquer le navire n’est autre qu’un « prétexte technique pour mettre un terme aux activités de sauvetage en mer ».

Dernier navire de sauvetage

Le Sea Watch 3 était le dernier bateau présent en Méditerranée pour porter secours aux migrants qui tentent d’atteindre les côtes européennes dans des embarcations de fortune.

En janvier, l’ONG espagnole Proactiva Open Arms a reproché aux autorités espagnoles d’empêcher le « Open Arms » de sortir du port de Barcelone, puisque la Sécurité maritime, qui dépend du ministère du Développement, ne lui donnait pas l’autorisation d’appareiller pour la Méditerranée centrale.

Le fondateur et directeur de cette ONG, Òscar Camps, assure que son organisation respecte « toutes les obligations légales ».

Le 2 février, Òscar Camps a regretté la « persécution » dont font l’objet depuis deux ans les ONG qui sauvent des vies en Méditerranée. Une campagne qui a commencé avec les accusations selon lesquelles elles attiraient les migrants, puis les autorités s’en sont prises aux sources de financement, puis ont procédé à la formation des garde-côtes libyens.

Désormais, les États isolent les bateaux dans les ports avec des blocages administratifs « incompréhensibles » qui selon lui, ont pour but d’écarter tous témoins en Méditerranée.

Une décision politique

« Tout laisse penser qu’il s’agit d’une décision politique pour éloigner les ONG de la Méditerranéequi transportent à bord des politiques, des journalistes qui mettent en lumière ce qui se passe en mer », estime Òscar Camps.

Le navire de l’ONG Sea Eye est en train de mener à bien les actions nécessaires au changement et à la mise au point de l’équipage, et prévoit de reprendre la mer dans deux semaines.

L’Aquarius est aussi à l’arrêt après que les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières ont annoncé en décembre la fin de la mission d’un navire qui, depuis son premier départ du port de Marseille en février 2016, a porté secours à près de 30 000 personnes dans les eaux internationales.

Depuis le mois de juin, le « Lifeline » de l’ONG allemande du même nom est détenu à Malte, où il fait l’objet d’une enquête sur sa situation administrative, après le débarquement à La Valette de quelque 230 immigrants six jours plus tôt.

La petite ONG allemande Jugend Rettet a également vu son bateau « Iuventa » saisi par les autorités italiennes en août 2017, le même mois où Médecins Sans Frontières (MSF) a annulé les opérations de « Prudence » et Save the Children a fait la même chose avec « Vos Hestia ».

Un mois plus tard, l’ONG maltaise Migrant Offshore Aid Station (MOAS) a mis fin à ses activités de secours en Méditerranée, faute d’« abris garantis pour les personnes sauvées dans des ports sûrs » et s’est dirigée vers l’Asie du Sud-Est pour aider le peuple Rohingya.

Selon les données du ministère italien de l’Intérieur, 202 migrants sont arrivés sur les côtes du pays depuis le début de l’année, c’est 95,58 % de moins que les 4 566 personnes qui sont arrivées en 2018 et 4 531 personnes en 2017 durant la même période.

Source https://www.euractiv.fr/section/all/news/la-mer-mediterranee-videe-de-ses-bateaux-de-secours-aux-migrants/

Rappel collecte pour le convoi solidaire pour la Grèce

COLLECTE  POUR REMPLIR LES 27 FOURGONS

Nicolas conduira le camion de Savoie. Il sera présent ce mercredi 6 février à Grenoble de 14h à 16h rue Berthe de Boissieux. Voir ci-dessous la liste des besoins et des points de collectes pour ce convoi.

Rappel des besoins

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre (tous âges) petits pots, mixers , soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5), lit parapluie, poussettes,

Jouets : tels que figurines, ballons, cordes à sauter, legos, stylo, feutres, ( pas de peluches),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, shampoings, savons, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, produits ménagers, pansements, désinfectant, chevillères/genouillères, ( ni attelles, ni médicaments) Biafine, Cicatryl, fournitures dentistes (pour dispensaires autogérés),

Matériel : bouilloires, frigos, fours, machine à laver ( en état de marche), marmites, louches,

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, pâtes, riz, lentilles, thé, café, autres. La date de péremption minimale recommandée est mars 2019.

