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SOS Méditerranée : Sauveteurs et témoins en Méditerranée

Chers amis,

Le contexte des opérations en mer est toujours plus complexe avec notamment une confusion grandissante dans la coordination des sauvetages. Comme ce fut le cas pour nos dernières opérations en mer où 292 personnes ont été accueillies à bord de l’Aquarius, les ONG sont désormais contraintes de négocier chaque sauvetage de personnes en détresse, blessées, épuisées, en pleine mer.

Alors que les moyens en mer pour sauver des vies sont insuffisants, cette confusion tend à retarder les opérations, mettant chaque fois en péril la vie de centaines de personnes. A la confusion s’ajoute l’horrible sort réservé aux embarcations interceptées par les garde-côtes libyens qui sont reconduites en Libye et non vers un port « sûr » comme le prévoit la loi.

SOS MEDITERRANEE, association européenne et citoyenne, intervient avec son navire ambulance, l’Aquarius, pour secourir celles et ceux qui sont en danger de mort en Méditerranée dans le respect du droit maritime international et des principes d’humanité et de solidarité, qui ont fondé l’Europe, et sont l’ADN des gens de la mer.

Nous demandons instamment aux plus hautes autorités européennes et internationales de clarifier le cadre d’intervention des différents acteurs dans cette zone maritime. Si ce cadre a changé récemment nous estimons que nous, sauveteurs et citoyens européens, devrions en être les premiers informés.

Sauveteurs et témoins : notre présence est plus que jamais nécessaire en Méditerranée.

Merci d’être à nos côtés.

Francis Vallat
Président de SOS MEDITERRANEE France

Journal de Bord

Interceptions par les garde-côtes libyens : le déni des valeurs d’humanité et de solidarité

Présent sans interruption en Méditerranée pendant tout l’hiver, l’Aquarius a été témoin de la recrudescence des interceptions d’embarcation en détresse dans les eaux internationales par les garde-côtes libyens. Ces interceptions s’accompagnent souvent d’une confusion totale sur les transferts de responsabilités des opérations de sauvetage, augmentant leur dangerosité. Retour sur deux récentes opérations à haut risque, dans les eaux internationales, en pleine mer Méditerranée.

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Et en France qu’en est-il de l’accès aux soins ?

Aux urgences, des milliers de patients passent la nuit sur des brancards

par Nolwenn Weiler

Chaque matin, les médecins du service des urgences de Troyes distribuent une note surréaliste à leurs patients. « Madame, monsieur ; vous venez de passer une nuit sur un brancard au sein du service des urgences. Sachez que nous déplorons cette situation (…). L’hôpital manque de lits. Les médecins étant de moins en moins nombreux, il devient difficile d’assurer l’ensemble des missions [1]. » Il devient courant dans les services d’urgence en France que des dizaines de patients attendent ainsi leur tour sur des brancards pendant toute une nuit. « Dans la nuit du 13 au 14 mars, d’après le décompte quotidien relevé par le Samu des urgences de France, ils étaient plus de 200, relève Jean Vignes, secrétaire fédéral du syndicat Sud Santé. Entre janvier et mars, on arrive à environ 15 000 personnes ! » Ce mois-ci, deux patientes sont décédées d’arrêts cardiaques alors qu’elles attendaient leur tour sur des brancards, dans les couloirs des urgences des hôpitaux de Rennes et Reims.

Grèves dures et droit d’alerte

« Notre système d’accueil n’est pas dimensionné pour faire face, déplore Yves Morice, représentant Sud santé sociaux au CHU de Rennes. Nous avons tellement supprimé de lits que l’on n’a plus de solutions d’accueil pour désengorger les urgences. Résultat ? Les gens restent là, au risque de passer 24 heures ou même 48 heures sur des brancards dans les couloirs. » Dans certains services d’urgences, il n’y a parfois même plus de places dans les couloirs pour poser les brancards… Depuis des années à Rennes, et partout en France, les soignants alertent sur cette situation, avec des grèves parfois très longues ou des droits d’alerte déposés en comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) [2].

Mais les fermetures de lits et les suppressions de postes se multiplient, au fil des sévères coupes budgétaires qui sont imposées à l’hôpital public, alors même que les besoins de la population s’accentuent. La population vieillissante augmente, la précarité également – ce qui conduit de plus en plus de gens vers les urgences puisqu’il ne faut pas y avancer d’argent – et le nombre de médecins « de ville » ne cesse de diminuer. Le plan triennal (2015-2017) de l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine, a imposé des économies de trois milliards d’euros en trois ans. L’actuel gouvernement Macron persiste : 1, 6 milliards d’euros d’économies ont été réclamées pour 2018.

Vers le surendettement ?

Les conditions d’accueil aux urgences ne risquent pas de s’améliorer, pas plus que les conditions de travail, d’autant que les hôpitaux s’enfoncent dans une situation d’endettement inquiétante. « La situation financière des hôpitaux s’est très fortement dégradée en 2017, comme en témoignent les premières estimations remontées aux Agences régionales de santé (ARS) par les établissements », signale dès le mois de décembre la fédération hospitalière de France. Les hôpitaux devraient connaître un déficit historique de 1,5 milliards d’euros en 2018, soit une multiplication par trois en deux ans. Ce déficit était de 470 millions d’euros en 2016.

« Les établissements de santé vont se trouver pris en otage entre la qualité des soins qu’ils doivent à leurs patients, la préservation des conditions de travail et de l’emploi des équipes hospitalières et l’obligation du retour à l’équilibre des comptes », déplorait Frédéric Valletoux, président de la fédération. Pour faire face, les établissements vont être obligés de recourir aux partenariat public privé et… à l’endettement. Un risque de spirale infernale imposé par une gestion néolibérale des services publics.

Photo : Adrien Maillot

Source https://www.bastamag.net/Aux-urgences-des-milliers-de-patients-passent-la-nuit-sur-des-brancards

Yannis Youlountas à l’Espace Aragon le 23 avril

Le collectif Grèce-austérité de Grenoble soutenu par Attac 38 et CADTM38 

 vous invite à la projection-débat du film

 L’amour et la révolution

Non, rien n’est fini en Grèce

le lundi 23 avril 2018 à 20h

Espace Aragon 19 bis Boulevard Jules Ferry Villard-Bonnot

suivie d’un débat en présence du réalisateur Yannis Youlountas

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Dix ans après les premières émeutes, les médias ne parlent plus de la crise grecque. Tout laisse croire que la cure d’austérité a réussi et que le calme est revenu.

Ce film prouve le contraire.

A Thessalonique, des jeunes empêchent les ventes aux enchères de maisons saisies. En Crète, des paysans s’opposent à la construction d’un nouvel aéroport. À Athènes, un groupe mystérieux inquiète le pouvoir en multipliant les sabotages. Dans le quartier d’Exarcheia, menacé d’évacuation, le cœur de la résistance accueille les réfugiés dans l’autogestion. Un voyage en musique parmi celles et ceux qui rêvent d’amour et de révolution.

A partir de 19h le collectif organise sur place une collecte de fournitures pour le convoi solidaire de mai 2018 pour la Grèce initié par le collectif Anepos voir détails [ICI] )

 

 

 

Merci de diffuser l’information dans vos réseaux avec cette affiche  L’amour et la révolution_affiche_A4

Affronter le néolibéralisme et le nationalisme

Affronter le néolibéralisme et le nationalisme. Entretien entre N. Slavevski et S. Kouvélakis

La tension créée par le différend entre la Grèce et la République de Macédoine et les complexités de la politique intérieure dans les deux pays ont jusqu’à présent entravé le dialogue transfrontalier entre la gauche radicale grecque et macédonienne.

En Macédoine, le parti social-démocrate au pouvoir, successeur du parti unique de l’ère yougoslave, met en œuvre des politiques néolibérales tout en poursuivant une intégration plus profonde dans le bloc occidental. En Grèce, Alexis Tsipras et Syriza ont renié leurs engagements initiaux pour devenir les exécutants les plus fidèles de la thérapie de choc imposée au pays par la coalition d’airain qui lie ses créanciers à sa propre bourgeoisie.

Il existe cependant des forces dans les deux pays qui combattent cette voie désastreuse, en s’opposant à la fois au nationalisme et à la destruction néolibérale de la démocratie et des droits sociaux. Dans cet entretien, Stathis Kouvélakis et Nikola Slavevski discutent de la tension nationaliste croissante et de l’implication croissante des Etats-Unis dans la région ainsi que de la façon dont la gauche radicale devrait y répondre.

Nikola Slavevski, est diplômé de l’école des Beaux-Arts de Skopje et membre du comité central de Levica (La gauche) de la République de Macédoine

Stathis Kouvélakis enseigne la philosophie politique au King’s College de Londres, il est membre d’Unité Populaire en Grèce.

 Commençons par une question sur la perception par l’opinion publique dans votre pays des négociations en cours entre le gouvernement grec et la République de Macédoine sur le « différend sur le nom ». En annonçant le changement du nom de l’aéroport de Skopje (d’« Alexandre le Grand » à « Aéroport international de Skopje »), le premier ministre macédonien Zoran Zaef a également déclaré qu’il acceptait un nom composite, avec une indication géographique à côté de «Macédoine». Un consensus plus large est-il possible autour d’une telle proposition ? Un tel accort pourrait-il obtenir la majorité qualifiée au Parlement nécessaire pour tout changement constitutionnel ?

Le président actuel de l’opposition de droite a récemment visité Washington, où il a rencontré Trump, une confirmation supplémentaire que le VMRO-DPMNE ne s’est jamais opposé à la politique étatsunienne. Les élites politiques de la République de Macédoine sont soumises à l’impérialisme parce qu’elles ont besoin d’un soutien international pour maintenir leur domination. Je pense que si les intérêts étatsuniens dictent un changement constitutionnel, il y aura une majorité qualifiée au parlement. L’impérialisme occidental a besoin que cette question soit résolue pour permettre l’intégration de la République de Macédoine dans l’OTAN, et, de ce fait, elle sera résolue. Quant au changement de nom de l’aéroport de Skopje, je pense que c’était une bonne décision. L’aéroport a été nommé « Alexandre le Grand » en 2006 comme un acte de provocation du gouvernement VMRO dans le contexte de l’escalade de tension du moment.

 Cela nous amène à la question cruciale de l’OTAN. Il est tout à fait clair que la raison pour laquelle les négociations entre la Grèce et la République de Macédoine ont repris à un rythme intensif est de permettre à celle-ci d’adhérer à l’OTAN, et, par la suite, à l’UE. Il y a même des échéances précises pour le bouclage des négociations, à savoir le prochain sommet de l’OTAN les 11 et 12 juillet précédé d’un sommet de l’UE à Sofia le 17 mai consacré à son élargissement dans les Balkans. Comment évaluez-vous l’élargissement de l’OTAN, auquel la gauche radicale grecque s’oppose catégoriquement ?

L’OTAN n’est rien d’autre qu’un outil de répression impérialiste. L’OTAN est un pacte de guerre et d’agression, l’OTAN est une relique du passé. Levica s’oppose à l’intégration de notre pays dans l’OTAN. Nous ne voulons en aucun cas participer à la répression des autres peuples. Rejoindre l’OTAN n’apportera rien de positif à la population, puisque nous devrons consacrer 2% du budget aux dépenses militaires. Cet argent pourrait plutôt être utilisé pour des programmes sociaux, de santé ou d’éducation.

 Pensez-vous que la question de l’adhésion à l’UE devrait être dissociée de l’adhésion à l’OTAN? Quel rôle l’UE a-t-elle joué jusqu’ici dans la politique intérieure de votre pays ?

L’intégration de l’UE est distincte de l’intégration à l’OTAN, il existe des pays de l’UE qui ne sont pas membres de l’OTAN. Le rôle de l’UE dans la région est important mais la diplomatie de l’UE est « soft », l’outil de l’impérialisme occidental ici est la diplomatie étatusienne. Quoi qu’il en soit, nous soutenons l’intégration européenne, mais l’UE doit être restructurée car elle est fondée sur les intérêts capitalistes et impérialistes des pays du centre. L’Union des peuples européens doit être fondée sur l’égalité et le développement équilibré, et non sur les intérêts capitalistes. Pour parvenir à une telle intégration, nous avons avant tout besoin d’une coopération régionale dans la péninsule balkanique.

 Dans les médias grecs, il est constamment question des « vues irrédentistes » de la République de Macédoine attribuées aux passages de la constitution. Cette accusation a-t-elle un fondement ? Le type de nationalisme promu par les gouvernements VMRO-DPMNE et l’utilisation de symboles de l’Antiquité sont-ils l’expression d’un tel irrédentisme ?

Au moment de l’indépendance de la République de Macédoine, on a pu entendre, dans le contexte du nationalisme grandissant de l’époque, certaines déclarations de la part du parti de droite VMRO-DPMNE selon lesquelles ils tiendraient leur prochain congrès à Thessalonique. Les déclarations de ce type sont caractéristiques du nationalisme dans les Balkans, mais elles ne constituent pas une réelle menace pour les frontières existantes dans la région. Depuis cette époque, VMRO-DPMNE a connu de multiples scissions et s’est transformée en un parti populiste. Il a utilisé le nationalisme pour assurer sa domination, mais comme il est apparu dans les transcriptions des conversations qui ont vu le jour lors du scandale des  mises sur écoute, VMRO-DPMNE avait en fait accepté des positions similaires à celles de la SDSM sur la question du nom.

Ce qu’il importe toutefois de comprendre, c’est pourquoi VMRO-DPMNE et la droite ont eu besoin de cette «antiquisation» de l’identité macédonienne. Il est clair que les nations sont un concept moderne, elles apparaissent la formation des Etats-nations. Il est également clair que les forces de droite ont besoin des mythes à la gloire de de l’État national. Mais la construction de l’identité nationale macédonienne est très atypique. Cette identité n’a pas été construite par la droite mais par la gauche parce que la gauche était républicaine et ne voulait pas que le processus de libération de la domination ottomane aboutisse à l’annexion par l’une des monarchies des Balkans. Elle s’est donc engagée sur la voie de la revendication macédonienne d’abord en tant que question de souveraineté, puis en tant que question nationale.

D’un point de vue historique, la nation macédonienne a été créée en 1944 avec la fondation de la République démocratique de Macédoine, rebaptisée plus tard République socialiste de Macédoine, au sein de la fédération yougoslave. Mais cette fédération était un Etat ouvrier socialiste, pas un Etat national. De ce fait, la droite ne pouvait pas créer un mythe national à partir d’un Etat socialiste, et l’Etat existant lui paraissait dépourvu de gloire. Pour créer le mythe nécessaire à leur récit, ils se sont alors tournés vers l’Antiquité.