Matériel spécifique pour la résistance :  ramettes papiers, photocopieuses ( en état de marche) ordinateurs, écrans, disques durs clés USB, carte SD, appareils photos/vidéos, téléphones…

n’oubliez pas des messages de soutien : avec éventuellement dessins, photos, affiches,autocollants, infos sur vos luttes…. Des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible, merci de vous en tenir à cette liste. Suite à des collectes sur place plus besoin de couvertures et de vêtements.

Soutien financier : chèque à l’ordre d’ANEPOS à envoyer à ANEPOS « Action Solidarité Grèce » BP10 81540 Sorèze . Cela permet aux collectifs sur place de compléter eux mêmes. Virement et Paypal possibles sur le site www.lamouretlarevolution.net dans la rubrique  » prochain convoi solidaire ».

Si vous voulez partir avec le collectif Anepos, avec votre véhicule, ou aider en créant un point collecte dans votre secteur géographique : solidarite@anepos.net.

Les lieux de collecte confirmés  à ce jour .

En Haute-Savoie (74) 

Attac 74 Chablais à contacter par Facebook, https://www.facebook.com/attac74chablaishttps://www.facebook.com/attac74chablais/?tn-str=k*F  ils répondent dans la journée

La ronde du bio, 307 route de Thones, 74 210 Faverges, https://larondedubio.com/ tous les jours sauf dimanche

En Savoie (73)

Caroline à Lescheraines 73 340 , en fin de journée 06 89 13 40 51

6 février à partir de 18h à ARCHIMALT 95 Rue de Bolliet, 73230 Saint-Alban-Leysse suivie à 20h d’un concert  organisé par des individu-es, des membres du Collectif Sans Frontières

En Isère ( 38)

Nicolas le chauffeur de Savoie tiendra une permanence mercredi 6 février de 14h à 16h dans la rue Berthe de Boissieux à Grenoble. Il y aura un drapeau grec pour le repérer ( tel 06 09 04 17 53 ).

Vies perdues en méditerranée alerte du HCR

Méditerranée : six décès de migrants et réfugiés par jour en moyenne en 2018, selon le HCR

© UNHCR/Hereward Holland
Une Ethiopienne prie quelques minutes après avoir été secourue par le navire Sea Watch, au large de la Libye.
 
Malgré une baisse importante du nombre d’arrivées sur les côtes européennes, un total de 2.275 migrants et réfugiés sont morts ou portés disparus en tentant de traverser la Méditerranée l’an dernier. Parallèlement, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) souligne que 139.300 personnes sont arrivées en Europe par la mer, essentiellement via l’Espagne.
Selon le rapport intitulé Voyages du désespoir, publié aujourd’hui par le HCR, six vies humaines ont été perdues, en moyenne, chaque jour. Si le nombre des arrivées est celui le plus faible en cinq ans, les réfugiés et les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe par la mer Méditerranée ont perdu la vie à un rythme alarmant en 2018, regrette l’agence onusienne.

Sur les itinéraires reliant la Libye à l’Europe, une personne est décédée en mer sur 14 arrivants en Europe – soit une forte hausse par rapport au taux de l’année 2017. Des milliers d’autres ont été renvoyées en Libye, où elles vivent dans des conditions épouvantables dans des centres de détention.

Dans le même temps, l’agence onusienne note qu’une réduction des opérations de recherche et de sauvetage continue de faire de cette traversée maritime la plus meurtrière au monde. Or « sauver des vies humaines en mer n’est ni un choix, ni une question de politique, mais bien une obligation séculaire », a estimé Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.

Le nombre de morts en Méditerranée occidentale a presque quadruplé

Par ailleurs, le rapport révèle également des changements importants intervenus dans les itinéraires empruntés par les réfugiés et les migrants. Pour la première fois ces dernières années, l’Espagne est devenue le principal point d’entrée en Europe avec environ 8.000 arrivées par voie terrestre (à travers les enclaves de Ceuta et Melilla) et 54.800 autres personnes ont traversé avec succès la dangereuse Méditerranée occidentale.

Par conséquent, le nombre de morts en Méditerranée occidentale a presque quadruplé, passant de 202 en 2017 à 777. Environ 23.400 réfugiés et migrants sont arrivés en Italie en 2018, soit cinq fois moins que l’année précédente. La Grèce a reçu un nombre similaire d’arrivées par la mer, environ 32.500 personnes, contre 30.000 en 2017, mais le nombre de personnes arrivant par sa frontière terrestre avec la Turquie a presque triplé.