En ce qui concerne les vues irrédentistes de la République de Macédoine, je pense que c’est une pure exagération qui n’a rien à voir avec la réalité. Si nous regardons la situation économique, notre économie dépend du capital grec. Si cet État veut continuer à exister, il a besoin de capitaux grecs, et le capital grec y trouve son intérêt en raison de la main-d’œuvre bon marché. Quant à l’aspect militaire, la République de Macédoine dispose de très faibles capacités. Son armée ne compte pas plus de 5.000 soldats, et leur équipement militaire est médiocre. Il n’y a pas de bases militaires à proximité des frontières, et c’est d’une façon générale la plus faible puissance militaire des Balkans. La Grèce dispose d’une capacité militaire incomparablement supérieure.

La classe capitaliste macédonienne est incapable de maintenir l’ordre social sans l’aide du capital grec et international. Par conséquent, son intérêt et celui de l’Etat macédonien n’est pas d’affronter l’Etat grec mais de construire une alliance avec lui. Le discours sur les « tendances irrédentistes » n’est donc que propagande visant à maintenir la méfiance nationaliste entre les deux peuples.

Ce qu’il faut souligner c’est que l’intérêt des travailleur.se.s de la République de Macédoine est de rejoindre la classe ouvrière grecque dans une lutte commune pour leurs droits. Les travailleur.se.s dans les deux Etats ne mènent pas une lutte différente, leur combat est commun.

 La situation politique dans votre pays a connu un changement important après l’éclatement du scandale des écoutes illégales, dans lesquel les dirigeants du gouvernement VMRO-DMNE ont été impliqués. Une importante mobilisation populaire a suivi, conduisant aux élections de 2016 et à la défaite du VMRO-DPMNE. Ces scandales ont révélé l’étendue du pillage de l’État par les politiciens au pouvoir et de la corruption qui a accompagné l’imposition de politiques néolibérales particulièrement brutales. Après les élections de 2016, une nouvelle coalition s’est formée autour du parti social-démocrate SDSM et des partis représentant la minorité albanaise. Quelle est votre évaluation de la politique menée par le gouvernement actuel dirigé par Zoran Zaef ?

Après la formation du nouveau gouvernement les gens ont pu respirer, la peur qui existait au temps du gouvernement VMRO-DPMNE a disparu, mais les institutions de l’Etat n’ont pas été réformées. De nouveaux scandales touchent les membres de la Commission électorale nationale et les indemnités qu’ils sont touchés. Un autre scandale est survenu concernant l’indemnisation des frais de voyage des députés, comme à l’époque des gouvernements VMRO-DPMNE.

S’agissant de l’économie, ce sont les mêmes politiques néolibérales qui sont mises en œuvre. Le SDSM tente de se présenter comme un parti de gauche en se livrant à des manipulations avec le salaire minimum, qui est passé de 10800 à 12000 denars (200 €). Mais une faille juridique supplémentaire a également été ouverte, permettant aux patrons d’enfreindre la loi. De cette façon, le SDSM se présente comme un parti qui se soucie des travailleur.se.s sans avoir besoin d’affronter les capitalistes. Le gouvernement a promis une nouvelle politiques fiscale basée sur la taxation progressive mais en réalité rien n’a changé, ils ne veulent pas et ne se confronteront pas au pouvoir du capital.

 Pouvez-vous nous dire comment le parti Levica (La gauche) a été formé et quels sont ses principaux objectifs ?

Après plusieurs années de mobilisations et de luttes sociales, Levica a été formé en 2016 par des membres du Mouvement pour la justice sociale Lenka et le mouvement de gauche Solidarité, deux réseaux militants de base rejoints par des personnes qui n’étaient pas membres de ces organisations. Il a été conçu comme une tentative de combler le vide sur la partie gauche du spectre politique, et de répondre à la nécessité d’un parti ouvrier, puisque les travailleurs n’avaient aucune organisation politique pour représenter leurs intérêts sur la scène politique et dans la société. L’objectif principal de Levica est de représenter l’intérêt des travailleur.se.s et des couches pauvres de la population, d’organiser les travailleur.se.s dans leur lutte et de transformer la société dans un sens socialement plus juste.

 Voyez-vous des possibilités de collaboration entre Levica et les forces de la gauche radicale grecque qui s’opposent à la montée nationaliste actuelle ?

Il ne s’agit pas simplement de possibilités. La coopération entre Levica et les forces de la gauche radicale grecque est une nécessité. La coopération entre les forces de gauche dans les Balkans est nécessaire pour constituer une plateforme balkanique qui unira la gauche dans la région. Les peuples balkaniques se sont trop souvent tournés les uns contre les autres sous l’influence des forces nationalistes et, pendant qu’ils s’adonnent à ces haines ils se font piller par leurs élites.

Seule l’action commune des forces antinationalistes permettra aux peuples de voir que celles et ceux qui se trouvent de l’autre côté de la frontière ne sont pas des ennemis, mais des personnes confrontées à des problèmes similaires, et que ces problèmes nécessitent souvent une action commune pour être résolus. Nous comptons vivement sur la coopération future avec nos camarades grec.que.s pour mener à bien cette tâche.

Source https://www.contretemps.eu/macedoine-grece-neoliberalisme-nationalisme/

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Que fait la gauche européenne devant l’extradition de Puigdemont

Tandis que reviennent en Europe les démons de l’entre-deux-guerres

Empêchons que Puigdemont subisse le sort de Companys !

30 mars par Yorgos Mitralias

Voici donc que l’indomptable Catalogne et son peuple intrépide se trouvent de nouveau, après 80 ans (!), à l’épicentre de cette tragédie européenne toujours recommencée ! Aujourd’hui comme alors les protagonistes du drame, qui menace -une fois de plus- de foutre en l’air notre vieux continent, sont exactement les mêmes : D’un coté, les présidents traqués bien que très démocratiquement élus de la République Catalane en révolte, qui demandent l’asile à nos “démocraties” européennes. Et de l’autre, l’Allemagne qui les emprisonne avant de les livrer à leurs bourreaux de Madrid qui défendent par tous les moyens “l’unité” de l’État des Bourbons et des épigones de Franco !

Aujourd’hui, en l’an 2018 de notre ère, le président destitué et recherché bien que démocratiquement élu, est Carles Puigdemont, détenu actuellement quelque part en Allemagne du nord, en attendant d’être extradé à l’État Espagnol. Hier, c’est a dire en 1940, c’était le président de la jeune République de Catalogne Lluis Companys, bien populaire et démocratiquement élu en 1934, lequel s’exile en France à la fin de la guerre civile. En 1940, il est arrêté par la police secrète de l’Allemagne nazie qui occupe la France. Le président socialiste de la République Catalane est alors livré à la Gestapo laquelle acquiesce à la demande du dictateur Franco et livre Companys à ses bourreaux fascistes Espagnols.

La suite des événements est connue et suffisamment agréable aux épigones actuels de Franco pour qu’ils l’invoquent publiquement afin de terroriser le peuple catalan. C’est ainsi que le 8 octobre 2017, c’est à dire une semaine après le referendum pour l’indépendance catalane et deux jours après le 83e anniversaire de la première déclaration d’indépendance de la Catalogne, Pablo Casado, étoile montante du parti Populaire de Mariano Rajoy, avertissait publiquement Carles Puigdemont … “qu’il pourrait connaître le meme sort que son prédécesseur Lluis Companys” ! Quel a été donc ce “sort” de Companys que Casado et ses amis de Madrid invoquent de façon si ignoble et cynique ?

La réponse est donnée dans l’article biographique de Companys sur Wikipedia : “Mais Companys fut livré à la dictature militaire franquiste par la police secrète de l’Allemagne nazie, le 13 août 1940. Jugé et condamné par un tribunal militaire, il fut, après avoir été torturé, fusillé au château de Montjuic à Barcelone le 15 octobre 19407. Il ne voulut pas qu’on lui bande les yeux et mourut face au peloton d’exécution en criant « pour la Catalogne ! »

Voici donc le “sort” que les épigones de Franco à Madrid promettent publiquement et sans vergogne à M. Puigdemont. Et notre Europe Unie “démocratique” que fait-elle devant cette barbarie ? Comment exprime-t-elle sa révolte et sa désapprobation ? Malheureusement, il n’y a ni révolte ni désapprobation de sa part. Et le pire est que cette Europe-là néolibérale et autoritaire est plutôt complice quand elle soutient activement les épigones de Franco et leurs projets meurtriers. Quand elle regarde sans broncher les procureurs de M. Rajoy en train de fouler aux pieds toute notion de démocratie en remplissant les prisons avec des dizaines d’élus et des centaines de citoyens Catalans parce qu’ils “osent” revendiquer leur liberté. Quand elle feint ne pas voir les policiers de Madrid en train d’envoyer aux hôpitaux des centaines et des milliers de citoyens Catalans qui manifestent pacifiquement et quand elle feint ne pas entendre les ministres de M. Rajoy déclarer que l’armée espagnole est prête à intervenir en Catalogne !

Mais, que dire de ce qui est encore plus décourageant, du comportement inénarrable de la gauche européenne et grecque, de la gauche de -presque- toute sensibilité et couleur. Ce n’est pas seulement qu’elle ne voit pas que les événements tragiques de Catalogne commencent à ressembler comme deux gouttes d’eau à ceux de 1936 et 1937, qui ont conduit finalement à l’énorme bain de sang de la Deuxième Boucherie Mondiale. Ni qu’elle ne comprend pas que de même qu’il y a 80 ans, ce qui se joue aujourd’hui en Catalogne est aussi son propre sort. C’est surtout que notre gauche contemporaine semble avoir perdu toute capacité de s’émouvoir et de se solidariser avec les victimes sans défense de la répression d’État quand elle voit muette et indifférente le sang couler dans les rues de Barcelone et les autocrates de Madrid fouler aux pieds jour après jour les plus élémentaires des droits démocratiques des citoyens Catalans.

Malheureusement, une fois de plus, la conclusion est bien triste : La gauche ne fait pas son travail quand l’ennemi de classe non seulement fait le sien mais il le fait trop bien. Comme par exemple le font l’Allemagne et sa classe dominante qui se prépare à extrader à Madrid le président élu de Catalogne… “dans le cadre de la très bonne collaboration de deux pays”, comme aiment répéter ces derniers jours les proches de Mme Merkel. Et en effet, la collaboration germano-espagnole est vraiment “très bonne” si on pense que les deux États continuent de payer mutuellement les pensions de ceux de leurs citoyens impliqués au début des années ‘40 dans d’horribles crimes de guerre.

Il s’agit du scandale germano-espagnol qu’ensemble avec le député Andrej Hunko du parti allemand Die Linke, nous avons révélé il y a trois ans à l’opinion publique de la Grèce, et même d’autres pays, quand à l’occasion du refus du gouvernement allemand de reconnaître les dettes et autres réparations de guerre de l’Allemagne envers la Grèce, nous révélions et dénoncions les faits… “incroyables mais vrais” suivants : Qu’en vertu de l’ accord germano-espagnol signé en 1963 par le dictateur Franco et le chancelier allemand d’alors K​onrad Adenauer, l’Allemagne se chargeait d’assurer le paiement des pensions des membres de la tristement célèbre “Division Azul” espagnole qui ont combattu aux cotés de la Wermacht au front de l’Est et durant le siège de Stalingrad. De l’autre coté, l’Espagne prenait en charge le paiement des pensions des survivants ou de descendants des membres de l’égaiement tristement célèbre “Légion Condor” nazie, responsable des crimes de guerre durant la guerre civile espagnole, et surtout d’avoir rasé au sol Guernica, le berceau de la nation basque. Nous écrivions même que, répondant à une interpellation de M.Hunko, la chancelière Merkel avait révélé devant le Parlement Allemand la somme exacte de ces pensions que l’État allemand continue de payer jusqu’à aujourd’hui !…

Alors, on ne peut que s’écrier…qu’il est beau notre monde “démocratique” si angéliquement façonné. Et force est de constater qu’une fois de plus, nos tyrans font très bien leur travail immonde car, ayant commencé -de nouveau(!)- par la Catalogne et l’écrasement de son peuple, ils sont maintenant en train de nous préparer des lendemains peut être analogues du passé le plus cauchemardesque. Mais, nous qui sommes la multitude, nous les démocrates et les gens de gauche, que faisons-nous ? Qu’est-ce qu’on attend pour faire un tant soit peu notre travail ? Qu’est-ce qu’on attend pour montrer notre solidarité aux représentants élus du peuple catalan embastillés par les Inquisiteurs de Madrid ? Qu’est-ce qu’on attend pour descendre dans la rue pour manifester notre solidarité à l’héroïque peuple de Catalogne, l’unique oasis de résistance de masse et d’exemplaire auto-organisation populaire dans toute l’Europe ? Qu’est-ce qu’on attend avant qu’il ne soit trop tard ?…

Yorgos Mitralias

Journaliste, Giorgos Mitralias est l’un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM et de la Campagne Grecque pour l’Audit de la Dette. Membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque et initiateur de l’appel de soutien à cette Commission.

Source http://www.cadtm.org/Empechons-que-Puigdemont-subisse

La privatisation de l’eau en Grèce

Le point sur l’eau en Grèce par Yiorgos Archontopoulos, Syndicat des travailleurs d’EYATH

Thessalonique, le 24 janvier 2018

Le 15 janvier, le Parlement grec a voté une loi pour adopter la 3ème évaluation de la Troïka. Entre autres, la loi inclut le transfert des sociétés de distribution d’eau (51%) directement au Superfund. Lorsque le Superfund a été créé, l’idée était que toutes les sociétés publiques seraient transférées à une société holding qui serait une filiale du Superfund. En fait, le nouveau scénario est pire que le précédent.

Un jour seulement après le vote au parlement, TAIPED (HRADF) a annoncé l’actualisation de ses projets de privatisation, dont 24% d’EYATH (société des eaux de Thessalonique) et 11% d’EYDAP (société des eaux d’Athènes). Depuis le 3ème mémorandum, il était prévu de vendre 23% d’EYATH; qui est maintenant devenu 24%, laissant le public avec seulement 50% + une action.

En septembre 2016, le Syndicat des travailleurs d’EYATH a poursuivi la Cour Suprême pour la création du Superfund et le transfert d’EYATH à ce dernier. Cette affaire sera jugée à la fin du mois de février. Maintenant, nous cherchons à savoir si le recours 2016 est cohérent avec le transfert qui a eu lieu le 15 janvier ou si nous avons besoin d’un nouveau recours!