Ailleurs en Europe, la Bosnie-Herzégovine a enregistré environ 24.000 arrivées de réfugiés et de migrants ayant transité par l’ouest des Balkans. Chypre a reçu plusieurs bateaux transportant des réfugiés syriens en provenance du Liban, tandis que le Royaume-Uni a connu un petit nombre de traversées depuis la France vers la fin de l’année.

Le rapport décrit d’ailleurs la manière dont les changements intervenus dans la politique menée par certains États européens ont entraîné de nombreux incidents, au cours desquels un grand nombre de personnes ont été immobilisées en mer pendant plusieurs jours, dans l’attente d’une autorisation d’accoster. « Les bateaux des ONG et leurs équipages ont été confrontés à des restrictions accrues dans le cadre de leurs opérations de recherche et de sauvetage », déplore le HCR.

© UNHCR/Hereward Holland
Des réfugiés et migrants africains à bord d’un bateau attendent d’être secourus par le navire Sea Watch, au large de la Libye.

Avoir le courage et l’ambition de regarder au-delà du prochain bateau

Pourtant selon M. Grandi, « nous pouvons mettre un terme à ces tragédies ». Pour le chef du HCR, il suffit juste d’avoir « le courage et l’ambition de regarder au-delà du prochain bateau ». Il plaide aussi pour l’adoption « d’une approche à long terme fondée sur la coopération régionale et centrée sur la vie humaine et la dignité ».

D’autant que pour beaucoup de ces migrants et réfugiés, l’arrivée en Europe représentait la dernière étape d’un voyage cauchemardesque, au cours duquel elles ont été victimes de torture, de viols et d’agressions sexuelles, ainsi que de menaces d’enlèvement ou de détention en échange d’une rançon.

Toutefois, des lueurs d’espoir ont été constatées ça et là. Malgré l’impasse politique sur la mise en place d’une approche régionale en matière de sauvetage et de débarquement en mer, comme l’avaient demandé le HCR et l’OIM en juin dernier, plusieurs États se sont engagés à relocaliser les personnes secourues en Méditerranée centrale – ce qui pourrait constituer le fondement d’une solution prévisible et durable. Des milliers de places de réinstallation ont également été promises par les États pour évacuer les réfugiés hors de Libye.

Selon l’Agence des Nations Unies chargé des migrations (OIM), 5.757 migrants et réfugiés sont entrés en Europe par la mer depuis le début de cette année, soit une légère hausse par rapport aux 5.502 qui étaient arrivés pendant la même période l’an dernier. Près de trois semaines après le début de l’année, 207 décès ont été recensés le long des trois principaux itinéraires méditerranéens, contre 242 à la même période en 2018.

Source https://news.un.org/fr/story/2019/01/1035212

Sur Arte un reportage sur les VioMe

ARTE Regards – Des savons pour résister
Une usine grecque autogérée lutte contre la crise

Disponible du 30/01/2019 au 29/04/2019 – Prochaine diffusion le samedi 2 février à 04:00

Leur usine de Thessalonique ayant fait faillite, ces anciens salariés ont décidé de s’organiser en coopérative ouvrière et de produire en autogestion des savons biologiques. Sans chef ni hiérarchie, les travailleurs prennent toutes les décisions en commun et se versent tous le même salaire…

Au plus fort de la crise financière, la société Philkeram Johnson, l’un des principaux producteurs de carrelage en Grèce, faisait faillite. Brusquement licenciés, les anciens salariés de l’usine Vio.Me, au nord de Thessalonique, ont décidé de ne pas baisser les bras. Après s’être réapproprié les lieux, ils se sont organisés en coopérative ouvrière, et produisent désormais en autogestion des savons biologiques. Sans chef ni hiérarchie, les travailleurs prennent toutes les décisions en commun et se versent tous le même salaire. Mais les créanciers de Philkeram Johnson agitent le spectre d’une vente forcée de l’usine. Cette expérience sociale pourra-t-elle se poursuivre encore longtemps ?

https://www.arte.tv/fr/videos/073399-064-A/arte-regards-des-savons-pour-resister/?fbclid=IwAR3TIIIW4yMdttaP-XmE2P6G_NRr7fmD8RTiDP7BPD_ZeUaQ4zU-97pGzu0

Le collectif de Grenoble soutient depuis 2016 les VioMe et organise chaque année une commande groupée de leurs produits.

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