Depuis le mois de novembre, avec SOSte to Nero, nous avons organisé des réunions et des négociations avec le syndicat des maires (PED) qui a organisé le référendum sur l’eau à Thessalonique avec nous. Nous prévoyons de faire une campagne à partir de février. De nombreux événements auront lieu dans la ville sur le thème de la privatisation de l’eau. Le point culminant de la campagne sera le 18 mai, jour du 4ème anniversaire du référendum sur l’eau. Nous avons convenu que les maires financeront la projection du film de Yiorgos Avgeropoulos « Jusqu’à la dernière goutte » dans les centres culturels municipaux. Nous organiserons un appel à volontaires début février.

En ce qui concerne l’application de la Directive Cadre sur l’Eau, il n’existe actuellement aucun rapport officiel. Nous savons que les sociétés des eaux municipales doivent les préparer, mais elles ne sont pas encore prêtes.

Il y a deux jours, un article de presse a été publié sur la prochaine évaluation (4ème) du programme grec de sauvetage financier. La 4e évaluation comprend l’eau et l’énergie.

Selon le troisième examen du programme du mécanisme européen de stabilité (voir pages 35, 36, 40 et 41), la Grèce a besoin d’un cadre réglementaire stable qui permette les investissements dans les réseaux d’approvisionnement en eau et protège les consommateurs.

  • La Grèce doit transmettre le changement des conseils d’administration des sociétés des eaux municipales.
  • La Grèce doit clarifier la juridiction géographique de DEYA (sociétés municipales de distribution d’eau), EYDAP et EYATH, afin d’éviter les chevauchements.
  • D’ici février, la loi devrait être amendée pour améliorer l’efficacité et la transparence des institutions en renouvelant la composition et le fonctionnement du Comité national de l’eau. Parmi les membres à ajouter, le Ministre du Travail et deux ONG.
  • D’ici février, le Secrétariat spécial pour l’eau[1] évaluera le fonctionnement du système de collecte des données ainsi que les plans stratégiques d’EYDAP et d’EYATH.
  • D’ici mars, le Secrétariat spécial pour l’eau devrait adopter un plan d’action de six ans pour renforcer sa gouvernance, sa capacité administrative et son autonomie financière.
  • D’ici avril, le nouveau système d’établissement des coûts et de la tarification pour les services d’eau devrait être mis en œuvre conformément à la Directive Cadre sur l’Eau.

En tant que syndicat, nous songeons à organiser une rencontre avec les directions syndicales d’autres sociétés publiques qui ont été transférées au Superfund. Ensemble, toutes ces sociétés comptent plus de 40 000 travailleurs. Le Superfund est le plus gros employeur du pays, donc les travailleurs doivent s’organiser!

Yiorgos Archontopoulos, Syndicat des travailleurs d’EYATH

[1] Le Secrétariat spécial pour l’eau est compétent pour élaborer les programmes de protection et de gestion des ressources en eau du pays et pour coordonner les services et les organes de l’Etat sur toutes les questions relatives à la protection et à la gestion de l’eau. L’une des principales fonctions du Secrétariat est la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau, qui a été incorporée dans la loi nationale 3199 de 2003, dans le but d’atteindre le bon état écologique et chimique des eaux du pays. Le Secrétariat, en coopération avec les Directions régionales des eaux, prépare les programmes nationaux de protection et de gestion des ressources en eau du pays et assure le suivi et la coordination de leur mise en œuvre. Avant leur adoption, les programmes sont présentés pour consultation au Conseil national de l’eau. Le Secrétariat est organisé en Directions et Départements et dirigé par un Secrétaire spécial du Ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et des Travaux Publics.

Source http://europeanwater.org/fr/actions/focus-par-pays-et-ville/776-le-point-sur-l-eau-en-grece

A qui profite la dette grecque ?

 À qui profite la dette ? Questions pour du pognon

27 mars par CADTM Belgique , ZinTV

Crise grecque. On nous parle d’une dette grecque insoutenable, impayable… mais au fait : à qui cette dette profite ? Qui sont les créanciers de la Grèce ? Pourquoi ont-ils prêté de l’argent à la Grèce et à quelles conditions ? Pourquoi la Grèce n’a pas été « sauvée » ?

Cette courte vidéo animée vous propose quelques éléments de réponses sur la banque centrale européenne (BCE). Élaborée à partir du travail d’audit de la dette grecque, c’est le 3e épisode d’une série de vidéos sur les créanciers de la Grèce : « À qui profite la dette grecque ? »


Revoir :

Le collectif et le convoi solidaire vers la Grèce de mai 2018

Convoi solidaire vers la Grèce de mai 2018

Un convoyeur de Grenoble participera au convoi

Tout comme pour le convoi de mars et novembre 2017 notre collectif organise sur Grenoble une collecte des fournitures qui seront transportées en Grèce par Christophe qui participera à ce convoi organisé par le collectif Anepos.

Rappel des besoins et modalités de récupération des fournitures

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre (tous âges) petits pots, mixers de type babycook, soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5)

Jouets : petites tailles tels que figurines, ballons, cordes à sauter, légos, jeu d’échecs ( ni peluches ni encombrants),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, désinfectant, chevillères/genouillères, ( ni attelles, ni médicaments) Biafine, Cicatryl,

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, pâtes,riz, lentilles, thé, café, autres. La date de péremption minimale recommandée est juin 2018.

et n’oubliez pas des messages de soutien : avec dessins, photos, affiches,autocollants, infos sur vos luttes….des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Matériel spécifique pour la résistance : photocopieuses( en état de marche) ramettes papiers, ordinateurs, appareils photos/vidéos ( pour les contre- médias), disjoncteurs, dominos, câbles électrique 3G ( 1,5mm et 2,5mm), outils de bricolage.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible, merci de vous en tenir à cette liste.

Vous pouvez aussi  envoyer des chèques libellés à l’ordre d’ANEPOS en indiquant au dos « Convoi Isère-Savoie de mai 2018 »

soit directement à l’adresse suivante : ANEPOS « Action Solidarité Grèce » BP10 81540 Sorèze,

soit par l’intermédiaire du collectif de Grenoble lors des rendez-vous  ou dans la boite aux lettres (n° 86) d’Attac 38 à la MDA rue Berthe de Boissieux à Grenoble.

Rendez-vous pour la récupération des fournitures sur Grenoble :

le samedi 21 avril de 15h à 17 h Rue Félix Poulat à Grenoble (barnum rouge à côté de l’église)

le lundi 23 avril à partir de 19h avant la projection du film l’Amour et la Révolution à l’Espace Aragon 19 Boulevard Jules Ferry 38190 Villard-Bonnot

le mercredi 25 avril de 17h à 19h devant le MIN (marché de gros) 117 rue des Alliés à Grenoble

le mercredi 2 mai de 17h à 19h devant le MIN (marché de gros) 117 rue des Alliés à Grenoble.

L’appel de novembre d’Anepos qui reste d’actualité

Pas question de baisser les bras,
pas question de laisser faire…

En soutenant notre convergence de luttes, par-delà les frontières, entre mouvements sociaux, vous épaulez les initiatives solidaires autogérées qui, en Grèce, font face au durcissement des politiques austéritaires (forte hausse de la mortalité infantile, baisse de 50% de la retraite complémentaire pour les plus pauvres, expulsion de milliers de personnes de leur logement, nombreuses familles qui ne survivent que grâce à la solidarité) et au drame de la crise des réfugiés (dont beaucoup d’enfants, parfois orphelins, qui ont traversé la mer Égée et ont échappé aux camps indignes et inhumains).

Notre action n’est pas humanitaire, mais politique et solidaire, sans intermédiaire : nous soutenons directement nos camarades grecs et les encourageons à continuer à résister et à s’entraider. La liste des principaux besoins est à votre disposition, préparée avec eux pour des livraisons à Exarcheia (Athènes), Thessalonique et plusieurs îles. A vous de participer, si vous le désirez et comme vous le désirez.

Pas question de baisser les bras, ni ici, ni là-bas. Pas question de laisser faire. Pas question de rester chacun dans notre coin d’Europe face à la violence du pouvoir qui nous opprime, détruit le bien commun et nous vole nos vies. Pas question de subir sans agir de toutes les façons possibles : insoumission, résistance, création, solidarité…

Cette action n’est peut-être pas grand-chose face à l’ampleur du désastre, mais elle encourage à poursuivre nos luttes qui convergent vers un même but : reprendre nos vies en mains et montrer ce dont nous sommes capables ensemble.

Hauts les cœurs !

Le collectif artistique et solidaire Anepos
Les conducteurs des fourgons des convois
Les organisateurs de la collecte

Compte rendu des convois de mars et novembre 2017 http://lamouretlarevolution.net/spip.php?rubrique15

Le 27 mars à Nice en soutien à Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue

MOBILISATION DE SOUTIEN

aux solidaires par-delà les frontières,

Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue,

poursuivis par les identitaires de Defend Europe

LUNDI 26 ET MARDI 27 MARS 2018

ANTIBES ET NICE

Durant l’été 2017, une expédition raciste a tenté d’entraver le sauvetage en mer des migrants en mer Méditerranée par les ONG. Telle une milice fasciste, les principaux dirigeants identitaires européens ont affrété le « navire C-Star » contre les associations humanitaires et les personnes qui fuient la guerre et la misère, parmi lesquelles des enfants.

Heureusement, sur l’une et l’autre rive, des centaines de militants antiracistes et antifascistes se sont mis en réseau pour les en empêcher. Dès lors, la débâcle de l’expédition Defend Europe a été retentissante : première alerte en Egypte, blocage du bateau à Chypre, abandon du projet d’escale en Crète, manifestations en Sicile, nouvel abandon en Tunisie, panne au large de la Libye et, enfin, capitulation au large de Malte suivie de la fuite des chefs identitaires européens.

Quelques mois après cet échec total, Defend Europe contre-attaque en justice pour se venger.

Les chefs identitaires allemand, français et italien de Defend Europe poursuivent Yannis Youlountas, seul membre visible du réseau antifasciste Defend Mediterranea, opposé à l’action de Defend Europe, pour « diffamation » et « injures publiques », principalement pour l’utilisation du mot « nazi » dans plusieurs communiqués tels que : « Les nazillons toujours coincés sur leur bateau », « La croisière nazie s’amuse », « Un navire d’aide aux migrants envoyé au secours des nazillons en panne » ou encore « Décidément, le bateau nazi au pavillon mongol nous fait beaucoup rire ».

Ils poursuivent également Jean-Jacques Rue, journaliste satirique et ami de Yannis, pour avoir partagé et commenté, avec beaucoup de colère, de verve et non sans humour, l’une des publications de ce dernier.

Ils leur demandent à tous les deux des sommes colossales (plusieurs dizaines de milliers d’euros chacun) non seulement dans le but de gagner beaucoup d’argent, mais aussi de mettre en grandes difficultés ces deux militants aux revenus modestes. Jean-Jacques Rue risque même jusqu’à 3 ans de prison pour un soi-disant appel au meurtre, alors que c’est, au contraire, l’action de vouloir gêner les actions de sauvetage en mer qui est à l’évidence une mise en danger de la vie d’autrui.

Le procès aura lieu
le mardi 27 mars 2018 à 13h30 au Tribunal correctionnel de Nice.

Nous vous invitons à venir soutenir et rencontrer Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue durant trois moments de discussion, de partage, de convergence de luttes et de solidarité par-delà les frontières :

LUNDI 26 MARS À ANTIBES au cinéma Le Casino (avenue du 24 août)

18h30 Projection de Sur la route d’Exarcheia – Récit d’un convoi solidaire en Utopie de Eloïse Lebourg (57 minutes) qui raconte l’aide internationale apportée aux exilé.e.s bloqué.e.s en Grèce et au mouvement social grec à travers le regard de 4 enfants participant à un convoi venu de France, de Suisse et de Belgique.

19h30 Rencontre avec Yannis Youlountas, Jean-Jacques Rue et plusieurs personnages des films

20h30  Projection de L’Amour et la Révolution – Non, rien n’est fini en Grèce de Yannis Youlountas (1h17) qui raconte l’actualité des luttes et des solidarités en Grèce, notamment avec les exilé.e.s

21h50 repas partagé

MARDI 27 MARS À NICE devant le Palais de Justice

13h30 RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN FACE A LA XENOPHOBIE

(avant et pendant le procès de Yannis et Jean-Jacques)

MARDI 27 MARS À NICE à la salle de FSGT (27, rue Smollet)

Accueil et rencontre, dès la fin du procès

19h30 Projection de Sur la route d’Exarcheia – Récit d’un convoi solidaire en Utopie de Eloïse Lebourg

20h30 débat  « Construction de la solidarité par-delà les frontières »

puis repas partagé et musique !

Comité de soutien de Yannis et Jean-Jacques

et

SOlidarité MIgrant.e.s COllectif 06 : Artisans du monde 06, ATTAC France, Citoyens solidaires 06, Défends Ta Citoyenneté !, FCPE, FSU 06, LDH section de Nice, Ligue des Droits de l’Homme Paca, Mouvement de la Paix, MRAP 06, Planning familial 06, RESF 06, Roya Citoyenne, Solidaires 06, Solidaires étudiant.e.s Nice, Syndicat des Avocats de France, Vallées solidaires 06

Réseau antifasciste DEFEND MEDITERRANEA

et d’autres collectifs, organisations et associations de France, de Grèce et d’ailleurs.
Liste en cours, nous contacter à l’adresse courriel ci-dessous (collectifs, organisations et associations uniquement).

 Contact comité de soutien de Yannis et Jean-Jacques : yetjj@youlountas.net ou 06 18 26 84 95

Pot commun « Solidarité avec Yannis et Jean-Jacques » : https://www.lepotcommun.fr/pot/hvfshv5n

L’UE et l’aide à la Turquie contre les réfugiés

L’Europe paye des équipements militaires à la Turquie pour refouler les réfugiés

Par John Hansen (Politiken), Emilie Ekeberg (Danwatch) et Sebnem Arsu (The Black Sea)

Mediapart et l’EIC révèlent que l’argent de l’Union européenne a permis à la Turquie de s’équiper en véhicules blindés afin d’empêcher le passage de réfugiés à sa frontière avec la Syrie. Cette opération pourrait avoir causé de nombreuses victimes parmi les Syriens tentant de fuir la guerre, alors que la prise d’Afrin par l’armée turque va pousser encore des milliers de personnes sur la route de l’exil

Enquête menée par Politiken et Danwatch avec Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations (EIC).– Quand les soldats turcs ont ouvert le feu, Ibrahim Khaled a pris sa mère par la main et s’est mis à courir. Il a entendu le cliquetis des armes à feu, entendu les cris des réfugiés frappés par les balles, et a été projeté à terre. Khaled ne s’est pas retourné. « J’ai senti que si je m’arrêtais là, je serais tué ou arrêté », dit-il.

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Pendant des heures, Khaled et sa mère ont couru dans la direction que le passeur leur avait indiquée. Ils ont marché à travers des champs d’oliviers, ont rampé sur des pierres jusqu’à atteindre un village turc. De la soixantaine de réfugiés qui avaient quitté le camp près de Darkush, dans la province syrienne d’Idlib, seule une poignée a traversé la frontière. Khaled ne sait pas ce qui est arrivé aux autres. Ils sont probablement morts ou de retour en Syrie, pense-t-il. « Nous avons eu de la chance. »Khaled est assis dans un appartement nouvellement construit en périphérie de Mersin, dans le sud-est de la Turquie, où lui et sa mère ont trouvé refuge après leur fuite à l’automne dernier. Il porte un jean déchiqueté et un pull qu’un voisin lui a donnés. Ses yeux sont fatigués, son front est plissé de rides. Khaled s’est longtemps posé la question de savoir s’il devait parler avec des journalistes des violences à la frontière turco-syrienne. Il a peur que les autorités turques ne se vengent sur lui. Dernièrement, il a accepté de nous accorder une interview à la condition que son nom soit changé. « Je veux que le monde sache ce qui nous arrive à nous, Syriens », dit-il.

Des réfugiés syriens qui attendent de passer en Turquie, près de la frontière, le 7 février 2016. © Reuters Des réfugiés syriens qui attendent de passer en Turquie, près de la frontière, le 7 février 2016. © Reuters

La guerre civile en Syrie entre dans sa huitième année. Plus de 350 000 personnes ont été tuées à ce jour, des millions ont été déplacées. Et bien qu’il n’y ait toujours pas de paix en vue, les pays voisins de la Syrie ont fermé les voies d’échappatoire. Le Liban, la Jordanie et la Turquie, qui accueillent ensemble plus de cinq millions de Syriens, refusent d’accepter davantage de demandeurs d’asile. La Turquie a construit sur sa frontière avec la Syrie un mur de trois mètres de haut et long de plusieurs centaines de kilomètres.

Khaled raconte que des soldats turcs ont ouvert arbitrairement le feu sur des réfugiés. Les détails de son témoignage sont difficiles à vérifier, mais ils sont cohérents et coïncident avec les déclarations de plus d’une douzaine de témoins avec lesquels le Spiegel s’est entretenu. L’ONG Human Rights Watch a révélé des cas similaires début février : des soldats turcs ont forcé des réfugiés à retourner en Syrie et ont tiré de manière indiscriminée, selon l’organisation.

Il y a précisément deux ans, le 18 mars 2016, l’Union européenne et Ankara concluaient un accord selon lequel les Européens allaient verser 3 milliards d’euros à la Turquie en échange du maintien des réfugiés sur son sol (en attendant un deuxième volet de 3 milliards d’euros). Les dirigeants européens ont prétendu que cet accord avait permis de contenir la « crise des réfugiés ». En réalité, la crise s’est simplement déplacée. À présent, les gens meurent moins fréquemment dans la mer Égée, où le nombre d’embarcations traversant vers la Grèce s’est réduit drastiquement une fois l’accord passé. Mais ils meurent sur la frontière turco-syrienne.

Officiellement, les milliards de l’Europe servent exclusivement à aider la Turquie à gérer les réfugiés sur son sol et à les empêcher d’entrer en Europe. C’est faux. Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations (EIC) révèlent que l’Union européenne a payé à la Turquie pour 83 millions d’euros de véhicules militaires et d’équipements de surveillance afin de traquer les réfugiés. Y compris à la frontière turco-syrienne, pourtant officiellement ouverte.

Les journalistes de l’EIC se sont plongés dans les centaines de contrats européens. L’un d’entre eux montre que l’Union européenne a financé à 75 % l’achat par la Turquie de 82 véhicules blindés Cobra II, dont le coût total est de 47,5 millions d’euros. Ces engins, équipés de périscopes, peuvent patrouiller le long du mur côté turc tout en localisant les réfugiés approchant de l’autre côté. Produits par Otokar, l’un des plus gros industriels turcs de l’armement, ces véhicules ont été livrés aux forces armées turques au printemps 2017.

Le Cobra II, de l'industriel turc Otokar. 82 de ces véhicules blindés ont été payés par l'UE, qui prétend pourtant ne pas financer d'équipements militaires à la Turquie. © Otokar Le Cobra II, de l’industriel turc Otokar. 82 de ces véhicules blindés ont été payés par l’UE, qui prétend pourtant ne pas financer d’équipements militaires à la Turquie. © Otokar

Ils font aujourd’hui partie de l’infrastructure de surveillance de ce qui va devenir bientôt le troisième mur le plus long du monde : 900 km de béton équipés de drones, de caméras thermiques, et de tours de tir télécommandées et automatisées de manière « intelligente ». Des haut-parleurs diffusent des messages, avertissant les gens, en turc et en arabe, de ne pas s’approcher davantage. De l’artillerie lourde ouvre le feu si ces avertissements sont ignorés. Les caméras thermiques sont capables, par temps clair, de repérer trois personnes debout d’une taille de 1,80 m à une distance de dix kilomètres. En d’autres termes, l’équipement financé par l’Union européenne aide à repérer des réfugiés qui essaient de traverser le mur frontalier et risquent d’être touchés par des tirs… et tués.

Le mur construit par Ankara maintient par ailleurs des centaines de milliers de réfugiés syriens coincés dans une zone de guerre. On estime que plus de 200 000 personnes ont été déplacées dans le nord de la Syrie depuis la mi-décembre, et il faut s’attendre à ce que la prise par l’armée turque, ces derniers jours, de la ville kurde d’Afrin provoque de nouveaux flux de réfugiés.

La Turquie assure que la frontière est toujours ouverte pour les demandeurs d’asile, ce qui est contredit par différentes sources turques et syriennes proches de la frontière. L’Institut international pour les études stratégiques (IISS) notait déjà en juin 2017 que la Turquie avait rendu « pratiquement impossible pour les réfugiés syriens le passage de la frontière légalement ». « La Turquie assure que sa politique de la “porte ouverte” est toujours en vigueur, mais dans la réalité, elle est presque fermée », estimait alors l’institut.

Depuis septembre dernier, 42 civils ont été tués alors qu’ils tentaient de passer de Syrie en Turquie, selon Rami Abdulrahman, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) confirme qu’il est devenu pratiquement impossible de traverser la frontière (excepté pour les personnes gravement blessées ou malades), alors que le nombre de réfugiés fuyant la Syrie est en hausse.

On assiste à une violation des droits humains, selon Thomas Gammeltoft-Hansen, directeur de recherche à l’Institut danois des droits de l’homme et du droit humanitaire Raoul-Wallenberg. « Si des balles mortelles sont tirées sur des réfugiés essayant de traverser la frontière, c’est une violation pure et simple des droits humains, rappelle-t-il. Si le mur frontalier enlève aux Syriens toute possibilité de demander l’asile, c’est une autre violation du droit international, en particulier du principe de non-refoulement. »

La fourniture de matériel à la Turquie par l’Union européenne pourrait rendre cette dernière complice de violation des droits humains à la frontière turco-syrienne. « S’ils savent que l’équipement est utilisé d’une façon qui viole les droits des réfugiés, les membres de l’UE sont par principe complices », ajoute Thomas Gammeltoft-Hansen.

309 millions d’euros côté français

Interrogée par l’EIC, la Commission européenne nous a répondu que « l’Union européenne ne fournit pas d’équipements militaires ou létaux à la Turquie ». Les Cobra II sont pourtant bien des engins militaires. La Commission ajoute que l’accord avec la Turquie prévoit que les véhicules soient « exclusivement affectés à la surveillance des frontières et que toute modification ou changement d’affectation des équipements requiert l’autorisation écrite de la commission ».

Sauf que Bruxelles n’a pas les moyens de contrôler ce que fait le régime autoritaire d’Erdogan de ses armes. Plusieurs experts des droits de l’homme craignent d’ailleurs que la Turquie n’utilise cet équipement financé par les fonds européens pour les opérations militaires menées actuellement dans les zones kurdes de Syrie, ou pour la répression visant sa propre population. Des photos de l’invasion par l’armée turque de la province kurde d’Afrin depuis fin janvier montrent que des véhicules Cobra II ont été utilisés. Mais au lieu de périscopes avec des caméras thermosensibles, ils ont été équipés d’armes.

Le caractère problématique des financements européens ne se limite pas à la frontière turco-syrienne. Pour aider la Turquie à surveiller sa portion de frontière terrestre avec la Grèce, l’Union européenne a financé des véhicules militaires plus monstrueux encore que les Cobra II, selon l’enquête de l’EIC.

En mai 2017, Aselsan, une société détenue à 84 % par l’armée turque, a remporté un contrat à hauteur de 30 millions d’euros avec l’Union européenne pour fournir à la Turquie 50 véhicules pour patrouiller à la frontière grecque, dont 20 sont dotés d’un blindage extrêmement épais afin de protéger les véhicules des mines et grenades. Selon les documents européens consultés par l’EIC, ces engins sont des contributions de l’Europe à « la prévention de l’immigration illégale, du trafic humain, des crimes de passage des frontières [« cross-border crimes »], et du système des passeurs ».

L’un des industriels qui a étudié l’appel d’offres s’est retrouvé perplexe devant la disproportion apparente entre l’objectif affiché et les spécifications techniques de ces véhicules, « clairement exagérées » pour des engins censés être utilisés à la frontière de la Turquie avec l’Union européenne. Mais l’UE a été ferme : le blindage lourd est absolument requis, dit-elle dans sa réponse, sans en expliquer les raisons.

Le monstrueux véhicule militaire turc Hizir, dont 50 exemplaires ont été commandés par l'UE pour traquer les réfugiés à la frontière gréco-turque. © Katmerciler Le monstrueux véhicule militaire turc Hizir, dont 50 exemplaires ont été commandés par l’UE pour traquer les réfugiés à la frontière gréco-turque. © Katmerciler

On comprend que Bruxelles soit très discret sur la question. Aselsan, qui a remporté l’appel d’offres, ne fournira en réalité que l’équipement électronique. Selon l’enquête de l’EIC, les véhicules sont des Hizir, d’impressionnants engins de guerre (notre photo ci-dessus) fabriqués par Katmerciler, un industriel appartenant à un ancien député de l’AKP, le parti de Recep Tayyip Erdogan. Le président turc est un grand fan de l’Hizir, dont il a dévoilé le prototype en novembre 2016 lors d’un salon militaire, six mois avant que l’UE n’en finance 50 exemplaires.

L’appel d’offres de Bruxelles stipulait pourtant que les véhicules devaient avoir été mis sur le marché depuis un an. Ce n’est pourtant pas le cas des Hizir, dont les premiers exemplaires sont récemment sortis de l’usine, et qui sont toujours en cours de test avant leur livraison prochaine à l’armée turque.

Lorsque, en 2016, l’Union européenne a promis à Erdogan 3 milliards d’euros en échange de son accord pour reprendre tous les réfugiés syriens arrivant sur les îles grecques, il était pourtant statué que cet argent serait uniquement utilisé pour aider à l’accueil des plus de 3,5 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie.

Or sur ces 3 milliards d’euros qui ont été collectés auprès des États membres de l’UE (la quote-part de la France dans ce programme s’élève à 309 millions d’euros), une partie a été utilisée pour financer six bateaux de patrouille à destination des gardes-côtes turcs. Lesquels, selon plusieurs ONG opérant dans ces zones maritimes, arrêtent agressivement les réfugiés tentant de quitter la Turquie, mettant parfois les embarcations de réfugiés en danger.

« Juste après que l’accord avec la Turquie a été mis en place, il était évident que les gardes-côtes turcs faisaient tout pour arrêter les gens qui traversaient la mer, explique Ruben Neugebauer, porte-parole de Sea-Watch, l’une de ces organisations. Il y a différentes tactiques. Parfois nous voyons des bateaux turcs naviguer autour des canots pneumatiques, provoquant des vagues, les mettant en danger de telle sorte que parfois les réfugiés décident de rentrer par eux-mêmes. Parfois, ils chassent les bateaux et frappent même les gens à coups de bâton afin de les faire repartir. »

En réponse à cette interpellation, les gardes-côtes turcs ont publié une déclaration disant qu’ils étaient mandatés pour arrêter les bateaux de réfugiés avant qu’ils ne pénètrent dans les eaux européennes. Les bâtons, expliquent-ils, sont utilisés pour tenter d’endommager les moteurs et les hélices de façon à attacher les petites embarcations aux plus gros bateaux des gardes-côtes pour les tirer vers les côtes turques.

Entre la Turquie et la Grèce, mars 2016. © Enough is Enough TV
Entre la Turquie et la Grèce, août 2017. © Epoca Libera

Mais ce n’est pas le seul cas d’abus présumé commis à bord de ces bateaux financés par l’argent européen. L’ONG Lighthouse Relief a publié une déclaration commune avec le UNHCR pour exprimer sa préoccupation au sujet d’un incident survenu en novembre dernier, assurant que les gardes-côtes turcs avaient tiré en l’air et dans la mer, ce qui a provoqué le saut dans l’eau de plusieurs réfugiés.

Ces six bateaux de patrouille ont été commandés à un constructeur naval néerlandais, Damen, pour la somme de 18 millions d’euros – une somme qui vient pour partie du fonds danois d’aide au développement. Ils ont été livrés aux gardes-côtes turcs l’année dernière. Le dernier a été livré juste avant Noël. D’après la société navale, ces bateaux peuvent transporter jusqu’à 120 réfugiés et migrants en mer.

Ces fournitures d’équipement pour le contrôle des frontières à la Turquie font partie d’une tendance croissante au sein de l’Union européenne : « L’UE utilise de plus en plus le principe de la pleine concurrence et externalise le contrôle frontalier à des pays tiers au lieu d’effectuer son propre contrôle, fait valoir le chercheur danois Thomas Gammeltoft-Hansen. Vous financez le contrôle des frontières, mais vous ne voulez pas être là vous-mêmes car vous risquez de mettre en jeu votre responsabilité en termes de droits humains. » Une stratégie qui rappelle étrangement ce qui se passe aujourd’hui entre l’Italie et la Libye.

Un porte-parole de la Commission européenne a répondu par écrit aux questions de l’EIC en affirmant que l’Union européenne suivait « attentivement » la situation à la frontière turco-syrienne et qu’elle était consciente de l’existence de violences à la frontière, « mais n’a pas été capable d’obtenir de confirmation indépendante par ses sources ou par les autorités turques ». Sollicités depuis une semaine, l’ambassade turque à Copenhague et le gouvernement turc à Ankara n’ont pas donné suite aux sollicitations de l’EIC.

Mercredi 14 mars, l’Union européenne a donné son feu vert pour le versement du deuxième volet de l’aide promise à la Turquie. Trois nouveaux milliards d’euros vont être versés à Ankara.

Source Mediapart

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